Place publique - Faut-il instaurer un salaire minimum pour les agriculteurs belges ?

  • il y a 7 mois

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00:00 *Générique*
00:09 Vous écoutez Arabelle, place à l'info.
00:11 *Générique*
00:23 Bonsoir à toutes et à tous, Nicolas De Wallens avec vous.
00:26 Heureux de vous retrouver, soyez les bienvenus dans Place publique.
00:29 Chaque mercredi entre 19h et 20h, nous nous intéressons aux grandes questions politiques et sociétales.
00:35 Les agriculteurs belges et européens ont manifesté lundi à Bruxelles.
00:40 Ils sont en colère, ils ont de nombreuses revendications au niveau de leur rémunération,
00:46 de leur travail et de leurs conditions de vie.
00:48 Faut-il instaurer un salaire minimum pour les agriculteurs belges ?
00:52 C'est la question de Place publique ce soir.
00:54 Je lis vos SMS au 0488 106 800, 0488 106 800.
01:02 Sont avec nous ce soir Anne-Catherine Dalk, agricultrice à Jodogne-et-Aix,
01:07 vice-présidente des Jeunes agriculteurs wallon et européen.
01:10 Bonsoir. - Bonsoir.
01:12 - Merci d'être avec nous. - Merci, c'est un plaisir.
01:14 - Estelle Keulemans, deuxième sur la liste PS à l'Europe.
01:18 Bonsoir. - Bonsoir.
01:19 - Merci d'être avec nous. - Avec plaisir également.
01:22 - Olivier Descuteurs, deuxième sur la liste Écolo à l'Europe.
01:25 Bonsoir. - Bonsoir.
01:27 - Merci d'être avec nous. - Avec plaisir.
01:30 - Et Amaury Alexandre, député provincial des Filles-à-Namur. Bonsoir.
01:35 - Bonsoir. - Merci d'être avec nous.
01:37 Soyez les bienvenus. Place publique commence maintenant.
01:49 Ce sont des images que vous avez probablement vues au journal télévisé
01:52 ou sur les réseaux sociaux.
01:54 Les agriculteurs belges et européens ont manifesté lundi à Bruxelles.
01:59 Anne-Catherine Dalk, vous êtes agricultrice à Jodogne.
02:02 Vous étiez de cette manifestation lundi ?
02:05 - Oui, bien sûr. J'étais là avec tout le monde.
02:07 - C'était important pour vous ? - Oui, très important.
02:10 Et alors Bruxelles, c'est notre capitale,
02:13 mais c'est la capitale de tous les pays européens.
02:16 Donc, en tant qu'ancienne vice-présidente des jeunes agriculteurs européens,
02:20 j'ai contacté les jeunes agriculteurs du reste de l'Europe en disant
02:24 "Est-ce que vous voulez nous rejoindre à Bruxelles ?"
02:26 Et beaucoup ont répondu "présent".
02:28 Donc, je coordonnais un peu aussi l'arrivée de tout le monde
02:33 pour pouvoir aller parler à nos institutions.
02:36 - Les agriculteurs ont beaucoup de revendications.
02:39 Quelles sont les différences entre les revendications
02:42 des agriculteurs belges et d'autres agriculteurs européens ?
02:45 Ou bien tout le monde est réuni avec les mêmes revendications ?
02:49 - Oui, c'est ça. En fait, j'avais un peu proposé 5 thèmes, 5 revendications.
02:55 Et tout le monde était bien d'accord avec ça.
02:57 C'est à la fois savoir se créer un revenu,
03:00 savoir mettre en place des mécanismes
03:03 pour qu'il n'y ait plus une telle pression des produits ukrainiens sur nos marchés,
03:07 mais également au niveau des mesures vertes, un financement de celles-ci,
03:10 parce que pour le moment, on nous prend un peu en otage.
03:12 On nous dit "Vous faites ça sur une partie de vos terres,
03:16 mais vous n'avez aucun financement, aucune compensation,
03:19 et ça, on ne saura pas le faire."
03:21 Et puis, c'est comme si on voulait financer ces mesures vertes
03:25 avec une poche qui est déjà bien vide.
03:27 Et donc, on veut changer ce paradigme.
03:28 Il faut savoir aussi que, par exemple,
03:31 on veut que 4% de nos terres ne produisent pas pour l'environnement.
03:38 Et nous avons envie d'envoyer le message,
03:39 on peut produire et être bon pour l'environnement.
03:41 Il ne faut pas opposer les deux.
03:43 On ne veut en tout cas pas du tout que ce message reste.
03:45 – Les politiques entendent ce que vous dites ?
03:47 On peut produire sans nuire à l'environnement ?
03:51 – Ça dépend lesquels. Certains politiques oui, d'autres moins.
03:57 En tout cas, ça discute beaucoup, ça débat beaucoup.
04:00 – Est-elle que le MANS, deuxième sur la liste PS à l'Europe,
04:03 une première réaction suite à cette manifestation,
04:06 et aussi à ce que vous entendez de la bouche d'Anne-Catherine Dalk,
04:11 qui est agricultrice ?
04:13 – En tout cas, les revendications des agriculteurs et des agricultrices,
04:17 évidemment, qui étaient là à Bruxelles,
04:20 et qui se mobilisent depuis quelques semaines maintenant,
04:23 en disant effectivement que le monde bat sur sa tête,
04:27 en tout cas l'Europe bat sur sa tête au niveau des questions agricoles.
04:31 Je pense que ça va exactement dans le même sens,
04:33 notamment que ce que veulent simplement les travailleurs.
04:36 C'est-à-dire pouvoir vivre dignement aussi de leurs revenus et de leur travail.
04:41 Or aujourd'hui, et comme le soulignait Madame Dalk,
04:44 il y a un problème sur le revenu, en tout cas de certains agriculteurs.
04:48 Je sais que c'est une des thématiques qu'on va aborder globalement
04:50 d'une manière un peu plus précise.
