La perte de contrôle entraîne bien souvent l’addiction. Comme le rappelle Laurent Karila, psychiatre addictologue, les problèmes de dépendance touchent des millions de personnes à travers le monde, un véritable problème de santé publique. Pour Yahoo, l’auteur de l’ouvrage “Docteur : addict ou pas ?” (ed. Harper Collins) s’est exprimé sur ces comportements compulsifs, revenant notamment sur les addictions les plus répandues et sur la manière dont il les décèle.
Comme le rappelle l’Assurance maladie, plusieurs types de structures existent en France pour aider les personnes ayant une addiction à des substances psychoactives ou un comportement addictif (aux jeux, aux écrans, etc.). Les services proposés sont multiples et peuvent être individuels ou collectifs. Tous sont répertoriés ici, sur le site Internet de l’organisme. Pour rappel, en cas de consommation à risque ou de dépendance, un accompagnement par des professionnels renforce les chances de s’en sortir.
Comme le rappelle l’Assurance maladie, plusieurs types de structures existent en France pour aider les personnes ayant une addiction à des substances psychoactives ou un comportement addictif (aux jeux, aux écrans, etc.). Les services proposés sont multiples et peuvent être individuels ou collectifs. Tous sont répertoriés ici, sur le site Internet de l’organisme. Pour rappel, en cas de consommation à risque ou de dépendance, un accompagnement par des professionnels renforce les chances de s’en sortir.
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00:00 Une addiction c'est quoi ? Il faut utiliser le moyen hémotechnique que j'ai créé.
00:05 C'est 5 fois la lettre C pendant au moins un an.
00:08 Le premier C c'est une perte de contrôle comportemental.
00:12 Le deuxième C c'est un usage compulsif, on ne peut pas s'empêcher de consommer.
00:15 Le troisième C c'est un craving, c'est un mot anglais qui veut dire
00:18 l'envie irrésistible, l'envie répressible de consommer.
00:22 Le quatrième C c'est une consommation chronique, c'est-à-dire qu'elle est régulière dans le temps.
00:26 Et le dernier C c'est des conséquences sur sa vie sociale, physique et psychologique.
00:32 Et on peut avoir aussi comme autre symptôme ce qu'on appelle de la dépendance physiologique,
00:37 c'est-à-dire des symptômes de manque et/ou un phénomène de tolérance,
00:40 c'est-à-dire l'envie d'augmenter les doses pour retrouver les effets de la première fois qu'on ne retrouvera jamais.
00:45 On ne tombe pas dans le besoin.
00:47 On a naturellement des besoins en fait, comme manger, comme boire,
00:54 comme avoir des rapports sexuels, comme aimer quelqu'un, comme être fan de certains trucs.
01:00 Donc ces besoins vont entraîner des récompenses, des récompenses qui sont naturelles
01:05 et qui sont en thérapie cognitive nécessaires à notre survie, entre guillemets.
01:10 La pression sociale, elle joue un rôle en fait au niveau environnemental.
01:16 C'est-à-dire c'est associé à notre société qui est très spide, très addictogène.
01:20 C'est associé aux produits disponibles, c'est associé au stress environnemental.
01:26 Et en fait la pression sociale, c'est un petit facteur qui va pouvoir impulser des problèmes au niveau perso et au niveau sociétal
01:37 et jouer un rôle dans un des facteurs qui peuvent entraîner une addiction,
01:41 qui est donc en l'occurrence le facteur environnemental.
01:43 Dans l'addiction, il y a la perte de la liberté de s'abstenir.
01:47 On consomme pour ne pas souffrir alors que dans le plaisir,
01:50 c'est que de la récompense positive, c'est que des émotions positives, c'est que des choses hyper cool.
01:56 Pour l'alcool, à partir de quel moment on passe la barre ?
02:00 Vous avez des recommandations de Santé publique France qui disent,
02:04 pour les hommes et les femmes, on ne doit pas consommer plus de deux verres par jour,
02:09 pas tous les jours, avec un ou deux jours sans consommer.
02:12 Et donc dix verres par semaine au maximum, dix verres standards, c'est des verres de bar.
02:18 Un verre est équivalent à dix grammes d'alcool.
02:21 Et lors d'une occasion, ce n'est pas plus de quatre verres espacés dans le temps de la soirée.
02:26 Donc quand vous dépassez ces recommandations, vous êtes dans ce qu'on appelle l'usage excessif.
02:31 Et en France, vous avez 22% des gens qui sont des buveurs excessifs.
02:35 Et si vous continuez à augmenter les doses et avoir ces symptômes qui s'installent tout doucement,
02:41 des symptômes de manque, etc., vous rentrez dans l'addiction à l'alcool.
02:45 Malheureusement, il n'y a pas assez de prévention en France.
02:48 On voit les problèmes qu'il y a eu avec le défi de janvier,
02:51 le drap januari qui n'est pas du tout soutenu par nos instances.
