• il y a 8 mois

Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent de cette étude qui indique que 78% des Français trouvent que la laïcité est en danger.
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Transcription
00:00 Il est 18h02, on est en direct dans Punchline sur CNews et sur Europe 1 avec Louis de Ragnel, journaliste politique à Europe 1.
00:06 - Bonsoir à vous. - Bonsoir à Louis.
00:07 Rachel Kahn qui est essayiste et juriste. Bonsoir à vous.
00:10 On a le plaisir de recevoir Didier Lemer, professeur de philosophie. Bonsoir.
00:13 - Bonsoir. - Vous avez été, vous aussi, menacé.
00:16 Vous allez nous raconter cela à la lumière des déclarations de Gabriel Attal.
00:20 Le général Bruno Clermont est là. Bonsoir général.
00:22 On parlera évidemment avec vous de la locution d'Emmanuel Macron sur l'Ukraine.
00:25 Céline Pinard, politologue et journaliste. Bonsoir à vous.
00:28 - Bonsoir. - Jean-Sébastien Fergeult, directeur du site Atlantico.
00:31 On commence par la laïcité, si vous le voulez bien.
00:33 Gabriel Attal a dit des phrases assez importantes.
00:36 Il pense que la laïcité est en danger. Elle est plus que jamais menacée dans notre pays.
00:40 C'est aussi ce que pensent les Français.
00:42 Plus de 8 Français sur 10, interrogés par l'Institut de sondage Odoxa,
00:46 estiment que la laïcité est en danger dans notre pays.
00:49 Explication Barbara Duran.
00:51 C'est un chiffre sans appel.
00:53 Interrogés sur la question de la laïcité,
00:56 78% des Français estiment qu'elle est en danger dans notre pays.
01:00 Un avis partagé quelle que soit leur sensibilité politique.
01:03 Dans le détail, 68% des sympathisants de la France insoumise l'estiment en danger.
01:08 68% aussi pour le Parti Socialiste.
01:11 79% pour les Républicains.
01:14 Contre 86% et 89% pour les sympathisants Renaissance et du Rassemblement National.
01:19 Si une majorité des Français considère que la laïcité est bien respectée à l'hôpital
01:23 et dans les services administratifs,
01:25 56% jugent qu'elle ne l'est pas au sein des établissements scolaires.
01:29 Les Français, qui sont également 82% à soutenir la loi interdisant le port de signes religieux à l'école.
01:36 Pour Kevin Bossuet, professeur d'histoire,
01:38 l'école justement est aujourd'hui le lieu qui concentre les attaques faites à la laïcité.
01:44 Tout l'ensemble du corps professorel rencontre de plus en plus de problèmes
01:48 pour appliquer la laïcité.
01:51 Il y a certains élèves par exemple qui refusent d'assister à certains cours
01:55 parce qu'ils estiment que ces cours ne correspondent pas à leur sensibilité religieuse.
02:00 Ou certains élèves qui parfois essayent d'entrer dans les établissements scolaires
02:05 avec une tenue religieuse.
02:08 C'est avec la religion musulmane que les Français se montrent le plus sévères.
02:12 73% d'entre eux estiment qu'elle ne respecte pas le principe de la laïcité.
02:17 Contre 33% pour la religion juive et 19% pour la religion catholique.
02:22 Voilà pour les chiffres et l'inquiétude des Français.
02:25 Didier Le Maire, je le disais, vous êtes professeur de philosophie.
02:28 Vous aussi, vous pensez que la République est testée régulièrement
02:31 et que les profs sont très seuls en première ligne.
02:34 Oui, ils sont seuls parce que aussitôt que vous vous alertez,
02:40 vous êtes vous-même mis au banc, traité comme un pariah
02:45 et vous devenez une cible pour les islamistes.
02:48 J'en ai fait l'expérience et j'ai dû renoncer à mon métier.
02:52 Et vous avez été seul en première ligne ?
02:55 Personne ne vous a soutenu ? Le rectorat ? L'académie ?
02:58 Non, pas à ce moment-là d'ailleurs.
03:01 J'ai été très seul.
03:02 Donc les Français sont assez lucides en réalité, Rachel Kahn.
03:05 Ils comprennent bien que la laïcité est testée
03:07 et qu'il ne faut rien transiger là-dessus.
03:11 Exactement, puis ils comprennent bien aussi que différents...
03:16 différents sujets, par exemple, évidemment le wauquisme,
03:20 mais aussi le néo-féminisme sont le cheval de Troyes
03:24 pour entacher cette laïcité.
