Deux ans après le début de l'épisode historique de sécheresse dans les Pyrénées-Orientales, Veolia Eau déploie de nouvelles techniques pour traquer les fuites sur le réseau de la communauté urbaine de Perpignan. Veolia a déjà détecté plus de 220 fuites depuis le début de l'année.
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00:00 L'invité du 6/9
00:02 En attendant, le dossier est plus que brûlant en ce moment dans les Pyrénées-Orientales.
00:06 Comment surmonter la sécheresse ?
00:09 L'une des pistes étudiées, c'est la traque des fuites d'eau.
00:12 Et pour en parler ce matin, Suzanne Chaudjahi, nous recevons le directeur de Veolia Eau dans le département.
00:17 Bonjour Eric de Saint-Martin.
00:18 Bonjour.
00:19 Veolia est donc en charge du réseau d'eau dans la communauté urbaine de Perpignan.
00:24 Est-ce que vous savez précisément aujourd'hui la quantité d'eau qui est perdue chaque jour à cause des fuites ?
00:29 On va tourner aux alentours de 22% d'eau qui est perdue, ou 78% qui est distribuée à bon port.
00:37 C'est énorme non ? 22% de perte.
00:40 Alors il faut savoir qu'un réseau n'a jamais 100% de rendement et ça n'existe pas et ça n'existera jamais.
00:46 Alors parce que dans l'eau que l'on met en distribution, en fait le rendement c'est quoi ?
00:52 C'est l'eau qui est vendue, qui est consommée, après un compteur,
00:56 divisé par le volume qui a été mis en distribution, qui a été produit.
01:00 Pourquoi on dit qu'on n'a jamais un rendement de 100% ?
01:04 Parce que sur ce réseau-là, il peut y avoir de l'eau utilisée pour le service,
01:08 ça va être typiquement rincer une canalisation,
01:12 ça va être de l'eau également qui va être utilisée par les pompiers lorsqu'il y a un incendie,
01:16 et puis ça va être de l'eau qui est parfois un peu volée sur le réseau,
01:19 que ça soit par des entreprises qui ont besoin d'eau et qui vont le prendre sur un poteau d'incendie,
01:23 ou par des campements de gens du voyage qui pourraient être amenés à voler de l'eau.
01:27 Donc les pertes, c'est pas forcément parce qu'il y a des fuites,
01:31 c'est aussi parce qu'il y a des besoins sur le réseau.
01:33 Et puis un réseau, quoi qu'il arrive, il vit, c'est-à-dire qu'il va sointer un peu d'eau au niveau des joints,
01:38 et ce qui fait qu'on n'aura jamais 100%.
01:42 Mais concernant les fuites, combien vous en avez détecté dans l'agglo de Perpignan depuis le début de l'année par exemple ?
01:47 Alors typiquement depuis le début de l'année, on a détecté plus de 220 fuites,
01:51 alors grâce à nos équipes, puisqu'on a dans le cadre du nouveau contrat,
01:55 une équipe 100% dédiée de 8 personnes qui vont être en permanence en train de traquer ces fuites.
02:01 200 fuites, c'est quand même beaucoup !
02:03 C'est énorme, ça prouve qu'ils font bien leur travail et je les en remercie.
02:07 Mais c'est surtout se dire que 8 personnes sur un réseau qui fait 1700 km de longueur,
02:13 c'est finalement assez peu.
02:15 Et du coup, de nombreux outils sont mis à leur disposition pour que ça soit le plus efficace possible,
02:20 et que ces 220 fuites, elles ont été trouvées évidemment grâce à leurs compétences, grâce à leurs oreilles,
02:26 puisque finalement un chercheur de fuites, il utilise beaucoup son oreille.
02:29 Avec du matériel particulier ?
02:31 Exactement, avec du matériel que l'on positionne sur le réseau pour être capable d'écouter le bruit que fait une fuite,
02:38 puisque chaque fois qu'il y a une fuite, ça crée une vibration, donc un bruit,
02:41 et les chercheurs de fuites vont traquer ce bruit-là pour être capables de le localiser.
