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00:00 - Sécurité routière, on en parle régulièrement, mais la vitesse, l'alcool, le téléphone au volant, les stupéfiants continuent à faire beaucoup de victimes sur nos routes.
00:07 70 tués sur les routes de Gironde en 2023. Pour accentuer la lutte contre les comportements à risque,
00:12 l'Assemblée nationale a voté fin janvier la création d'un homicide routier. Et nous on en parle ce matin avec notre invitée Nathalie Prieto-Icozio,
00:21 militante de l'association Justice pour les victimes de la route. - Bonjour Nathalie Prieto-Icozio. - Oui bonjour à vous. - On parle de cet homicide routier, c'est un
00:29 objet de lutte de longue date pour les associations et les collectifs des victimes de la route. Le texte doit encore être voté au Sénat,
00:37 mais c'est une bonne nouvelle pour vous qu'on y arrive à cet homicide routier ? - Oui exactement,
00:41 depuis la création du collectif Justice des victimes de la route, le collectif,
00:47 qui est présidé par madame Cathy Bourgoin, la présidente de l'association dont le siège est dans les Rots,
00:56 se bat depuis plus de dix ans pour
00:59 que cette création de l'homicide routier
01:02 soit reconnue pour remplacer ce terme que l'on qualifie d'homicide involontaire, un homicide routier.
01:09 C'est un combat pour elle qui a démarré sous l'impulsion avec des familles de victimes,
01:13 dont elle a tenu, et une petite lueur d'espoir effectivement se met en place pour que nos victimes de la route
01:20 reviennent un peu plus dans le centre de ces délires routiers. - Qu'est-ce que ça va changer concrètement le fait de passer de
01:28 poursuites pour homicide involontaire à homicide routier ? - Mais vous savez quand on reçoit une convocation au tribunal pour le procès, qu'on reçoit
01:35 ce terme homicide involontaire,
01:38 alors que c'est un chauffard qui a tué nos êtres chers, nos victimes, nos enfants, nos proches,
01:44 sous des circonstances aggravantes avec l'alcool, la vitesse, les stupéfiants, etc.
01:50 On se dit qu'en fait quand on prend la voiture, cette arme, on est tous responsables et volontaires de ce
01:57 de ce moyen de locomotion qui est autre qu'un véhicule terrestre, donc on ne peut pas accepter
02:03 ce terme déjà en tant que
02:06 personnel et
02:09 reconnu
02:10 surtout pour rajouter d'autres circonstances aggravantes dans ces faits de délire routier. - A priori ça va pas changer les peines qu'encourent
02:17 les gens qui sont poursuivis, mais vous pensez que peut-être pour les juges ça jouera,
02:21 le fait que ce soit un homicide routier pas un homicide involontaire dans leurs décisions, ça peut avoir un impact quand même ?
02:25 - Déjà on espère que les peines sont appliquées vis-à-vis des délits routiers qui a eu déjà des circonstances aggravantes
02:30 alors qu'il n'y a aucune peine qui sont mises à la hauteur des faits, au contraire les rôles sont inversés lors des
02:36 jugements et ensuite de rajouter, oui effectivement, un peu plus de circonstances aggravantes sur ce qu'il y avait déjà,
02:43 peut-être ça prendra une prise de conscience pour les citoyens qui utiliseront la voiture et qui se diront à effectivement
02:49 le fait d'utiliser le téléphone portable ou de ne pas mettre en assistance à personne en danger quand il y a des
02:55 délits de fuite, ça peut peut-être percuter aux questions de prise de conscience, mais c'est surtout que
03:02 effectivement il faudrait que les juges et les procureurs
03:05 remettent un peu d'humain dans le cœur de la justice en appliquant déjà les peines qu'il y avait avant, enfin qu'il faudrait aussi
03:11 - Qui sont prévues dans ces cas-là - Qui sont prévues dans ces cas-là alors qu'il n'y a rien du tout, je veux dire pas de peine
03:16 à la hauteur des faits
03:18 dans ces circonstances
03:20 des délits routiers lorsqu'il y a eu sûrement surtout des tués et aussi la souci des familles de victimes
03:26 très meurtries et des blessés qu'on n'en parle pas aussi, qui peuvent être aussi des handicapés, des blessés, des dommages collatéraux
03:33 qu'il y a à long terme.
03:35 - Notre invité ce matin Nathalie Prieto-Icozio, la maman de Corentin Fauché-Mortel, mort à 24 ans par un chauffard à Bordeaux,
03:40 c'est en juillet 2021, c'est aussi la vice-président de l'association Justice pour les victimes de la route.
03:45 Justement vous parlez effectivement de ce sujet avec beaucoup de coeur Nathalie Prieto-Icozio, parce que vous-même vous avez été frappée
03:51 par un de ces drames de la route, on va rien entendre.
03:54 À l'instant votre fils a été tué en 2021 à Bordeaux.
03:57 - Oui, Corentin partait donc en boîte de nuit sur le boulot à Fred Danney avec des copains et son ami, sa copine.
