C'EST AUSSI MON ENFANT...

  • il y a 6 mois
Après une séparation, certains parents n'hésitent pas à manipuler leur enfant pour l'amener à rejeter son autre parent. Outre-Atlantique on appelle ce phénomène "l'aliénation parentale". Ce film s'appuie sur plusieurs récits d'enfants et de parents qui ont eu à souffrir de cette séparation radicale.
Quand les parents d'Alexandra divorcent, c'est Dagmar, sa mère, une Allemande, qui obtient la garde. Mais son père refuse de se plier à cette décision et emmène la petite et la confie à ses propres parents. Il la manipule, lui affirme que sa mère ne veut pas la voir. Quand elle apprend la vérité, c'est tout son monde qui s'écroule. Elle raconte avec émotion ce traumatisme et ces années perdues.
Gérard est père de deux enfants auxquels leur mère lui refuse tout droit de visite. Après des mois sans contact, il retrouve des enfants qui le rejettent. Pour eux, il est devenu l'ennemi. Trente plaintes ; quatorze audiences ; trois condamnations de la mère ; Gérard a même fait une grève de la faim. S'il refuse d'abandonner, il n'y croit guère. En France, peu de juges sont en effet sensibilisés aux manipulations dont certains enfants de parents divorcés sont victimes.
Transcript
00:00 Nous sommes à Forbach, à la frontière allemande. Alexandra a 31 ans. A l'âge de 3 ans, ses parents ont divorcé. Deux ans plus tard, son père l'a emmené. Alexandra n'a pas vu sa mère pendant 13 ans.
00:16 A l'âge de 18 ans, j'ai demandé à mon père de pouvoir aller en Allemagne pour voir ma mère parce que l'interdiction de sortie de territoire prenait feu. Et puis à ce moment-là, il m'a dit qu'il n'y avait pas de problème et que si j'y allais, je retrouverais mes valises sur le pas de la porte à mon retour.
00:38 Alexandra a bravé l'interdiction paternelle et s'est rendue en Allemagne. Elle a découvert la vérité sur sa mère et les conditions de leur séparation.
00:47 J'entendais que c'était une putain, que je finirais comme elle sur le trottoir, qu'elle passait de la drogue dans mes couches, ce genre de choses. Je pense qu'il se disait que comme ça, peut-être, je ne chercherais pas à la voir, à savoir qui elle était.
01:07 En plus de m'avoir fait croire qu'elle m'avait abandonnée, qu'elle ne m'aimait pas et que c'était pour ça qu'elle n'avait jamais cherché à me contacter, en plus que je pense que c'était une mauvaise personne.
01:34 En France, près de 2 millions d'enfants ont des parents divorcés. Après la séparation, près d'un tiers d'entre eux perdent le contact avec l'un de leurs parents.
01:42 Depuis qu'elle a retrouvé sa mère, Alexandra a essayé de rattraper les années perdues.
01:48 Elle va s'asseoir ?
01:49 Oui, elle va s'asseoir en croisant les jambes.
01:52 Genre, je suis tranquille.
02:02 Dagmar, la maman d'Alexandra, n'a pas pu jouer son rôle de mère. Son ex-mari ne le lui a pas permis et la justice s'est révélée impuissante.
02:11 Aujourd'hui, elle a l'intention de jouer pleinement son rôle de grand-mère auprès des enfants d'Alexandra.
02:16 Alexandra aurait pu continuer à détester sa mère sans la connaître. Elle a fait un autre choix.
02:26 Elle m'avait toujours dit qu'elle n'avait pas cherché à me voir, qu'elle n'avait pas cherché à ceci ou cela.
02:34 Et le fait de voir les jugements, de lire que finalement elle avait cherché à me reprendre, ça m'a rassurée sur le fait qu'elle s'était battue.
02:43 Voilà.
02:44 Dagmar avait obtenu la garde de sa fille, mais le père d'Alexandra a refusé de se plier à la décision des tribunaux. Il a préféré mener un long combat judiciaire.
02:53 J'étais sans espoir. Pour un certain temps, je ne voulais plus vivre.
02:58 Et puis finalement, je me suis dit, je ne peux pas terminer ma vie et la laisser toute seule avec lui.
03:05 Il faut que je prends mon pouvoir pour assumer ma vie. Et puis un jour, elle va venir.
03:13 Il m'a pas élevée, parce que c'est ma mamie chez mes grands-parents. Donc je pense que non, typiquement, c'était plus pour punir la femme qui avait osé partir.
03:36 Et d'ailleurs, il me l'a dit pour son deuxième divorce. Il m'a dit, elle veut partir. Très bien, mais elle n'aura pas son enfant.
03:43 Enfant, Alexandra parlait allemand.
03:47 Aujourd'hui, elle semble avoir tout oublié de sa langue maternelle. Les deux femmes ne communiquent plus qu'en français.
03:56 Voilà, ça c'est une sculpture qui a été faite par Rydlicka. C'est King Leon, elle s'appelle.
04:06 Oui, c'est monumental.
04:09 Alexandra n'a pas seulement perdu une partie de sa mémoire. Lorsqu'elle a compris qu'elle avait été victime de manipulation, tout son monde s'est effondré.
04:17 C'est une sensation de ne pas savoir si c'est souvenirs, c'est la réalité des choses qui se sont passées, ou si c'est le formatage qui a fabriqué ces faux souvenirs.
04:30 Et du coup, on en vient à se poser la question de, est-ce qu'on est vraiment qui on est, ou est-ce que je suis le résultat de tout ce qu'on a essayé de me bourrer dans le crâne.
04:41 Alors il y a toujours ce conflit interne de se dire, c'est moi, c'est pas moi, je le pense vraiment.
04:47 Ça provoque, ça provoque une réaction.
04:51 Oui, ça, on est ou on n'est pas.
04:55 Ou alors c'est juste pour...
04:57 L'histoire d'Alexandra est relativement banale.
05:00 Après une séparation, certains parents n'hésitent pas à manipuler leur enfant pour la mener à rejeter son autre parent.
05:07 On appelle ce phénomène "aliénation parentale".
05:11 Paul Bensoussan est expert psychiatre auprès de la Cour de Cassation.
05:15 Il connaît bien ce comportement qui n'a fait que s'amplifier ces 15 dernières années.
05:19 L'aliénation parentale, c'est un rejet d'un parent par un enfant, dit très simplement.
05:26 Mais rejet bien sûr qui ne s'explique pas par la qualité de la relation d'avant.