02:45 On va parler de ces outils dans un instant, juste pour préciser l'objectif que vous vous fixez,
02:50 dans combien de temps réduire de combien les fuites ?
02:53 Alors d'ici 2027, on espère avoir atteint 10% de rendement en plus,
02:58 et donc 87% de rendement sur le réseau de PMM.
03:02 D'ici 3 ans donc ?
03:03 Voilà, désormais d'ici 3 ans, effectivement.
03:05 Alors parmi les outils que vous allez déployer, il y a ces nouveaux compteurs intelligents,
03:10 des compteurs qui seront installés chez les particuliers pour suivre la consommation des habitants en temps réel.
03:15 100 000 foyers de l'agglo de Perpignan en seront équipés dans les 3 prochaines années.
03:21 Comment ça fonctionne ces compteurs ?
03:23 Alors déjà, ce compteur a un avantage, c'est de déployer à l'ensemble des abonnés de PMM,
03:29 de Perpignan, Méditerranée et Métropole, le télé-relevé.
03:31 Donc ça, c'est déjà leur permettre d'avoir un service de détection de fuite sur leur propre réseau,
03:37 et d'éviter donc d'avoir des surconsommations, et donc une facture importante.
03:41 Ça, c'est le premier service.
03:42 Le deuxième service que ces compteurs vont rendre,
03:45 alors c'est moins aux abonnés, c'est plus à l'exploitant que nous sommes,
03:48 c'est d'être capable de détecter les fuites en amont du compteur,
03:51 sur la partie, ce qu'on appelle le branchement lui-même, entre le compteur et la canalisation.
03:56 Cette partie-là est une partie publique, et sur laquelle il y a énormément de fuites.
04:00 Aujourd'hui, on estime qu'on est à 70% des fuites qui ont lieu sur cette partie du réseau.
04:06 Donc, ça va nous permettre de les détecter beaucoup plus vite,
04:10 et donc d'intervenir avant même que la fuite puisse émerger.
04:13 - Et le compteur, en fait, il compte le nombre de litres d'eau où il entend ?
04:19 - Non, le compteur va compter le nombre de litres vendus,
04:23 et donc c'est à partir de là qu'il sera capable d'envoyer les alertes.
04:25 - Et il fait la différence avec Arrivez ?
04:27 - Mais pour la partie en amont du compteur, donc sur leur réseau public,
04:31 c'est bien l'écoute du bruit que fait la fuite que le compteur va détecter.
04:36 - Il est 8h10 sur France Bleu Roussillon, Suzanne Chaudjer, notre invité,
04:39 Eric de Saint-Martin, directeur de Veolia Eau dans les Pyrénées-Orientales.
04:43 - Depuis quelques mois, vous testez aussi une technologie assez spectaculaire,
04:47 la détection des fuites d'eau grâce à des satellites.
04:50 Comment ça marche, là ?
04:52 - Là, en fait, on couple une image satellite avec des ondes qui sont envoyées
05:00 et qui permettent de pénétrer dans le sol, de mesurer le taux d'humidité dans le sol,
05:04 et ça, ça va être couplé avec un algorithme, avec de l'intelligence artificielle,
05:08 pour pouvoir écarter les zones humides naturellement,
05:11 parce qu'il y a un cours d'eau, parce que même s'ils sont désormais très souvent à sec,
05:15 mais voilà, pour pouvoir écarter également les lacs.
05:21 Et puis, on superpose à cela le réseau d'eau potable.
05:25 Et là, on est capable d'identifier à 100 mètres près une zone sur laquelle il y a des fuites.
05:31 - Et ça a fait ses preuves ?
05:32 - Et ça a fait ses preuves. Aujourd'hui, on a un taux de fiabilité de 60%,
05:37 qui est déjà un énorme pas en avant pour nous, parce que dans 60% des cas, on trouve une fuite.
