• il y a 8 mois
Sophie Lacoste-Dournel, petite-fille du champion de tennis et entrepreneur René Lacoste, revient sur sa reprise de l’entreprise Fusalp en 2013, avec son frère Philippe et l’épouse de ce dernier, Mathilde Lacoste. Une alchimie, une vision, un savoir-faire… Quelques ingrédients d’une reprise réussie distillés par la coprésidente de cette marque de vêtements alliant élégance et technique, fondée en 1952 à Annecy en Haute-Savoie.

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Transcription
00:00 Générique
00:02 ...
00:04 -Bonjour, Sophie Lacoste-Dornel.
00:06 Merci d'avoir accepté de venir.
00:08 Ravie de vous recevoir sur ce plateau.
00:10 Alors, Sophie, vous portez un patronyme célèbre,
00:14 puisque votre grand-père n'est autre que René Lacoste,
00:17 fondateur du groupe éponyme
00:20 et de ce fameux Crocodile.
00:22 Autant dire que vous avez des antécédents solides
00:25 en termes entrepreneuriaux.
00:27 Néanmoins, vous m'avez expliqué que vous n'aviez pas démarré
00:31 par là, puisque vous avez commencé dans la finance,
00:34 après des études à la Dauphine, mais rapidement,
00:37 vous avez eu envie d'autre chose et donc vous avez bifurqué
00:40 vers le théâtre. Expliquez-nous,
00:42 parce que là, il y a déjà un pas important.
00:45 Comment ça s'est passé ? Pourquoi ? Comment ?
00:47 -Je voulais faire du théâtre depuis que je suis née.
00:50 C'était une passion que j'avais et qui était très ancrée.
00:54 Il fallait que je passe par là.
00:56 A 18 ans, je n'ai pas eu envie de faire du théâtre tout de suite,
00:59 parce que c'était quelque chose que je trouvais un peu trop jeune.
01:03 J'avais besoin d'acquérir de la maturité,
01:06 d'être plus solide, car c'est un métier difficile.
01:09 J'avais envie de comprendre le monde.
01:11 J'ai fait des études de finance pour comprendre
01:14 comment les choses fonctionnaient.
01:16 Mais dès que ça a été à peu près fait,
01:18 je me suis dit qu'il fallait que je le fasse.
01:21 J'ai passé une dizaine d'années à faire du théâtre.
01:24 -Vous avez refait des études, parce que vous avez fait
01:27 une école de théâtre. -Oui.
01:29 J'ai fait une école nationale de théâtre.
01:31 C'était assez incroyable,
01:33 parce que je faisais du théâtre 28 heures par jour
01:36 pendant 3 ans avec des gens fantastiques.
01:38 C'était une magnifique expérience.
01:41 J'en ai fait professionnellement pendant quelques années.
01:44 En parallèle de ça, je suis devenue administratrice
01:47 de la COSTE très jeune.
01:49 J'ai eu cette chance-là.
01:51 Je suis d'une famille assez féministe,
01:53 avec des femmes très fortes.
01:55 -Vos grands-mères étaient des personnalités.
01:58 -Exactement. J'ai une tante,
02:00 qui est une grande chamberine de golf,
02:02 avec une personnalité de championne,
02:04 donc très ancrée. On nous a ouvert les portes
02:07 assez facilement en tant que femmes.
02:09 Il n'y avait pas de sujet.
02:11 J'ai pu rentrer au conseil d'administration,
02:14 car il fallait des femmes, c'était un atout.
02:16 -C'était 2004, votre première rentrée.
02:19 -Exactement. Et du coup,
02:21 j'ai fait partie de tous les comités
02:23 qui se créaient à ce moment-là.
02:25 C'était le début de cette gouvernance.
02:27 Comité audite, comité rémunération,
02:29 j'ai créé une fondation, enfin, voilà.
02:32 -Vraiment une excellente formation.
02:34 Vous avez été formée comme il le fallait.
02:37 Mais juste pour terminer sur la partie théâtre,
02:40 vous avez créé votre propre compagnie
02:42 qui tourne toujours ?
