Cyprien Sarrazin et Chloé Trespeuch ont rythmé l'hiver tricolore par leur victoires retentissantes. Alors que la saison vient de se terminer, les deux champions sont venus sur le plateau de L'Equipe de Choc pour retracer le fil de leur saison.
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00:00 parce qu'on a très envie et on est très excité de recevoir
00:02 de grands champions de la montagne.
00:03 J'appelle tout d'abord le skieur Cyprien Sarrazin.
00:06 Il a remporté Kitzbühel deux fois.
00:08 Il a terminé deuxième au classement général de la descente.
00:11 Son secret, c'est qu'il écoute du Johnny veille de course.
00:13 Tu peux nous rejoindre du côté de la Thum Latour, c'est bon.
00:16 Et regarde, on te l'a même préparé normalement.
00:18 Johnny veille de course.
00:19 Qu'est-ce qu'il écoute comme musique de Johnny?
00:21 - Il y a les barreaux.
00:22 - Ah c'est Diego?
00:23 - Ouais.
00:24 - Pour quel moment qu'il sera fait si fort?
00:26 - Attends, c'est vraiment ça que tu écoutes
00:28 pour te motiver avant une course?
00:30 - C'est le soir.
00:31 - Ça peut être pour s'apaiser aussi.
00:34 - Là c'est l'intro,
00:35 je pense que c'est plutôt le refrain que tu écoutes.
00:37 - Oui, c'est ça.
00:38 - Ça marche.
00:40 - Et des milliers d'oiseaux s'envolent.
00:42 - Tu écoutes tout le temps ça?
00:43 - Non mais c'est une petite anecdote,
00:46 c'est un petit truc où quelqu'un m'a dit
00:48 est-ce que tu fais toujours la même chose avant une course?
00:51 J'ai dit normalement non,
00:53 mais là dernièrement j'écoutais ça avant de me coucher comme ça.
00:57 - Tu devrais essayer.
00:58 - Et au final ça a été repris par tout le monde.
01:00 - D'accord, même par Georgiana Lastarac,
01:03 on s'en souvient un petit peu.
01:05 - Attention, commentateur du freeride,
01:06 Georgiana, très très bon.
01:08 - C'est vrai, mais elle a repris ça aussi.
01:09 - C'est sympa de parler musique,
01:10 mais on va appeler quelqu'un
01:11 qui a écouté une autre musique pendant tout ce week-end.
01:13 La snowboardeuse Chloé Trespeuge,
01:15 vainqueur du globe de cristal de Snowcross.
01:17 Elle en avait marre de la deuxième place
01:20 et elle a fait résonner la Marseillaise ce week-end.
01:22 Tu peux nous rejoindre Chloé du côté de la Team Latour,
01:24 au côté de Cyprien.
01:25 Marseillaise ou pas?
01:26 - Oui. - Marseillaise.
01:27 - Tant même.
01:28 - Allons enfants de...
01:30 - Regardez la gamèche.
01:32 - Je sais pas, la musique ne vient pas.
01:33 Je peux faire le tout max.
01:35 - Il est avec des moufles aussi, le derrière.
01:36 - Bravo Chloé.
01:37 - Merci.
01:38 - Ce petit globe, ce gros globe.
01:40 - Il est super balèze.
01:42 - C'est un rêve de le toucher.
01:43 Est-ce qu'il sent l'alcool?
01:45 Pardon, le but d'alcool est dangereux pour la santé.
01:47 Mais qu'est-ce que ça fait de ce globe
01:48 les 24 dernières heures?
01:49 - Oui, il a fallu décompresser
01:51 parce qu'une saison de globe,
01:52 c'est beaucoup de pression pour les athlètes,
01:54 mais aussi pour le staff.
01:55 Et je crois qu'il y avait un besoin de profiter,
01:57 de se retrouver, de décompresser.
01:59 Donc on l'a utilisé en vase pour le moment.
