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00:00 Bonjour Adrien Quatennens, votre condamnation à quatre mois de prison avec sursis pour des violences sur votre ex-compagne remonte à décembre 2022.
00:07 Pendant plus d'un an vous avez observé une forme de discrétion, on vous revoit ces jours-ci à la télévision, à la radio ce matin sur France Bleu Nord.
00:14 Cela fait un retrait dans un premier temps, un retour désormais dans l'immédiat, pourquoi maintenant ?
00:19 D'abord parce qu'il m'a fallu ce temps en réalité pour travailler sur ce qui m'était arrivé.
00:25 C'est vrai, il y a plusieurs années lors d'une dispute conjugale il m'est arrivé de lever la main.
00:30 C'est un geste que je n'ai jamais minimisé, jamais banalisé, qui a été rendu public des années plus tard dans un contexte de divorce.
00:37 Et j'ai fait ce choix de reconnaître les faits qui m'avaient été reprochés.
00:41 Alors on me demande souvent si je regrette d'avoir reconnu les faits qui m'avaient été reprochés.
00:44 Non, je ne le regrette pas. Ce que je regrette c'est d'avoir un jour levé la main, ça oui.
00:48 Ce que je regrette aussi c'est certains mots utilisés au moment de ma défense il y a maintenant près d'un an et demi.
00:53 Parce que j'ai compris qu'aucun contexte en réalité, aucune explication ne justifie le fait d'un jour lever la main.
00:59 Et donc la justice a fait son travail, d'ailleurs ce travail je souhaite qu'elle puisse le faire et ça n'est pas le cas pour toutes les femmes.
01:06 De la première violence jusqu'à des faits plus graves.
01:09 J'ai suivi un stage qui m'a été demandé non pas par la justice mais par mon groupe parlementaire auprès d'associations.
01:16 Un stage qui m'a permis en effet de travailler, de comprendre.
01:19 Il m'a fallu ce temps de silence, je crois qu'il était nécessaire.
01:23 Et puis maintenant il y a aussi la nécessité de reprendre le combat politique pour lequel j'ai été élu.
01:29 Il se trouve que dans ma circonscription pendant toute cette période j'ai poursuivi mon travail de député.
01:33 Et que voilà, les citoyennes et les citoyens qui m'ont élu souhaitent aussi que je puisse reprendre ce travail pleinement.
01:40 Dans un contexte qui est très difficile aussi socialement dans le pays.
01:43 Et donc voilà ce que j'essaie de faire.
01:44 - Et de quelle mesure pouvez-vous continuer votre mandat, à exercer votre mandat de manière entre guillemets "normale".
01:50 C'est à dire sans qu'on vous renvoie sans cesse cette condamnation.
01:53 Que ce soit dans votre propre camp ou de la part de vos adversaires politiques.
01:57 Est-ce que vous pouvez exercer votre mandat de député qui court jusqu'en 2027 de manière normale ?
02:02 - Vous savez je n'ignore pas qu'il y a des gens que j'ai déçus.
02:05 Et que la révélation autour de ces éléments de la vie privée qui sont devenus des éléments publics.
02:10 D'ailleurs la question des violences est aussi une question politique qui traverse la société.
02:14 Je sais qu'il y a des gens que j'ai déçus.
02:16 Et je leur demande pardon.
02:18 Et pour le reste je n'ai pas été empêché de faire mon travail de parlementaire.
02:22 Là je reviens à votre micro.
02:24 Mais en réalité depuis 2022 et depuis mon élection je n'ai jamais cessé d'être dans ma circonscription sur le terrain.
02:30 Au service des citoyennes, des citoyens.
02:32 - Justement depuis 6h ce matin nous interrogeons les auditeurs de France Bleu Nord sur l'exemplarité en politique.
02:37 Je peux citer Kader, je peux citer Jérôme qui nous ont tous les deux appelés pour nous dire condamnation = démission.
02:42 Qu'est-ce que vous en pensez ? Où est-ce que vous vous situez dans ce débat ?
02:44 - Très honnêtement la question s'est posée à l'époque.
