• il y a 8 mois
Découvrez le portrait @baya.rehaz

L’actrice Baya Rehaz est dans la série « Mère Indigne » en diffusion sur France TV Slash depuis le 01 décembre 2023.
Elle joue également au Théâtre Lepic dans la pièce « Pas facile d’être heureux quand on va mal » de Rudy Milstein depuis le 17 janvier jusqu’en mai 2024.
Elle vient également de finir de co-réaliser le tournage de la cinquième saison de « La Petite Histoire de France » pour W9 et de « Nos Meilleures Années » pour M6.
Transcription
00:00 Salut Dailymotion, je suis en interview pour Binder.
00:02 Je suis Bayaréaz, actrice, auteur et réalisatrice.
00:05 J'ai joué dans une série très, très populaire sur France 3
00:12 qui s'appelle Tandem.
00:13 Pendant trois ans et demi, j'avais une récurrence.
00:15 Je jouais le lieutenant Inès Zahidi.
00:17 Les gens me connaissent beaucoup pour ça.
00:20 Et je réalise des épisodes, des sketchs sur scène de ménage
00:25 ou en famille, des séries assez populaires
00:27 qui passent tous les soirs à la télé.
00:29 J'ai commencé par la comédie.
00:31 Je suis venue à la réalisation un peu par hasard.
00:33 C'est parce qu'à un moment donné,
00:36 j'avais pas assez de travail.
00:37 Enfin, je commençais, j'avais pas assez de travail.
00:40 Et du coup, je me suis créé mon propre travail.
00:43 Donc, j'ai écrit une série qui s'appelle Paris, un jour deux.
00:45 Et je me suis fait un peu connaître comme ça.
00:47 La deuxième saison, je l'ai réalisée toute seule.
00:49 Elle a été produite.
00:50 La première est en autoproduction.
00:51 La deuxième a été produite par Canal+
00:53 Maman, souris.
00:58 Elle est belle !
01:00 Je vais l'envoyer à tous tes enfants.
01:01 Ben là que tu l'envoies pas à ta sœur,
01:08 j'ai pas dit que je te voyais.
01:09 Après, ta sœur, si elle sait que je suis venue à Paris,
01:10 je suis pas passée chez elle,
01:11 elle va me faire la scène.
01:12 Elle est relou, elle habite même pas à Paris.
01:16 La meuf, elle habite à Montreuil.
01:17 Montreuil, c'est pas Paris.
01:18 C'est même hyper loin de Paris.
01:20 Ils m'énervent là, tous ces gens de banlieue
01:22 qui se pensent parisiens parce qu'ils ont une ligne de métro.
01:24 Quand j'ai commencé avec Anne de Pétrini dans
01:27 "Il reste du jambon",
01:29 c'était en 2009, il me semble, ou 2010.
01:33 Et c'était une expérience folle.
01:35 J'avais deux scènes, trois scènes dans le film.
01:39 Et c'était le graal.
01:40 J'ai rencontré Ramsay Média,
01:42 Anne, qui est devenue une amie.
01:44 Après, j'ai joué dans son second long métrage aussi,
01:46 quelques années plus tard.
01:47 Leila Bechti, qui est restée une amie.
01:49 Et je joue en ce moment dans une pièce
01:52 depuis le 17 janvier dernier qui s'appelle
01:54 "C'est pas facile d'être heureux quand on va mal"
01:56 de Rudi Milstein.
01:57 Et là, on joue dans une pièce qui est géniale,
01:59 qui parle de cinq Parisiens qui sont un petit peu
02:01 à côté de la plaque et qui sont en mal-être total.
02:03 Voilà. Et tous vont interagir les uns avec les autres.
02:06 Mon personnage, c'est le personnage de Nora,
02:09 qui est une nana qui a un rapport très âpre à la vie.
02:12 On l'appelle le raisin sec.
02:13 On dit que c'est un nuage qui est plein d'eau,
02:15 qui est prêt à exploser.
02:16 C'est quelqu'un qui a dû se battre.
02:19 De ce que j'ai compris du personnage
02:21 et là où, en tout cas, je l'ai ramené
02:23 à ce que je connaissais moi,
02:24 c'est quelqu'un qui a dû se battre
02:25 et pour qui les portes ne s'ouvrent pas facilement
02:28 et qui doit se battre.
02:29 Et tout ça, ça l'a rendu en colère.
02:31 Voilà, parce qu'elle est dans une forme de colère
02:34 et donc d'agressivité par rapport aux autres.
02:36 Mais tout ça est né d'un fort sentiment d'injustice
02:39 où elle se dit qu'elle doit en faire plus que les autres
02:40 depuis tout le temps, depuis toujours.
