• il y a 9 mois

Benoît Serre, vice-président de l'ANDRH (Association nationale des DRH) répond aux questions d'Alexandre Le Mer.
Retrouvez "L'invité éco" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linterview-eco

Category

🗞
News
Transcription
00:00 L'invité éco avec Banque Populaire, engagé aux côtés de ceux qui entreprennent.
00:04 Il est 6h42 sur Europe 1. Quand je disais votre week-end approche,
00:08 mais peut-être que vous êtes déjà en week-end pour un certain nombre d'entre vous. La semaine de quatre jours, vous savez qu'elle poursuit son chemin.
00:15 Elle a été mise en place déjà dans des groupes comme Lidl, comme Transdev.
00:18 La dernière entreprise en date à l'expérimenter, c'est la RATP. Alors est-ce que cette nouvelle organisation du travail
00:24 peut changer la vie des entreprises ? Et bien sûr la vôtre. On en parle ce matin avec
00:29 mon invité. Bonjour Benoît Serre.
00:31 - Bonjour. - Vous êtes le vice-président de l'association nationale
00:34 des DRH.
00:36 Cette semaine de quatre jours, elle commence à s'ancrer dans les projets des entreprises ?
00:40 Elle en séduit de plus en plus ou il y a encore des réticences qui s'expriment, qui se manifestent ?
00:45 - Un peu des deux. C'est-à-dire qu'elle commence à s'installer, mais c'est très doucement.
00:50 C'est entreprise par entreprise, c'est certains métiers dans certaines conditions.
00:55 Et elle inquiète aussi un peu parallèlement parce que
00:59 son installation massive,
01:02 même si elle n'est pas pour demain, elle modifierait quand même assez fortement les organisations.
01:05 - Donc on a plutôt tendance à y aller mais sur la pointe des pieds. Si on prend l'exemple
01:09 récent de la RATP sous la férule de notre ancien premier ministre Jean Castex,
01:14 la RATP confrontée à un problème d'attractivité, c'est vrai qu'elle enregistre de plus en plus de démissions dans ses rangs.
01:20 Et pour y remédier, c'est pour cette raison-là qu'elle test la semaine de quatre jours,
01:25 c'est considéré comme un levier, comme une carotte pour attirer des candidats cette semaine de quatre jours lorsqu'elle est mise en place ?
01:31 - Ah mais ça c'est sûr que c'est une carotte que vous prenez, n'importe qui d'ailleurs.
01:35 Suis-moi le premier. Sur un plan individuel,
01:38 c'est plutôt quelque chose d'intéressant et de positif la semaine. Alors est-ce que c'est la semaine de quatre jours ou en quatre jours ?
01:44 Vous savez qu'il y a une différence.
01:45 C'est assez important à intégrer, parce que souvent les gens pensent, c'est naturel d'ailleurs,
01:49 que la semaine de quatre jours c'est que je travaille du lundi au jeudi. Pas du tout. La semaine de quatre jours,
01:55 c'est que je travaille
01:58 quatre jours qui peuvent être consécutifs ou pas,
02:02 mais surtout il y a une réduction du temps de travail qui est associée. Alors que la semaine en quatre jours, ce que propose le premier ministre,
02:08 c'est, pour les services de l'État,
02:10 c'est le même temps de travail, c'est-à-dire 35 heures en l'occurrence, en quatre jours.
02:14 Donc c'est pas tout à fait la même chose. - Mais c'est le cas aussi à l'RATP, du reste.
02:17 On lisse, enfin plutôt que de lisser, on condense le temps de travail hebdomadaire sur quatre jours au lieu de cinq, pour dégager un cinquième jour.
02:24 - Alors sur un plan individuel je peux comprendre, même s'il faut faire attention dans le temps, parce que
02:28 cette condensation, comme vous dites, elle crée une intensification du travail,
02:33 et par conséquent elle pourrait mettre les gens un peu en flux tendu,
02:37 et donc faire disparaître, vous savez, ce qu'on appelle les temps inutiles de management, qu'on la machine à cale.
02:42 - Oui, oui, oui. - Faut faire attention à ça. - On n'a pas encore le recul pour mesurer l'impact, c'est ce que vous voulez dire.
02:47 - Exactement. Et l'autre point, c'est que
02:50 cette logique de semaine de quatre jours, elle signifie quand même que si on est sur quatre jours consécutifs, alors il y a un vrai avantage.
02:58 Si en revanche vous êtes sur des jours qui sont un petit peu alternés, un coup le lundi, un coup le mercredi, un coup le mardi,
03:04 c'est moins attractif et moins intéressant. - Oui, que c'est collé au week-end.
03:09 - Voilà, exactement. Tout ça, je trouve que c'est plutôt intéressant de voir
03:13 que beaucoup commencent à y réfléchir, un peu comme pour le télétravail à l'époque.
03:18 Autrement dit, tout le monde s'interroge sur l'organisation du travail qu'on a connu jusqu'à aujourd'hui, est-ce que c'est la bonne,
03:23 comment on peut la faire évoluer, parce que là, il y a une vraie aspiration des gens. - Vous dites "tout le monde s'interroge",
