• il y a 8 mois
Olivia est mécanicienne. À 27 ans, elle raconte les difficultés qu'elle a dû affronter pour exercer un métier dit "d'hommes". Dans son parcours pour devenir mécanicienne, Olivia a été accompagnée par la fondation des Apprentis d'Auteuil et le groupe Monnoyeur. 
Un reportage de Manon Mella, journaliste à France Inter

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Transcription
00:00 Une femme qui roule en camion, ça se fait pas.
00:02 Une femme qui est mécanicienne, ça se fait pas.
00:03 Une femme qui est chauffagiste, elle a raté sa vie.
00:05 Si ma voix peut faire changer les idées, pourquoi pas ?
00:08 Aujourd'hui, on est à Gondreville, près de Nancy,
00:10 dans une entreprise qui répare des engins de chantier.
00:14 Et on va rencontrer Olivia.
00:16 Elle a 27 ans, elle est mécanicienne.
00:18 Et ici, pour elle, les femmes ont autant leur place que les hommes.
00:21 Dans ma famille, ce n'était pas nécessaire pour une femme d'être mécanicienne.
00:25 Une femme, ça la travaille dans un bureau.
00:27 Donc j'ai parlé de ce projet à mes parents.
00:29 Mais mon père n'y croyait pas.
00:30 Mécanicienne, il me dit, en plus, en engins de chantier,
00:33 il me dit "c'est beau, tu es tout le temps fatiguée.
00:35 Olivia, je ne te donne même pas 6 mois dans cette formation."
00:37 Je lui dis "mais non".
00:38 Mais à cause des préjugés de mes parents et de mes amis,
00:41 je me suis dit qu'à tout prix, il faut que je réussisse cette partie-là.
00:43 Il faut que je montre que je peux m'en sortir,
00:46 je peux réussir et je peux me plaire dedans.
00:48 Ça se passait comment à l'école ?
00:50 Au début, quand je suis arrivée, ils me disent "mais pourquoi tu as choisi ce métier-là ?
00:53 Ah mais tu n'aurais pas pu être dans l'esthétique et tout."
00:55 Quand je suis arrivée dans l'atelier, on a cru que j'étais la femme de ménage.
00:57 J'ai eu des réflexions comme ça.
00:59 J'ai fermé la bouche de tout cela aujourd'hui.
01:00 Il ne faut pas se laisser abattre.
01:01 Par contre, il faut que les gens croient en nous.
01:03 Ça, c'est important.
01:04 Tu as douté des fois ?
01:05 Il y a eu des comportements qui me faisaient rentrer chez moi en pleurant.
01:09 Il y a eu des moments où je voulais lâcher, mais je n'ai pas...
01:11 Voilà, j'ai continué, j'ai persévéré et ça a payé aujourd'hui.
01:15 La perception des autres, c'est qu'une femme mécanicienne,
01:17 c'est une femme qui est toute rasée, plein de tatouages,
01:19 alors que contrairement, je ne suis pas comme ça.
01:21 Je peux rester très très féminine.
01:23 Quand je sors et que je dis aux gens "Ah, je suis mécanicienne",
01:25 on peut faire un débat sur ça toute la soirée.
01:27 Moi, quand je demande aux gens de devenir mon métier,
01:29 je travaille dans l'esthétique.
01:31 "Ah, toi, tu es sûre que tu travailles dans l'administration ?"
01:33 Et moi, ça me fait bien rire.
01:34 Et quand je le sors, "Ah ouais, tu es mécanicienne ?"
01:37 Et du coup, ça me plaît.
01:38 Franchement, ça me plaît parce que je me dis...
01:40 Parce que les gens, ils ont tendance à donner des étiquettes à certains métiers.
01:43 Il ne faut pas.
01:44 Il faut casser cette vision au fait que le mécanique, c'est que les hommes.
01:48 Non.
01:48 Comme l'esthétique, il n'y a pas que les femmes.
01:50 Tout le monde doit se plaider du métier.
01:51 J'aurais aimé avoir un modèle.
01:53 On n'a pas assez de représentants dans certains métiers comme ça.
01:55 Ils ne vont pas mettre une femme mécanicienne dans les pubs.
01:57 Ils ne vont pas mettre une femme chauffagiste, non.
02:00 Une femme qui roule en camion, ça ne se fait pas.
02:02 Une femme qui est mécanicienne, ça ne se fait pas.
02:04 Une femme qui est chauffagiste, elle a raté sa vie.
02:06 Si ma voix peut faire changer les idées de certaines filles,
02:09 ou c'est un parent, pourquoi pas ?
02:11 Tout le monde a sa place.
02:12 Surtout, femme comme homme,
02:14 c'est parce qu'on est un homme qu'on a plus de chance qu'une femme.
02:16 Nous tous, on a les mêmes chances.
02:18 Il faut faire un truc qui te plaît,
02:19 pas ce qui plaît à la société.

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