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Le navigateur Charles Caudrelier a remporté la première édition de l'Arkea Ultim Challenge. Il est l'invité de Catherine Pottier sur franceinfo le 2 mars 2024

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00:00 - Charles Caudrelier est avec nous ce soir dans le studio France Info,
00:03 vainqueur de la première édition de l'Arkea Ultimate Challenge.
00:07 Charles, vous avez mis 50 jours, 19 heures, 7 minutes et une petite poignée de secondes
00:11 pour faire le tour de la planète en solitaire à bord de votre Maxi trimaran.
00:16 Edmond Drotschil, question, vous avez réussi à dormir depuis l'arrivée ou pas ?
00:20 - Oui, on dort bien.
00:22 Mais on a quand même un sommeil très perturbé puisqu'on n'a plus l'habitude de dormir longtemps, d'affiler.
00:26 C'est des petites siestes qu'on fait régulièrement.
00:29 Donc j'ai envie de dire que c'est un peu comme du décalage horaire.
00:31 On met une semaine à se recaler sur un rythme de terrain, c'est-à-dire jour/nuit.
00:36 - Vous avez le mal de terre quand vous revenez ?
00:38 - Une forme de mal de terre, ça ne m'était pas vraiment arrivé souvent.
00:43 Mais effectivement, j'avais un petit peu des coups de mou, des pertes de...
00:46 Des moments où j'ai un peu des vertiges, je parlais avec mon médecin,
00:48 elle me dit "attends, on va prendre ta tension".
00:50 Elle me dit "ah, t'as 10, normalement t'as 12 ou 13, donc tu vois, ton corps a quand même subi quelque chose
00:56 et tu viens d'arriver, l'adrénaline est un petit peu en train de retomber".
01:00 Et voilà, l'adrénaline, c'est une espèce de dopant naturel qui vous donne une surforce
01:05 que tout le monde a pu expérimenter sans doute dans plein de situations
01:09 où voilà, l'instinct de survie, des choses comme ça, c'est le corps qui chimiquement vous donne
01:14 un super boost, mais ce n'est pas éternel. Donc, à un moment, ça s'arrête.
01:18 - Mais après 50 jours de mer, ça doit être étonnant de retrouver un lit, un matelas,
01:23 une table pour manger, une chaise pour s'asseoir parce que pendant 50 jours,
01:26 il n'y a rien de tout ça évidemment à bord d'un ultime.
01:28 Il y a un petit moment d'adaptation ou pas du tout ?
01:30 - Un petit peu, c'est vrai qu'on me dit "tu retrouves plein de monde", c'est bizarre, non,
01:36 parce qu'on est quand même toujours un peu en contact et puis on oublie vite.
01:40 Mais en fait, c'est des choses simples qui vous reviennent, dormir à l'hôtel, dans un lit,
01:46 des choses comme ça, c'est très sympa. - Un petit déjeuner avec une tasse.
01:49 - Un petit déjeuner sans stress aussi. En fait, ce qui est super agréable,
01:53 c'est que vous coupez la ligne, en plus quand vous gagnez, parce que quand vous ne gagnez pas,
01:57 vous ne dormez plus parce que vous pensez à ce que vous auriez pu faire pour gagner.
02:01 Là, j'ai fait des erreurs, mais je les ai oubliées. J'ai gagné, donc je suis très en paix
02:06 avec moi-même, donc c'est un vrai bonheur. Enfin, même tous au quotidien,
02:10 on n'est pas toujours dans ces moments-là, même quand on est à un travail normal,
02:13 on a toujours du stress, des choses comme ça. Et quel bonheur quand on débute les vacances,
02:18 c'est toujours un grand bonheur de se dire "je coupe avec tout le reste", notamment le stress.
02:23 - Est-ce que vous repensez à la course parfois la nuit ? Des moments forts que vous avez vécus,
02:28 peut-être des peurs, on va en parler, des avaries, et Dieu sait si elles ont été nombreuses.
02:33 Vous y repensez ou pas du tout ? - Pas vraiment, non. On passe aussi vite à
02:37 autre chose, peut-être par habitude aussi. En fait, quand on a réussi sa course,
02:42 on y pense beaucoup moins que quand on l'a raté. - Alors justement, qu'est-ce qui spontanément
02:46 vous revient en mémoire après ces 50 jours de mer ? - Le cap Horne, c'est toujours...
