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Les Jeux olympiques et paralympiques de 2024 arrivent à grand pas. Mais plusieurs interlocuteurs laissent entendre que cette billetterie grand public pourrait offrir en fait moins de 200.000 places. Ainsi la question se pose, est-ce qu'il y a un risque que la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques et paralympiques de 2024 soit moins populaire ? Le 7 min pour comprendre

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Transcription
00:00 [Générique]
00:05 Avec nous pour en parler, Jérôme Poirot, vous êtes consultant BFM TV, ancien adjoint à la coordination nationale du renseignement.
00:11 Merci d'être avec nous ce matin face à Nicolas Pelletier, journaliste à RMC Sport qui prépare ses Jeux Olympiques depuis quatre ans.
00:18 Il connaît tout sur tout.
00:19 Ça fait quatre ans qu'il est dessus, Nicolas.
00:21 Merci d'être avec nous ce matin, Nicolas, alors que Gérald Darmanin a donc détaillé hier le dispositif de sécurité.
00:27 On est maintenant à 143 jours de la cérémonie d'ouverture.
00:30 Cette cérémonie d'ouverture, déjà, on a considérablement réduit la jauge de spectateurs.
00:35 On avait parlé de 600 000 personnes qui pourraient y assister.
00:38 Finalement, ce sera 326 000.
00:40 Est-ce que ça va vraiment être encore une cérémonie si populaire ?
00:43 On écoute d'abord Gérald Darmanin.
00:45 C'est 104 000 personnes qui seront sur l'Equiba et les 220 000 qui, gratuitement, vont venir sur l'Equéo.
00:49 Effectivement, il y aura un périmètre de sécurité qu'on appelle antiterroriste qui permet, quelques jours avant, de contrôler tout le monde.
00:55 Si les gens présentent un danger particulier et si nous avons des informations qui montrent qu'ils peuvent passer à l'acte antiterroriste,
01:01 chacun comprendra que l'État prendra ses responsabilités.
01:03 En tout cas, je les prendrai et je protégerai les Français.
01:06 C'est un dispositif vraiment considérable, Jérôme Poirot.
01:09 Oui, exceptionnel, inédit.
01:11 Est-ce que c'est indispensable ? Parce que les chiffres qu'on cite sont quand même ahurissants.
01:17 45 000 policiers, les unités d'élite, évidemment, de la police, le RAID, le GIGN, la BRI, 2500 policiers étrangers,
01:24 2000 policiers municipaux et entre 18 000 et 24 000 membres de la sécurité privée. Est-ce qu'il faut ça ?
01:32 C'est le minimum.
01:34 C'est le minimum, vous dites ?
01:36 Bien entendu, mais c'est le minimum et c'est aussi ce qui est nécessaire.
01:39 Le risque, et notamment le risque terroriste, est maximum pour les Jeux olympiques.
01:44 La France est la cible des mouvements islamistes, terroristes, depuis de très nombreuses années.
01:50 Leurs deux principaux ennemis sont les États-Unis depuis longtemps, la France notamment,
01:54 du fait de sa laïcité qui est une caractéristique qui nous est propre et à laquelle nous ne devons pas renoncer.
02:01 Et puis, l'engagement de la France, notamment aux côtés de l'Ukraine,
02:05 qui était encore réaffirmé par le président de la République, fait qu'on le voit bien,
02:09 la Russie mène des actions de toute nature vis-à-vis des alliés de l'Ukraine,
02:14 et là encore, en tête de liste, il y a la France.
02:17 Donc le risque est particulièrement élevé.
02:19 Est-ce que vous pensez qu'on prend peut-être trop de risques compte tenu de la difficulté à sécuriser...
02:25 Combien de kilomètres d'ailleurs ?
02:26 Six kilomètres.
02:27 Six kilomètres de défilé, 12 kilomètres de berge.
02:29 12 kilomètres de berge, avec des gens aux fenêtres aussi,
02:32 parce qu'il y a des gens qui seront évidemment installés ou invités, il y aura des gens aux fenêtres.
02:36 Oui, cette cérémonie d'ouverture, c'est un cauchemar sécuritaire.
02:41 Alors, le ministre de l'Intérieur, évidemment, et les forces de sécurité en France
02:45 font tout le nécessaire pour que ça se passe dans les meilleures conditions,
02:49 mais le risque est très élevé, et la contrepartie, c'est ce que vous évoquiez,
02:54 c'est que les restrictions de circulation, pour l'automobile n'en parlons pas,
02:58 Paris est déjà un cauchemar depuis longtemps,
03:00 mais même pour les piétons, même pour les habitants qui habitent dans un certain nombre de quartiers,
03:04 ils vont devoir s'enregistrer à peu près pour aller acheter leur baquette tous les matins.
03:09 Il faut le faire maintenant d'ailleurs ?
