Karen Pedley, une pyromane en série _ Autopsie d'un meurtre _ Episode entier

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Karen Pedley, une pyromane en série _ Autopsie d'un meurtre _ Episode entier
Transcript
00:00 Lorsqu'un incendie se déclare dans une maison de retraite des Cornouailles, Karen Peadley se trouve sur les lieux.
00:07 Ils avaient l'air de bien s'amuser. Karen était passée les coucher, elle riait et dansait avec elle dans la chambre.
00:13 Les rideaux ont pris feu, puis la pièce a été entièrement dévorée par les flammes.
00:19 Les deux pensionnaires ont dû être hospitalisés.
00:24 Il n'y a rien de plus atroce que mourir brûlé.
00:27 À la limite, il vaut mieux partir le plus vite possible, asphyxié par la fumée.
00:31 L'une des deux retraités ne survivra pas. Mais comment le feu a-t-il démarré ?
00:36 Et ce n'est pas la première fois qu'un tel incident se produit sur le lieu de travail de Karen Peadley.
00:40 Elle laissait des incendies dans son sillage.
00:43 Il y avait certainement d'autres faits dans son passé dont la police n'était pas encore au courant.
00:48 Les enquêteurs mettront des années avant de faire le lien entre les différents sinistres.
00:52 Ils apprendront que l'aide-soignante a connu son heure de gloire dans son enfance, pour avoir justement sauvé sa famille des flammes.
00:59 C'est en donnant l'alerte que Karen a gagné la reconnaissance des autres, qu'on a fait attention à elle dans son entourage,
01:05 et qu'on l'a considérée comme une personne à part entière.
01:09 Cet événement, survenu trois décennies plus tôt, avait fait d'elle une héroïne.
01:13 Mais l'a-t-il aussi transformée en tueuse ?
01:16 [Générique]
01:30 Comment cette femme est-elle devenue une meurtrière ?
01:34 Nous allons tenter d'appréhender le contexte du crime, et les comportements suspects qui auraient pu alerter son entourage.
01:42 Des spécialistes vont nous aider à retracer la chronologie du crime, et à réaliser l'autopsie d'un meurtre.
01:49 À seulement 10 ans, Karen Peadley est devenue une célébrité locale, après avoir sauvé sa famille d'un incendie.
02:00 Un jour, Karen a remarqué un début d'incendie chez elle, dans la buanderie.
02:09 Elle a alerté ses parents.
02:12 Et toute la famille a pu être évacuée de la maison.
02:15 Elle est devenue une véritable héroïne dans la presse locale.
02:20 C'était grâce à son intervention que sa famille avait échappé aux flammes.
02:24 Elle a été récompensée, et a gagné un voyage à bord du Concorde.
02:28 On en a parlé dans le journal.
02:30 Cette histoire a fait la une pendant un certain temps.
02:33 La fillette a sauvé la vie de ses six frères et soeurs.
02:40 L'une de ses soeurs se souvient de ce moment où elle a frôlé la mort.
02:44 Tout était en feu. J'ai dû sauter par-dessus les flammes pour sortir. J'étais la dernière dehors.
02:50 La maison a entièrement brûlée. Ce jour-là, on a tout perdu dans l'incendie. On n'avait plus rien.
02:55 C'est une expérience traumatisante pour un enfant.
02:58 Mais il est possible qu'à l'époque, personne n'en a vraiment pris conscience.
03:04 Pour tenter de comprendre, la criminologue Jane Monk-Townsmith et la psychologue Donna Youngs se sont penchées sur le passé de Karen Peadley.
03:11 Dans une fratrie de six, il faut se battre pour attirer l'attention.
03:15 Et je pense que dans cette famille, elle avait l'impression de ne pas compter, et elle ne trouvait pas sa place.
03:21 Dans ce contexte familial, la vie quotidienne devait être très chaotique.
03:28 Donc, à moins d'avoir des parents très attentifs et très présents, les enfants se sentent facilement perdus dans ce genre d'environnement.
03:35 Quand elle a sauvé sa famille, Karen Peadley s'est retrouvée au centre de l'attention.
03:42 On s'est beaucoup intéressé à elle, et ce n'est pas anodin pour un enfant.
03:47 C'est un événement très marquant.
03:49 D'autant plus pour une personne comme elle, qui était fragile psychologiquement depuis toujours.
03:56 L'impact et les conséquences sur son développement ont été énormes.
04:02 Le fait que Karen aurait souffert d'un manque d'attention durant son enfance ne fait pas l'unanimité au sein de sa famille.
04:13 Mais ses proches sont tous d'accord pour dire qu'elle a été considérée comme une héroïne.
04:17 Elle a vécu des moments extraordinaires, alors qu'elle menait une vie très ordinaire.
04:22 Mais la magie ne pouvait pas durer.
04:25 Le problème avec ces faits divers, c'est que la tension ne dure pas.
04:28 On en parle pendant quelques semaines, et puis au bout d'un moment, c'est terminé.
04:33 Si bien que pour la petite Karen Peadley, le retour à la réalité a dû être brutal.
04:38 Et elle a retrouvé sa vie d'avant, où, selon toute vraisemblance, elle se sentait invisible.
04:45 Cet épisode aura des conséquences à long terme sur Karen Peadley.
04:51 Donna Youngs pense que le feu va alors prendre une signification très particulière pour elle.
04:55 Je pense que Karen Peadley vivait au sein d'une famille où il y avait un véritable manque de communication,
05:04 et où elle ressentait un grand manque d'affection.
05:07 À tel point que le feu est devenu un moyen de communiquer avec le monde extérieur.
05:11 C'était sa façon à elle d'attirer l'attention, de se faire remarquer.
05:15 C'était aussi un moyen de prendre sa revanche,
05:19 et d'affirmer son identité.
05:21 Après l'incendie qui a détruit leur maison, la famille quitte le Bedfordshire pour s'installer dans les Cornwye.
