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Personnes
Transcription
00:00 Pas un mois où j'ai pas quelqu'un au téléphone qui me dit qu'il va se suicider.
00:03 J'ai des personnes en Afrique où leur compagnon qui était séropositif s'est su,
00:08 il a été retrouvé égorgé à l'appartement.
00:10 Un autre qui avait été retrouvé, qu'ils avaient torturé, il avait attaché une bagnole,
00:15 il avait traîné sur 3 km sur le bitume et il avait laissé pour mort.
00:18 Une jeune fille que j'ai accompagnée pendant plus d'un an, qui vivait à Paris,
00:22 qui a appris sa séropositivité, qui en a parlé à sa mère,
00:25 et sa mère n'osait plus toucher, sa fille, elle ne la touchait plus,
00:28 elle a laissé sa journée à nettoyer tout ce qu'elle touchait à l'appartement à l'âge d'elle.
00:32 Et elle avait, je crois, 19 ans, je crois, ou 20 ans.
00:36 Et en fait, un jour, je n'ai plus de nouvelles d'elle.
00:38 Et quelques semaines plus tard, c'est sa soeur qui m'a réécrit en me disant
00:40 "Tu te rappelles cette jeune fille que tu as accompagnée ?"
00:42 Elle me dit "Oui, c'est ma soeur, elle vient de se suicider."
00:46 C'est terrible parce que cette gamine avait 19 ans et était en parfaite santé.
00:49 Voilà, c'est ça la sérophobie aussi.
00:51 En fait, ça ne s'arrête pas.
00:52 Il n'y a pas un mois où je n'ai pas quelqu'un au téléphone qui me dit qu'il va se suicider.
00:55 Que ce soit un suicide brutal ou que ce soit aussi ce qu'on appelle des suicides longs,
00:59 ça aussi, on en parle très peu.
01:01 Ce qu'on appelle un suicide long, c'est des personnes séropositives
01:04 qui sont tellement isolées et qui ont vécu tellement de violences
01:06 qui finissent par arrêter de prendre le traitement et se laisser mourir.
01:09 On a quasiment un million de morts du sida par an,
01:11 alors que c'est une pathologie qu'on s'est traité depuis 1996.
01:15 Ça fait 30 ans qu'on n'est plus censé mourir du sida.
01:18 La plupart des associations font beaucoup de prévention
01:20 et l'axe de l'accompagnement des personnes séropositives,
01:23 il est presque inexistant.
01:25 Et le problème aussi de la prévention, c'est qu'en ne parlant que de prévention,
01:29 c'est-à-dire en parlant de l'avant, finalement on a mis de côté l'après.
01:33 Donc qu'est-ce qui se passe ? On a le VIH ou on ne sait pas.
01:35 Je pense qu'une campagne d'information qui expliquerait aux gens ce qu'est un cégide,
01:39 où faire des dépistages, quand faire des dépistages,
01:42 qu'est-ce que c'est être séropositif, donner des informations concrètes,
01:45 c'est beaucoup plus efficace.
01:46 Donc je pense qu'il faut le prendre sur un autre angle.
01:48 Et l'autre angle, c'est l'accès aux soins, c'est le non-jugement,
01:51 c'est l'information, c'est la sensibilisation.
01:54 Et c'est surtout rendre le sujet du VIH aux premières personnes concernées,
01:57 à savoir les personnes séropositives.
01:59 Aujourd'hui, en trois ans, ça fait trois ans que je n'arrête pas de contacter des associations,
02:03 je n'ai pas de relais.
02:04 Ça fait trois ans que je dis que j'aimerais avoir une personne qui me sert de relais,
02:07 dans laquelle je peux rediriger les gens, je n'en ai pas.
02:10 Je n'en trouve pas.
02:11 Ce qui est proposé aujourd'hui, c'est bien.
02:13 Le souci, ce n'est pas la prévention, c'est qu'il n'y ait que la prévention.
02:17 Et qu'à côté de ça, il y a un no-man's land avec un vide absolu,
02:20 ce qui fait que la prévention n'est pas efficace.
02:22 C'est ce que j'ai dit à moi à Cide Action, je suis sûr qu'on met un séropositif à Koh-Lanta,
02:27 ça a mille fois plus d'impact que toutes les campagnes de prévention qui peuvent coûter beaucoup d'argent.
02:31 beaucoup d'argent.
02:31 *BIP*