02:51 Spontanément, c'est le cap Horne, parce que c'est la délivrance pour tous les marins.
02:56 - Avant la remontée de l'Atlantique. - C'est toujours un moment fort pour ça.
03:00 Et moi, j'ai eu un cap Horne exceptionnel, c'est-à-dire un cap Horne sous le soleil,
03:04 un cap Horne que j'ai rasé, ce qui est assez rare finalement, le passe-passe tout près,
03:07 qui m'a permis aussi d'admirer le paysage et de voir la beauté de toute cette chaîne des
03:13 Cordillères des Andes, les sommets enneigés, c'était juste magique. - Vous avez le temps d'admirer
03:19 le paysage quand on est en course comme ça ? - Non, pas vraiment. Certains marins disent qu'ils
03:24 admirent, mais moi je trouve pas, parce qu'on est enfermé dans notre cockpit, les bateaux vont de
03:28 plus en plus vite, il y a beaucoup d'embrun, on a du mal finalement... Quand il y a des conditions
03:33 musclées, je trouve qu'on a du mal à admirer, quand il y a du beau temps, on peut sortir un
03:36 peu plus la tête. Mais j'ai eu la chance à un moment de voir, enfin la chance, je rêvais que
03:41 ça n'arrive pas, mais j'ai dû m'attendre 48 heures au large du Cap Horn avant de passer, à cause
03:46 d'une grosse tempête. Donc avec l'avance que j'avais, je me suis permis d'attendre. Et là, j'étais
03:51 dehors à bricoler sur le bateau, il y avait du vent, il y avait de la mer encore, mais comme j'allais
03:55 tout doucement, mon bateau, je peux sortir. C'était assez magique, parce qu'en fait ça m'était jamais
04:01 arrivé dans les mers du Sud de me relâcher autant et de pouvoir consacrer du temps à contempler.
04:05 C'était vraiment un grand moment, je me suis rendu compte de la beauté, c'est l'immensité,
04:10 puisque après, c'est quand même très monotone, c'est de l'eau, mais il y a des belles lumières,
04:16 surtout. Mais voilà, ces lumières-là, on peut les retrouver en Bretagne, on peut les retrouver
04:21 dans nos coins. - Je parlais des avaries tout à l'heure, franchement, moi ce qui m'a marqué,
04:26 c'est l'état de votre bateau à l'arrivée. Je ne vais pas dire qu'il est bon à mettre à la casse,
04:30 certainement pas, mais vous avez eu une succession d'avaries et notamment cette grand voile qui a
04:37 été déchirée. Vous avez pensé à un moment à vous arrêter, plutôt qu'aux assorts ? Vous vous êtes
04:44 arrêté aux assorts, mais avant ? - La seule fois où on a pensé à s'arrêter, c'est effectivement
04:49 pour cette grand voile. L'avarie du bras avant, qui est la partie qui relie les flotteurs,
04:53 est très impressionnante, mais quand on connaît bien le bateau techniquement, enfin nous on sait
04:57 comment il est construit, on savait que c'était juste de l'aérodynamique, ce n'est pas structurel,
05:02 donc je n'avais pas trop de risques. Contrairement à d'autres bateaux qui ont cette partie structurelle,
05:07 nous c'était vraiment pour éviter ça, et on l'a bien fait de le faire, il était hors de question
05:11 pour l'architecte que cette partie soit structurelle. Donc c'était purement aérodynamique,
05:14 donc performance. Mais la grand voile, sans grand voile, c'est plus de moteur. Alors j'avais un
05:20 bout de grand voile, j'avais la moitié de la grand voile, mais comme on allait dans les vents faibles,
05:23 c'est comme si j'avais la moitié d'un moteur pour faire une course de voiture, ça ne marche pas,
05:28 les moitié des chevaux, donc il fallait s'arrêter ou réparer. Et puis l'équipe a encore fait preuve
05:34 d'une grande ingéniosité, avec notre fabriquant de voile, Norsel, qui nous a soutenu dans ce moment
05:39 difficile, et nous ont dit "on a une solution", j'ai dit "mais ça me paraît utopique, je n'avais
05:45 pas imaginé ça", et ils m'ont dit "t'inquiète, ça fera encore plus costaud presque que..." Et ça a tenu
