Category
🗞
NewsTranscription
00:00 Parole donnée ce matin à un jeune agriculteur, Louis Lardière, qui est avec nous, qui nous a rejoint dans ce studio Pavillon 1.
00:09 Bonjour Louis, vous avez 22 ans, vous arrivez de Vendée, avec un taureau.
00:16 Un taureau qui s'appelle Malcolm, un taureau de 8 ans, qui appartient à mon père et mon oncle, moi-même étant pas encore installé sur exploitation familiale.
00:24 Un taureau de race basse-adèse, une race originaire du sud-ouest, une race à viande d'excellente qualité.
00:30 Le voyage s'est bien passé, il est arrivé sans stresser ?
00:34 La route s'est bien passée, deux nuits, c'était plus calme, et il est arrivé vendredi matin tranquillement.
00:39 Pour vous et pour Malcolm, ça représente quoi ce salon ?
00:42 Ce salon c'est une reconnaissance et une certaine fierté de pouvoir mettre en avant nos travaux génétiques faits au quotidien,
00:48 auprès du grand public tout d'abord, mais également ça permet aussi de se comparer face à d'autres professionnels et d'autres animaux de la même race.
00:56 C'est une belle reconnaissance.
00:58 Louis Lardière c'est votre tout premier salon ?
01:00 Oui, en tant que participant concouriste, oui.
01:04 On l'a vu, c'est un salon un petit peu particulier, qui s'est ouvert dans des conditions un petit peu chaotiques.
01:09 Quel est votre sentiment quand vous avez vu toutes ces images ?
01:12 Je n'étais pas présent samedi étant arrivé hier, mais bien évidemment ça nous désole un petit peu de voir des débordements ainsi.
01:20 Après je pense que le salon agriculture sert justement à porter des idées fortes du monde agricole,
01:26 et donc c'est important quand même de faire entendre la voix des agriculteurs, ici notamment face aux politiques.
01:31 Et est-ce que la voix des agriculteurs résonne plus que celle des politiques ?
01:35 Je pense que non, aujourd'hui. Mais celle de certains syndicats, oui.
01:41 Mais aujourd'hui les politiques restent à avoir les animaux quand même.
01:45 Vous regrettez un petit peu cette présence des politiques, cette récupération du salon ?
01:50 Un regret non, mais il faut des débats constructifs, oui.
01:53 Parce qu'en même temps ça montre de l'intérêt à vos problématiques, le fait qu'ils soient là,
01:58 et que toutes les caméras soient braquées sur vous et sur ce salon.
02:01 Bien sûr, bien sûr. Mais parce que ça régit aussi la France et on en a bien besoin.
02:05 Si on veut nourrir la population de manière durable et de qualité,
02:08 tout en rémunérant des agriculteurs à leur juste valeur, pour pouvoir justement les garder, les fédérer,
02:12 et garantir nos souverainetés alimentaires, il faut des débats ainsi pour pouvoir garantir.
02:17 Et vous Louis Lardière, justement 22 ans, vous avez encore la foi, malgré tout ce contexte difficile qu'on a évoqué.
02:24 Vous allez nous raconter pourquoi vous vous lancez dans ce métier, mais d'abord on va peut-être faire réagir...
02:29 Hélène ! Hélène qui nous appelle au 01 42 30 10 10.
02:32 Hélène, elle est de Saint-Brice-sous-Foret, on est là dans le Val d'Oise le 95. Bonjour Hélène !
02:36 Bonjour Romain, bonjour tout le monde.
02:38 Vous ce salon de l'agriculture, alors qu'en pensez-vous de tous ces politiques qui affluent dans les allées, le week-end ?
02:44 Est-ce que vous-même d'ailleurs vous venez au salon ?
02:46 Alors j'y suis allée plusieurs fois quand ma fille était petite, et c'est vrai qu'à l'époque c'était un plaisir.
02:52 Bon, à la base j'aime pas trop la foule quand même.
02:56 Vous êtes bien lotie ici, hein !
02:59 Comment ?
03:00 Vous êtes bien lotie ici, parce qu'il faut se faire un chemin dans les allées.
03:03 Voilà, il y a beaucoup de monde, c'est vrai. Mais bon, ça restait, on va dire, sympathique. D'accord ?
03:09 Mais quand j'ai vu les images à la télé samedi, ce que j'expliquais à votre collègue...
03:15 Alexandra, Alexandra qui vous accueille au 01 42 30 10 10.
03:19 Mais même pas en reste cette année, quoi. J'veux dire, j'ai plus de 60 ans, et hors de question de me faire prise dans une bousculade
03:24 avec des flics et des CRS et tout ce bazar qu'il y a eu samedi, mais même pas en reste.
03:30 Et je suis désolée pour les agriculteurs parce que, je l'ai déjà expliqué, je suis petite fille de fermier.
03:36 Ils étaient fermiers en Bretagne, mes grands-parents, et j'adore voir les animaux et tout ça.
03:41 Mais ce bazar qu'il y a eu samedi, même pas en reste, quoi. Ils me verront pas cette année, je suis vraiment désolée.
