• il y a 8 mois

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Transcription
00:00 Et comme chaque jour ici, on découvre des métiers exercés par des tourangeaux.
00:05 Des métiers parfois méconnus, carrément inconnus ou parfois un peu plus insolites.
00:10 En tout cas méconnus, c'est le cas de celui de votre invitée, Émilie Mendoza.
00:14 Bonjour Émilie.
00:14 Bonjour Nicolas.
00:15 C'est mon boulot ce matin qui reçoit un journaliste et prof également de journalisme.
00:20 Ça s'apprend le journalisme ?
00:21 Et bien c'est la question que je vais poser à Nicolas Souris.
00:23 Bonjour Nicolas.
00:24 Bonjour.
00:24 Alors ça s'apprend le journalisme ?
00:26 Ça s'apprend oui, tout à fait. Ça s'apprend même si ça reste une profession dite ouverte.
00:31 C'est-à-dire qu'il n'y a pas d'obligation de formation pour être journaliste en France.
00:34 Mais ça s'apprend dans des écoles.
00:37 Des écoles qui démarrent juste après le bac pour certaines, qui démarrent plus tard, c'est notre cas, en master.
00:43 Ça fait très longtemps qu'on apprend le journalisme en France puisque la première école de journalisme a vu le jour en 1924.
00:49 Donc c'était il y a 100 ans pile.
00:51 C'est l'école de journalisme de Lille et depuis d'autres écoles sont venues agrémenter le paysage de la formation journalisme en France.
00:58 Et pour vous le fait de devenir enseignant, en l'occurrence à l'EPJT, à l'école de journalisme de Tours,
01:04 c'était une évidence dès le début de votre formation comme journaliste ?
01:07 Pas du tout. C'est presque un accident que je sois devenu enseignant en journalisme.
01:11 Moi j'étais journaliste, j'ai commencé ma carrière dans cette belle maison qui est la maison Radio France.
01:17 Et puis après j'ai beaucoup travaillé dans un journal de presse quotidienne régionale qui s'appelle Ouest France.
01:22 Et puis j'ai fait un doctorat de géographie politique et culturelle,
01:28 - Comme ça, au passage ? - Journaliste au passage.
01:30 - J'avais le temps, j'avais cinq minutes. - Voilà, et ça m'a valu de pouvoir candidater pour un poste qui s'ouvrait à Tours,
01:35 justement pour l'enseignement du journalisme et puis pour de la recherche plutôt en géographie, ce qui était ma discipline de départ.
01:43 Donc c'est un peu par accident que je suis arrivé à l'université de Tours, mais je ne regrette pas.
01:46 - Et là ça fait un petit moment que vous formez des journalistes à Tours.
01:50 Qu'est-ce qui a bougé en une quinzaine d'années de métier de journaliste et d'enseignant en journalisme ?
01:55 - Alors il y a deux choses qui ont beaucoup bougé.
01:58 Évidemment toutes les technologies qui se sont invitées dans le métier.
02:02 Moi quand j'ai commencé mon métier, on écoutait la radio le matin, on lisait le journal dans la journée,
02:07 et puis on regardait le 20h le soir et c'était à peu près la boucle traditionnelle de l'accès à l'information.
02:12 Aujourd'hui avec les réseaux sociaux numériques notamment, on a une multitude d'informations qui nous arrivent.
02:17 C'est même plus nous qui allons chercher l'information, l'information nous arrive sur nos téléphones.
02:21 Donc il y a tout cet aspect un peu multidimensionnel et puis multitemporel de l'information qui a beaucoup évolué.
02:27 Il y a aussi les outils, c'est-à-dire que les journalistes aujourd'hui peuvent faire énormément plus de choses que ce qu'on pouvait faire nous à l'époque,
02:32 que ce soit en radio, que ce soit en télévision, que ce soit sur le web, sur le multimédia bien évidemment.
02:37 Et puis je dirais aussi que les étudiants ont beaucoup changé.
02:40 On a encore la même vision du travail, j'en parle lorsqu'on a fait la... j'ai été élève de Nicolas Sleus,
02:45 c'est un peu de transparence, mais il y a encore la même vision du travail qu'il y a certaines années où on ne comptait pas nos heures.
02:51 Et ça c'est un discours qu'on entend de plus en plus chez les étudiants, c'est-à-dire que ce n'est pas tout pour le travail,
03:00 c'est le travail dans un contexte plus large de vie personnelle, de vie de famille pour ceux qui démarrent une vie en couple par exemple.
03:09 Donc il y a une appétence pour le journalisme qui est toujours réelle.
03:13 - C'est un métier chronophage, il faut bien le dire.
03:15 - C'est très chronophage, c'est très énergivore.
03:17 Et aujourd'hui on a certains étudiants effectivement qui disent "oui ok, on a compris, mais on va quand même mettre des barrières".
03:23 Parce qu'on ne va pas être 24/24, 7 jours sur 7 journaliste, on va avoir une vie à côté, ce qui est très bien ce discours.
03:30 Il faut aussi arrêter de penser qu'on n'est que journaliste, on est aussi des citoyens, on est des pères, on est des mères, enfin on est...
03:37 Donc il y a un discours qui est différent chez les étudiants, mais l'appétence est toujours là.
03:43 Enfin l'envie de devenir journaliste elle existe toujours, on a toujours autant de candidats pour entrer dans notre master,
03:48 c'est vrai aussi dans les autres écoles, donc l'appétence existe, mais ils mettent un peu plus de barrières entre vie professionnelle et vie personnelle.
03:56 Et ça évidemment, nous il faut qu'on s'y adapte, tout en sachant quand même que c'est un métier avec beaucoup de contraintes,
04:02 et qu'un fait divers qui a lieu à 3h du matin, s'il faut y aller, on va y aller, on ne va pas attendre 8h du matin parce qu'on arrive sur place à 1h.
04:09 - Et qu'il y a peu de débouchés aussi en sortie de l'école ?
04:11 - Il y en a un peu plus, j'ai quand même l'impression.
04:13 Aujourd'hui il y a quand même pas mal de... c'est un peu paradoxal, mais pas mal de journaux recrutent.
04:18 Je parlais de Ouest-France tout à l'heure, qui est mon ancienne maison, et bien en 5 ans ils ont recruté plus de 150 journalistes à Ouest-France.
04:26 C'est un paquebot, Ouest-France dans le paysage de la presse quotidienne régionale en France, mais voilà, il y a aussi beaucoup de médias qui se créent.
04:32 Les jeunes journalistes créent leurs propres médias, avec des modèles économiques parfois très fragiles,
04:37 et puis ça dure un an, ça dure deux ans, mais parfois ça dure plus, parfois ça s'arrête, et puis ils recommencent une nouvelle expérience.
04:42 Il y a aussi tout le multimédia, toute la nouvelle offre de podcasts qu'on connaissait peu,
04:47 la nouvelle offre sur les réseaux sociaux aussi, qui commence à se structurer,
04:50 et pour peu qu'il y ait un modèle économique derrière, on voit des jeunes journalistes créer leur propre emploi.
04:55 - Une vraie effervescence cultivée par le PJT et les autres centres de formation.
04:59 Merci beaucoup Nicolas Sauris d'être venu nous parler de votre métier.

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