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ÉducationTranscription
00:00 Alors maintenant si je voulais, on a encore le temps, ouais.
00:02 Bon voilà j'ai balancé, j'ai pas respecté mon plan comme jamais, comme toujours,
00:06 mais je crois que je balance un peu tout quand même.
00:08 Donc lutte intersectionnelle, intersectionnalité, race, sexe et classe,
00:13 différence entre la culture française d'origine et la vision américaine,
00:18 ces visions liées à leur histoire propre.
00:20 Aujourd'hui, l'importation en France de la vision américaine
00:25 qui prétend s'appuyer sur une vision française, et ça s'appelle la French Theory.
00:29 Alors là, French Theory c'est intéressant parce que...
00:32 Enfin c'est intéressant, c'est très compliqué parce que en fait,
00:35 ça prétend s'appuyer sur de la haute philosophie française des années 60-70.
00:40 J'ai un peu travaillé dessus, bon pour dire que j'ai abordé le sujet,
00:43 mais c'est assez chiant parce que il faut comprendre ce que c'est que la French Theory.
00:47 La French Theory, pour les américains, c'est l'école philosophique et sociologique française
00:53 des années 60-70-80.
00:56 Et en fait, je vais vous dire de quoi c'est fait,
00:59 après un travail de synthèse assez difficile à réaliser.
01:02 Alors j'ai marqué la French Theory et l'intersectionnalité,
01:06 c'est la récupération et la déformation de la philosophie française en crise des années 60-70.
01:11 Alors la situation originelle de cette philosophie en crise,
01:14 c'est l'effondrement de la domination marxiste liée à l'effondrement de l'URSS,
01:18 et surtout l'échec de l'URSS comme aboutissement du progressisme de gauche.
01:22 Le vrai traumatisme de la gauche, qui est une gauche qui démarre en France avec Montaigne,
01:27 qui prend le pouvoir avec la Révolution française,
01:30 et qui continue à monter avec les guélias non-marxismes.
01:33 Donc il ne fait que monter jusque dans les années...
01:36 Même encore avec Sartre qui disait, bien qu'il n'était pas du tout marxiste en étant existentialiste,
01:40 que le marxisme était l'horizon indépassable de notre temps.
01:43 Donc on admettait qu'il n'y avait rien au-delà du marxisme,
01:46 jusqu'à, on va dire, 1950.
01:50 Et puis à un moment donné, ça a commencé à déconner avec quoi ?
01:53 Avec l'URSS, la persécution en 1956 de la Hongrie,
01:57 et puis en 1968 bien plus de la Tchécoslovaquie.
02:00 C'est-à-dire que là, la gauche progressiste, avec tout son bagage intellectuel et historique,
02:05 n'a plus pu dire que l'homme nouveau et le destin de toute l'épopée progressiste
02:10 qui partait de quelque part de la démocratie grecque pour arriver jusque là,
02:13 c'est l'écharpe à Varsovie et c'est l'URSS avec la sale gueule de Brejnev, etc.
02:18 Et là, il y a un effondrement du projet progressiste
02:21 qui fait que les philosophes français, malgré tout leur bagage, etc.,
02:25 se retrouvent un peu orphelins de leur légitimité et de leur projet.
02:28 En gros, je dirais ceci. Il me semble qu'il y a deux types de conséquences.
02:32 Première, celle-ci, c'est que jusqu'en 1956,
02:36 il me semble que la question était "Est-ce que l'on peut encore être un petit peu bourgeois ?"
02:43 Étant entendu que de toute façon, il faut être marxiste.
02:46 C'est-à-dire, comment peut-on sauver la liberté ? Comment peut-on sauver l'homme ?
02:50 Enfin, on voit bien à quoi je pense.
02:52 Et puis, à partir de 1956, la question a été plutôt "Dans quelle mesure et comment
02:58 est-ce que l'on peut encore être marxiste, étant donné ce qu'on voit ?"
03:01 Bon, alors, ça a été, je crois, un changement important.
03:04 Puis, le second, je dirais que c'est ceci, c'est que finalement,
03:08 les intellectuels ont bien été obligés de faire place à quelque chose qui était l'événement.
03:15 Un événement qui leur est arrivé et pour lequel ils n'avaient pas d'instrument préalable
03:20 qui permette de le régler.
03:21 Et là, ils sont dans la merde.
03:23 Et comme ils sont quand même philosophes professionnels, il faut qu'ils se recyclent.
