Line Renaud : "La fin, je la sens venir, elle est à ma porte : ben, qu'elle frappe !"

  • il y a 6 mois
Line Renaud était l'invitée de Sonia Devillers, à l'occasion du 30e anniversaire du Sidaction. Elle évoque le sida bien sûr, mais aussi la mort, la future loi sur la fin de vie et l'inscription de l'IVG dans la Constitution.

Retrouvez les entretiens de 7h50 sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50

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Transcript
00:00 Bonjour Lynne Renaud. Bonjour Sonia.
00:03 Quand on vient vous voir, on vient voir une femme qui a 80 ans de carrière,
00:08 qui n'a pas peur de parler publiquement de sa mort,
00:11 alors on commence par prendre de vos nouvelles.
00:14 Comment ça va Lynne Renaud ?
00:17 À votre avis ?
00:19 Comment vous vous sentez, comment vous vous portez ?
00:24 Je me sens très bien.
00:26 Le matin c'est dur pour me lever, parce que j'aime bien dormir un peu plus longtemps,
00:34 mais autrement tout va bien.
00:37 Et alors, cette AVC, ces Covid qui ne vous ont pas loupé, vous n'êtes pas passée loin ?
00:45 Non, j'ai eu le Covid, je l'ai eu deux fois.
00:49 J'avais 203, mais je ne l'ai pas eu trois fois.
00:53 Non, on est mal passé.
00:58 Vous avez fait un AVC en 2019.
01:04 Vous dites vous-même dans votre autobiographie, dans votre dernière lettre,
01:08 que vous êtes une malade récalcitrante.
01:11 Je vous cite, Lynne, "Je hais le repos, je hais la sieste, je hais la grasse matinée,
01:16 je hais le silence, je hais la solitude et les vacances."
01:20 Eh bien, vous me connaissez bien.
01:23 C'est un secret de longévité ?
01:25 Oui, c'est vrai.
01:27 C'est comme ça qu'on résiste ?
01:29 Oui.
01:30 Vous savez, la vie passe si vite que quand on prend des vacances, on perd du temps.
01:41 Moi, je n'ai jamais pris de vacances.
01:45 Je n'aimais pas les vacances.
01:48 On me forçait à prendre des vacances.
01:51 Mais je me porte très bien comme ça.
01:56 Et vous dites aussi, il y a des femmes qui font un déni de grossesse,
02:00 moi je fais un déni de vieillesse.
02:02 Ça veut dire quoi ?
02:03 Que vous, vous n'êtes pas vue vieillir ?
02:05 Écoutez, je ne me vois pas vieillir.
02:11 Je le sens, probablement.
02:16 Mais je ne me vois pas vieillir.
02:18 Je ne suis pas fixée sur l'âge.
02:22 Je ne l'ai jamais été.
02:25 Quand je vois des amis, "Oh mon Dieu, je vais avoir mes 50 ans."
02:33 C'est merveilleux, 50 ans.
02:36 Alors je leur dis, ça ne fait que commencer.
02:39 Moi, c'est plus près de la fin.
02:42 Franchement, je tricherais si je vous disais que je me vois loin de la fin.
02:48 Pas du tout.
02:49 J'ai la fin, je la sens venir.
02:52 Elle est à ma porte.
02:55 Elle est à ma porte.
02:56 Qu'elle frappe.
02:58 Et c'est vous qui déciderez quand vous lui ouvrirez.
03:01 J'aimerais, Lynne Renaud, qu'on parle ensemble de la France
03:05 que vous avez connue quand vous étiez petite,
03:07 quand vous étiez jeune femme.
03:09 De la France dans laquelle vous avez embrassé des causes et des combats
03:13 et de la France d'aujourd'hui.
03:15 On va commencer par l'avortement.
03:17 L'avortement, c'est l'actualité.
03:19 Est-ce que vous pouviez imaginer, Lynne Renaud,
03:21 qu'un jour, en France, on inscrirait la liberté pour les femmes d'avorter dans la Constitution ?
03:27 Vous pouviez l'imaginer ?
03:29 Non.
03:30 Non ?
03:31 Ça, c'est une des plus belles choses qui puisse arriver à la France.
03:36 Je suis passée par les faiseuses d'anges.
03:43 Ça veut dire un avortement clandestin ?
03:45 Oui.