04:51 Et donc voilà, il faut leur permettre en tout cas de vivre très dignement,
04:57 parce que je pense que le revenu moyen en tout cas en Belgique
05:00 est d'environ 2000 euros bruts, mais c'est un revenu moyen.
05:04 Tous les agriculteurs ne sont pas logés à la même enseigne.
05:07 Et donc effectivement, certains ont vraiment de grands,
05:10 gros difficultés pour pouvoir rejoindre les deux bouts,
05:13 en particulier les petites exploitations.
05:15 Et voilà, on va y revenir aussi sans doute aussi sur la question de la taille des exploitations,
05:19 sur la manière dont la politique agricole commune notamment intervient
05:21 en fonction de la taille des exploitations.
05:24 Voilà, je pense qu'il est question du revenu
05:26 et il est question d'avoir un juste revenu.
05:28 Absolument. Faut-il instaurer un salaire minimum pour les agriculteurs belges ?
05:33 C'est la question que je vous pose ce soir.
05:35 Je lis vos SMS au 0488 106 800.
05:38 On marque une courte pause.
05:40 On se retrouve juste après Pierre Demarra.
05:41 A tout de suite.
06:02 Faut-il instaurer un salaire minimum pour les agriculteurs belges ?
06:05 C'est le thème de Place Publique ce soir.
06:08 Olivier de Scutter, vous êtes deuxième sur la liste écolo à l'Europe
06:11 pour les élections du 9 juin prochain.
06:14 Une première réaction par rapport à ce qui s'est déjà dit dans Place Publique ce soir ?
06:20 Oui, bien entendu. Alors d'abord, je note que Anne-Catherine Dahl
06:25 cite une série de revendications du monde agricole.
06:29 Et la première d'entre elles concerne les revenus.
06:32 Aujourd'hui, les agriculteurs et les agricultrices sont coincés
06:35 entre des intrants dont le coût est de plus en plus imprévisible et de plus en plus élevé,
06:41 liés tels qu'ils sont au prix de l'énergie,
06:44 et une incapacité de peser sur le prix des récoltes
06:49 avec un pouvoir de négociation par rapport aux acheteurs
06:53 de matières premières agricoles qui est très faible.
06:56 Et je crois que c'est vraiment le point essentiel,
06:59 cette question de rémunération digne.
07:02 On a beaucoup donné un tableau des agriculteurs et des agricultrices
07:06 comme opposés à toute transformation du monde agricole
07:11 vers des pratiques agricoles plus durables.
07:15 Mais ce n'est pas cela qu'ils disent.
07:17 Ils ne sont pas opposés à cette transition agroécologique.
07:20 Ils voient bien l'intérêt que peut avoir pour eux
07:25 cette transformation, d'autant plus qu'ils sont les premières victimes
07:28 de la manipulation de produits dangereux
07:31 et de la volatilité des prix qui s'expliquent notamment
07:35 par l'usage de pesticides et d'engrais azotés.
07:38 Et ce qu'ils veulent, c'est effectivement des revenus qui soient décents et qui soient stables.
07:43 Je crois que c'est extrêmement important qu'ils soient aidés
07:46 à opérer la transition que l'on attend du monde agricole.
07:51 Et de ce point de vue-là, je crois que les concessions
07:54 qui sont faites aujourd'hui, qu'il s'agisse de simplification administrative,
07:58 c'est important, ça soulage en partie les agriculteurs et les agricultrices
08:04 du travail mort qu'ils font quand ils ne travaillent pas la terre
08:07 et qu'ils sont obligés de passer beaucoup de temps dans leur bureau, sur leur ordinateur.
08:11 Et cependant, ça ne répond pas à la revendication principale qui est celle des revenus.
08:16 Donc je crois que c'est ça qui est important.
08:18 Je voudrais juste ajouter un point, c'est que parmi les concessions
08:22 qui ont été faites pour faire face à cette revendication ou ces revendications du monde agricole,
08:30 on a annoncé la continuation de la suspension de ce qu'on appelle les jachères
08:36 qui portent effectivement sur 4% des terres agricoles cultivées.
08:41 Mais ces 4% qui sont en réalité moins de 4% en pratique,
08:48 ce n'est pas une bonne idée que d'abandonner cela.
08:51 D'abord, ce ne sont pas des terres qui ne produisent pas,
08:54 ce sont en fait des réservoirs de biodiversité qui permettent aux oiseaux, aux insectes de se nicher.
09:01 Ce sont des régulateurs permettant de réduire l'usage ensuite de pesticides.
09:06 C'est extrêmement important qu'on ne se prive pas de ces réservoirs de biodiversité.
09:11 Et ensuite, pas mal d'agriculteurs et d'agricultrices chez nous
09:14 qui vont au-delà de ces 4% reçoivent des primes parce qu'ils vont au-delà de ces 4%,
09:19 donc ça peut être une sorte de revenu.
09:20 Donc je ne crois pas que cette concession qui a été faite aux agriculteurs et aux agricultrices
09:26 répond vraiment à leurs attentes.
09:28 Je crois que ce n'est pas le cœur du problème et je crois que c'est une mauvaise idée.
09:32 Amoury Alexandre, député provincial des Filles-à-Namur.
09:36 Oui, j'entends tout ce qui vient d'être dit et donc je voudrais juste réagir.
09:43 Je pense qu'il faut considérer le marché de l'agriculture, le marché de l'alimentation
09:48 comme quelque chose de stratégique, un marché stratégique
09:53 et qui ne peut donc pas être considéré comme un marché classique
09:56 où les prix sont fixés simplement par l'offre et la demande.
10:00 On voit bien que ça ne marche pas, simplement parce qu'on est dans un modèle productiviste
10:04 qui vise à produire toujours plus et donc finalement qui amène les prix à descendre
10:10 et donc les revenus des agriculteurs à descendre conséquemment.
10:14 Et donc il faut absolument réguler le marché de production alimentaire de plusieurs manières.