02:01 Mais oui, c'est un globe qui a beaucoup de valeur.
02:03 - Et en plus, il y en a eu deux,
02:05 parce qu'il y en a eu un par équipe,
02:06 auquel tu tiens aussi beaucoup,
02:08 parce qu'il y a les performances individuelles,
02:09 mais il y a aussi le classement des nations.
02:10 Et là aussi, la France a remporté le petit globe, c'est ça?
02:13 - Exactement. Je vois que tu le suis bien.
02:15 C'est vraiment l'image de notre équipe.
02:17 Il y a une grosse relève,
02:19 plein d'athlètes, tous très talentueux.
02:21 Donc ceux qui ne performent pas vont bientôt le faire.
02:24 Et en tout cas, ça donne vraiment une bonne dynamique.
02:26 C'est inspirant aussi de regarder comment les autres fonctionnent.
02:29 Et on ne peut pas rester dans sa zone de confort,
02:30 dans cette équipe, sinon on se prend des secondes
02:32 aux entraînements.
02:33 Donc ça stimule.
02:35 - Et on n'oublie pas Loan Bozzolo, Merlin Surger,
02:37 Manon Petit-Lenoir, tous les membres de la équipe
02:38 - Les copains.
02:39 - qui ont participé aussi au deuxième globe.
02:41 Cyprien, ce petit globe, quand tu le vois,
02:44 est-ce que ça te fait mal?
02:45 Est-ce que ça te fait envie?
02:46 Parce que tu es passé à 42 points quand même.
02:48 - Lui, c'est le gros globe.
02:49 - Oui, pardon.
02:50 - Alors là, c'est encore autre chose.
02:52 Mais non, le petit globe, oui, ça aurait pu.
02:56 Ça aurait pu jouer.
02:58 Mais voilà, la météo a décidé pour nous.
03:03 Mais je n'ai aucun regret, rien du tout.
03:06 La saison a été incroyable.
03:07 Et on verra la suite.
03:09 - Ça devait passer ce week-end en Autriche.
03:11 Les conditions météo ont eu raison et ont annulé
03:13 les dernières descentes.
03:14 Est-ce que tu revenais de blessure?
03:15 Tu y croyais, c'était jouable, c'était faisable.
03:17 Tu pensais l'avoir ou tu y allais un peu en mode,
03:19 bon, on verra bien?
03:20 - Non, non, non.
03:20 À partir du moment où j'ai dit, OK, je prends le départ
03:22 de l'entraînement et de la course, j'étais à 100%.
03:26 Je ne voulais pas faire les choses à moitié.
03:28 Et oui, je me sentais bien.
03:30 Je me sentais bien, je me sentais prêt.
03:31 Et c'est dommage, on n'a pas pu s'amuser
03:34 pour cette dernière course.
03:36 Et avec Marco, on était un peu déçus tous les deux.
03:40 Donc, on a fini en godille parallèle.
03:44 - Alors au début, quand on a su qu'on vous aurait tous les deux,
03:47 on s'est dit, mince, deux invités en même temps,
03:49 on ne peut pas avoir le temps de bien les traiter.
03:50 Et puis, en fait, vous vous connaissez hyper bien.
03:53 Vous nous racontez un peu d'où vous vous connaissez tous les deux.
03:55 Vous avez le même âge?
03:55 - Oui, à la base, on s'est rencontrés au lycée sport-études,
04:00 le Pôle France à Albertville.
04:02 Ça a commencé comme ça, donc dans une classe commune.
04:04 Et puis maintenant, on fait aussi partie, tous les deux,
04:07 de l'armée de champions, qui est une grande équipe d'athlètes
04:10 de tous les sports, paralympiques, olympiques, hiver, été.
04:14 Donc, c'est une grande famille qui nous permet de passer des moments
04:17 hors de notre zone de confort aussi, parce qu'on fait des stages
04:21 un peu commando en fin de saison pour vivre un peu justement
04:24 ces valeurs de l'armée qui sont assez similaires avec le sport.
