Incontinence urinaire : un patient vient d'être implanté d'un nouveau sphincter télécommandé et "pourra retrouver une vie sociale normale", assure le docteur Philippe Pouletty

  • il y a 6 mois
À l'échelle mondiale, ce sont 400 millions de personnes qui en souffriraient. Le fondateur de l'entreprise Affluent Medical, à l'origine de cette nouvelle technologie, Philippe Pouletty, explique que "très peu de sociétés s'intéressaient jusqu'à présent à ce très grave problème".

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00:00 L'invité éco, Isabelle Raymond.
00:04 Bonsoir à toutes et à tous.
00:06 Plus de 2,5 millions de personnes de plus de 65 ans en souffriraient.
00:10 En France, selon l'assurance maladie, c'est un problème très sérieux qui risque de devenir plus important dans les années à venir avec le vieillissement de la population.
00:18 Je veux parler de l'insuffisance urinaire.
00:21 Bonsoir Philippe Pouletti.
00:22 Bonsoir.
00:23 Vous êtes docteur en médecine.
00:24 Vous avez créé une série de medtech et de biotech d'entreprises spécialisées dans la recherche médicale et dans les biotechnologies.
00:31 L'une de ces entreprises, Affluent Médical, vient d'implanter un sphincter d'un nouveau genre car télécommandé.
00:37 Qu'est-ce qu'il a de nouveau ? Qu'est-ce qu'il a de particulier ?
00:39 C'est un petit boîtier qui s'implante en une trentaine de minutes dans l'abdomen du malade avec un petit moteur qui va commander ce petit manchon
00:51 que l'urologue va installer autour de l'urètre du malade et ça permet au malade qui souffre d'un continent urinaire sévère,
01:00 on n'en meurt pas mais c'est épouvantable, vous n'avez plus de vie sociale, vous ne pouvez plus contrôler votre vessie,
01:07 avec cette petite télécommande qui ressemble à une télécommande de voiture, le malade pourra fermer ou ouvrir son sphincter quand il a besoin d'uriner.
01:17 Il n'aura plus besoin de couche-culotte, il pourra retrouver une vie sociale normale, aller au cinéma, au restaurant.
01:24 Alors on n'en meurt pas mais on meurt à petit feu de cette pathologie très invalidante.
01:30 Mais ça fait 20 ans qu'on implante des sphincters, là ce qui a la différence c'est qu'il est électronique et pas mécanique, c'est ça ?
01:36 Alors il y avait un sphincter qui avait été développé il y a 40 ans, très mal commode, que les malades supportaient mal, difficile à commander.
01:44 C'est une très grande différence par rapport à l'existant et ce qui est frappant c'est que très peu de sociétés s'intéressaient jusqu'à présent à ce très grave problème.
01:55 Alors que ça concerne beaucoup de monde et potentiellement plus de monde à l'avenir.
01:59 400 millions de personnes dans le monde, surtout des femmes, quelques hommes, donc c'est lié à quoi ?
02:06 Cancer de la vessie, cancer de la prostate chez l'homme, grossesse à répétition chez la femme avec un affaissement de la musculature contrôlant la vessie.
02:16 Et donc un premier patient vient d'être implanté ?
02:18 Alors un premier patient vient d'être implanté à Prague avec succès en présence d'un chirurgien éminent de l'hôpital Cochin qui s'est déplacé pour aider absolument, vive la France.
02:29 Et bien sûr il faut être prudent parce qu'on va faire encore une dizaine, une quinzaine de malades à Prague, en Pologne.
02:37 Ensuite il y aura un plus grand essai clinique en Europe qui concernera environ 70 malades avant que ce produit, si les résultats sont satisfaisants, arrive sur le marché européen, américain et asiatique.
02:49 Et c'est ce que vous espérez, Philippe Ouletti, c'est la commercialisation de ce cancer ?
02:54 Alors bien sûr, vous savez, nous dans la vie, ce qu'on fait avec Truffle Capital, avec Affluent, avec beaucoup d'autres entreprises, c'est notre fond que j'ai créé pour pouvoir créer et financer dans la durée des entreprises très technologiques.
03:09 Puisque ce que vous faites, c'est financer ?
03:11 Nous c'est créer des entreprises, vous voyez, on dit il y a un énorme besoin, on pense que la science, la technologie peut en quelques années développer un produit qui va répondre à ce besoin, que ce soit l'incontinent urinaire, des valves cardiaques,
