• il y a 9 mois
Découvrez « Face aux Territoires », émission diffusée sur TV5 Monde en partenariat avec Le Point. L'invité du numéro du 14 mars : Manuel Valls, ancien Premier ministre. Il répond aux questions du journaliste Cyril Viguier et d'Armelle Le Goff, directrice adjointe de la rédaction du Point.

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Transcription
00:00 (Générique)
00:12 Bonjour à tous et bienvenue sur le plateau de Face au Territoire sur TV5Monde.
00:16 Vous le savez, dans 200 pays, en 22 langues.
00:18 Face au Territoire se réalise avec Ouest France, avec Nice Matin, avec 20 minutes,
00:23 avec France Antilles, le magazine Le Point et le magazine Géostratégie.
00:27 Mon invité ce matin c'est Manuel Valls. Bonjour Manuel Valls.
00:30 – Bonjour C.Viguier.
00:31 – Ancien Premier ministre de notre pays, nul ne l'ignore.
00:35 J'ai une question à vous poser sur l'actuel Premier ministre.
00:38 Il a 34 ans, il a été nommé il y a quelques mois.
00:40 Est-ce que c'est un âge où on peut accéder à Matignon,
00:44 sans, vu votre expérience, sans connaître de difficultés majeures dues à l'inexpérience ?
00:50 – Oui, moi je pense que dans l'histoire, là, il a démontré.
00:53 Il y a eu des grands souverains, de grands intellectuels, très jeunes,
00:57 on pourrait remonter à Alexandre, si vous voulez, Alexandre le Grand.
01:01 – Dans cette époque, naturellement, dans cette configuration.
01:05 – Dans cette époque, c'est sans doute difficile,
01:06 mais Gabriel Attal était parlementaire déjà, ministre à plusieurs responsabilités.
01:12 Je pense que la question de l'âge ou de l'expérience sont moins importantes à ce stade
01:17 que le rapport qu'il a avec le Président de la République,
01:20 ou plutôt l'idée que se fait le Président de la République de la fonction de Premier ministre
01:24 et des rapports entre le chef de l'État et le chef du gouvernement.
01:27 La marge de manœuvre qui est pourtant prévue dans la Constitution
01:30 que le Premier ministre peut avoir pour imprimer sa marque, pour être un plus.
01:35 Et c'est là où j'ai quelques doutes sur la volonté de changement
01:40 de ce qu'on a vu jusqu'à maintenant de la part du Président de la République,
01:44 alors qu'il devrait plutôt, lui, prendre de la hauteur, de la distance,
01:48 être totalement concentré sur des questions aussi essentielles que la guerre en Ukraine
01:53 pour laisser le gouvernement gouverner et le chef de l'État présider.
01:58 – On a des rapports entre Premier ministre,
02:00 ancien Premier ministre et Premier ministre en fonction,
02:03 des rapports réguliers, on se contacte, on se voit, vous allez voir.
02:08 Vous avez vu, Gabriel Attal, il vous a consulté par exemple,
02:12 ce sont des choses qui se font ou pas ?
02:15 – Non, il y a une tradition qui est plus ou moins respectée,
02:18 moi je l'avais respectée, d'inviter à déjeuner,
02:21 – Vous l'avez tous invité ?
02:23 – Oui, pratiquement tous, si la mémoire ne me fait pas défaut.
02:26 Et une rencontre avec Gabriel Attal, je crois, est prévue,
02:30 il va respecter cette tradition, mais de là à vous consulter, non.
02:35 Autant le Président de la République consulte assez régulièrement
02:40 les deux anciens présidents, Nicolas Sarkozy et François Hollande,
02:43 il n'y a pas cette tradition, elle serait un peu lourde.
02:46 – Vous déclorez ?
02:47 – Non, pas forcément, mais enfin bon, l'expérience des uns et des autres
02:50 peut être utile, enfin chacun fait comme il peut et comme il souhaite.
02:54 – C'est Manuel Valls, l'ancien Premier ministre,
02:56 qui est notre invité ce matin sur le plateau de Face au Territoire,
02:59 dans un instant Stéphane Vernet de Ouest-France sur ce plateau.
03:02 [Générique]
03:05 Bonjour Stéphane Vernet, vous dirigez la rédaction de Ouest-France à Paris
03:08 et vous en êtes le rédacteur en chef délégué,
03:10 on démarre avec, sur le lendemain de ce débat sur l'Ukraine.
03:15 – Bonjour Cyril, bonjour Manuel Valls,
03:17 oui je veux vous parler d'actualité parlementaire,
03:19 vous avez suivi le débat qui s'est tenu au Parlement,
03:21 hier et avant-hier, concernant le soutien de la France à l'Ukraine
03:24 et qu'en avez-vous retenu ?
03:26 – Oui, je l'ai suivi parce que le sujet me passionne,
03:29 parce que c'est sans doute vital pour nous et pour l'Europe
03:33 ce qui se passe en Ukraine, donc je l'ai suivi,
03:37 je trouvais qu'il était honnêtement, contrairement à ce que l'on voit souvent
03:40 aujourd'hui à l'Assemblée Nationale, plutôt de bonne qualité,
03:43 qu'il permettait de voir les lignes de fracture qui peuvent exister
03:47 sur ce sujet, entre les différentes familles politiques.
03:49 – Il permet de voir les lignes de fracture,
03:51 entre les différentes familles politiques, comme vous venez de dire,
03:53 mais est-ce qu'il est clair les Français sur les enjeux du conflit ?
03:55 – Je crois que oui, je pense que les Français suivent de plus en plus
03:59 les questions internationales, peut-être grâce à vous,
04:03 et qu'ils ont une idée assez précise de ce qu'il faut,
04:07 c'est-à-dire à la fois un soutien net à l'Ukraine,
04:11 ne pas se laisser entraîner évidemment dans un conflit
04:14 qui pourrait dégénérer et qui toucherait nos propres intérêts,
04:19 sur qui est responsable de ce conflit, c'est-à-dire Vladimir Poutine.
04:24 Donc oui, je pense qu'il y a un soutien large,
04:26 même s'il y a une forme d'inquiétude, il y a une inquiétude que j'ai pu voir,
04:30 parce que beaucoup de gens m'ont interrogé, suite aux déclarations
04:33 du président de la République, qui ont créé évidemment
04:36 beaucoup de questions et de controverses.
04:38 – Emmanuel Macron, le président de la République,
04:40 prendra la parole ce soir à la télévision, qu'est-ce qu'on peut attendre de ce…
04:43 qu'est-ce qu'il doit dire pour rassurer, préciser, éclairer ?
04:46 – Je ne sais pas si l'idée est tellement de rassurer,
04:48 je pense qu'il doit éclairer sur la situation de cette polémique
04:52 sur les propos du président de la République.
04:54 – Envoie potentiel de troupes au sol.
