• il y a 9 mois
Evaëlle s'était suicidée le 25 juin 2019 à l'âge de 11 ans dans le Val-d'Oise pour échapper à son harcèlement qui avait débuté à la rentrée 2018. Une enseignante est renvoyée en correctionnelle pour harcèlement sur mineur. Les parents de la jeune fille étaient les invités du Live Switek ce vendredi.

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Transcription
00:00 - Avec nous, Marie-Hélène Sébastien, bonjour.
00:02 Merci beaucoup d'avoir accepté notre invitation.
00:04 Vous êtes les parents d'Evael.
00:05 J'imagine ô combien c'est dur de revoir tout ça.
00:08 Et il y a cette information sur cette enseignante
00:12 qui va donc être renvoyée en correctionnelle.
00:15 C'est un soulagement pour vous ?
00:18 - Oui, déjà avant tout un soulagement
00:22 parce que sans cette décision, il n'y a pas de procès.
00:24 Donc là, on se sent vraiment entendus, reconnus,
00:26 déjà dans cette étape-là.
00:28 Et puis, une satisfaction quand même.
00:31 On n'a pas fait tout ça pour rien.
00:33 On tient bon, ça fait quand même 5 ans.
00:35 Et il reste encore un certain temps avant d'avoir un procès.
00:39 Donc oui, un soulagement, un premier soulagement.
00:42 Pas un soulagement total, mais oui.
00:44 - Que reprochez-vous à cette enseignante ?
00:46 Qu'est-ce qu'elle a fait vivre à Evael ?
00:48 - Elle lui a fait vivre un calvaire.
00:51 Et bien qu'on ait alerté l'enseignante,
00:55 qu'on ait du mal-être d'Evael,
00:57 disons qu'avant de parler d'harcèlement et tout,
01:00 nous on est venu en disant "Evael, un mal-être".
01:04 En fait, on n'a pas été entendus.
01:06 Tout de suite, ça a été "faites attention à ce que vous dites",
01:10 "je peux vous attaquer pour diffamation".
01:12 Enfin, voilà, ça a été ça.
01:15 Et puis après, ce qu'on lui reproche,
01:17 c'est que de par son statut de professeur,
01:20 de référent auprès des élèves,
01:22 elle a quelque part légitimé un harcèlement.
01:25 Elle a vraiment montré qu'Evael,
01:28 on pouvait la considérer comme faible.
01:30 Et ça, ça a été après repris par les élèves.
01:33 - Je vais vous dire, elle a, selon vous,
01:35 ouvert la porte à un harcèlement plus général,
01:38 parce qu'il y a elle, puis il y a tous les camarades
01:40 qui ont harcelé Evael.
01:41 - Oui, c'est ça.
01:42 En fait, elle a vraiment initié ce harcèlement.
01:46 Quand on l'a rencontré une première fois,
01:48 alors oui, ça s'est calmé avec Evael,
01:51 ça se passait mieux.
01:53 Mais les élèves ont repris le flambeau,
01:57 si je puis dire.
01:58 Et donc, ça a été en fait non-stop pour Evael.
02:02 La professeure, ensuite la professeure qui arrête,
02:06 mais les élèves reprennent.
02:07 Donc en fait, c'était un aller-retour comme ça
02:11 entre c'est la prof, ensuite ce sont les élèves.
02:13 Ensuite, la prof est revenue et a mis un point final
02:16 à tout ça avec des heures de vide-classe
02:19 où Evael devait s'exprimer devant tout le monde
02:22 en expliquant pourquoi Evael se sentit harcelé.
02:25 Donc là, ça a été vraiment la goutte d'eau
02:27 qui a fait déborder le vase.
02:28 On a dit stop, on arrête maintenant.
02:30 Tu ne vas plus au collège et on va tout faire
02:33 pour te changer de collège et faire avancer les choses.
02:36 - Qu'est-ce qu'elle vous disait Evael
02:37 quand elle rentrait de l'école ?
02:39 - Eh bien, j'ai envie de dire pas grand-chose.
02:43 C'était à nous d'aller à la pêche aux informations,
02:46 d'essayer, c'est-à-dire que la première fois
02:48 quand effectivement on nous a alerté
02:50 qu'il y avait un problème de comportement
02:52 de la professeure vis-à-vis de notre fille,
02:54 c'était une autre parent d'élève qui nous a alertés.