05:31 C'est-à-dire qu'en fin de compte, il n'y a rien à reprocher aux parents, aux parents, l'enfant n'a rien à reprocher aux parents.
05:37 Voilà, on retrouve dans l'histoire de la famille, dans les souvenirs des témoins, des frères et sœurs, etc.
05:43 On retrouve la notion d'une relation de qualité.
05:47 Et bizarrement, curieusement, à partir d'un certain moment, le plus souvent dans une séparation, mais pas toujours,
05:55 il y a une distance, une froideur, voire une hostilité qui entraîne beaucoup de désarroi chez les parents, qui est rejetée.
06:05 C'est ça qu'on appelle l'aliénation parentale.
06:07 Et en fait, l'aliénation au sens étymologique, c'est la perte du lien.
06:12 C'est couper le lien. C'est rendre étranger un parent à un enfant.
06:22 Gérard habite dans la région de Lyon. Il est père de deux enfants, Mathis et Marjolaine.
06:28 Depuis qu'il a quitté sa compagne, sa vie est devenue un enfer.
06:34 Depuis trois ans, il ne peut plus voir ses enfants.
06:37 Quand je suis parti, là, vraiment, j'ai dit, ben voilà, moi, je n'en peux absolument plus.
06:48 Et là, elle m'a regardé en me disant, mais tu n'auras jamais les enfants. Jamais tu n'auras les enfants.
06:54 Comme prévu, le divorce a été conflictuel et la garde des enfants, une source de discorde entre les deux parents.
07:04 Je suis parti en août 2005.
07:10 Les enfants avaient quel âge ?
07:12 Donc Marjolaine avait 7 ans, Mathis avait 11 ans.
07:16 Le juge a décidé que j'aurais les enfants une semaine sur deux et puis la moitié des vacances scolaires.
07:23 Et qu'est-ce qui s'est passé ?
07:25 J'étais venu chercher mes enfants, comme voilà, le jugement.
07:29 Et immédiatement, ça a été un front pour m'empêcher de prendre les enfants.
07:38 Les enfants étaient au milieu. C'était des insultes, des cris.
07:45 Voilà, et Mathis, je me souviens de Mathis qui était là au milieu, je lui dis, il faut venir Mathis.
07:52 Et Mathis qui me répondait, ben pas maintenant papa, pas maintenant.
07:57 Le fait d'empêcher tout contact entre un parent et ses enfants permet de renforcer l'emprise que le parent aliénant a sur eux et de les manipuler plus facilement.
08:06 Quand je pense à tous les bons souvenirs, c'est quand je joue avec eux.
08:16 C'est plein de souvenirs qui me reviennent en fait.
08:19 C'est bon, bien sûr, Marjolaine, ce qu'elle adorait faire, je le revis vraiment.
08:24 Elle se mettait sur mes épaules et puis elle me cachait les yeux.
08:28 Et puis elle me disait, ben tu vas à droite, tu vas tout droit.
08:31 Et alors son jeu c'était de me faire rentrer dans les murs, moi je faisais semblant de ne pas voir.
08:36 Et alors elle prenait des fous rires, mais c'était incroyable.
08:41 Pendant de longs mois, Gérard n'a pas pu voir ses enfants rester avec leur mère et leurs grands-parents maternels.
08:48 Les retrouvailles ont été un véritable choc.
08:53 Quand je les ai revus, c'était fin 2006, c'est vrai que je ne reconnaissais plus Matisse.
09:05 Je lui parlais de plein de choses qu'on a pu faire ensemble, que ce soit les jeux de société, que ce soit le foot, Matisse.
09:14 Tout ça, ça avait disparu.
09:18 Il n'y avait plus que l'image du méchant qui était en face d'eux.
09:24 C'est terrible ça.
09:27 Et ça je l'ai pris vraiment en pleine face.
09:30 Moi je ne peux pas accepter ça.
09:33 Et c'est là que j'ai compris que là les enfants avaient été totalement, c'est du lavage de cerveau, totalement aliénés.
09:38 L'enfant aliéné, dans les cas les plus typiques, n'a aucun bon souvenir.
09:43 Au fond il a une sorte de bichromie, il voit le monde en noir et blanc.
09:47 Il y a un parent qui est uniquement bon, l'autre qui est uniquement mauvais.
09:51 Et lorsqu'on lui demande "mais enfin, ça n'a pas toujours été comme ça, tu t'es parfois bien entendu, raconte-moi comment c'était etc."
09:57 Non, il n'y a pas de bon souvenir, il n'y a rien.
10:00 Alors on a l'impression qu'on a littéralement, pour reprendre un langage informatique, reformaté le disque dur, qu'on a tout effacé.
10:08 Géorges n'a pas abandonné pour autant.
10:15 Il a porté plainte contre Florence pour non-représentation d'enfant.
10:19 La mère des enfants, elle, l'a accusée d'avoir commis des abus sexuels sur Mathis et Marjolaine.
10:28 Les enfants ont été interrogés, ils ont été filmés.
10:35 Et puis il s'avère que dans leurs déclarations, ils ont très vite dit qu'effectivement, c'est un moment qu'il leur avait demandé de dire ça.
10:46 Et que c'est maman qui le disait, donc c'était vrai.
10:50 C'est maman qui le disait ?
10:51 C'est maman qui le dit, donc c'est vrai.
10:53 Et elle l'a reconnue ?
10:57 Alors elle l'a reconnue bien plus tard, en fait, à une audience qui était en appel à Grenoble.
11:04 Qu'est-ce qu'elle a dit ?
11:05 Devant le procureur de la République.
11:06 Florence a quand même reconnu devant les questions du procureur que, effectivement, les accusations d'attouchement étaient fausses.
11:15 Et, effectivement, on lui a posé la question, je me souviens de tout, c'est le procureur ou un des juges qui était là,
11:21 qui nous a demandé pourquoi elle avait fait ça, c'était grave et pourquoi elle avait fait ça.
11:25 Et elle a reconnu que c'était simplement pour garder les enfants et ne pas les rendre, et empêcher que j'aie les enfants.
11:34 Les jugements s'accumulent, le temps passe, les enfants refusent toujours d'aller chez leur père, les juges semblent impuissants.
11:43 Ce sont des enfants qui sont extrêmement convaincants.
11:52 Très tôt, presque avant l'âge de 10 ans, un enfant sait, intuitivement, inconsciemment qu'il est plus fort qu'un juge.
11:59 C'est-à-dire que, quelle que soit la décision, il ne s'y pliera pas.
