• il y a 10 mois
Transcription
00:00 Bonjour Patrick Timsit. Bonjour. Ça fait cinq décennies presque que vous nous accompagnez en
00:06 tant qu'acteur, réalisateur, humoriste et scénariste. Alors non, vous ne les faites pas.
00:09 Bah oui, mais vous ne les faites pas. Tout va bien. Depuis l'atelier de maroquinerie de vos
00:14 parents, vous rêviez déjà de raconter des histoires et de les partager, surtout de votre
00:18 bureau d'agent immobilier. Vous avez pris le temps d'observer pour justement aller chercher la sève
00:22 qui vous manquait pour monter sur scène avec vos premiers one man show. C'est votre ton corrosif
00:28 et ce rôle de méchant uniquement sur scène qui vous a valu d'ailleurs de sortir du lot. D'un côté,
00:33 il y a eu l'humour noir, de l'autre une envie de parler de tout, de la politique, de l'antisémitisme,
00:37 de la défense des droits homosexuels, des migrants, du sexisme, du conflit israélo-palestinien avant
00:43 les événements du 7 octobre dernier. Souvent, c'est la colère qui vous accompagne, le refus
00:48 d'accepter l'inacceptable. En plus de cette carrière sur scène, vous êtes indissociable
00:53 des films à l'indien dans la ville. Je pense à Pédale douce aussi, je pense à La belle verte
00:57 de Colline Serrault devant la caméra et de Quasimodo d'El Paris et bien d'autres derrière la caméra.
01:02 Aujourd'hui, vous êtes à l'affiche du film Tombé du camion de Philippe Pollet-Villard,
01:06 d'après son propre roman, mais qui s'intitule Le naufrage de Stanislas, sorti chez Flammarion.
01:11 C'est l'histoire d'un marin pêcheur qui voit le moteur de son chalutier lâché. C'est tout ce
01:16 qui lui reste finalement pour vivre. Il va lutter pour pouvoir remettre son bateau à flot et finalement,
01:22 il va se lancer dans une aventure qui n'est pas forcément très avouable. C'est vraiment une
01:28 ode romanesque. C'est tourné vers les gens ordinaires qui n'en sont pas réellement pas
01:33 trictifs. Est-ce que c'est ça qui vous a intéressé dans ce film ? C'est exactement ça. Ce sont
01:39 vraiment des gens ordinaires, des héros ordinaires. Ce bateau, c'est son père qui l'a construit déjà,
01:45 son père, le héros, sans médaille, un peu dans l'anonymat, mais quand même le héros,
01:52 celui qui avait fait traverser déjà pendant la guerre des résistants. Et lui, marin pêcheur,
02:01 qui travaille tous les jours pour sa famille et qui a raté aussi l'éducation avec ses fils,
02:09 puisque ça ne passe pas du tout avec ses fils. C'est vraiment quelqu'un qui s'est battu pour
02:14 sa famille et qui n'a jamais pu l'exprimer parce qu'il n'a pas les mots. J'ai connu ça par mon père,
02:20 moi, qui étais de cette génération où on ne dit pas "je t'aime". Votre père a dû quitter Alger
02:25 parce qu'une bombe a sauté pas très loin de vous. Ils ont fait sauter la caserne d'en face et j'étais
02:32 soufflé. Et mon père a dit à ma mère "on a une heure, on attend une heure pour faire les bagages,
02:36 on part". Donc c'est vraiment aussi là-dessus que ça vous parle. Ça vous renvoie aussi,
02:42 encore une fois, à votre propre histoire. Et c'est un regard finalement de tolérance,
02:45 d'indulgence, de se poser davantage la question de pourquoi les gens partent de chez eux.
02:51 C'est incroyable. J'ai réalisé ce qui m'était arrivé au conflit ukrainien. C'est quand j'ai vu
02:58 ces gens-là, j'ai dit "mais c'est ça en fait, c'est ce qui m'est arrivé. C'est comme ça que
03:02 mon père est parti, c'est comme ça qu'on est tous partis, c'est comme ça qu'on a cherché
03:06 dans quelle ville du monde de s'installer. Le théâtre a été votre point d'ancrage,
03:13 j'ai l'impression, Patrick Timsit, ce qui vous a donné finalement l'envie d'évacuer vos émotions
03:21 et vos sentiments. Ça a été dur au début, effectivement, quand on a un papa taiseux qui
03:26 n'évoque pas ses sentiments. J'imagine que c'est difficile en tant que fils. Oui, on a été fâchés,
03:30 on ose le dire, parce qu'on est réconciliés. Et ça, s'il y a un message à passer, c'est bien de
03:35 se réconcilier avec ses parents avant qu'il soit trop tard et qu'on ne les voit plus. Mais on a
03:40 été très fâchés parce qu'il avait peur. C'est quand j'ai compris que c'était juste la peur.
03:44 Pour terminer, est-ce que le petit garçon que vous étiez alors, qui vendait sa première
03:48 paire de chaussures à 4 ans, est fier de l'homme qu'il est devenu ?
03:51 Je suis un petit garçon responsable. Le petit garçon est fier d'avoir quelques valeurs.
03:56 Merci beaucoup Patrick Tisit d'être passé dans le monde d'Élodie sur France Info.
04:00 Merci beaucoup.

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