03:46 Vous aviez quel âge ?
03:47 J'avais 18 ans.
03:50 Et donc, j'étais enceinte et...
03:54 On est allés voir cette faiseuse d'anges.
03:56 C'est un couloir tout noir.
03:58 Une femme que je n'ai pas vue.
04:00 Tout est noir, tout est noir, tout est noir.
04:03 Et puis, elle est arrivée avec deux aiguilles.
04:07 On m'a mis des aiguilles et ça a saigné.
04:10 Donc, à partir du moment où ça saignait, je n'étais plus enceinte.
04:16 Seulement, j'ai fait une septicémie.
04:19 J'ai commencé une septicémie.
04:21 Donc, là, on a vu venir notre docteur de famille qui a fini l'avortement, si vous voulez.
04:29 Mais...
04:32 Sur la table de la salle à manger, mon docteur de famille...
04:41 On peut...
04:43 Enfin, il vaut mieux pas...
04:45 C'est horrible.
04:46 C'est horrible.
04:47 C'est horrible.
04:48 Et c'est toujours un souvenir horrible.
04:49 Oui.
04:50 Aujourd'hui, à 25 ans, c'est toujours un souvenir horrible.
04:52 Ça, c'est merveilleux maintenant.
04:54 Et à l'époque, vous aviez milité dans les années 70 pour la légalisation de l'IVG.
05:00 Oui.
05:01 Oui.
05:02 Bien sûr.
05:04 C'était...
05:06 Mais...
05:08 Ça tardait.
05:10 Mme Veil était magnifique.
05:15 J'adorais cette femme.
05:18 Oui.
05:19 Ah oui, je l'adorais.
05:20 Vous l'avez connue ?
05:21 Oui, je l'ai connue.
05:23 Elle fumait beaucoup.
05:25 Simone Veil ?
05:27 Elle fumait énormément.
05:29 Je disais, ne fumez pas, Simone, ça va vous faire du mal.
05:33 On va parler, évidemment, du sida, qui est ce combat qui vous a tenu toute votre vie
05:40 et qui vous tiendra jusqu'à votre dernier souffle, Linne Renaud.
05:44 Mais juste avant le sida, la France a connu aussi un virage très important,
05:52 un tournant très important, historique.
05:55 C'est que l'homosexualité a été un crime jusqu'en 1982.
05:59 Oui, je sais.
06:01 Et dans certains pays, ça l'est encore.
06:04 Oui.
06:05 Bon, mais moi, pour moi, ce sont des gens comme les autres.
06:15 Ils sont comme lui, comme moi.
06:20 Je suis intime, très intime avec les homosexuels.
06:24 J'adore leur humour.
06:26 Ils me font rire.
06:28 Ils sont drôles.
06:31 Ils sont bons.
06:33 Et moi, j'aime la compagnie.
06:40 Et j'aime la compagnie qui me fait rire.
06:44 Je suis entourée d'homosexuels.
06:47 Et vous l'avez été toute votre vie ?
06:49 Oui.
06:50 Dans votre dernière lettre, vous faites le portrait,
06:53 qui est une sorte de portrait hommage, très émouvant, de Fernando.
06:57 Ah oui.
06:58 Ah, mais lui, c'était grave.
07:00 Pourquoi c'était grave ?
07:02 Non, parce que Fernando, j'en étais amoureuse.
07:07 J'en étais amoureuse, je dansais avec lui tous les soirs.
07:11 Cette danse sexy, qui était la danse au Casino de Paris,
07:18 où à la fin, on était enlacés et on tournait enlacés jusqu'au bord de la scène.
07:28 Mais là, j'aurais certainement fauté s'il avait pu, mais il ne pouvait pas.
07:37 Bon, Fernando est mort du sida.
07:40 Je l'ai appris parce qu'il est retourné en Argentine.
07:44 Et j'ai appris par courrier de quelqu'un de sa famille que Fernando était décédé du sida.
07:51 Vous savez qu'aujourd'hui, il y a une proposition de loi,
07:55 on ne sait pas si elle va être votée ou pas,
07:57 qui vise à reconnaître la responsabilité de l'État
08:00 dans les souffrances qui ont été infligées aux homosexuels,
08:03 et même, peut-être, à leur accorder une réparation financière
08:08 pour toutes ces années avant la dépénalisation.
