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00:00 - Cher Pierre, vous deviez venir nous voir cet automne pour promouvoir la pièce Lapin.
00:06 - Oui.
00:06 - Et puis malheureusement, votre santé vous a joué des tours, ça arrive.
00:12 - Oui.
00:12 - Vous avez été victime de plusieurs malaises sur scène.
00:15 - Non, pas plusieurs, enfin...
00:17 - De répétitions.
00:18 - D'interruptions, oui, mais c'était la même chose.
00:21 - Bon là, je vous vois debout, je vous ai vu sur scène, bien entendu, ces jours-ci.
00:24 - Oui.
00:25 - Vous allez bien.
00:25 - Mais je vais très bien, comme vous pouvez le constater.
00:28 - Mais oui, je vois.
00:29 - Ce show, c'est que je ne me tiens pas très droit, mais ça, ça n'a rien à voir avec la maladie que j'ai pu avoir.
00:34 C'est... Si, enfin, ça en est une d'ailleurs, la vieillesse.
00:37 Mais enfin bon, j'essaie de donner le change, même si je ne me tiens pas droit, en étant droit quand je joue.
00:44 - Oui, vous connaissez cette phrase, la vieillesse est un naufrage.
00:46 - Oui, je la connais, c'est Charles de Gaulle, ça, oui.
00:48 - Exactement, mais Régis Debray a dit "la vieillesse est un sauvetage".
00:51 On est débarrassé de son surmoi, on est débarrassé de tout ce qui nous encombre.
00:55 - Oui, il a raison.
00:56 - Du poids, voilà, de la honte, des doux, etc.
01:00 - Oui, oui, des scories de la vie dont on se débarrasse parce qu'au bout d'un moment, ce n'est plus la peine.
01:07 - C'est ça aussi, ou pas, c'est vous, Pierre Arditi ? Il y a cette notion-là ?
01:10 - Oui, je me suis débarrassé de beaucoup de choses, oui.
01:12 En particulier, dans mon métier, moi, j'espère en tout cas,
01:17 je me suis débarrassé d'un certain nombre de tics de jeu comme acteur.
01:22 Parce que quand j'ai commencé à être acteur, évidemment, c'est normal.
01:25 Beaucoup de gens ont fait comme ça.
01:27 J'ai commencé par imiter les acteurs que j'admirais.
01:32 Et il me semble que la première des choses que doit faire un acteur
01:39 pour pouvoir vraiment jouer correctement la comédie, c'est de savoir qui il est.
01:43 C'est-à-dire de s'identifier.
01:45 Voilà. Et quand on a 20 ans ou 22 ans, on ne sait pas encore qui on est.
01:49 Et on ne sait pas non plus ce qu'on veut.
01:51 On ne sait pas où on va aller.
01:52 Et quand on ne sait pas où on va aller, on ne peut pas toucher à l'essentiel.
01:57 [SILENCE]