02:42 C'est une comédie qui est très tendre
02:45 et qui est grinçante.
02:47 Et ça en fait une recette particulièrement juteuse.
02:52 Elle permet de se défouler à travers les personnages.
02:55 C'est un espèce de miroir déformant
02:56 comptant aux gens.
02:58 Il y a une espèce de résonance
02:59 et ça permet aux gens de se défouler à travers nous.
03:02 Parce que souvent, on nous a dit
03:04 "Vous vous défoulez pour nous, ça fait du bien."
03:07 "J'ai eu des éclats de rire, ça fait du bien."
03:11 "Il faut y aller pour avoir des éclats de rire en ce moment."
03:13 "Et là, c'est bien, on se reconnaît."
03:16 "Et puis en même temps, ça nous rassure sur qui on est aussi."
03:19 Et donc voilà, c'est une pièce géniale
03:21 que j'adore là quand je joue.
03:23 C'est l'immédiateté du moment.
03:26 C'est-à-dire que le moment passe.
03:28 Si tu rates, c'est pas grave, il faut continuer.
03:31 Si tu bafouilles, il faut continuer.
03:33 Il n'y a pas le montage qui va t'aider.
03:35 Il n'y a pas l'étalonnage.
03:37 Il n'y a même pas le costume
03:38 parce que là, on a décidé d'avoir des costumes
03:40 qui ne nous mettent pas vraiment en valeur.
03:42 Donc c'est vraiment un truc de corps, de texte.
03:44 On ne peut pas se cacher derrière un décor
03:46 parce que la mise en scène et la scénographie est très simple.
03:49 Et du coup, j'aime bien cette mise à nu.
03:51 Là, c'est nous en brut, quoi.
03:53 J'adore les femmes.
03:56 C'est souvent les femmes qui me portent,
03:57 qui m'ont portée dans ce métier.
03:59 Et moi, en tout cas, je suis dans une conception de sororité.
04:03 Dans ma tête, c'est de la sororité avant tout.
04:06 Je ne jalouse jamais une femme qui réussit.
04:08 Je vais me réjouir pour elle constamment.
04:12 Mes amis, je les félicite.
04:14 Mes amis sont comédiens,
04:16 donc ça pourrait être un rapport de jalousie.
04:18 J'ai beaucoup de comédiennes, de réalisatrices.
04:21 Mais ça n'a jamais été ça.
04:22 Je suis hyper fière d'elles,
04:25 quand elles réussissent, là où elles ont envie de réussir.
04:27 Et non, pour le coup,
04:29 moi, je n'ai pas eu l'expérience de la femme,
04:34 des femmes qui se regardent un peu de travers.
04:36 Je n'ai pas eu ça.
04:37 Peut-être parce que ce n'est pas ce que j'amène avec moi.
04:39 Oui, j'amène tellement un truc de
04:41 tu es une femme et c'est génial.
04:43 Et je te regarde avec toute la beauté que tu as.
04:49 Et ce que tu es, moi, me fait grandir
04:51 et me met en lumière aussi,
04:53 parce que ça m'apporte beaucoup de choses, ta manière d'être.
04:56 Voilà, je trouve que les femmes qui réussissent,
04:58 c'est très, très inspirant.
05:00 Au contraire.
05:01 Déjà, Simone de Beauvoir a été une espèce de révélation pour moi
05:05 dans ma construction de la féminité
05:07 sur se positionner en tant que femme,
05:12 même si la société peut parfois nous empêcher
05:16 de ne pas avoir peur,
05:17 se lancer dans ce qu'on aime profondément,
05:18 Sarah Bernard était comme ça.
05:21 Elle était juive, femme,
05:23 dans une société qui rejetait tout ça.
05:25 Et elle a réussi à être une grande actrice,
05:27 sculptrice, auteure.
05:29 Et elle a fait tout ce qu'elle voulait.
05:30 Et elle disait, sa devise, c'était quand même.
05:32 C'était je vais y arriver quand même.
05:33 Il n'y a pas de rien ne va m'arrêter.
05:35 Donc, il y a ça.
05:36 Et dans ce côté quand même, je vais y arriver.
05:38 Il y a Agnès Varda qui a dit
05:40 j'ai envie de faire les films que je veux.
05:42 Et en fait, je vais me débrouiller pour faire les films que je veux.
05:44 Et qui a monté sa prod et qui faisait des petits projets
05:47 de toute forme.
05:49 Elle ne s'est jamais posé la question
05:50 de ce que les gens attendaient d'elle.