12:03 Effectivement, Mathis et Marjolaine n'ont pas eu peur de provoquer la justice.
12:12 Ils refusent toujours de voir leur père.
12:14 Désespérés, à bout de force, Gérard a décidé de faire une grève de la faim.
12:22 J'ai décidé de faire ça pour attirer l'attention et pour alerter la justice.
12:28 Parce que là, on est arrivé à un point où plus rien ne bouge, donc je ne sais plus quoi faire.
12:35 On a vraiment alerté la justice.
12:41 Et puis, dénoncer cette situation, c'est vraiment un acte de violence.
12:47 Alors, on a alerté la justice.
12:50 Et puis, dénoncer cette situation aussi, parce que c'est quand même intolérable, ça.
12:56 C'est intolérable.
12:59 Et au travers des gens qui sont venus là, qui ont apporté des témoignages,
13:03 il y a énormément de papas qui m'ont dit "Moi, j'ai vécu la même situation, ou je suis dans la même situation,
13:09 mais je baisse les bras, j'ai rien, j'ai abandonné, j'ai laissé tomber."
13:14 Donc voilà, pour moi, c'est pas tolérable, c'est pas quelque chose que...
13:18 Puis moi, je le regretterais. Si j'avais pas fait ça, je crois que, de toute manière, je l'aurais regretté.
13:23 Je fais pas le poids face à elle. L'emprise qu'elle a...
13:27 - Voilà, ça, c'est ce qu'elle fait. - Mais oui, mais je reconnais.
13:30 L'emprise psychologique qu'elle a su imposer sur les enfants.
13:35 - Et sur vous ? Vous avez toujours dit oui ? - J'ai toujours dit oui.
13:41 En France, la non-représentation d'enfants est un délit.
13:45 Pourtant, chaque année, de nombreux parents refusent de respecter les décisions du juge aux affaires familiales et enfreignent la loi.
13:52 - C'est quoi que tu veux ? - Sur des milliers de plaintes déposées, seule une minorité aboutit à un jugement.
13:58 - Je l'ai là. - Comment tu l'as ?
14:00 En 2007, à peine 1 000 condamnations ont été prononcées, comme nous le confirme M. Guillaume Didier,
14:05 porte-parole du ministre de la Justice.
14:08 - Commissaire au droit de l'homme, il y a, sur les 1 000 condamnations par an, environ 300 dispenses de peine qui sont prononcées après un ajournement.
14:15 C'est-à-dire que ça a été efficace. Et dans 300 cas sur ces 1 000, le parent fautif a pris conscience de son erreur,
14:22 a pris conscience de ses fautes, et la situation est redevenue normale.
14:25 Et ça, je peux vous dire que c'est extrêmement important, parce que c'est la paix qui est revenue dans les familles, et l'enfant a tout à gagner.
14:30 Et puis il y a, sur ces 1 000 cas, 500 condamnations à des peines d'emprisonnement, dont une cinquantaine à des peines d'emprisonnement ferme.
14:40 Et là, on est vraiment dans l'ultime recours. L'emprisonnement ferme doit être l'ultime recours dans ce genre de situation.
14:45 Mais vous voyez que la justice française prend très au sérieux les cas où un parent refuse, avec insistance, de respecter les décisions de justice.
14:54 En réalité, ceux qui refusent de confier leur enfant à son autre parent ne risquent pas grand-chose.
15:00 La procédure dure de longs mois, voire des années.
15:04 Durant cette période, les liens qui unissaient l'enfant à son autre parent sont bien souvent rompus.
15:09 Les magistrats sont très vigilants.
15:11 Le terme "aliénation parentale", il n'est pas exprimé comme cela dans le code civil ou dans le code pénal.
15:16 Ce que les magistrats qui prononcent les divorces, les justices inframariales connaissent, c'est qu'un parent a une influence extrêmement négative sur son enfant, voire le manipule, consciemment ou inconsciemment, pour que l'enfant prenne partie en sa faveur, au détriment de l'autre parent.
15:37 Alexandra a beaucoup souffert d'avoir été séparée de sa mère.
15:44 Elle en veut à une justice qu'elle a laissé faire et n'a pas sanctionné son père.
15:48 Elle a donc décidé d'attaquer l'État pour faute lourde.
15:54 Aujourd'hui, elle se rend chez son avocat.
15:59 - Bonjour. - Bonjour madame, bienvenue.
16:05 - Merci. - Merci.
16:08 - Asseyez-vous. - Merci.
16:15 - Est-ce que vous m'amenez d'autres documents aujourd'hui ? - Non, par rapport aux fesses.
16:22 On attend des choses importantes.
16:24 On va commencer avec ce que vous m'avez déjà laissé la fois précédente.
16:29 On voit très bien l'enchaînement, on voit très bien que les choses sur le plan judiciaire ne se sont pas du tout passées comme elles auraient dû.
16:36 C'est vrai que le fait que votre maman soit étrangère et éloignée n'a certainement pas arrangé les choses.
16:42 Je pense que... Vous avez la possibilité de la contacter comme vous voulez ?
16:49 - Oui, bien sûr. - Elle est prête à vous aider, à vous fournir des choses qui pourraient nous être utiles ?
16:54 Oui, de toute façon, déjà tous les documents, elle a fait des recherches parce qu'elle a vu que c'était important pour moi.
17:01 Donc c'est vrai que pour elle c'est difficile parce que ça fait remonter forcément beaucoup de mauvais souvenirs.
17:07 Mais bon, elle a bien compris l'importance pour moi.
17:11 - Vous en avez parlé avec elle ? - Oui.
17:14 En fait, elle pense qu'il faut que j'arrive à passer outre et à passer à autre chose.
17:20 - Elle pense que ce que vous souhaitez faire, ça peut vous aider ? - En tout cas, elle comprend que je veux le faire.
17:26 La justice n'a rien fait pour contraindre le père d'Alexandra à respecter les décisions du juge aux affaires familiales.
17:33 Pendant des années, il a décidé de garder sa fille pour lui seul et s'est moqué de la justice en parfaite impunité.
17:40 J'arrive pas à comprendre pourquoi pendant 8 ans, 8 années où ma mère s'est battue, pourquoi...
17:47 Les juges lui ont donné ce droit, cette possibilité.
17:50 Ce qui ne va pas, c'est que ces jugements, on n'a pas fait en sorte qu'ils puissent être exécutés.
17:55 Vous comprenez ? De deux choses l'une.
