Rembob'INA met à l'honneur un pianiste de légende, le français Samson François, grand virtuose romantique, mort en 1970 à seulement 46 ans. 25 ans après sa disparition, Eve Ruggieri lui consacrait un « Musiques au coeur » en compagnie de ses proches et collaborateurs, Bruno Rigutto, Pierre Petit et Claude Santelli, avec d'incroyables archives.
Un numéro passionnant, issu de cette émission variée et qualitative, à la fois populaire et pointue, le rendez-vous cathodique incontournable des amoureux de la grande musique pendant presque 30 ans.
INVITES :
Eve Ruggieri, écrivaine et productrice
Richard Poirot, INA
C'est une plongée dans l'histoire de notre pays au travers des trésors cachés de la télévision. Fictions, documentaires, magazines d'actualité, émission de divertissements, débats politiques...
Le dimanche, Patrick Cohen nous invite à jeter un coup d´oeil dans le rétroviseur de notre petite lucarne. En présence d´acteurs ou de témoins de l'époque, de spécialistes des archives de l´INA, Patrick Cohen revient sur les grandes heures de la télévision. Emblématiques ou polémiques, ces programmes ont marqué les esprits et l'histoire du petit écran.
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NewsTranscription
00:00:00 Générique
00:00:01 ...
00:00:21 -Bonjour à tous. Bienvenue à "Rambo Mina",
00:00:24 l'émission des grands artistes du XXe siècle,
00:00:27 avec un numéro consacré aujourd'hui
00:00:29 à Samson François, pianiste de légende,
00:00:31 grand virtuose romantique,
00:00:33 mort à 46 ans seulement, en 1970,
00:00:37 après avoir, dit-on, brûlé sa vie.
00:00:40 Bonjour, Eve Rudjery. -Bonjour, Patrick.
00:00:42 -Nous allons revoir avec vous le bel hommage
00:00:45 que vous avez consacré à Samson François,
00:00:47 25 ans après sa disparition,
00:00:49 dans un numéro de "Musique au chœur",
00:00:51 l'émission que vous avez longtemps animée
00:00:54 sur Antenne 2, puis France 2.
00:00:56 Ca fait maintenant plus d'un demi-siècle
00:00:58 que Samson François a cessé de jouer,
00:01:01 mais c'est un artiste dont le souvenir reste vivace,
00:01:04 dont les enregistrements continuent à être écoutés.
00:01:07 -Je le pense, parce que s'il n'est pas écouté,
00:01:09 ce serait dommage, en tout cas, par ceux qui lui ont succédé.
00:01:13 J'ai l'impression que,
00:01:15 comme Callas,
00:01:17 comme...
00:01:18 Nourieff, enfin, tous ces grands personnages
00:01:22 qui sont toujours très présents longtemps après leur mort,
00:01:25 Samson François, pour les musiciens,
00:01:28 reste exceptionnel.
00:01:29 Plus personne après n'a joué du piano
00:01:31 comme il en a joué.
00:01:34 -Ah oui, à ce point, il porte
00:01:37 sa marque
00:01:39 dans les pièces qu'il... -Il est unique.
00:01:42 -Qu'il entreprend. -Il est unique.
00:01:44 Aussi physiquement, je pourrais dire,
00:01:46 parce que, bon, je suppose que dans les...
00:01:49 les extraits que vous avez choisis,
00:01:52 il les présente très bien,
00:01:53 mais dans la vérité, il était insensé.
00:01:56 Et moi, la première fois que j'ai eu l'occasion de le voir,
00:01:58 j'avais 14 ans, on est arrivés à Nice avec mes parents,
00:02:02 et ils donnaient un concert au centre universitaire méditerranéen,
00:02:05 mes parents m'avaient dit, Samson François,
00:02:08 quand on veut faire de la musique vraiment,
00:02:10 on ne peut pas le rater.
00:02:11 Et on nous avait donné un programme où il apparaissait angélique,
00:02:15 très beau, avec une mèche romantique comme ça,
00:02:17 et quand je suis arrivée dans la salle et qu'il est rentré,
00:02:20 j'ai vu une sorte de...
00:02:22 Une sorte de crapaud, un peu, comme ça,
00:02:24 ça s'affaissait partout, les cheveux tombaient devant les yeux,
00:02:28 il est arrivé péniblement devant son tabouret,
00:02:31 à l'époque, il devait encore être assez jeune,
00:02:34 et il était, en fait, dévasté par les excès de sa vie,
00:02:38 et il a très mal joué, en plus, donc...
00:02:41 Mon père était désespéré, et moi, j'étais déçue,
00:02:45 j'attendais l'arrivée de cet ange,
00:02:47 et j'ai vu arriver ce vieillard...
00:02:49 Dévasté.
00:02:51 -Oui, alors, ceux qui l'ont connu en parlent,
00:02:54 dans votre émission, Bruno Riuto, Pierre Petit,
00:02:57 Claude Santelli, avec des archives formidables,
00:03:00 mais le seul regret, c'est qu'on décrit un personnage
00:03:03 fantasque, excessif, toujours en retard,
00:03:07 mais nous ne pouvons que l'imaginer,
00:03:10 parce qu'on ne le voit pas, évidemment,
00:03:12 dans des interviews ou sur des archives,
00:03:15 avec ce rôle-là.
00:03:17 La seule chose qu'on voit, c'est qu'il fait plus vieux
00:03:20 que son âge, et qu'on se dit qu'il a dû...
00:03:24 -Il y a quelque chose d'égaré dans le regard.
00:03:26 Il avait ce côté un petit peu égaré.
00:03:29 C'était à la fois un homme qui était d'une liberté incroyable,
00:03:34 mais c'était l'homme de la nuit.
00:03:36 C'était quelqu'un qui détestait le jour, la lumière,
00:03:41 il n'aimait que la nuit,
00:03:43 il se rendait dans les clubs de jazz à Paris,
00:03:46 il adorait...
00:03:48 -Il était passionné de jazz. -Il adorait ça.
00:03:51 Il était, surtout à l'époque, aujourd'hui,
00:03:53 on voit des musiciens classiques qui peuvent à la fois
00:03:57 jouer du classique et jouer aussi du jazz,
00:04:00 ça se faisait pas du tout.
00:04:02 Lui avait ce côté, il traînait avec ses amis,
00:04:05 il entraînait jusqu'à pas d'heure le matin,
00:04:07 il essayait de retarder l'arrivée de la lumière le plus possible.
00:04:11 Mais il était...
00:04:13 Au piano, c'était inouï, ce qui arrivait.
00:04:16 -Pour arriver à ce résultat,
00:04:18 évidemment, il a dû énormément travailler,
00:04:20 ça n'est pas simplement comme ça.
00:04:23 -Oui, il a commencé très tôt.
00:04:25 -Il a été l'élève d'une autre légende du piano,
00:04:28 Marguerite Long, la créatrice du concerto en sol de Ravel,
00:04:33 dont le troisième mouvement,
00:04:35 qui est un sommet de virtuosité pianistique,
00:04:38 est l'une des archives de choix de votre émission.
00:04:42 -Oui, et pour cause,
00:04:44 parce qu'on voit la virtuosité inouïe de Marguerite Long,
00:04:49 il faut savoir que Ravel était lui-même
00:04:53 un pianiste virtuose, très difficile à jouer.
00:04:56 Très difficile.
00:04:57 Il faut avoir cette virtuosité,
00:04:59 et en même temps, que ça reste beau,
00:05:01 que le son soit beau.
00:05:02 Et il y avait ça. -Oui, il y avait ça.
00:05:05 Dans l'archive qu'on va voir, on peut dire,
00:05:07 c'est mon sentiment,
00:05:09 c'est pas l'enregistrement du disque qu'on connaît,
00:05:12 qui était fait à Pléiel avec Cluitin, je crois,
00:05:15 on peut dire que l'orchestre n'est pas à la hauteur du soliste,
00:05:18 mais le soliste est éblouissant.
00:05:20 -Oui, alors vraiment, c'est comme ça qu'il faut jouer Ravel,
00:05:24 et pas autrement.
00:05:26 -Voilà, et avec du coeur,
00:05:27 pas seulement avec de la technique et de la virtuosité.
00:05:30 -Ce qui m'a toujours fascinée chez Ravel,
00:05:33 c'est que c'est un homme qui n'a pas eu de vie sensuelle,
00:05:37 en tout cas, c'est sûr,
00:05:39 et qui était passionnément épris de sa mère,
00:05:42 quand sa mère est morte,
00:05:44 la vie de Ravel s'est effondrée, la vie insentimentale,
00:05:47 et en même temps, il a écrit les partitions
00:05:50 les plus sexuelles.
00:05:52 C'est même pas sentimental, c'est sexuel.
00:05:55 Quand on écoute Daphnis et Chloé,
00:05:57 ou certaines partitions,
00:05:59 c'est...
00:06:00 C'est magique.
00:06:02 -Ravel qui sera au cinéma,
00:06:06 puisqu'un biopic est en train d'être tourné
00:06:09 avec Raphaël Personnaz
00:06:12 dans le rôle de Ravel,
00:06:14 et Emmanuel Devos dans celui de Marguerite Long.
00:06:18 Voilà, dans le casting.
00:06:20 Le film est en tournage et sa sortie est prévue en 2024.
00:06:24 Voici donc, chère Eve Rodgeri, votre musique au coeur,
00:06:27 consacrée à Samson François,
00:06:29 diffusée sur France 2 le dimanche 22 octobre 95,
00:06:33 avec au générique la grande valse brillante de Chopin.
00:06:37 *Musique classique
00:06:43 *...
00:07:13 *...
00:07:21 -Bonsoir.
00:07:22 C'était il y a 25 ans, jour pour jour,
00:07:25 que Samson François nous quittait, probablement,
00:07:28 parce qu'il avait tellement aimé la vie
00:07:30 qu'il l'avait littéralement consumée.
00:07:32 Je ne sais plus qui disait
00:07:34 "Les cimetières sont remplies d'êtres irremplaçables",
00:07:37 rien n'est moins vrai.
00:07:39 Lorsque l'on regarde en arrière un personnage comme Sarah Bernard,
00:07:42 celle que les Américains avaient surnommée Sarah Barnum,
00:07:46 dans ses tournées, n'a jamais été remplacée.
00:07:48 C'est vrai que l'on n'a pas remplacé non plus Maria Callas.
00:07:52 On peut lire dans la presse qu'une nouvelle Maria Callas
00:07:55 est apparue, et puis le rêve sombre.
00:07:57 C'est vrai qu'à ce jour, Samson François n'a jamais été remplacé.
00:08:01 C'est à la recherche de cet être qui était imprévisible,
00:08:04 mais qui était quasi miraculeux,
00:08:06 par là qu'il possédait la clé d'un autre monde
00:08:10 que le nôtre, dans lequel il nous entraînait volontiers.
00:08:13 C'est donc à la recherche de ce Samson François-là
00:08:16 que nous avons décidé de vous entraîner,
00:08:18 en compagnie de trois hommes qui l'ont très bien connu,
00:08:21 l'artiste et l'homme.