03:25 que l'autre produit d'Affluent c'est une valve cardiaque qui va remplacer une valve qui fuit, des produits contre l'obésité, c'est ça ce qui nous passionne.
03:33 Et notre but c'est de mettre à la disposition des dizaines de millions de malades dans le monde ces produits très innovants.
03:41 Mais si vous ne les financez pas, personne ne le fait, la recherche publique ne le fait pas.
03:44 Alors non, parce que la mission de la recherche publique c'est de faire de la science très en amont.
03:48 Nous on va prendre le relais pour transformer une grande innovation scientifique en technologie, en produit.
03:56 Et ça prend des années de développer un produit implantable chez l'homme, que ce soit en cardiologie, en neurologie, et donc ça coûte très cher.
04:04 Mais c'est ce qu'on fait à Trophol Capital avec des sociétés comme Affluent qui est coté en bourse, mais qui a besoin d'une dizaine d'années avant de pouvoir mettre un produit sur le marché.
04:14 Et donc ce que vous faites c'est prendre un risque financier avec des produits qui rencontrent du succès ou moins.
04:23 Vous êtes notamment à l'origine d'un des premiers cœurs artificiels, Karmat. Aujourd'hui son succès est mitigé, donc ce risque-là vous l'éprouvez ?
04:30 Alors je dirais non, le succès de Karmat est prouvé, puisque le cœur a été approuvé en Europe pour être mis sur le marché.
04:36 C'est une Rolls, c'est une Ferrari, le cœur Karmat, et il n'y a pas d'équivalent.
04:41 Alors ça prend du temps, mais je dirais que c'est un peu comme Tesla qui a révolutionné l'automobile.
04:46 Pendant des années on disait "Tesla ça ne marchera jamais, ça coûte trop cher, etc."
04:51 Donc le fait qu'il soit moins implanté aujourd'hui, ça ne veut pas dire que ce n'est pas un succès ?
04:55 Non, pour moi je suis convaincu que Karmat sera leader mondial, parce qu'il n'y a que 5% des malades dont le cœur ne fonctionne plus qui auront la chance d'avoir une transplantation.
05:05 Les autres vont mourir dans leur lit en quelques années d'insuffisance cardiaque.
05:09 Mais pour moi Karmat c'est déjà le passé. Ce qui nous passionne c'est les entreprises d'aujourd'hui.
05:14 Affluent Médical, Bariatec contre l'obésité, Arthédrone contre les accidents vasculaires cérébraux.
05:21 Il n'y a pas de limite à la science et à la technologie, dès lors que vous vous donnez le temps et des gros moyens financiers pour développer de tels produits.
05:30 Et justement Dr. Philippe Pouletti, ces moyens financiers, à part votre fonds, qui les a ? Est-ce qu'il y a d'autres fonds similaires aux vôtres en Europe ?
05:39 Il y a beaucoup d'autres fonds aux Etats-Unis, qui est le leader mondial pour la biotechnologie, la Medtech.
05:47 Il y a pas mal de fonds en Europe qui financent des entreprises, mais des entreprises existantes.
05:53 Des fonds qui comme nous décident un jour, on va développer une valve cardiaque, on va développer un sphincter urinaire artificiel, on va développer un produit contre l'obésité.
06:03 Il y en a très très peu qui créent les entreprises.
06:06 Et comment vous l'expliquez ?
06:08 Eh bien parce que ça prend du temps, c'est peut-être plus risqué que d'entendre…
06:12 C'est quand même un risque.
06:14 Bien sûr c'est un risque, mais pour nous, non, c'est pas un risque, c'est une passion, ça prend du temps.
06:19 Et on voit aussi beaucoup plus souvent qu'on ne croit, dès lors qu'on a des équipes de management très expérimentées, c'est le cas de la fluente médicale,
06:27 dès lors qu'on ne se fixe pas une échéance trop précise, parce que ça peut prendre quelques années de plus, quelques années de moins,
06:35 et dès lors qu'on garde en tête notre mission qui est d'améliorer la vie des malades, d'augmenter la vie des malades.
06:44 Merci beaucoup Dr Philippe Pouletti, fondateur de Truffle Capital, invité Echo de France Info ce soir. Merci beaucoup.

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