08:11 Vous en pensez quoi ?
08:13 Vous pensez que la société doit réparer les injustices du passé ?
08:17 Je viens de vous entendre, j'entends ça pour la première fois.
08:22 C'est très bien, c'est parfait ça.
08:26 Qu'on la vote ?
08:27 Oui.
08:29 Alors la dépénalisation de l'homosexualité,
08:32 ça a été une immense fête dans la communauté gay en France,
08:36 parce que c'était la première fois qu'on pouvait s'aimer au grand jour.
08:39 Et c'est pile à ce moment-là,
08:41 pile à ce moment-là que démarre l'épidémie du sida.
08:45 Oui.
08:46 En 1983, c'est le moment où les médecins peuvent identifier le virus.
08:51 Moi je l'ai appris en 1985.
08:53 Je l'ai appris en 1985,
08:56 et donc tout de suite,
08:58 tout de suite j'ai fait l'association des artistes contre le sida,
09:02 en 1985.
09:04 Et après, beaucoup plus tard,
09:08 dix ans plus tard, Pierre Berger est venu se joindre à moi,
09:12 et nous avons fait "Ensemble contre le sida"
09:17 qui s'est transformé en "Sidaction".
09:20 Alors les premiers malades du sida, Linne Renaud,
09:24 c'était plus des criminels,
09:26 il y avait eu la dépénalisation,
09:28 mais la France elle en voulait pas de ces malades-là.
09:31 Ah oui bien sûr !
09:33 Au début c'était très...
09:35 Moi je me suis mise à défendre ces malades,
09:39 mais j'ai reçu des lettres d'insultes en pagaille.
09:43 Et Elisabeth Taylor m'avait prévenue,
09:46 elle m'avait dit...
09:47 Elisabeth Taylor ?
09:48 Elisabeth Taylor.
09:49 D'Hollywood ?
09:50 Oui, elle m'a dit,
09:52 "Tu vas voir, tu vas perdre ta popularité.
09:55 Il faut que tu saches que tu vas perdre ta popularité."
09:59 Et c'est ce qui s'est passé.
10:01 Je recevais des lettres d'insultes.
10:04 Elisabeth Taylor, elle s'est engagée très tôt,
10:07 elle aussi, dans la lutte.
10:09 Oui, donc elle savait,
10:11 c'est arrivé en Amérique,
10:13 elle recevait.
10:14 Elle m'a dit, "Je te préviens,
10:16 tu vas recevoir des centaines de lettres d'insultes,
10:19 jusqu'à ce qu'ils comprendront.
10:21 Plus tu auras de lettres d'insultes,
10:24 plus il faut leur expliquer ce qu'est le sida.
10:29 Et puis tu verras,
10:31 ça sera admis, ça va être admis,
10:34 les gens vont comprendre.
10:36 Et ça sera comme une maladie, comme les autres."
10:40 Elisabeth Taylor, elle a traversé l'Atlantique
10:42 pour venir vous aider ?
10:44 Oui, elle est venue.
10:45 Elle est venue à Paris ?
10:46 Elle est venue à Paris.
10:48 Le jour où j'ai fait mon premier gala pour ça,
10:52 justement, au Paradis latin.
10:55 Le Paradis latin nous avait été offert
10:58 800 dîners nous avaient été offerts
11:03 par M. et Mme Grégel.
11:06 Et j'avais demandé à Elisabeth
11:09 si elle pouvait venir.
11:12 Et si elle pouvait, elle me répond qu'elle peut venir.
11:15 Mais tout est en cause.
11:18 Un grand point d'interrogation,
11:20 car Elisabeth a très mal au dos.
11:22 Ah oui ?
11:23 Avait très mal au dos.
11:25 Et donc jusqu'à la dernière minute,
11:27 d'abord Air France nous a prévenu
11:29 qu'elle était dans l'avion.
11:31 Donc on savait qu'elle était sur la route.
11:34 Quand elle était à l'hôtel à Paris,
11:37 jusqu'à ce qu'elle soit dans la salle,
11:40 elle pouvait ne pas être là
11:43 à cause des crises de dos.
11:45 Elle avait des crises de dos énormes.
11:47 Alors donc, elle était là.
11:50 Dans votre dernière lettre,
11:52 Lynn Renaud, vous écrivez
11:54 "À titre personnel,
11:56 j'estime que la lutte contre le sida
11:58 m'a fait grandir.