02:55 Donc moi, je pense qu'il faut mettre le paquet,
02:57 parce que l'addiction, c'est une face émergée d'un problème sous-jacent qui est multiple.
03:03 Quand on soigne un addict, on soigne son problème avec sa substance,
03:08 son problème avec son comportement ou les deux,
03:10 mais il faut soigner toutes les racines et soigner toutes les racines.
03:13 Il y a plein de choses à évaluer.
03:15 Pour le sexe et la sexualité, on a maintenant la sexualité virtuelle.
03:19 La sexualité virtuelle fait partie des comportements sexuels.
03:22 On a des comportements sexuels en vrai, en "real life",
03:26 et on a des comportements sexuels en virtuel.
03:29 Les comportements sexuels virtuels, ça peut être des échanges érotiques,
03:32 il y a des applications de rencontres,
03:33 il y a des sites porno en streaming qui sont massivement accessibles, etc.
03:39 Il y a plein d'autres éléments sur Internet, comme les webcams sexe, etc.
03:42 Ce qui se passe, c'est que cette sexualité virtuelle fait partie de notre sexualité.
03:47 Il y en a qui en ont, il y en a qui en ont pas du tout,
03:49 il y en a qui en ont un peu, et il y en a qui en ont beaucoup.
03:52 J'en parle dans mon livre,
03:53 c'est "Comment notre comportement sexuel peut basculer vers un comportement sexuel addictif".
03:58 C'est à un moment, il y a ces symptômes qui s'installent, les 5 C,
04:03 mais il y a une maladie qui va s'installer aussi,
04:05 qui s'appelle l'addiction sexuelle,
04:06 ou selon l'OMS, dans la classification internationale des maladies, 11e édition,
04:11 c'est le trouble comportemental sexuel compulsif.
04:13 C'est des synonymes.
04:15 Et c'est quoi ?
04:16 C'est exactement la même chose qu'une addiction à des drogues,
04:19 ou à de l'alcool, ou à du tabac,
04:20 mais c'est le sexe qui est l'objet, qui est source d'addiction.
04:25 La sexualité, ça entraîne du plaisir.
04:27 Quand on est addict, on fait du sexe,
04:30 mais pour ne pas souffrir.
04:32 Dans les séries télé sur les écrans, les plateformes, etc.,
04:35 il y a ce qu'on appelle le binge-watching.
04:36 On va surconsommer de la série.
04:39 Tout est fait sur les plateformes comme Netflix, etc.,
04:42 pour accrocher le spectateur
04:45 et l'entraîner dans quelque chose d'assez compulsif.
04:50 Alors, ça peut devenir pathologique quand on ne contrôle plus rien, en fait.
04:54 On ne dort plus, on ne fait que ça, on ne travaille plus,
04:57 on est moins performant au travail, on mange n'importe quoi, etc.
05:00 Et d'ailleurs, le big boss de Netflix avait dit
05:05 « mon principal ennemi, c'est le sommeil »,
05:07 parce qu'il voulait qu'il y ait un max de gens qui se connectent.
05:09 Donc le binge-watching, ce n'est pas une addiction,
05:11 mais ça peut devenir problématique au niveau social et au niveau physique
05:15 quand c'est excessif, en tout cas.
05:17 La chirurgie esthétique, il y a un boom.
05:20 Alors, chirurgie esthétique, c'est d'abord, on va dire,
05:22 thérapeutique, physique, même psychique.
05:25 C'est-à-dire qu'on peut très bien penser,
05:28 se refaire certaines parties du corps quand on a une maladie,
05:33 aussi pouvoir se faire retoucher certaines parties du corps à viser l'esthétique,
05:39 parce que voilà, on prend de l'âge,
05:42 on ne se trouve pas trop beau, pas trop belle, etc.
05:45 Mais vous avez des filles qui se modélisent par rapport à une beauté absolue
05:51 retrouvée sur les filtres des réseaux sociaux
05:54 et qui surconsomment la chirurgie esthétique.
05:56 Et ça peut devenir problématique, pathologique,
05:59 parce qu'il y a des débordements souvent.
06:00 On est vraiment dans une conduite qui est potentiellement addictive pour certaines.
06:04 Il y a un danger physique.
06:05 Il y a aussi un danger psychique avec le retentissement.
06:07 Moi, j'ai été amené à interviewer dans mon podcast addiction
06:12 des filles qui avaient fait de la chirurgie esthétique
06:15 où ça s'était très, très mal passé à cause d'injections faites n'importe comment,
06:21 payées à l'arrache, etc.
06:22 Donc, ça peut être dangereux, la chirurgie esthétique.
06:25 Moi, je crois que c'est une indication thérapeutique d'abord
06:27 et deuxièmement à visée esthétique, mais quand c'est bien pesé.
06:30 Les addictions, c'est un des maux de notre siècle.
06:34 C'est un vrai problème de santé publique.
06:36 [Générique]
06:38 Merci.