02:46 Et moi j'ai réfléchi en me disant surtout si je l'avais fait, nous n'aurions pas eu une situation électorale et une campagne à la loyale.
02:55 Il est certain qu'il y a des gens qui ont une indignation qui est sincère.
02:59 Y compris de ce que représente le combat féministe.
03:01 Et puis il y a des gens qui se sont en quelque sorte peut-être saisis de cette situation pour mener un combat politique et essayer de m'écarter.
03:08 Imaginez qu'à ce moment-là j'avais démissionné et qu'il y avait une nouvelle campagne électorale.
03:12 Vous imaginez bien qu'on n'aurait pas eu une campagne pleinement à la loyale.
03:16 Après vous savez, tôt ou tard les Français auront l'occasion de s'exprimer.
03:20 Il y a 177 parlementaires sur les bancs de l'Assemblée Nationale.
03:23 C'est d'abord 177 femmes et hommes, pas des sur-hommes, pas des sur-femmes.
03:27 Des gens qui ont tous des histoires et certains, et c'est mon cas je le dis,
03:30 commettent des fautes dans leur vie.
03:32 Et je crois que la nécessité aussi c'est de faire ce travail qui permet d'essayer en tout cas humblement d'être meilleur et de s'améliorer.
03:40 C'est peut-être même le sens de l'existence, essayer de toujours faire mieux comme dirait l'autre.
03:44 - 7h49, nous sommes en direct avec Adrien Quatennens, député de la France Insoumise du Nord.
03:49 - Adrien Quatennens, vous l'avez dit, vous continuez votre travail de député.
03:52 Le Salon de l'agriculture ouvre demain à Paris. Est-ce que vous allez y aller ?
03:55 - Alors moi je n'y serai pas personnellement, mais par contre la France Insoumise Israël, il sera bien représenté.
04:00 Et je crois que le contexte de ce salon, tout le monde le comprend, est très particulier.
04:03 On est dans une situation où en France vous avez à peu près un suicide tous les deux jours d'un agriculteur.
04:09 Vous avez un quart des agriculteurs de ce pays qui vivent sous le seuil de pauvreté.
04:13 On estime qu'il y a 200 exploitations qui ferment chaque semaine en France,
04:17 que d'ici 10 ans la moitié des agriculteurs vont être à la retraite.
04:20 Bref, en gros, si on regarde les indicateurs qu'on a sous les yeux, c'est la mort programmée de notre agriculture.
04:25 Et on a un gouvernement qui fasse à la revendication principale des agriculteurs,
04:29 qui est d'ailleurs une revendication commune dans plein de secteurs d'activité,
04:32 et c'est vivre correctement de son travail, qui n'apporte aucune réponse.
04:35 Moi je ne vois pas que la remise en cause du plan Ecofito, en réalité, et des injonctions de la FNSEA,
04:41 soient en mesure d'améliorer le sort des agriculteurs.
04:43 - En propos de la rémunération qui est une revendication principale des agriculteurs de pouvoir vivre de son travail,
04:49 la semaine dernière la France Insoumise a redéposé une proposition de loi visant à instaurer un prix plancher
04:54 dans les matières premières agricoles en couesse différente des lois EGalim.
04:57 Ils sont censés garantir, elles aussi, une rémunération juste pour les agriculteurs.
05:01 - D'abord la loi EGalim, vous voyez bien que son application n'est pas idéale du tout,
05:05 et que les agriculteurs le disent. Nous c'est vrai, le 30 novembre dernier à l'Assemblée Nationale,
05:09 mes collègues Manuel Bompard et Aurélie Trouvé ont déposé une proposition de loi visant à instaurer des prix planchers,
05:14 c'est-à-dire des prix minimums rémunérateurs pour les productrices, les producteurs agricoles.
05:19 Et figurez-vous que, y compris parmi celles et ceux qui aujourd'hui défendent les agriculteurs dans le débat public,
05:24 ils ont voté contre cette proposition, la Macronie s'est mobilisée et à six voix cette proposition a été rejetée.