03:10 Ça va commencer, il y a déjà un certain nombre de choses qui ont été rendues publiques,
03:16 ça va être extrêmement pénible pour beaucoup de monde,
03:20 et évidemment, d'autant plus dans le périmètre de sécurité,
03:24 et encore plus pour la cérémonie d'ouverture.
03:27 Le ministre de l'Intérieur disait hier au Sénat, quand il a été auditionné,
03:31 qu'un tel défilé de bateaux sur la Seine était inédit depuis le XVIIIe siècle, depuis Louis XV.
03:37 Il y a des bateaux effectivement des délégations,
03:40 mais il y a aussi des bateaux pour la sécurité,
03:44 86 bateaux pour la sécurité et pour la production d'OBS,
03:49 qui réalise les images pour le flux olympique,
03:52 ce qui sera disponible partout dans le monde, sur toutes les télévisions du monde entier.
03:56 Donc oui, il y a au total plus de 190 bateaux qui seront sur la Seine,
04:00 à ce moment, le 26 juillet 2024.
04:02 Et puis on se demande qui va vraiment pouvoir assister à cette cérémonie.
04:05 En octobre, Gérald Darmanin a annoncé 600 000 spectateurs,
04:08 on retombe à 326 000, donc on avait vu trop grand.
04:12 Mais surtout, ces 326 000 spectateurs,
04:15 est-ce qu'ils savent déjà qu'ils pourront assister à la cérémonie d'ouverture ?
04:19 Personne ne le sait ce matin.
04:21 Alors, on a 100 000 spectateurs qui ont payé leur place sur le site du comité olympique,
04:25 eux ils ont leur place ce matin.
04:27 En revanche, les 222 000 personnes qui pourront assister gratuitement à cette cérémonie d'ouverture,
04:32 on ne connaît pas encore qui seront présents sur les berges le 26 juillet 2024.
04:36 Nicolas, gratuitement, mais ils devront passer par une institution.
04:41 Un tiers de confiance, a dit Gérald Darmanin.
04:44 Donc en fait, il faudra être pistonné pour assister au jeu.
04:47 Oui, c'est une invitation, c'est un petit piston.
04:50 Ces 200 000 places, on ne va pas pouvoir les trouver quelque part.
04:53 Exactement.
04:54 Alors, c'est en octobre dernier, quand Gérald Darmanin décrit son dispositif de sécurité,
04:58 son premier dispositif de sécurité,
05:00 il dit que le premier arrivé sera le premier service sur une biétrie gratuite
05:03 et tout le monde pourra participer à cette cérémonie d'ouverture.
05:06 La semaine dernière, on a eu un écho comme quoi c'était un public prioritaire
05:10 qui pourrait assister à cette cérémonie d'ouverture.
05:13 Et donc il a confirmé, alors c'est une volonté du chef de l'État,
05:17 ce qu'on nous a confirmé, c'est une volonté d'Emmanuel Macron de réduire cette jauge.
05:21 Et en fait, Gérald Darmanin nous a très clairement dit hier que c'est le plan B
05:24 de cette cérémonie d'ouverture qui a été activé avec ce public prioritaire,
05:29 avec ces personnes sur invitation via les collectivités territoriales.
05:32 Mais est-ce qu'on sait pourquoi on est passé au plan B ?
05:34 Parce que là, on ne pouvait pas gérer les 600 000 personnes comme en octobre dernier,
05:42 donc c'est la sécurité qui a pris le dessus sur le spectacle.
05:45 Dans le dossier de candidature de Paris, on parlait de 2 millions de spectateurs,
05:49 on parlait de transport gratuit, est-ce que ça veut dire qu'à l'époque
05:51 on racontait n'importe quoi ou c'était crédible ?
05:53 On racontait un petit peu n'importe quoi, il y a aussi beaucoup d'éléments de langage.
05:57 Par exemple, hier le ministre a décrit 200 000 personnes sur les terrasses,
06:01 c'est pour faire augmenter le chiffre et arriver à 600 000 personnes.
06:04 Jérôme, 200 000 personnes qui devront passer par une institution,
06:07 ça c'est un moyen de filtrage, et je vais employer un autre mot, de criblage.
06:12 Parce que ce sont, enfin j'ai lu ça, ce chiffre m'a paru ahurissant,
06:16 ce sont 1 million de personnes dont on va éplucher le parcours, le profil.
06:22 Ça aussi c'est totalement inédit, c'est ce qu'a expliqué le ministre de l'Intérieur hier.
06:28 Le criblage ça consiste en quoi ?
06:30 Ça consiste pour l'essentiel à vérifier si les personnes dont on vérifie le parcours
06:37 sont inscrites dans différents fichiers, fichiers des personnes recherchées,
06:41 fichiers qui ont été condamnées, de personnes condamnées, etc.
06:44 Des Français mais aussi des étrangers puisque les athlètes, leurs délégations,
06:48 feront l'objet d'un criblage. Donc 1 million de personnes, c'est inédit,
06:52 c'est considérable, mais c'est le prix pour assurer la sécurité.