05:49 trois semaines, et j'ai pris vraiment beaucoup de vent avec cette grand voile, et elle n'a pas bougé,
05:54 c'était génial, ça fait partie de l'aventure, moi j'ai adoré cette période-là. On aurait peut-être
05:58 dû le raconter plus tôt, et expliquer, mais pour des raisons stratégiques, on n'aime pas montrer ses
06:02 faiblesses aux adversaires, mais cette histoire, elle est dingue, l'histoire de la grand voile,
06:05 beaucoup plus que la partie avant, qui est très impressionnante, ou le trou, qui parle plus au
06:10 grand public, mais voilà, réparer une grand voile, il faut savoir que dans la grand voile, elle prend
06:15 des efforts monstrueux, on parle en plus de 12 treston, parfois dans l'écoute, donc il fallait
06:20 faire une réparation qui est capable de tenir 12 treston, ça nous paraissait impossible, enfin,
06:24 sans cette idée géniale qu'ont eu l'équipe, l'intelligence collective de notre équipe,
06:29 plus Norsel, qui fabrique les voiles. - Est-ce que justement le fait que vous aviez de l'avance,
06:34 ça, ça a été très important, parce que ça vous a peut-être permis de lever pied, on dit souvent
06:39 qu'avec ces bateaux-là, il est beaucoup plus compliqué de ralentir que d'accélérer, le fait
06:45 d'avoir de l'avance vous a permis quand même de modérer un petit peu le bateau, on va pas réécrire
06:49 l'histoire, mais est-ce que le scénario aurait été différent s'il n'y avait pas eu l'abandon de Tom
06:54 Laperche avec qui vous étiez dans la descente de l'Atlantique, parce que je pense que ni l'un ni
06:58 l'autre n'aurait lâché quoi que ce soit, ça veut dire que forcément vous auriez beaucoup plus tiré
07:02 sur le bateau au fond. - Ouais, c'était un des gros risques, on en a parlé avec Tom, enfin moi,
07:07 à un moment on se retrouve tous les deux devant et je me dis mais là on est dans un rythme, donc
07:12 ça nous a permis de faire un trou, c'était l'objectif, c'était de vraiment casser la course
07:16 dès le départ en prenant un système météo d'avance, c'est-à-dire qu'on a mis entre nous et
07:22 les autres une dépression et c'est très dur de doubler une dépression, un système météo, donc
07:26 les autres étaient bloqués par ça et même s'ils se rapprochaient en distance, il y avait toujours
07:30 un trou devant entre eux et nous, donc ils n'ont jamais pu s'en remettre en fait. Mais le risque
07:35 c'était qu'effectivement on s'emballe tous les deux, d'ailleurs on a bien poussé, mais on était
07:39 dans des conditions qui permettaient de le faire, moi j'ai jamais eu l'impression de prendre des
07:43 risques, au contraire, on était quand même en train de ménager nos bateaux, mais voilà on
07:48 arrivait dans la zone noire de tempête et est-ce qu'on aurait levé le pied ? Effectivement on aurait
07:52 pu faire des bêtises. Pas tellement le fait d'aller vite, mais le fait de se précipiter dans les
07:57 manœuvres et tout ça qui font que des fois on fait des petites erreurs, on oublie des petites choses
08:01 et on casse du matériel et puis après ça a des conséquences. Et c'était le risque avec Tom, peut-être
08:06 quand je l'aurais appelé, je lui aurais dit écoute, là, jusqu'au Cap Horn, on appelle ça un "gentleman agreement"
08:10 ça a déjà existé, ça a déjà arrivé sur le trophée Jules Verne où Francis Joyon et l'équipe de
08:16 Spin Drift avaient décidé de ne pas aller dans les grandes glaces ensemble, prendre des risques
08:21 parce que pour raccourcir la distance, il fallait aller proche des icebergs, ils avaient décidé, je crois,
08:24 ensemble de ne pas aller dans cette zone-là. Donc c'est possible et on aurait pu le faire, sans
08:30 en parler d'ailleurs, entre nous, c'est pas du tout de la triche. - Il y a du fair-play dans la voile, il peut y en avoir.
08:35 - Après, et voilà, mais je pense qu'effectivement on aurait pu faire cette bêtise.