12:00 Elle m'a éloignée de mon petit nombril
12:03 pour m'ouvrir à l'autre
12:05 et à des souffrances dont je ne connaissais rien."
12:08 C'est vrai.
12:10 Je ne connaissais rien de la souffrance
12:12 comparé à ce que j'ai appris
12:14 de la souffrance
12:16 depuis le sida.
12:18 J'ai vu des gens...
12:20 Parce qu'au début,
12:22 quand je me suis occupée du sida,
12:24 Willie Rosenbaum me disait
12:26 "Il n'y a rien qu'on peut leur vendre
12:29 que de l'espoir."
12:31 - Willie Rosenbaum, c'est un grand médecin.
12:33 - Mais il n'y a rien.
12:35 Donc, j'ai vu des malades du sida
12:38 tellement souffrir
12:40 que je ne vois pas de souffrance supérieure.
12:44 C'est terrible.
12:47 Mais maintenant, c'est beaucoup mieux.
12:50 On a trouvé...
12:52 La science a fait de tels progrès.
12:55 S'ils se soignent,
12:57 s'ils suivent les traitements,
13:00 on peut s'en sortir.
13:03 Mais on peut toujours mourir du sida.
13:06 - Est-ce que ce sont ces années
13:08 auprès des malades du sida
13:10 qui vous ont marqué à vie
13:12 et qui vous ont donné la conviction
13:15 qu'on doit aider quelqu'un
13:17 à mourir dignement
13:19 et à traverser ses souffrances
13:22 et à faire le choix de la mort ?
13:24 Est-ce que ce sont ces années-là
13:26 qui vous ont forgé cette conviction-là ?
13:29 - Il faut croire que oui.
13:32 Parce que je cherche toujours...
13:35 Là, je fais une demande
13:38 à ce que les gens puissent mourir dans la dignité.
13:44 Et mourir dans la dignité
13:48 c'est quand on ne les laisse pas trop souffrir,
13:52 quand on sait que c'est sans espoir,
13:56 quand on sait que cette courte durée,
13:59 3 mois, 4 mois,
14:01 quand on sait les souffrances que ça représente.
14:05 J'ai vu ma mère souffrir.
14:08 Ma mère a souffert.
14:11 Je disais au docteur,
14:14 "Fais quelque chose."
14:16 Mais personne ne pouvait rien faire.
14:19 Mais quand on voit ces gens comme ça souffrir,
14:22 on a envie de faire quelque chose.
14:25 On a envie de raccourcir leurs souffrances.
14:30 Mais maintenant, ça serait pris comme un crime.
14:36 Il faut qu'on donne l'autorisation.
14:39 - Alors ça y est, on y est,
14:42 parce que ça aura été votre ultime combat.
14:45 Le président de la République a enfin dévoilé ses intentions.
14:50 La semaine dernière, Emmanuel Macron a choisi un terme pour parler de ça.
14:55 Il a parlé d'aide active à mourir.
14:58 Est-ce que ça vous va, ces mots-là ?
15:01 - Ça veut dire ça.
15:04 Ça veut dire qu'il accepte.
15:08 Aide active pour faire mourir les gens qui ont ces souffrances.
15:14 C'est d'aide active.
15:16 - C'est mieux que suicide assisté ?
15:19 - Aide active, c'est mieux que suicide assisté.
15:23 Même si ça veut dire la même chose.
15:26 - La loi n'est pas encore votée.
15:30 Elle peut être modifiée.
15:33 - On en a parlé. La loi ne veut pas être votée.
15:37 - Est-ce que vous avez été baptisée ?
15:41 - Oui.
15:44 Contre l'avis de mon père.
15:47 - C'est votre mère qui vous a fait baptiser ?
15:50 - Oui. Mon père était athée.
15:53 - Et vous êtes catholique ?
15:55 - Je suis catholique.
15:57 - Comment ça va, les relations entre l'Inreno et l'Église ?
16:01 Je me suis posé la question.
16:03 L'Église et l'avortement, ce n'était pas une question évidente quand vous étiez jeune.
16:08 L'Église et le sida, ça a été un énorme combat.
16:12 En France et en Afrique.
16:15 L'Église et la fin de vie, là aussi c'est un frein très puissant.