05:28 Puis la jeune femme se marie. Elle s'appelle désormais Karen Peadley.
05:32 Elle a eu des enfants, et elle a fait tout un tas de petits boulots dans la région des Cornwye.
05:40 Junior, son neveu, se souvient d'elle comme d'une tante drôle et joyeuse.
05:49 Elle s'occupait beaucoup de nous. Elle nous emmenait sur sa mobilette.
05:53 Elle faisait un peu la folle en conduisant, mais elle ne faisait pas n'importe quoi non plus.
05:58 Si elle sentait que c'était dangereux, elle arrêtait tout de suite.
06:03 De tous mes oncles et tantes, c'était elle ma préférée. Elle était toujours là pour nous. Elle était très présente.
06:09 Karen Peadley apparaît comme une femme enjouée, mais la réalité est plus sombre.
06:18 Karen Peadley n'avait pas la vie facile. Clairement, pour elle, beaucoup de choses étaient très compliquées.
06:23 Elle enchaînait les petits boulots, elle n'avait pas d'emploi stable.
06:27 Quand elle avait du travail, elle ne le gardait pas longtemps. Elle se faisait souvent licencier.
06:34 En 2002, elle est embauchée comme femme de ménage dans une maison de repos à Seyne-Day.
06:42 Peu de temps après, un feu éclate dans l'établissement. Il n'y a pas de blessé, mais personne ne comprend comment il a pu se déclencher.
06:48 Et l'enquête ne donne aucune explication.
06:51 En 2003, Karen Peadley et sa famille s'installent dans le village de Carrarack.
06:56 Et curieusement, là aussi, des incendies sont à déplorer.
07:00 Elle a travaillé dans une boutique, dans une maison de retraite et un country club.
07:06 Et un feu s'est déclenché dans ces trois endroits.
07:10 A croire que partout où elle passait, il y avait un incendie peu de temps après.
07:16 Il semblerait qu'à chaque fois qu'elle quittait un poste en étant en mauvais terme avec ses employeurs,
07:23 il y avait un incendie quelque temps plus tard.
07:26 Et très souvent, c'est elle qui était la première sur place et alertait les pompiers.
07:33 L'aide-soyante se fait licencier d'une autre maison de retraite après avoir été surprise en train de dormir pendant son service.
07:39 Quelques jours plus tard, l'établissement est ravagé par les flammes.
07:42 Il y a un schéma qui se répète dans la vie de Karen Peadley.
07:46 Et les incendies en font partie.
07:48 C'en est même un élément très important.
07:51 Quand elle perdait son travail, il y avait souvent ensuite un incendie chez son ancienne employeure.
07:57 Et bizarrement, c'était toujours quand elle était en mauvais terme avec lui.
08:03 Bien sûr, c'est beaucoup plus évident aujourd'hui à postériori.
08:07 Mais ces incendies ont peu à peu commencé à devenir systématiques.
08:11 Malheureusement, à l'époque, ça n'a visiblement interpellé personne et elle a réussi à passer entre les mailles du filet.
08:18 Pour Karen Peadley, ces incendies semblent être un moyen de reprendre en main une vie qui lui échappe.
08:26 En fait, pour une personne comme elle, qui se sent totalement impuissante,
08:30 il n'est pas étonnant de se sentir instinctivement attirée par le feu.
08:34 C'est un élément très puissant, animé d'une vie qui lui est propre.
08:38 Et elle veut être à l'origine de cet événement terrifiant.
08:41 Pour Jen Mankton-Smith, criminologue, Karen Peadley était à la recherche d'émotions fortes.
08:48 Pour elle, c'était une obsession et un besoin compulsif.
08:52 C'était plus fort qu'elle.
08:55 Elle ne pensait qu'à ça en permanence.
08:57 Très souvent, les gens comme elle veulent être sur place quand le feu se déclenche.
09:03 C'est leur moment de gloire.
09:06 Pour eux, c'est un véritable événement.
09:09 Ils en sont les créateurs.
09:12 C'est leur œuvre.
09:14 Jusque-là, les incendies qu'elle a déclenchés n'ont fait aucun blessé et personne ne la soupçonne.
09:24 Elle continue donc de travailler dans des établissements où elle est en contact avec des personnes vulnérables.
09:29 En 2008, elle a été licenciée d'une maison de retraite dans les Cornwall.
09:37 Là-bas, bien sûr, elle travaillait auprès de personnes âgées et fragiles.
09:42 Les gens la décrivaient comme une personne simple, qui faisait correctement son travail, sans se plaindre.
09:51 Jenny Spargo était la responsable de Karen Pidley à Rosewin House, une maison de retraite à Trouro.
09:56 On était comme une grande famille.
09:58 À l'époque, je considérais tous les pensionnaires comme des proches.
10:01 On avait aussi des appartements pour les plus valides.
10:04 Mais ils venaient déjeuner et prendre le thé avec nous ou encore participer aux activités.
10:08 Ensuite, s'ils ne pouvaient plus vivre tous seuls, ils prenaient une chambre à la maison de retraite.
10:13 Donc oui, on formait vraiment une grande et belle famille.
10:19 Rosewin House est un établissement sûr, à tel point que Jenny Spargo y place sa propre mère.
10:24 Ma mère y a vécu pendant 4 ans et demi.
10:26 Moi aussi, d'ailleurs.
10:28 Donc j'y étais 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.
10:33 Je vivais avec eux, donc on était tous très proches.
10:36 Je vivais sur place.
10:38 Pour moi, ce n'était même plus un travail.
10:40 C'était ma vie de tous les jours.
10:42 Pour elle, travailler à Rosewin House est un plaisir.
10:45 Mais elle a beaucoup de difficultés à recruter du personnel.
10:49 J'avais du mal à trouver des gens, parce que c'est très difficile de s'occuper d'une vingtaine de vieilles dames tous les jours.