02:43 -Non, ça s'est arrêté,
02:45 parce que les personnes qui en faisaient partie,
02:48 on a tous mis sur pied vers d'autres chemins.
02:51 Et donc, non.
02:52 -Mais vous soutenez les activités artistiques.
02:54 On y reviendra, car on parlera de la fondation familiale,
02:58 mais vous avez un fort soutien sur ce thème-là.
03:01 Finalement, le théâtre, ça apprend aussi à être,
03:03 et donc, c'est important, quel que soit le métier.
03:06 Je pense qu'on pourrait...
03:08 D'ailleurs, en formation, c'est très beau.
03:11 Alors, donc, effectivement,
03:12 cette formation au sein du groupe Lacoste vous a aidé.
03:16 Et finalement, quand l'entreprise a été vendue,
03:19 un an après, avec votre frère,
03:21 vous avez décidé de racheter une belle endormie.
03:23 -Tout à fait. On a eu cette chance fantastique
03:26 de tomber sur Fusalp, qui nous correspondait.
03:29 Dans les histoires de reprise, c'est une question de match
03:32 entre la reprise et les personnes qui reprennent.
03:35 Et nous, ça nous allait très bien.
03:37 Ma belle-soeur a aussi dirigé l'artistique.
03:39 -Vous êtes en famille. -Voilà.
03:41 On a tout de suite eu une vision
03:43 de ce que cette marque incroyable pouvait être,
03:46 de ce qu'elle était déjà,
03:48 et de ce que vous avez trouvé à projeter
03:50 dans quelque chose de très contemporain.
03:52 Cette idée de cette conversation
03:54 entre des vêtements à la fois techniques et très élégants
03:58 avait vraiment une parole à prendre à ce moment-là.
04:01 -Et alors, le déclic, vous avez...
04:03 Mais finalement, le déclic, c'était quoi pour vous ?
04:06 Encore une fois, vous aviez fait d'autres choses,
04:09 vous étiez au sein du conseil,
04:11 mais vous aviez décidé de vous lancer
04:13 vraiment dans l'aventure entrepreneuriale.
04:16 -Oui, à l'avent, en fait, on s'est dit que...
04:18 A ce moment-là, j'avais arrêté le théâtre,
04:21 j'avais plus envie d'en faire, j'avais continué
04:24 à avoir envie d'y aller et de parler avec des gens qui en faisaient,
04:27 mais j'avais plus envie d'en faire.
04:29 Mon envie était vraiment tournée vers l'entrepreneuriat.
04:33 Je me suis vite rendue compte que je ne pourrais pas m'associer
04:36 avec quelqu'un d'autre que mon frère,
04:38 puisque finalement, on a travaillé ensemble toute notre vie,
04:42 il y a quelque chose de très fort,
04:44 et on a réussi à avoir une vision ensemble des choses,
04:47 et ça, c'était très fort.
04:49 -Oui, parce que dans la répartition des rôles,
04:51 parce que parfois, ça marcherait bien,
04:54 d'autres fois, c'est plus compliqué,
04:56 comment vous, justement, puisque là, vous co-présidez,
04:59 mais comment vous vous organisez ?
05:01 Votre belle-sœur a un rôle important,
05:03 la direction artistique, donc comment vous vous êtes organisée
05:07 et comment vous avez justement partagé votre vision ?
05:10 Est-ce que vous l'avez conçue dès le départ ?
05:13 -Au départ, on a repris aussi avec Alexandre Fauvé,
05:16 qui était notre directeur général jusqu'à l'année dernière,
05:19 et donc, oui, il y a eu une espèce d'évidence.
05:22 Je ne peux pas dire qu'on s'est réunis autour du table
05:25 en disant qu'on l'a su ensemble.
05:27 On s'est réunis autour du table pour travailler sur le logo,
05:30 sur la plateforme, le logo existait déjà,
05:32 donc on s'est mis d'accord là-dessus,
05:35 et voir quels étaient les éléments de construction
05:38 de la marque qu'on avait envie de projeter,
05:40 et ça, on s'est réunis.