03:27 Et puis moi, ce qui me fait vraiment de la peine,
03:30 c'est qu'on a eu quand même Charlie Hebdo,
03:33 qui est quand même le symbole de l'atteinte à la laïcité
03:36 et à la liberté d'expression,
03:37 qu'on a eu évidemment ces professeurs qui ont été tués,
03:43 ces attentats, des professeurs menacés,
03:46 des professeurs qui vont à l'école avec la boule au ventre,
03:49 mais aussi des artistes qui n'arrivent plus à s'exprimer en liberté,
03:52 ce qui peut se passer dans les universités, etc.
03:55 Qu'on a eu aussi un très beau discours des Mureaux en 2022.
03:59 - Du président Macron. - Du président Macron.
04:01 Qu'on a eu la loi contre le séparatisme.
04:03 Enfin, c'est-à-dire que sur l'état des lieux, on sait très bien,
04:05 mais le pas de vague, il est là.
04:08 Il est là et personne ne bouge, tout le monde fait silence,
04:10 tout le monde est intimidé par justement ces mots
04:13 qui nous tuent et qui nous disent, lorsque vous croyez en la laïcité,
04:17 qui est aujourd'hui un combat, vous êtes d'extrême droite ou islamophobe,
04:21 et j'en passe à l'extrême-droite.
04:22 - C'est ça, c'est ça. Non mais c'est les automatismes, Jean-Sébastien Ferjot.
04:25 Vous êtes tout de suite catalogués, alors que non, c'est juste la République, en fait.
04:28 - Oui, bien sûr, parce que même parfois dénoncer l'antisémitisme
04:31 dans certains quartiers, vous vaut des accusations d'islamophobie,
04:34 comme si c'était la question qui se posait,
04:36 ce qui est d'ailleurs en soi très méprisant vis-à-vis des musulmans,
04:39 comme si nécessairement, parce qu'on est musulmans,
04:41 on ne pouvait être que antisémite.
04:44 Donc moi, je crois que ce qui s'est beaucoup joué,
04:47 de ce point de vue-là, les deux mandats d'Emmanuel Macron
04:49 resteront comme un grand moment raté,
04:51 parce qu'on voit que l'histoire des atteintes à la laïcité
04:55 ne cesse de se dégrader, alors qu'une attitude ferme
04:59 et surtout une attitude constante, parce que oui, il y a eu le discours des Mureaux,
05:02 mais il y a aussi le fait de choisir Pape Ndiaye
05:04 comme ministre de l'Éducation nationale,
05:06 ou le fait maintenant de choisir Mme Belloubet,
05:08 qui quand même, souvenons-nous-en,
05:10 l'actuelle ministre de l'Éducation nationale,
05:12 quand la jeune Mila avait été mise en cause,
05:14 menacée de mort justement par des islamistes
05:16 sur les réseaux sociaux aussi, avait considéré
05:18 que finalement, elle s'était livrée à une espèce de délit
05:20 ou de crime de blasphème.
05:22 Donc je pense que le fait d'entretenir dans le pays
05:24 cette inconstance permanente et donc le doute,
05:27 ce qui fait que les professeurs qui se battent,
05:30 eux, sur le terrain de la laïcité, ne se sentent pas soutenus,
05:33 parce qu'un jour, ils ont un ministre qui va être très déterminé,
05:35 comme Jean-Michel Blanquer, et le lendemain,
05:37 qui pourrait leur reprocher finalement ce qu'ils font,
05:39 sans parler, parce que c'est une réalité aussi,
05:41 de l'entrisme dans les rangs même de l'Éducation nationale.
05:45 Il y a une stratégie concertée, justement,
05:48 parfois dans certaines inspections.
05:50 Il y a eu aussi, parce qu'on manque beaucoup de professeurs,
05:53 donc tous les professeurs ne sont pas recrutés sur concours,
05:56 il y a un certain nombre de contractuels,
05:58 on est très peu exigeants sur la qualité du corps professoral.
06:00 Alors ça reste fort heureusement extrêmement minoritaire,
06:04 mais il suffit que ça existe pour que dans une salle
06:06 des profs, il y a beaucoup de gens,
06:08 beaucoup de professeurs, quand vous leur en parlez,
06:10 ils disent "mais je n'explique même plus mes opinions auprès de mes collègues".
06:13 On a un professeur sur le plateau, Didier Le Maire,
06:15 vous voyez l'inquiétude des Français,
06:17 ils disent "8 sur 10 disent que la laïcité est en danger".