10:55 Ce n'est pas toujours une partie de plaisir.
10:59 En 2008, Karen Peadley propose ses services à Rosewin House.
11:08 Elle a de bonnes références et semble avoir toutes les qualités requises pour intégrer l'équipe.
11:15 Au départ, elle avait postulé pour être cuisinière ou femme de ménage, accomplir des travaux domestiques.
11:21 Elle cuisinait et nettoyait, mais elle faisait aussi office d'aide-soignante.
11:25 À l'époque, ça se passait bien, elle s'entendait avec tout le monde.
11:31 Ses collègues et les résidents l'appréciaient.
11:34 Je n'avais aucune raison de m'inquiéter à son sujet.
11:42 Elle ne faisait l'objet d'aucune interdiction de travailler avec des personnes âgées.
11:45 Elle n'avait jamais été condamnée, donc elle avait tout à fait le droit de travailler auprès de ce genre de public.
11:52 En apparence, Karen est une employée fiable, mais personne ne connaît encore ses antécédents suspects.
11:58 La petite fille est devenue une femme qui joue avec le feu.
12:01 Elle représente une menace pour les autres et ne se préoccupe pas des conséquences de ses actes.
12:06 Le jour de l'incendie, je suis allé à l'école comme d'habitude.
12:11 À la fin de la journée, la cloche a sonné.
12:14 On a attendu que notre mère vienne nous chercher comme tous les soirs.
12:19 Elle n'arrivait pas, donc on a été à la vie scolaire.
12:22 Et quand elle est arrivée, une heure après, elle nous a dit qu'il y avait le feu à la maison.
12:28 Malgré son instabilité professionnelle, Karen Pedly travaille en 2018.
12:39 à Roswin House, une maison de retraite située à Trouro.
12:42 Elle se retrouve rapidement en charge du bien-être et des soins des résidents.
12:47 Les tâches d'une aide-soignante sont très diversifiées.
12:51 Et c'est un travail difficile.
12:53 Parfois, ça peut même être très physique.
12:56 Il faut par exemple gérer les problèmes d'incontinence des résidents.
13:00 Il faut les laver, les changer de position pour s'assurer qu'ils n'aient pas d'escar.
13:07 Les aider à manger.
13:09 Personne ne s'est jamais plaint d'elle.
13:13 Mais c'est vrai que je ne la voyais pas quotidiennement.
13:17 Elle ne faisait pas toujours des journées complètes.
13:20 Ça dépendait des semaines.
13:22 Tout le monde est satisfait du travail de l'aide-soignante.
13:25 Mais elle a émis certaines craintes.
13:27 Elle est persuadée qu'un incendie risque d'éclater à tout moment dans la maison de retraite.
13:34 Quand elle travaillait là-bas, elle a dit à sa sœur que l'état des installations électriques dans les chambres de certains pensionnaires l'inquiétait.
13:40 Visiblement, elle avait peur qu'il y ait le feu.
13:43 Elle n'arrêtait pas de dire que l'électricité était dans un état lamentable.
13:48 Les prises étaient mal fixées.
13:50 On voyait les fils électriques qui dépassaient.
13:53 Les prises pendaient du mur.
13:55 Et il y avait du plomb.
13:57 Dans une des chambres, il y avait même un poêle électrique.
14:03 C'est vrai, les fils pendaient.
14:04 Elle disait que vu l'endroit où il était, c'était dangereux.
14:07 Il fallait refaire toute l'électricité.
14:10 Karen Pedley se sent-elle réellement concernée par la sécurité des pensionnaires ou n'est-ce qu'un prétexte pour revenir à ses vieilles habitudes ?
14:17 Greg, l'un des propriétaires de l'établissement, était chargé de la sécurité incendie.
14:22 C'est lui qui gérait ce genre de choses.
14:25 Elle n'arrêtait pas de lui réclamer des exercices incendie.
14:28 Elle lui posait tout le temps des questions en rapport avec ça.
14:33 Elle voulait toujours savoir où étaient ceci ou cela, quelles étaient les normes de sécurité.
14:37 Bizarrement, elle s'intéressait énormément aux risques d'incendie.
14:41 Nous, on pensait que c'était simplement de la curiosité.
14:46 Elle lui a même raconté comment elle avait sauvé une personne à Falmouth.
14:51 Elle travaillait là-bas et elle avait sorti quelqu'un de l'hôtel Seafarer qui était en feu.
15:01 En réalité, lorsque Karen Peadley a travaillé dans cet établissement,
15:04 pas moins de trois incendies ont éclaté dans les chambres de personnes âgées.
15:07 Et comme par hasard, elle était là pour leur venir en aide.
15:12 On apprendra plus tard que c'est elle qui avait mis le feu pour pouvoir passer pour une héroïne.
15:20 Quand elle traverse une période où elle est fragile psychologiquement,
15:26 où elle a une piètre estime d'elle-même,
15:29 elle va avoir tendance à se réfugier dans ce qu'elle connaît.
15:32 Et pour Karen Peadley, ce refuge, c'est déclencher un incendie,
15:36 parce qu'elle pense que c'est ce qui lui permettra de gagner la reconnaissance des autres.
15:40 C'est le seul moyen qu'elle connaît pour avoir l'impression de compter pour les autres.
15:45 En 2008, l'apyromane va encore plus loin.
15:50 Par une froide nuit de novembre, tout semble paisible dans les couloirs de Rosewin House.
15:57 D'après mes souvenirs, ça avait été une journée comme les autres.
16:00 Ce soir-là, je me suis absentée. Ensuite, je suis rentrée retrouver ma mère.
16:06 Je passais tous les soirs m'assurer qu'elle était couchée et qu'elle allait bien.
16:10 Le 23 novembre, Mme Spargo est rentrée chez elle dans la soirée.
16:16 En passant dans le couloir, elle a vu Karen dans la chambre de deux résidentes.