05:43 Et comme c'est de l'intelligence artificielle,
05:45 on espère atteindre 80% de fiabilité de cette technique dans les 2 ou 3 ans à venir.
05:50 - Alors ça, c'est dans les airs, sur la terre ferme, vous avez aussi des chiens qui vous accompagnent.
05:54 Alors, les chiens, ils entendent les fuites comme les machines, ou ils reniflent quelque chose ?
05:58 - Alors, eux, ils reniflent quelque chose.
06:00 En fait, on utilise les chiens, on créance les chiens, c'est le terme exact,
06:06 pour être capable de sentir l'odeur du chlore, puisque toute eau potable est chlorée.
06:10 Et donc, c'est leur odorat qui permet de détecter la présence de chlore infime,
06:15 que nous, êtres humains, nous ne sentons pas.
06:20 Et c'est par ce biais-là qu'ils sont capables d'identifier une éventuelle fuite sur le réseau.
06:24 Et c'est très utile, entre autres, sur les réseaux sur lesquels on a peu de points de contact,
06:29 en pleine nature, par exemple, voire même sur des réseaux qui résonnent très peu, en plastique,
06:34 ce qui pourrait être le PVC, par exemple.
06:36 - Et puis, la semaine dernière, le ministre de la Transition écologique est venu dans les Pyrénées-Orientales.
06:41 Christophe Béchut a notamment annoncé que l'État allait co-financer les études
06:45 pour construire le prolongement du tuyau du Rhône,
06:48 apporter l'eau du Rhône jusque dans les Pyrénées-Orientales.
06:51 Qu'est-ce que vous pensez de ce projet ? Est-ce que, selon vous, il est indispensable ?
06:56 - Alors, moi, je vais vous répondre sous un angle plus technique que politique,
06:59 puisque ce sera, quoi qu'il arrive, un choix politique.
07:02 Alors, déjà, mon avis global, c'est qu'il n'y aura pas une seule et unique solution
07:06 qui sera capable de répondre à la problématique dans les Pyrénées-Orientales.
07:10 Elle va passer, peut-être, par ce tuyau qui arrivera jusqu'à nous,
07:15 passer probablement par la réutilisation des eaux usées traitées,
07:18 peut-être un jour par de la désalinisation, par les retenues collinaires.
07:21 Donc ça, c'est le cadre général.
07:24 Et pour ce qui est... Alors, je ne connais pas toute l'infrastructure
07:27 qui va permettre d'arriver jusque là.
07:29 Je dis juste qu'il y a une petite interrogation à avoir.
07:33 C'est qu'on sait que le Rhône, les glaciers qui alimentent le Rhône
07:37 et qui tamponnent le débit du Rhône tout au cours de l'année
07:41 vont être amenés à disparaître à très court terme.
07:43 Les scientifiques parlent de 2030. 2030, c'est demain.
07:46 Et donc, il va y avoir un souci, c'est que l'été,
07:50 on risque d'avoir des débits extrêmement faibles.
07:52 On l'a connu ces dernières années, puisque même les centrales nucléaires
07:55 qui se font tout au long du Rhône ont parfois dû arrêter leur production d'énergie
07:59 parce qu'il n'y avait plus assez de débit.
08:01 Ce qui veut dire que l'été, on n'aura probablement pas assez d'eau dans le Rhône
08:05 pour être capable d'en apporter autant qu'on le souhaiterait ici.
08:08 Donc, c'est bien ce que je dis.
08:10 C'est que ça sera une palette de solutions qui permettront de répondre.
08:13 Peut-être que cette solution-là pourrait en faire partie.
08:17 - Merci beaucoup, Éric de Saint-Martin.
08:18 Vous êtes donc le directeur de Veolia Eau dans les Pyrénées-Orientales.
08:21 Veolia Eau qui gère le réseau d'eau dans l'Aglos de Perpignan.
08:26 Merci, à bientôt.