04:56 – Envoie potentiel de troupes au sol, je pense qu'il faut en retirer un point positif,
05:00 les polémiques ne sont pas grand-chose, surtout aux enjeux,
05:03 un, que la guerre sera longue, donc il faut aider l'Ukraine,
05:07 nous ne pouvons pas nous permettre que l'Ukraine s'écroule
05:10 parce que ça serait une démocratie, une nation qui serait mise en cause
05:14 et parce que cela donnerait à Vladimir Poutine, au fond,
05:17 un feu vert pour s'en prendre à la Moldavie, voire aux Pays-Bas.
05:23 Donc nous sommes dans un moment de basculement
05:25 où la part tragique de l'histoire s'est invitée,
05:27 la guerre est là avec des milliers de morts, des millions de réfugiés,
05:31 une démocratie attaquée, donc de ces propos, moi je vois un avantage
05:36 de mettre un certain niveau de préoccupation pour nos compatriotes,
05:41 le sujet de l'Ukraine avec en plus un autre enjeu, nous le voyons bien,
05:45 la guerre sera longue, mais quel plan B pour l'Union Européenne
05:49 si Trump l'emporte aux États-Unis et s'il met en œuvre ce qu'il a annoncé,
05:53 c'est-à-dire couper le robinet de l'aide à l'Ukraine.
05:56 – Je reviens à l'actualité parlementaire,
05:58 l'agenda parlementaire a été enfin dévoilé ce lundi,
06:01 le principal projet de loi qui sera examiné au printemps,
06:04 c'est celui sur la fin de vie, ce sujet fera-t-il enfin consensus ?
06:11 Est-ce que la société française est prête à évoluer
06:14 sur la question de l'aide à mourir ?
06:17 – C'est un sujet que je suis depuis longtemps,
06:19 comme parlementaire de l'opposition j'avais porté plusieurs propositions de loi
06:24 sur l'idée de mourir dans la dignité, c'est vrai que quand on rentre
06:28 dans le détail pratique, parfois plus complexe, on le voit bien,
06:31 c'est vrai pour chacun de nous, vis-à-vis de nos proches,
06:34 la réaction des soignants, des médecins, mais une immense majorité de Français,
06:40 des chiffres autour de 80% sont pour cette idée de mourir dans la dignité,
06:47 le président de la République a utilisé un autre terme,
06:50 donc j'espère qu'on pourra avancer, il est vrai qu'on a réussi,
06:54 ça avait été déjà plus difficile sur la dernière loi,
06:56 Claes Leonetti, à avancer dans une forme de consensus,
07:00 en tout cas moi ce que j'attends, je l'espère, c'est beaucoup de dignité,
07:03 d'écoute, y compris vis-à-vis des confessions, des philosophies, des médecins,
07:07 mais il faut pouvoir avancer, même s'il faut aussi avancer
07:10 sur les soins palliatifs parce que là nous sommes très en retard.
07:13 – Autre sujet, aujourd'hui vous avez des députés qui veulent revoir la loi de 2014
07:19 interdisant le cumul des mandats, alors cette loi elle a été prise
07:24 juste avant votre arrivée à Matignon.
07:26 – Oui mais je l'ai portée comme ministre de l'Intérieur.
07:28 – Et alors du coup, est-ce que vous comprenez
07:31 cette espèce de volonté de faire machine arrière ?
07:33 – Non, non parce que je pense, j'ai cumulé.
07:37 – L'argument c'est qu'on a déconnecté du terrain des électeurs, l'exécutif.
07:42 – Mais les députés sont élus dans des circonscriptions directement par les Français,
07:48 ils peuvent être conseillers municipaux, conseillers généraux,
07:51 conseillers régionaux, tenir des permanences, rencontrer les électeurs,
07:55 et en plus on risque, je crois que dans les propositions,
07:59 de faire une différence selon les villes, en fonction du nombre d'habitants.
08:03 Ça ne me paraît pas sérieux, l'ancrage est évidemment quelque chose de très important,
08:09 d'où notre mode de scrutin, mais revenir, écoutez moi j'étais maire et député,
08:15 je sais que c'est très difficile de pouvoir bien faire son travail de député
08:19 parce qu'on privilégie évidemment le local et sa mairie,
08:23 je pense qu'on peut avoir un lien, une responsabilité d'élu local,
08:26 mais ne peut pas être exécutif.
08:28 – Je voulais vous parler d'Europe pour terminer,
08:31 est-ce que vous prendrez part à la campagne électorale sur les européennes ?
08:35 Si oui, avec qui, sous quelle forme, comment ?
08:37 – À ce stade je regarde…
08:39 – Est-ce qu'on vous l'a demandé d'abord ?
08:41 – Non, et puis je regarde le paysage tel qu'il se dessine,
08:44 et à ce stade je m'interroge beaucoup sur mon propre vote,
08:49 mais on a encore quelques mois, quelques semaines…
08:52 – Dans tous les cas vous ne serez pas candidat.
08:54 – Non, ça je vous le…
08:56 – La Une de Ouest de France, Stéphane Vernet.
08:58 – On parle de sport et de santé avec un appel de Michel Cymes,
09:00 notamment aux médecins, pour demander aux médecins de prescrire des bilans
09:04 et d'inciter les gens à faire beaucoup plus de sport,
09:06 et ça en lien aussi avec la perspective des Jeux Olympiques.
09:09 – Bien sûr, vous faites du sport Manuel Valls ?
09:11 – Oui mais pas assez, mais je vous le confirme, y compris avec l'âge,
09:14 je cours, je fais de la gymnastique, je m'entretiens, mais c'est vital,
09:19 c'est un vieux débat, moi je me rappelle que quand on était gamin au lycée,
09:22 je vous parle des années 70, on considérait déjà qu'on ne faisait pas assez de sport.
09:26 Nous ne sommes pas suffisamment une nation sportive,
09:28 je ne parle pas des professionnels, de l'élite.
09:30 – Il y a les Jeux Olympiques qui arrivent, c'est vrai.
09:32 – Oui mais enfin je pense que c'est en continuité, il faut y arriver.
09:35 – Stéphane Vernet qui dirige la rédaction de Ouest France à Paris,
09:38 merci, dans un instant, Denis Carreau.
09:40 Denis Smata est sur ce plateau.
09:42 [Musique]
09:45 – Bonjour Denis Carreau, on démarre avec l'immigration, enjeu des européennes,
09:49 on poursuit sur les européennes.
09:51 – Oui bonjour Manuel Valls, le Conseil constitutionnel a censuré en grande partie
09:55 la loi immigration, de son côté le Conseil d'État a limité dans une décision
09:59 rendue début février les refus d'entrée des migrants aux frontières,
10:03 concrètement entre l'Italie et la France, les refus d'entrée ont été divisés par 4.
10:08 Pourquoi ce décalage entre le discours du gouvernement
10:11 et la réalité en matière d'immigration ?