17:58 Ou bien on vit dans la jungle et alors là, on sait à quoi s'en tenir.
18:02 C'est-à-dire, tous les coups sont permis.
18:04 Ou bien on vit dans un état civilisé, il y a des lois, ces lois doivent protéger les plus faibles,
18:10 doivent protéger les intérêts des uns et des autres, et à ce moment-là, il faut qu'on...
18:14 L'état est responsable de leur application.
18:17 Et puis là, vous avez un grand nombre de décisions, vous voyez,
18:20 le tribunal de grande instance de Préteil, la cour d'appel de Paris...
18:24 Après toutes ces années, Alexandra garde toutes les séquelles d'une enfant aliénée.
18:28 Pourquoi est-ce qu'aujourd'hui, à 31 ans, vous avez décidé d'aller voir un avocat ?
18:33 Parce qu'entre-temps, je suis devenue maman.
18:38 Et là, une grande angoisse, une peur panique, on vient de m'enlever mes enfants.
18:42 Et j'ai ressenti sûrement un millième de ce qu'avait dû ressentir ma mère.
18:48 Et je me suis dit que, bon, mon histoire n'était pas réglée et qu'il fallait que je me fasse aider.
18:54 Donc j'ai suivi une thérapie qui m'a aidée à retracer mon histoire, justement,
19:02 parce qu'il y avait beaucoup de non-dits, beaucoup de choses cachées,
19:06 beaucoup de... même moi, des choses dont je ne voulais pas me souvenir.
19:10 L'enfant devenu adulte ne va pas vraiment avoir l'impression qu'il a été manipulé,
19:15 mais va retrouver en tout cas un discernement et un libre-arbitre
19:19 dont il était privé au moment de la séparation conflictuelle.
19:23 Mais il est trop tard. Il peut se rapprocher, bien sûr, du parent qui l'a rejeté pendant des années,
19:28 mais à qui est-ce qu'on va rendre les années volées ?
19:30 Ni à l'enfant, ni aux parents. C'est quelque chose qui est définitivement perdu.
19:35 [Musique]
19:40 Alexandra a contacté ACALPA. C'est l'association lutte contre l'aliénation parentale.
19:46 [Musique]
19:51 Elle soutient les parents, les aide dans leurs démarches et organise des conférences
19:55 pour faire connaître l'aliénation parentale et ses conséquences dans les milieux politiques et judiciaires.
20:00 [Musique]
20:02 Je ne savais pas ce que c'était que l'aliénation parentale. Je la vivais,
20:06 mais je n'arrivais pas à comprendre les comportements de mon ex-compagnon et le comportement de ma fille.
20:16 Et l'ACALPA, c'est un lieu d'écoute, d'échange, de réconfort.
20:23 C'est un lieu qui permet de se dire que rien n'est perdu, qu'il faut se battre,
20:29 que les situations les plus difficiles les unes ou les autres apportent du réconfort à certains et à certaines.
20:36 [Musique]
20:39 Olga Odinec est la présidente de l'association.
20:42 Pizza, fruits de mer.
20:44 Cela fait 8 ans maintenant que cette mère de famille ne voit plus ses enfants.
20:47 Oui, oui, il y a des assiettes, il y a plein de choses à manger.
20:50 C'est parfait.
20:51 Quand un parent décide de vraiment soustraire, de rater l'enfant à son autre parent,
20:55 il met en place un processus de manipulation que l'on va retrouver absolument dans toutes les histoires,
21:01 avec la discréditation d'un parent, la diffamation, le harcèlement, le rejet,
21:07 et c'est toujours la même dynamique, on dirait que c'est la même histoire,
21:10 qui va se répéter dans des familles différentes.
21:13 Vivre sans son enfant, ce n'est pas difficile,
21:16 c'est survivre sans son enfant, c'est une amputation au quotidien.
21:20 [Musique]
21:23 Si l'aliénation parentale n'est pas véritablement reconnue en France,
21:26 elle est plaidée depuis près de 20 ans dans les tribunaux américains et canadiens.
21:30 Nous nous sommes rendus à Montréal.
21:33 Au Canada, le principe en cas de divorce est la médiation.
21:37 Peu de couples, à peine 1%, se lancent dans une bataille judiciaire concernant la garde des enfants.
21:43 L'honorable juge Danielle Richer est magistrat de la Haute Cour du Québec.
21:47 Elle veille à ce que les enfants ne soient pas instrumentalisés par un parent.
21:51 Ici, les juges prévalent l'aliénation parentale très au sérieux.
21:55 On essaie de plus en plus, vous savez, d'expliquer aux gens l'importance de respecter les droits des enfants
22:02 pour maintenir l'équilibre chez les enfants.
22:05 Et ce n'est pas aux parents de s'approprier, de décider seul ce qui va être bien pour l'enfant.
22:13 Cet enfant-là a certains droits. Il a le droit à ses deux parents.
22:16 Il a le droit à une bonne image de ses deux parents.
22:18 Il a le droit au respect de ses deux parents et surtout avoir un bon contact avec chacun des parents.
22:24 Quand on parle de pure aliénation, c'est que l'enfant est victime de cette aliénation-là
22:29 et s'est associé complètement aux parents gardiens.
22:32 Et il faut intervenir parce qu'il y a un déséquilibre total qui se crée chez l'enfant.
22:39 Il y a certains cas qui nécessitent un transfert de garde.
22:44 Ce n'est pas toujours la seule solution.
22:46 Quand l'aliénation est moins avancée ou quand elle est moins importante,
22:52 on peut envisager une garde partagée ou encore garder beaucoup plus de temps chez le père,
22:58 qui serait le parent aliéné, beaucoup plus de fins de semaine.
23:02 Par exemple, on peut aller jusqu'à trois fins de semaine sur quatre,
23:05 ou même toutes les fins de semaine au père, la semaine avec la mère.
23:14 Transférer la garde des enfants est une décision assez rare, mais pas exceptionnelle au Canada.
23:19 Marie-Louise a 15 ans.
23:23 Sa soeur, Catherine, en a 12.
23:27 Pendant des années, leur mère a multiplié les procédures judiciaires pour les éloigner de leur père, Luc.
23:34 Elle a cumulé les reproches et écrivait régulièrement au juge
23:40 pour signaler l'incompétence de son mari et son incapacité à élever ses filles.
23:44 En début, c'était quoi?
23:47 C'était simple, pour rapport que je ne m'occupais pas de mes enfants.
23:53 Je ne mettais pas de la crème solaire quand c'était l'été.
