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Laurent Podsiedlik, papa de la petite Chloé, décédée en décembre 2013 à l'hôpital de Chambéry, attend un procès plus de 10 ans après les faits.

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00:00 - 7h44 sur France Bleu Pays de Savoie. Un témoignage ce matin sur notre antenne.
00:05 Cela fait plus de 10 ans que 3 bébés sont décédés à l'hôpital de Chantmery, quelques semaines après leur naissance.
00:10 Et dans cette affaire, il n'y a toujours pas eu de procès.
00:13 Votre invité ce matin, Annabelle Galotti, c'est le papa de l'un de ces 3 nourrissons.
00:17 - Oui, bonjour Laurent Potsédic. - Oui, bonjour.
00:19 - Vous êtes venu d'Annecy dans nos studios. Merci beaucoup d'avoir fait le trajet.
00:23 Vous étiez aussi sur Annecy, un petit peu au moment avant que votre femme accouche,
00:27 puisque c'était une grossesse difficile et donc elle était sur l'hôpital de Chantmery.
00:32 Avec la naissance de Chloé, qui est née prématurément à l'automne 2013.
00:36 Elle est décédée quelques semaines plus tard, après avoir été nourrie avec des poches contaminées par une bactérie.
00:42 Deux autres bébés, Théo et My, sont également décédés dans les mêmes circonstances.
00:46 Aujourd'hui, vous êtes venu parler sur France Bleu Pays de Savoie pour dénoncer cette situation.
00:51 10 ans après, toujours pas de procès des victimes et évidemment toujours pas de coupables.
00:56 Comment on explique ça ?
00:59 - Je pense qu'aujourd'hui, on est les abandonnés de la justice. On a été lâchés très rapidement.
01:05 À l'époque, Marisol Touraine vient à notre rencontre en janvier 2014.
01:10 - C'était la ministre à ce moment-là.
01:12 - Qui nous promet la vérité, la transparence et finalement, derrière une enquête est ouverte.
01:21 - Il y a plein de procédures qui sont engagées, des rapports, des expertises, des contre-expertises.
01:27 Le dossier avance, on le voit, on demande les mises à jour régulièrement.
01:31 Et après, au bout de quelques années, il ne se passe plus rien.
01:35 - Il y a eu une mise en examen quand même, le responsable du laboratoire qui avait fourni les poches dont avaient besoin les enfants.
01:42 - Il est mis en examen 4 ans après le début de l'enquête.
01:46 - Donc là, ça fait presque 5 ans qu'il est mis en examen et il ne se passe rien. Rien du tout.
01:53 - Vous avez eu des bouts d'explications, vous avez été reçus à quelques mois, un an et demi,
01:59 un peu plus au pôle d'instruction de santé de Marseille.
02:04 - À ce moment-là, ils ont pris le relais. Que vous a été dit à ce moment-là ?
02:08 - Alors, on partait sur une fin de procédure.
02:12 En fait, à notre demande, on avait demandé une audition dans le cadre d'une fin de procédure à la juge d'instruction.
02:18 Elle a reçu en début avril 2022 à Chambéry. Elle nous a reçus.
02:24 On a passé la journée, elle nous a auditionnés et elle nous a dit très clairement qu'elle était en fin de procédure,
02:29 qu'elle ne ferait plus d'expertise, plus de rapport.
02:32 Et elle nous a expliqué comment ça allait se passer par la suite.
02:36 Elle transmettait le dossier au procureur de Chambéry, qui lui étudiait le dossier et mettait une date de procès.
02:43 Donc, on est parti rassuré en se disant, bon ben voilà, on arrive sur la fin de la procédure
02:47 et on va enfin pouvoir savoir qui est responsable, en fait.
02:52 Et depuis, plus de nouvelles.
02:54 Donc, c'est nous qui avons relancé la juge. On lui a fait un courrier avec les familles en décembre dernier.
03:02 Et on a reçu la réponse il y a 15 jours, comme quoi la juge d'instruction avait quitté ses fonctions le 15 décembre
03:09 et qu'elle attendait une date d'audience par rapport au recours qu'avait fait le laboratoire Marraite
03:16 sur la dernière expertise, en fait.
03:18 Et depuis un an et demi, le dossier est bloqué. On attend une date.
03:22 - Rostat, tu comprends.
03:24 - France Bleu Pays de Savoie, il est 7h48.
03:26 Les lenteurs de la justice, on en parle avec vous ce matin, 0806 0010 10.
03:31 C'est avec notre invité aussi, Laurent Potier-Dlic.
03:33 Ce papa de la petite Chloé, née prématurée à l'automne 2013 à l'hôpital de Chambéry, est décédée quelques semaines après.
03:40 - Et vous n'avez pas rien fait, j'ai envie de dire, vous, les familles de ces enfants pendant tout ce temps.