16:20 Quel rapport vous avez avec ce catholicisme de l'enfance ?
16:25 - Écoutez, je suis catholique.
16:30 Et pourtant, j'admets tout ce que vous venez de dire.
16:35 - Vous êtes resté catholique ?
16:38 Vous vous sentez encore catholique ?
16:40 - Oui, je suis catholique.
16:42 - Vous en avez voulu au pape, quand le pape interdisait les capotes,
16:47 en pleine épidémie du sida ?
16:49 Vous lui en avez voulu ?
16:51 - Oui. Faire ça en pleine épidémie...
16:56 D'abord, je suis étonnée de la part du pape.
17:01 - Ça ne vous a pas éloigné de l'Église ?
17:04 - Non. Mais je ne vais pas à l'Église.
17:07 - Ah, vous n'y allez pas ?
17:09 - Non. Je ne vais pas.
17:11 Je fais ma prière, je peux vous dire où je la fais,
17:14 le soir en me couchant.
17:16 - Donc vous croyez en Dieu ?
17:18 - Oui. Je lui parle. Alors lui, je lui parle.
17:22 - Et vous lui dites quoi à Dieu ?
17:24 - Je lui dis ce que j'ai à lui dire, ce que j'ai à lui demander,
17:27 ce que j'ai à souhaiter pour des...
17:29 Par exemple, si j'ai une amie qui souffre actuellement terriblement,
17:34 je prie pour elle.
17:36 - Et ça vous a accompagné toute votre vie ?
17:38 - Oui. J'ai toujours prié, sans aller à l'Église.
17:43 Mon père m'aurait fichu en dehors de l'Église.
17:47 - Qu'est-ce qu'il avait contre l'Église, votre père ?
17:50 - Il était athée.
17:52 - C'est tout ?
17:53 - C'est à lui qu'il faut lui demander.
17:56 - Et alors, la fin de vie, comme on dit aujourd'hui en politique,
18:01 Lynne Renaud, vous vous dites pour moi, c'est une réalité.
18:05 Maintenant, elle est là, elle est toute proche, je la regarde.
18:08 Elle va s'approcher un jour ou l'autre, elle va frapper à la porte.
18:11 - Elle est plus proche de moi que loin.
18:15 - Oui. Mais ça signifie que, indépendamment du fait que
18:21 la loi soit votée ou qu'elle ne soit pas votée,
18:24 c'est vous qui déciderez.
18:27 - Oui, bien sûr.
18:28 - Mais ce n'est pas moi qui déciderai.
18:31 C'est la vie.
18:33 Écoutez, la vie est faite de quoi ?
18:36 La mort est inclue dans la vie.
18:39 Dans la vie, il y a la mort.
18:46 Et plus on approche d'un âge âgé, 95 ans,
18:52 plus on s'approche de la mort.
18:54 - Et vous avez réfléchi à la façon de mourir,
18:57 c'est-à-dire que vous ne voulez pas souffrir,
18:59 comme vous avez vu souffrir votre mère.
19:01 Vous avez pris des dispositions pour ça ?
19:03 - Oui. Je ne souffrirai pas comme ma mère.
19:07 Je ne ferai plus jamais ça à la maison. Non.
19:10 - Parce que vous voulez que ce soit chez vous.
19:13 - Chez moi, dans mon lit, avec mes chiens.
19:17 - Avec les chiens ?
19:19 - Oui, avec mon pirate à côté de moi.
19:24 Voilà.
19:26 Très bien.
19:27 Ah, j'ai oublié de vous dire quelque chose.
19:29 J'aimerais que ce soit dans mon sommeil.
19:32 - Ah. Et donc quand Emmanuel Macron dit
19:35 que si un malade qui est proche de la mort
19:40 le décide, que si un médecin l'accepte
19:43 et qu'il n'est pas en mesure de faire le geste létal,
19:46 alors il doit pouvoir demander à quelqu'un de l'aider.
19:49 Vous pensez la même chose ?
19:51 Qu'il faut pouvoir demander à quelqu'un d'être aidé ?
19:53 - Oui.
19:55 Moi, je demanderais à quelqu'un de m'aider.
19:59 - À qui ?
20:00 - Je ne vous le dirai pas.
20:02 - Non. Merci, Lynne Renaud.
20:04 - Il n'y a pas de quoi.

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