10:21 Une bonne façon sans doute de le faire, c'est de s'inspirer de ce qu'on fait déjà dans la production énergétique
10:27 et notamment pour les énergies renouvelables.
10:30 C'est finalement de regarder quel est le coût moyen d'une exploitation
10:34 pour la production d'une certaine spéculation et de se dire
10:38 "ça c'est le prix de revient minimum qu'il faut considérer"
10:43 en dessous duquel on ne peut pas descendre.
10:46 Ça vise alors à fournir une sorte de revenu garanti si on veut,
10:51 mais c'est formulé différemment.
10:53 Donc l'idée c'est plus de louer sur le prix de revient que sur le salaire en tant que tel
10:59 puisqu'il y a toute une série de charges par ailleurs pour les agriculteurs.
11:03 Et alors au niveau environnemental, évidemment l'agriculture et les agriculteurs et agricultrices
11:08 sont un levier pour réaliser la transition écologique.
11:14 Et donc il faut évidemment encadrer ce qu'on leur demande en matière environnementale
11:25 pour justement leur permettre de le réaliser sans que ça ne nuise à leur revenu
11:31 parce que sans ça évidemment on risque tout sauf d'arriver au but qu'on a qu'au recherche.
11:37 Et donc là il est nécessaire de bien encadrer ça et de tenir compte des coûts supplémentaires
11:44 que ça peut engendrer.
11:47 Je note qu'il y a des avancées tous les jours dans ce domaine,
11:51 notamment dans la lutte contre les pesticides ou contre les produits type glyphosate.
11:57 Vous savez peut-être qu'une entreprise jambloutoise vient d'annoncer avoir créé un produit
12:02 qui peut compenser ou en tout cas remplacer le glyphosate.
12:06 Donc ce sont des informations positives.
12:08 Je pense qu'on devrait aussi investir beaucoup plus dans la recherche et le développement
12:14 sur ce type de produits qui peuvent justement remplacer des intrants de type pesticides et autres.
12:24 Je vous remercie. On se quitte quelques secondes et puis on se retrouve en studio
12:28 avec Anne-Catherine Dalk, agricultrice à Jeudonne et est-elle que le Mans,
12:33 deuxième sur la liste PS à l'Europe, mais aussi avec vous Amaury Alexandre et Olivier Descuteurs.
12:39 A tout de suite.
12:40 La question posée ce soir dans Place publique, faut-il instaurer un salaire minimum
13:00 pour les agriculteurs belges ? Anne-Catherine Dalk, vous êtes agricultrice à Jeudonne.
13:05 Je vous vois très émue ce soir par rapport à ce qui se dit, par rapport à ce que vous entendez.
13:10 Puis-je vous demander dans quel état d'esprit êtes-vous ?
13:13 Je me dis qu'en fait on n'est pas encore vraiment tout à fait compris à plusieurs niveaux.
13:20 Par exemple pour revenir au fameux 4 %, au départ en fait on pensait que quand on mettait des bandes enherbées
13:28 là on a une compensation juste mais au niveau d'autres mesures.
13:35 J'ai quand même expliqué rapidement la PAC, on a des mesures vertes liées à la conditionnalité,
13:40 donc on n'a rien pour ça, on a juste le droit à avoir des aides, soutien en revenus.
13:45 Puis alors on a des mesures vertes qui allient production et environnement.
13:49 Et puis on a encore des mesures vertes où là elles ont vraiment des coûts
13:52 et donc là on a une compensation, c'est la troisième partie des mesures vertes.
13:55 Et donc les bandes enherbées ça a un coût, on perd de la surface, mais on a une compensation.
13:59 Et donc nous on pensait au départ que ces bandes enherbées,
14:02 on pourrait les mettre dans ces fameux 4 % de conditionnalité, j'espère avoir resté clair.
14:07 Et bien en fait non.
14:08 Donc moi je suis d'accord avec le fait de remettre de la biodiversité dans la campagne,
14:12 mais pourquoi on n'a pas permis ça ?
14:17 Alors c'est pour des questions de double subsidiarité au niveau européen etc.
14:20 Mais on est vraiment déçus de cette considération par rapport à l'agriculture et de cette injustice en fait.
14:27 Moi je trouve que c'est clairement une injustice.
14:29 Les agriculteurs ont rencontré David Clarenval, ministre fédéral de l'agriculture.
14:33 Vous avez le sentiment qu'ils vous écoutent ?
14:35 Oui, oui parce que... et alors nous rencontrions aussi le commissaire à l'agriculture,
14:40 monsieur Wojtkowski, et tous deux ont dit qu'ils avaient parlé en Conseil de l'agriculture
14:46 de réouvrir les traités et de revoir les contingents à chaque fois qu'ils ont été fixés.
14:50 Donc il va y avoir un travail de fond qui va être fait.
14:53 Des vraies promesses ?
14:54 Alors bien sûr c'est des paroles, il faut les actes.
14:58 Mais pour avoir suivi ces discussions européennes depuis deux ans en tant qu'ancienne vice-présidente des Générales agriculteurs européens,
15:03 j'entends quand même, même de la part du commissaire, des discours qui changent.
15:07 Et ça, ça fait du bien, ça fait plaisir.
15:10 Il y a une réelle prise de conscience.
15:12 Maintenant on attend les actes, c'est certain.
15:13 Est-elle que le Mans, deuxième sur la liste PS à l'Europe, ce sont des promesses qui vous semblent crédibles ?
15:19 Alors moi je peux parler en tout cas d'une promesse qui est en tout cas sur la table ici,
15:24 de manière un peu très très précise d'ailleurs, et qui serait discutée jeudi au niveau du Parlement.
15:29 Parce que, comme ça a été dit, je veux dire, produire notre nourriture et notre alimentation, c'est essentiel, c'est stratégique.
15:36 Et c'est même au-delà de ça, je veux dire, la souveraineté alimentaire notamment est vraiment quelque chose d'essentiel.