10:13 – Mais parce que le gouvernement et le Parlement, pardon de le dire aussi brutalement,
10:17 ne font pas leur job, ne font pas leur travail pour parler français.
10:21 Moi je suis pour un changement radical en matière d'immigration,
10:24 pour dire stop, pour considérer qu'on n'a pas besoin d'une immigration de travail
10:28 sauf pour un certain nombre de secteurs en tension,
10:30 c'est pour cela qu'il faut des quotas, c'est pour cela qu'il faut modifier la constitution.
10:34 Il faut bien élaborer la loi.
10:36 – Il faudrait une nouvelle loi, une révision constitutionnelle ?
10:39 – Il faudrait une nouvelle loi, une nouvelle révision constitutionnelle
10:41 mais ça nécessite évidemment un très large consensus
10:44 et la manière dont les uns et les autres s'y sont pris à la fin de l'année,
10:49 manifestement n'a pas conduit à faire une bonne loi.
10:51 Nous savions tous qu'un certain nombre de dispositifs
10:54 allaient être censurés par le Conseil constitutionnel.
10:57 On a lancé la patate chaude à Laurent Fabius et au Sage
11:01 et on n'a pas avancé sur l'essentiel, même si des dispositifs ont été améliorés
11:05 pour que le ministère de l'Intérieur, les forces de sécurité
11:08 soient plus efficaces dans ce domaine.
11:10 Je vois mal aujourd'hui, très honnêtement, les bases d'un nouveau consensus
11:13 et pourtant il le faudrait, parce qu'il faut ce changement que j'appelle le méveu,
11:16 puisque depuis 40 ans au fond, on mène à peu près les mêmes politiques d'immigration.
11:20 – Alors les Républicains ont déposé mardi un projet de référendum d'initiative partagée
11:24 pour réformer l'accès aux prestations sociales des étrangers.
11:28 Est-ce que vous approuvez leur démarche ?
11:30 – Mais encore une fois, si on cherche le consensus,
11:33 c'est pas par des proclamations qu'on y arrivera, de part et d'autre.
11:38 Pour des changements profonds, il faut un accord entre le Sénat, évidemment.
11:42 Je m'étais réjoui d'ailleurs du vote de la loi par le Sénat,
11:46 de la loi immigration avec l'accord du gouvernement.
11:49 Ça ouvrait les bases d'un consensus, ça n'a pas été possible à l'Assemblée nationale.
11:53 Et il faut un accord et le gouvernement et la majorité à l'Assemblée nationale.
11:57 Pour le moment, j'ai le sentiment qu'on ne prend pas ce chemin,
11:59 même s'il faudrait avancer, y compris sur ce sujet.
12:02 – De plus en plus de voix font le lien entre délinquance et immigration,
12:06 fait assez rare, c'est un préfet, le préfet des Alpes-Maritimes,
12:09 Hugues Moutou, qui a affirmé la semaine dernière que les étrangers
12:13 sont responsables de la majorité de la délinquance dans le département.
12:17 Il a donné un exemple, ils sont par exemple à l'origine de 82% des vols à la tire.
12:21 Est-ce que le préfet des Alpes-Maritimes dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas ?
12:25 – C'est ce que pensent les Français, cette réalité des chiffres,
12:28 on ne peut pas la contester.
12:31 C'est à peu près le même pourcentage aujourd'hui, par exemple, à Paris,
12:34 sur les vols à la tire, donc c'est cette réalité.
12:37 Après, accuser tous les étrangers, c'est là où il faut faire attention
12:40 d'être responsable de la délinquance, ou pire, être des délinquants en puissance,
12:44 nous ferait franchir un pas qui serait totalement insupportable.
12:48 Mais cette réalité, il faut la regarder en face, notamment sur la gestion des réfugiés,
12:52 des déboutés du droit d'asile, de l'immigration clandestine,
12:55 eux-mêmes plongés d'ailleurs dans des situations d'isolation sociale,
13:00 de pauvreté, de sans-démicile fixe, insupportables.
13:04 Donc il faut agir, et encore une fois, en créant les bases d'une union nationale,
13:09 et surtout avec des outils les plus efficaces possibles,
13:12 et avec le souci de la vérité, sans rien masquer.
13:15 – Un accord a été trouvé mardi soir entre Gérald Darmanin et les élus corse
13:19 sur la reconnaissance d'un statut d'autonomie de Lille, c'est une erreur ?
13:23 – J'y suis totalement opposé, c'est une erreur.
13:27 La France n'est pas une addition de communautés et de tribus,
13:31 et on ouvre une boîte de pandore, puisque déjà…
13:34 – Le président de la région de Bretagne s'est engouffré.
13:37 – S'est engouffré, a écrit au président du Sénat pour réclamer aussi ses propres droits,
13:42 la présidente de la région occitanie, Carole Delga également, des élus…
13:46 – Vous créniez un scénario à l'espagnol, entre guillemets, vous connaissez bien, un catalan.
13:50 – Oui, d'une certaine manière, mais la France c'est une autre histoire.
13:54 La France a été créée par l'État, il y a une unité due à la langue,
13:59 il y a des spécificités qui va nier que la Corse est une île en Méditerranée,
14:03 qu'il faut protéger la langue, ce que nous avons fait, elle a déjà un statut différent.
14:08 Par exemple, j'ai moi-même porté la disparition des départements
14:14 pour créer une collectivité unique, qu'ils agissent déjà,
14:17 ils ont déjà beaucoup de pouvoirs en matière, notamment économique, agricole, de transport.
14:23 Donc non, je pense que c'est une erreur fondamentale,
14:25 et introduire l'idée de la communauté dans la Constitution,
14:29 ce serait introduire le communautarisme dans le texte fondamental.
14:33 Donc moi j'appelle à une très forte mobilisation des députés et des sénateurs
14:37 contre une loi qui brise l'unicité de la République.
14:40 – Pourquoi le gouvernement s'est-il engagé dans cette loi ?
14:42 Est-ce que d'une certaine manière, il a cédé à la violence ?
14:44 – Mais vous avez tout à fait raison, c'est suite à l'assassinat malheureux de Colonna,
14:49 pourtant l'assassin du préfet Érignac, et de violences qui sont suivies,
14:56 que nous avons assisté au fond au chantage qui a marché.
15:01 Je mets en garde le gouvernement sur un point qui me paraît très important,
15:04 c'est qu'on veut faire voter la collectivité, c'est normal,
15:07 ensuite on demandera aux Corses de donner leur avis,
15:10 et on ira devant le Parlement, devant le Sénat et l'Assemblée nationale,
15:13 en expliquant que si on n'adopte pas ce texte, la violence imposera.
15:18 C'est un chantage totalement insupportable,
15:20 et j'avertis le gouvernement qu'on ne peut pas réformer la Constitution,
15:24 briser l'unicité du pays avec ce type de discours.