04:27 Donc, c'est comme ça qu'on se connaît.
04:29 - Et donc, puisque vous êtes collègues, est-ce que vous suivez d'autant plus
04:31 près vos carrières respectives?
04:33 On s'encourage, on s'envoie des petits messages ou pas le temps, chacun pour soi?
04:36 - Non, mais grâce à l'armée, on arrive à se voir.
04:38 Sinon, on n'a pas du tout le même programme, donc on ne se verrait jamais.
04:41 C'est ça le truc qui est sympa.
04:43 Et bien sûr qu'on suit tous les sports de glisse.
04:49 - Est-ce que vous avez... Je lâche la main après, mais je suis trop...
04:51 J'en ai plein. Est-ce que vous avez déjà essayé chacun le sport de l'autre?
04:54 Toi, je sais que tu faisais du snow quand tu étais petit.
04:57 - Jusqu'à mes 13 ans, je faisais plus de snow que de ski.
04:59 - C'est rigolo, ça. Et snowcross ou bagarre avec les copains, non?
05:02 On n'a jamais essayé ça?
05:03 - Bah, jamais en compétition, mais j'ai toujours fait...
05:06 Quand on fait du snow, on fait des trucs fun, quoi.
05:09 Engagé, fun, du freeride.
05:11 - Trop vite, trop vite pour ce que tu sais faire.
05:13 (Rires)
05:14 - Et toi, Chloe, en mode ski alpin, descente ou autre?
05:17 - Alors moi, je n'ai jamais fait de club et j'en ai très peu fait jeune,
05:19 mais j'ai dû m'y remettre pour passer le DE ski,
05:22 parce que je voulais quand même avoir le monitora,
05:24 et c'est le même pour le ski et le snow.
05:25 Donc, j'ai dû me remettre sur les skis.
05:28 J'ai vraiment apprécié découvrir un nouveau sport de glisse
05:31 que j'avais pratiqué un tout petit peu avec l'école.
05:34 Mais oui, c'est chouette parce qu'on se sent progresser.
05:36 Quand je sors les skis, je sais que je peux encore progresser,
05:39 alors qu'en snow, c'est vraiment du détail, détail.
05:41 - Et est-ce qu'il y a un truc qui vous fait envie dans la discipline de l'autre?
05:44 Peut-être le côté...
05:46 Je ne sais pas, par exemple, en com, je me dis, en ski alpin,
05:49 ils sont toujours plus "respectés" que le freestyle,
05:51 où vous êtes encore un cran en dessous.
05:54 Tu me corriges si je me trompe?
05:55 - Oui, c'est sûr qu'il y a beaucoup plus de visibilité,
05:57 de reconnaissance pour l'instant sur le ski alpin.
05:59 Nous, notre challenge, c'est justement de faire grandir la visibilité de notre sport
06:03 et ça passera par les performances et la chaîne d'équipe qui nous retransmet.
06:07 Donc, c'est chouette.
06:08 - Et après, moi, ce qui me fait envie dans son sport, c'est l'engagement,
06:10 c'est le fait de jouer vraiment toujours avec les limites
06:12 et c'est cette prise de risque qu'on a un peu aussi en snowboard cross,
06:15 mais pas dans les mêmes vitesses.
06:17 Ce concours de vitesse, il a l'air quand même vraiment excitant.
06:20 - Et toi, il y a quelque chose qui te donne envie dans le snowcross de Chloé?
06:24 - Oui, c'est des sensations différentes.
06:26 C'est les deux pieds serrés.
06:31 Pour un skieur alpin, il y en a vraiment très peu qui font du snowboard,
06:35 mais moi, j'adore la sensation de carving qui est complètement différente du ski alpin.
06:42 - C'est les virages, le carving?
06:43 - Oui, quand on taille des courbes, c'est ça qui m'attire bien.
06:46 Puis après, en fait, on peut s'amuser en snowboard avec quasiment rien.