15:42 Et peut-être quand même souligner que, voilà, il y a un souci, c'est qu'aujourd'hui les agriculteurs,
15:47 et les éleveurs aussi, lorsqu'ils vendent leur production, ils vendent à perte parfois.
15:53 Et donc ils se retrouvent effectivement dans une situation complètement déséquilibrée,
15:56 parce qu'ils vendent maintenant de plus en plus à des centrales d'achat, de grands groupes, je ne vais pas les citer,
16:02 mais enfin ce serait notamment Colreut, Aldi, Lidl et autres.
16:06 Et en fait, ils se voient imposer des prix, et de vente parfois à perte.
16:10 Et donc, voilà, ils sont dans une situation complètement déséquilibrée pour négocier effectivement leur vente.
16:17 Et ceux qui d'ailleurs manquent de trésorerie, ils sont pris à la gorge et ils vendent finalement à n'importe quel prix.
16:22 Donc la proposition qui est sur la table est une proposition d'ailleurs déposée par Patrick Prévost,
16:27 et qui est en discussion donc jeudi au Parlement, et qui vise en fait à mettre sur pied un système type loi Egalim,
16:33 comme il existe en France, qui vise finalement à offrir, à rééquilibrer en tout cas la marge des différents acteurs
16:40 au sein de la chaîne de production alimentaire.
16:42 Et donc, notamment de renforcer en tout cas la position des agriculteurs lorsqu'ils vont eux-mêmes finalement proposer un prix.
16:49 Et donc il faut savoir qu'il y a un observatoire des prix qui calculerait le coût de production des produits agricoles belges,
16:55 qui serait donc un prix de référence, et ça permettrait notamment aux agriculteurs, lorsqu'ils se présentent face aux acheteurs,
17:01 je rappelle donc un des grandes centrales d'achat, de eux-mêmes proposer un prix en fonction du coût de production.
17:07 Cout de production qui prendrait en compte aussi d'ailleurs le financement de certaines mesures vertes et autres.
17:14 Et donc ici vraiment, on partirait du prix qui est proposé par l'agriculteur,
17:20 qui serait effectivement donc consolidé et reconnu par l'observatoire des prix, et dans un contrat qui est fixe.
17:26 Donc voilà, je pense que c'est ça le vrai revenu des agriculteurs, c'est de pouvoir vivre correctement et dignement leur production.
17:32 Alors bon, évidemment l'objectif n'est pas après une répercussion sur le consommateur,
17:39 et là aussi, il y aurait aussi une mesure qui permettrait finalement en tout cas de fixer non seulement une marge minimum,
17:46 mais également une marche maximum que l'intermédiaire, donc cette centrale d'achat, pourrait obtenir.
17:51 Donc vraiment, le mécanisme qui est là sur la table et qui est en discussion au Parlement, qui est déposé pour le moment par des parlementaires PS,
17:57 j'espère que soutenu par d'autres, viserait vraiment à encadrer finalement la vente et le juste prix,
18:04 et donc le juste revenu finalement des agriculteurs et des éleveurs.
18:08 Olivier Hodescutter, deuxième sur la liste Écolo à l'Europe, c'est également ce que vous prenez.
18:13 Vous dites que la solution ne réside pas dans le fait d'augmenter les prix appliqués aux consommateurs.
18:19 Oui, je crois que c'est vraiment important de stabiliser les revenus des agriculteurs et des agricultrices,
18:27 et je crois que cette idée d'un prix minimum couvrant plus que les coûts de production,
18:34 mais aussi une rémunération équitable pour les producteurs, c'est très important.
18:40 On a trop longtemps considéré que les prix alimentaires devaient être écrasés au maximum
18:49 pour garantir une sécurité alimentaire à tout le monde,
18:55 et ceci s'est fait malheureusement au détriment du monde agricole,
18:59 qui a été très largement une variable d'ajustement dans ce processus.
19:04 Cependant, cette proposition qui est faite, et c'est très important qu'on explore ce genre de dispositif évidemment,
19:13 doit se combiner avec des mesures qui concernent les politiques commerciales.
19:19 Parce que sinon, le risque c'est que les acheteurs vont importer plus
19:24 s'ils peuvent se fournir moins cher ailleurs, n'ayant pas à respecter à l'égard des importations
19:32 ces exigences concernant un prix minimum digne pour les récoltes qui sont produites en Belgique.
19:39 Donc je crois que c'est important d'explorer ce genre de dispositif,
19:43 mais important aussi d'aligner les politiques commerciales sur ce qu'on a comme réorganisation des rapports au sein de la chaîne alimentaire.
19:52 Mais de manière générale, je répète le fait que dans les chaînes alimentaires,
19:58 les producteurs généralement ont un pouvoir de négociation très faible,
20:01 ils ne peuvent pas imposer leurs conditions aux grands acheteurs qui les mettent en concurrence les uns avec les autres.
20:07 Et c'est extrêmement important de renforcer ce pouvoir de négociation.
20:11 C'est ce que la France a essayé de faire avec la loi issue des états généraux de l'alimentation,
20:15 la fameuse loi EGalim, mais qui même en France est très difficile à mettre en œuvre et présente encore beaucoup de lacunes.
20:21 Donc je pense que nous sommes tous à la recherche de solutions permettant de garantir une rémunération plus digne.
20:27 Une respiration avec Maître Gims et puis nous poursuivons Place Publique.
20:31 A tout de suite.
20:32 Faut-il instaurer un salaire minimum pour les agriculteurs belges ?
20:54 C'est la question que je vous pose ce soir. Je reçois et je lis vos SMS au 0488 106 800.
21:01 Mohamed de Scarbeck nous a écrit "Bonsoir, il faut absolument révolutionner les métiers essentiels comme celui des agriculteurs".
21:09 Merci Mohamed pour votre SMS.
21:12 On parle souvent des charges administratives des agriculteurs.