16:21 Et apparemment, elle était en train de danser et de s'amuser.
16:25 Il s'agit de la chambre numéro 5, occupée par Gladys Rowe, 96 ans, et Olive Ray.
16:30 Karen Peadley et l'une de ses collègues, Catherine, sont avec les deux vieilles dames.
16:34 Karen et Catherine étaient en train de coucher Olive et Gladys.
16:40 Elles avaient mis de la musique dans la chambre.
16:45 Elles chantaient et dansaient toutes ensemble.
16:48 Jenny rentre ensuite chez elle, à quelques centaines de mètres de là.
16:54 Je suis rentrée chez moi et je me suis mise en chemise de nuit.
16:57 Mais environ 25 minutes plus tard, on m'a appelée pour me dire de revenir,
17:01 parce qu'il y avait le feu dans une chambre.
17:04 Quand Jennifer Spargo est arrivée sur place, c'était le chaos.
17:10 Les pensionnaires avaient tous été évacués.
17:13 Elle s'est tout de suite dirigée vers la chambre 5,
17:17 mais il y avait tellement de fumée qu'elle n'a pas pu entrer.
17:22 J'ai essayé d'ouvrir la porte, mais impossible,
17:24 la chambre était complètement noire de fumée.
17:27 Franchement, j'ai 48 ans de métier, et ça a été le pire moment de ma carrière.
17:33 C'était vraiment horrible, une véritable nuit de cauchemar.
17:37 J'ai à peine entrebâillé la porte. C'était totalement noir à l'intérieur.
17:44 On ne voyait absolument rien.
17:51 Le feu est parti de la chambre numéro 5, où dormaient Gladys Rowe et Olivier.
17:55 Or, l'aide-soignante s'y trouvait quelques minutes plus tôt.
17:58 Le soir où l'incendie s'est déclaré à Rose Wynhouse,
18:05 tout le monde a été surpris par le comportement de Karen Peadley.
18:08 Elle était très joyeuse et même surexcitée.
18:11 Elle sautillait et dansait avec les résidentes,
18:14 alors qu'elle ne se conduisait pas comme ça d'habitude.
18:17 A l'évidence, elle attendait quelque chose.
18:20 Elle était impatiente, et c'est ce qui la mettait d'aussi bonne humeur.
18:24 En fait, elle a hâte de voir l'établissement être la proie des flammes.
18:29 Ce soir-là, Karen Peadley a mis le feu dans une chambre de la maison de retraite.
18:35 Elle savait que les pensionnaires ne pouvaient pas s'en sortir,
18:39 même s'ils avaient été assez valides pour marcher.
18:43 Ils n'avaient aucune chance, parce qu'à cette heure-ci, ils dormaient.
18:48 Le temps qu'ils se réveillent, le feu aurait déjà envahi toute la pièce.
18:52 Non seulement ça, mais en plus,
18:55 elle a choisi délibérément de mettre le feu dans la chambre de deux pensionnaires très âgés et très affaiblis.
19:01 Ces deux vieilles dames étaient incapables de se lever toutes seules et de s'enfuir.
19:06 Pour moi, les pyromanes sont des gens qui manquent profondément de compassion,
19:11 mais elle, c'est encore pire.
19:17 L'incendie était très violent. Ils ont appelé les pompiers.
19:20 Et il ne leur a pas fallu bien longtemps pour déterminer d'où ils étaient partis.
19:26 Ils ont confirmé que le départ du feu était situé dans la chambre 5.
19:31 Janice Parco ne comprend pas comment la pièce a pu s'enflammer.
19:36 Toutes les chambres sont équipées de portes-coupes-feu automatiques,
19:40 mais bizarrement, celles de la chambre 5 n'ont pas fonctionné.
19:45 Ce n'était pas normal. Nous étions toujours très vigilants sur les normes de sécurité anti-incendie.
19:51 C'est pour ça qu'on a trouvé ce dysfonctionnement très suspect.
19:56 L'incendie pourrait-il avoir été provoqué par une cigarette mal éteinte ?
20:00 Certains résidents fumaient, mais jamais dans leur chambre.
20:05 Ils allaient dans le coin fumeur.
20:08 C'était même de gros fumeurs, mais ils n'étaient que deux.
20:14 Tandis que la directrice de Roswin House tente de comprendre ce qui a pu se passer,
20:18 elle reçoit une très mauvaise nouvelle de l'hôpital.
20:21 Cinq jours après l'incendie, l'une des occupantes de la chambre 5, Gladys Rowe, 96 ans, vient de décéder.
20:27 Gladys est restée avec nous pendant neuf ans.
20:30 Elle avait une sacrée personnalité, tout le monde la connaissait à Troureau.
20:34 Quand mes petits-enfants venaient me rendre visite, ils avaient l'habitude de passer la voir.
20:39 Elle leur racontait sa jeunesse et des anecdotes de l'époque.
20:43 Ça les intéressait beaucoup, ils adoraient ça.
20:46 La pensionnaire était vivante à l'arrivée des secours, mais les dommages causés à ses poumons étaient irréversibles.
20:53 La petite ville est sous le choc.
20:55 Comme si ça ne suffisait pas, Olive Ray, la voisine de chambre de Gladys, décède aussi quelques temps plus tard.
21:00 De leur côté, les enquêteurs travaillent d'arrache-pied, mais les causes de l'incendie restent mystérieuses.
21:07 Quand il a été établi qu'il s'agissait a priori d'un incendie criminel, Karen Peadley a cherché à détourner les soupçons.
21:13 Et elle ne s'est pas contentée d'essayer de se disculper.
21:16 Elle a carrément accusé quelqu'un d'autre.
21:19 On n'avait pas le droit d'aller dans la chambre, là-haut à l'étage.
21:23 Les experts incendie sont venus avec des chiens, dressés pour détecter les produits inflammables.
21:28 Ensuite, on a dû encore attendre, parce qu'ils ont défait les lattes du parquet.
