Don Giovanni de Mozart interprété par le Concert d'Astrée sous la direction d'Emmanuelle Haïm d'après la mise en scène de Guy Cassiers. Extrait du concert enregistré le 7 octobre 2023 à l'Opéra de Lille.
#Mozart #DonGiovanni #EmmanuelleHaim
Don Giovanni est le deuxième opéra que Mozart compose en collaboration avec le librettiste vénitien Da Ponte, après Les Noces de Figaro et avant Così fan tutte. Il résulte d’une commande des impresarios italiens Pasquale Bondini et Domenico Guardasoni. Sans grande réussite à Prague, la compagnie de Bondini est sur le point de quitter la ville quand elle finit par triompher avec Les Noces de Figaro. Désireux d’obtenir un autre succès grâce à Mozart, Bondini lui commande un nouvel opéra.
Avec Don Giovanni, le tandem Mozart-Da Ponte conquiert une fois encore les spectateurs du Théâtre national : « Connaisseurs et artistes affirment que rien de tel n’a été donné à Prague. Mozart dirigeait en personne, et lorsqu’il fit son apparition à l’orchestre, il fut salué par une triple acclamation », peut-on lire dans une gazette de l’époque. Pourtant, après Les Noces de Figaro, le public aurait pu s’émouvoir de ne pas retrouver la même veine légère et espiègle. Car Don Giovanni opère un changement de ton de la comédie vers la tragédie. Qualifiée de dramma giocoso (drame joyeux), l’histoire s’ouvre sur un meurtre et se conclut par une descente aux enfers. Entre les deux se déploie une comédie ambiguë, peuplée de personnages plus complexes qu’il n’y paraît.
Personnages plus complexes qu’il n’y paraît. Si la partition combine la plus gracieuse élégance et la plus extraordinaire expression dramatique, les parties essentielles de l’opéra semblent être celles où prédomine l’élément tragique – le duel entre Don Giovanni et le Commandeur, la mort de ce dernier, la douleur de Donna Anna et le trépas du séducteur. Ainsi, la musique constitue autant une apothéose de l’opéra italianisant du XVIIIe siècle qu’une prémonition du romantisme.
C’est dans l’Espagne du Siècle d’Or que la légende de Don Giovanni trouve son origine. Le personnage apparaît pour la première fois vers 1630 sous la plume de Tirso de Molina, dans El Burlador de Sevilla (L’Abuseur de Séville). Le moine utilise la figure de Don Juan pour dénoncer l’attitude de ses contemporains vivant sans honte dans le péché, convaincus d’être pardonnés à la simple condition de se repentir avant leur mort. Molière s’en inspire pour son Dom Juan (1655), avant que le mythe ne gagne l’opéra dès 1669 avec L’impio punito d’Alessandro Melani.
Probablement davantage que tout autre opéra, Don Giovanni demeure une œuvre équivoque, permettant une lecture et une interprétation sans cesse renouvelées. Chaque époque, chaque mise en scène apporte un éclairage singulier sur le personnage, tantôt libertin, tantôt blasphémateur ou existentialiste... Depuis la dernière production de ce chef-d’œuvre à l’Opéra de Lille il y maintenant 20 ans, les bouleversements qu’a connus notre société, à commen
#Mozart #DonGiovanni #EmmanuelleHaim
Don Giovanni est le deuxième opéra que Mozart compose en collaboration avec le librettiste vénitien Da Ponte, après Les Noces de Figaro et avant Così fan tutte. Il résulte d’une commande des impresarios italiens Pasquale Bondini et Domenico Guardasoni. Sans grande réussite à Prague, la compagnie de Bondini est sur le point de quitter la ville quand elle finit par triompher avec Les Noces de Figaro. Désireux d’obtenir un autre succès grâce à Mozart, Bondini lui commande un nouvel opéra.
Avec Don Giovanni, le tandem Mozart-Da Ponte conquiert une fois encore les spectateurs du Théâtre national : « Connaisseurs et artistes affirment que rien de tel n’a été donné à Prague. Mozart dirigeait en personne, et lorsqu’il fit son apparition à l’orchestre, il fut salué par une triple acclamation », peut-on lire dans une gazette de l’époque. Pourtant, après Les Noces de Figaro, le public aurait pu s’émouvoir de ne pas retrouver la même veine légère et espiègle. Car Don Giovanni opère un changement de ton de la comédie vers la tragédie. Qualifiée de dramma giocoso (drame joyeux), l’histoire s’ouvre sur un meurtre et se conclut par une descente aux enfers. Entre les deux se déploie une comédie ambiguë, peuplée de personnages plus complexes qu’il n’y paraît.
Personnages plus complexes qu’il n’y paraît. Si la partition combine la plus gracieuse élégance et la plus extraordinaire expression dramatique, les parties essentielles de l’opéra semblent être celles où prédomine l’élément tragique – le duel entre Don Giovanni et le Commandeur, la mort de ce dernier, la douleur de Donna Anna et le trépas du séducteur. Ainsi, la musique constitue autant une apothéose de l’opéra italianisant du XVIIIe siècle qu’une prémonition du romantisme.
C’est dans l’Espagne du Siècle d’Or que la légende de Don Giovanni trouve son origine. Le personnage apparaît pour la première fois vers 1630 sous la plume de Tirso de Molina, dans El Burlador de Sevilla (L’Abuseur de Séville). Le moine utilise la figure de Don Juan pour dénoncer l’attitude de ses contemporains vivant sans honte dans le péché, convaincus d’être pardonnés à la simple condition de se repentir avant leur mort. Molière s’en inspire pour son Dom Juan (1655), avant que le mythe ne gagne l’opéra dès 1669 avec L’impio punito d’Alessandro Melani.
Probablement davantage que tout autre opéra, Don Giovanni demeure une œuvre équivoque, permettant une lecture et une interprétation sans cesse renouvelées. Chaque époque, chaque mise en scène apporte un éclairage singulier sur le personnage, tantôt libertin, tantôt blasphémateur ou existentialiste... Depuis la dernière production de ce chef-d’œuvre à l’Opéra de Lille il y maintenant 20 ans, les bouleversements qu’a connus notre société, à commen
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