• il y a 8 mois
Le spécialiste terrorisme et renseignements Claude Moniquet était invité sur le plateau de CNEWS ce jeudi 7 mars. L’occasion pour lui d’évoquer le narcotrafic à Marseille, en faisant un parallèle avec une affaire médiatisée de trafic de drogues qui avait conduit à l’assassinat de plusieurs protagonistes aux Pays-Bas : «Faire taire, mettre au pas et faire peur»

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Transcription
00:00 Il existe une mafia dans le nord de l'Europe, à laquelle vous avez fait allusion,
00:05 qui est une mafia d'origine marocaine et néerlandaise,
00:08 qui a contrôlé pendant très longtemps 30% du trafic de stupéfiants de cocaïne en Europe.
00:13 Son chiffre d'affaires était de 200 à 300 millions par mois.
00:17 Ce sont des sommes colossales qui permettent de payer leurs vendeurs,
00:23 de payer les chauffeurs, de payer les gérants des petits commerces qui vont blanchir l'argent.
00:29 De corrompre, il y a des cas de corruption de politique, de politique clocose pour le moment,
00:37 voire malheureusement de policiers, de gardiens de prison,
00:41 parce que quand on est en prison et qu'on va être un chef, il faut continuer à faire sortir ses ordres.
00:46 Tout ça, c'est une masse qui est effectivement peu contrôlable parce qu'elle est noire,
00:52 elle est invisible, elle est illégale, mais qui permet à ces gangs de prospérer.
00:57 Et vient un moment où, inévitablement, ils vont s'attaquer à l'autorité.
01:01 Alors justement, est-ce que les trafiquants peuvent corrompre des fonctionnaires ?
01:07 Est-ce que les trafiquants peuvent pousser des candidats dans des élections ?
01:13 Comment ça se passe ?
01:16 Le procureur Nicolas Besson, dans votre reportage, a utilisé une expression que j'ai bien aimée,
01:22 parce qu'elle parle d'elle-même, c'est ce qu'il a appelé la mexicanisation.
01:26 Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que le Mexique, c'est un pays qui est aujourd'hui,
01:30 enfin aujourd'hui, depuis 15 à 20 ans, réellement en guerre civile,
01:35 avec des dizaines de milliers de morts chaque année,
01:38 des gens qu'on retrouve décapités, torturés, etc., en plein milieu de la rue,
01:42 et dans lequel, effectivement, il y a une forte corruption de la police et des politiques.
01:47 On n'a pas ça pour le moment en Europe et on n'a pas ça pour le moment en France.
01:51 Mais le but de ces groupes, c'est ça.
01:53 Parce qu'à un moment donné, ils vont se trouver, d'une certaine manière, en concurrence
01:58 avec des activités légales qu'ils doivent chasser pour prendre leur place,
02:02 et ils vont se trouver en but à l'hostilité justifiée de l'État.
02:05 Donc, ils doivent se défendre.
02:07 Et aux Pays-Bas, par exemple, on a eu, dans un procès qui vient de s'achever,
02:11 dans lequel on jugeait ces chefs de bande,
02:14 les chefs de cette "mocro-mafia", comme on l'appelait là-bas,
02:16 pendant ce procès, il y a eu trois assassinats.
02:19 Le frère d'une taupe qui était devenu le principal informateur de la police,
02:22 l'avocat de cette taupe et un journaliste connu, Peter De Vries,
02:27 qui était, aux Pays-Bas, un des grands spécialistes de crimes organisés,
02:31 ont tous été abattus entre 2019 et 2022.
02:35 Le but est très clair, c'est d'une part faire taire, d'autre part mettre au pas,
02:40 et troisièmement faire peur, terroriser, de manière à ce que la police, les magistrats,
02:46 les enquêteurs, les journalistes s'éloignent le plus possible
02:49 et laissent ce commerce prospérer en toute illégalité et dans le calme.
02:54 [Musique]
02:58 [SILENCE]

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