06:51 Chose qu'en ski alpin, avec des longs skis,
06:54 à partir du moment où on ne va pas à 120 km/h, on ne s'amuse pas.
06:58 - C'est pour ça, je suis un ski en fait.
07:02 - Non, mais comme elle disait, dans notre sport,
07:08 on est arrivé à un niveau où progresser devient vraiment difficile.
07:12 Et alors, dans un sport qu'on connaît moins, on progresse tout le temps.
07:15 Et avec un snowboard, on peut s'amuser avec une très basse vitesse
07:19 ou des conditions de neige difficiles.
07:21 C'est ça la particularité très fun de ce sport et qui m'attire.
07:26 - Team snowboard, moi aussi. Désolé, Cyprien.
07:27 Les copains, là! Allez, Juju!
07:29 - Moi, j'ai une question pour toi, Cyprien.
07:31 Récemment, tu as évoqué un déclic mental pour expliquer ta saison remarquable.
07:35 Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus?
07:36 Moi, j'ai lu quelque part qu'après une rupture sentimentale,
07:39 ce déclic, il serait arrivé.
07:41 - T'es potent, toi! T'aimes bien ça! C'est vrai?
07:44 - Oui, c'est un peu vrai.
07:46 Ça a fait partie du chemin que j'ai mis en place derrière.
07:51 Et oui, c'est chouette.
07:54 C'est toujours...
07:56 J'ai fait cette saison avec mon cœur.
07:59 Et le déclic est parti du cœur.
08:02 Donc, c'est un lien.
08:03 - Et tu comptes bonifier la saison que tu viens de faire.
08:05 Est-ce que ça t'a libéré sur le fait que tu étais capable de faire certaines choses
08:08 que tu ne pensais pas capables?
08:11 - Euh...
08:12 Je sentais que j'étais capable de faire des choses, mais je ne savais pas comment.
08:16 Toujours senti au fond de moi, sinon j'aurais lâché depuis un moment.
08:20 Et oui, là, je me suis prouvé et j'ai prouvé à tout le monde que j'étais capable de faire ça.
08:25 - Qu'est-ce qui s'est passé, Kitzbühel? T'as posé le cerveau?
08:27 J'avais lu, on en avait parlé un petit peu,
08:31 que tes coachs et ton entourage t'avaient dit de prendre certains trucs, certaines courbes,
08:35 et t'as fait complètement l'inverse, ou tout ce que tu voulais quasiment.
08:38 - Oui.
08:39 - Qu'est-ce qui s'est passé? Pourquoi t'as fait ça?
08:42 Tu le sentais, ce feeling? Non, mais je ne sais pas.
08:44 - Oui, je le sentais. J'avais vraiment un très bon flow ce jour-là.
08:48 J'étais dans le moment présent et j'avais comme une longueur d'avance sur tout ce qui allait se passer.
08:53 Je voyais derrière les sauts, je voyais la courbe d'après.
08:57 Et ça, c'est un sentiment que j'avais touché du doigt à Bormio, par exemple,
09:03 sur ma première victoire en descente.
09:06 Et là, arriver ce jour-là,
09:09 et être dans ce flow-là de décontraction tout au long de la matinée.
09:13 Bon, après, j'avais gagné la veille, donc j'étais vraiment détendu,
09:16 même si j'avais passé une journée sans me poser une seule fois dans mon lit cinq minutes.
09:24 J'ai réussi le matin à être décontracté.
09:28 Au moment de me lancer, je pousse et le premier virage, je me dis « mais wow, c'est encore mieux qu'hier ».
09:38 Je sentais tout. Et là, j'ai dit « oh, profite-moi ».
09:42 Après, le haut de Kitzbühel est vraiment très, très difficile.
09:46 Donc, j'étais très focus, j'ai tout fait et ça s'est tout passé comme j'avais prévu.
09:50 Et encore mieux, parce qu'on avait prévu de prendre un peu plus de marge avec mon coach.