05:42 Mais en revanche, le fait que cette marque
05:44 avait un potentiel très haut de gamme,
05:46 que le vêtement technique devait faire partie
05:49 du vestiaire quotidien,
05:50 tout ce qu'on a besoin, avec le télétravail,
05:53 on a besoin d'être confortable chez soi,
05:55 de mettre une veste, de sortir, de prendre un véli,
05:58 d'être élégant, d'avoir des vêtements
06:01 où on puisse respirer, la durabilité des vêtements,
06:04 d'avoir des vestes qui durent 5, 10, 15 ans,
06:06 qu'un blouson va être porté par ma petite-fille un jour,
06:10 il aura encore de la désirabilité,
06:12 et il tiendra encore,
06:13 ça, c'était des valeurs fondamentales
06:15 qui nous ont apparues évidentes.
06:17 -Vous avez dû rencontrer, comme tout entrepreneur,
06:20 des points plus compliqués que d'autres.
06:22 Qu'est-ce qu'il y a eu comme point plus difficile ?
06:25 -Les points, finalement, c'est presque aujourd'hui.
06:28 On est arrivés à 50 millions d'euros l'année dernière,
06:31 donc on a vraiment ouvert des boutiques,
06:34 on a développé les produits,
06:36 et c'est maintenant qu'il faut se poser les bonnes questions.
06:39 Au niveau où on est, comment on va faire
06:41 pour atteindre les 100, 150 millions ?
06:44 -Vous avez dit 100 millions en 2026.
06:46 -C'est notre objectif.
06:47 C'est notre objectif, assez ambitieux.
06:50 L'idée, c'est comment toutes ces graines
06:52 que nous avons plantées,
06:54 arriver à les faire pousser de la meilleure manière,
06:57 améliorer la rentabilité,
06:59 améliorer tous les fondamentaux de l'entreprise,
07:02 et puis aussi, peut-être,
07:03 être plus juste dans l'offre qu'on propose.
07:06 C'est toutes ces questions-là.
07:08 Au départ, tout a été ouvert, on a essayé plein de choses.
07:11 Maintenant qu'on a atteint une certaine taille,
07:14 comment on fait pour être plus structuré
07:16 sur ce qu'on veut proposer et avoir une offre,
07:19 notamment un produit très clair qui permette d'évoluer du ski ?
07:22 Aujourd'hui, notre best-seller, c'est un manteau de ville,
07:26 donc ça, c'est très intéressant pour nous.
07:28 Et comment cette proposition-là peut être structurée,
07:32 évoluée et être intéressante pour nos clients et pour FUSAP ?
07:36 -Vous me disiez d'ailleurs que la partie vêtements hors sport,
07:40 hors ski, représentait 60 %, c'est ça ?
07:42 -Exactement. -La partie principale
07:44 de l'activité n'est plus dans le ski,
07:47 à part, on parle, elle est sur l'ensemble...
07:49 -Ca reste encore 40 %, alors que 60 %,
07:51 il y a peut-être 20 % qui sont un peu polyvalents.
07:54 Il y a 60 % du chiffre d'affaires des vêtements
07:57 qui sont achetés pour une installation urbaine.
08:00 On a 40 % vraiment de très urbains
08:02 et 20 % qui sont un peu entre les deux.
08:04 Mais c'est important de se développer
08:06 et en même temps de toujours garder la force
08:09 et notre singularité sur notre métier-corps.
08:12 C'est toujours très important. -Bien sûr.
08:14 Vous avez choisi un positionnement luxe,
08:17 puisque votre marque est vraiment emblématique, haut de gamme,
08:20 avec cette alliance, effectivement, du tissu technique
08:23 et en même temps du sportswear élégant.
08:26 -C'est le meilleur moyen pour s'en sortir,
08:28 parce que dans ce qu'on fait... -La conférence est vive
08:31 dans des zones moins haut de gamme, justement.
08:34 -Tout à fait.
08:35 -En tout cas, c'est passionnant.
08:37 J'ai compris que le défi, maintenant,
08:39 c'est l'ancrage, stabiliser tout ce qui a bien marché,
08:42 optimiser et continuer pour autant à croître.
08:45 Mais vous avez un potentiel de croissance
08:48 auquel vous croyez forcément, donc c'est important.