03:48 Alors ça, c'est vrai que les images de samedi, ça a beaucoup tourné et ça a marqué les esprits avec toute cette journée
03:54 où certains visiteurs n'avaient même pas accès jusqu'à la mi-journée ici, dans ce hall 1.
03:58 On avait fait le choix volontairement de fermer l'accès de ce hall.
04:02 Pour être venu hier, c'était beaucoup plus calme. Je vous le dis clairement, Hélène, on pouvait se frayer un chemin et on était dans une toute haute ambiance hier.
04:09 J'ose espérer. Si ça redevient normal, mais tant mieux pour nos agriculteurs parce qu'ils méritent pas ça, quoi.
04:16 Je veux dire déjà que c'est compliqué pour eux, mais alors ce bazar total samedi, c'était n'importe quoi.
04:22 Merci Hélène pour votre appel. 0142310, les politiques ont-ils encore leur place ici au Salon de l'agriculture ? Vous nous appelez pour réagir.
04:29 Et c'est vrai que vous attendez les visiteurs aujourd'hui. Le vrai salon commence depuis hier, c'est ce que nous disaient les organisateurs.
04:36 Vous avez tourné la page de cette ouverture chaotique et aujourd'hui, Louis Lardière, vous attendez les visiteurs.
04:42 Pour vous, c'est important. Ça vous fait chaud au cœur de voir le public ?
04:46 Bien sûr, c'est important. C'est important de communiquer sur notre métier, expliquer ce qu'on fait au quotidien.
04:51 Les gens ne savent pas forcément, c'est normal, c'est quand même un métier assez spécifique. On connaît pas forcément.
04:55 Vous allez leur dire quoi aux visiteurs qui viennent vous voir sur votre métier ?
05:00 Déjà, on répond à leurs questions lorsqu'ils en ont et après, on explique notre métier au quotidien.
05:04 On explique la manière dont on élève nos animaux, la manière dont on cultive nos champs.
05:08 Qu'est-ce que le métier d'agriculteur au sens propre, puisque c'est un métier qui est vraiment varié, qui est très polyvalent.
05:14 On peut être aussi bien sur l'élevage, dans les champs, mais aussi au bureau, parce qu'on est aussi à la fois comptable, gestionnaire agricole, gestionnaire de main d'œuvre, etc.
05:22 C'est un métier très ouvert et ça, beaucoup de la population n'est pas forcément au courant.
05:27 On est là pour communiquer sur ça et surtout pour communiquer que notre engagement au quotidien, c'est de produire des denrées de qualité
05:34 pour justement nourrir la France entière, garantir une souveraineté alimentaire et de qualité.
05:38 Notre rôle nourricier prend tout sens aujourd'hui ici, quand on peut l'expliquer au plus grand nombre.
05:45 J'avais juste une question. Vous avez imaginé faire un autre métier un jour, puisque c'est une affaire familiale ?
05:50 On se pose des questions, notamment quand on fait des études, on s'ouvre un peu plus l'esprit à d'autres vogues.
05:55 Mais pour moi, c'est vraiment dans mes veines, une vocation, une vraie passion.
05:58 Depuis tout petit ?
05:59 Depuis tout petit, j'ai déjà essayé de faire d'autres petits boulots, des petits jobs saisonniers, etc.
06:04 Mais à chaque fois, ça me revenait aux sources, à l'exploitation familiale, aux terres et à l'agriculture en général.
06:10 Vous avez encore la vocation chevillée au corps, vous n'êtes pas dégoûté par toutes les difficultés ambiantes ?
06:15 Non, il faut rester convaincu par ce qu'on fait. On fait de très belles choses et heureusement qu'on est là d'ailleurs.
06:20 Parce que si chaque personne qui se lève le matin a quelque chose dans le ventre, c'est grâce à nous.
06:24 Et on peut être fier de ça. Et quand on est passionné...
06:26 Et ça, il faut le rappeler et c'est ce que vous allez rappeler tous les jours ici au Salon de l'Agriculture.
06:30 On continue de vous faire réagir ce matin au 01.42.30.10.
06:34 Les politiques avec ces images qui tournent en boucle et qui ont choqué certains, on l'entendait avec Hélène.
06:39 Fabrice, comment a-t-il réagi face à ce week-end compliqué ici au Salon de l'Agriculture ?
06:44 Notamment le Hall 1, qui était le hall où avaient lieu notamment les violences.
06:49 On a vu des barrières parfois cassées avec certaines chefs qui ont été mises à l'abri face à ces mouvements de foule.
06:55 Bonjour Fabrice.
06:57 Bonjour Romain.
06:58 Vous êtes à Sainte-Geneviève-des-Bois, vous ce matin.
07:00 Vous vous dites finalement que ce Salon a toujours été politique.
07:03 C'est ça, tout à fait. Mais plus certains hommes politiques, pas tous.
07:08 Je ne veux pas non plus donner des noms.
07:12 Et en fait, c'est vrai que les images de samedi, c'est quand même insoutenable.
07:17 Mais il n'en demeure pas moins qu'ils ont raison de se rebeller.