21:33 Mais ils n'ont rien trouvé de suspect en dessous.
21:37 Donc, en gros, on ne savait pas ce qui s'était passé. On ne pouvait faire que des suppositions.
21:42 Karen a très vite été soupçonnée.
21:46 Elle a été arrêtée, mais elle a ensuite été libérée sous caution.
21:49 Autrement dit, l'enquête était partie pour être longue.
21:52 Ce genre d'affaires peut être très difficile à élucider.
22:00 Tant plus que dans ce cas précis, non seulement on n'avait aucune preuve, mais on n'avait aucun témoin non plus.
22:06 En l'absence de preuve, Karen Peadley est rapidement relâchée.
22:11 Les mois passent, et Janice Parco redoute que les investigations n'aboutissent pas.
22:17 Je n'arrêtais pas de me dire que cet incendie avait une origine suspecte.
22:23 On a tous fait nos dépositions à la police sur ce qu'il s'était passé.
22:29 Ensuite, il n'y a eu aucune avancée.
22:31 L'enquête est restée au point mort pendant deux ou trois ans.
22:35 La police n'a pas pu prouver de façon formelle qu'il s'agissait bien d'un incendie criminel.
22:43 Mais l'enquête est restée ouverte.
22:46 Pour l'heure, aucun nouvel élément ne permet aux enquêteurs d'avancer.
22:53 Et Karen Peadley va continuer de sévir.
22:57 Le feu était clairement une véritable obsession pour Mme Peadley.
23:01 C'est pour ça que c'était une personne extrêmement dangereuse.
23:07 Elle va bientôt s'en prendre à sa propre famille.
23:11 Ma tante Karen n'arrêtait pas de faire des blagues.
23:15 Mais franchement, ce n'était vraiment pas le moment de dire des trucs pareils.
23:19 Personne ne fait le lien entre Karen Peadley et les incendies qu'elle a provoqués jusqu'ici.
23:26 Lorsqu'elle avait dix ans, les flammes ont ravagé la maison familiale.
23:30 Plus tard, d'autres sinistres sont à déplorer partout où elle travaille.
23:36 Après son mariage, elle met le feu à la maison de sa sœur.
23:40 Et elle frappe de nouveau en 2010.
23:42 Deux ans après l'incendie dans la maison de retraite, un feu est parti sous les escaliers chez sa sœur.
23:52 Jenny Stringer, la sœur de Karen, vit avec ses enfants à une vingtaine de kilomètres de chez elle, dans la ville de Hale, dans les Cornouailles.
23:59 Junior Stringer, son neveu, se souvient parfaitement du drame.
24:03 Le jour de l'incendie, je suis allé à l'école comme d'habitude.
24:07 À la fin de la journée, la cloche a sonné.
24:13 On a attendu que notre mère vienne nous chercher comme tous les soirs.
24:16 Elle n'arrivait pas, donc on a été à la vie scolaire.
24:20 Et quand elle est arrivée, une heure après, elle nous a dit qu'il y avait le feu à la maison.
24:25 Quand on est arrivé, il y avait trois camions de pompiers devant.
24:29 Et ils étaient encore dedans en train d'arroser les flammes.
24:33 Alors que la famille tente de comprendre ce qui s'est passé, un détail attire son attention.
24:41 Après avoir alerté les pompiers, Jenny Stringer a tout de suite appelé sa sœur.
24:45 Elle m'a dit qu'elle était chez elle.
24:48 Pourtant, elle a débarqué chez moi en moins de cinq minutes.
24:51 Ma tante vivait à une heure et demie de chez nous.
24:57 Mais elle est arrivée en même pas cinq minutes. C'était bizarre.
25:01 Si à ce moment-là, les policiers avaient eu connaissance du passé de l'aide soignante, ils l'auraient soupçonné.
25:10 Ça prend du temps d'établir qu'un incendie est criminel.
25:16 C'est pour ça qu'il est difficile de démasquer les pyromanes.
25:19 Donc dans ce type d'investigation, les enquêteurs s'intéressent en priorité à ceux qui étaient les premiers sur place.
25:26 Ceux qui se montrent un peu trop coopératifs et veulent absolument participer à l'enquête.
25:32 Et rétrospectivement, c'était effectivement le cas de Karen Pedley.
25:37 Alors que la famille de sa sœur vient de tout perdre dans un incendie, Karen Pedley se montre étrangement enthousiaste.
25:45 Ma tante n'arrêtait pas de faire des blagues. Il y avait un paquet de chips par terre.
25:49 Elle a dit « Quelqu'un veut des chips carbonisés ? »
25:52 Mais franchement, c'était vraiment pas le moment de dire des trucs pareils.
25:56 J'étais en pleurs. On nous avait interdit d'entrer dans la maison, mais j'y suis allé quand même.
26:02 C'était chez moi.
26:04 Karen était la première sur place pour les aider et les soutenir après cette catastrophe.
26:11 Elle a tout de suite proposé à sa sœur et ses neveux de les héberger.
26:15 On est restés chez ma tante Karen à Kararac pendant trois mois environ.
26:21 C'était un besoin compulsif pour elle. Elle ne pouvait pas s'en empêcher.
26:26 Elle ne pensait qu'à ça en permanence.
26:28 Elle a proposé très généreusement à sa sœur de venir s'installer chez elle.
26:33 Ça lui a permis, une nouvelle fois, d'avoir le beau rôle, de passer pour une héroïne.
26:39 Cette situation est très similaire à celle qu'elle avait vécue après l'incendie de la maison familiale en 1983.
26:45 En 2010, Karen Peadley est impliquée de près ou de loin dans au moins sept cas d'incendie suspect.
26:52 Soit parce qu'elle a offert son aide aux victimes, soit parce que le feu s'est déclaré juste après son passage.
26:58 Le drame de Roswin House n'a visiblement pas suffi à l'arrêter.