05:52 C'est à dire qu'elle a été toujours là où elle avait envie d'être.
05:54 Et moi, je trouve ça fou.
05:56 En fait, ces femmes sont toutes libres.
05:59 Et elles ont toutes écouté leur petite voix à l'intérieur
06:03 avant d'écouter la société.
06:06 Et je trouve ça d'une force admirable
06:08 parce que c'est très compliqué
06:10 d'aller dans des endroits où on n'est pas attendus
06:12 et en plus, où on peut être jugé.
06:14 Nous, de toute façon,
06:16 on est en tant que femmes soumises au désir des hommes
06:21 qui étaient pendant longtemps les responsables
06:26 dans ce domaine.
06:27 C'est à dire que depuis peu, ça bouge.
06:29 Il y a de plus en plus de femmes à des hauts postes.
06:32 Et ça, c'est génial.
06:33 Mais pendant longtemps, on était soumis à des regards,
06:35 je pense, masculins sur nous.
06:37 Donc peut-être que oui,
06:39 peut-être que c'était un peu plus difficile
06:41 quand on est une femme,
06:42 quand on est un peu jolie,
06:43 de montrer qu'on a aussi un cerveau
06:47 et qu'on n'est pas que jolie
06:49 et que jolie ne veut pas dire être fragile.
06:52 Et que c'est vrai qu'on a tendance...
06:55 J'avais tendance à me dire
06:56 mais est-ce qu'il faut que je sois trop jolie,
06:58 pas assez jolie ?
06:59 Est-ce qu'il faut que je mette le paquet dans la séduction
07:01 ou pas du tout ?
07:02 Est-ce que ça va m'enlever quelque chose ?
07:04 On ne va pas me prendre au sérieux ?
07:06 Et j'avais vraiment besoin d'être prise au sérieux.
07:09 Vraiment, depuis le début, j'avais ça
07:11 et je me disais tout le temps
07:12 bon ça va, c'est ok,
07:13 tu as un cerveau, tu sais réfléchir.
07:15 Donc même si on te propose un café
07:19 parce que peut-être derrière il y a une idée
07:21 et j'en sais rien, ça ne m'est jamais arrivé.
07:23 Je me dis que je saurais détourner ça
07:25 parce que je sais parler,
07:26 parce que j'ai de la plombe,
07:27 parce que je sais réfléchir
07:29 et que voilà,
07:32 je n'offre pas qu'un physique.
07:33 Moi en plus, du fait de mon origine maghrébine
07:37 et de mon physique qui trahit un peu ça,
07:40 parce qu'on ne sait pas trop si je suis française, maghrébine,
07:45 j'ai eu un espèce pendant longtemps de in-between.
07:49 J'avais l'impression que les gens ne savaient pas trop où me projeter.
07:51 Et ça c'est vrai.
07:54 Et c'est vrai que oui,
07:55 je pense que pour les mecs c'est peut-être un peu moins...
07:57 c'est moins dans la séduction,
07:59 c'est une forme de séduction mais autre.
08:01 Donc moi, pendant longtemps,
08:07 je me disais si j'ai le malheur de brusquer la personne en face,
08:10 c'est mort pour moi.
08:13 Parce que peut-être que j'aurais été un peu...
08:17 j'aurais rejeté une proposition implicite ou je ne sais pas.
08:20 Je me disais, ça va être mort pour moi.
08:22 Donc, il fallait faire attention.
08:23 On était toujours sur une espèce de fil.
08:27 Maintenant, c'est vraiment moins vrai.
08:29 Et puis de toute façon, j'ai fait mes preuves.
08:31 Donc maintenant, je suis moins fragile
08:33 parce que je suis déjà dans le business.
08:34 Mais c'est vrai qu'il y avait peut-être cette impression
08:37 d'être un peu sur un fil et de...
08:39 il fallait bien se comporter, bien se montrer,
08:41 être dans la séduction sans trop montrer qu'on est fragile,
08:45 en montrant qu'on savait ce qu'on voulait.
08:47 Tu vois, il y avait ce truc qu'il fallait gérer constamment.
08:50 Ouais, c'est vrai.
08:51 Coucou Dailymotion, surtout n'hésitez pas à venir me voir au théâtre,
08:54 dans la pièce "C'est pas facile d'être heureux quand on va mal"
08:56 de Rudi Milstein.
08:57 On joue du mercredi au samedi à 21h et dimanche à 15h.
08:59 J'espère vraiment vous y voir.
09:01 J'espère vous avoir donné envie.
09:03 En tout cas, je vous attends.
09:04 Merci, bye bye.
09:05 *musique*

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