21:16 Anne-Catherine Dalck, vous êtes agricultrice à Jodogne.
21:19 Quelles sont-elles ces charges administratives dont on parle ?
21:24 Elles viennent de toutes parts.
21:26 Encore aujourd'hui, j'étais sur les effluents d'élevage, mais il y a aussi quand est-ce qu'on peut mettre nos engrais.
21:32 Puis il y a aussi tout ce qui est identification animale et puis il y a tout ce qui est sécurité de la chaîne alimentaire.
21:41 Alors qu'en fait, à chaque fois qu'on vend notre lait, donc deux fois par jour le laitier passe,
21:46 chaque fois qu'on vend une bête et qu'elle est abattue, il y a des analyses qui sont faites sur ces produits et qui disent qu'on est déjà bon.
21:52 Mais il y a en amont une telle charge de contrôle. Je me demande si les justifier et soyons efficaces.
22:00 Oui, bien sûr, le contrôle n'est pas mauvais pour qu'on garde bien toujours les lignes, mais autant là on est vraiment écrasé.
22:08 Franchement, c'est à la limite du tenable. Je vous le dis sincèrement.
22:13 Amaury Alexandre, vous êtes député provincial des Filles-Annamur. Une réaction ?
22:19 Oui, c'est clair qu'il faut simplifier administrativement la vie des agriculteurs.
22:25 Je veux dire, ils ne doivent pas passer leur temps à remplir des formulaires dans leur bureau, mais ils doivent être en fait dans leurs exploitations.
22:34 Et souvent, d'ailleurs, il y a des problèmes de contrôle qui ont lieu parce que justement,
22:38 ils n'étaient pas en capacité de compléter les formulaires à temps et à heure parce que les conditions sont simplement trop strictes.
22:45 Et qu'en fait, une exploitation, ça vit et qu'il y a des impératifs sur lesquels on ne peut pas transiger.
22:51 Donc ça, c'est clairement un problème. Je pense que sur les pistes de solution, il y a déjà manifestement une avancée en la matière qui a été prise.
23:01 Mais je crois qu'à chaque fois que... Parce que c'est aussi une problématique pour les indépendants de manière plus générale.
23:06 Mais à chaque fois qu'il y a un nouveau formulaire ou une nouvelle contrainte qui sont imposées,
23:13 il faut réévaluer si elle ne remplace pas d'autres ou si on ne peut pas simplifier en introduisant ce contrôle l'ensemble des autres contrôles.
23:25 Ça, je crois que c'est une réflexion qui doit toujours avoir lieu dans son ensemble.
23:28 Par ailleurs, au niveau de l'encodage des données, je pense qu'il faut que les agriculteurs, mais comme je disais, tous les indépendants,
23:36 de manière générale les entreprises, ne doivent encoder qu'une seule fois une information.
23:40 Donc on ne va jamais devoir encoder plusieurs fois la même information.
23:43 Ça, c'est à charge de l'État, au travers de ses différentes institutions, de s'organiser pour rendre ça possible.
23:51 Je pense qu'en termes d'IT, je suis informaticien, donc de formation, je vois bien qu'il y a quand même moyen de le faire sans trop de difficultés.
23:59 Il reste qu'il faut avoir la volonté de le faire.
24:02 Je pense aussi qu'il faut changer la culture au sein des administrations en termes de contrôle.
24:11 Le contrôle est normal, mais il faut que les contrôleurs voient plus leur rôle d'accompagnement des agriculteurs en la matière.
24:22 Se tromper est possible et il faut toujours présumer qu'il y a eu une erreur qui a été commise et non pas une intention de frauder, peut-être.
24:32 Ce n'est pas comme ça qu'il faut réfléchir.
24:36 Je pense que là, il y a un rôle d'accompagnement que les pouvoirs publics doivent avoir à l'égard des agriculteurs.
24:44 Anne-Catherine Dalck, vous êtes agricultrice à Jeudonne.
24:47 La politique agricole commune doit être modifiée. De quelle manière ?
24:54 Ça, c'est une grande question, enfin une vaste question plutôt.
24:59 Déjà, par exemple, pour les mesures vertes environnementales, on parle d'une architecture verte, parce qu'il y a différents étages.
25:10 Pour être efficace dans ce domaine, ce n'est pas vraiment la meilleure idée, je trouve.
25:16 Parce qu'on parle parfois de même pratique, mais à différents niveaux, ça devient vite compliqué pour un agriculteur qui essaye de s'y retrouver dans ses différentes modalités, etc.
25:27 Ensuite, nous ce qu'on voudrait, c'est que ce budget soit à la hauteur des ambitions.
25:35 Parce que la PAC, au départ, avait un objectif de soutien au revenu, parce qu'on était dans un marché mondial, parce qu'on voulait garantir l'autonomie alimentaire.
25:43 Et puis, on a rajouté d'autres objectifs, mais on n'y a pas mis le budget.
25:47 On a rajouté des objectifs environnementaux qui ont des coûts pour les agriculteurs et on n'a pas mis le budget.
25:52 Et aussi au niveau de la création d'alternatives, pour nous donner des outils pour continuer à évoluer dans notre agriculture.
26:00 Et donc, ce sont toutes des choses que la PAC devrait offrir dans la prochaine réforme qui va avoir lieu.
26:05 Est-elle que le MANS, deuxième sur la liste PSA l'Europe, a une réaction ?
26:09 Avant 1992, effectivement, la politique agricole commune, elle était surtout axée sur le soutien au prix agricole.
26:19 Elle garantissait un prix rémunérateur pour les agriculteurs, en rajoutant notamment la production lorsque les prix du marché descendaient sous un certain seuil.
26:26 C'est un peu l'effet de régulation dont parlait Olivier de Scutter tout à l'heure.
26:30 Puis, elle s'est transformée et maintenant c'est devenu plus une subsidiation directe vers les agriculteurs,
26:36 qui ne permet plus, finalement, non plus cette régulation des prix.
