En 1972, Annie Ernaux et Philippe, son mari, font l'acquisition d'une caméra Super 8. Parents de deux garçons de 7 et 3 ans, le jeune couple vit alors à Annecy où Philippe a décroché le poste de secrétaire général adjoint de la mairie, tandis qu'Annie enseigne les lettres dans un collège. De 1972 à 1981, année où le couple se sépare, la caméra saisit le quotidien de la famille, ses vacances et ses voyages, témoignant des loisirs, du style de vie et des aspirations d'une classe sociale - la bourgeoisie _, dans la décennie qui suit 1968. Le commentaire d'Annie Ernaux révèle, quant à lui, l'autre visage de la jeune mère de famille...
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00:00 À la fin de l'hiver 1972, nous avons acheté une caméra super-huile belle et well, avec
00:13 tout le matériel pour projeter les films.
00:17 Nous vivons un moment inouï, à la fois heureux et emprunt d'une certaine violence.
00:24 Filmer ce que jamais on ne vira deux fois.
00:31 Nous étions tout juste trentenaires avec deux garçons de 7 et 3 ans.
00:37 Ma mère vivait avec nous.
00:39 Son dévouement auprès des enfants me libère.
00:42 Quand je n'ai pas cours, j'écris, en secret, parce qu'il m'est impossible d'en parler
00:49 à mon mari, encore moins à ma mère.
00:53 La femme à l'image semble toujours se demander ce qu'elle fait là et ne sait pas encore
00:59 que son manuscrit Les armoires vides sera retenu par les éditions Galima en 1974.
01:06 Cette année-là, Pompidou meurt, Giscard d'Estaing est élu et Simone Veil défend l'avortement.
01:15 Mais quelle histoire se racontait ici ? Un fragment d'autobiographie familiale.
01:21 L'occasion aussi d'évoquer des années déterminantes dans ma vie et de retrouver
01:27 un peu de cette lumière, celle de l'été indien que chantait Jodasain au milieu de
01:32 ses amies.
01:33 J'ai toujours eu la chance de vivre ici.
01:35 Je suis heureuse d'être venue.
01:37 Je suis heureuse d'être venue ici.
01:39 Je suis heureuse d'être venue ici.