08:41 Et que finalement quand Tom casse, c'est un peu un soulagement, on change, on change, mais après
08:45 maintenant il faut que je termine. Et tout le monde dit "ouais, il a conscience de gagner parce que j'ai de l'avance"
08:48 mais il reste, on n'a même pas fait un quart du tour du monde, enfin, il reste cet obstacle qui était
08:54 pour moi le premier et on l'a bien vu, première fois qu'on faisait des courses avec ces bateaux-là,
08:58 j'avais dit au départ peut-être qu'il n'y aura aucun bateau à l'arrivée, ne soyez pas surpris, ce qu'on
09:02 va faire, ça n'a jamais été fait avec des bateaux aussi rapides et avec ces bateaux volants, ça fait
09:08 seulement six ans qu'on vole et on vit une révolution et on a évolué très vite donc c'est un risque.
09:13 - D'ailleurs on peut dire que le pari est gagné sur ce point-là, il y avait six bateaux au départ de Brest,
09:17 bon logiquement cinq devraient rejoindre Brest, c'est une bonne performance ?
09:23 - Oui c'est un très beau résultat, alors certains disent, il y a toujours des gens qui voient le verre à moitié plein
09:28 d'autres à moitié vide et ils disent "ah oui mais vous êtes arrêtés, au Vendée Globe on s'arrête pas",
09:33 il faut comprendre pourquoi on s'arrête parce que ces bateaux vont deux fois plus vite que les bateaux
09:37 du Vendée Globe, les efforts sont donc quatre fois, enfin huit fois l'énergie que dégage un bateau comme ça
09:42 avec son poids et sa vitesse, c'est huit fois l'énergie que peut dégager un bateau. Donc c'est monstrueux et on avait
09:48 des doutes, c'est pour ça qu'on a d'ailleurs décalé ce tour du monde, il devait partir en 2019 initialement
09:52 et puis en 2019, suite à la route du Rhum qui avait été catastrophique, plein de bateaux avaient...
09:58 il faut le comprendre. En fait on fait le Paris-Dakar sans étapes, imaginez si on devait faire le Paris-Dakar sans s'arrêter,
10:04 les voitures tous les soirs elles sont en garage, elles sont révisées...
10:07 - Donc c'était d'ailleurs un bon choix de permettre ces escales ?
10:10 - Bien sûr, c'était un choix pour moi évident, peut-être dans le futur on va changer parce que c'est vrai que ça rend la chose plus belle...
10:17 - Ça vous plairait ça justement, si on changeait les règles ?
10:21 - Moi j'aurais bien aimé à la priori... moi j'étais dans le premier à vouloir faire des escales mais c'est vrai qu'à l'arrivée
10:26 je me suis dit c'est vrai que ça aurait peut-être été encore plus dingue de le faire sans escales
10:31 mais je pense que technologiquement on n'était pas prêts et il va falloir qu'on réfléchisse et puis ça change les règles du jeu
10:37 et peut-être la façon de préparer nos bateaux aussi, voilà, mais à terme il faut qu'on arrive sans escales
10:43 et c'était mon objectif, c'était une vraie déception de s'arrêter, je ne me suis pas arrêté pour des raisons techniques,
10:47 techniquement le bateau pouvait finir, c'était plus pour éviter une tempête parce que j'avais plus de nourriture aussi
10:52 et puis que je me disais avec l'avance que j'ai, il faut que je sois stratégique, alors ça manque un peu de panache
10:57 mais là ça a emporté sur l'ego ou le panache de se dire "j'ai fini, je suis le seul à avoir fini un tour du monde sans m'arrêter"
11:04 Non, je voulais vérifier mon mât, il y avait 5 mètres de mer partout où j'allais, je ne pouvais pas monter tout seul dans mon haut du mois,
11:09 j'ai dit je ne peux pas me permettre, si mon mât tombe même à 1 km de l'arrivée, je peux ne pas la franchir, donc je vérifie.
11:16 - La peur de la casse en permanence, ça met un stress incroyable, c'est difficile à souvenir le stress comme ça sur 50 jours ?