26:39 Et c'est des interventions directes.
26:42 Et aujourd'hui, quand on regarde cette politique agricole commune, qui quand même représente, je pense, 3% des budgets européens,
26:47 donc on est quand même dans des grosses masses de soutien, vraiment, vers cette politique de production agricole et alimentaire.
26:58 Aujourd'hui, ça dépend surtout de la surface d'exploitation.
27:00 Et ce qu'on observe, c'est que c'est 20% des plus grandes exploitations qui reçoivent ainsi 80% au détriment, finalement,
27:07 effectivement, des petites structures familiales et autres.
27:11 Et donc, il y a vraiment à réfléchir par rapport à ça.
27:13 Parce que, bon, qu'est-ce qui s'est passé d'ailleurs au fur et à mesure des années ?
27:16 D'ailleurs, entre 1980 et aujourd'hui, on est passé de 113 000 exploitants à 35 000 exploitants.
27:22 Et donc, de plus grandes structures d'exploitation aussi, qui avant représentaient 21 hectares, et aujourd'hui, 57 hectares.
27:28 Donc, il y a vraiment à repenser aussi tout le système pour qu'elles viennent en soutien plutôt à des structures familiales,
27:34 plutôt qu'à des structures, véritablement, je veux dire, de type presque industriel,
27:39 comme on le voit d'ailleurs dans certaines régions, quand on traverse notamment la France, mais même chez nous aussi.
27:44 Donc, il y a vraiment des éléments à reprendre par rapport à ça.
27:47 Sur ce qui est de la simplification administrative, le souci, c'est qu'effectivement, les contraintes,
27:53 elles existent non seulement au niveau de l'Europe, ensuite au niveau régional, et tout ça se cumule.
27:59 Et donc, il y aurait vraiment la nécessité d'une simplification.
28:02 On le voit aussi, on impose des calendriers qui ne sont pas en phase, notamment avec les vraies saisons.
28:09 Et donc, on impose notamment de récolter ou d'intervenir à certains moments,
28:13 alors que les tracteurs ne savent pas rentrer dans les champs parce qu'il y a trop de boue.
28:17 Donc, il faudrait vraiment repenser les choses par rapport à la réalité des agriculteurs.
28:22 Et comme je l'ai dit, repartir plutôt des petites exploitations, soutenir ce type d'exploitation plutôt que l'agrobusiness.
28:29 On se quitte quelques secondes et ce place public consacré à la colère des agriculteurs continue dans un instant.
28:37 On se quitte.
28:38 Faut-il instaurer un salaire minimum pour les agriculteurs belges ?
28:54 C'est la question que je vous pose par SMS au 0488 106 800 0488 106 800.
29:02 Toujours avec nous en studio, Anne-Catherine Dalk, agricultrice à Jodogne.
29:06 Anne-Catherine, on parle souvent du Mercosur. Il s'agit d'un accord de libre-échange.
29:11 Mais concrètement, de quoi s'agit-il ?
29:13 Eh bien, c'est un accord qui prévoit des échanges entre l'Amérique du Sud et l'Union européenne.
29:20 Il y a de nombreuses parties, de nombreux secteurs qui sont dans ce traité, dont l'agriculture.
29:26 Et c'est ça qui nous fait beaucoup peur parce qu'on veut faire entrer de la viande bovine d'Amérique du Sud
29:31 alors que nous en produisons suffisamment et avec le modèle le plus vertueux du monde,
29:37 avec une séquestration de carbone par les prairies,
29:41 vraiment une bonne liaison entre les animaux et les prairies, Ardennes par exemple,
29:46 mais il y a aussi le pays d'Irv, etc.
29:48 Et donc ça fait peur, ça fait peur de voir arriver cette viande bovine sur notre marché.
29:52 Mais pour le moment, la position wallonne a toujours été contre.
29:56 Donc on est rassuré. Maintenant, il faut que ce soit aussi au niveau européen.
29:59 C'est pour ça que les Français bataillent beaucoup, notamment.
30:02 Olivier Descuteur, deuxième sur la liste Écolo à l'Europe.
30:05 C'est un projet que vous allez soutenir ?
30:09 Oui, en tout cas l'accord Union européenne Mercosur est absolument à rejeter.
30:14 C'est un accord qui a été négocié depuis 1999.
30:20 Donc ça fait 25 ans pratiquement que les discussions ont été entamées.
30:25 Et c'est un accord d'un autre temps qui vise en réalité à favoriser l'exportation de machines et de voitures d'Allemagne en particulier,
30:37 en échange de quoi l'Union européenne va ouvrir davantage ses marchés à la viande produite en Argentine et au Brésil.
30:46 L'Uruguay et le Paraguay sont les deux autres pays associés au Mercosur.
30:50 Et c'est tout à fait problématique que l'on ait des attentes qui sont adressées à l'égard du monde agricole en Europe
30:59 et que l'on ne protège pas ce secteur d'une concurrence déloyale avec des conditions sociales mises au travail des travailleurs agricoles
31:08 et des conditions environnementales qui ne correspondent absolument pas non seulement aux standards européens
31:14 mais même aux standards inscrits dans des accords multilatéraux.
31:18 Donc c'est très problématique.
31:20 Très clairement, les Verts s'opposent à cet accord Union européenne-Mercosur
31:24 qui n'a pas du tout des garanties en matière sociale et environnementale qui permettraient de présenter cet accord comme vertueux.
31:32 De manière générale, je crois tout à fait problématique que la politique agricole commune
31:38 ne s'accompagne pas de close-miroir dans les accords de libre-échange que l'Union européenne négocie
31:44 imposant à nos partenaires commerciaux les mêmes normes que celles qui s'imposent aux agriculteurs et aux agricultrices dans l'Union européenne.
31:52 Comment demander dans ces conditions que cette transition agroécologique se fasse ?
31:56 Estelle Kuhlman, deuxième sur la liste PS à l'Europe, vous serez donc face à Olivier Descuteurs une réaction à ce qu'il vient de dire ?