02:56 Nous, quand on est rentrés, qu'on a voulu parler avec elle,
02:59 parce qu'elle ne nous avait pas dit à ce point-là,
03:02 sa première réaction, ça va être
03:04 "Ah bah maintenant que vous êtes au courant,
03:05 ma vie va être un enfer
03:07 parce que vous allez en parler à la professeure
03:09 et elle va se venger encore plus sur moi."
03:11 Alors qu'on lui a dit "Mais non, on va être là pour t'aider."
03:14 - C'est la mécanique infernale de la personne harcelée
03:17 qui a peur que ce soit pire quand elle parle.
03:19 - Exactement. Elle était dans cette spirale
03:21 déjà au bout de deux mois d'école.
03:23 Enfin, de deux mois de sixième.
03:25 Et donc ça a été ça tout le temps
03:28 et à chaque fois on y allait, mais regarde,
03:30 il s'est passé ça, dis-moi, quels sont les élèves ?
03:32 On a fait des listes de 15 élèves.
03:34 Est-ce que c'est des violences verbales ?
03:36 Est-ce que c'est des violences physiques ?
03:37 Enfin, on a donné tout ce qu'on pouvait
03:40 de témoignage d'Evael à l'administration du collège
03:44 pour essayer de nous aider
03:46 et qu'on travaille ensemble pour lui sortir la tête de l'eau.
03:48 Notre erreur a été de leur faire confiance.
03:51 - Vous avez tout fait.
03:53 Vous avez écouté Evael, vous avez parlé avec elle,
03:56 vous êtes allé voir le proviseur,
03:57 vous êtes allé voir l'enseignante, le proviseur, le CP,
03:59 vous êtes monté plus haut.
04:01 C'était quoi ? Un mur ?
04:04 On ne voulait pas vous entendre ?
04:05 C'est comme ça que vous l'avez senti ?
04:06 Ou on vous entendait mais on n'agissait pas ?
04:08 - Oui, c'était plutôt ça.
04:10 On nous entendait mais il n'y avait pas...
04:12 En fait, on ne savait pas ce qui se passait.
04:14 Le principal, à l'époque,
04:16 quand on lui a remonté le harcèlement
04:19 qu'Evael subissait des élèves,
04:21 il nous a dit "Ok, très bien,
04:23 on a la méthode Picasse qui fonctionne très bien,
04:26 on a de très bons résultats,
04:27 laissez-nous six semaines pour travailler là-dessus."
04:31 Au bout des six semaines, en fait,
04:32 on n'a jamais eu de retour, on n'a jamais rien eu.
04:34 Donc là, oui, ils nous ont entendus,
04:36 mais rien ne s'est passé.
04:38 Rien ne s'est passé, ça a empiré.
04:41 On est passé de brimades verbales à de la violence physique.
04:46 Donc, à un moment donné,
04:48 nous, il faut qu'on protège notre fille.
04:51 C'est pour ça qu'on a décidé de la changer de collège.
04:53 - On a le sentiment que les langues se délient aussi,
04:55 qu'il y a de plus en plus de parents
04:57 qui disent ce qui s'est passé avec cette enseignante.
05:00 Est-ce que vous avez eu beaucoup de retours,
05:01 beaucoup d'échos ?
05:02 - Alors, dans l'enquête,
05:04 c'est exactement ce qui s'est passé.
05:05 C'est que quasiment en deux mois,
05:08 la plus grosse partie de l'enquête était faite.
05:12 Les élèves ont parlé,
05:14 ils ont été écoutés et entendus.
05:17 Les parents ont aussi témoigné,
05:20 d'autres professeurs ont témoigné.
05:22 Un principal aussi a témoigné.
05:24 Enfin, l'ancien principal de l'ancien collège
05:27 qui dit qu'à cette phrase malheureuse,
05:29 c'était, on le savait,
05:30 et c'était de pire en pire d'année en année.
05:33 Quand un principal du collège d'avant
05:36 dit ça de cette professeure,
05:38 moi je trouve ça dramatique
05:40 d'attendre qu'il y ait un suicide
05:42 pour qu'on l'arrête.
