[#Reportage] Gabon : la mercuriale, une solution court termiste qui obère le bon fonctionnement du marché?
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00:00 Dans son plan national de développement pour la transition, le gouvernement gabonais entend sur le plan macro-économique
00:06 renforcer la promotion d'une croissance économique inclusive et durable
00:10 à travers la diversification du potentiel économique national
00:13 et surtout maîtriser les tensions inflationnistes pour lutter contre la vie chère
00:18 et réduire les coûts des entrants dans plusieurs secteurs.
00:21 Mais comment y parvenir ?
00:23 En général, les gouvernements dans un tel cas disposent de quelques instruments.
00:27 Parmi ces instruments, la réduction des dépenses publiques,
00:30 la réduction des investissements ou encore le recours aux emprunts extérieurs.
00:34 Pour le premier, au regard du train de vie actuel de l'État, ce n'est pas encore à l'ordre du jour.
00:39 Pour le deuxième, le comité pour la transition et la restauration des institutions
00:44 étant engagé dans un processus de développement tout azimut, ce n'est là aussi pas à l'ordre du jour.
00:50 Quant au troisième instrument relatif aux emprunts extérieurs,
00:53 ils servent essentiellement à financer les deux premiers.
00:56 Que reste-t-il dans ce cas ?
00:58 La mercuriale.
00:59 Plébiscitée par les gouvernements successifs, que ce soit ceux du régime déchu ou celui de transition,
01:05 cette mercuriale reste pourtant une solution cosmétique,
01:09 dans la mesure où elle ne règle pas le problème, ou du moins, elle le règle en partie.
01:14 Pour preuve, c'est en vigueur depuis le 18 mars dernier, n'est valable que pour les trois prochains mois
01:19 et n'est appliqué que sur certains produits dits de première nécessité.
01:23 Résultat, pour limiter l'impact de cette mesure, les opérateurs ont trouvé une parade,
01:28 majorier les prix des autres produits, notamment cosmétiques.
01:32 Sachant qu'en matière de gouvernance, le pays dispose encore d'un score marginal
01:36 et que l'administration gabonaise reste encore peu productive,
01:39 avec des agents encore enclés à la corruption,
01:42 des facteurs qui concourent grandement à renforcer la défiance des opérateurs économiques
01:46 vis-à-vis des mesures prises par le gouvernement, dont l'application d'une mercuriale.
01:51 Comment espérer que cette mesure puisse régler une problématique aussi profonde ?
01:56 Interrogé sur ce sujet durant la dernière campagne présidentielle,
02:00 le professeur Albert-Hondo Ossa déclarait d'ailleurs
02:03 "la mercuriale est une mauvaise solution pour un vrai problème".
02:07 Qualifiant par ailleurs de saupoudrage cette mercuriale des prix,
02:11 il fustigeait déjà à l'époque une politique économique axée sur le manque d'anticipation et l'improvisation.
02:17 Avant d'ajouter que ce que l'État doit faire, c'est créer des externalités,
02:22 c'est-à-dire créer les conditions qui permettent au marché de se déployer,
02:26 essentiellement les infrastructures.
02:29 C'est clair, c'est net et c'est limpide.
02:31 Plutôt que de disperser les deniers publics à travers une mesure loin d'apporter des garanties,
02:36 le gouvernement devrait donc accentuer ses dépenses
02:38 dans le développement des infrastructures qui limiteraient à minima
02:42 l'impact négatif de la parafiscalité sur notre économie
02:45 et par effet domino entraînerait naturellement une baisse des prix de certains produits.
02:50 Autre solution, redéfinir certains tarifs douaniers et les imputer à des secteurs hautement productifs,
02:56 notamment les industries extractives qui ont trop longtemps bénéficié des largesses de l'exécutif.