27:03 Après cet incendie, les enquêteurs la soupçonnaient.
27:06 Et elle le savait très bien.
27:09 Elle n'a pas été condamnée parce qu'il n'y avait pas suffisamment de preuves contre elle à ce stade.
27:14 Mais ça ne l'a pas empêchée de continuer ses agissements criminels.
27:19 L'aide soignante peut maintenant apparaître comme la sauveuse auprès de sa famille.
27:24 C'était toujours la même chose.
27:28 Il y avait des incendies partout où elle passait.
27:32 Non seulement elle était toujours là, mais en plus c'était toujours elle qui appelait les secours.
27:37 Elle était systématiquement sur les lieux au moment du drame, aux premières loges pour y assister.
27:43 Cette situation lui permettait probablement de revivre le moment de gloire qu'elle avait connu.
27:49 Quand elle avait dix ans et que tout le monde l'admirait et voyait en elle une héroïne.
27:58 À cette époque, cette petite fille se sentait vide à l'intérieur.
28:02 Elle ressentait un grand manque au niveau émotionnel.
28:05 Donc elle a été profondément marquée par cette catastrophe et tout ce qui a suivi.
28:10 La reconnaissance et la popularité qu'elle en a tiré.
28:13 On peut tout à fait comprendre que Karen Peadley ait cherché à recréer et à revivre ce moment une fois devenue adulte.
28:21 Chaque fois que les choses allaient mal dans sa vie.
28:25 Pendant huit ans, de 2002 à 2010, l'aide soignante n'est pas inquiétée.
28:29 Et elle continue de se comporter comme une tante attentionnée et disponible.
28:33 Elle aurait fait n'importe quoi pour nous. Elle ne nous aurait pas laissé tomber.
28:39 Plus tard cette même année, les pompiers sont appelés pour un incendie à Carrarack, non loin du domicile de Karen Peadley.
28:47 C'est le huitième dans lequel elle est impliquée.
28:51 Elle a déjà tué une personne et elle ne semble pas prête de s'arrêter.
28:55 Karen Peadley n'a aucune empathie pour les autres.
29:00 La seule personne qui l'intéresse, c'est elle.
29:03 Elle a des enfants, mais ça ne l'empêche pas d'allumer des feux.
29:07 Elle prend le risque de se faire prendre et de finir en prison.
29:12 Elle ne se préoccupe pas des conséquences que ça pourrait avoir sur sa famille.
29:18 Mais pour mettre la pyromane hors d'état de nuire, il faut des preuves concrètes contre elle.
29:22 Janice Parco n'a jamais cru que l'incendie de Rosewin House était un accident.
29:27 Depuis la tragédie, Greg, son supérieur, et ses collègues se posent des questions et ont échafaudé plusieurs théories.
29:34 Honnêtement, j'ai toujours pensé que c'était elle la responsable.
29:37 L'ami d'un de mes collègues avait travaillé avec elle dans une autre maison de retraite.
29:44 Et dans cet établissement aussi, il y avait eu un incendie.
29:48 C'est là qu'on a commencé à se poser des questions sur elle et à penser qu'elle pouvait être la responsable.
29:54 Ensuite, on a aussi fait le lien avec l'histoire de l'incendie à l'hôtel qu'elle nous avait raconté.
30:01 Mais de toute façon, on avait bien senti qu'elle n'était pas nette.
30:05 Les anciens collègues de Karen Peadley ont de sérieux soupçons sur elle.
30:10 D'autant plus que le lendemain du drame, elle a tout simplement abandonné son poste.
30:16 Greg a insisté auprès de la police pendant deux ans et demi pour relancer l'enquête.
30:21 Il a insisté, insisté encore et encore. Il ne les a pas lâchés pendant deux ans et demi.
30:27 En 2012, les enquêteurs ont enfin une piste.
30:32 Grâce à un informateur, ils obtiennent un mandat pour perquisitionner le domicile de la suspecte.
30:36 Ce qu'ils vont y découvrir leur sera d'une aide précieuse.
30:39 Chez elles, ils ont trouvé un poste.
30:42 Ils ont trouvé un album rempli de coupures de journaux datant de 1983,
30:46 quand elle avait soi-disant sauvé sa famille.
30:49 Depuis 30 ans, Karen Peadley vit dans le souvenir des quelques semaines de gloire qu'elle a connues.
30:54 Tout le monde l'a félicité et en s'en souhaite.
31:00 Tous les regards étaient tournés vers elle. C'est une expérience inoubliable.
31:04 C'est en donnant l'alerte que Karen a gagné la reconnaissance des autres.
31:10 Qu'on a fait attention à elle dans son entourage.
31:13 Et qu'on a considéré comme une personne à part entière.
31:17 Il n'est donc pas étonnant qu'elle cherche à retrouver les émotions qu'elle avait ressenties
31:21 chaque fois qu'elle se sent rabaissée ou qu'elle a des problèmes dans sa vie.
31:25 Les enquêteurs pensent avoir compris l'obsession meurtrière de l'aide soignante pour le feu.
31:33 La découverte de son album souvenir relance l'enquête.
31:38 Ils ont fait de nouvelles recherches sur ses antécédents.
31:41 Les endroits où elle avait vécu et travaillé.
31:44 Et là, ils se sont rendus compte qu'il y avait des incendies partout où elle passait.
31:48 Cette découverte n'a fait que confirmer les soupçons.
31:52 Elle laissait des incendies dans son sillage.
31:55 Il y avait certainement d'autres faits dans son passé dont la police n'était pas encore au courant.
31:59 Les enquêteurs ont désormais fait le lien entre tous les incendies qui ont jalonné la vie de Karen Peadley
32:04 mais parviendront-ils à prouver sa culpabilité avant qu'elle provoque un nouveau drame ?
32:09 Et quel rôle sa famille a-t-elle joué dans cette affaire ?