03:26 Ils vont pas dire "On fait autre chose".
03:28 Il y en a d'ailleurs qui sont partis faire autre chose, mais ceux-là, on s'en souvient pas par définition.
03:32 Et donc, il a fallu qu'ils se recyclent.
03:34 C'est-à-dire, ça s'appelait la fin du grand récit progressiste.
03:37 Et on admit qu'il n'y avait pas d'hommes nouveaux,
03:39 et que l'homme nouveau était encore pire que l'ancien, d'une certaine manière,
03:42 qu'il n'y avait pas de paix perpétuelle, selon qu'on s'appuie sur Kant
03:45 ou qu'on s'appuie sur la séquence Hegeliano-marxiste.
03:48 Et on tombe effectivement dans l'éternel retour de Nietzsche.
03:51 C'est pas un hasard si à un moment donné, les penseurs de gauche marxistes
03:55 se retournent vers un Nietzsche soi-disant de gauche.
03:57 C'est l'éternel retour.
03:58 L'éternel retour, la volonté de puissance.
04:00 Chez Nietzsche, il y a les deux.
04:01 Volonté de puissance, ça va donner l'idéologie du désir.
04:04 Le moi, ce qu'on appelle le moi...
04:07 Que je raconte.
04:08 Le moi Nietzschéo-freudien.
04:11 C'est-à-dire le primat du désir sur la raison.
04:14 L'animalité de l'homme, sa sexualité, etc.
04:16 C'est tout un rebond philosophique qui dit...
04:19 Qui d'ailleurs est obligé de dire que la raison n'a pas abouti
04:23 à ce qu'on appelle le communisme dans le marxisme.
04:25 Réconciliation de l'homme avec lui-même et avec la nature.
04:28 Donc on commence à critiquer la raison.
04:31 Donc on remet en scène le contraire de la raison qui est la déraison.
04:35 C'est la pulsion, le désir, la folie.
04:38 Et vous verrez que c'est à grande mode à un moment donné.
04:40 On ressort les personnages comme Antonin Arthaud.
04:43 On ressort les grands suicidés de la société.
04:45 Alors il y a Lyotard qui se met à écrire des dispositifs pulsionnels.
04:48 C'est tous des anciens marxistes.
04:50 Deleuze qui s'acoquine avec Guattari et qui écrit l'anti-Oedipe.
04:53 Alors l'anti-Oedipe, il faut comprendre, c'est l'idéologie du désir.
04:57 En s'appuyant sur Freud.
04:58 Mais sans le surmoi.
04:59 Parce que chez Freud, il y a l'Oedipe et il y a le surmoi.
05:01 C'est-à-dire que le surmoi, c'est la socialisation raisonnable
05:04 de l'être désirant.
05:05 Qui d'individu désirant, égoïste et non-civilisé
05:09 va vers la morale et la socialité par le travail du surmoi.
05:12 Qui est notamment l'éducation du père, etc.
05:14 Et ça, ça s'appelle la vision freudienne.
05:16 Qui reste une vision occidentale, on va dire, morale et sociale à peu près viables.
05:21 Parce qu'elle fait surdéterminer la loi morale sur la toute puissance du désir.
05:26 Par notamment la structuration oedipienne, etc.
05:30 Alors que dans l'anti-Oedipe de Guattari, c'est le désir libérateur en soi
05:35 qui se libère du surmoi.
05:36 C'est-à-dire de l'instance morale
05:38 qui l'empêcherait de jouir pleinement et de s'épanouir.
05:41 Et là, on est dans l'idée que pour que la société soit agréable,
05:44 il faut que les hommes se laissent aller à leur désir
05:46 plutôt que de les réprimer.
05:48 Ce qui est d'ailleurs un moment où il y a une pédophilie d'extrême gauche très active.
05:52 - C'est ce que je voulais dire, ça fait que de Benedict qui dit en direct qu'il est pédophile.
05:56 - Oui, oui, c'est ça, bien sûr.
05:57 Vous pouvez tout articuler avec ça.
06:00 Et c'est à un moment donné, vive la folie, vive le désir, vive le sexe.
06:04 La raison nous casse les couilles et nous a amené à l'URSS, vous voyez.
06:07 Et donc, on a des philosophes qui, au lieu d'être des hommes de sagesse,
06:10 puisque le philosophe, c'est celui qui aime la sagesse,
06:13 deviennent des propagateurs de délires transgressifs.
06:16 La transgression devient un truc très important.