00:08:22 Le pianiste Bruno Rigotto, qui a été, non pas tout à fait son élève,
00:08:26 mais l'auditeur privilégié, si vous préférez.
00:08:29 Pierre Petit, qui est le compositeur et le critique célèbre
00:08:32 que vous connaissez, et qui a très bien connu Samson François.
00:08:36 Et Claude Santelli, qui l'a filmé avec cette sensibilité,
00:08:39 qui est la sienne.
00:08:40 Nous allons tout de suite écouter Samson François,
00:08:43 c'est peut-être la meilleure manière d'en parler.
00:08:46 C'est la valse en sol bémol majeur, et c'est Chopin.
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00:10:57 - "Ponoregutto" c'était donc la valse en sol bémol majeure de Chopin,
00:11:01 interprétée par Samson François. C'est un document de 1954.
00:11:05 C'est le plus ancien de tous les documents
00:11:08 où on le voit filmé jouant du piano.
00:11:11 Est-ce que vous avez gardé de lui l'habitude de recevoir vos élèves en pyjama ?
00:11:15 - Non, je crois pas,
00:11:16 ni avec des valises dans l'entrée.
00:11:18 Des valises dans l'entrée, oui.
00:11:20 Mais c'était vraiment tout à fait étonnant.
00:11:23 J'étais en fait tremblant de traque, comme ça,
00:11:26 et puis un petit bonhomme qui m'ouvre,
00:11:28 et puis déjà ma rose, en plus, comme ça.
00:11:31 Il me dit "Qu'est-ce que c'est ?"
00:11:33 Il y avait un chien qui était là, c'était son petit chien,
00:11:36 et donc il me dit "Qu'est-ce que c'est ?"
00:11:39 Je viens pour ma leçon, il me dit "Excusez-moi,
00:11:41 "vous avez oublié ce que vous pouvez m'attendre."
00:11:44 Je me dis "Qu'est-ce que c'est ?"
00:11:46 Il me dit "C'est une bonne demi-heure."
00:11:48 Je suis rentré dans un appartement qui, visiblement, était en désordre.
00:11:53 On a encore attendu une demi-heure.
00:11:55 Je me souviens de ça très bien,
00:11:57 parce que mon père m'avait emmené en voiture,
00:12:00 m'attendait en bas avec une leçon normale d'une heure.
00:12:03 La leçon a duré six heures durant.
00:12:06 - Six heures ? - Oui, jusqu'à minuit.
00:12:08 Mon père est monté pour voir ce qui se passe.
00:12:12 Il était tout seul chez moi.
00:12:14 C'était assez étonnant, parce qu'il y avait un désordre.
00:12:17 Des partitions partout, des poupées partout,
00:12:20 des instruments, des choses absolument...
00:12:23 - Il y avait des jouets. - Des jouets, c'est ça.
00:12:27 - Beaucoup de jouets. - Des petites voitures.
00:12:29 - Des piles de partitions qui ne servaient pas,
00:12:32 parce qu'elles étaient en piles depuis longtemps.
00:12:35 Une odeur de parfum très forte, qui était...
00:12:38 Je l'ai suis après, qui s'appelle Diorama,
00:12:41 un parfum très envoûtant.
00:12:42 Et puis, quand je suis parti,
00:12:45 il y avait un nuage de fumée autour du piano.
00:12:48 On avait parlé de tas de choses.
00:12:50 On a parlé de De Gaulle, de jazz, de sonorité.
00:12:56 Des choses très étranges.
00:12:57 J'étais sorti d'elle en ayant le sentiment
00:13:00 d'avoir rencontré un professeur un peu banal.
00:13:03 - Est-ce que c'était en même temps que Marguerite Lange,
00:13:06 Marguerite Lange avait pressé... - C'était avant.
00:13:09 Non, oui. J'ai très peu travaillé avec Marguerite Lange.
00:13:13 Je suis allé la voir en préparant le concours,
00:13:15 parce qu'elle recevait les élèves qui se présentaient
00:13:18 à son concours pour voir leur niveau.
00:13:21 Mais je l'ai vue simplement deux fois.
00:13:24 Et c'était tout à fait passionnant.
00:13:27 Elle parlait de Samson, toujours, comme ça,
00:13:30 en disant qu'il avait un jeu extraordinairement suave.
00:13:34 Elle me montrait les signes, comment il jouait en tirant.
00:13:37 - Faites voir comment il jouait. - Je sais pas, il jouait...
00:13:40 - Avec des doigtés absolument impossibles.
00:14:03 - On trouvait les choses qu'on nous disait être interdites
00:14:06 au conservatoire, ou bizarres.
00:14:08 Voilà, les mains pas en sang, parfois.
00:14:11 Mais c'était pas du tout choquant.
00:14:13 C'était... comment dire ?
00:14:15 Euh... étrange. Voilà.
00:14:18 Pourquoi il fait ça comme ça ? Comment ça sonne ?
00:14:21 Il a dit que ça sonne bien, comme ça,
00:14:23 avec cette position de masse. Mais c'était la suavité.
00:14:26 - Puisqu'on parle de suavité, de sonorité,
00:14:29 on va, après Chopin, écouter Debussy,
00:14:31 on va faire ça dans Debussy, c'est la toccata.
00:14:34 Et là encore, c'est cette sonorité
00:14:37 qui était... qui restait incomparable.
00:14:40 - Qui était quelque chose de...
00:14:42 de tout à fait proche de la voix.
00:14:45 Jamais forcée et toujours pleine en même temps.
00:14:48 Il y avait un sentiment, quand on le voyait au clavier,
00:14:51 qu'il était... dedans.
00:14:54 Il disait toujours que quand on devrait pouvoir retirer...
00:14:58 Si on retirait le piano, les ménageurs,
00:15:00 si on retirait le piano, d'un seul coup,
00:15:02 les mains devaient tomber. On devait faire un corps.
00:15:05 - Un seul bloc. - Un bloc.
00:15:07 Et quand il posait ses mains sur le clavier,
00:15:10 on avait le sentiment de la normalité.
00:15:12 La normalité. C'est-à-dire...
00:15:15 C'était dedans.
00:15:16 C'était exactement comme un violoniste
00:15:19 qui est plein dans son archet, plein dans son...
00:15:21 Et ça, c'était frappant, parce qu'il faisait aucun effort.
00:15:24 Il ne cherchait pas. C'était... Boum.
00:15:27 C'était comme ça. C'était plein.
00:15:29 Et les légèretés étaient des légèretés de coups de pinceau.
00:15:33 De...
00:15:35 C'est quelque chose comme ça qui...
00:15:40 Voilà. Il y avait un sens du son, de l'écoute phénoménal.
00:15:45 Musique douce
00:15:47 ...
00:16:14 ...
00:16:43 ...
00:16:54 ...
00:17:14 ...
00:17:34 ...
00:17:54 ...
00:18:14 ...
00:18:34 ...
00:18:55 ...
00:19:15 ...
00:19:31 -Vous n'avez pas l'impression
00:19:33 que c'était quelqu'un de très en avance
00:19:35 dans la manière d'être sur son temps
00:19:38 par rapport à ce qu'on attendait à l'époque
00:19:40 d'un pianiste concertiste ?
00:19:42 -Oui, exactement.
00:19:44 Il avait un personnage et une personnalité
00:19:47 tout à fait hors temps,
00:19:49 mais plutôt en avance, bien entendu.
00:19:52 Je ne crois pas du tout qu'il jouait certaines choses...
00:19:55 Quand il joue le nom de Légato, des passages entiers,
00:19:58 c'est pas par provocation.
00:20:00 C'est simplement parce qu'il avait un sens du relief
00:20:03 qui était bien avance.
00:20:05 Il n'était pas dans la tradition de ce qu'on faisait à l'époque.
00:20:09 Il n'était pas dans la tradition ancienne non plus,
00:20:12 jamais, de Fischer, de Cortot, de gens comme cela.
00:20:16 Mais c'était un inventeur.
00:20:18 Je crois que même lui-même ne savait pas toujours
00:20:21 pourquoi il trouvait des choses.
00:20:23 Je me rappelle une phrase concernant un élève.
00:20:28 J'ai joué chez lui le "Premier nocturne" de Chopin.
00:20:31 Il me dit, "Vous savez, 'Premier nocturne',
00:20:33 "c'est comme quand on rentre dans un immeuble
00:20:36 "et on entend au loin une mélodie,
00:20:38 "et on sait pas d'où ça vient.
00:20:40 "On la cherche et on dit, 'Ah, c'est ça.'"
00:20:43 On est guidés.
00:20:44 Il faut commencer comme ça.
00:20:46 Et on trouve, ça vient de là.
00:20:50 Il m'avait dit, "C'est la même atmosphère que ça."
00:20:53 C'était complètement...
00:21:00 - Chopin-Gershwin, même. Surprenant.
00:21:02 - Surprenant, n'est-ce pas ? On rentre chez soi,
00:21:05 "Est-ce que je peux raconter qu'on m'a enseigné comme ça ?"
00:21:08 Donc, il avait eu le courage déjà d'aller confronter le jazz
00:21:11 à la musique classique, largement.
00:21:14 Et puis, il se moquait un petit peu de ce qu'on pensait de lui.
00:21:17 Il avait un sentiment d'être...
00:21:20 sans prétention, mais d'être unique.
00:21:22 - Il l'était. C'est un sentiment justifié.
00:21:24 Mais j'écoutais un jeune élève au piano qui disait,
00:21:29 "Un prof comme Samson François, on devait s'éclater vraiment."
00:21:32 Vous êtes prof au conservatoire, maintenant ?
00:21:35 Est-ce qu'on s'éclate avec Bruno Rigotto ?
00:21:37 - Il faut demander à mes élèves.
00:21:39 Je ne suis pas certain qu'on s'éclatait avec lui.
00:21:41 Il était tout de même très, très, très sévère,
00:21:45 gentil, mais sévère, ferme, disons.
00:21:48 On n'avait pas de relation copain-copain avec lui.
00:21:52 - Il t'a amené dans des boîtes de jazz ?
00:21:54 - Oui, il m'a amené dans des endroits pour montrer.
00:21:57 (Musique)
00:22:00 (Musique)
00:22:02 (Musique)
00:22:04 (Musique)
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00:22:19 (Musique)
00:22:21 (Musique)
00:22:23 (Applaudissements)
00:22:25 (Applaudissements)
00:22:27 (Applaudissements)
00:22:30 (Applaudissements)
00:22:32 (Musique)
00:22:34 (Musique)
00:22:36 (Musique)
00:22:38 (Musique)
00:22:40 (Musique)
00:22:43 (Musique)
00:22:45 - Qu'est-ce qui vous a appris ?
00:22:47 - La vie.
00:22:49 Le sens de la vie, le sens de...