32:12 A-t-elle tenté de dissimuler ses agissements ?
32:15 Pour moi, ça ne pouvait pas être ma tante.
32:18 Mais j'ai lu tout ce qu'il disait dans les journaux.
32:21 Et là, je me suis rendu compte qu'elle était la seule à travailler ce jour-là.
32:29 En 2013, l'étau se resserre autour de Karen Peadley.
32:32 La police enquête sur au moins 12 cas d'incendies inexpliqués survenus dans la région.
32:36 Elle est le suspect numéro 1 dans celui qui a causé la mort de la pensionnaire d'une maison de retraite.
32:42 On voyait bien qu'elle avait quelque chose à se reprocher.
32:46 Elle faisait tout pour ne pas éveiller les soupçons.
32:49 Elle a fait tout pour ne pas faire la mort de son enfant.
32:52 Elle a fait tout pour ne pas faire la mort de son enfant.
32:55 Elle a fait tout pour ne pas faire la mort de son enfant.
32:59 Elle demande alors à sa famille de l'aider.
33:02 La police a appelé ma mère.
33:04 Ils lui ont dit que ma tante Karen voulait quelque chose.
33:08 Elles voulaient qu'elle leur dise qu'on était tous les deux avec elle quand il y avait eu le feu à la maison de retraite.
33:16 Mais ma mère a dit non.
33:18 Les inspecteurs découvrent alors qu'après un autre incendie,
33:22 l'aide soignante avait forcé une de ses collègues à corroborer son alibi.
33:26 Quand il a été établi qu'il s'agissait a priori d'un incendie criminel,
33:31 Karen Peadley a cherché à détourner les soupçons.
33:34 Et elle ne s'est pas contentée d'essayer de se disculper.
33:37 Elle a carrément accusé une autre personne.
33:40 Elle devenait très agressive quand on abordait le sujet.
33:43 Elle a même proféré des menaces.
33:46 Elle a dit à une collègue qu'elle réduirait sa maison en cendres.
33:50 C'était d'autant plus incriminant quand on sait qu'elle était soupçonnée pour un autre incendie.
33:56 Au départ, l'une de ses collègues avait menti à la police.
34:04 Mais comme elle avait trop mauvaise conscience,
34:07 elle a fini par révéler la vérité aux enquêteurs.
34:10 En fait, pour l'obliger à lui fournir un faux alibi,
34:13 Karen Peadley l'avait menacée.
34:17 Les enquêteurs découvrent alors que c'est souvent elle qui alerte les secours.
34:21 Et qu'elle est aussi toujours la première arrivée sur place
34:25 à donner son avis sur ce qui a pu provoquer l'incendie.
34:28 Mais pour la faire condamner, ils ont besoin de preuves concrètes.
34:32 Les faits s'étaient succédés.
34:35 Ils remontaient à un certain temps et il n'y avait pas de preuves matérielles.
34:39 Ils devaient donc baser leur argumentation sur le fait que c'était un comportement récurrent.
34:43 Le dossier de l'accusation devait prouver que le même événement
34:47 s'était reproduit plusieurs fois quasiment à l'identique.
34:51 À savoir que Karen Peadley était systématiquement dans les environs
34:55 quand ces incendies avaient eu lieu.
34:57 En février 2015, la pyromane vit désormais à 450 km de là.
35:03 Lorsque la police l'arrête, son neveu Junior Stringer n'en revient pas.
35:08 Pour moi, ça ne pouvait pas être ma tante.
35:11 J'ai lu tout ce qu'il disait dans les journaux.
35:13 Et là, je me suis rendu compte qu'elle était la seule à travailler ce jour-là.
35:19 Et c'était justement le soir où il y avait eu le feu.
35:23 Je ne revenais pas, je me disais, non, ce n'est pas possible, ma famille ne peut pas être mêlée à ça.
35:27 La suspecte est inculpée d'avoir déclenché 12 incendies depuis 2002.
35:32 Mais aussi de tentatives de meurtre sur la personne d'Oliver et du meurtre de Gladys Rowe.
35:38 Même en prison, elle cède à ses pulsions.
35:41 Elle a mis le feu à sa propre cellule.
35:45 C'est compulsif chez elle, à tel point qu'elle ne se rend même pas compte que ça joue contre elle.
35:50 Et que ça ne fait que la câbler.
35:53 Son comportement confirme que c'est bien elle qui a allumé tous ces feux.
35:58 Au moment du procès, les preuves contre elle étaient très incriminantes.
36:04 Le nombre d'incendies était estimé à 14 et à chaque fois, les faits étaient similaires.
36:09 Le pire d'entre eux était bien sûr celui qui avait coûté la vie de Gladys Rowe.
36:14 Et elle a été reconnue coupable.
36:16 Pour la famille de Karen Peadley, c'est un véritable choc.
36:21 Elle avait menti à tout le monde toute sa vie.
36:24 C'était elle qui avait allumé tous ces feux.
36:27 Impossible de la croire après tout ça.
36:29 Son neveu se retrouve confronté à une terrible réalité.
36:33 C'est à cause de sa tante que sa famille a tout perdu.
36:35 Quand j'ai su que c'était elle qui avait mis le feu chez nous, j'étais hyper choqué.
36:41 Elle avait tout mis en bloc, elle avait dit que c'était pas elle,
36:45 mais quand elle s'est retrouvée au tribunal, elle a avoué ce qu'elle avait fait.
36:50 Après ça, c'était fini. Pour nous c'était trop.
36:53 On ne voulait plus jamais entendre parler d'elle.
36:55 D'après l'expertise psychiatrique, l'aide soignante à une intelligence limitée souffre d'un trouble de la personnalité.
37:02 Junior Stringer se demande si ce comportement est dû à ce qu'elle a vécu dans son enfance.
37:07 Franchement, je me suis demandé plein de fois pourquoi elle avait fait ça,
37:11 mais je pense qu'on ne le saura jamais.