32:03 Ah ben donc c'est, je pense, très très clair.
32:06 En tout cas, nous sommes exprimés aussi pour dire qu'il n'est pas question de ratifier ce traité
32:11 tant que, notamment, il n'y aurait pas ce qu'on appelle des close-miroirs.
32:14 C'est-à-dire qu'ici, on impose, et ça a été dit évidemment par un de quatre îles d'Alk,
32:19 des normes environnementales, des normes sociales, mais surtout des normes aussi environnementales,
32:25 notamment en matière d'utilisation de certains pesticides et autres.
32:29 Et puis on va importer des produits qui ne doivent pas respecter les mêmes normes.
32:34 Et d'ailleurs, on se trouve dans la situation quand même un peu folle
32:37 où certains pesticides sont interdits ici sur le territoire européen,
32:41 mais fabriqués ici et puis exportés, notamment vers les pays du Mercosur,
32:46 donc c'est des pays d'Amérique du Sud, qui après produisent avec ces pesticides
32:51 et nous renvoient les produits ici.
32:53 Enfin, je veux dire, ce sont des choses complètement folles.
32:56 Et donc il faut des close-miroirs qui garantissent que finalement,
32:58 les produits qui sont importés de ces pays aient les mêmes conditions en matière sociale
33:04 et environnementale que ce qui est produit ici.
33:06 C'est vraiment aussi la meilleure manière, notamment, de protéger les agriculteurs
33:10 et puis aussi cette transition qu'on veut et que les agriculteurs veulent aussi
33:13 vers une production agricole qui soit quand même respectueuse dans l'environnement,
33:17 respectueuse du climat, parce qu'on a des défis à réunir par rapport à ça.
33:21 Mais ça doit être fait justement dans toutes les régions du monde.
33:24 Faut-il instaurer un salaire minimum pour les agriculteurs belges ?
33:28 Comment faire ? Quelle est votre proposition ?
33:31 Dites-le-moi par SMS au 0488 106 800. 0488 106 800.
33:37 On poursuit Place Publique juste après Mentissa.
33:40 Et bam ! C'était Mentissa dans Place Publique sur Arabelle.
33:59 Faut-il instaurer un salaire minimum pour les agriculteurs belges ?
34:02 C'est la question que je vous pose. Je lis vos SMS au 0488 106 800,
34:08 comme Mohamed qui nous écoute à Woluwe. J'adore vos débats.
34:11 Je tenais à contribuer au débat. Merci de lire mon SMS.
34:15 Longue vie à tous et merci à Place Publique de faire vivre le débat sur Arabelle.
34:19 Merci Mohamed pour votre SMS qui fera, j'en suis sûr, chaud au cœur,
34:24 à Anne-Catherine Dalk, agricultrice à Jodogne.
34:27 Anne-Catherine, faut-il instaurer un salaire minimum pour nos agriculteurs ?
34:32 Avant, je voulais juste répondre. En tout cas, en effet, merci pour le soutien.
34:36 Et c'est vrai que quand on est arrivé à Bruxelles avec les tracteurs
34:39 et qu'on avait tout le monde, des Bruxellois qui nous écoutent beaucoup,
34:42 qui nous faisaient signe, etc., ça a fait un bien fou.
34:45 Et ça, je tenais à remercier Bruxelles pour ça, parce que vraiment,
34:48 on avait vraiment l'impression d'entrer et d'être accueillis,
34:51 même à 6h du matin la première fois, quand les gens se réveillaient un peu,
34:54 mais ils étaient contents de voir des tracteurs. Donc ça a fait plaisir.
34:56 Absolument. À Bruxelles, on mange aussi le produit de l'agriculture de notre pays.
35:04 Voilà. Donc, le salaire minimum. Alors moi, je voudrais bien préciser,
35:09 on ne veut pas un salaire, on veut un revenu.
35:12 On reste des indépendants, qui développent, qui innovent,
35:16 qui ont des idées, qui ont des stratégies, etc.
35:19 Mais on veut un cadre qui nous permette de se construire un revenu
35:22 dans tout ce travail qu'on déploie dans notre exploitation.
35:26 Voilà. Ça, c'est quelque chose qui est important pour notre profession.
35:29 Est-ce tel que le Mons, deuxième sur la liste PS à l'Europe,
35:32 que faire, comment faire, quelle est la proposition
35:35 pour garantir un revenu aux agriculteurs ?
35:38 Je pense que ça a été dit. Donc, il faut pouvoir leur permettre,
35:41 tout simplement, de ne plus vendre à perte, d'être mis sous pression,
35:45 et aussi, quelque part, d'assurer, sans protectionnisme non plus,
35:49 par rapport aux pays non-membres de l'Union Européenne,
35:53 mais s'assurer une relocalisation et une souveraineté alimentaire,
35:57 et faire en sorte qu'on mange sain,
36:00 et ce qui est produit par nos agriculteurs,
36:03 mais que leur permette de vivre dignement par rapport à ça.
36:06 Moi, je vis dans un milieu qui est un milieu agricole,
36:09 et on a vu de plus en plus, et malheureusement, des agriculteurs se suicider.
36:12 C'était une vraie réalité par rapport à cette désespérance
36:15 sur le fait de ne plus pouvoir vivre dignement,
36:18 et de ne pas transmettre non plus la ferme à leurs enfants.
36:21 Comme j'ai expliqué, l'agriculteur en face de chez moi,
36:24 j'ai Bertrand et Catherine qui habitent en face de chez moi,
36:27 qui ont leur ferme et leur exploitation.
36:30 Au départ, Bertrand vivait seul de l'exploitation,
36:33 Catherine allait travailler à l'extérieur.
36:36 Maintenant, ce sont leurs enfants qui vont reprendre l'exploitation,
36:39 mais en ayant tous les deux un emploi salarié,
36:42 et en étant obligés de faire ça à titre complémentaire,
36:45 ils ont envie de pouvoir le faire, et donc ça, c'est pas normal.