00:22:52 Je veux dire, les odeurs,
00:22:55 les parfums, la poésie,
00:22:57 récupérer les atmosphères, savoir capter l'instant,
00:23:01 savoir que c'est plus important que de penser à long terme.
00:23:05 Et puis un comportement généreux.
00:23:07 Voilà, c'était vraiment ce qui ressortait tout de suite.
00:23:10 Quand, après un concert, il y avait 30 personnes qui allaient dîner avec lui
00:23:13 parce qu'il les avait tout le temps invitées à dîner juste après,
00:23:16 quand il le fait visiter, c'est étonnant,
00:23:18 parce qu'on arrive dans un restaurant à 30, 35,
00:23:20 comme ça, les gens étaient ravis.
00:23:22 Il avait probablement perdu la moitié de son cachet au restaurant.
00:23:25 Mais c'était... Voilà, c'était...
00:23:28 - Est-ce qu'on peut être musicien sans être généreux ?
00:23:30 - Ah, certainement pas. Certainement pas.
00:23:32 En tout cas, on ne peut pas aller très loin dans l'expression,
00:23:37 on ne peut pas aller être...
00:23:39 On ne peut pas...
00:23:40 D'abord, on ne peut pas rencontrer les compositeurs si on n'est pas généreux,
00:23:42 parce qu'on ne peut pas jouer Schumann, ni Beethoven.
00:23:47 Enfin, il faut donner.
00:23:48 - Beethoven, c'était pas son cheval de bataille.
00:23:52 - Mais je ne pense pas qu'il avait la...
00:23:53 - C'était une musique de campagne, de prison.
00:23:55 - C'était un humour.
00:23:56 "Premier radical socialiste", disait-il.
00:23:58 Pourquoi ? Je n'ai jamais su pourquoi.
00:23:59 - Oui, "Premier radical socialiste".
00:24:01 - Mais parce qu'il trouvait ça un peu...
00:24:03 Que la forme était un petit peu autoritaire, académique pour lui.
00:24:07 Et comme Samson n'aimait pas trop ce qui était barrière, passage clouté,
00:24:13 tout ça, ça le gênait un tout petit peu.
00:24:15 Il est évident qu'on ne peut pas roubatiser énormément
00:24:19 dans la sonate au clair de lune.
00:24:20 Mais bon, ça le gênait, en fait.
00:24:23 Tout un monde germanique était un petit peu...
00:24:27 Ça l'empêchait d'inventer, disons.
00:24:29 - Oui, il n'était plus méditerranéen que...
00:24:31 Bon, vous avez été, en fait, on ne peut même pas dire son élève,
00:24:34 mais l'auditeur privilégié de Samson François.
00:24:38 Et vous êtes le seul dans les pianistes français.
00:24:41 Et vous avez eu de grands professeurs.
00:24:43 On va faire la lésion, Margrethe, tout à l'heure.
00:24:45 Mais est-ce que c'est une chose assez irremplaçable dans votre vie,
00:24:48 le passage Samson François ?
00:24:50 Le passage, c'est-à-dire le tour de France, Samson François,
00:24:52 puisqu'il vous convoquait dans toutes les villes
00:24:53 où il allait donner des concerts.
00:24:55 - Il est tout à fait unique.
00:24:57 Je crois que je n'aurais pas eu besoin
00:24:58 d'avoir d'autres professeurs après celui-là.
00:25:01 En fait, c'est un...
00:25:03 On a tous besoin d'avoir, quand on est très jeune,
00:25:06 un moule, quelque part,
00:25:08 quelqu'un qui vous enseigne la vie, en quelque sorte.
00:25:10 - Quelqu'un admiré, non ?
00:25:11 - Quelqu'un admiré totalement, bien entendu.
00:25:14 Et puis, je ne me suis jamais posé la question
00:25:16 de savoir si ça pouvait être mieux avec quelqu'un d'autre ou non.
00:25:20 C'était, je dirais, presque un état amoureux,
00:25:22 vous savez, totalement.
00:25:23 Voilà, c'était comme ça.
00:25:24 À tel point que ça en était venu dangereux,
00:25:28 puisque je finissais par le caricaturer.
00:25:31 La difficulté pour moi était d'essayer de jouer un peu...
00:25:35 - C'est devenir une distance prudente de Pigman.
00:25:37 - C'est ça.
00:25:39 Mais ça a été, pour moi, le...
00:25:43 Je ne sais pas, il y a des gens qui ont connu Cocteau,
00:25:45 il y a des gens qui ont connu...
00:25:48 Je ne sais pas, Enesco était comme ça, envoûtant aussi, paraît-il.
00:25:51 Bon, moi, je suis heureux, fier,
00:25:53 et je suis reconnaissant d'avoir rencontré ce personnage
00:25:56 qui m'a...
00:25:57 Sans lui, probablement, je n'aurais pas été libéré musicalement.
00:26:01 - Pierre Petit, bonjour. - Bonjour, Eve.
00:26:03 - C'est pas au directeur de l'École normale de musique
00:26:06 que je vais m'adresser,
00:26:07 mais à l'élève de l'École normale de musique,
00:26:10 parce que vous étiez avec Samson François.
00:26:12 - Mais, c'était tous les deux à l'École normale avant la guerre.
00:26:15 - Il y a des années difficiles pour le directeur.
00:26:17 - Oui, il y a maintenant 60 ans de ça, au moins.
00:26:20 Et Samson, qui avait donc deux ans de moins que moi,
00:26:23 a débarqué un jour à l'école, invité par Alfred Cortot.
00:26:29 - Qu'il avait entendu à Nice. - Oui, qu'il avait fait remonter
00:26:32 de Nice à Paris pour travailler avec lui.
00:26:34 Et Samson, à l'époque, qui avait donc 12 ans, 11-12 ans,
00:26:38 Samson avait les cheveux dans les yeux,
00:26:42 les cheveux très longs,
00:26:43 et on voyait son regard à travers une sorte de rideau de cheveux,
00:26:47 et il était captivant dès qu'on le voyait, qu'on était à côté de lui.
00:26:52 C'est très drôle, moi, j'ai jamais eu cette impression-là
00:26:55 avec aucun de mes camarades.
00:26:56 On était sous le charme.
00:26:59 Il était pas un joli garçon, il était pas un mec,
00:27:01 mais il était captivant.
00:27:03 Et dès qu'il touchait le piano,
00:27:06 il avait une manière de toucher le piano, il faisait ça,
00:27:07 il prenait le doigt et faisait...
00:27:09 Et le mi bémol devenait une note fabuleuse.
00:27:14 Et alors, toute sa vie, il a cherché ce qu'il appelait la note bleue.
00:27:18 - Ça, c'était la référence à Chopin.
00:27:21 - Oui, pas aux Blue Notes encore.
00:27:23 - Pas encore aux Blue Notes.
00:27:25 - Mais à la note bleue. Il cherchait la note bleue,
00:27:27 de même que les gens cherchent le rayon vert le soir
00:27:29 après le coucher du soleil au bord de la mer.
00:27:32 Et sa note bleue, il en avait tout le temps, les notes bleues.
00:27:34 Il avait un tel toucher que toutes les notes avec lui étaient bleues.
00:27:37 - Alors vous, vous êtes un pianiste qui avait des facilités époustouflantes.
00:27:41 Est-ce que vous aviez l'impression, quand vous l'avez connu,
00:27:43 que c'était un de ses prodiges du piano ?
00:27:46 - Ah oui. - Oui ?
00:27:47 - Oui, oui. - Techniquement ?
00:27:48 - Totalement, techniquement.
00:27:50 Il avait 11, 12 ans et il jouait,
00:27:52 je dirais pas presque n'importe quoi, mais presque.
00:27:54 C'était fabuleux.
00:27:55 - Tout à l'heure, on a écouté la toccata de Debussy.
00:27:58 C'est avec cette toccata qu'il avait eu son premier prix.
00:28:00 - Oui. Et avec ça, il avait surtout, outre la technique,
00:28:03 les techniques, maintenant, tout le monde en a,
00:28:05 il avait déjà une technique foudroyante.
00:28:07 - Il avait commencé à 6 ans, je crois.
00:28:08 - Il a commencé à 6 ans, oui.
00:28:10 Et pour l'entretenir, il s'était mis sur pied pour lui-même
00:28:13 une demi-heure de technique.
00:28:16 Et puis des exercices, je me les rappelle malheureusement plus,
00:28:18 et il finissait toujours par une étude de jazz,
00:28:20 ce qu'il avait écrit.
00:28:22 Et quand il se réveillait au début de l'après-midi,
00:28:25 avant de se mettre en travail,
00:28:28 un Ricard ou un whisky,
00:28:31 en vitesse un petit peu de toilette et au boulot.
00:28:34 - Donc c'était quand même quelqu'un qui travaillait énormément.
00:28:36 - Il travaillait énormément,
00:28:38 avec des facilités démoniaques.
00:28:41 - On parlait tout à l'heure justement de ce comportement
00:28:44 qui était très en avance sur son temps.
00:28:45 C'était l'anti-concertiste tel qu'on l'imagine,
00:28:48 en habillé queu de pie, l'air un peu coincé,
00:28:51 entrant sur scène, sortant le mouchoir pour s'essuyer les doigts.
00:28:54 Lui, ce n'était pas du tout ça.
00:28:56 - C'était un mélange.
00:28:57 Il n'était pas du tout, en effet, le pianiste en queue de pie,
00:29:00 quoiqu'il la mettait tout de même,
00:29:02 mais il n'était pas le pianiste...
00:29:04 Mais en même temps, il adorait les enregistrements
00:29:06 de certains grands pianistes
00:29:09 ou de certains grands violonistes.
00:29:11 Toutes les fois que j'allais chez lui, et j'y allais très souvent,
00:29:13 puisqu'on ne s'est jamais quitté pratiquement jusqu'à sa mort,
00:29:16 il me disait "Allez, on se tape un tout petit peu de violon."
00:29:22 Il me faisait entendre Heifetz dans le Mendelssohn.
00:29:26 Heifetz qui jouait le final deux fois trop vite,
00:29:29 mais il me dit "Tu vois, c'est beaucoup trop vite,
00:29:31 mais tu te rends compte que c'est beau."
00:29:33 - Il disait dans les enregistrements
00:29:35 qu'il lui arrivait de faire quelques fausses notes,
00:29:37 "Laissez-les, ça fait joli."
00:29:38 Donc c'était un personnage quand même extravagant.
00:29:40 On va le retrouver dans le final du concerto en sol de Ravel,
00:29:45 et puis après on va continuer de l'évoquer tous les deux.
00:29:47 - OK.
00:29:49 (Musique)
00:29:52 (Musique)
00:29:55 (Musique)
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00:30:02 (Musique)
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00:32:30 (Musique)
00:32:51 (Musique)
00:32:54 (Musique)
00:33:18 (Musique)
00:33:21 (Applaudissements)
00:33:33 - Je crois qu'il était quand même assez croquant
00:33:41 d'avoir une de ses oeuvres créée par son sans-françois
00:33:44 dans le concerto. - Ah, mon Dieu !