15:27 – Alors justement, la majorité sénatorielle semble opposée à cette autonomie,
15:31 et elle pourrait compromettre la révision constitutionnelle,
15:34 dans le fond, est-ce que ce n'est pas le calcul du gouvernement
15:37 qui se dit que finalement, cette démarche n'ira pas jusqu'au bout ?
15:41 – Alors quel cynisme, alors, et en plus on fera porter la responsabilité à ses élus
15:45 sur l'éventuelle violence liée à la réapparition par exemple du FLNC.
15:50 Non, et d'une manière générale, ce débat doit permettre au fond à chacun
15:54 de se positionner sur l'idée qu'on se fait de la France et de son unité.
15:57 – La une de Nice matin, Denis Caron.
15:58 – La une de Nice matin, trafic aérien, stop ou encore,
16:01 le redémarrage du trafic aérien et ses conséquences,
16:03 notamment à l'aéroport de Nice-Côte d'Azur.
16:06 – Denis Caron, directeur des rédactions du compte Nice matin,
16:08 qui comprend Nice matin, Var matin et Monaco matin.
16:12 Dans le même groupe que vous, Cyril Boutier est à Fort-de-France,
16:14 c'est le directeur éditorial de France Antilles,
16:17 c'est notre partenaire aussi, dans Face au Territoire.
16:20 Il a une question à vous poser Manuel Valls depuis Fort-de-France, on l'écoute.
16:23 – Bonjour Manuel Valls, dans nos territoires, le sentiment d'insécurité,
16:27 comme partout d'ailleurs dans le territoire national, se renforce.
16:30 Chez nous particulièrement autour d'affaires de trafic d'armes, de trafic de drogue.
16:34 Des plans ont été annoncés au fil des années par les différents gouvernements.
16:38 Le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin,
16:41 est d'ailleurs en Martinique ce jeudi et fera à nouveau un certain nombre d'annonces.
16:46 Mais comment faire selon vous pour passer des annonces
16:50 à davantage de sécurité sur place ?
16:54 – On peut avoir un sentiment d'impuissance suite à cette question
17:00 sur la propagation du trafic de drogue à l'échelle mondiale.
17:05 Nous le voyons évidemment dans notre pays et pas seulement à Marseille
17:08 qui est une ville emblématique.
17:10 Cela explique d'ailleurs la propagation de la délinquance dans les grandes villes.
17:13 – L'Espagne aussi, un pays de votre cœur, est aussi très concerné.
17:16 – Mais partout de la Méditerranée, c'est-à-dire que c'est devenu…
17:19 Il y a des pays qui sont des pays narcotrafiquants,
17:22 gagnés par les narcotrafiquants.
17:24 C'est vrai notamment de toute l'Amérique latine, du Mexique,
17:27 où il y a des parties du territoire qui sont contrôlées par les narcotrafiquants.
17:31 Et les Antilles sont évidemment, donc la Guadeloupe et la Martinique,
17:35 c'est vrai aussi pour la Guyane, sont des lieux de passage.
17:38 Donc c'est un sujet évidemment pour chacun de nos pays.
17:40 C'est un sujet pour l'Europe dans son rapport à la Méditerranée,
17:43 à l'Afrique et l'Amérique latine.
17:45 C'est une situation mondiale.
17:47 Vu les milliards que génère le trafic de drogue,
17:50 les dégâts en matière de santé publique en Europe ou aux Etats-Unis,
17:53 il faut y aller au niveau mondial.
17:55 C'est facile à dire sur ce plateau,
17:57 mais je pense que c'est la seule voie possible qui existe.
18:00 – Armel Legov, dans un instant, directrice adjointe de la rédaction du Point.
18:03 Merci Denis Carreau.
18:04 – Merci.
18:05 [Musique]
18:07 – Bonjour Amel Legov.
18:09 On part pour Sciences Po avec vous ce matin.
18:11 – Oui, l'autrice et réalisatrice Émilie Frèche a été annulée
18:15 d'une soirée organisée par Amnesty International.
18:18 Judith Butler, qui est une penseur américaine,
18:21 a tenu des propos en France qui ont provoqué l'indignation.
18:25 Que pensez-vous du climat actuel
18:27 par rapport au conflit israélo-palestinien en France ?
18:30 – C'est inquiétant puisque les propos antisémites,
18:35 sur fond d'anti-sionisme et de haine d'Israël,
18:38 mais les propos antisémites, anti-juifs, anti-Israël,
18:42 aujourd'hui se propagent, non seulement sur les réseaux sociaux,
18:46 de la part d'un certain nombre de responsables politiques,
18:48 notamment de la France insoumise,
18:50 mais comme aux Etats-Unis, ils gagnent sur nos campus.
18:54 Pas seulement à Sciences Po, j'étais il y a quelques jours à Toulouse
18:58 et on me disait que les étudiants juifs sont quasiment interdits
19:01 sur les campus toulousains, comme ça a été le cas à Sciences Po.
19:05 – Mais je voulais vous interroger justement sur Sciences Po.
19:07 Alors un amphi a été occupé par des étudiants pro-palestiniens
19:10 qui ont empêché une jeune étudiante de l'UEJF d'y accéder.
19:15 Est-ce que c'est le symptôme d'une importation du conflit, d'après vous,
19:18 ou est-ce que c'est le symptôme d'autre chose et de quoi ?
19:20 – Je n'aime pas tellement le mot d'importation,
19:23 le campus de Sciences Po est devenu un campus américain,
19:27 où on essaie de faire régner une forme de terreur,
19:31 au nom du soutien à la Palestine et au Hamas, contre les étudiants juifs.
19:37 Donc c'est à la fois le symptôme de cet antisémitisme que nous évoquions,
19:41 mais aussi de cette propagation du houkisme.
19:44 Donc il faut dire stop, je pense que maintenant,
19:46 chacun, et je me réjouis des positions, des prises de position
19:50 – Les positions étaient très fortes de la main du chapitre.
19:52 – Du président de la République, du Premier ministre qui s'est rendu sur place,
19:55 des poursuites judiciaires et administratives sont engagées,
19:59 mais je pense qu'il faut une réponse politique, une mobilisation,
20:03 les campus doivent être ouverts à tous.
20:06 Moi quand j'étais étudiant, tous les débats étaient possibles,
20:08 on pouvait parler de tous les éléments.
20:10 Donc maintenant il faut que la République, une certaine idée de la France,
20:15 la lutte contre l'antisémitisme et la haine des juifs et d'Israël,
20:18 nous oblige à réoccuper d'une certaine manière ces campus.
20:23 – On voit que la jeunesse est quand même très poreuse,
20:25 elle a des idées très extrêmes, à la fois du côté de l'extrême droite,
20:29 à la fois du côté de l'extrême gauche.
20:31 Est-ce que c'est quelque chose qui est inquiétant d'après vous ?
20:33 Est-ce que c'est quelque chose aussi qu'on voit à l'œuvre du coup dans les campus ?