06:18 Deleuze, qui est un marxiste, se met à écrire sur sa chaire "Masochisme".
06:22 On lance la grande mode de Sade,
06:25 avec Français encore un effort pour être vraiment républicain.
06:29 Et c'est là qu'il faut comprendre toute cette épopée 60-70
06:32 de libération de l'homme, du carcan progressif
06:36 et du carcan de la raison qui, effectivement,
06:39 ayant amené à l'URSS, il faut prendre un virage.
06:42 Mais c'est marrant, c'est parce que c'est fait quand même par des professionnels de la philosophie
06:45 qui ont toute la culture philosophique grecque, franco-allemande.
06:49 Donc, quelque part, ils brûlent leur propre vaisseau, d'une certaine manière.
06:53 C'est des renversements assez violents, d'ailleurs.
06:55 Deleuze se suicide, Althusser assassine sa femme,
06:58 fout le feu à normal-sup et il se retrouve à l'asile.
07:01 On a quand même des épisodes très délirants.
07:03 Donc, ça inaugure ce qu'on appelle la post-modernité.
07:06 La post-modernité, c'est... on sort de la modernité
07:09 parce que la modernité n'a pas atteint ses buts
07:12 et même a atteint le contraire, c'est-à-dire le goulag.
07:14 C'est le moment où on vous réduit le communisme au goulag,
07:17 c'est-à-dire à quelque chose qui ressemble au camp de concentration.
07:21 L'épopée progressiste, c'est le goulag.
07:23 Et ça, c'est les nouveaux philosophes, d'ailleurs.
07:25 Luxmann a commencé avec ça.
07:26 J'interrogeais la capacité qu'avait eu le marxisme
07:31 de faire avaler un certain nombre de choses.
07:34 Quand ces choses s'appellent "40 millions de déportés morts"
07:38 dans les camps sibériens, ces choses sont assez grosses.
07:43 Il n'est pas responsable à proprement parler du goulag,
07:45 il est responsable de notre aveuglement
07:48 par rapport à des phénomènes de style concentrationnel.
07:51 Donc, ces marxistes qui se disent
07:53 "on ne peut plus rien faire avec le marxisme",
07:55 on inaugure la post-modernité.
07:56 Alors, il s'appuie sur ce qui existe dans la philosophie à ce moment-là
07:59 et qui n'est pas marxiste.
08:00 Et le gros truc qui existe dans la philosophie à ce moment-là
08:02 et qui n'est pas marxiste, c'est l'anthropologie structuraliste.
08:04 C'est Lévi-Strauss, qui s'appuie notamment sur le travail de saussure,
08:07 c'est-à-dire le langage.
08:09 Le langage est une structure, le truc devient toutes les structures.
08:12 Et on a le structuralisme en anthropologie, c'est Lévi-Strauss,
08:15 qui devient aussi le structuralisme en poétique, c'est Genette,
08:18 vous n'en avez jamais entendu parler, c'est l'étude des tropes.
08:21 Le structuralisme en psychanalyse, c'est le passage de Freud à Lacan,
08:24 qui d'ailleurs abusivement appelle son école "l'école freudienne",
08:27 alors que c'est antifreudien, c'est assez marrant.
08:30 Et on a ce que j'appellerais le néo-marxisme d'Altusserre,
08:33 avec sa fameuse coupure épistémologique.
08:35 C'est-à-dire qu'on a du structuralisme partout.
08:37 Les post-modernes se disent "on va se servir du structuralisme
08:40 qui est assez pertinent en anthropologie",
08:43 c'est les travaux de Lévi-Strauss,
08:44 "et on va l'étendre à peu près à tout".
08:47 Donc on a en fait une double origine de cette nouvelle philosophie
08:53 qu'on appelle post-moderne.
08:55 C'est d'un côté l'idéologie du désir,
08:57 c'est-à-dire le désir contre la raison, la pulsion, l'anti-Oedipe, etc.
09:01 Et de l'autre côté, tout est langage,
09:03 c'est-à-dire qui s'appuie sur le structuralisme en anthropologie,
09:06 qui lui-même s'appuie sur le structuralisme de Saussure en linguistique.
09:10 C'est-à-dire que tout est langage et tout est désir.
09:12 Et alors après, les penseurs ne sont pas plus cons que moi,
09:15 comment articuler, puisque le marxisme on ne peut plus s'appuyer dessus,
09:19 les philosophies du langage et les philosophies du désir ?