00:33:46 - Pour piano, c'était quand même un grand moment.
00:33:48 - Inquiétez-vous. Il m'avait demandé ça en 55.
00:33:51 Il m'avait demandé un concerto pour le festival de Besançon.
00:33:55 Ça avait été créé par Paul Paré et le National.
00:33:58 Moi, je ne me sentais plus d'avoir une oeuvre créée par Samson.
00:34:04 Alors je me mets au boulot,
00:34:06 et je l'ai écrite, d'ailleurs, à Royaume-Uni, l'année qui l'a été,
00:34:09 et l'été suivant, donc en 56,
00:34:11 on se retrouve ensemble, Samson et moi, à Paris.
00:34:15 Moi, seul à Paris, lui chez lui,
00:34:18 et tous les jours du mois d'août,
00:34:20 on s'est retrouvés... J'arrivais chez lui à 1h30 de l'après-midi,
00:34:24 donc je le réveillais.
00:34:26 Il se mettait en forme, un petit coup de toilette comme un chat,
00:34:31 sa demi-heure de technique, et après, à deux pianos,
00:34:36 moi d'un côté, lui à l'autre, on travaillait mon concerto.
00:34:39 (Il chante en allemand)
00:34:41 - On y va ? - Ah, oui.
00:34:43 - Un, deux, trois.
00:34:45 (Il joue en allemand)
00:34:51 - Alors, comment travaillait Samson François, justement ?
00:35:09 Est-ce qu'il avait ses doigtés, je suppose, évidemment ?
00:35:12 - Ah oui, évidemment. - Il avait des doigtés étonnants.
00:35:15 - Personnels et qui faisaient un effet boeuf.
00:35:17 Personne n'a joué Prokofiev que les doigtés de Samson François.
00:35:20 Les doigtés de Samson François sont ahurissants
00:35:23 et avec un effet fabuleux. - Qu'est-ce qu'il vous demandait ?
00:35:26 - Il me demandait, "Tu es d'accord ?"
00:35:28 Je l'ai toujours dit, c'était tellement beau, ce qu'il faisait.
00:35:31 Mais il avait des idées de...
00:35:33 Vous savez, quand on écrit de la musique,
00:35:36 et qu'on a la chance d'être joué par un authentique créateur,
00:35:39 comme était Samson, car c'était un créateur de musique,
00:35:42 c'était mieux qu'un interprète, il recréait la musique.
00:35:45 On s'aperçoit, pas qu'on a du génie,
00:35:47 mais qu'on a écrit des choses qui sont beaucoup mieux
00:35:50 que ce qu'on pensait. C'est ça qui est drôle.
00:35:53 Alors on a travaillé pendant un mois.
00:35:55 Un beau jour, il me dit, "J'ai oublié que demain,
00:35:57 "il faut que j'aille à Deauville pour jouer le Schumann."
00:35:59 Ça fait trois mois que je ne l'ai pas rejoué.
00:36:01 "Allez, on le travaille." Je me suis mis à l'autre.
00:36:03 On a travaillé le Schumann tous les deux.
00:36:05 On a été ensemble à Deauville, on a fait la fiesta à Deauville,
00:36:07 puis on est rentrés pour retravailler.
00:36:09 Le problème, c'est que Samson ne pouvait pas se coucher.
00:36:12 C'est-à-dire qu'à 8h du soir, 9h, les copains arrivaient,
00:36:17 et la strie, toute la bande, la joyeuse bande arrivait,
00:36:21 on bavardait, on allait au chinois du coin,
00:36:24 Rue Marbeuf, le jour, et on en sortait à 11h.
00:36:30 Samson commandait 12 plats.
00:36:32 Au lieu d'un ou deux, il en commandait les 12.
00:36:34 Il prenait une bouchée de chacun, puis c'était tout.
00:36:36 Il était vite rassasié.
00:36:38 Il avait du générosité, il était fastueux.
00:36:41 - Oui, c'était un seigneur. - Ah, c'était un vrai seigneur.
00:36:45 Et après, il disait, "Alors maintenant, où est-ce qu'on va ?"
00:36:49 Alors on allait dans telle ou telle boîte de nuit,
00:36:53 entendre un peu de jazz, on est au Blue Note.
00:36:57 On allait... Puis à 3h du matin,
00:37:00 les copains commençaient à se raréfier.
00:37:02 Et moi, qui tenais à mon interprète, je restais le dernier avec lui.
00:37:06 Le malheur, c'est qu'à cette époque, il y avait au Lido
00:37:09 une galerie de disques qui était ouverte toute la nuit.
00:37:13 Hélas ! - Hélas !
00:37:15 - Alors là, on s'était tellement écouté du jazz ou autre chose,
00:37:17 jusqu'à 4h, 4h15, à 4h15, je lui écoutais de l'enson.
00:37:20 "Toi, tu te réveillais à 1h30,
00:37:22 "mais moi, je serais réveillé d'office vers 8h.
00:37:25 "Alors je voudrais bien me dormir une ou deux heures."
00:37:27 Il me dit, "Tu crois ?" "Oui."
00:37:28 Alors je le raccompagnais chez lui, je rentrais chez moi,
00:37:31 et de l'en dehors, on recommençait. Mais c'était fabuleux.
00:37:33 - Alors vous êtes aujourd'hui, je le disais, directeur de l'école normale de musique.
00:37:37 Vous pourriez donner ce genre d'exemple à vos élèves ?
00:37:41 Parce que finalement, c'est tout ce qu'il faut ne pas faire, en principe.
00:37:46 - Non, le seul exemple qu'on peut leur donner, c'est d'écouter des disques.
00:37:49 C'est de s'inspirer un peu de cette espèce de magie
00:37:53 qui est toujours présente dans les disques.
00:37:55 C'est moi, j'ai entendu les disques qui viennent de reparaître.
00:37:58 Eh bien, j'en ai écouté un certain nombre.
00:38:00 J'ai retrouvé le plaisir que j'avais d'entendre sans son.
00:38:03 - Mais les tours de magie, ça se démonte.
00:38:05 Mais est-ce que la magie du son, ça peut s'expliquer ?
00:38:07 - Non, ça ne peut pas s'expliquer. On l'a ou on ne l'a pas.
00:38:09 Il suffit qu'il fasse ça, et la note prenait une résonance qu'elle n'avait...
00:38:14 Avec une casserole, même, il aurait pris un piano, un mauvais piano.
00:38:18 Je l'ai entendu une fois à Alger jouer sur un piano qui était une vraie casserole.
00:38:22 C'était devenablement un piano avec lui.
00:38:25 - À votre avis, ce qu'il y a aujourd'hui, ça, c'est une question un peu perfide.
00:38:28 Est-ce qu'il y a aujourd'hui quelqu'un qui pourrait s'inscrire ?
00:38:31 - Non. - Bon, voilà, ben j'arrête alors.
00:38:33 - Non, non, non, j'en vois pas. Il y a de très grands pianistes actuellement,
00:38:36 et des gens qui jouent à des murlons du piano, qui sont inspirés.
00:38:39 Mais pas de la même manière.
00:38:41 Lui était inspiré comme on l'était entre 20 et 40.
00:38:44 Il était à la manière ancienne.
00:38:47 À mon avis, c'est le dernier maillon d'une chaîne. C'est le dernier.
00:38:51 - Est-ce que Margrethe Long, qui a été son professeur,
00:38:53 était appartenée à cette... - Pas du tout.
00:38:55 - Pas du tout. - Pas du tout.
00:38:57 - Je suis comme un coup de truc. - Non.
00:39:00 - Non, c'était du piano magnifique. Margrethe Long est très...
00:39:04 Et tandis que Samson, c'était le contraire de ça.
00:39:08 Il avait une technique foulroyante, mais il ne la montrait jamais.
00:39:11 Il avait une puissance sans taper. Il n'a jamais tapé de sa vie.
00:39:16 Et il avait, vous savez, à la fin de sa vie, il a eu quelques problèmes,
00:39:19 parce qu'à ma foi, il était moins en forme qu'avant.
00:39:23 Eh bien, un jour, à Pléiel, il avait donné un récital
00:39:26 entièrement consacré aux polonaises de Chopin.
00:39:28 C'était deux ou trois ans avant sa mort, à peu près.
00:39:31 Je vais le voir à l'entraque. Les polonaises de la première partie
00:39:33 n'étaient pas très brillantes.
00:39:36 Il me dit, c'était mauvais. Je lui dis, c'est pas ça.
00:39:38 Il me dit, allez, vas-y. Il me dit, tu vas voir ce que ça va être.
00:39:41 La seconde partie était bruyante.
00:39:43 - Étrange personnage. - Étrange, merveilleux,
00:39:47 et d'une amitié, d'une fidélité comme jamais j'ai connue.
00:39:51 - Pierre Petit, je vous remercie. On va écouter Margrethe Long
00:39:54 en compagnie de Samson François. Samson François joue
00:39:57 et Margrethe Long parle.
00:39:59 - Vous m'avez dit de Samson François,
00:40:11 il a de la suavité dans les doigts.
00:40:13 - Oui, c'est vrai. C'est vrai.
00:40:22 - Quel est le problème pour un pianiste comme celui-là quand on le fait ?
00:40:25 - Ah, c'est difficile. Pas ce qu'on pourrait.
00:40:28 Parce que cette suavité engendre des trous dans le piano,
00:40:33 des manques, vous comprenez ? Ça.
00:40:36 Mais si on enlève ça pour me donner ça,
00:40:39 alors on perd ces choses charmantes et rares, et rares.
00:40:45 - C'est difficile de lui donner en même temps de la fermeté,
00:40:48 et de conserver cette... - L'attaque.
00:40:51 L'attaque du piano, elle est nécessaire.
00:40:54 Comprenez-vous ?
00:40:56 Ça donne les accords, ça donne beaucoup de choses,
00:40:59 et puis enfin, on est maître du son.
00:41:02 - Quel est le doigt le plus important ?
00:41:04 - Tous. - Oui.
00:41:06 - Ils ont tous, en qualité et en défaut,
00:41:09 ils ont tous un rôle à jouer.
00:41:12 - L'iste, je crois, disait que c'était le doigt le plus important.
00:41:15 - Oui. - C'est le doigt le plus important.
00:41:18 - C'est le doigt le plus important.
00:41:20 - C'est le doigt le plus important.
00:41:22 - C'est le doigt le plus important.
00:41:24 - C'est le doigt le plus important.
00:41:26 - C'est le doigt le plus important.
00:41:28 - C'est le doigt le plus important.
00:41:31 - L'iste, je crois, disait que c'était le troisième doigt.
00:41:33 - Moi, je dis que c'est le second.
00:41:35 Pour le piano, le travail du piano et l'attaque du piano,
00:41:38 c'est ça, moi, je dis.
00:41:40 Ça, ça vous donne un enfoncement, comprenez-vous,
00:41:43 une attaque bonne. Ça, c'est la griffe du piano.
