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  • 28/02/2024
Il est important de rappeler à l’animateur de C8 que quand on a sa notoriété, on a une responsabilité », estime le député Quentin Bataillon, Président de la commission d’enquête parlementaire sur l’attribution des fréquences TNT.

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Transcription
00:00 *Générique*
00:04 Et votre invité média, Céline Baydarcourt, est députée renaissance de la première circonscription de la Loire.
00:09 Il préside la commission d'enquête parlementaire sur l'attribution des fréquences de la TNT, la télévision numérique terrestre.
00:15 Alors que le processus de renouvellement est lancé aujourd'hui pour 15 chaînes, leur autorisation d'émettre prendra fin dans un an, c'est précis.
00:22 Cela concerne notamment les chaînes C8 et Cnews.
00:25 Bonjour Quentin Mataillon.
00:26 Bonjour.
00:27 Merci d'être avec nous ce matin, il y a effectivement l'appel à candidature qui est lancé aujourd'hui par l'Arcom, le régulateur des médias.
00:32 Tout éditeur peut postuler pour décrocher l'une des 15 fréquences remises en jeu pour une durée de 10 ans.
00:36 Je vais préciser quelles chaînes sont concernées par l'expiration de leur autorisation en 2025.
00:41 TMC, TFX, LCI, W9, Gulli, Paris 1ère, BFM TV, Énergie 12, Canal+, C8, Cnews, Cstar, Canal+ Sport, Canal+ Cinéma et Planète+.
00:52 Et vous, à l'Assemblée Nationale, Quentin Mataillon, parallèlement à cette procédure, vous auditionnez depuis plusieurs semaines des acteurs de l'audiovisuel,
00:58 et notamment les dirigeants des chaînes que je viens de citer.
01:01 Quel est le but de cette commission d'enquête ?
01:04 Bonjour, alors permettez-moi juste avant de répondre à la question d'avoir un message de solidarité envers les employés du groupe Casino,
01:10 puisque l'entreprise Casino a son siège social dans ma circonscription à Saint-Etienne,
01:14 et effectivement ce sont des moments difficiles à la fois pour ses employés, mais aussi pour l'ensemble du territoire.
01:20 La commission d'enquête a été demandée par la France Insoumise.
01:22 Son rôle, c'est d'étudier le cadre de ces chaînes TNT.
01:27 Ces chaînes TNT, rappelons-le, les fréquences appartiennent à l'État.
01:29 L'État met à disposition à des sociétés ces fréquences, ces chaînes, à travers des conventions, gratuitement, effectivement.
01:35 Donc la TNT doit rester un espace protégé et plus réglementé que les autres espaces télévisés, et je pense que c'est extrêmement important.
01:42 Mais vous voulez contrôler le contrôleur, en fait ?
01:45 C'est un peu l'idée. L'idée, c'est effectivement d'aller voir le rôle de l'attribution, du contenu et du contrôle de ces chaînes.
01:51 La commission d'enquête n'a pas vocation à donner un avis sur le renouvellement ou le non-renouvellement d'une chaîne.
01:56 Ça, c'est extrêmement important. On n'est pas dans du prospectif, on est plutôt au contraire dans de l'enquête,
01:59 de voir si tout fonctionne correctement, si le cadre est le bon, et si aussi, je pense qu'il faut se mettre du côté des Françaises et des Français,
02:06 est-ce qu'on peut être satisfait de ce que nos concitoyens ont à la télévision ?
02:10 Mais quand on met en place une commission d'enquête parlementaire, généralement c'est qu'il y a un problème.
02:14 Vous trouvez qu'il y a un problème ?
02:15 Alors c'est un petit peu tôt, parce qu'on n'a pas fini d'enquête. Nous avons fait le choix de vraiment aller au bout du travail.
02:21 C'est-à-dire qu'à la fois nous avons des tables rondes avec des chercheurs, avec aussi le lien avec l'ensemble des citoyens,
02:25 avec tous ceux qui le souhaitaient. Nous sommes allés voir l'ensemble des obligations des conventions.
02:28 L'ensemble des obligations, c'est pas seulement le pluralisme, c'est aussi la publicité, c'est aussi la diversité,
02:33 c'est aussi l'ensemble de l'accès, notamment aux non-voyants, c'est l'ensemble de toutes ces obligations qui composent ces conventions.
02:40 Mais je trouve que M. le député, quand la France Insoumise propose cette commission d'enquête, elle a derrière l'idée du problème C8 ou Cnews,
02:47 qu'elle considère comme pas à la hauteur en matière de pluralisme, par exemple.
02:52 Oui, j'ai bien effectivement compris qu'il y avait, on va dire, des chaînes et des groupes qui étaient ciblés par la France Insoumise.