20:37 – Ça n'est pas nouveau au fond que la jeunesse puisse être gagnée
20:40 par des idées plus radicales, mais évidemment le racisme,
20:44 l'antisémitisme sont des délits, ils n'ont aucune place,
20:47 et encore plus, et davantage une forme de sectarisme.
20:51 Et puis c'est vrai, il y a une forme de relativisme dans la jeunesse,
20:54 façonnée aussi par les images, tout ce débat aux États-Unis,
20:57 que je crois utile sur l'interdiction de TikTok,
21:00 qui à travers les algorithmes au fond est en train de créer une forme d'imaginaire
21:05 sur ce qui se passe au Proche-Orient ou sur d'autres sujets.
21:08 Donc il faut agir de manière extrêmement résolue.
21:11 La liberté, l'engagement politique, les idées, même radicales,
21:16 elles sont utiles dans le débat, mais là il y a une forme de basculement
21:19 qui est évidemment très inquiétant et qui doit nous alerter.
21:22 Je reviens juste sur Sciences Po, on a quand même aussi un directeur
21:25 qui est démissionnaire parce qu'il va être envoyé devant le tribunal correctionnel
21:28 pour violence conjugale. Avant lui, un autre directeur démissionnaire
21:31 parce qu'il avait couvert un éminent professeur accusé d'agression sexuelle.
21:35 Qu'est-ce qui se passe dans cette institution ?
21:37 Est-ce qu'il y a quelque chose de délétère alors que c'est une institution
21:39 quand même très emblématique de la République ?
21:41 Oui, c'est une grande institution qui forme nos élites,
21:44 et il faut se réjouir d'avoir ce type d'école.
21:46 Je pense que c'est un sujet plus général sur l'ensemble de nos universités.
21:49 Il faut que les directions des universités, les présidences, le monde enseignant,
21:53 réagissent d'une certaine manière et se rendre compte qu'on est face
21:57 à une dérive qui est tout à fait insupportable.
21:59 La une du point, Armelle Le Goff, ce matin.
22:01 Oui, la une du point concernant la France et sa défense.
22:04 Est-ce qu'on est à la hauteur ? La guerre en Ukraine a fait voler en éclat
22:07 des décennies de doctrines militaires tournées vers la paix en Europe et en France
22:12 et aujourd'hui les lignes ont bougé.
22:14 Nous sommes-nous prêts ? Est-ce qu'on est prêts ? Est-ce que le point répond à ça ?
22:17 Oui, et il répond plutôt par la négative.
22:19 Merci beaucoup Armelle Le Goff, directrice adjointe de la rédaction du point.
22:23 Florelle Hernandez, qui est aussi notre partenaire,
22:26 elle est rédacteure en chef de 20 minutes.
22:28 C'est un partenaire de face au territoire.
22:30 Elle a une question à vous poser. Manuel Valls, on l'écoute.
22:32 Manuel Valls, bonjour. Les élections européennes sont le 9 juin.
22:35 Aujourd'hui, vous n'êtes sur aucune liste, apparenté à aucun parti.
22:39 L'adrénaline des meetings, des débats ou d'une campagne, ne vous manque-t-elle pas ?
22:43 Pas forcément cette adrénaline que j'ai déjà connue.
22:48 Mais bon, moi je m'exprime très régulièrement sur la Corse, sur l'Ukraine,
22:54 sur ce qui se passe évidemment.
22:56 Il ne parlait pas de ça. Il parlait de…
22:58 Oui, mais je m'y ai bien compris. Il y a la question et la réponse.
23:00 À la Georges Marchais.
23:02 Un peu. Belle référence. Il n'y a que vous et moi qui allons la comprendre.
23:06 Vous exagérez un peu.
23:08 Non, ça ne me manque pas.
23:10 Mais ce qui me passionne plus que jamais, c'est l'avenir de notre pays,
23:14 dans cet ensemble qui me paraît nécessaire, qui est plus que jamais nécessaire,
23:18 qui est l'Europe, et qu'on répond à des questions comme celle de la Une du Point.
23:22 Peut-être que nous ne sommes pas prêts, mais il y a une chose qui est sûre,
23:24 c'est qu'il faut s'y préparer.
23:25 Merci beaucoup. La Une de 20 minutes.
23:27 Rapidement, donc, aux partenaires de face au territoire,
23:29 vous la voyez, l'ultra-droite souffle sur la Brèce.
23:33 Merci beaucoup et à très vite.
23:36 Armel Le Goff, directrice adjuncte de la rédaction du Point.
23:38 Dans un instant, Tom Benoît, du géostratégie, sur ce plateau.
23:41 Bonjour Tom Benoît.
23:45 Bonjour.
23:46 Vous avez compris que Manuel Valls a connu George Marchais.
23:48 Ce n'est pas vraiment ce que vous allez...
23:50 Ah si, je l'ai connu également.
23:52 On m'a interviewé à l'occasion, un jour, on m'a demandé un personnage illustre,
23:55 dont je ne partageais pas les idées, mais que je pouvais saluer.
23:58 J'avais cité George Marchais.
24:00 Voilà. Faut-il passer à une économie de guerre ?
24:02 Alors, la grande question, j'entends parler ci et là d'une possible économie de guerre.
24:05 Raphaël Glucksmann l'a évoqué.
24:08 Une économie de guerre, mal nommer les choses, c'est contribuer au malheur du monde.
24:11 Ça constitue potentiellement pouvoir lever de l'impôt pour un effort de guerre,
24:14 pour protéger la nation.
24:16 Est-ce que la France pourrait, vous qui avez été Premier ministre,
24:19 se mettre en économie de guerre pour l'Ukraine ?
24:21 Mais d'une manière ou d'une autre, la France et l'Europe doivent se préparer
24:26 à investir davantage, donc ça peut passer par ce type de mode opératoire,
24:32 investir davantage pour nos budgets de défense,
24:36 pour produire de la poudre, des munitions, des obus, des missiles, des chars, des avions,
24:42 pour nous-mêmes et pour en fournir aussi à l'Ukraine.
24:45 Donc de toute façon, la question du niveau de dépense pour le défense...
24:49 C'est très important tout de même, consacrer l'essentiel de son économie pour la guerre,
24:53 donc à l'Ukraine.
24:54 Il y a tellement de préoccupations, évidemment, et parfois peut-être les Français,
24:58 certains l'imaginent, sont loin de cela, ce qui n'est pas vrai.
25:00 Il y a encore aujourd'hui une enquête d'opinion qui sort et qui montre que les Français sont très conscients.
25:05 Mais c'est le rôle notamment du président de la République, c'est de leur montrer
25:08 qu'ils sont très conscients des risques, des risques de guerre,
25:12 de ce que représentent aujourd'hui comme menace Vladimir Poutine et la Russie.
25:16 Pour la France également, si l'Ukraine venait à perdre.