09:22 Et là, on a toute la French Theory d'une certaine manière,
09:25 qui en fait d'ailleurs est un gloobie-glooba fait par les américains
09:28 qui ne sont pas très bons au philo,
09:30 c'est-à-dire qu'ils mettent dans le même paquet tous les penseurs post-modernes.
09:33 Alors ils mettent en avant Foucault parce que Foucault est sur les deux terrains.
09:37 Il est sur la question des prisons et la question des asiles d'aliénés,
09:41 dont notamment surveiller et punir.
09:43 Et il est aussi sur la question structuraliste linguistique,
09:46 sur les mots et les choses, vous voyez ?
09:48 Donc il a la double casquette, c'est pour ça que le champion
09:51 de la French Theory pour les américains, c'est Michel Foucault.
09:54 Mais Michel Foucault c'est très intéressant,
09:56 mais ça ne produit pas d'ailleurs une pensée de synthèse.
09:58 Et c'est aussi, on va le dire, un homosexuel tourmenté
10:01 de la bourgeoisie catholique française,
10:03 qui est dans une question un peu au départ suicidaire,
10:06 d'avoir du mal à accepter son homosexualité,
10:09 comme c'était le cas à l'époque pour des raisons idéologiques globales,
10:12 et qui s'épanouit progressivement dans son homosexualité.
10:15 Comme d'ailleurs même chose pour Roland Barthes,
10:19 qui fait de la sociologie marxiste appliquée
10:22 avec un livre très intéressant des années 50,
10:24 qui s'appelle "Mythologie", et qui finit dans les années 75,
10:27 dans "Fragments du discours amoureux", qui est très très faible,
10:30 avec une écriture jeune, parce qu'il y a aussi la composante
10:33 qu'on s'adresse à des jeunes.
10:35 Ça aussi c'est pareil, pluridétermination.
10:38 On va dire, à l'époque des grands philosophes
10:40 de l'école allemande et française,
10:42 la philosophie s'adresse à des jeunes adultes mâles,
10:44 en petit nombre, les étudiants en philosophie.
10:47 C'est des garçons et c'est très peu nombreux.
10:49 À partir de la fin de la Deuxième Guerre mondiale,
10:51 on a deux phénomènes, c'est l'ouverture de l'université aux filles,
10:55 donc on a des filles qui se mettent à étudier la philo et les sciences humaines,
10:58 et une massification de ce qu'on appelle les sciences humaines,
11:01 c'est-à-dire qu'il y a beaucoup plus de monde.
11:03 Quand il y a plus de monde, le niveau baisse, vous pouvez être sûr,
11:06 parce qu'il faut ratisser large.
11:08 Et quand on fait rentrer des filles, ça pose un problème,
11:11 c'est que les élèves sont à moitié des filles,
11:13 mais les profs restent des hommes dans un premier temps.
11:15 Donc d'un seul coup, le discours philosophique devient,
11:18 dans une période d'émancipation du désir sexuel,
11:21 un moyen de séduction sur les jeunes filles étudiantes en sciences molles.
11:25 Et ça d'ailleurs, le pionnier de ça, c'est Jean-Paul Sartre,
11:27 avec Simone de Beauvoir en rabatteuse.
11:29 J'ai écrit sur tout ça dans mes œuvres, vous pouvez trouver tout ça.
11:32 Il y a 20 ans, j'avais déjà fait tout le boulot.
11:34 Et donc en fait, la French Theory, qui fascine, comme par hasard,
11:37 les campus de Californie américain,
11:39 c'est un espèce d'amalgame, on va dire,
11:42 comme nous on flash sur le rock'n'roll américain,
11:44 les américains, des sciences humaines,
11:46 où ils sont pas très bons en sciences humaines,
11:47 ils flashent sur ce qu'on appelle la deuxième école de Paris,
11:51 dans la version intellectuelle,
11:53 c'est qu'en fait la philosophie occidentale
11:56 est un dialogue entre allemands et français, en gros.
11:58 Il n'y a personne d'autre, les russes n'y étaient pas,
12:00 les anglais font de l'économie.
12:02 Et ils sont fascinés par l'intellectualisme de cette école-là,
12:05 qui sont des post-modernes,
12:07 donc qui sont plus dans la morale collective
12:09 du combat prolétaire, progressiste, pour l'égalité sociale,
12:12 mais qui sont dans des types qui font l'apologie de l'idéologie du désir,
12:15 de la folie, de la pulsion,
12:17 et qui vous disent que tout est langage, et que tout est structure.