00:41:46 L'iste avait une très grande main,
00:41:55 et moi, je dis que c'est ça,
00:41:57 parce que ça, ça pose pas la main d'Appelon.
00:42:00 (Musique)
00:42:03 - C'est le deuxième, premier, deuxième et cinquième.
00:42:08 - C'est ça. - Ça donne l'architecture.
00:42:11 (Musique)
00:42:14 (Musique)
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00:42:41 (Musique)
00:42:44 (Musique)
00:42:47 - Un jour, je sortais d'un concert où j'avais joué,
00:42:50 et il y a une dame que je ne connais pas qui m'arrête, m'interroge,
00:42:53 et me dit, "Madame, qu'est-ce qu'il faut faire
00:42:56 "pour avoir un bon quatrième doigt ?"
00:42:59 Je lui dis, "Madame, travaillez le second."
00:43:01 Elle croyait que j'étais folle ou que je manquais d'elle.
00:43:04 Mais c'est la vérité.
00:43:07 (Musique)
00:43:10 (Musique)
00:43:13 (Musique)
00:43:16 (Musique)
00:43:19 - Claude Saint-Eli, on vient d'écouter Marguerite Long.
00:43:22 Vous avez été son élève. J'ai découvert ça, non sans surprise.
00:43:25 - Non, pourquoi ? - Je savais pas que c'était pianiste.
00:43:28 - J'étais pas pianiste. J'ai été élève de Marguerite Long,
00:43:31 spécialement... C'était dans les années 35-40, entre 10 et 17 ans.
00:43:35 Et j'étais à la fois fasciné par cette grande dame...
00:43:38 Il faut dire qu'à l'époque, c'était presque un grand personnage politique
00:43:41 qui avait des tenues extravagantes, sa manière de faire ses lèvres,
00:43:45 c'était étonnant. On était à la fois plein d'admiration et terrorisés.
00:43:48 Quand elle arrivait dans le cours, on travaillait avec des petites répétitrices
00:43:52 qui étaient très timides, qui tremblaient dans leurs coins.
00:43:55 "Joue-moi ce Nocturne." Un jour, elle m'a dit...
00:43:58 "Jouer Chopin comme ça ? Non, sûrement pas."
00:44:01 J'étais malade pendant huit jours.
00:44:04 Après ça, elle a repris les choses un peu mieux.
00:44:07 Elle m'a dit un jour que mon Chopin n'était pas si mauvais que ça.
00:44:10 Et là, c'était la bonne. Ça m'a pas empêché d'aimer Chopin,
00:44:13 d'être autour de lui, surtout avec Samson.
00:44:15 - Comment s'est passé le travail avec Marguerite Long ?
00:44:18 Vous êtes retournée la voir ? - Je l'avais pas vue depuis des années,
00:44:21 mais cette femme avait une mémoire extraordinaire.
00:44:24 - J'allais dire "hélas". Quand on avait mal joué, elle se le rappelait longtemps.
00:44:28 - Les années passent. C'est en 64.
00:44:31 En 64, cet usage passionnant, merveilleux
00:44:34 qu'avait la télévision de l'époque au RTF, ne parlons pas de nostalgie,
00:44:38 on donnait l'organisation des fêtes de fin d'année,
00:44:41 la semaine de fin d'année, à une personne
00:44:43 qui avait carte blanche pour organiser les programmes.
00:44:46 J'avais la première et la deuxième chaîne. Noël 64.
00:44:49 J'essayais de trouver quelque chose pour terminer les soirées.
00:44:52 Depuis, on a fait beaucoup mieux. La formule à l'époque était nouvelle.
00:44:56 Il y avait une demi-heure d'un entretien un peu chuchoté avec un grand personnage.
00:45:00 Je prends des gens différents. Max Folfoucher, Nicole Vedresse.
00:45:04 Et je dis "Marguerite Long". Je l'avais pas vue depuis 20 ou 30 ans.
00:45:07 Je téléphone et elle me dit "Ah, un élève !"
00:45:10 Elle m'a dit "Reconnue."
00:45:12 On a fait un premier...
00:45:14 Cet entretien était tellement merveilleux, intime, profond.
00:45:18 Cette femme qui se livrait brusquement,
00:45:20 qui jouait une espèce de personnage social,
00:45:22 et qui soudain était une vieille dame dans sa robe de velours
00:45:25 avec ses mains qui disaient tout.
00:45:27 Et puis des souvenirs extraordinaires sur Ravel, etc.
00:45:30 Et comme on était très heureux de tout ça,
00:45:32 j'ai entrepris de faire ensuite, l'année suivante,
00:45:35 un autre entretien et j'allais chez elle deux fois par semaine.
00:45:38 Malheureusement, elle est morte.
00:45:40 J'avais à peu près fini le cycle, si je peux dire.
00:45:42 Elle est morte et j'avais chaque fois un pianiste,
00:45:45 un de ses grands élèves,
00:45:47 Gilbert, Samson François, Marie-Thérèse Fourneau,
00:45:50 -Yuri Boukhov, je crois. -Oui.
00:45:52 Qui était censé jouer pendant que nous parlions.
00:45:54 C'est-à-dire, c'était à son piano dans son salon
00:45:57 et je montais l'un dans l'autre.
00:45:59 En effet, elle parlait comme si elle écoutait l'élève en question.
00:46:03 -Il y avait Samson. -Il y avait Samson, bien sûr.
00:46:05 Ma rencontre de Samson, c'est ça, mais c'est très...
00:46:08 C'est très extraordinaire, c'est très mystérieux.
00:46:10 Je connaissais Samson, bien sûr.
00:46:12 J'avais vu Samson ayant aimé le piano dès longtemps.
00:46:14 En 1943, il a épris Marguerite Long.
00:46:16 C'était en pleine guerre, à la Salle Gaveau, concerto de Schumann.
00:46:19 Je suis complètement fasciné. Je ne le connaissais pas.
00:46:21 J'entends parler de lui, je le suis, j'écoute...
00:46:23 Déjà, il y avait des disques, un petit peu.
00:46:25 Et là, je le fais venir, donc, pour Marguerite Long.
00:46:27 Et on enregistre. C'était peut-être ici.
00:46:29 -C'était en 1964, à ce moment-là. -C'était en 1964. C'est ça.
00:46:32 -Vingt ans après. -Vingt ans après.
00:46:34 Donc, il joue Chopin, il joue la tarentelle et la berceuse.
00:46:39 Bon, jusque-là, rien d'extraordinaire.
00:46:41 Je mets mes caméras, on y va.
00:46:43 Et le lendemain, je vais au montage. On voit les Rush.
00:46:45 Sur une table de montage, un petit écran grand comme ça.
00:46:48 Et je vois soudain quelque chose que, vraiment, que je n'avais jamais vu.
00:46:52 Je vois des mains, c'était un gros plan sur les mains.
00:46:54 Et je vois des mains d'où la musique jaillit, exactement.
00:46:57 Je ne fais pas de littérature, ce n'est pas vrai.
00:46:59 Il y avait quelque chose d'étrange. Je fais venir tous les gens du démontage voisin.
00:47:02 Je dis, regardez ça. Ils me disent, oui, c'est fascinant.
00:47:04 Je téléphone à Samson, qui est toujours prêt à tout, à toutes les aventures.
00:47:08 Il est plus risqué, il est plus extravagant.
00:47:11 Et je dis, qu'est-ce qu'on fait ? Il me dit, tout ce que vous voulez.
00:47:13 Et j'ai fait avec lui des entretiens.
00:47:15 Et surtout, nous sommes devenus amis très vite.
00:47:17 Une amitié solide, comme il en aimait.
00:47:20 On pouvait rire, veiller la nuit, écouter de la musique, parler, bavarder, dire des bêtises, n'importe quoi.
00:47:26 Hélas, pendant trop peu d'années.
00:47:28 Et pendant qu'il tournait à l'étranger,
00:47:31 il avait pris l'habitude de m'appeler tous les dimanches après-midi.
00:47:34 Dans ma campagne, vous savez que j'étais.
00:47:36 Et son grand gag, c'était... Aujourd'hui, je suis à Bakou, Claude.
00:47:39 Aujourd'hui, je suis dans le paquebot en pleine militaire.
00:47:42 Une chose comme ça. C'était étonnant.
00:47:44 C'était un gag, comme ça, c'était une plaisanterie.
00:47:46 Et c'était en même temps un signe d'amitié, d'affection.
00:47:50 Vrai. Vrai.
00:47:52 - Vous savez, vous avez croisé tout à l'heure Pierre Petit. - Oui, bien sûr.
00:47:54 - Dans le studio. Mais avant, j'avais Bruno Rigotto.
00:47:56 Et vous avez eu, pendant ces moments d'évocation
00:48:01 de la mémoire de Samson François, vous avez eu, tous les trois,
00:48:03 exactement le même geste.
00:48:05 Quand vous avez parlé du clavier, vous avez fait comme ça.
00:48:07 - C'est ça. - Une espèce de caresse,
00:48:09 comme ça, sur les touches.
00:48:11 - A l'école, Marguerite Long m'avait appris les petits martins.
00:48:13 - Bien sûr, les doigts recourbés. - Et lui était comme ça.
00:48:15 - Et lui, complètement à plat. - Il l'enfonçait.
00:48:17 Je crois qu'il disait, c'est Rigotto qui le racontait, il me l'avait dit aussi,
00:48:20 il faut que quand on lève le piano, le pianiste tombe.
00:48:23 - Il nous a raconté ça. - Les mains pénètrent dans le piano.
00:48:25 Et Sam, Marguerite Long, c'était pourtant pas sa technique,
00:48:27 mais elle s'en fichait perdument que ce soit pas sa technique.
00:48:29 Ce qu'elle écoutait, c'était lui.
00:48:31 Quand il joue Chopin, quand il le joue bien, personne ne le joue comme lui.
00:48:34 Il faut quand même écouter sa phrase. - Et c'était vrai.
00:48:37 Alors, vous avez eu le privilège de partir et de rester un mois
00:48:40 en Montant avec lui. On va vous retrouver,
00:48:43 si j'ose dire, tous les deux à Montant.
00:48:46 (Musique)
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00:49:33 - Je n'ai jamais travaillé vraiment la virtuosité,
00:49:37 si vous voulez, la vitesse ou la puissance.
00:49:40 Ils ne m'ont jamais vraiment intéressé.
00:49:42 Ce que j'ai toujours cherché dans mes interprétations,
00:49:45 c'est justement de faire sauter la courbe mélodique.
00:49:49 Par exemple, voyez-vous, ce début de cette étude,
00:49:53 on peut naturellement le concevoir rythmiquement.
00:49:56 C'est-à-dire, par exemple, le jouer...
00:49:58 (Musique)
00:50:01 ...avec des points d'appui.
00:50:03 Par exemple, ce sont des points d'appui rythmiques.
00:50:06 Ou bien, vous pouvez le concevoir comme déjà une mélodie en elle-même.
00:50:10 (Musique)
00:50:13 Voyez-vous, en essayant de cerner la mélodie.