25:19 Voilà, exactement.
25:20 Donc cela veut dire que de toute façon, dans le monde instable dans lequel nous sommes,
25:24 avec la menace terroriste, la guerre en Ukraine, ce qui se passe au Proche-Orient,
25:27 le rôle éventuel de l'Iran, il faut se préparer à investir davantage.
25:32 C'est vrai pour tous les pays.
25:33 On voit que tous les budgets augmentent, de la Grèce à la Pologne.
25:37 Donc cela veut dire qu'il faut trouver les moyens, alors qu'on nous parle d'augmentation de la dette,
25:41 des déficits et de nombreuses priorités qu'il faut financer.
25:44 Alors, pour poursuivre, vous avez été donc Premier ministre de François Hollande.
25:48 François Hollande, dans un discours au Bourget, avait dit "mon ennemi n'a pas de visage chez le monde de la finance".
25:53 Et donc je vais séparer le principe de banque universelle.
25:56 Les banques d'affaires ne seront plus des banques de dépôt.
25:58 Il faut rappeler, rapport de la Commission européenne, que les pays de l'Union européenne
26:03 ont soutenu les banques de l'Union à hauteur de 1 600 millions entre 2008 et 2011.
26:08 François Hollande, et la question c'est celle-ci, n'a pas répondu à cette promesse.
26:13 Il n'y a pas eu de loi de séparation bancaire.
26:15 Pourquoi est-ce que le principe de banque universelle n'a pas été interrompu ?
26:20 Oui, ça a été rappelé plusieurs fois, je ne l'oublie pas, mais il faut que vous l'invitiez, François Hollande.
26:25 Ecoutez, cette phrase a été tellement commentée.
26:28 Nous avons en Europe, et notamment en France, un système bancaire qui a plutôt tenu,
26:32 grâce évidemment au soutien que vous avez vexé, contrairement à ce qui s'est passé notamment aux Etats-Unis.
26:37 C'est là ce qui a provoqué une crise financière majeure en 2008.
26:41 Mais il y a beaucoup plus de banques aux Etats-Unis.
26:43 Oui, bien sûr, mais ce système bancaire...
26:44 Nous avons 5 mégas banques.
26:45 Ce système bancaire a plutôt tenu.
26:48 Ça ne veut pas dire qu'ensuite on ne réfléchisse pas notamment sur la question des profits des banques
26:52 ou d'un certain nombre de grandes entreprises.
26:54 En dehors même de ce sujet.
26:55 Bien sûr.
26:56 Mais est-ce que c'était un effet d'annonce de François Hollande qui voulait faire l'amalgame
26:58 entre mon ennemie, c'est le monde de la finance, je suis très à gauche par rapport aux socialistes,
27:03 ou effectivement je suis conscient qu'il y a un risque entre les activités de dépôt
27:07 et les activités d'affaires des banques ?
27:09 Parce que tout le monde n'a pas compris.
27:11 Je crois que le message, c'était en effet un message de campagne électorale puissant.
27:16 Vous étiez son directeur de communication sur la campagne.
27:18 Oui, absolument.
27:19 Mais moi-même j'étais surpris par cette annonce dans un discours qui a créé un impact et une dynamique.
27:26 Et votre ministre des Finances, quelques années plus tard, Michel Saplin, avait déclaré
27:30 "Nous sommes les amis de la finance et de la bonne finance", ce qui est tout de même antagonique.
27:34 Oui, ce qui veut bien dire qu'il y a parfois un fossé.
27:37 Il faut y faire attention.
27:38 Les Français sont sensibles entre les déclarations de campagne et la réalité de l'action gouvernementale.
27:44 Bon, très bien, mise au point. Petit point sur l'économie française.
27:47 Qu'est-ce qui se passe aujourd'hui ? On s'est endetté à hauteur de 284 milliards sur les marchés.
27:51 Donc Bruno Le Maire, le ministre des Finances, nous dit pour autant, il faut faire 12 milliards d'économies,
27:55 15 milliards, 10 milliards, on est à l'euro près.
27:57 On est à l'euro près, mais on s'endette à des montants records.
28:00 Qu'est-ce qui se produit exactement en France ?
28:02 Oui, mais je crois qu'à ce stade, la parole de la France reste évidemment crédible.
28:06 Il y a eu beaucoup de financements, beaucoup d'endettements, y compris au niveau européen.
28:12 Donc en avril, les agences de notation ne vont pas baisser la note de la France ?
28:16 C'est un risque, c'est pour cela quand même qu'il faut faire un effort.
28:19 Mais il faut bien expliquer les choses.
28:22 Parce que d'un côté, on explique, et je viens de le faire, qu'il faut davantage d'efforts en matière de défense.
28:27 Et de l'autre côté, qu'il faut faire des économies.
28:30 Et il faut dire où et comment.
28:32 La santé, 500 millions.
28:34 Et le seul message qui est passé, c'est qu'on allait s'attaquer à notre système social.
28:38 Ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas faire des efforts en termes de protection sociale.
28:42 Mais attention à ne pas donner le sentiment, je reviens à votre question précédente,
28:48 où ce sont les plus faibles, les plus pauvres, les classes moyennes qu'on touche davantage, qu'on cogne.
28:56 Alors que la finance, ou les grandes entreprises qui font d'immenses profits,
29:00 ne seraient pas concernées par l'effort qu'il faut faire.
29:02 – Là aussi, il y a un homme de poche.
29:04 Alors là, une de géostratégie.
29:06 Que se produira-t-il si la France sortait de l'euro ?
29:08 De gros dossiers, une interview que m'a accordé Henri Proglio, également sur le nucléaire.
29:12 Et un dossier exclusif que nous faisons paraître sur un scandale monégasque
29:16 qui a été dévoilé par mes confrères du Monde, il y a quelques semaines.
29:19 Des malversations, prise de pouvoir au palais d'un certain Salim Zaghdar,
29:23 nouvel administrateur, pour le moins surprenant, du Prince.
29:26 Et un ancien administrateur, Claude Palmeiro, dont l'honnêteté, la probité,
29:31 lui est de toute part à Monaco, qui a été poussé vers la sortie pour des raisons surprenantes.
29:35 Nous avons également…
29:36 – Vous vous intéressez à Monaco ?
29:38 – Je connais un peu Monaco, je connais…
29:40 – Vous avez été candidat ?
29:41 – Le Prince, oui, j'y ai passé…
29:43 – À la députation des Français de l'étranger ?
29:45 – Une journée et demie, donc ça ne me donne pas une connaissance,
29:47 mais je vais lire avec beaucoup d'intérêt, sur tous les sujets.
29:49 – Et nous avons une tribune de l'ancien directeur général du SIGFAN de Monaco, également,
29:53 qui a démissionné deux ans avant la fin de son mandat, pour des raisons encore obscures.
29:57 – Vous allez peut-être invité tout de suite à Monaco.