08:51 Je voulais qu'on parle un peu de la fondation,
08:53 puisque vous êtes également très engagée.
08:56 Vous en êtes la présidente ?
08:57 -On a un fonds de dotation familial,
08:59 qui s'appelle Porosius. Je suis présidente.
09:02 C'est un travail très collectif.
09:04 On est huit membres de ma famille à l'avoir créée,
09:07 qui soutient l'émergence en art et en sport.
09:09 -C'est tout ce qui est accompagnement de talent.
09:12 -Exactement. -Dans les deux domaines.
09:14 -On va aider des sportifs qui vont aller aux Jeux olympiques
09:18 et des artistes qui voudront aller à leurs Jeux olympiques.
09:21 C'est vraiment comment faire avancer la pratique
09:24 et la discipline. -Et vous les prenez,
09:26 vous les détectez comment ? Comment ça se passe au départ ?
09:30 -C'est spécifique. Chaque domaine a sa spécificité.
09:33 Par exemple, dans le surf, on tient très fort
09:35 avec la direction technique de la fédération.
09:38 On est très en lien avec les fédérations sportives.
09:41 C'est eux qui nous apportent vraiment leur pépite.
09:45 On a, comme ça, Joanne De Fée,
09:48 qui est notre plus grande championne de surf française,
09:51 qu'on a aidée à un moment où c'était plus compliqué
09:54 pour elle de financer ses compétitions.
09:57 C'est un comité vraiment ad hoc par discipline.
10:00 -Par rapport aux Jeux olympiques qui sont devant nous,
10:03 vous avez des jeunes que vous avez accompagnés
10:05 qui sont en compétition, sans doute ?
10:08 -Tout à fait. On a notamment un joueur de handi badminton,
10:11 qui s'appelle Meryl Lockett,
10:13 qui est un de nos grands champions français,
10:16 qu'on aide depuis pas mal d'années.
10:18 On a très hâte de le voir pendant les JO paralympiques,
10:21 qui seront aussi passionnants, de le voir performer à Paris.
10:25 On y sera, c'est sûr, au premier rang.
10:27 -Au total, vous accompagnez combien de jeunes ?
10:30 Pas par an, puisque vous les accompagnez dans la durée.
10:33 Si vous les accompagnez jusqu'au moment
10:35 où ils sont au sommet de leur art,
10:37 mais combien, à peu près ?
10:39 -Depuis la création,
10:40 on doit être autour de 380 qui ont été accompagnés.
10:43 -C'est beaucoup. Vous avez créé quand la fondation ?
10:46 -Il y a 10 ans.
10:47 -Donc une petite quarantaine par an.
10:50 -Exactement. -C'est important.
10:52 Il y en a que vous perdez en route ?
10:54 -Oui, il y en a.
10:55 De toute façon, on est là tant que le besoin est là.
10:58 Pour aller jusqu'à un certain cap,
11:00 les JO, par exemple, c'est un bon objectif.
11:02 Il y a des metteurs en scène de théâtre
11:05 qu'on accompagne sur une, deux ou trois créations.
11:08 On est quand même sur l'émergence.
11:10 L'objectif, c'est d'aider à émerger,
11:12 même si surtout, on ne la qualifie pas.
11:14 L'émergence, c'est pas une question d'âge,
11:17 mais on est là sur un moment,
11:19 pour pouvoir aider à ce moment un peu difficile
11:21 où on y est presque, mais pas tout à fait.
11:24 -Bravo, parce que c'est tout à fait important d'accompagner.
11:27 Finalement, vous avez toujours...
11:29 Enfin, "Fus Alpes", c'était une nouvelle émergence,
11:32 en quelque sorte, que vous avez réussi à doper, à booster.
11:35 Là, les jeunes, vous les accompagnez.
11:37 Bravo, merci pour tout ça.
11:39 J'étais vraiment ravie d'entendre la belle histoire de "Fus Alpes",
11:43 mais vue de l'intérieur, c'est toujours important de le voir.
11:46 Merci beaucoup. -Merci.
11:47 -Et très beau succès pour l'avenir. Merci.

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