• il y a 8 mois
INVITE : Hervé Legrand, directeur adjoint de l'INSEE en Occitanie

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00:00 - Bonjour Hervé Legrand, merci d'être avec nous ce matin sur France Bleu et sur France 3.
00:04 Donc à l'occasion de ce 8 mars, la journée internationale des droits des femmes,
00:08 l'INSEE publie un dossier sur les chiffres clés de l'égalité hommes-femmes.
00:12 On va s'intéresser particulièrement à la Haute-Garonne.
00:15 Premier constat, il y a des inégalités à tous les niveaux en fait.
00:18 - Oui alors bien sûr la situation des hommes et des femmes est très différente.
00:22 Il y a quand même des choses qui vont bien.
00:23 L'espérance de vie des femmes est nettement plus grande que celle des hommes.
00:28 C'est particulièrement vrai en Haute-Garonne où l'espérance de vie est supérieure à la moyenne nationale.
00:32 Chez les femmes en Haute-Garonne, on a 86,4 ans d'espérance de vie à la naissance
00:38 contre 81,3 pour les hommes.
00:42 Donc c'est un écart qui est quand même assez important
00:44 et qui se retrouve quand on regarde la part de la population féminine parmi les plus âgées.
00:50 Chez les plus 75 ans en Haute-Garonne, on a 61% de la population qui sont des femmes.
00:57 - Mais est-ce que c'est la seule chose qui va bien ? On a l'impression que c'est ça en fait.
01:00 Les femmes vivent plus longtemps mais on a l'impression que c'est le seul bénéfice.
01:04 - Alors on pourra voir tout à l'heure que le chemin est encore long vers la parité
01:08 mais il y a d'autres choses qui vont bien.
01:09 Le niveau de diplôme des femmes est nettement supérieur aussi à celui des hommes.
01:14 Si je prends les chiffres de...
01:17 Alors je ne dis pas les chiffres de la Haute-Garonne mais en Occitanie,
01:19 il y a 10 points d'écart chez les jeunes de 25 à 34 ans pour la part des diplômés de l'enseignement supérieur.
01:25 On est à 52% de diplômés chez les filles et 42% pour les hommes.
01:30 Par contre, là où la parité doit encore jouer, on voit quand on regarde dans le détail
01:36 quelles sont les spécialités qui sont choisies notamment par les lycéennes
01:40 mais ça se retrouve aussi dans l'enseignement supérieur.
01:42 On voit que c'est encore les spécialités de littérature, de langue, de philosophie
01:48 qui sont choisies majoritairement par les filles.
01:51 Les spécialités scientifiques sont encore très masculines
01:54 sauf les SVT qui sont à peu près partagées.
01:57 Mais ces choix, au moment des études, ont un impact ensuite au moment où on se retrouve sur le marché du travail
02:03 parce que les carrières les plus valorisées sont souvent les carrières masculines.
02:08 - Ça veut dire que les inégalités qu'on retrouve dans les salaires et dans les fonctions
02:11 quand on travaille, ça part de loin en fait ?
02:15 Ça part dès l'enseignement, c'est ça ce que vous dites ?
02:18 - Ça part en partie de l'enseignement.
02:20 On peut voir aussi que ça vient des conditions de vie.
02:23 Les femmes ont encore beaucoup la charge de l'éducation des enfants.
02:26 On le voit sur un indicateur.
02:28 Il y a de plus en plus de séparations aujourd'hui dans les couples
02:32 et les familles monoparentales ont beaucoup augmenté proportionnellement
02:36 dans l'ensemble des structures familiales qui sont dans la région
02:39 et également dans le département.
02:41 Il y a trois fois plus de femmes qui sont à la tête de familles monoparentales par rapport aux hommes.
02:47 Ça montre bien que la charge des enfants reste encore beaucoup à la charge des femmes.
02:53 On le voit dans le taux de chômage.
02:55 Les femmes ont un taux de chômage légèrement supérieur à celui des hommes.
03:00 Mais ce taux de chômage est plus faible sans enfants.
03:03 Il devient vraiment nettement supérieur lorsqu'il y a deux ou trois enfants dans la famille.