29:59 – La relation France-Monaco, elle est saine ?
30:03 – Elle mérite une très grande transparence.
30:05 – Donc ce n'est pas le cas.
30:07 Merci Emmanuel Valls, c'est notre invité,
30:09 dans "Face au territoire", sur TV5MONDE,
30:11 dans un instant, Demet Korkmaz,
30:13 qui travaille à la rédaction de TV5MONDE à l'international.
30:17 Merci Tom Benoit.
30:18 – Merci à vous, merci Emmanuel Valls.
30:19 [Générique]
30:21 – Bonjour Demet Korkmaz.
30:22 – Bonjour.
30:23 – On part pour Gaza avec vous, malheureusement.
30:25 – Oui, la situation à Gaza, le chef de l'UNRWA dénonce une guerre contre les enfants.
30:30 Dorénavant, le nombre d'enfants tués en 4 mois à Gaza,
30:34 dépasse le nombre d'enfants tués en 4 ans de guerre dans le monde.
30:39 Est-ce que vous pensez qu'Israël est toujours en droit de se défendre ?
30:44 – Oui, l'avantage avec moi sur ce sujet-là, c'est que je suis clair et cohérent.
30:50 – Vous n'êtes pas sensible à la situation humanitaire, à la situation des enfants ?
30:54 – Je suis sensible à la situation humanitaire,
30:57 effrayé par le nombre de victimes de ce conflit,
31:03 effrayé par le nombre de victimes palestiniennes,
31:05 qui sont d'abord victimes, ne l'oublions jamais, du Hamas,
31:08 puisqu'elles font de ces populations leur bouclier.
31:11 Vous savez, il y aurait une manière très claire d'arrêter la guerre,
31:14 c'est de délivrer tous les otages, de rendre les armes de la part du Hamas.
31:19 D'ailleurs, j'entends peu les chancelleries,
31:22 les ministres des Affaires étrangères rappeler cette évidence.
31:26 Et puis, permettez-moi quand même de vous dire très nettement
31:30 que tout ce que dit l'UNRWA, me paraît aujourd'hui,
31:34 cette agence qui s'occupe des réfugiés, des Palestiniens depuis 1948,
31:40 me paraît sujette à caution.
31:42 Je pense que cette organisation doit être dissoute,
31:45 remplacée par une autre forme d'aide aux Palestiniens qu'ils nécessitent.
31:49 L'ONU ne semble pas penser que vous...
31:52 Oui, mais je pense que l'ONU et son secrétaire général sont discrédités sur ce sujet.
31:55 Vous mettez en cause M. Guterres ?
31:58 Oui, bien sûr, et que plusieurs dizaines de personnes de l'UNRWA
32:01 aient été impliquées dans l'attentat, dans l'attaque terrible du 7 octobre,
32:07 discrédite ces agences.
32:09 Sur plusieurs milliers de personnels ?
32:11 Oui, mais 90% des permanents de cette organisation,
32:15 qui sont à Gaza, qui sont des enseignants,
32:18 qui sont liés d'une manière ou d'une autre,
32:20 volontairement ou involontairement, au Hamas, sur la bande de Gaza.
32:22 Sympathisant ne veut pas nécessairement dire avoir les mains tachées de sang ?
32:25 Non, bien sûr, mais être sympathisant du Hamas pose déjà, de mon point de vue,
32:28 un problème. Cette organisation mise au banc des nations,
32:31 une organisation terroriste fondée par les frères musulmans,
32:35 pose un vrai problème.
32:36 Après, j'espère qu'on trouvera des solutions.
32:39 Il faut des solutions pour les Palestiniens, bien évidemment.
32:43 Mais, écoutez, Israël a subi une attaque qui met en cause sa propre existence
32:48 et il est, au fond, assez logique qu'elle cherche à en finir avec l'appareil politico-militaire.
32:54 Aujourd'hui, les Américains aussi, Joe Biden aussi,
32:56 commencent à critiquer la position de Benjamin Netanyahou.
33:00 Mais alors, qui pour discuter d'une sortie de guerre ?
33:04 Mais, de toute façon, Israël est une démocratie,
33:07 a un gouvernement d'union aujourd'hui.
33:11 Moi, je n'ai aucune sympathie pour Benjamin Netanyahou,
33:14 encore moins pour son gouvernement et pour ses ministres d'extrême droite.
33:18 La population israélienne s'est d'ailleurs mobilisée,
33:20 notamment ceux qui étaient dans ces kibbouts attaqués par le Hamas.
33:24 Mais, ça va faire une erreur de penser que,
33:27 quand il y aura un changement de Premier ministre et de majorité en Israël,
33:30 ça changera quelque chose.
33:32 Quant au but des Israéliens et de la population israélienne,
33:36 qui est d'obtenir une protection, c'est de vivre en sécurité.
33:39 Ils ne peuvent pas vivre avec une organisation terroriste qui veut sa fin.
33:43 Et en plus, vous le savez parfaitement, avec les risques qui existent,
33:46 qui sont en plus d'une autre ampleur,
33:49 d'un affrontement, d'une confrontation avec le Hezbollah
33:53 et à terme avec l'Iran.
33:55 Donc, nous sommes dans une situation extrêmement tendue.
33:57 Mais, il est logique que Israël veuille en finir avec le Hamas
34:01 et avec les dirigeants du Hamas, qui aujourd'hui sont protégés,
34:04 d'une certaine manière, comme des boucliers aux humains,
34:06 par les otages dont ne connaissons pas, par ailleurs, le sort.
34:10 Revenons en Europe.
34:13 Bruxelles veut généraliser les méga camions,
34:16 ou en tout cas, faciliter les facilités à la circulation.
34:20 Est-ce que ce n'est pas en contradiction avec le Green Deal de l'Union européenne ?
34:26 Comment vous avez...
34:28 Par moment, les décisions ne sont pas lisibles.
34:31 Je ne connais peu ce dossier, mais cela me paraît...
34:34 Ils peuvent mesurer jusqu'à 25 mètres.
34:37 C'est un terrain pénissant.
34:39 Cela me paraît totalement en contradiction,
34:41 notamment avec ce qu'on a dit il y a encore quelques années
34:44 sur les grandes lignes ferroviaires, sur le fret...
34:47 Qui risque de perdre 20% de parts de marché.
34:50 Ursula von der Leyen est candidate à sa succession.
34:53 Quel est... Quel bilan ?
34:56 Moi, je suis nuancé, parce que, d'une certaine manière,
34:59 elle a réussi à incarner l'Europe au moment des crises,
35:03 comme si, au fond, l'Europe était forte quand il y avait des crises.
35:07 D'une certaine manière, moi, je me réjouis que l'Europe ait été capable,
35:11 parfois avec un temps de retard, mais tout de même,
35:13 rappelez-vous ce qu'on nous racontait au début
35:15 sur le fait que l'Europe était en retard par rapport à l'Asie.
