Est-ce qu’on peut rire d'un sujet triste ? Non seulement on peut, mais Lisa croit qu’on doit.
Retrouvez la chronique de Lisa Delmoitiez dans la Bande Originale sur France Inter et sur https://www.radiofrance.fr/franceinter
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AmusantTranscription
00:00 Voici Lisa Delmoitié !
00:02 *applaudissements*
00:04 Lisa, vous, vous n'auriez pas fait un gala pour lutter contre Alzheimer comme ça ?
00:09 Non, non, pour qui je me prends ? Non, vous savez, la carrière d'un humoriste est tel un parcours de saut d'obstacles.
00:15 Et c'est pas pour me vanter, mais j'en ai déjà franchi quelques-uns.
00:17 J'ai une petite chronique astucieuse sur les migrants, des blagues drôles sur l'Holocauste, du LOL LGBTQIA+.
00:23 A chaque fois, t'espères que l'audience va sauter avec toi, mais parfois tu vises trop haut.
00:27 Tu parles de la rimaie non-binaire avec Himmler et ça part sur un refus.
00:30 *rires*
00:31 Oh, les tapettes !
00:32 Mais là, la pression !
00:34 Déjà, on a rassemblé la Sainte Trinité Souchon, le père, le fils et l'ours.
00:39 Incroyable !
00:40 Pourquoi ? Pour sensibiliser à la maladie d'Alzheimer.
00:43 Comment voulez-vous rire avec ça ? Alzheimer, rien que le nom, quoi.
00:46 Sérieux, la médecine, on est au courant que c'est déprimant.
00:48 Inutile d'y coller un nom allemand, qui rime aussi avec Himmler, d'ailleurs.
00:51 Je trouve que les maladies ne devraient avoir que des noms doux, comme Chlamydia.
00:56 C'est mignon, Chlamydia, c'est bien ça.
00:59 Si je ne savais pas ce que c'était, vous pourriez me persuader que c'est le prénom de la fille de Guggenheim-Paltrow.
01:04 Mais les noms allemands, c'est brutal.
01:07 Désolée pour nos auditeurs germaniques, mais votre langue, c'est le son qui le fait le seum.
01:11 Tu mets un nom allemand sur un truc, plus personne n'en veut.
01:14 Ils ont été obligés de foutre des cadeaux dans leur chocolat, sinon personne ne les bouffait, leur Kinder.
01:18 Ça rime encore. Mais pas de surprise dans l'Alzheimer, à part celle quand tu retrouves les clés de mamie dans le frigo.
01:23 Mais il n'y a rien qui me brise plus le cœur.
01:25 J'ai rarement autant pleuré que devant The Father, le film dans lequel Anthony Hopkins souffre d'Alzheimer.
01:30 La scène finale, c'est la scène de cinéma la plus traumatisante, impliquant Anthony Hopkins.
01:35 Et je rappelle que dans Hannibal, il bouffe un cerveau. La barre est haute.
01:38 Est-ce qu'on peut rire d'un sujet si triste ? Non seulement on peut, mais je crois qu'on doit.
01:43 Et ce, pour deux raisons. Déjà parce que sinon, je suis dans la merde.
01:47 La chronique est écrite. Mais surtout parce que rire, c'est bon pour le cerveau.
01:51 Plus tu te moques de la maladie d'Alzheimer, moins il y a de chances que ça tombe dessus.
01:56 Je crois que je vais arrêter de me moquer des rugbymen. Je ne serais pas compte qu'il y en ait un qui me tombe dessus.
02:01 D'ailleurs, c'est prouvé, un des premiers signes de démence, c'est la perte de second degré.
02:06 Mais à l'inverse, si tu commences à rire de choses un peu déplacées, ça peut être un signe aussi.
02:10 Par exemple, des proches ont témoigné qu'ils ont senti qu'un truc clochait chez quelqu'un de leur famille
02:15 et la personne commence à se moquer d'eux. Si tu te moques des gens que t'aimes, c'est louche.
02:20 Je crois que j'ai l'Alzheimer. Je me fous de la gueule de ma pote non-stop.
02:23 Mais rire, c'est important. Il y a des médecins qui ont étudié l'impact de la comédie sur des patients.
02:28 Il est positif et alors il évolue avec la maladie. Par exemple, Mr Bean, ça marche très bien
02:32 parce que ça repose sur du gag visuel. En gros, ma chronique n'aurait aucun succès, sauf si je me lève et que j'entarde Daniel.
02:38 C'est génial.
02:40 C'est chouette de se dire qu'on peut encore rire même si un de nos proches est malade.
02:46 Et on peut partager de la musique aussi. On le disait, la musique s'est utilisée dans le traitement de personnes qui souffrent d'Alzheimer
02:52 parce que ça rappelle des souvenirs. Maintenant, si je lance "Ramenez la coupe à la maison",
02:56 direct, vous êtes tous en 2018, vous êtes tout fous. Et puis moi, belge que je suis, je me roule en boule,
03:01 je n'ai jamais vraiment aimé le foot. Une seule chanson, une multitude d'émotions.
03:05 Si un jour je suis vieille et que j'ai tout oublié, je pense que le meilleur moyen que mon enfance me revienne en mémoire,
03:10 c'est justement si vous me passez une chanson d'Alain Souchon. Moi, j'ai vraiment grandi avec vos chansons.
03:15 Et je fais 1m55. Donc, vous nous soyez mentale, ce n'est pas le plus puissant des engrais.
03:20 Par exemple, moi, si j'entends "L'amour à la machine", direct, je me revois avec mon frère.
03:24 Parce que dès qu'on entendait la partie de la chanson avec du banjo, on courait autour de la table
03:28 jusqu'à ce que l'un de nous deux se casse la gueule. C'était un jeu congé.
03:31 Et quand mon frère se cassait la gueule, je me foutais de lui, évidemment. Comme quoi, je crois que j'ai toujours eu la lumière.
03:36 (Musique)