05:44 La CPE de l'ancien collège le dit dans son témoignage,
05:47 les élèves sortaient de son cours
05:49 et arrivaient dans mon bureau en pleurant.
05:51 - Et cette enseignante était pourtant bien notée,
05:54 elle dément les faits,
05:55 et le procès permettra justement de savoir.
05:58 Vous avez senti monter chez Eva-El,
06:01 ce malaise, vous avez agi,
06:02 vous l'avez changé d'établissement,
06:04 en fait ça n'a pas suffi.
06:06 Vous avez senti que quelque chose
06:07 avait été brisé au sein d'elle ?
06:09 - C'est difficile à dire.
06:11 Je pense qu'en fait, il faut voir ça,
06:13 le mal-être d'une personne,
06:14 bon je ne suis pas psychologue,
06:16 mais c'est un peu comme un iceberg.
06:17 Ce qu'on voit, ce qu'on arrive à voir,
06:19 ne représente absolument pas
06:21 tout ce qu'il y a de caché en dessous.
06:23 Et même si nous on a essayé de parler,
06:26 qu'on l'a emmené voir un psychologue,
06:29 qu'on lui a montré qu'on était là,
06:30 qu'on faisait les démarches,
06:31 qu'on la soutenait,
06:33 on n'est pas à l'intérieur d'elle.
06:35 Et effectivement, comme a dit tout à l'heure,
06:38 comme ça a été dit,
06:39 dans le nouveau collège,
06:41 la rumeur est arrivée,
06:42 ils sont à 500 mètres d'écart,
06:44 la rumeur est arrivée,
06:45 Eva elle est une menteuse,
06:46 elle a accusé d'autres élèves
06:47 de l'avoir tapée,
06:49 enfin de l'avoir harcelée,
06:51 donc ils ont commencé à la chercher,
06:53 je ne sais pas si on peut déjà parler
06:55 d'un harcèlement naissant
06:56 dans le second collège,
06:57 mais en tout cas, oui,
06:58 elle était chahutée pour ces faits-là.
07:00 Et du reste, le jour J,
07:02 où elle a décidé de mettre fin à ses jours,
07:04 ça a été ça, il y a eu une altercation,
07:06 il y a un jeune qui a pris ses affaires,
07:08 qui lui a vidé son sac par terre
07:09 et qui lui a dit "dégage".
07:11 - Et là, elle ne vous a rien dit ?
07:12 - Non, elle n'a rien dit.
07:14 - C'était trop.
07:15 - Faut croire.
07:17 - Comment vous tenez, vous,
07:19 depuis tout ce temps,
07:20 dans ce combat que vous ne lâchez pas,
07:22 vous avez une première victoire,
07:23 aujourd'hui, comment vous tenez ?
07:26 - Parce qu'on y croit,
07:27 je pense qu'on a l'espoir,
07:28 on y croit,
07:29 on est des personnes qui,
07:31 croyons en la justice,
07:33 et on espère, en tout cas,
07:35 on nous donne déjà les moyens
07:37 d'aller à un procès,
07:39 on espère bien sûr que le verdict
07:40 soit en notre faveur,
07:42 surtout en la faveur d'Evael,
07:43 j'ai envie de dire,
07:44 et des autres élèves aussi.
07:46 On tient parce qu'il faut avancer,
07:48 tout à l'heure, il y avait votre collègue
07:50 qui disait que quand on vit ce genre de drame,
07:53 il faut rester en mouvement,
07:54 il faut rester dans la vie,
07:56 c'est exactement ça.
07:57 On reste en mouvement,
07:58 on a fait des projets personnels,
08:00 et on reste, et on tient,
08:01 et on est vigilant à ce que ça avance,
08:04 parce qu'effectivement,
08:05 s'il n'y a plus de mouvement,
08:07 je ne préfère pas y penser.
08:08 - C'est ce que vous faites
08:09 avec beaucoup de dignité
08:10 et beaucoup de courage pour Evael.
08:12 Merci beaucoup d'être venu
08:13 sur le plateau du Live BFM,
08:14 on vous souhaite bon courage
08:15 et évidemment on continuera
08:16 à suivre cette affaire.
08:17 Merci d'être venu sur notre plateau.

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