05:30 - Et ce prix serait fixé par qui ? Un prix minimum garanti aux agriculteurs ?
05:33 - Vous savez, ça peut être fixé y compris par l'État.
05:36 Vous avez même l'encadrement des prix de certains produits de première nécessité
05:39 qui, dans nos Outre-mer, est réalisé par l'État.
05:42 Il faut que nos agriculteurs puissent vivre de leur travail.
05:44 En fait, je crois aussi que le gros problème c'est qu'il y a une injonction contradictoire qui est faite à nos agriculteurs.
05:49 D'un côté, on leur demande de monter en gamme, d'avoir des produits qui répondent à des normes sanitaires et environnementales
05:55 toujours plus importantes, et je crois que c'est bien.
05:57 Et de l'autre côté, on leur demande dans le même temps, j'ai envie de dire,
06:01 d'être compétitifs avec des fermes-usines comme on le voit au Brésil.
06:05 Et d'ailleurs, le gouvernement a signé à tour de bras des accords de libre-échange
06:09 qui mettent nos agriculteurs dans une situation de concurrence déloyale.
06:12 - Et la France Insoumise a réclamé pour ces accords de libre-échange un moratoire.
06:15 - Un moratoire, et par exemple, que sur le Mercosur, parce que ça n'est toujours pas le cas,
06:19 contrairement à ce qui est annoncé par le gouvernement, la France retire son mandat de négociation.
06:22 On ne peut pas demander à nos agriculteurs d'être compétitifs. En fait, il faut choisir.
06:25 Soit on veut être compétitifs avec les fermes-usines et faire une agriculture qui vise l'export et les bas coûts,
06:30 soit on veut faire une agriculture de qualité, mettre le paquet dans la transition agroécologique,
06:34 et dans ce cas-là, on ne peut pas être compétitifs avec des pays qui produisent dans des conditions qui ne sont pas les nôtres.
06:39 De la même manière, je le crois, sans attendre, ce qu'il faudrait, et c'est d'ailleurs demandé par nos agriculteurs,
06:43 c'est d'imposer aux produits qu'on importe les normes que l'on impose à nos agriculteurs.
06:48 Sinon, encore une fois, il y a une situation de concurrence déloyale.
06:50 Tout cela se joue aussi au niveau de l'Union Européenne.
06:52 Ces débats autour de l'agriculture résonnent avec les élections qui se tiendront au mois de juin, élections européennes.
06:57 Question peut-être sur Génération, le parti fondé par Benoît Hamon a communiqué hier sur les réseaux sociaux
07:01 disant qu'il rejoignait la liste de la France insoumise.
07:04 Ce matin, le message en question est supprimé.
07:05 Deux coordinateurs du mouvement sont suspendus. Il se passe quoi avec Génération ? Ils sont avec vous ou pas ?
07:09 Ecoutez-moi l'information que j'ai ce matin, c'est que nous avons un accord avec Génération
07:13 et que leurs militants ont voté pour cet accord.
07:16 Et je crois que c'est une chose extrêmement positive.
07:19 On a des élections européennes le 9 juin prochain.
07:22 Et que voit-on dans les sondages ?
07:24 C'est que nous sommes engagés dans une course de vitesse avec l'extrême droite.
07:28 Et l'extrême droite est bien en avance.
07:30 Qui est donnée en tête le rassemblement.
07:32 Et la réalité c'est que...
07:33 Une liste insoumise, une liste communiste, une liste écologiste, une liste socialiste, vous le regrettez.
07:38 Clairement. Et nous, nous allons essayer de faire, et c'est le sens de cet accord,
07:42 nous allons essayer de faire la liste la plus unitaire possible. Pourquoi ?
07:45 En juin 2022, on avait franchi une étape considérable.
07:48 Tout le monde disait dans la campagne présidentielle "il faudrait l'union".
07:51 On a réussi à faire l'union, après la campagne présidentielle et les 22% de Jean-Luc Mélenchon.
07:55 Nous avons gagné ensemble avec la NUPES le premier tour des élections législatives.