02:57 En tout cas, mon rôle en tant que président, c'est de veiller aux bonnes fonctions de la commission d'enquête.
03:02 Si nous voyons aujourd'hui le groupe Canal+, demain jeudi, c'est parce que nous avons déjà vu tous les autres groupes,
03:08 toutes les autres chaînes avant. Donc toutes les obligations ont été balayées.
03:11 Nous avons vu d'abord des sujets extrêmement importants concernant l'information avec BFM TV.
03:14 Demain, nous avons des séquences importantes.
03:17 Je le précise, Maxime Sahada, le patron de Canal+, sera auditionné, et puis plusieurs figures de Cnews, Pascal Praud, Laurence Ferrari, Sonia Mabrouk.
03:26 Pourquoi des journalistes ? Vous n'avez pas fait ça pour BFM, par exemple.
03:29 Absolument, je pense que c'était extrêmement important. C'est des journalistes qui aussi font vivre le sujet du pluralisme.
03:34 Ils ont fait toutes et tous des éditos extrêmement durs, notamment vis-à-vis de la décision du Conseil d'État sur laquelle nous pourrons revenir.
03:41 Pour moi, il était important que le lieu de la contradiction, le lieu de la confrontation, ce soit justement cette commission d'enquête.
03:46 Qu'on n'ait pas seulement les patrons des chaînes, les administratifs des chaînes, mais qu'on ait vraiment les journalistes pour comprendre déjà comment ils travaillent,
03:52 comment ils fonctionnent, comment fonctionne la rédaction si on a des doutes sur la qualité de leurs travaux.
03:58 Et vraiment que le débat ait lieu dans la commission d'enquête et non pas par plateau et par radio interposée.
04:03 Est-ce que le dérapage de dimanche sur ces news va alimenter vos débats ?
04:07 Ces news qui décrètent l'IVG comme la première cause de mortalité dans le monde devant le cancer, devant le tabac, elles s'excusaient depuis.
04:13 Vous allez en parler, forcément ?
04:15 C'était effectivement une présentation extrêmement grave, ignoble. Nous avons été nombreux députés à le déplorer.
04:20 Il y a eu des excuses officielles de la chaîne et j'aurai l'occasion moi-même de réinterroger Serge Nadjar et l'ensemble des participants de la table ronde sur ce sujet demain,
04:28 comme sur d'autres sujets sur lesquels nous avons pu être choqués par le passé.
04:32 Il y aura Vincent Bolloré auditionné le 13 mars. Le 14 mars, ça devrait être Cyril Hanouna, mais il vous a dit "non, non, je ne suis pas libre". Il l'a dit dans son émission en direct.
04:41 Ça ne vous a pas fait rire ?
04:43 Je vous confirme qu'il sera bien présent le 14 mars.
04:45 Oui, je pense qu'il était très important de rappeler à Cyril Hanouna que lorsqu'on a sa notoriété, lorsqu'on est autant regardé, surtout lorsqu'on est sur une chaîne de la TNT,
04:51 on a une responsabilité supplémentaire vis-à-vis des autres chaînes. Je pensais notamment à tous les jeunes qui le regardent et qui pourraient dire "il est convoqué par l'Assemblée nationale, mais ce n'est pas important, ça ne l'intéresse pas".
05:01 C'est obligatoire, dit répondant.
05:03 Je vous confirme que c'est obligatoire et je vous confirme que tout se passera bien. Il sera bien présent le 14 mars, jour et heure fixés initialement par la commission d'enquête.
05:10 Comment réagissez-vous, Quentin Mataillon, à l'injonction faite à l'Arkom par le Conseil d'État de mieux contrôler ces news en appréciant désormais l'équilibre des courants de pensée des animateurs, des chroniqueurs et des invités ?
05:21 Je pense qu'il faut être très prudent et regarder les choses à froid.
05:26 Ce que dit effectivement le Conseil d'État, c'est que le calcul actuel, c'est-à-dire la prise en compte des temps de parole par l'Arkom n'est pas satisfaisant.
05:32 Ils ont raison. Par exemple, si je prends un seul exemple, est-ce que c'est normal que Philippe Devilliers n'ait pas son temps décompté à chaque fois qu'il nous fait des longs éditos sur ces news ?
05:41 Non, ce n'est pas normal. Pour autant, je pense qu'il faut faire très attention. Il faut faire très attention de ne pas aller trop loin.
05:46 L'idée, c'est de ne pas cataloguer ensemble des intervenants et encore moins les journalistes. J'imagine que vous-même, vous n'aimeriez pas qu'on vous mette une étiquette sur comment ça a montré...
05:53 Tous les médias audiovisuels sont concernés.