03:27 côté salarié, c'est assez tranché. Si je prends ce sondage
03:30 Odoxa du mois dernier, près de huit salariés sur dix veulent la semaine de quatre jours.
03:34 Alors, ils sont bien conscients que c'est sans réduction de la durée du travail hebdomadaire. Travailler du lundi au jeudi,
03:41 ça confère, ça donne un meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle, Benoît Serre. - Mais ça c'est évident.
03:48 - Bien sûr, et c'est d'ailleurs pour ça, vous avez peut-être vu récemment qu'il y avait beaucoup de gens qui disaient "le vendredi, les entreprises sont vides à cause du télétravail".
03:54 Mais on observe, quand vous regardez un peu plus en détail ce qui se passe dans les organisations,
03:58 c'est que les gens travaillent plus tard, notamment le jeudi soir, de manière à être libérés du travail, entre guillemets, plutôt
04:06 le vendredi.
04:08 Donc, c'est pas une vraie semaine de quatre jours, parce qu'ils font le même nombre d'heures,
04:13 en revanche, ils organisent leur travail, et ça c'est le point central du sujet. - Vous évoquez effectivement le télétravail, Benoît Serre, au-delà de la semaine de quatre jours,
04:19 c'est vrai que c'est un phénomène
04:21 qu'on voit de plus en plus nettement, des entreprises, des quartiers d'affaires, comme la Défense à l'ouest de Paris, qui se vident
04:27 le vendredi. Est-ce que c'est une source d'inquiétude, ça, pour les dirigeants,
04:32 de voir leur bureau quasiment vide le vendredi ? Vous qui êtes DRH vous-même, Benoît Serre, parce que vous partagez cette préoccupation.
04:40 - Oui, c'est une source d'inquiétude pour un certain nombre de dirigeants, puisqu'ils ont le sentiment que, parce que les bureaux sont vides le vendredi,
04:46 les gens, finalement, sont passés à la semaine de quatre jours sans le dire.
04:50 Ce qui n'est pas vrai, en fait. Parce que, vous savez, la France est un pays un petit peu curieux, qui est obsédé par la présence,
04:56 par le présentéisme, et qui confond le fait d'être là et le fait de travailler.
05:01 Or, moi je connais des tas de gens qui sont là et qui ne travaillent pas.
05:04 Donc, ce que je veux dire par là, c'est que c'est vrai que ça les inquiète,
05:08 parce que, d'abord, ils ont des bâtiments qui sont vides. Regardez, vous avez cité la Défense, c'est impressionnant la Défense le vendredi.
05:13 - C'est vide.
05:15 Si on le prend de l'autre côté,
05:18 c'est une source d'économie pour les entreprises, en termes de surface à occuper, en termes de dépenses énergétiques, on peut le voir aussi comme ça.
05:27 - En fait, pas réellement. Parce qu'on avait fait ce pari-là sur le télétravail, on avait beaucoup dit ça, que les entreprises allaient réduire leur surface, etc.
05:34 En fait, ce n'est pas tout à fait ce qui s'est passé, parce que votre organisation, aujourd'hui, il faudrait, pour que ça s'installe durablement,
05:39 vraiment rénover ou refonder totalement le modèle de fonctionnement des entreprises.
05:44 Nous, on est plutôt au favorat, non pas à l'aspect de quatre jours en quatre jours,
05:48 mais à s'intéresser au fait de libérer un peu le modèle d'organisation du travail, qui quand même en France est extrêmement contraint.
05:55 - Sur le télétravail, il y a clairement un rétro-pédalage, en tout cas.
05:58 Sur le télétravail, il y a un rétro-pédalage qui est... parce que c'est normal, puisque, en fait,
06:02 les entreprises renégocient les accords télétravail et ont vu les avantages et les inconvénients,
06:06 et vous avez des équipes qui n'arrivent plus à se croiser. D'ailleurs, si on prend nos deux sujets du jour,
06:11 la cohabitation semaine de quatre jours et télétravail est un peu difficile, parce que les gens ne se voient plus.
06:15 - Exactement. - S'ils ont deux jours de télétravail et quatre jours de travail, ils n'arrivent plus à se croiser.
06:20 Or, l'entreprise, c'est quand même un lieu de fonctionnement collectif.
06:22 - Bon, c'est une équation, effectivement, à résoudre pour l'organisation du travail en entreprise.
06:28 La semaine de quatre jours, plébiscité, le télétravail, beaucoup de Français y sont toujours attachés.
06:33 Effectivement, c'est une question qui doit vous occuper pas mal de temps du côté des DRH.
06:38 - Ça occupe. - Benoît Serre.
06:39 - Ça occupe, et surtout, ça pose la question de l'organisation du travail, c'est celle-là qui est la plus importante.
06:43 - Merci, merci Benoît Serre, vice-président, je le rappelle, de l'association nationale des DRH sur Europe 1.
06:48 - Merci, au revoir.
06:49 C'était l'invité Éco avec Banque Populaire, engagé aux côtés de ceux qui entreprennent.
06:53 Banque Populaire, partenaire premium de Paris 2024.
06:56 ♪ I'm free ♪
06:57 [Musique]

Recommandations