07:59 Et nous, nous souhaitons que cela se pérennise.
08:01 Et d'ailleurs, je veux dire à votre micro que la France Insoumise a proposé à Europe Ecologie des Verts
08:06 et à leur tête de liste, Marie Toussaint, d'emmener la liste de toute la NUPES.
08:10 Ils ont refusé. On leur propose les clés du camion et ils disent "on n'en veut pas".
08:13 - Et les écologistes ont toujours eu historiquement de très bons scores aux élections européennes.
08:16 - Alors bon, d'abord les sondages, c'est forcément ce qui va se passer.
08:19 Mais entendez-moi, je veux dire, y compris, je veux bien comprendre cette logique-là.
08:23 La question de rééquilibrer un rapport de force dans des élections qu'on croit plus favorables pour soi.
08:27 Mais pardon, en ce moment, le fond de l'air dans ce pays, c'est une extrême droite qui monte,
08:32 qui partout en Europe gagne des positions, dont on voit mal d'ailleurs
08:36 ce qui est en mesure de l'empêcher aujourd'hui d'accéder au pouvoir.
08:39 Avec un Emmanuel Macron qui a été élu pour lui faire barrage,
08:42 qui est objectivement aujourd'hui un marche-pied.
08:44 Donc c'est irresponsable de retourner à un match des gauches
08:47 dans un moment où en plus les sondages montrent qu'ensemble nous pourrions être en tête.
08:51 C'est ça la question.
08:52 - En accumulant effectivement les scores.
08:53 - Donc nous allons essayer de faire notre mieux pour avoir la liste la plus unitaire possible.
08:56 Et je crois que ce que nous avons aussi besoin de faire,
08:59 parce que le gouvernement ne fait absolument rien,
09:01 nous avons dans ce pays à peu près 20% du corps électoral,
09:04 10 millions de personnes qui ne sont pas ou mal inscrites sur les listes électorales.
09:07 Et nous avons un gouvernement avec M. Darmanin,
09:10 qui est quand même chargé de la question de l'organisation des élections,
09:12 qui ne fait rien.
09:14 Est-ce que vous avez vu de grandes campagnes,
09:16 de porte-à-porte financées par l'État,
09:18 pour inciter les gens à s'inscrire ?
09:19 Non, ça ne se fait pas.
09:20 C'est nous qui devons avec nos petites forces de militants,
09:23 faire des campagnes.
09:24 D'ailleurs on a lancé un site onvoteinsoumis.fr
09:26 pour vérifier l'inscription sur les listes électorales,
09:29 pour faire en sorte que d'ici au 3 mai,
09:30 parce que je le dis, tout le monde ne le sait pas non plus,
09:32 vous avez jusqu'au 3 mai pour vous inscrire sur les listes électorales,
09:35 pour pouvoir voter le 9 juin.
09:37 Et je crois que la question de la participation populaire est centrale.
09:40 On ne peut pas tolérer que les élections deviennent une sorte de suffrage censitaire,
09:44 où le fait de voter est quelque chose de très marqué sociologiquement.
09:47 Au moment du vote, la voix du plus puissant
09:50 a le même poids que la voix de la personne
09:52 qui est dans une situation difficile de précarité.
09:55 Donc il faut mobiliser,
09:56 et c'est sûr que pour ça il vaut mieux créer les conditions de la plus grande unité.
09:59 C'est pour ça que moi, si ça se confirme,
10:01 et je crois que ça l'est,
10:02 je me réjouis de l'accord avec Génération,
10:04 puisque ça fait du coup deux composantes de la NUPES
10:06 qui sont rassemblées pour ces élections.
10:07 Cela va devoir encore une fois être confirmé dans la journée.
10:09 C'est un qui-pro quoi actuellement.
10:10 Est-ce que Génération est avec vous ou pas ?
10:12 Merci beaucoup en tout cas d'ici là,
10:14 Adrien Quatennens d'avoir été l'invité ce matin de France Le Nord,
10:16 vice-député de la première circonscription du Nord.
10:18 Bonne journée.