06:19 Ça vous rassure, au moins, qu'il y ait cette lucidité-là ?
06:22 Oui, oui, je pense que les Français sont conscients
06:25 de ces menaces qui pèsent sur les enseignants
06:28 et sur la dégradation du service public et l'école.
06:31 Je voudrais tout de même préciser une chose,
06:35 il y a une pression très forte qui s'exerce contre les enseignants,
06:39 mais il y a aussi une part de la responsabilité de l'institution
06:42 qui ne fait pas respecter ce cadre,
06:46 et ce cadre, c'est un cadre qui permet à chacun
06:49 d'oublier ses origines, de venir s'instruire
06:52 et apprendre finalement ce que c'est concrètement
06:56 la liberté de penser.
06:57 Or, l'assignation identitaire, la réduction par les signes
07:01 à une appartenance à un groupe, c'est une contestation
07:06 de ce principe d'égalité et de liberté.
07:09 Et l'école, et là je parle maintenant de l'institution
07:12 aussi bien à tous les niveaux, au niveau ministériel
07:15 qu'au niveau des enseignants, l'école a renoncé
07:18 à sa mission principale, qui est celle de transmettre
07:22 cet héritage humaniste, de transmettre une culture,
07:25 une langue commune, et elle ne fait plus qu'un enseignement
07:29 qui a un caractère technique et qui a perdu tout sens.
07:33 Et c'est en raison de cette démission finalement
07:36 de l'institution que la fracture de l'école,
07:39 qui est aussi une fracture de la nation, est possible.
07:42 Et vous êtes professeur de philosophie.
07:43 Rapidement, Céline Pinard, sur cette question
07:45 de laïcité centrale.
07:46 Moi, ce que je trouve extrêmement inquiétant,
07:50 c'est que finalement, aujourd'hui, qu'est-ce qui est plus coûteux ?
07:53 Est-ce qu'il est plus coûteux d'être islamiste
07:55 ou est-ce qu'il est plus coûteux de défendre la laïcité ?
07:57 Si vous défendez la laïcité, vous risquez d'être menacé de mort.
08:00 Si les menaces sont trop importantes, vous risquez d'être sous protection.
08:03 Mais en plus, vous risquez l'opprobre social.
08:06 On va vous dire, en fait, ce qui vous arrive, c'est parce que,
08:08 dans le fond, vous êtes d'extrême droite, c'est parce que,
08:10 dans le fond... Et quand on vous dit d'extrême droite,
08:13 on vous dit que vous êtes une fasciste qui sait bien se présenter.
08:15 Donc, les accusations sont violentes.
08:18 La manière dont on vous réduit à quelque chose de repoussant
08:22 et violent, vous êtes menacé de mort.
08:25 Et finalement, je rappelle juste qu'en général,
08:28 les fascistes ont très rarement été menacés de mort.
08:30 C'était eux plutôt qui menaçaient et qui tuaient les autres.
08:34 Et en face, si vous êtes islamiste,
08:36 à moins d'être vraiment pas malin comme Ikkyo Sen,
08:39 franchement, vous êtes heureux comme Dieu en France, comme on dit.
08:42 C'est-à-dire que le pire, c'est d'entendre...
08:45 Vous pouvez entendre des fois des Marocains et des Algériens
08:48 qui vous regardent et qui vous disent
08:50 "Mais comment est-ce que vous pouvez vous laisser aller à ce point ?"
08:53 Même chez nous, on ne permettrait pas
08:56 que quelqu'un exprime sa religion de cette manière-là.
08:59 Et ils sont extrêmement surpris.
09:02 Et les premiers à nous dire "Mais regardez ce qui s'est passé en Algérie,
09:05 ça peut recommencer, et d'ailleurs regardez en Algérie,
09:08 finalement, on s'en est pas sortis."
09:10 - Allez, petite pause, on se retrouve dans un instant.
09:12 On continue à évoquer ces questions d'éducation,
09:14 à la lumière de ce qui se passe à Sciences Po, Sciences Po Paris,
09:17 le temple normalement de l'éducation
09:20 et de la formation des élites.
09:22 Gabrielle Attal a été à nouveau extrêmement ferme
09:26 et a demandé des sanctions exemplaires
09:28 après ce qui s'est passé.
09:29 A tout de suite, dans Punchline, sur CNews et sur Europe 1.
09:32 - 18h-19h sur CNews et Europe 1.
09:35 - Punchline. Laurence Ferrari.

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