36:48 Il faudrait effectivement pouvoir permettre à nouveau à nos agriculteurs
36:51 de pouvoir vivre simplement et dignement de leur production,
36:54 à travers les différentes choses dont on a parlé aujourd'hui.
36:57 Il y a d'autres choses dont on n'a pas parlé non plus,
37:00 c'est toute la spéculation qui est faite sur les terres.
37:03 Beaucoup de jeunes agriculteurs ne peuvent pas s'installer,
37:06 ou n'ont pas accès aux terres non plus, parce que des grands groupes
37:09 comme Albert Frère et Colroyd font de la spéculation sur les terres.
37:12 On est protégés par rapport à ça, mais on n'a pas le temps aujourd'hui, malheureusement.
37:15 Olivier Descuteurs, deuxième sur la liste Écolo à l'Europe.
37:18 Ça vous parle ? Vous allez vous battre donc aux côtés d'Estelle Cullemans,
37:22 si vous êtes tous les deux élues ?
37:25 Avec grand plaisir, et sur cette question de la spéculation sur le foncier,
37:29 je la rejoins entièrement. Vous savez, un hectare de terre agricole
37:34 en Wallonie, en moyenne, c'est 36 000 euros.
37:37 Ça varie évidemment selon la province, la qualité de la terre,
37:42 les pâturages ou les terres de culture, mais c'est très problématique
37:46 qu'une jeune génération d'agriculteurs, d'agricultrices,
37:50 ne puisse pas émerger, notamment parce qu'il faut s'endetter
37:54 pour de nombreuses années, pour 25 ou 30 ans, pour acheter des terres,
37:58 pour acheter des machines, et pour pouvoir commencer à travailler.
38:02 Et donc c'est extrêmement problématique avec un âge, aujourd'hui,
38:06 moyen de l'agriculteur, de l'agricultrice, qui est en Wallonie de 56 ans.
38:12 Donc on n'a pas de redoublement de génération, c'est extrêmement problématique.
38:15 Et une des raisons, c'est effectivement que les revenus sont insuffisants,
38:19 ne sont pas stables, et il faut vraiment travailler là-dessus.
38:25 Je crois qu'il faut absolument mieux protéger la profession
38:30 contre cette concurrence qui résulte des importations agricoles
38:35 dans l'Union Européenne. Je ne crois pas qu'il faille y voir là
38:40 une attitude protectionniste, c'est une manière aussi d'éviter
38:45 que dans d'autres pays se développent des pratiques agricoles
38:49 qui ne sont pas soutenables, ni pour la planète et la qualité des sols,
38:54 ni pour les travailleurs et travailleuses du monde agricole.
38:57 Donc c'est vraiment important que l'on aille, que l'on cesse de traiter
39:02 les produits agricoles comme des produits comme des autres,
39:04 et qu'on respecte la spécificité de ce secteur.
39:07 Amaury Alexandre, député provincial des Filles-et-Namur.
39:10 Faut-il instaurer un salaire minimum pour les agriculteurs belges, d'après vous ?
39:16 Je crois que j'ai répondu en entamant, en expliquant un petit peu le modèle
39:20 que nous on souhaitait instaurer, mais qui se rapproche un petit peu
39:23 de la proposition qui a été faite au niveau du PS.
39:27 Sauf qu'on a quand même peut-être une variante, c'est que nous on ne souhaite pas
39:33 mettre de limites par le haut. Donc effectivement il faut encadrer
39:36 pour que le prix de vente ne descende jamais en dessous du prix de revient,
39:40 du coût de revient, mais pas nécessairement limité par le haut.
39:45 Je voulais quand même dire qu'au niveau du foncier, qui est quand même
39:51 une grosse problématique, notamment en termes de renouvellement des générations,
39:54 puisque comme on l'a dit, l'agriculture moyenne à 56 ans,
40:00 il faut favoriser l'accès au foncier pour les jeunes.
40:04 Et en dehors des propositions dont on parle ce soir, j'aimerais quand même dire
40:10 qu'au niveau de la province de Namur, en tout cas moi j'essaie de mettre en place
40:13 une gestion des terres publiques au niveau de la province.
40:17 Je crois que c'est d'ailleurs le bon endroit pour loger ce type de gestion
40:21 et pour en fait permettre finalement à nos jeunes de s'installer
40:26 avec des conditions qui soient tout à fait supportables quand on commence
40:30 et finalement avec aussi un levier en termes de pratiques, de nouvelles pratiques
40:36 qui sont liées aussi au respect de l'environnement.
40:39 Donc ça je pense que les provinces sont un bon outil pour le faire.
40:44 On pense aussi qu'en termes de transmission du patrimoine agricole,
40:50 il faut pouvoir le faire à des conditions qui soient fiscalement plus favorables
40:54 quand les terres sont cédées à des agriculteurs actifs
40:58 qui vont les reprendre pour les exploiter et non pas pour en faire de la spéculation.
41:02 Et dans le même ordre d'idée, il faut aussi lutter contre la spéculation foncière
41:07 et donc les personnes qui achètent des terres agricoles,
41:10 on espère qu'encore un moment elles deviennent constructibles.
41:13 Ça c'est vraiment un fléau et donc il y a des règles qu'on peut mettre en place
41:18 en demandant que les terres soient détenues pendant un certain nombre d'années
41:21 avant qu'elles soient revendues pour contrer ce phénomène.
41:24 C'était Place Publique, une émission à retrouver sur arabelle.fm
41:27 et sur vos plateformes de podcast habituelles.
41:30 Merci à vous de nous avoir suivis, merci à tous mes invités en studio et à distance.
41:36 Je vous retrouve la semaine prochaine avec beaucoup de plaisir.
41:39 D'ici là je vous souhaite de passer une très belle soirée
41:42 excellente fin de semaine !
41:45 *Musique*

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