00:50:17 Moi, je crois que toute belle musique, c'est un peu comme le cochon.
00:50:22 Tout est bon.
00:50:24 - On a pu vous reprocher sans doute de mépriser un petit peu la mesure,
00:50:28 de prendre des libertés avec la mesure.
00:50:30 Il y a toujours le puriste.
00:50:32 - Je dois dire, j'ai une horreur profonde de la mesure.
00:50:35 Je trouve que c'est absolument anti-musical,
00:50:38 parce que ça coupe forcément une phrase,
00:50:41 une phrase, un morceau.
00:50:43 La mélodie, vous ne...
00:50:45 Quand vous chantez une mélodie, vous ne pensez pas à la mesure.
00:50:49 Vous pensez au rythme.
00:50:51 Mais le rythme, lui, il est justement fonction de la mélodie.
00:50:54 La mesure aide à la routine. C'est pour ça que je ne l'aime pas.
00:50:57 - Vous n'aimez pas le métronome.
00:50:59 - Ah, si, c'est un point de repère.
00:51:01 Mais c'est un point de repère à partir duquel on peut s'évader, justement.
00:51:06 - Oui, ça n'est pas la loi. - Non.
00:51:08 On peut sûrement me reprocher pas mal de choses.
00:51:11 Notamment, par exemple, dans certaines interprétations de Beethoven
00:51:17 ou même de Schumann,
00:51:19 parce que, justement, ce sont des compositeurs
00:51:23 qui ont cherché une construction architecturale
00:51:27 que moi, je néglige sans doute un peu
00:51:29 parce que je recherche plutôt l'accord mélodique.
00:51:32 Moi, je cherche la note l'une après l'autre.
00:51:37 Vous comprenez ? J'essaie de...
00:51:39 (Musique)
00:51:41 C'est ça.
00:51:43 Je cherche à savoir où me conduit une phrase.
00:51:47 Je préfère ignorer ce qui va suivre
00:51:52 et le découvrir au fur et à mesure.
00:51:54 En fait, en interprétant, j'essaie de me mettre à l'écoute.
00:51:58 Mon repère est toujours le chant.
00:52:00 Quand je vois une oeuvre,
00:52:03 quand je lis une oeuvre, je me dis comment est-ce que je la chanterai ?
00:52:07 Et j'essaie de la chanter comme je peux sur mon clavier.
00:52:11 Mettons, par exemple, le début du 2e Concerto de Chopin,
00:52:15 qui commence parce qu'on est convenu d'appeler un trait.
00:52:18 Ce n'est pas un trait, mais justement,
00:52:20 pour le chanter, il faut le sentir activement.
00:52:24 C'est pas, par exemple, ce début...
00:52:26 (Musique)
00:52:29 (Musique)
00:52:32 (Musique)
00:52:34 (Musique)
00:53:00 (Musique)
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00:53:24 (Musique)
00:53:47 (Musique)
00:53:48 - J'étais très heureuse, Claude Santély,
00:53:56 de vous accueillir ici pour parler de Samson,
00:54:00 parce que je sais que vous avez tourné dans cette salle Vagra.
00:54:04 - Oui. C'est un lieu... Je ne suis pas retourné depuis.
00:54:07 Vous imaginez l'émotion que je ressens aujourd'hui.
00:54:10 Il enregistrait à l'époque, Pate et Marcognat,
00:54:12 tous les disques ici.
00:54:14 Il était en train de faire des grandes...
00:54:15 Il a fait le Debussy intégral, le Ravel intégral.
00:54:17 Je le voyais très souvent. Je venais là avec ou sans caméra.
00:54:20 Il disait, "Regardez cette salle, c'est le tombeau de Napoléon."
00:54:23 Une espèce de solennité.
00:54:24 En même temps, il était ravi. Il arrivait certains jours,
00:54:27 il y avait encore le ring pour la boxe, pour le catch.
00:54:30 Ça, ça lui plaisait beaucoup.
00:54:31 Quand on retirait, il y avait les balles aussi,
00:54:34 et on mettait les chaises, on empilait les chaises.
00:54:36 Il avait l'habitude, je discutais avec...
00:54:38 Il n'y avait pas que le monsieur Vavasor,
00:54:40 le preneur de sons de Pate et Marcognat,
00:54:43 qui était, je pense qu'il est toujours vivant, le programme, j'espère,
00:54:45 et qui adorait Samson et qui lui passait tous ses caprices.
00:54:47 C'est comme le pire défaut de Samson, c'était de ne l'être jamais à l'heure.
00:54:50 Donc les techniciens étaient là, dans cette grande salle vide.
00:54:53 Ils attendaient.
00:54:54 Et soudain, quand il se sentait un petit peu honteux,
00:54:57 il arrivait, il faisait tomber une pile de chaises,
00:54:59 comme ça, pour déclencher l'atmosphère.
00:55:01 Ils vont bien rigoler.
00:55:02 Et on rigolait, on repartait.
00:55:03 On ne pouvait pas le gronder, on ne pouvait pas l'engueuler, c'était ça.
00:55:06 (Musique)
00:55:23 - Et comme ça, c'est meilleur ?
00:55:25 - Oui, très bien.
00:55:26 - Alors maintenant, nos petits aigus traditionnels et basses.
00:55:30 (Tintement de tambour)
00:55:32 Ça sonne à gauche ?
00:55:34 - Oui, centre gauche.
00:55:36 - Cette salle Vagram est un décor assez extraordinaire.
00:55:39 - Centre droit.
00:55:40 - On a pensé un peu le tombeau de Napoléon.
00:55:42 Certains jours, nous arrivons, le ténéring n'est pas encore tout à fait défait.
00:55:45 Il y a alors le trône au milieu de la salle.
00:55:47 Et il y a encore, mais quelques fois, même des seaux avec des éponges,
00:55:51 enfin, reliées à des derniers matchs de boxe.
00:55:54 En plus de ça, je crois que c'est une salle qui a son histoire.
00:55:57 Autrefois, ça a été un club privé,
00:56:00 et qui, je crois, a été dissous en 1913.
00:56:03 Enfin, je ne sais pas exactement l'histoire.
00:56:05 Mais évidemment, tout ce décor est assez insolite.
00:56:08 Et c'est d'autant plus insolite quand on pense
00:56:10 que c'est peut-être une des meilleures salles de Paris,
00:56:13 au point de vue acoustique.
00:56:15 - C'est là que vous venez enregistrer Chopin.
00:56:17 Dans ce temple byzantin, on se voit comme un peu Napoléon.
00:56:21 - Mais ici, vous voyez, c'est une salle qui résonne.
00:56:24 C'est une salle en bois. Elle n'est pas assez chaude.
00:56:27 - Je demanderai à M. Samson une gamme, s'il vous plaît.
00:56:31 (Musique)
00:56:35 - Ça va ? - Oui, très bien.
00:56:37 Parfait. Merci beaucoup.
00:56:39 - Le pire, c'est que le dernier jour de sa vie,
00:56:42 le dernier matin de sa vie, il allait justement à un enregistrement.
00:56:45 J'ai l'impression que pour une fois, il était à l'heure.
00:56:48 Et dans l'ascenseur du Grand Hôtel, il est tombé.
00:56:51 Mais ça, il faut dire, Samson et Lamore,
00:56:54 c'était un couple déjà très ancien et très serré, je crois.
00:57:00 Il avait un mépris de la musique.
00:57:03 Il avait un mépris de la maladie.
00:57:05 Il a eu 2 ou 3 infarctus successivement.
00:57:08 Je me souviens, la dernière fois que je l'ai vu,
00:57:11 avant la dernière fois que je l'ai vu,
00:57:13 parce que le matin de sa mort, j'étais en province,
00:57:16 il avait eu un infarctus numéro 2 ou numéro 3.
00:57:19 C'est horrible, des étapes comme ça.
00:57:21 Il était à l'hôpital américain
00:57:23 et il recevait les gens en pyjama de soirée.
00:57:26 Comme s'il était là pour un mariage, un jeune marié.
00:57:29 Je vais avec ma femme et il me dit
00:57:31 "Quelle marque de champagne voulez-vous ?"
00:57:33 C'était quand même un hôpital américain,
00:57:35 c'est peut-être un peu particulier.
00:57:37 Il appelle l'infirmière.
00:57:39 Dès que l'infirmière est sortie,
00:57:41 il sort de douce sous son oreiller un paquet de cigarettes.
00:57:44 Il était copain avec tous les groumes
00:57:46 des grands hôtels de Paris qui venaient lui fournir
00:57:49 en douce des cigarettes.
00:57:50 Il allume une cigarette et ma femme, Olympe, lui dit
00:57:53 "Samson, c'est pas raisonnable, voyons."
00:57:55 Il allume la cigarette et dit "10 minutes de vie de moi."
00:57:58 Ce n'était pas un jeu, ce n'était pas un gag,
00:58:01 c'était une manière de rouler sa vie d'étape en étape
00:58:05 avec une imprudence et une passion et un bonheur
00:58:09 et un rire immense.
00:58:11 Il faut donner son sens.
00:58:13 Le rire de Samson, c'était la musique du bonheur.
00:58:16 Tout à fait.
00:58:17 C'est quelque chose qui jaillissait.
00:58:19 Dans le jardin de Menton, le soir, sous les arbres,
00:58:22 mon équipe technique était là autour.
00:58:24 Le soir, on nous invitait avec lui, la journée n'était jamais finie.
00:58:27 On passait la nuit plus ou moins sous les arbres.
00:58:30 On entendait ce rire dans les feuilles.
00:58:33 C'était aussi musical que le reste.
00:58:37 Je voudrais dire, sans amertume possible,
00:58:41 je crois, pour les gens qui l'ont organisé,
00:58:44 que les obsèques énormes et solennels à Notre-Dame,
00:58:48 n'ont pas marché du tout.
00:58:50 Pour lui, il aurait fallu des gens entiers
00:58:53 qui soient là pour régagner les choses.
00:58:55 Dans la petite chapelle de Nantes.
00:58:57 La chapelle de Nantes, exactement.
00:58:59 Notre-Dame avec les grandes orgues et tout ça.
00:59:01 Bach, je veux bien Bach.
00:59:03 Je n'étais pas forcément son meilleur ami.
00:59:05 Je ne veux pas dire que c'était un ennemi.
00:59:07 C'était un peu disproportionné.
00:59:09 J'imaginais qu'au fond de sa boîte, il devait quand même rigoler.
00:59:12 - Probablement, avec ce rire qui était encore la musique.
00:59:15 On va réécouter, puisqu'on sait qu'il était avec Samson François.
00:59:18 On va dire ce qu'on va faire, comme les enfants.
00:59:21 On dirait qu'il n'est pas mort.
00:59:23 C'est un bon truc.
00:59:25 - Il parlerait.
00:59:26 Il avait une autre expression.
00:59:28 Il vous parlait très gravement d'un problème.
00:59:31 Il avait l'air d'avoir une pensée très profonde.
