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Droit à mourir: L’ancien candidat de la Star Ac 1 Mario Barravecchia raconte qu’il a débranché à l’hôpital le respirateur de son père, atteint de la maladie de Charcot, à sa demande - VIDEO

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Transcription
00:00 Alors on est en direct avec Mario Baravecchia. Bonjour Mario, merci beaucoup d'être en direct avec nous.
00:06 C'est vrai qu'on vous a connu à l'époque de la Star Academy, mais là si vous acceptez de témoigner,
00:11 aujourd'hui c'est pour parler d'un sujet fort, c'est celui de votre papa qui était atteint de la maladie de Charcot.
00:16 Et un jour, un jour, il vous a demandé de l'aider à mourir.
00:21 C'est ça, bonjour Jean-Marc. Effectivement mon père a été atteint de la maladie de Charcot,
00:26 qui est une maladie neurodégénérative. Il faut savoir que cette maladie, c'est la plus fréquente des maladies du neurone moteur.
00:32 Elle se caractérise par une perte progressive de neurones du cerveau et de la moelle.
00:39 Ce sont en fait les muscles du corps qui s'atrophient et cela se termine par une paralysie des muscles respiratoires.
00:46 Donc effectivement c'est une maladie terrible qui a une espérance de vie entre 2 et 5 ans.
00:51 Mais aujourd'hui il n'y a effectivement pas d'issue et mon papa a eu une forme grave de cette maladie puisqu'il est parti en 6 mois.
00:59 Et les derniers jours, forcément les dernières semaines, mon papa me demandait très souvent de le laisser partir.
01:11 C'est une question très délicate, c'est un dilemme pour un fils aussi de répondre favorablement à la demande de son père
01:18 qui ne veut plus se voir souffrir, dépérir, devenir un légume et de se dire "Allez, on va respecter la dernière parole de son père".
01:28 Et puis il y a le côté où on veut le garder le plus longtemps possible près de soi. On croit un certain miracle aussi forcément.
01:37 J'aurais certainement dû respecter la parole de mon père un peu plus tôt et lui accorder de partir avec beaucoup moins de souffrance.
01:47 – Mario, il était dans quel état physique les derniers jours ? Il pouvait encore parler, il pouvait encore s'exprimer ?
01:53 – Non, pas du tout. Il était quasi, les 2-3 derniers jours, il était dans une sorte de coma.
01:59 C'est pour ça d'ailleurs qu'on a accéléré le processus.
02:01 Les médecins nous ont confirmé qu'il n'y avait plus d'issue possible.
02:07 Et voilà, dans ce cas-là, et je précise, Jean-Marc, il ne faut pas que le droit à mourir,
02:14 en tout cas dans la maladie de Charcot, ne doit pas effacer le droit de vivre.
02:17 Il ne faut pas tomber dans la dérive non plus et condamner un patient qui serait à la tâche d'une maladie grave.
02:22 Mais lorsqu'un patient est malade, a une maladie incurable et qu'il souffre terriblement, comme a souffert mon père,
02:28 je pense qu'on doit laisser le choix au patient de pouvoir mourir sereinement avec l'accord, bien entendu, du corps médical.
02:37 – Mario, votre père a été hospitalisé en Belgique et dans un premier temps, je crois qu'il vous a fait une demande,
02:42 c'était de lui faire vous-même la piqûre qu'allait lui tuer, une demande que vous avez refusée.
02:47 – Oui, parce qu'en fait, j'avais l'impression de donner la mort à mon père
02:53 et forcément c'est un geste atroce, très difficile, forcément.
02:58 Mais mon père me disait toujours que s'il devait respirer avec une machine, que je devais la débrancher.
03:03 Et donc j'ai dit aux médecins de famille, qui me connaissaient depuis toujours,
03:09 je dis "écoute, je vais débrancher la machine et puis tu injecteras le produit" et c'est ce qu'on a fait.
03:18 – C'est-à-dire que vous avez débranché vous-même ?
03:21 – J'ai débranché moi-même la machine, tout à fait, exactement.
03:25 Puis mon père s'est mis à respirer, d'ailleurs miraculeusement quelques heures
03:29 et une fois que les membres de ma famille sont partis, je suis resté seul avec lui
03:33 et c'est là qu'il a eu ce dernier souffle.
03:37 Et c'était pour moi une liberté, une libération en tout cas pour lui
03:41 parce qu'un être humain qui est dans une enveloppe, qui ne sert plus à rien,
03:47 mais que son cerveau comprend, il comprenait tout, c'était ça.
03:52 La plus grande souffrance c'est psychologique, on se voit vraiment dépérir,
03:55 tomber en lambeaux et on n'a plus les moyens de lutter et de guérir.
04:00 Donc c'est ça qui est terrible pour un patient qui a une maladie incurable.
04:04 – Mario, je suppose que le moment où on débranche la machine,
04:07 c'est un moment très fort, qu'est-ce qui s'est passé dans votre tête ?
04:11 À ce moment-là, il y a une hésitation, on y va d'un coup,
04:14 on se demande si on fait le geste qu'il faut ?
04:17 – C'est un moment qui sera marqué à vie, forcément,
04:23 et je l'ai fait assez rapidement parce qu'il n'y avait plus rien à faire,
04:29 à part rester dans un lit encore quelques jours et souffrir encore un peu plus.
04:34 Donc forcément, on pense à quoi ?
04:36 On pense à l'enfance qu'on a passée avec notre père,
04:38 on pense à tout ce qu'il a fait pour nous, à tout ce qu'il a fait pour moi en tout cas,
04:42 puisque ça a été mon premier fan, mon premier producteur,
04:45 et c'est lui qui m'a poussé dans la musique, donc je lui dois beaucoup,
04:49 je dois beaucoup, je veux dire à travers ce livre,
04:51 "Mon père, ma bataille", que j'ai sorti l'année dernière,
04:55 où je raconte forcément que mon père a été, forcément,
05:00 pour moi, l'homme de la situation et l'homme de ma vie.
05:04 – Merci beaucoup Mario, votre témoignage est très fort.

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