09:54 Donc, freiner à un endroit pour être certain de passer comme il faut.
09:58 Et là, je sentais que je pouvais le faire sans freiner.
10:01 C'est là où j'ai pris plus de risques et je l'ai pris, mais en conscience.
10:04 Je n'ai pas fait n'importe quoi.
10:06 J'étais vraiment, tout au long de la course, je n'ai pas pris une seule fois des risques.
10:10 - Donc là, tu as improvisé une prise de risque selon les sensations que tu as eues au bout de virages.
10:16 N'importe quoi.
10:17 Et tu t'es dit « bon là, je dois jouer au contrôle, mais en fait, je prends le risque parce que je me sens bien ».
10:21 - Oui, c'est exactement ça.
10:22 Et du coup, j'étais dans le moment présent et là, c'était juste ouf.
10:28 À partir de ce moment-là, j'ai dit « bon, maintenant, tu as fait le taf.
10:32 Maintenant, sois dans le flow et profite. »
10:34 Voilà, tout fluide.
10:35 - Tu savais que tu avais gagné à ce moment-là ?
10:38 - Au fond de moi, quand même.
10:39 Parce qu'on sait que là-haut, c'est très important de très bien passer là-haut.
10:44 Et après, la suite, c'est beaucoup plus difficile de faire des différences.
10:49 Je sentais que je l'avais fait là, sur le haut.
10:50 Et donc, la suite de la manche, je l'ai faite en décontraction.
10:54 Bon, après, on ne peut pas dire que c'est de la décontraction, parce qu'on est à 140 sur de la glace.
11:00 Mais non, c'était incroyable.
11:02 Et avec la célébration qui allait derrière, je me suis fait plaisir.
11:06 Parce qu'au-delà de la victoire, j'ai fait la meilleure chose que je pouvais faire.
11:12 Et ça, c'est ce qui me tient à cœur.
11:13 Et je pense que c'est pour ça que je fais ce sport.
11:14 C'est pour montrer des performances comme ça.
11:19 - Et tu as fait rêver tellement de Français avec cette double descente, cette double victoire.
11:24 Toi aussi, tu as fait rêver les Français.
11:25 On revient un petit peu sur cette saison et ton parcours.
11:28 Chloé, elle a enfin vaincu le syndrome de la deuxième place.
11:31 - Oui.
11:31 - On a essayé de répertorier, ce n'est pas très sympa,
11:34 mais le nombre de fois où elle a fait une deuxième ou sur le podium.
11:35 Ce qui est très bien, cela dit.
11:37 Mais il y en a beaucoup, que ce soit au Mondiaux, aux Jeux Olympiques, en Coupe du Monde.
11:41 - Autour de France.
11:41 - Oui, autour de France.
11:44 Ce qui est bien, mais ça a dû être hyper frustrant et ça a dû décupler ta joie ce week-end.
11:48 Il est où le déclic, là aussi, Chloé, de passer de deuxième, troisième, deuxième, deuxième, deuxième
11:51 à, ça y est, victoire et globe ?
11:54 - Oui, en fait, quand on regarde mes stats, en effet, elles sont hyper mauvaises de victoire.
11:57 Et plus les années passent, plus c'est ancré en moi que je ne suis pas une gagnante.
12:02 Je suis deuxième, troisième.
12:04 Et ça a été hyper dur de vaincre mentalement ce blocage,
12:09 de me dire « mais si, t'es capable de gagner ».
12:11 Parce que je faisais deuxième, troisième devant des filles qui gagnaient le lendemain.
12:15 Donc, j'étais capable de battre tout le monde, mais pas d'être sur cette première place.
12:19 Et cette année, j'ai essayé de remettre tout à zéro
12:23 et de me débarrasser un peu de ces croyances qui sont un peu lourdes et ancrées en nous.
12:27 Et d'y croire, de croire en mes victoires, de croire en mes chances de toutes les battre.