23:56 J'étais un mauvais père parce que je ne mettais pas de la crème solaire.
24:00 C'est mangé.
24:02 Dans le garage à côté, je me souviens, il y avait des tons de...
24:06 tout ce qu'on peut rentrer dans un garage.
24:08 Elle avait appelé son avocat en disant que je laissais passer des enfants dans un endroit qui était très dangereux.
24:15 J'ai sauté mes plombs. J'ai dit oui, c'est tellement dangereux.
24:17 Il y a des chins, des haches, des couteaux, un paquet de choses dangereuses.
24:22 Des marteaux et aussi des choses qu'on travaille avec à tous les jours.
24:28 C'était enrageant de dire quoi?
24:31 Des choses simples, banales de tous les jours.
24:34 Pour elle, on en faisait une montagne et tout était dangereux.
24:37 Elle est belle.
24:39 Oui, celle-là, on l'a regardée tantôt.
24:41 Je l'aime.
24:42 Influencées par leur mère, les filles ont longtemps eu peur de leur père
24:45 et vécu dans la crainte qu'il ne vienne les chercher.
24:48 Sauf à la moustache.
24:51 J'aime-tu de moustache?
24:53 Moi, je me rappelle quand on se cachait de toi.
24:57 Où?
24:58 Quand tu arrivais pour venir nous chercher et nous autres, on faisait le tour du bloc appartement.
25:03 Ah oui.
25:06 Pourquoi?
25:07 On dirait que c'était un jeu.
25:09 Et pourquoi vous vous cachiez? Il vous faisait peur à l'époque?
25:12 Oui, à cause de tout ce qu'il nous disait. On croyait que c'était vrai.
25:16 Un bracelet de Noël.
25:18 Une mère dépressive, des enfants aliénés.
25:21 Les juges ont décidé de transférer la garde des enfants au père.
25:25 Ses filles sont venues habiter chez Luc et leur mère s'est vue imposer des visites médiatisées
25:29 sous la surveillance d'un éducateur.
25:31 Les visites supérieures ont été rock'n'roll aussi.
25:34 La mère continuait l'aliénation avec les enfants.
25:40 Quand il y avait des visites, la mère prenait des papiers,
25:44 elle les rentrait dans des petits crayons.
25:46 Et quand elle arrivait avec les enfants, elle leur donnait les crayons.
25:50 Moi, c'était anodin, c'était un crayon.
25:52 Mais les enfants, comme ils avaient été habitués avec les petits trucs,
25:55 ils arrivaient à la maison, ils rouvraient le crayon, les crayons BIC.
25:59 Ils rouvraient le crayon, ils déroulaient le papier,
26:02 puis ils disaient ce que leur mère voulait qu'ils disent.
26:05 Ton père, c'est un con. Tes grands-parents sont méchants.
26:09 Toutes ces petites choses-là.
26:11 Les travailleurs sociaux s'en sont aperçus.
26:14 Les droits de visite de la mère de Marie-Louise et Catherine ont été supprimés.
26:18 (Musique)
26:28 Marie-Louise et Catherine avaient respectivement 9 et 7 ans.
26:32 (Musique)
26:36 T'en veux un peu au juge, au système ?
26:39 Non.
26:40 Si on fait un bon choix, là, ma mère était malade.
26:44 Puis, tu sais, en plus, qu'elle nous a empêchés de voir notre père,
26:48 puis ça nous fait du bien de le voir, puis de le connaître.
26:52 Puisque c'est un homme bien.
26:54 (Bruit de moteur)
27:04 Mon bureau va être ici, à droite, presque immédiatement.
27:09 Hubert Van Giesghem vit dans la banlieue Chic de Montréal.
27:15 Il est expert auprès des tribunaux canadiens.
27:19 Psychiatre, il s'est spécialisé dans le phénomène d'aliénation parentale et dans ses causes.
27:30 Il y a des aliénations parentales justifiées et des aliénations parentales non justifiées.
27:36 Bien entendu, si un enfant est battu par un parent, est négligé par un parent,
27:40 est délaissé par un parent, est abusé sexuellement par un parent,
27:44 si cet enfant rejette ce parent, c'est une aliénation parentale qu'on peut bien comprendre et qui est justifiée.
27:51 Tandis que ce qu'on appelle actuellement l'aliénation parentale,
27:55 ou peut-être on l'appellera dans nos classifications officielles bientôt,
28:00 le trouble de l'aliénation parentale, c'est donc un trouble dont l'enfant souffre.
28:05 De quoi est-ce qu'il souffre ?
28:07 Cet enfant rejette un parent de façon non justifiée,
28:11 parce qu'il avait un bon lien avec ce parent et ce lien était une bonne source d'éducation pour cet enfant.
28:18 C'est dommage, j'ai toutes mes choses à l'extérieur, mais je vais prendre...
28:22 Au début, la théorie de l'aliénation parentale a fait naître de nombreuses polémiques,
28:26 car elle a remis en question la place à accorder à la parole de l'enfant et l'a désacralisée.
28:34 On donnait beaucoup plus de fiabilité à la parole de l'enfant en 1990 qu'en 2000,
28:42 parce qu'entre-temps, c'est-à-dire entre 1990 et 2000,
28:48 nous nous étions rendus compte que non, il ne faut pas écouter l'enfant.
28:53 Bien sûr, il faut écouter l'enfant, mais il ne faut pas toujours croire l'enfant.
28:59 Quand un enfant nous dit "ma mère est une putain" ou "mon père est un monstre",
29:06 il ne faut pas toujours prendre ça comme de l'argent comptant, il faut évaluer.
29:12 Qu'est-ce qui fait que cet enfant dit cela? Qu'est-ce que cet enfant croit cela?
29:16 Parce que dans la très grande majorité des cas, l'enfant le croit.
29:20 Mais il le croit très souvent à tort, parce qu'il est dans un trouble de l'aliénation parentale,
29:28 et avoir plusieurs sources.
29:31 Lors de divorces extrêmement conflictuels, il n'est pas rare de voir un parent aller jusqu'à enlever ses enfants.
29:40 Nadia Viacchatello, elle a deux enfants, Simon, 16 ans, et Jean-Abel, 9 ans.
29:47 Qu'est-ce qui s'est passé à l'école?
29:50 Eh bien voici l'école primaire, l'école de Jean-Abel, l'école de Viacchatello.
29:56 Mon fils aîné, Simon, est venu chercher son petit frère, ici, il l'attendait à l'entrée de l'école, et ils sont partis.
