En France, le déficit public grimpe à 5,5% du PIB en 2023, la dette s'établit à 110,6%. Guillaume Paul, journaliste BFM Business nous éclaire sur les raisons pour lesquelles ce sont dans les dépenses sociales que le gouvernement va chercher à réduire pour diminuer la dette publique.
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00:00 Pourquoi ce sont dans les dépenses sociales qu'on va piocher ou qu'on va chercher à faire des économies ?
00:05 Pour une raison très simple, c'est quand vous regardez depuis des années finalement comment s'organise la dépense en France,
00:11 la dépense publique, vous vous rendez compte, c'est les dépenses sociales qui représentent le gros du morceau fondamentalement.
00:17 Donc on se dit, les grandes masses sont là, donc c'est là qu'on va avoir le moins de difficultés à aller faire des économies finalement.
00:22 Et l'autre argument, c'est de dire, on dépense plus en proportion pour le social en France par rapport aux pays étrangers.
00:27 Donc là je vais vous dire, je suis sorti des chiffres qui datent de 2022, qui nous montraient quoi ?
00:30 Que les dépenses de retraite, elles pesaient 14,4% de notre produit intérieur brut.
00:37 La moyenne européenne, elle est à 11,9, donc elle est en dessous.
00:40 Les dépenses de santé, 12,2% de notre PIB en France.
00:43 La moyenne européenne, c'est 10,5.
00:45 Et les dépenses d'assurance chômage, 1,7% du PIB en France.
00:48 C'est seulement 1,1 au niveau européen.
00:50 Donc on est toujours au-dessus des moyennes européennes.
00:53 C'est ça qui pousse le gouvernement à dire aujourd'hui, alors après on en pense ce qu'on veut de cet argument.
00:57 Bah voilà, faisons au moins un petit effort pour rentrer dans l'eau de la moyenne européenne.
01:01 Si je peux me permettre, vos pourcentages, c'est pas très parlant.
01:04 Ça fait trop techno costume cravate, c'est ça ?
01:06 Alors, comme je m'attendais à cette missive, je vous ai sorti une note qui va montrer les choses de manière très précise.
01:12 En gros, quand on fait 1000 euros de dépenses publiques en France, où est-ce que va cet argent ?
01:16 Ce qui vous permettra de répondre à la question, vous savez qu'on se pose toujours, où vont nos impôts ?
01:20 Et là le Silphipeco nous dit, bah voilà, quand on dépense 1000 euros en France,
01:23 vous faites 1000 euros de dépenses publiques, il y en a 247 qui vont dans les retraites.
01:27 Il y en a 209 qui vont dans la santé, 37 euros qui vont dans la famille et 29 euros qui vont dans l'assurance chômage.
01:34 Donc vous avez 563 euros, donc plus de la moitié, sur 1000 euros de dépenses publiques,
01:39 qui cherchent à financer notre protection sociale.
01:42 Donc vous dites, les grandes masses, elles sont là, c'est là qu'on va aller chercher à faire des économies le plus vite,
01:45 parce qu'après vous allez voir que sur les autres dépenses, ensuite, je vous ai mis ça dans un autre petit tableau,
01:50 on est un petit peu à l'os, qu'est-ce qui reste après sur les quelques 400 euros qui restent ?
01:54 Éducation nationale, 90 euros. On n'arrête pas de dire qu'il faut faire plus pour l'éducation nationale,
01:57 on ne va pas encore aller mordre là-dessus.
01:59 Défense, 35 euros. Police, justice, 30 euros.
02:02 C'est clairement sur ces postes qu'on va devoir faire plus d'efforts,
02:05 c'est pas là qu'on va devoir aller chercher de l'argent supplémentaire pour économiser sur la dépense publique.
02:08 D'où les annonces qui pourraient être faites demain, peut-être sur l'assurance chômage.
02:12 Alors c'est ce qu'on entend dire, il y a les pistes qui circulent, réduire la durée d'indemnisation,
02:16 ou alors durcir encore les conditions pour être indemnisé face au chômage.
02:21 Et quand vous y réfléchissez, vous vous dites que pour le gouvernement,
02:24 ça serait la moins mauvaise des solutions, parce que 1) vous récupérez quelques milliards d'euros,
02:29 2) au passage vous rassurez, vous savez, les fameuses agences de notation
02:32 qui vont se pencher sur notre cas dans quelques semaines,
02:34 et puis 3) contrairement à ce qu'on pourrait penser, politiquement ça passe.
02:37 Auprès d'une majorité de Français, plus que de toucher aux retraites ou aux dépenses de santé.
02:41 Je vous ai sorti un petit sondage là, très rapidement, c'est le sondage des Temps Nouveaux qui disait il y a quelques jours,
02:44 voilà, vous avez 77% des Français qui sont favorables au renforcement des contrôles sur les demandeurs d'emploi.
02:49 62% des Français sont favorables à cette réforme du RSA.
02:54 L'idée selon laquelle quand on est au chômage, on est un peu responsable quand même,
02:57 qu'on le veuille ou non, cette idée est de plus en plus répandue dans l'opinion.
03:00 Et c'est un peu là-dessus que le gouvernement va surfer,
03:03 avec a priori des annonces demain-mercredi qui ne seront pas forcément très agréables.
03:07 Et je précise aussi que le ministre de l'Économie a dit ce matin, à nouveau,
03:11 qu'il n'y aurait pas d'augmentation d'impôts. Merci Guillaume.