12:34 Et puis, je pense que mon staff m'a beaucoup aidée aussi,
12:37 parce que j'ai senti qu'il croyait en moi et qu'il croyait en cette capacité de victoire
12:43 pour laquelle moi, j'avais de grands doutes.
12:44 Alors après, le doute est important dans une carrière de haut niveau
12:47 et moi, ça a toujours été un moteur.
12:49 Mais l'équilibre entre le doute et la confiance et y croire,
12:54 des fois, au moment de l'affinage, j'avais peut-être un peu plus de doutes que de croyances en moi.
13:00 Donc, petit déclic mental avec en plus beaucoup de travail physique, technique.
13:06 Et puis voilà, c'est des petits détails, ça se joue jamais à grand chose,
13:09 mais une stratégie aussi peut-être un peu mieux peaufinée, un ensemble de choses.
13:15 Et puis, une victoire dès la première étape de la saison.
13:17 Donc, ça lance, ça lance bien.
13:20 – J'ai une question, Cléopâtre, en ce que tu racontes.
13:22 Est-ce que, mais même pour toi Cyprien,
13:25 est-ce que vous vous faites accompagner mentalement par des psys, des sophrologues,
13:30 des gens justement qui permettent de débloquer un peu ce déclic ?
13:33 Est-ce que c'est mis en place par la FED ?
13:34 Est-ce que c'est vous tout seul ?
13:36 Moi, je pense que c'est important.
13:37 Je ne sais pas si c'est comme dans le foot ou comme dans d'autres sports,
13:40 mais où quasiment 75-80% du boulot, c'est le mental,
13:43 d'essayer d'être focus sur son truc.
13:46 Est-ce que c'est le même cas pour vous ?
13:48 – Oui, moi, je me suis fait accompagner avant les Jeux,
13:52 surtout pour préparer 2022,
13:54 parce que je voulais arriver hyper sereine sur cet événement
13:57 et utiliser mon plan potentiel de la journée sans avoir cette peur de l'échec.
14:01 – Mais pour casser ce déclic, ton objectif, c'était ça ?
14:03 – Oui, c'était la gestion de l'événement et tout donner pour les victoires.
14:09 Mais c'était sous forme de formation un peu,
14:12 parce que je ne voulais pas avoir cette dépendance
14:15 de devoir appeler mon préparateur mental dès que j'ai un problème.
14:18 Je déteste la routine, je déteste être dépendante des choses,
14:21 donc j'aime bien avoir cette liberté d'avoir les outils pour gérer mes problèmes,
14:25 mais après être autonome.
14:28 Donc moi, ça a été mon choix, mais on est tous différents sur ce point-là
14:32 et on fonctionne tous d'une manière hyper différente.
14:35 Rien que dans l'équipe, il y en a qui ont besoin d'être tout le temps en confiance.
14:37 Moi, si je suis trop en confiance, je m'endors un peu,
14:39 j'ai quand même besoin d'être un peu stimulée.
14:42 Donc, c'est hyper personnel, donc non, ce n'est pas mis en place par la FEDE,
14:46 c'est vraiment la volonté de l'athlète de faire progresser ce point-là.
14:50 – Et toi, Cyp ?
14:51 – Je suis d'accord avec Chloé, on doit chacun trouver son chemin.
14:55 Et bon, moi, j'ai trouvé mon chemin à 29 ans, mais j'ai…
15:00 – Tenez, on ne l'a jamais trouvé.
15:03 – Non, mais par contre, moi, j'ai attaqué mon travail sur…
15:09 vraiment dans ma vie, ma vie en tant qu'homme, avec un psychologue.
15:15 Et lui, il est en relation avec la FEDE, avec mon médecin,
15:19 donc ils m'ont aidé à aller voir ce psychologue.
15:23 Et ensuite, j'ai trouvé quelqu'un à côté qui est plus une préparatrice mentale,
15:31 qu'on va dire, et là, voilà, le combo des deux a été pour moi un énorme gain.