00:59:33 Il disait que c'était une de ses théories bidons.
00:59:36 Il adorait fabriquer des théories bidons sur tout et sur rien.
00:59:39 C'est-à-dire d'insouciance, encore une fois.
00:59:41 Et cette insouciance accompagnait une profondeur,
00:59:44 une réflexion en profondeur.
00:59:46 C'est dans la nuit qu'il vivait.
00:59:48 Dans la nuit, il avait, je crois que je l'ai déjà raconté,
00:59:51 il faisait des rêves. Nous faisons tous des rêves.
00:59:53 Je ne me souviens plus jamais de mes rêves.
00:59:55 J'en suis torturé tous les matins en me réveillant.
00:59:57 C'était très beau.
00:59:58 Lui, en ce moment, se souvenait de ses rêves.
01:00:00 Mais c'était des rêves organisés, construits
01:00:02 comme de véritables scénarios.
01:00:04 Et il ne se vantait pas. C'est pas vrai.
01:00:06 C'était immédiatement au petit-déjeuner.
01:00:08 Il me racontait ça. C'était beau comme tout.
01:00:10 Il voyait les personnages métamorphosés.
01:00:12 Et je crois que l'un des secrets de son inspiration,
01:00:14 il les trouvait précisément dans le rêve et dans la nuit.
01:00:16 Et ce n'est pas par hasard qu'il y a Scarbo,
01:00:18 qu'il y a toutes ces œuvres-là un petit peu fantastiques
01:00:21 qu'il a tirées.
01:00:22 Nerval, Le Chamure.
01:00:25 Toute cette littérature fantastique lunaire
01:00:29 comme ça l'a tirée, c'est là qu'il vivait.
01:00:31 D'ailleurs, vous savez qu'il ne se réveillait pas le matin
01:00:33 parce qu'il détestait le matin.
01:00:34 Le matin, le coq chante faux.
01:00:35 Tous les bruits sont faux le matin.
01:00:37 Vous avez remarqué, Claude ?
01:00:38 Tous les bruits sont faux, y compris le coq.
01:00:40 Alors il n'est pas question qu'il ouvre le...
01:00:42 Bon, c'est lui, c'est la nuit.
01:00:44 - Claude Sartelli, on va se quitter
01:00:46 en compagnie de Samson François,
01:00:47 mais je voudrais vous parler d'une autre artiste
01:00:50 qui est bien vivante et qui est la quintessence du chant.
01:00:53 C'est Elisabeth Shanskoff.
01:00:55 Elisabeth Shanskoff, nous avions eu le plaisir,
01:00:58 il y a cinq ans déjà, de la retrouver à côté de Zurich,
01:01:01 chez elle, et de la filmer.
01:01:04 Elle nous avait accordé 70 minutes d'entretien sur sa vie
01:01:07 et cinq heures, vous imaginez, de masterclasses
01:01:10 qu'elle donnait à ses élèves
01:01:11 et que nous avions eu le privilège de filmer.
01:01:13 Et cette année, elle fête ses 80 ans,
01:01:15 on peut le dire parce qu'elle-même le dit.
01:01:18 Et je suis heureuse de pouvoir reproposer
01:01:21 à ses admirateurs dont nous sommes passionnément
01:01:23 cette émission qui donc est une rediffusion,
01:01:26 vous allez la retrouver.
01:01:27 Bon anniversaire, bonne anniversaire, Madame Shanskoff.
01:01:30 Merci d'être venu, Claude Saint-Eli.
01:01:32 Et puis on écoute ensemble Samson François.
01:01:34 (Musique)
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01:12:33 -Chopin, dont Sanson-François
01:12:39 est l'un des grands spécialistes
01:12:42 musique au coeur dédiée à Sanson-François
01:12:45 émission que nous venons de revoir avec celle
01:12:48 qui l'a présentée pendant plus de 25 ans,
01:12:51 Evreud Giry et Richard Poirot. -28.
01:12:54 -28 ans, exactement. A vos côtés, Richard Poirot
01:12:57 qui nous a rejoints. Bonjour Richard. -Bonjour.
01:13:00 -Dolina, vous allez évoquer dans un instant l'exceptionnelle
01:13:03 année Beethoven à la télévision, l'année 1970.
01:13:06 Quelles étaient vos préférences pour les sommaires
01:13:09 de cette émission qui a eu 28 ans de longévité,
01:13:12 musique au coeur ? Est-ce que c'était des émissions consacrées
01:13:15 à un compositeur, à une oeuvre, à un interprète ?
01:13:18 -Pratiquement tout cela, parce qu'on choisissait.
01:13:21 Donc c'était des choix. Ça arrivait pas comme ça,
01:13:24 il fallait le faire parce que c'était l'anniversaire
01:13:27 de ça. Je peux dire
01:13:30 qu'il y a eu quelques interprètes qui m'ont fascinée.
01:13:33 C'est sûr qu'Eurovitz, c'est sûr que Karajan
01:13:36 dans la direction d'orchestre, que des gens moins connus
01:13:39 comme Sokolov, qui est encore vivant, il faut se précipiter
01:13:42 quand il joue au Théâtre des Champs-Elysées.
01:13:45 Pianiste exceptionnel, à mon avis, presque supérieur
01:13:48 à Eurovitz. -Et vous avez eu accès
01:13:51 à toutes ces stars pendant ces années de musique au coeur.
01:13:54 -10 ans avec Karajan, de rencontres, de travail.
01:13:57 -C'est formidable. -15 ans avec Pavarotti
01:14:00 qui venait à la maison, nous faisait les spaghettis,
01:14:03 donnait des leçons de musique à mon père, OK.
01:14:06 -Regardez Eurovitz. -Je l'ai suivi. Il m'avait donné
01:14:09 l'exclusivité des interviews pour la France.
01:14:12 -Vous aviez l'exclusivité ? -Oui, parce qu'il voulait pas
01:14:15 donner d'interviews. Il voulait plus le faire.
01:14:18 Il avait eu une mauvaise critique,
01:14:21 une des grandes critiques parisiens.
01:14:24 Il avait dit "je reviendrai plus jamais à Paris", etc.
01:14:27 Et j'ai négocié, et ça, ça marchait pas.
01:14:30 Et puis il a rappelé Peter Gelb, qui à l'époque
01:14:33 était pas le directeur du Metropolitan Opera,
01:14:36 et qui faisait le film sur lui, sur son retour en Europe.
01:14:39 Et il a dit "finalement, je veux bien,
01:14:42 "Eve Rudjery, parce qu'elle a fait une émission
01:14:45 "sur mon beau-père, formidable, et le beau-père,
01:14:48 "c'était Toscanini." Et toute sa vie,
01:14:51 il avait essayé, il avait épousé la fille de Toscanini
01:14:54 pour être engagée. Il le dit dans l'interview.
01:14:57 -Ah bon ? -Je lui ai dit "mais vous avez joué..."
01:15:00 -Un mariage d'intérêt ! -Absolument !
01:15:03 Il a dit "oui, c'était le seul moyen qu'il puisse m'engager
01:15:06 "pour jouer avec lui." -Ca alors.
01:15:09 Je dois dire aux téléspectateurs de Rambobina
01:15:12 épris de musique classique qui nous regardent ce soir
01:15:15 qu'on adorerait diffuser plus largement
01:15:18 des musiques au chœur et des archives
01:15:21 et des interviews, mais il y a des questions
01:15:24 de droit qui font que c'est effroyablement compliqué.
01:15:27 -Je les ai négociées, donc je sais.
01:15:30 -Voilà, mais ils sont négociés pour une diffusion
01:15:33 et pas pour la suite, c'est pas pour les rediffusions
01:15:36 et pas pour les... -C'est au coup par coup.
01:15:39 -Pour la postérité, voilà. Et donc, c'est très difficile.
01:15:42 Donc on a pu vous proposer ce Samson François
01:15:45 parce que tout était clair,
01:15:48 comme disent les juristes spécialistes.
01:15:51 -Heureusement qu'on a Lina. Moi, je bénis le ciel
01:15:54 où Lina a été créée parce que moi, je peux les regarder
01:15:57 chez moi. -Richard Poirot, en général,
01:16:00 dès qu'on parle de culture à la télévision,
01:16:03 vous nous replongez illico dans les années 70.
01:16:06 Pourquoi ? -Parce que c'est la décennie
01:16:09 des grandes audaces, mais j'en ai beaucoup parlé.
01:16:12 Je vous ai souvent parlé de cette volonté,
01:16:15 de la RTF, de diffuser la culture au plus grand nombre.
01:16:18 Il y avait vraiment cette volonté prosélite,
01:16:21 ce prosélitisme culturel, qui était très ancré
01:16:24 dans la télévision de l'époque. On l'a vu souvent ici,
01:16:27 à travers des oeuvres littéraires,
01:16:30 l'adaptation de grands classiques,
01:16:33 des émissions littéraires qui ont vraiment marqué
01:16:36 l'histoire de la télévision française,
01:16:39 et à travers la musique classique aussi, ça existait.
01:16:42 Je voulais parler de ça à travers un exemple,
01:16:45 vous l'avez dit tout à l'heure, Patrick,
01:16:48 qui est l'année Beethoven, 1970. C'est le bicentenaire
01:16:51 de la naissance de Beethoven. Et la RTF va mettre
01:16:54 les petits plats dans les grands et proposer
01:16:57 une programmation d'une ambition complètement folle.
01:17:00 Mais je vous détaille ça tout à l'heure.
01:17:03 Avant, je propose qu'on écoute son principal promoteur
01:17:06 en parler, nous sommes donc au tout début
01:17:09 du mois de janvier 1970.
01:17:12 À partir du 21 janvier 1970,
01:17:15 le service des émissions musicales de la télévision
01:17:18 va présenter une série d'émissions,
01:17:21 un cycle d'émissions qui, je crois,
01:17:24 est sans précédent dans l'histoire de la télévision
01:17:27 et peut-être même sans précédent dans l'histoire
01:17:30 d'aucune télévision. À partir du 21 janvier,
01:17:33 chaque mercredi à 22h sur la première chaîne,
01:17:36 aura lieu une émission consacrée à Beethoven
01:17:39 pour le bicentenaire de sa naissance.
01:17:42 - Et voilà, une émission par semaine,
01:17:45 pendant toute l'année, consacrée à Beethoven.
01:17:48 C'est Pierre Woslinski qui parle. - Pierre Woslinski, absolument,
01:17:51 que vous avez... - Bien sûr, parce qu'il était
01:17:54 à Radio France. - Ensuite, il est passé à Radio France,
01:17:57 il était directeur de la musique jusqu'en 1983. - Et je le voyais
01:18:00 à Radio France pratiquement deux ou trois fois par semaine.
01:18:03 - On en parlait de Woslinski tout à l'heure, mais ce qui est intéressant,
01:18:06 c'est quand il parle de ce cycle d'émissions sans précédent
01:18:09 dans l'histoire d'aucune télévision, il visait la BBC.