35:17 Je veux parler de la crise sanitaire, de la crise du Covid.
35:21 Et là, l'Europe, par les achats mutualisés,
35:24 par aussi la mutualisation de la dette,
35:26 ou là, en montrant une vraie unité, je crois,
35:29 sur le dossier ukrainien ou énergétique,
35:31 a su, d'une certaine manière, être capable
35:34 d'avoir une force politique et stratégique.
35:37 Au fond, c'est ça, l'Europe.
35:38 Et peut-être de moins s'occuper de sujets,
35:41 d'être en permanence en train de créer des normes
35:45 qui, en matière de transport ou d'agriculture,
35:48 font reculer l'idée d'Europe auprès de pans entiers de nos populations.
35:52 Dernière question. La France aux JO.
35:54 En tout cas, Ayad Akamora crée la polémique.
35:58 Il semblerait qu'elle puisse chanter à l'inauguration des JO.
36:03 Pourquoi est-ce que Ayad Akamora ne serait pas légitime à représenter la France ?
36:07 Elle est tout à fait légitime à la représenter.
36:10 Je ne suis pas un spécialiste de sa chanson,
36:12 mais moi, j'aime en plus beaucoup la culture africaine, malienne et franco-malienne.
36:18 Elle chante en français.
36:19 Oui, mais on parle français, ou on parlait beaucoup français.
36:22 Elle est la chanteuse française la plus écoutée dans le monde.
36:25 Je ne l'apprécie pas. La polémique pose question.
36:30 Et puis, je peux vous dire que j'en ai un peu assez, d'ailleurs, des polémiques sur les JO.
36:33 On a la chance d'avoir des JO, après 100 ans d'attente, des candidatures ratées.
36:39 Paris va être le centre du monde.
36:40 C'est la plus belle ville du monde.
36:41 On va avoir des JO, je l'espère, extraordinaires.
36:43 Et tous ces sujets à polémiques.
36:45 Vous trouvez Paris préparé ?
36:47 Je crois qu'on sera prêt.
36:50 Il y a des polémiques sur l'affiche, la polémique sur la chanteuse.
36:52 Il y a évidemment les inquiétudes, et c'est normal, sur les risques sécuritaires.
36:57 On devrait être enthousiastes, heureux.
37:00 Enfin, la France sera, je l'espère, au centre du monde
37:04 et démontrera sa capacité à organiser une nouvelle fois de grands événements.
37:08 Soyons un peu positifs et un peu moins ronchons.
37:11 D'ailleurs, les Américains ne demandent pas à Beyoncé, par exemple,
37:14 de chanter de la country pour représenter les États-Unis.
37:17 C'est drôle.
37:18 Trump, Biden, vous voyez un vrai risque en novembre prochain aux États-Unis
37:23 d'une accession au pouvoir de Donald Trump.
37:26 Oui, je crois qu'il y a un risque.
37:28 Vous serez américain, vous voteriez Biden.
37:30 Oui, mais quand on est Français, Européens, on a tous voté Obama,
37:34 on a tous voté Hillary Clinton, mais vous le savez parfaitement,
37:37 c'est comme ça, les Américains qui décident,
37:39 même s'il y a une espèce de vertige à se dire
37:41 que ça va se jouer dans quelques comtés de quelques États.
37:44 C'est swing state.
37:45 Et même dans ces États, ce sont même les comtés qui jouent.
37:49 12 000 voix la dernière fois en Géorgie ont séparé Joe Biden de Donald Trump.
37:53 12 000 voix.
37:55 Il y a sans aucun doute d'un point de vue extérieur un vrai sujet
37:58 sur la démocratie américaine et sur la volonté de revanche de Donald Trump,
38:03 mais les conséquences pour nous, Européens, je l'ai dit tout à l'heure,
38:06 seraient gigantesques.
38:08 Mais il faut s'y préparer.
38:10 Il ne faut pas faire en se disant que les Américains vont nous sauver.
38:13 Non, nous, nous devons être prêts par rapport aux risques
38:16 que représenteraient Trump, notamment sur le dossier ukrainien.
38:19 – Manuel Valls, merci d'avoir été notre invité.
38:21 Une dernière question, un ancien Premier ministre,
38:23 ça fait quoi de ces journées ?
38:25 Et est-ce que c'est vrai qu'on est rémunéré,
38:28 quand on est un ancien Premier ministre, pour aller faire des conférences,
38:31 pour être présent dans des colloques ?
38:33 Et, entre guillemets, combien s'est rémunéré un ancien Premier ministre ?
38:37 – D'abord, un ancien Premier ministre n'est pas rémunéré par l'État,
38:41 contrairement au Président de la République,
38:44 parce qu'il est membre du Conseil constitutionnel.
38:46 Donc, nous avons pratiquement…
38:48 – Vous savez que les Français sont sensibles à ces questions-là.
38:50 – Je le sais bien, mais je préviens que le Premier ministre ne touche rien de l'État.
38:54 Il peut avoir une protection, une voiture, mais voilà, c'est ma chaire.
38:57 Et un collaborateur ou une collaboratrice à ses côtés pour l'aider.
39:01 – Il peut aller faire une conférence à l'étranger.
39:03 Est-ce qu'il y a des barèmes ? Est-ce que ça fonctionne comme pour les artistes ?
39:06 – Non, il n'y a aucun barème, il n'y a aucune règle,
39:09 sinon de déclarer ses revenus.
39:11 Et la seule chose que je peux vous dire, c'est que moi j'en fais très peu.
39:13 Et donc, je participe à beaucoup de colloques, de conférences.
39:17 Alors, on peut vous payer l'avion ou l'hôtel.
39:21 Alors, je le dis, ce n'est pas au Seychelles, ce n'est pas à l'île Maurice.
39:24 Je me suis déplacé en Ukraine, en Israël ces derniers temps,
39:28 pas pour des conférences d'ailleurs, pour assister à des conférences,
39:31 ou y intervenir, mais ce ne sont pas des paradis actuellement.
39:35 Ce sont des pays en guerre.
39:37 Et ce que fait un Premier ministre, au fond, moi j'essaie d'être utile
39:40 par mon expérience au débat, je m'intéresse à ce qui se passe dans le monde.
39:45 Et j'essaie au fond d'apporter cette expérience et ce regard aussi
39:50 sur ce qui se passe à mes compatriotes, parce que je pense qu'on est dans un moment historique
39:53 qu'il faut être très attentif à ce qui va se passer, on ne peut pas être indifférent.
39:57 – Merci d'avoir été notre invité ce matin dans cette émission,
40:01 "Dans face au territoire", sur TV5 Monde.
40:03 Manuel Valls, merci Démet Korkmaz, on se retrouve jeudi prochain bien sûr,
40:06 même heure, même adresse, les programmes continuent sur TV5 Monde.
40:09 Au revoir à tous.
40:10 [Musique]

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