12:20 Cette sauce permet, par exemple,
12:22 la synthèse assez dérisoire qu'en fait Butler,
12:27 qui est la théoricienne de l'agendaire théorie,
12:30 qui elle s'appuie sur le plus mauvais et le plus escroc
12:33 de tous ces philosophes de ce qu'on appelle la déconstruction
12:36 et de la post-modernité, qui est Derrida.
12:38 Et lui, alors c'est carrément du talmudisme philosophique.
12:40 Pour moi c'est de la merde intégrale.
12:42 Déjà Lacan c'est très très...
12:44 Aujourd'hui vous lisez ça, c'est à la limite de l'escroquerie.
12:47 Moi je pense que c'est même de l'escroquerie.
12:49 Mais ça permet tous les délires aujourd'hui LGBT,
12:52 au niveau du substrat théorique sur sexualité de genre,
12:56 sexualité innée ou héritée, c'est-à-dire cisgenre, transgenre,
13:01 tout ça s'est construit intellectuellement
13:04 sur de la déconstruction philosophique, c'est assez marrant,
13:07 et notamment en s'appuyant sur le plus, je dirais, tricheur pour moi,
13:12 le plus frelaté de tous ces philosophes post-modernes
13:15 de la déconstruction généralisée, qui est Derrida.
13:18 Et Derrida c'est vraiment...
13:20 Là je vous simplifie, parce que le problème c'est que
13:23 là où vous vous ferez toujours baiser quand vous critiquez ces penseurs,
13:25 c'est qu'ils ont pondu 2000 pages d'œuvres.
13:27 Et donc vous êtes censés vous taper toutes leurs œuvres,
13:30 et puis on vous rassure que vous n'avez pas vraiment compris ce qu'ils ont dit,
13:32 parce que c'est tellement subtil,
13:34 parce qu'il faut comprendre le sous-texte et l'hyper-texte,
13:36 tu sais, des mecs...
13:37 C'est-à-dire qu'avant t'écrivais pour être compris,
13:39 comme je le fais encore moi,
13:41 le langage était un support de la pensée,
13:43 et t'essayais d'être le maximum compréhensible dans ton expression.
13:46 À un moment donné, avec l'idée de la fin des grands récits,
13:50 ça c'est l'idée qui est chez Foucault,
13:53 et qui est reprise encore plus violemment par Lyotard,
13:55 et encore plus par Derrida,
13:57 c'est que tout discours intellectuel
14:00 est d'abord un discours, puisque c'est oral et écrit,
14:03 et c'est en fait, tout est un jeu de langage.
14:05 Rappelez-vous, jeu de langage, structuralisme, saussure.
14:07 Donc en fait, toutes les explications du monde,
14:09 concurrentes, libérales, communistes,
14:11 peuvent se réduire, dans l'époque de ce qu'on appelle la fin des grands récits,
14:15 à des récits de séduction et de domination,
14:18 qui ne sont en fait que des textes,
14:20 et qu'il faut étudier comme texte.
14:22 C'est-à-dire que, vous voyez, Marx c'est un texte,
14:25 Lacan c'est un texte, Freud c'est un texte,
14:28 et on est dans du jeu de langage,
14:31 et dans des récits,
14:32 et dans des récits qui ont un potentiel plus ou moins grand
14:34 de séduction et de domination.
14:36 On est déjà sur l'idée d'emprise.
14:38 À un moment donné, on a été sous emprise de Karl Marx.
14:40 On n'a pas été marxiste, parce que Marx avait un outil
14:43 très fin et très subtil pour comprendre les mécanismes
14:45 de ce qu'on appelle les dérives de l'accumulation capitaliste.
14:48 À partir de la déconstruction de la postmodernité,
14:50 c'est, on a été sous emprise du discours marxiste,
14:53 en tant que discours de séduction,
14:54 qui nous promettait l'homme nouveau, la société sans classe,
14:57 la réconciliation de l'homme avec la nature et avec lui-même,
15:00 mon cul il n'est pas crête, vous voyez.
15:01 Et là, à partir de cette idée que tout est langage,
15:05 et tout est discours,
15:07 on peut produire à peu près n'importe quoi,
15:10 en disant le sexe naturel n'existe pas.
15:13 On peut s'affranchir en fait de toutes les déterminations
15:16 fondées sur la raison sérieuse et traditionnelle.
15:19 [Musique]