01:18:12 À l'époque, la BBC était vraiment la télévision publique
01:18:15 qui faisait beaucoup de choses intéressantes. Le totem à atteindre,
01:18:18 et là, il est dans une jouissance, il va dépasser la BBC,
01:18:21 et ça, ça lui fait plaisir. Donc, qu'est-ce qui va se passer ?
01:18:24 Tous les mercredis, une émission de madère consacrée
01:18:27 à une oeuvre de Beethoven à 22h. Et ce qui est surtout très intéressant,
01:18:30 c'est qu'il y a des enregistrements inédits
01:18:33 avec des artistes, des grands virtuoses,
01:18:36 c'est vraiment des très grands virtuoses qui vont venir
01:18:39 enregistrer des concerts pour la télévision française,
01:18:42 c'est-à-dire 49 émissions, 49 enregistrements,
01:18:45 avec donc Robert Casasci, Christophe Erras, enfin bref,
01:18:48 ils sont très nombreux à venir. - Francesca T,
01:18:51 Henrik Schering, oui, c'était grand. - C'était très très grand.
01:18:54 Et donc, le 21 janvier 1970,
01:18:57 donc c'est la toute première de cette série de concerts.
01:19:00 Écoute-moi un extrait, je propose, c'est le 16e Quatuor,
01:19:03 opus 135, en fa majeure, joué par le Quatuor Smetana,
01:19:07 spécialement enregistré, je le rappelle,
01:19:10 Aubu de Chaumont, pour la télévision française.
01:19:13 (Musique)
01:19:16 (Musique)
01:19:19 (Musique)
01:19:22 (Musique)
01:19:25 (Musique)
01:19:50 Voilà, c'était diffusé sur la première chaîne,
01:19:53 je le rappelle parce que, j'en parlais au début
01:19:56 de cette volonté de diffuser la culture sur une chaîne généraliste,
01:19:59 la première chaîne, c'était la chaîne la plus populaire à l'époque,
01:20:02 en 1970, et je lisais ça dans un article du Monde récemment,
01:20:05 c'était en moyenne un million de téléspectateurs
01:20:08 pour chacune de ces émissions consacrées à Beethoven,
01:20:11 ce qui est quand même assez étonnant.
01:20:13 Et alors, non seulement ça, il y avait le concert,
01:20:15 mais à la fin du concert, en plus, il y avait ces deux musicologues,
01:20:18 c'était Jean et Brigitte Massin,
01:20:21 donc il y a deux musicologues, vous les voyez, regardez,
01:20:24 - Ça, c'est l'époux, qui ressemble au Père Noël.
01:20:27 - Absolument, et donc, à la fin du concert, ce qu'ils faisaient,
01:20:30 c'est qu'ils venaient faire une analyse musicale de l'œuvre
01:20:33 qu'on venait écouter, donc c'était à la fois très pointu,
01:20:36 et il y avait aussi cette volonté quand même très marquée de vulgariser,
01:20:39 et ça, c'était vraiment intéressant.
01:20:41 - D'autres raisons de nous parler de cette année Beethoven ?
01:20:44 - Que Samson n'aimait pas.
01:20:46 - Ah non, c'était pas son genre de...
01:20:48 - Ah, Beethoven, il disait qu'il était socialiste.
01:20:50 - Non, non, lui, c'était Liszt, Chopin, Ravel, Debussy, évidemment.
01:20:57 On est revenu à Samson François.
01:21:00 Alors, l'année Beethoven.
01:21:02 - Oui, l'année Beethoven, pourquoi ? Parce que c'était un événement
01:21:04 évidemment très important, on vient de le voir,
01:21:06 mais surtout, ça permet de... ça illustre un peu ce qu'a été
01:21:08 cet âge d'or de la musique classique,
01:21:10 qui ne s'est pas arrêté à ce moment-là, on le voit avec vous,
01:21:13 mais c'est le début, c'est un des âges d'or de la musique classique
01:21:16 à la télévision française.
01:21:18 Il faut bien se rendre compte qu'il existait un service
01:21:20 de la musique à l'ORTF.
01:21:22 Et ça, c'est important, parce que tout simplement, du coup,
01:21:24 ça donnait de l'importance à la musique classique.
01:21:26 Service de la musique, c'est le service de la musique classique.
01:21:28 Et celui qui était à sa tête, c'était justement Pierre Wozlinski,
01:21:31 que l'on vient de voir tout à l'heure, et que l'on revoit ici,
01:21:34 qui était donc producteur de la télévision,
01:21:36 mais qui était surtout musicien et pianiste,
01:21:38 et du coup, parce qu'il y avait un service de la musique
01:21:41 au sein de l'ORTF, il va y avoir beaucoup d'émissions,
01:21:44 des documentaires, des reportages, au-delà de tout ce qui est
01:21:47 retransmission, etc., des documentaires et des reportages
01:21:49 consacrés à la musique classique.
01:21:51 Grâce à Pierre Wozlinski, la musique classique
01:21:53 aura son ronde serviette dans la programmation
01:21:56 de la télévision française de l'époque.
01:21:58 Lui, il va rester à la télévision, donc il va rester à son poste
01:22:01 au service de la musique jusqu'à l'éclatement de l'ORTF en 1974,
01:22:04 après il partira à la radio et ailleurs.
01:22:07 Mais ce que je voulais dire, c'est que c'est...
01:22:10 C'est quand même très important, et au début des années 80,
01:22:14 c'est une autre histoire qui va commencer avec vous,
01:22:17 Eve Ruggeri, mais je voulais quand même parler
01:22:19 de Pierre Wozlinski et de cette année 70,
01:22:21 parce que c'est vraiment un des marqueurs
01:22:23 de la musique classique. - Et que la musique classique
01:22:25 lui doit beaucoup... Il a sa notice, d'ailleurs,
01:22:28 dans un dictionnaire, qui dit "Pierre Wozlinski a renoncé
01:22:32 à sa carrière de pianiste pour produire des émissions
01:22:35 à la télévision". C'est formidable.
01:22:37 - Tant mieux pour la télé. - C'est un peu votre...
01:22:40 - C'est ce que j'ai fait, hélas ! - Vous auriez pu...
01:22:43 - Avec le recul, oui, j'aurais pu, oui.
01:22:45 Mais bon, voilà, c'est sacrifier sa vie aussi.
01:22:48 - Oui. - Et c'est pour ça que lui,
01:22:50 d'ailleurs, a arrêté aussi. - Oui.
01:22:52 - C'est-à-dire que quand on devait être concertiste,
01:22:55 c'est 8 heures de piano tous les jours,
01:22:57 et une vie d'astreinte, voilà.
01:22:59 Donc il faut sacrifier beaucoup de choses.
01:23:02 Je pense que ça le mérite vraiment,
01:23:04 mais il y a une chance sur un million
01:23:06 d'être un bon pianiste,
01:23:09 capable de faire une belle carrière.
01:23:11 Et pour ce qui est des grands, grands noms du piano,
01:23:14 là, ça doit être une chance sur 5 ou 6 millions,
01:23:18 quelque chose comme ça. - En tout cas, évidemment,
01:23:21 là, c'est une évocation qu'on regarde
01:23:24 et qu'on entend avec un peu de nostalgie,
01:23:27 un moment où la culture pouvait avoir
01:23:30 une aussi large diffusion au sein du public.
01:23:33 - Mais nous sommes passés, en ce qui me concerne,
01:23:36 quand j'ai décidé d'arrêter, ça faisait 28 ans,
01:23:39 donc c'était bien, nous sommes passés d'une émission
01:23:42 par semaine, Musique au coeur, c'était tous les lundis.
01:23:45 - Oui. - À quoi, maintenant ?
01:23:47 Il y a quatre émissions par an ?
01:23:49 - Et avant d'arrêter... - Heureusement, il y a Claire.
01:23:52 - Avant d'arrêter, on vous a reculé un peu dans l'horaire.
01:23:55 - Oui, on montait progressivement.
01:23:57 - C'était de plus en plus nocturne.
01:23:59 - Voilà. Et aujourd'hui, il y a Claire Chazal,
01:24:01 puis il y a Anne Sinclair,
01:24:03 et ça fait quatre émissions par an.
01:24:05 Donc je trouve pas que le service public
01:24:07 soit à la hauteur de ses promesses.
01:24:09 - Non, alors qu'on le voit dans les salles de concert,
01:24:13 on le voit lors des grands événements,
01:24:16 les amateurs de musique classique sont nombreux
01:24:19 et ils ne demandent qu'à s'élargir, évidemment,
01:24:22 en faisant connaître ces grandes musiques.
01:24:26 - Moi, je déplore ça, mais bon, c'est comme ça.
01:24:29 Je recommande vivement "Ève Rodgérie", vos mémoires parues
01:24:32 il y a quelques mois chez Flammarion,
01:24:34 avec le titre le plus gonflé qu'on puisse imaginer
01:24:37 pour des mémoires, "Au cas où je mourrais",
01:24:40 ce qui est une belle façon de défier
01:24:43 le temps qui passe et la fin de vie.
01:24:47 - Oui, parce qu'il arrive un moment...
01:24:49 En fait, le titre, "Epanoi", il est d'une jeune aristocrate
01:24:52 qui vivait aux alentours de la Révolution française.
01:24:56 Donc, on pouvait vraiment se poser cette question.
01:24:59 "Au cas où je mourrais", c'était la Révolution.
01:25:02 Et moi, je me suis dit... Ils n'ont pas voulu mettre
01:25:05 le point d'interrogation. On ne met pas de ponctuation
01:25:08 sur les couvertures de livres, j'ai découvert ça.
01:25:11 Mais il fallait le point d'interrogation.
01:25:13 Ca m'amusait beaucoup de dire "Au cas où je mourrais",
01:25:16 on sait jamais, avec l'intelligence artificielle,
01:25:19 les progrès de la science. Vous me recevrez, peut-être ?
01:25:22 - "Au cas où je mourrais", voici, dans ces pages,
01:25:25 de radio, grande voix de radio, évidemment,
01:25:29 avec vos batailles à France Inter, aussi,
01:25:33 pour vous imposer, parce que... - Oui, à cette époque-là.
01:25:36 - C'était pas une époque où les femmes avaient des places faciles.
01:25:39 - Non. - On peut le dire.
01:25:41 - Mais parfois, il faut aller...
01:25:44 Au combat, je dirais.
01:25:46 - Oui, il y a beaucoup de choses instructives
01:25:49 pour les femmes ou les jeunes filles d'aujourd'hui.
01:25:52 Merci beaucoup, Eve Rudjery, de nous avoir accompagnées
01:25:56 pour ce moment de très belle musique,
01:26:00 avec un très grand interprète, Samson François,
01:26:03 dont on peut continuer à écouter les enregistrements.
01:26:07 Merci, Richard Poirot, merci de nous avoir suivis.
01:26:10 Je vous dis à très bientôt pour de nouvelles aventures
01:26:13 dans les archives de l'INA.
01:26:15 ...