11:23 - Ce stress il est là parce que j'aurais eu Tom Laperche autour à côté de moi, j'aurais pensé qu'à Tom Laperche c'est plus qu'à l'avarie,
11:30 là effectivement j'ai la seule raison de perdre et je pense que les autres n'attendaient que ça, c'est que j'ai eu une avarie,
11:36 enfin ils ne me souhaitaient pas ça, mais ils savaient que leur seule façon de me doubler à un moment, très rapidement,
11:43 c'était que moi aussi j'ai une grosse avarie, je m'arrête et qu'ils puissent casser leur retard, mais ça n'est jamais arrivé.
11:49 - On parle du bateau, il y a aussi le marin, en l'occurrence vous, la fatigue, le manque de sommeil, vous venez de le dire, le manque de nourriture aussi,
11:57 c'est l'une des courses qui a été les plus exigeantes, les plus difficiles pour vous ?
12:02 - À certains égards oui, et en même temps, j'ai envie de vous dire que c'était presque une des...
12:07 ça a été plutôt facile pour moi parce que tout s'est bien passé, je suis parti tout de suite devant avec Tom, pas de soucis majeurs,
12:14 enfin des avaries, mais une grosse avarie au départ, mais on a bien géré, et puis derrière je me retrouve avec de cette avance à gérer,
12:21 et j'ai bien aimé parce que c'était ce que j'avais cherché, j'avais envie de gérer mon bateau, il fallait le faire,
12:26 à un moment je me suis dit "il faut que je gère mon bateau, c'est la difficulté numéro un de ce tour du monde, c'est pas d'aller plus vite que Tom Laperche, c'est de finir quoi !"
12:33 Et du coup j'ai bien aimé ce côté-là, et ça m'a plu, et j'ai eu quelques petits coups de mou après le Cap Horn parce que
12:41 normalement j'avais une météo difficile et que j'étais pas content, mais en fait j'avais pas de raison de m'énerver, mais bon,
12:46 à un moment avec la fatigue je crois que le corps a lâché, il y a du stress, tout ça, j'ai eu un contre-coup, mais sinon ça a été une course...
12:54 ça fait pas rêver, mais plutôt facile pour moi parce que j'étais bien, j'ai jamais été mal physiquement, j'ai adoré le côté bricolage, j'ai adoré...
13:01 ça m'a bien plu quoi ! - Vous avez découvert des choses sur vous-même ?
13:04 - Pas vraiment parce que je me connais tellement bien, je m'analyse et je connaissais mes points forts et mes points faibles,
13:11 ça a pas loupé, c'est les mêmes qu'on retrouve. Je pense que j'ai progressé quand même un petit peu. - C'est quoi vos points faibles, Charles Caudreau ?
13:16 - C'est que des fois je suis trop exigeant, je doute et je me mets de la pression et je fais vivre cette pression aux autres inutilement.
13:27 Et je tourne en boucle et je rentre dans cette boucle très négative où je doute et ça m'arrive quoi, et j'avais du mal à m'en sortir.
13:37 Et à un moment je m'affole du retour des autres alors que j'ai un demi-océan d'avance,
13:43 et que c'est juste parce que j'ai une mauvaise météo et j'imagine le pire souvent en fait.
13:47 Alors c'est ce qui me fait avancer aussi, parce que c'est ce qui fait que je lâche jamais rien, que je pousse le bateau toujours à fond,
13:52 parce que j'imagine toujours que les autres vont avoir des meilleures météos, vont revenir ou vont aller plus vite que moi ou sont meilleurs que moi.
13:57 Donc quand je suis devant, ça m'arrive. Mais bon, j'ai fait les choses sur lesquelles on travaille et ça marche quand même.
14:03 Et c'est mon moteur finalement, c'est ce stress, cet en besoin de toujours pousser à fond qui me pousse à me dépasser.
14:09 - Ce sera ça aussi le moteur pour le trophée Jules Verne, parce que quand on regarde votre palmarès,
14:13 la route du Rhum, la Transat Jacques Vabre, la Volvo Ocean Race à deux reprises, une fois en équipier, une fois en skipper,
14:19 cet arc à ultime challenge, le trophée Jules Verne.
14:23 - Oui, c'est quelque chose auquel je suis attaché, où toute l'équipe est attachée.
14:27 Une dernière pierre qu'on aimerait ajouter au palmarès fantastique de ce bateau, dont on va bientôt se séparer.
14:31 Est-ce qu'on aura le temps de le faire ? J'espère. Il y a plein de gens qui s'intéressent au bateau et il faut qu'on le vende pour construire un nouveau bateau.