03:09 Ce qui montre bien qu'il y a des choix qui doivent être faits
03:11 entre l'arbitrage de la vie professionnelle et de la vie familiale.
03:14 Souvent les femmes sont contraintes de mettre un peu de côté leur carrière professionnelle.
03:19 - Quand il y a vie professionnelle, il y a aussi les salaires.
03:21 Évidemment, on parle de ça chaque année.
03:23 On dit que début novembre, les femmes travaillent gratuitement
03:26 parce qu'elles ont un retard de salaire par rapport aux hommes.
03:30 Ces retards de salaire dans votre étude, c'est criant ?
03:33 - Ça reste important, même si sur le long terme...
03:36 Il y a une étude nationale qui est sortie mardi
03:40 qui a montré qu'on a gagné 7 points d'écart de salaire sur les 20 dernières années.
03:47 Les choses progressent, mais très lentement.
03:49 Aujourd'hui, en Haute-Garonne, les femmes à temps de travail égal
03:53 gagnent 18% de moins que les hommes.
03:57 À cela s'ajoute en plus un effet de temps partiel.
04:02 Les femmes sont beaucoup plus souvent à temps partiel que les hommes.
04:05 Elles ont des salaires qui sont plus faibles que les hommes.
04:08 C'est dû à ce que je disais tout à l'heure.
04:11 Elles n'interviennent pas dans les mêmes secteurs d'activité.
04:14 Elles n'ont pas les mêmes positions, donc elles sont moins souvent cadres.
04:17 En Haute-Garonne, on a 25% de femmes cadres contre 35% d'hommes cadres.
04:23 Il y a 10 points d'écart entre les deux.
04:25 Les cadres étant plus payés, ça se retrouve sur le salaire moyen des femmes.
04:29 - Dans votre étude, il y a la vie professionnelle, mais pas que.
04:32 Il y a aussi la politique. Le sport est en politique.
04:34 En Haute-Garonne, notamment, c'est marqué.
04:36 Il y a très peu de femmes qui se sont élues, et encore moins à des grandes responsabilités.
04:40 - Là aussi, les choses progressent.
04:43 La loi a imposé la parité sur certains scrutins.
04:46 C'est le cas des scrutins départementaux, notamment.
04:50 On voit que ça a beaucoup progressé dans la composition des conseils municipaux.
04:56 Environ 40% des personnes qui sont dans les conseils municipaux sont des femmes.
05:03 C'est un progrès qui est notable si on se rapporte à 20 ans en arrière.
05:08 Par contre, pour prendre les fonctions suprêmes, par exemple pour devenir maire,
05:13 elles sont plus que 20% à être à la tête des communes du département.
05:18 Ça nous montre que le chemin est encore long pour arriver à une vraie parité sur le plan politique.
05:23 - Dernière question, rapidement.
05:25 Ces chiffres vont servir à quoi ?
05:27 Vous étudiez, vous sortez ces chiffres-là, mais à qui servent finalement ?
05:32 - C'est un travail qui a été fait en collaboration avec la déléguée régionale aux droits des femmes et à l'égalité.
05:39 Je suis certain que ces chiffres sont très utiles dans ces missions.
05:44 Au-delà de ça, je pense qu'à l'INSEE, comme partout ailleurs,
05:47 cette journée du 8 mars, c'est une occasion de se questionner sur nos pratiques,
05:53 sur la situation de la société.
05:56 Juste de manière un peu anecdotique, nous en tant que statisticien,
05:59 nous avons rendu compte en préparant ce dossier,
06:01 qu'on plaçait toujours les hommes en premier dans nos graphiques et les femmes après.
06:04 Cette fois-ci, si vous avez la curiosité d'aller regarder la publication,
06:08 vous verrez qu'on a remis dans l'ordre alphabétique les femmes en premier sur le graphique.
06:12 C'est vraiment une occasion de se questionner sur nos pratiques.
06:15 Je pense que c'est vrai dans la statistique, mais c'est bien sûr vrai dans la vie de tous les jours, partout.
06:19 - Merci Hervé, le grand directeur adjoint de l'INSEE.
06:21 - C'est moi, merci.

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