07:23 Qui, ils ?
07:25 Les agriculteurs, surtout les agriculteurs, les petits paysans.
07:30 Je suis d'une famille de petits paysans, donc forcément je suis assez sensible à cette question.
07:35 Et quand vous dites qu'ils ont raison de se rebeller,
07:37 est-ce que ça explique le fait de pousser un portail avant l'ouverture
07:42 et de parfois en venir aux mains avec les forces de l'ordre, comme on a pu le voir ?
07:47 Il se trouve que moi, personnellement, en tant que spectateur, si j'y allais comme ça,
07:53 forcément je ne resterais pas.
07:57 Ou alors je m'éloignerais de ce genre de mouvement de foule.
08:03 Et c'est pour ça qu'on n'a pas…
08:07 En fait, disons que les politiques en font un spectacle.
08:10 Les politiques, les caméras, il y a aussi les caméras qui suivent.
08:13 Et les médias.
08:15 Et les médias, Louis Lardière, vous réagissez, les médias à un cirque médiatique, disait Gabriel Attal.
08:19 Vous êtes d'accord avec ça ?
08:20 On y est. Aujourd'hui, quand on parle de la journée chaotique du samedi,
08:23 ça a été chaotique, oui, sur une partie de la journée,
08:25 mais ça a été aussi fortement médiatisé et mis en avant.
08:27 Et le reste du salon continue de vivre pour autant.
08:30 C'est toujours le même rôle des médias, pour toujours un peu grossir les événements.
08:35 Donc attention où on braque la caméra.
08:38 Louis Lardière, vous, ces violences, vous les comprenez ? Vous les condamnez ?
08:43 Non, non, non, il ne faut pas de violence.
08:45 Tout débat doit être constructif, sans violence, en théorie.
08:48 Après, comme dans toute manifestation, il peut y avoir des débordements,
08:50 de la faute d'agriculteurs ou non d'ailleurs,
08:52 parce qu'il y avait peut-être des personnes qui étaient venues exclusivement pour ça.
08:55 Mais évidemment, on n'est pas pour.
08:57 Il y a toujours une question que je me pose avec les éleveurs qui sont là
08:59 et qui répondent parfois avec ces politiques qui sillonnent les allées.
09:02 Est-ce que vous avez le sentiment d'être entendu lorsqu'ils vous posent des questions ?
09:06 Ou alors ils posent les questions parce qu'il faut poser les questions,
09:08 mais la réponse, ils s'en fichent un petit peu ?
09:10 On est souvent compris, entendu, je ne sais pas.
09:13 Mais vous vous sentez au moins écouté sur le moment ?
09:16 On se sent écouté sur le moment.
09:17 Après, les répercussions, on ne les a pas forcément des actes qui sont demandés.
09:21 Alors, vous Lardière, on va terminer en revenant sur ce qu'il fait,
09:24 ce salon de l'agriculture de l'intérieur.
09:26 C'est une fête, c'est une belle vitrine pour vous.
09:29 C'est quand même aussi une fête, un regroupement, tous ensemble,
09:33 une union entre agriculteurs.
09:35 Qu'est-ce qui se passe quand les portes ferment à 19h ?
09:37 Soyez honnêtes, comment ça se passe pour vous ?
09:40 Bien sûr, c'est un moment où tous les amis éleveurs se retrouvent au même endroit.
09:44 C'est assez convivial, c'est assez sympa.
09:46 Après 19h, on s'occupe de nos animaux, on les refait marcher,
09:49 on les renettoie au besoin, on les renourrit, etc.
09:52 Après, on passe du bon temps de l'autre côté, au niveau de ce qu'on appelle des réserves éleveurs,
09:56 où là, on fait des repas conviviaux.
09:59 C'est la colonie de vacances ?
10:01 C'est ça.
10:02 Convivio.
10:03 C'est le terme.
10:04 C'est un euphémisme, peut-être.
10:07 J'ai un éleveur qui me dit "ce qui se passe après la fermeture du salon, reste au salon".
10:12 On ne dit rien.
10:13 D'où les petits yeux du matin.
10:15 D'où les petits yeux du matin, et en plus c'est votre premier réveil,
10:18 parce que vous allez passer toute la semaine ici, vous dormez juste derrière.
10:21 Exactement, il y a des réserves qui sont aménagées avec des lits de camps
10:24 où tout éleveur peut y dormir en toute sérénité, n'importe quelle heure qu'il veut.
10:28 En toute sérénité !
10:30 Il est pour communiquer.
10:32 On reviendra vous voir dans une semaine pour voir où en sont les cernes.
10:35 Merci beaucoup Louis Lardière d'être venu nous parler de votre quotidien au salon de l'agriculture
10:40 et de votre foi en l'agriculture aujourd'hui en ce 60ème salon, porte de Versailles.
10:46 Et ça fait plaisir de voir la jeunesse qui se mobilise et de se dire que derrière,
10:50 il y a aussi la suite qui se prépare.
10:52 Merci beaucoup Louis d'avoir été avec nous ce matin sur France Bleu Paris.