37:13 Je crois que si elle a mis le feu, c'était pour pouvoir sauver les gens après et s'en vanter.
37:19 À mon avis, elle voulait être vue comme une héroïne.
37:23 Elle voulait revivre les mêmes choses qu'en 1983.
37:27 C'est ce qui s'est passé quand la maison de sa soeur a brûlé.
37:31 Elle avait besoin de se donner de l'importance.
37:33 Au cours du procès, les causes de l'incendie survenue lorsqu'elle était enfant sont sérieusement remises en question.
37:39 À l'époque, Karen Peadley était l'héroïne qui avait sauvé sa famille.
37:43 Mais est-ce réellement le cas ?
37:45 Encore aujourd'hui, on ne sait pas si c'est elle qui avait mis le feu,
37:49 mais même le juge avait des doutes.
37:51 Il a dit que c'était peut-être elle.
37:53 Quand elle a fait ça, elle a sauvé des gens et après, elle a été récompensée.
37:59 Elle avait gagné un voyage en Concorde.
38:01 C'est peut-être elle qui avait mis le feu, mais à ce stade, elle n'était pas encore une pyromane.
38:08 Il est plus probable qu'elle ait simplement joué avec des allumettes, comme le font tous les enfants.
38:13 C'est la reconnaissance qu'elle a obtenue après le drame qui a fait de Karen une pyromane à l'âge adulte.
38:20 Personne ne s'intéressait à elle et elle en souffrait.
38:26 Elle n'avait aucune notion du bien et du mal.
38:29 Du coup, finalement, elle était un peu comme une enfant sauvage,
38:34 qui aurait grandi seule dans la jungle et capable de faire quasiment n'importe quoi pour survivre.
38:42 Elle était en quelque sorte comme une page blanche.
38:46 Et ce jour-là, elle a connu un moment très fort en émotion qui l'a profondément marquée psychologiquement.
38:52 Pour elle, ça a été comme un cataclysme.
38:55 Et même si ce n'était peut-être qu'accidentel, cet événement marquant survenu dans l'enfance de cette femme était lié au feu,
39:02 puisque la maison familiale a été ravagée par les flammes.
39:06 Et pour elle, qui était comme une page blanche et qui ne s'était pas encore construite psychologiquement,
39:14 l'impact a été énorme.
39:17 Karen Peadley ne cherchait pas consciemment à tuer.
39:24 Pour elle, le feu n'était pas associé à un danger mortel.
39:27 Je ne pense vraiment pas que pour elle, et particulièrement au début,
39:34 il était question d'utiliser délibérément le feu pour tuer ou faire du mal à qui que ce soit.
39:41 À mon avis, il s'agissait davantage d'une pulsion, d'une réaction à une situation ou à des émotions,
39:48 plutôt qu'un meurtre prémédité, du moins quand elle était plus jeune.
39:53 C'était une véritable obsession pour Karen.
39:55 Par son verdict, la juge l'a punie d'avoir continué de déclencher des incendies, même après la mort de Gladys Rowe.
40:01 Karen Peadley ne pouvait pas s'empêcher de mettre le feu.
40:05 C'était un besoin compulsif, presque vital pour elle.
40:08 À tel point que même la mort de Gladys Rowe n'a pas suffi à y mettre un terme.
40:14 Pour dire les choses crûment, ce drame n'était pour elle ni plus ni moins qu'un malencontreux dommage collatéral
40:22 de ces pulsions incendiaires.
40:23 À mon avis, elle ne s'inquiétait pas de savoir si elle risquait de tuer quelqu'un.
40:29 À la limite, dans son esprit, ça ajoutait une dimension encore plus dramatique à l'événement.
40:36 Karen Peadley était extrêmement dangereuse.
40:39 Pour elle, le feu était une arme qui lui donnait la sensation d'être toute puissante.
40:45 L'incapacité de Karen Peadley à dissocier le bien du mal est-elle le fruit de son enfance perturbée ?
40:51 Le manque d'attention dont elle a souffert est-il la cause de son absence d'empathie pour ses semblables ?
40:55 Elle ne s'est jamais vraiment préoccupée des autres.
40:59 Les gens qui connaissent ce genre d'enfance ont un rapport particulier aux autres.
41:06 Ils ne leur accordent pas la même importance.
41:09 Je pense que c'est ce qui s'est passé avec Karen Peadley.
41:14 Même si elle était capable de se montrer très chaleureuse avec les personnes âgées,
41:19 elles ne comptaient pas pour elle.
41:21 Elle les connaissait bien, elle chantait et dansait même avec elles.
41:25 Mais c'était une façade.
41:27 Parce qu'en son fort intérieur, son besoin viscéral,
41:31 de reconnaissance et de considération, son besoin de se sentir importante aux yeux des autres, surpassait tout.
41:39 Ce qu'elle cherchait à tout prix, c'était qu'on s'intéresse à elle.
41:43 C'est ce qui prenait toute la place et devenait plus important que tout le reste.
41:47 Karen Peadley est condamnée à une peine incompressible de 27 années de prison pour le meurtre de Gladys Rowe,
41:52 qui n'a pas survécu à l'incendie de Roswin House en novembre 2008.
41:56 Elle sera par la suite condamnée à 14 autres peines de prison à perpétuité pour les nombreux sinistres qu'elle a provoqués.
42:03 Elle n'a pas été reconnue coupable de tentative de meurtre sur Olivier.
42:07 Après avoir été une héroïne lorsqu'elle était enfant, le feu est devenu pour elle un moyen de régler ses comptes.
42:14 Mais aussi de se faire passer pour le bon Samaritain auprès de sa famille.
42:18 Sa propension à jouer avec le feu a fait d'elle une meurtrière.
42:24 Étant donnée le peu d'importance qu'elle accordait à la vie humaine,
42:29 il était quasiment inévitable qu'elle finisse par tuer quelqu'un un jour.
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