06:55 Et d'ailleurs ça marche puisque 89 000 de ces criblages ont été réalisés,
06:59 et il y a eu recensé 280 avis d'incompatibilité, j'aime bien le mot administratif,
07:05 signalés, dont 6 fichiers S. Donc ces gens-là, on est bien d'accord,
07:09 ils n'assisteront pas, ils sont sortis des gens qui étaient susceptibles,
07:14 soit d'être accrédités, bénévoles lors de l'organisation des Jeux.
07:19 - Ça montre bien l'intérêt du criblage, puisque ça permet de ressortir
07:23 un certain nombre de personnes qui peuvent présenter des risques,
07:26 mais c'est vrai que pour ce qui est présenté comme étant une grande fête populaire,
07:30 arriver à de telles mesures qui d'une manière ou d'une autre sont des atteintes
07:34 à la liberté ou à la vie privée, ça venait par poser une des questions.
07:37 - Alors allons au bout de votre raisonnement. Est-ce que vous n'excluez pas
07:41 que cette capacité d'accueil de 326 000 spectateurs soit réduite d'ici le 26 juillet ?
07:48 - Ça n'est pas exclu, d'ailleurs les autorités l'ont toujours dit.
07:52 Là on est au plan B, vous l'indiquiez, ça peut être un plan C,
07:55 c'est-à-dire une jauge encore réduite, et un plan D, c'est-à-dire une cérémonie
07:59 d'ouverture ailleurs que sur la scène. Si le risque est très élevé avant les Jeux,
08:04 ou s'il se passe le moindre incident la veille de la cérémonie d'ouverture,
08:10 elle pourrait même être annulée dans sa forme actuelle.
08:13 C'est la sécurité qui doit primer.
08:15 - Mais vous, il y a un plan D, alors ?
08:18 - Si on en croit le président de la République, quand il s'est exprimé
08:21 sur ce sujet il y a quelques semaines, il avait d'ailleurs beaucoup surpris
08:24 je crois le ministère de l'Intérieur lui-même, il avait indiqué que bien entendu
08:27 il y avait un plan A, B, C et D, là nous en sommes au plan B.
08:31 Je peux même vous ajouter que le précédent, le très fameux précédent
08:36 préfet de police, le préfet de police allemand, ne voulait pas que ses services
08:41 travaillent à la sécurité de cette cérémonie d'ouverture, tellement il pensait
08:45 que c'était un défi sécuritaire qui était impossible à relever.
08:49 - On parle du plan B actuellement, le plan C, ça serait une baisse de la jauge
08:53 avec une réduction aussi du défilé sur la scène, c'est-à-dire au lieu de 6 km
08:56 on pourrait faire 5 km ou 4 km en fonction de ce qui est présenté.
09:00 Le plan D, que beaucoup d'interlocuteurs nous parlent depuis plusieurs semaines,
09:07 ça serait une cérémonie sur la place du Trocadéro, uniquement devant les officiels
09:11 en bas de la préfecture.
09:13 - Ce ne serait pas une parade, il y aura un total de 180 bateaux
09:16 au même moment sur la scène, je crois qu'on n'a pas fait ça depuis Louis XV.
09:19 - Ça passe 180 bateaux sur la scène ?
09:21 - Ça passe 180 bateaux sur la scène, on a répété l'année dernière.
09:24 - Est-ce que le plan E, c'est d'aller faire la cérémonie d'ouverture
09:27 au Stade de France à un moment ?
09:28 - Le Stade de France n'est pas du tout un plan étudié par les autorités.
09:31 - Bon, Lisa, ça te dirait d'assister au jeu, à la cérémonie d'ouverture des Jeux ?
09:35 - Franchement, ce serait bien, mais j'ai l'impression qu'avoir une place,
09:37 c'est mission impossible, donc j'ose même pas...
09:40 - Si tu payes, il y a encore des places.
09:42 - Il faudrait que le criblage vous permette de...
09:45 - En plus, il faut que je passe dans le détecteur.
09:47 - Si on paye, regardez, on est en train de bien péronner à chercher ce matin,
09:50 et c'est une image en direct du site internet, c'est 2700 euros.
09:53 - On est en bas de la Tour Eiffel avec 2700 euros,
09:55 sur les petits quais qui sont en bas de la Tour Eiffel.
09:58 - Vous avez pas des petits fours à ce prix-là ?
09:59 - Ah non, c'est juste une place assise dans une tribune.
10:01 - Et t'as même pas le droit d'apporter une bouteille d'eau, je te rappelle.
10:03 - Ce qu'on entend, c'est 2700 euros, terrorisme, galère,
10:07 et ça donne plus du tout envie d'être là à Paris, en fait, l'été prochain.
10:10 - D'ailleurs, la ministre des Sports, Amélie Oudéa Castera,
10:13 elle a dit hier "attention au geo-bashing".
10:15 - Merci beaucoup, Jérôme.
10:16 - Merci à tous les deux.

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