30:05 C'était au mois d'octobre 2006, il y a un an et demi, et depuis je n'ai plus revu mes enfants.
30:15 Nadia a demandé le divorce en octobre 2002.
30:21 Son mari, le père de ses enfants, est franco-égyptien. Il a très mal vécu la séparation.
30:27 Tout de suite, j'ai pensé que mon mari était venu les chercher.
30:31 La police, elle, ne croyait plus à une fugue, une fugue d'enfants.
30:37 C'est pour ça qu'ils se sont dirigés tout de suite vers la gare, et ils recherchaient des enfants, non accompagnés.
30:43 Mais moi j'étais sûre que le père les avait emmenés.
30:48 L'école n'a pas prévenu Nadia de l'absence de ses enfants, ce qui a permis à leur père de quitter la France, avant que la police n'ait été alertée.
30:55 Ce train-là, c'est ce TGV qu'ils ont pris, le TGV pour Paris, et à Paris, ils ont pris un autre train pour l'Allemagne.
31:13 Le train de 10 heures, c'est ça ?
31:15 Le train de 10 heures, oui.
31:16 Le train de 10 heures, oui.
31:17 Depuis que les enfants ne sont plus là, Nadia se raccroche à ses souvenirs.
31:41 Les chambres des enfants sont restées intactes.
31:44 Voilà la chambre de Jean Abel.
31:47 Sa passion, c'était les tigres.
31:53 Depuis qu'il avait vu un reportage à la télévision, il voulait sauver les tigres de Sibérie.
31:59 C'était un grand artiste aussi.
32:06 Le père de Simon et Jean Abel a passé de longues heures avec ses enfants au téléphone.
32:10 Nadia suppose que c'était un moyen pour les manipuler.
32:14 Les enfants téléphonent quand ils veulent à leur père, leur père leur téléphone assez souvent,
32:19 et à distance, pendant qu'ils leur téléphonent, ils commencent à les manipuler.
32:25 Par exemple, "Es-tu heureux de te voir ?"
32:32 "Es-tu heureux avec maman ?"
32:36 "Eh bien non, papa, maman, hier soir, a shooté dans mon sac d'école."
32:44 "Ah, mon pauvre petit, maman est parfois violente."
32:48 "Maman veut vivre sa vie, tu l'embêtes, c'est lourd pour elle d'élever trois enfants."
32:54 "Mais tu verras quand tu viendras en Égypte, ici, on ne se couche pas à 8 heures,
33:00 on danse toute la nuit, il y a des enfants partout, il y a des petits cousins, on s'amuse,
33:06 c'est gai, il fait chaud, il pleut toujours à Châtellerault."
33:10 Et peu à peu, peu à peu, l'enfant se dit "Mais oui, ce serait peut-être mieux là-bas."
33:15 Le papa ne venait plus et les attirait par téléphone, les attirait de plus en plus là-bas.
33:22 Mais ça, on ne s'en aperçoit pas.
33:26 À la relecture, on s'en aperçoit quand les enfants sont enlevés.
33:31 Depuis l'enlèvement, les enfants de Nadia ont été totalement endoctrinés.
33:41 Simon et Jean-Abel se sont transformés en de véritables petits soldats.
33:48 Ils font désormais la guerre à leur mère.
33:54 Les enfants m'aimaient, mais depuis un an et demi, je suis devenue leur pire ennemi.
34:00 Ils me détestent, ils me haïssent, et c'est ça qui est très dur pour une maman.
34:05 C'est insupportable parce que je n'ai plus aucune relation avec mes enfants.
34:10 La dernière fois que j'ai eu des nouvelles de mes enfants, c'était à Melles.
34:16 Je vais vous en dire un passage parce que je l'ai là, sur mon lit.
34:22 C'est très difficile pour moi de lire ce genre de Melles.
34:26 Vous allez en juger par vous-même.
34:29 Pour une maman, c'est épouvantable de lire ça.
34:32 « Jamais nous n'aurons une mère divorcée.
34:37 Si tu continues à vouloir divorcer, oublie-nous.
34:43 Maman, si tu n'annules pas le divorce, annule-nous.
34:51 Annule-nous dans ta vie.
34:53 C'est toi qui décidera que ce message soit le dernier ou pas. »
35:00 Signé Simon et Jean Abel.
35:05 Il faut signaler aussi que le papa a changé leur nom.
35:08 Ça fait partie de la manipulation.
35:10 Ils ne s'appellent plus Jean Abel et Simon, mais Jean Ibrahim et Simon Ibrahim.
35:16 Les enfants sont en train de se faire ennuyer.
35:20 Ils sont en train de se faire ennuyer.
35:23 L'aliénation a des degrés extrêmes avec l'enfant soldat, l'enfant guerrier qui exprime de la haine,
35:30 qui exprime un rejet absolu.
35:32 C'est heureusement une rareté.
35:34 Si l'enfant rentre dans l'adolescence avec cette dynamique d'aliénation,
35:39 non diagnostiquée ou non traitée, ce qui revient au même,
35:43 alors il faudra attendre l'âge adulte pour qu'il retrouve son libre arbitre et sa mémoire.
35:47 Mais il y a très peu de chances qu'un enfant adolescent,
35:50 ayant rejeté depuis quelques années un parent, revienne vers lui avant sa majorité.
35:56 Nous retrouvons Luc et ses filles au Québec, dans un marché aux puces.
36:07 Après trois ans de séparation, ce papa a dû reconstruire sa relation avec Catherine et Marie-Louise
36:12 et restaurer la confiance entre elle et lui.
36:14 Ce rapprochement n'a été possible qu'en soustrayant les deux sœurs à l'influence de leur mère.
36:31 C'était ça que j'aime bien.
36:32 Et là aujourd'hui avec ton papa, ça a mis longtemps à revenir le lien ?
36:36 Oui, presque tout le temps. C'est ça.
36:38 Environ un an. Là je me suis...
36:42 Au début je n'étais pas très confiante, puis après j'ai commencé à l'aider.
36:46 Ma sœur a donné des caresses à mon père au début, moi je n'avais pas trop confiance,
36:50 je ne voulais pas tout de suite y en donner parce que j'avais peur.
36:52 Puis quand j'ai vu qu'il ne faisait rien à ma sœur, qu'il donnait juste des caresses,
36:57 puis des choses comme ça, moi aussi j'ai eu confiance en lui.
37:01 Marie-Louise est l'aînée des deux filles.