03:44 Vous avez écrit, par exemple, au président de la République, à l'époque c'était François Hollande,
03:49 récemment à Emmanuel Macron, ministre de la Justice.
03:52 Est-ce que vous avez des réponses ? Est-ce que ça permet un peu de désespérer et puis d'avoir du concret ?
03:57 - Non, rien du tout.
03:59 On n'a pas de réponse, on a écrit au président, on a écrit au ministère de la Justice, on n'a jamais eu de réponse.
04:07 J'ai pris contact avec le ministère de la Santé pour essayer d'en savoir plus.
04:11 J'ai eu le cabinet du directeur général de la Santé de l'époque, qui est aujourd'hui directeur général des affaires sanitaires.
04:18 Sa secrétaire m'a dit "je transmets les informations et si il pense que c'est utile de vous rappeler, il vous rappellera".
04:27 Au moins, ce n'était pas utile, puisqu'il ne m'a jamais rappelé.
04:30 - Nous allons prendre en ligne le témoignage d'Evelyne.
04:33 Vous pouvez intervenir à l'antenne aussi pour témoigner.
04:36 Évidemment, il y a des affaires moins dramatiques, mais on voit que la justice est toujours avec un rythme différent
04:41 que celui du quotidien, du deuil des familles.
04:44 - Evelyne est avec nous à Valéry ce matin. Bonjour Evelyne.
04:48 - Bonjour.
04:49 - Bonjour, bonjour, monsieur, dame.
04:52 - Votre propos, c'est de dire qu'il faut peut-être mettre des priorités.
04:56 On sait que la justice a des difficultés, peut-être un manque de moyens,
04:59 et qu'il faudrait que certaines affaires soient prioritaires, c'est ça ?
05:04 - Oui, oui, tout à fait. Cette situation-là est incompréhensible.
05:11 Je ne comprends pas que cette justice qui est si lente, il y a des jugements qui traînent,
05:19 il y a des délais interminables.
05:22 Alors pourquoi ? Pourquoi on se pose des questions, bien sûr ?
05:26 Certainement un manque de moyens, mais on a l'impression que le nombre de magistrats
05:34 par rapport à tout ce qui se passe actuellement n'est pas au top.
05:40 Il n'a pas augmenté en fonction de la quantité de crimes et de choses horribles
05:47 qui se passent de plus en plus.
05:49 Donc je pense qu'il devrait y avoir certaines affaires, entre guillemets,
05:56 qui devraient être prioritaires.
05:58 Tout ce qui concerne les enfants en premier,
06:01 tout ce qui concerne les prédateurs, les viols, les crimes, le terrorisme,
06:07 les crimes dans les familles, une affaire comme celle du monsieur,
06:13 on ne comprend pas. Et puis ce n'est pas suffisamment puni, nous aussi.
06:19 – Merci pour votre témoignage Evelyne,
06:21 pour l'instant on ne peut pas parler de punition,
06:23 il n'y a pas encore eu de procès.
06:25 Est-ce que c'est les explications que vous donnent vos avocats,
06:28 peut-être par rapport à cette lenteur de la justice,
06:31 on vous dit ça, pas assez de moyens ?
06:33 – Non, les avocats, pour en avoir discuté avec eux, ils ne comprennent pas.
06:37 Le manque de moyens, je veux dire, c'est un peu partout pareil.
06:41 Je pense qu'il n'y a pas un ministère où il ne manque pas de moyens.
06:44 Maintenant, aujourd'hui, on apprend qu'on n'a plus de juge d'instruction,
06:51 on attend la nomination d'un nouveau juge, mais quand ?
06:54 On ne sait pas, à mon avis pas avant septembre.
06:56 Visiblement, il y a des tas de magistrats qui sont réquisitionnés à Paris
07:00 pour les Jeux Olympiques en prévision des comparutions immédiates.
07:04 Je veux dire, mais d'autres magistrats qui vont entrer dans des pôles,
07:08 comme la semaine dernière, les annonces du ministre sur les affaires classées,
07:12 mais aujourd'hui, dans notre pôle à noule, le pôle santé de Marseille,
07:15 aujourd'hui, on n'a pas de juge dix ans après, en fait.
07:17 Voilà, et ça c'est anormal.
07:20 – Sophie, la maman du petit Théo, disait ce matin sur France Bleu,
07:24 on nous prend pour des cons, en fait, simplement, c'est le sentiment qu'elle a.
07:28 – Tout à fait, de toute façon, aujourd'hui, nous, on ne croit plus en la justice,
07:34 en tous les cas, en ce qu'ils disent.
07:35 Aujourd'hui, il nous faut des faits, il nous faut des réponses.
07:40 – Des délais, des dates de procès.
07:41 Merci pour votre témoignage, merci d'être venue vous confier,
07:45 raconter cette histoire à France Bleu, Pays de Savoie,
07:47 en espérant que ça fasse un petit peu bouger les choses, Laurent.

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