05:55 ...à beaucoup de recours, un vrai dysfonctionnement. Et moi, je vous vois sur le terrain. J'ai été alerté sur le marché il y a quelques jours par une dame qui me dit "je n'aime pas CNews, je ne regarde pas CNews, mais ce que vous leur faites, ce n'est pas normal".
06:07 Qu'est-ce qu'entendait cette dame ? En fait, elle pense que le pouvoir, le gouvernement va contraindre, va empêcher la liberté d'expression, va empêcher la liberté d'opinion.
06:15 Et ce n'est vraiment pas, en tout cas, le rôle de l'Arkom. Et je remercie le président de l'Arkom d'avoir reclarifié ceci.
06:21 Mais qui va décréter que tel courant de pensée est à gauche, un autre à droite ? Qui va décréter ça ? L'Arkom ? L'État ?
06:29 Justement, ce serait très dangereux. Et je pense que ce n'est ni le rôle de l'État, ni le rôle de l'Arkom.
06:33 Donc l'Arkom va, on va dire, améliorer ses listes de prise en compte avec des personnalités politiques, avec des personnalités politiques qui sont financées parfois par des organisations politiques.
06:41 Donc on va améliorer ceci pour que les plateaux soient à nouveau plus équilibrés.
06:45 Mais le rôle de l'Arkom, ce n'est pas de composer les plateaux, ce n'est pas de faire le rôle des journalistes, ce n'est pas d'enquêter sur la liberté rédactionnelle et encore moins de décider de la grille des programmes de l'ensemble des chaînes.
06:55 Mais puisque tous les plateaux doivent être équilibrés, Quentin Bataillon va prendre des exemples très concrets, on doit inviter le professeur Aoult qui nous dit que l'hydroxychloroquine est bonne pour tuer le Covid.
07:10 On invite un scientifique qui ne croit pas au réchauffement climatique, on invite quelqu'un qui nous dit que la Terre est plate, pour que tous les points de vue s'expriment.
07:17 Alors les points de vue qui sont suivis en grande partie par l'Arkom, c'est surtout les points de vue politiques.
07:22 Donc ça correspond plutôt aux tendances politiques, aux partis politiques, plus que le débat d'idées sur des sujets comme de santé.
07:28 Pour autant, si ces invités disent une très grosse bêtise, à ce moment-là l'Arkom peut être saisi et peut sanctionner la chaîne.
07:34 - Le cas de Philippe de Villiers, c'est le bon exemple, vous le mettez dans quelle case ?
07:38 Officiellement il ne fait plus de politique, il est fondateur, président du Puy du Fou, lui il peut dire "je ne fais pas de politique".
07:46 - C'est aussi la limite du système, je pense qu'on n'a pas trop de doute sur le positionnement plutôt droite-extrême, extrême-droite de Philippe de Villiers.
07:53 Donc je pense que l'Arkom ira dans ce sens-là, mais ce n'est pas mon rôle de le dire à l'Arkom, puisque c'est une autorité indépendante.
07:58 Et je pense qu'il faut aussi qu'on respecte ceci, c'est aussi un gage vis-à-vis de la démocratie.
08:02 - Et une dernière question pour vous, Quentin Bataillon, CNews est une chaîne d'extrême-droite ?
08:06 - Alors c'est une chaîne d'information, et d'ailleurs le Conseil d'Etat a bien rappelé qu'elle ne déroge pas aux règles des chaînes d'information,
08:13 qu'elle respecte les conventions, qu'il y a un cadre du pluralisme à améliorer, mais si on regarde bien la décision,
08:19 lorsque Reporters sans frontières nous disait que c'était une chaîne d'opinion, le Conseil d'Etat répond plutôt que non.
08:25 - Et vous êtes d'accord avec ça, ce n'est pas une chaîne d'opinion ?
08:28 - Je suis d'accord avec l'Arcum, je pense que c'est une chaîne qui... Je pense qu'il faut faire très attention sur ce sujet-là,
08:33 parce que les Français ne veulent pas qu'on méprise s'ils aiment regarder CNews, et en même temps ils ne veulent pas qu'on les infantilise,
08:38 ils veulent qu'on éclaire effectivement le programme qu'ils regardent, la chaîne qu'ils regardent,
08:42 mais je pense qu'il ne faut pas se méprendre lorsque les Français allument CNews, ils savent à quoi s'attendre,
08:46 et ils n'apprécieraient pas qu'on rentre en permanence dans leur foyer pour leur dire ce qui est bien ou ce qui est mal.
08:51 Donc l'équilibre est ténu, et c'est le rôle effectivement de la commission d'enquête de le rappeler.
08:55 - Merci beaucoup pour toutes ces précisions, Quentin Matayon.
08:58 - Merci à vous.
08:59 - Député Renaissance, président de la commission d'enquête parlementaire sur l'attribution des fréquences TNT, merci beaucoup à tous les deux.
09:03 [Générique]

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