37:09 Elle semble avoir été bien plus traumatisée que sa sœur et souffre d'amnésie.
37:13 Comment c'est la vie avec papa ?
37:16 C'est la seule fois.
37:18 Ça te plaît ?
37:20 Et toi tu as des souvenirs un peu de la vie avant avec maman ?
37:23 Moi je ne me rappelle de rien.
37:26 T'as de quel âge quand ta maman est décédée ?
37:28 10 ans.
37:36 10 ans, tu ne te souviens pas ?
37:38 C'est comme si t'avais un blocage.
37:40 Il y a des enfants qui sont beaucoup plus résilients à des influences aliénantes,
37:46 tandis que d'autres, leur caractère fait qu'ils sont beaucoup plus suggestibles par exemple,
37:53 et vont se laisser aller et vont glisser également dans l'aliénation telle qu'il leur est suggérée.
37:59 Le caractère influençable de l'enfant joue certainement un rôle.
38:03 Vous avez deux petits frères, l'un est comme une éponge, il croit tout,
38:07 tandis que l'autre est beaucoup plus cynique.
38:10 Bref, celui qui est plus cynique, il va penser deux fois avant de croire que papa est un monstre.
38:19 Je vais apprendre une chose ou deux sur ma vie chérie.
38:24 Regarde, c'est ton chandail !
38:27 C'est mon chandail !
38:30 La mère de Catherine et Marie-Louise n'a pas supporté de partager ses filles avec son ex-mari.
38:38 Elle a préféré se suicider et mettre définitivement fin au conflit.
38:43 Ça coûte combien ?
38:46 Ça coûte combien ?
38:48 Oui madame, ici, ici, ici.
38:51 L'aliénation parentale est perçue comme une véritable forme de maltraitance aux Etats-Unis et au Canada.
38:59 Les juges canadiens peuvent séparer l'enfant du parent qu'ils manipulent,
39:05 mais aussi ordonner un soutien psychologique pour soutenir les enfants victimes de divorces conflictuels.
39:10 Ce qu'on utilise ?
39:12 Oui, aussi.
39:15 La réunion est assistante sociale.
39:16 Elle encadre le groupe Confidence, un groupe de paroles d'enfants mis en place au sein même du Palais de Justice.
39:21 Il s'agit avant tout de faire jouer les enfants pour pouvoir les mettre en confiance et les laisser s'exprimer le plus librement possible.
39:30 Les enfants vont se livrer très facilement dans le groupe, même encore plus facilement,
39:37 parce que moi je rencontre aussi des enfants depuis longtemps en individuel.
39:42 Ils vont se livrer encore plus facilement en groupe,
39:45 pour toutes sortes de raisons, parce que les enfants vont parler alors qu'ils sont en train de jouer.
39:51 Quelles sont les marionnettes qui sont le plus souvent utilisées ?
39:54 Les plus fréquemment utilisées, c'est la marionnette du papa et de la maman,
40:00 parce que ce que les enfants vont vivre le plus difficilement dans la séparation,
40:06 oui la séparation est difficile, mais ce qui est le plus difficile c'est la façon dont elle se passe.
40:11 Les enfants vont dans plusieurs jeux de rôle qu'ils vont faire,
40:16 ils vont faire en sorte que les parents vont se disputer, même certains parents vont se frapper,
40:21 ou ils vont frapper des objets.
40:24 Alors les marionnettes les plus utilisées c'est vraiment celle des parents,
40:28 où ils vont aussi utiliser la marionnette du juge,
40:34 pour les enfants qui ont été interrogés par le juge,
40:39 ou qui sont même menacés d'aller chez le juge,
40:43 parce qu'il y a des parents qui malheureusement vont dire ça à leur enfant.
40:46 Coucou maman, où es-tu ?
40:48 J'y suis, salut !
40:50 Comment ça a été chez ton père ?
40:56 Bon, viens, on va jouer à la cacha !
41:03 Est-ce qu'il a trouvé l'homme ?
41:10 Non.
41:14 Mais pourquoi vous me posez à chaque fois des questions ?
41:18 Moi je m'en viens pas les là !
41:20 Pourquoi vous êtes en plus de ça séparés ?
41:23 Ben, je ne sais pas, on s'est trop disputés.
41:28 Disputés ? Tu aurais pu me le dire avant, hein ?
41:31 Tu me l'as dit et ça m'a fait bien de la peine, et j'étais aussi en colère !
41:35 Le parent qui est alien va bien collaborer,
41:41 ou va afficher une attitude collaborante,
41:44 et va se barricader derrière la parole de l'enfant,
41:48 en disant "moi vous savez, Mme Fillion, je suis pauvre",
41:51 mais l'enfant ne veut plus y aller.
41:53 Donc comment est-ce que vous voulez, je ne peux plus le forcer,
41:56 j'ai déjà essayé quand il était jeune, donc c'est extrêmement puissant.
41:59 J'en ai un autre de Sarah ici aussi.
42:10 J'ai vu dans certaines situations des changements.
42:13 Un enfant aliené, qui à la fin du groupe avait dit à sa mère,
42:19 j'avais fait une rencontre avec la mère et l'enfant,
42:21 qui avait dit qu'il avait envie de revoir son père,
42:24 ne fut ce que par curiosité.
42:26 Ce qu'on n'aurait jamais entendu avant.
42:29 Comment réagit la mère quand l'enfant lui a dit "je veux voir mon père" ?
42:32 La mère lui a dit "oui, je suis très surprise".
42:35 Mais comment refuser à ce moment-là à son enfant
42:39 le droit d'aller vérifier par lui-même ?
42:42 Donc la mère a dit "bon, ok, d'accord, si c'est ça que tu veux".
42:46 L'enfant avait 11 ans quand même.
42:48 Au Québec, les enfants du divorce ont un véritable soutien psychologique.
42:52 En France, il n'y a pas encore eu de prise de conscience de leur souffrance,
42:56 ni de la nécessité d'aider les enfants victimes d'aliénation parentale.
42:59 Vous savez, dans 10 ans, l'aliénation parentale sera un concept accepté en France.
43:08 Et il y aura une jurisprudence fournie.
43:10 Ce que je vois maintenant, depuis que moi je travaille aussi bien en Amérique du Nord qu'en France,
43:17 la France est juste toujours dans ce phénomène-là, 10 ans en retard.
43:23 À Châtelroux, Nadia n'a toujours pas de nouvelles de ses deux enfants, Simon et Jean-Abel.