15:38 Et derrière, j'ai pu être bien dans ma vie
15:41 et ensuite m'exprimer sur les skis comme je suis dans la vie,
15:43 et ça, j'en suis très fier.
15:45 – Tu es beaucoup plus fou sur des skis que là.
15:47 – Bah oui, mais là, il est fatigué.
15:50 – Non, non, je suis…
15:51 – Vous tombez bien, gros dossier, on va terminer avec le gros dossier
15:53 dans l'équipe du jour, une saison sans dessus-dessous, titre de votre journal.
15:57 On parle du calendrier à revoir, des blessures, des cascades d'annulations.
16:00 Vous, les principaux concernés, qu'est-ce qu'on peut faire ?
16:03 Quelles sont les solutions selon vous pour éviter les annulations ?
16:06 Je crois qu'il y a 16 courses annulées cette année encore, c'est énorme en ski.
16:10 Il faut alléger le calendrier, c'est quoi votre solution à vous ?
16:12 Parce que c'est vous, les principaux concernés.
16:15 Toi, tu n'as pas été trop touché encore par les annulations ?
16:16 – Non, zéro annulation cette année, c'est…
16:18 – Une rareté.
16:18 – Ouais, ouais.
16:19 – Si. – Non, il faut…
16:22 – Qu'est-ce qui t'arrange, toi, le skieur ?
16:25 – Qu'est-ce qui m'arrangerait pour…
16:26 – Pour que ça se passe bien, qu'il n'y ait pas de blessures,
16:28 qu'il n'y ait pas d'annulation et qu'il y ait de la neige.
16:30 – Eh ben, je n'ai pas la solution, mais ce qui est sûr,
16:35 c'est que oui, on voit qu'il y a des changements,
16:39 on en est conscient, on est tous impactés
16:41 et on a tous envie de continuer à faire ce sport
16:43 et de se faire plaisir sur les skis, donc…
16:47 – Tête enfermée.
16:48 – Il va falloir bouger, il va falloir bouger des choses,
16:50 bouger les programmes, tout ça.
16:54 – C'est le planning qui gêne ou c'est les spots
16:56 qui sont… qu'il faut peut-être changer ?
16:59 – Ça change tout le temps, donc je n'ai pas la solution non plus,
17:04 mais ce qui est sûr, c'est qu'il y a de la communication
17:07 et surtout, poser les choses, parce que c'est dommage
17:12 d'annuler des courses comme ça et surtout d'avoir des blessures aussi.
17:15 On n'a pas…
17:16 – Vous avez votre rôle à jouer à l'intérieur de ce truc-là,
17:18 enfin je veux dire, ils vous demandent, vous aussi, votre avis en tant qu'athlète
17:21 de savoir ce qui, vous, vous plairait
17:23 ou comment est-ce qu'on peut arranger les choses,
17:25 au moins être autour de la table, quoi ?
17:27 – Nous, pas du tout, non, on n'est pas du tout concertés.
17:29 Après, je pense que des fois, on manque un peu de réalisme
17:32 par rapport aux changements climatiques et il y a des ambitions
17:35 qui ne sont plus possibles de vouloir organiser des courses trop tôt
17:39 ou dans des endroits qui ne sont plus adaptés,
17:40 même pour les grands événements qui sont les Jeux Olympiques,
17:43 donc je pense qu'on doit réfléchir à ça et que les enjeux environnementaux
17:50 font partie complètement de notre sport et il faut les respecter, s'adapter
17:54 et c'est pour ça que les prochains Jeux, c'est en Italie déjà,
17:58 c'est cohérent, c'est un milieu de ski avec la culture des sports de glisse
18:03 où il y a déjà des infrastructures,
18:05 ceux de 2030 paraissent aussi raisonnables,
18:08 donc je pense qu'on prend conscience qu'il va falloir changer
18:12 mais ça se fait petit à petit.