14:38 Donc il faut le vendre et il y a beaucoup d'acheteurs là.
14:41 Donc j'espère qu'il n'y en a pas un qui va nous dire bon, je le veux tout de suite parce que nous, on aimerait bien rajouter cette pierre.
14:47 Et on ne peut pas le faire demain, il faut le faire l'hiver prochain parce que ces records-là, on les tente pendant l'hiver.
14:52 - À quoi vous avez pensé Charles Caudrelier ou à qui quand vous avez franchi cette ligne à Brest mardi dernier ?
14:58 Pratiquement le jour de vos 50 ans.
15:00 - Il y a beaucoup de gens à qui on pense. On pense aux gens qui sont partis déjà.
15:04 Ma maman évidemment, qui est partie juste avant le Rhum la dernière.
15:08 Quelque chose de très difficile, donc on pense à elle.
15:12 On pense à quelqu'un sans qui moi je ne serais pas là et cette équipe ne serait pas là, c'est Benjamin de Rothschild qui nous a aussi quittés il y a quelques temps.
15:20 Qui était l'armateur de notre bateau.
15:23 Et qui, sa passionnée de bateau, nous permet à tous de vivre notre passion et de nous exprimer.
15:30 Voilà, donc c'est à sa famille, à sa femme, donc Ariane de Rothschild qui maintenant a repris les rênes de ce projet et qui nous soutient depuis toujours.
15:37 Et on pense à toute l'équipe, tous ces gens qui travaillent, tous ces visages que vous côtoyez tous les jours.
15:42 C'est une conscience solitaire, c'est tout sauf quelque chose que j'ai fait seul, c'est quelque chose qu'on a construit dans le temps.
15:49 Donc il y a beaucoup d'émotions par rapport à ça et on pense à ses proches évidemment qui sont là.
15:54 - Gélo, vous aviez pensé lorsque vous étiez petit à être prêtre, c'est vrai ?
15:59 - Alors ça c'est mon papa qui raconte ça et je n'ai pas, je pense que j'ai peut-être dit ça à un âge où je n'étais pas conscient de ce que je disais.
16:07 Et c'est vrai que j'ai eu la foi très tard, je suis d'une famille très croyante, une grand-mère qui était très très croyante.
16:12 Et j'ai eu cette foi que j'ai perdue il y a quelques années en me construisant totalement perdu.
16:18 Mais c'est vrai que j'ai eu une foi très très forte et voilà dans un contexte familial comme ça.
16:24 Et j'ai sûrement pu dire ça parce que j'étais des fois, j'aimais bien faire plaisir à ma grand-mère et j'ai peut-être dit ça.
16:29 Mais je ne regrette pas du tout la vocation de prêtre.
16:33 - Bon là vous allez faire plaisir à vos enfants, vous allez partir en vacances un peu ?
16:37 - Oui, c'était prévu, on pensait avoir un peu de temps pour se préparer et on devait partir aujourd'hui.
16:42 On a dû décaler d'une journée parce que quand même il faut, on a quelques obligations.
16:45 - Sur l'eau ? Sur l'eau ?
16:47 - À côté de l'eau. - À côté de l'eau sur un transat ?
16:49 - L'endroit où je préférais être c'est à côté de l'eau, j'aime être sur l'eau, dans l'eau aussi.
16:53 Mais oui dans l'ordre c'est à côté de l'eau, dans l'eau, c'est les deux choses que je préfère et après sur l'eau.
16:58 Et donc c'est pour faire du surf, pour faire de la plongée, pour faire du kitesurf, pour faire de la wing, des passions que je partage avec ma femme.
17:06 Et mes enfants, un peu moins ma petite fille, qui essaye de se mettre au surf pour faire comme nous.
17:13 Elle, elle aime bien plutôt mettre la tête dans l'eau.
17:16 La Guadeloupe nous accueille bientôt et il y a tout ça qu'on peut faire là-bas.
17:21 - En tout cas ce sera très actif. Merci beaucoup Charles Caudrelier et évidemment on vous retrouve très vite sur l'eau,
17:27 là avec un nouveau défi, on l'a bien compris, ce sera ce trophée Jules Verne.
17:31 À très vite sur France Info. - Merci.

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