43:30 Leur père réside au Caire, en Égypte, et ne semble pas vouloir revenir en France.
43:38 Depuis l'enlèvement des enfants, il est poursuivi par la police française, par Interpol.
43:45 Il ne peut plus sortir d'Égypte.
43:48 Au motif ?
43:50 Au motif d'enlèvement d'enfants et d'extorsion de fonds.
43:54 De tentatives d'extorsion de fonds.
43:56 C'est-à-dire qu'il vous a fait chanter pour récupérer de l'argent en fait ?
44:00 Il se sert des enfants pour récupérer de l'argent ?
44:02 Oui, il se sert des enfants comme d'une arme.
44:05 Pour se venger, parce que j'ai osé demander le divorce,
44:08 et puis pour obtenir de l'argent facilement gagné.
44:13 Oui, bien sûr, bien sûr.
44:19 Voilà, on marche comme ça, bientôt.
44:21 Monsieur Fèvre est le procureur de la République de Poitiers.
44:25 Il est chargé des poursuites.
44:27 Aujourd'hui, il reçoit Nadia.
44:34 Cette affaire sera jugée par le tribunal correctionnel.
44:36 Et donc il y aura un jugement de condamnation qui interviendra.
44:38 Ça veut dire que dès qu'il voudra quitter les frontières du pays où il est,
44:44 s'il y a un mandat d'arrêt international, il se heurte à la possibilité d'être interpellé.
44:49 Donc on ne peut pas parler d'impunité.
44:51 À condition qu'il soit contrôlé ?
44:53 Ah bien évidemment, évidemment, s'il est contrôlé.
44:56 Il n'est pas dit qu'il ne puisse pas passer ?
44:58 Ah, on ne peut pas savoir ce que nous réserve l'avenir.
45:02 Vous savez, vos enfants vont grandir.
45:04 Moi, tout ce que j'espère, c'est qu'un jour, ils auront envie de venir voir leur maman en France.
45:08 Vous habitez à Poitiers ?
45:10 J'habite à Châtellerault.
45:12 Donc ils vont peut-être revenir à Châtellerault un jour.
45:15 Pour la première fois en France, le tribunal de grande instance de Toulon vient de reconnaître qu'un enfant a été victime d'aliénation parentale.
45:22 Alors c'est vrai qu'on a ce concept nouveau qui est celui de l'aliénation parentale,
45:29 c'est un concept qui vient de l'outre-Atlantique, avec lequel en France, on n'est pas encore très familiarisé.
45:35 Alors quand je dis "on", c'est-à-dire les magistrats, les avocats, les experts.
45:39 Et c'est vrai qu'avec l'aliénation parentale, on se rend compte que certains parents ont sur leurs enfants une influence telle
45:47 qu'ils en viennent parfois, en voulant détruire l'autre, à détruire aussi l'enfant.
45:52 Depuis l'enlèvement des enfants, Nadia multiplie les procédures auprès des tribunaux égyptiens.
45:57 Aujourd'hui, c'est la neuvième fois que son avocate Naoum se rend devant les tribunaux.
46:08 Elle est la première à faire face à ce problème.
46:11 Elle a été envoyée en France pour faire face à la question de la séparation des enfants.
46:17 Aujourd'hui, c'est la neuvième fois que son avocate Naoum se rend devant les tribunaux pour demander le retour des enfants en France.
46:23 Le père refuse tout contact entre la mère et ses enfants.
46:30 Et nous avons essayé à plusieurs reprises de contacter le père pour essayer de communiquer aux enfants quelques cadeaux à l'occasion des fêtes de Noël ou bien du jour de l'an.
46:44 Le père a refusé. Nous disons que les enfants refusent tous cadeaux de la part de leur mère.
46:49 Par contre, la maman nous a contactés après cela et nous a dit que les enfants lui ont reproché.
46:56 Pourquoi est-ce qu'à l'occasion des fêtes, tu ne nous envoies même pas un petit mot ou bien un petit cadeau ?
47:02 Donc, ça se voit que le père n'arrête pas de remplir la tête de ses enfants, malheureusement, contre la maman.
47:11 Encore une fois, le tribunal égyptien ne s'est pas estimé compétent. Il a refusé de juger cette affaire.
47:18 Les expertises de divorce pathologique, personnellement, c'est ce que je redoute le plus.
47:24 C'est le plus éprouvant de ce qui nous est donné à voir en matière d'expertise.
47:28 C'est-à-dire ?
47:30 C'est-à-dire que c'est une sorte de massacre avec les meilleures intentions du monde.
47:34 Chaque parent se dit désireux de tout faire pour son enfant.
47:39 Des gens qui, individuellement, peuvent avoir de bonnes compétences parentales, une bonne mère, un bon père,
47:44 et un système fou, un système familial qui part en vrille, où vraiment plus personne n'est capable de se comporter en adulte,
47:53 avec l'enfant qu'on dit vouloir protéger, qui est au centre du conflit et qui est littéralement esquinté par la procédure.
48:01 Mais qui peut se dire à l'abri d'un divorce qui tourne mal ?
48:04 Qui peut prétendre "ça ne m'arrivera jamais" ?
48:08 Des semaines ont passé.
48:09 Pour Nadia, rien n'a changé.
48:11 Elle n'a toujours pas revu ses enfants et ne sait toujours pas si elle le reverra un jour.
48:15 Marie-Louise, Catherine et Luc essayent d'oublier les années perdues.
48:23 Gérard a arrêté sa grève de la faim.
48:29 Il continue à espérer que la justice agisse enfin.
48:34 C'est ce qu'on veut.
48:35 Alexandra et Dagmar ne se quittent plus.
48:41 Suite à cette terrible expérience, Alexandra a décidé de devenir psychothérapeute.
48:49 Vous ne lâchez jamais la main ?
48:53 Non, quand on se promène non.
48:56 On se tient pour ne pas se perdre.
48:59 Tout ça.
49:00 Tout ça.
49:02 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
49:05 "La liberté, c'est un rêve" - Albert Einstein
49:11 "La liberté, c'est un rêve" - Albert Einstein
49:16 "La liberté, c'est un rêve" - Albert Einstein
49:21 "La liberté, c'est un rêve" - Albert Einstein
49:26 "La liberté, c'est un rêve" - Albert Einstein
49:30 "La liberté, c'est un rêve" - Albert Einstein
49:33 "La liberté, c'est un rêve" - Albert Einstein
49:37 "La liberté, c'est un rêve" - Albert Einstein
49:41 [SILENCE]

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