04:04 Il était minuit, il a passé trois heures dans la boîte, il est sorti à 3h30
04:08 pour traverser ce passage piton,
04:11 partir tranquillement, quand un chauffard, un tout jeune chauffard de 21 ans,
04:16 arrivait à vive allure
04:19 en percutant Corentin sur le passage piton,
04:22 projeté à 30 mètres plus loin. Corentin est mort sur le coup.
04:27 Ce chauffard évidemment
04:30 avait deux circonstances aggravantes, alcool, vitesse, vive allure sur ce boulevard à Fred Danney.
04:36 Donc effectivement avec une vitesse,
04:38 c'est
04:40 la vitesse est la première cause de mortalité qui tue. Donc effectivement,
04:44 surtout aussi l'alcool,
04:47 étant donné qu'on ne se rend jamais compte de ce qui se passe avant,
04:50 lorsque vous prenez la voiture,
04:54 que vous avez des amis autour qui sont là pour
04:57 aussi vous dire "non oui, peut-être que t'as, mais il ne faudrait pas". Donc il y a des... en fait des drames auraient pu être évité si les personnes
05:06 prenaient elle-mêle conscience de la gravité des choses lorsque vous prenez
05:10 un véhicule. - Ce jeune homme qui conduisait ce soir là, il a été jugé l'année dernière, il a écopé je crois de 4 ans de prison avec sursis.
05:19 Là aussi c'est une peine qui n'atténue pas votre douleur, on l'imagine ? - Non pas du tout, déjà
05:25 au moment des faits, quand il y a la garde à vue et que le juge décide de le mettre en contrôle judiciaire
05:30 avec certains propos, c'est sûr que déjà quand on prépare le dossier,
05:34 et pour le procès on est quand même un petit peu
05:37 traumatisé, on commence juste la procédure judiciaire et on se dit "mais un contrôle judiciaire en fait c'est quoi ?" En fait c'est rien.
05:45 - Il n'a pas été incarcéré ? - Pas du tout, pas de détention provisoire, c'est juste
05:49 d'aller pointer une ou deux fois par mois au commissariat pour qu'ils puissent continuer,
05:53 en plupart des chauffards à travailler, à faire leur vie comme si rien n'était, en attente du procès.
05:58 Sauf que l'attente du procès c'est toujours deux ans après, donc nous c'est vrai qu'après on attend vraiment un autre espoir ce jugement,
06:05 en fait on s'aperçoit que ce n'est même pas une condamnation, c'est juste un avertissement.
06:08 Quatre ans de prison avaient sursis, un an d'interdiction de conduire, c'est à dire que bientôt il pourra le repasser,
06:13 et nous ce qu'on voudrait éviter c'est d'autres drames, donc effectivement il y a beaucoup de mutilatricidivistes qui sont déjà en contrôle judiciaire,
06:20 qui conduisent sans permis, en fait il n'y a pas de stop, donc c'est une machine infirmière qui se met, s'il y avait une détention immédiate,
06:28 provisoire, au moment des faits déjà, ça mettra en sécurité les autres citoyens, puisque des mutilatricidivistes
06:33 ils ont fait six ou sept fois, ils peuvent faire huit ou neuf fois, et en fait nous dans le collectif justice,
06:38 ce qu'on voudrait c'est qu'il y ait une justice et qu'on remette les victimes au centre.
06:43 - On ne parle pas assez des victimes. - Non on n'en parle pas assez, on les met bien loin d'ailleurs le jour des
06:49 procès, on entend tellement de propos qu'en fait on se demande
06:54 si on renverse pas les rôles, si les auteurs des faits deviennent pas les victimes, parce qu'il faut pas les traumatiser,
06:59 ils vont refaire leur vie, ils sont jeunes, ils ont des circonstances atténuantes, vous savez le jour des faits, quand on attend deux ans pour un procès,
07:07 entre temps il y a des circonstances atténuantes qui se mettent sur les chauffards, donc en fait
07:12 on devrait juger un peu plus vite pour que ça soit fait
07:15 au moment des faits et pas attendre après. - Donc c'est ce que vous réclamez avec ce collectif
07:20 justice pour les victimes de la route, que ça aille plus vite, que les peines soient peut-être
07:23 davantage appliquées, c'est ce que vous réclamez ?
07:26 - Oui on réclame que ça aille plus vite, pas de procès à procès, je veux dire il faut pas que ce soit aussi un procès
07:32 bâclé, les avocats sont là pour nous soutenir, nous accompagner, moi d'ailleurs mon avocate elle a été très humaine,
07:38 elle m'a toujours accompagnée, que ce soit dans n'importe quelle démarche,
07:41 mais c'est long, on attend vraiment ce procès et on a une télure d'espoir, déjà quand ça commence mal avec un contrat judiciaire et qu'il faut
07:49 faire avec parce qu'on n'a pas le choix, il faut savoir aussi que nous on demande à ce que les victimes soient un peu plus au centre,
07:55 chose qu'on a toujours refusé, c'est à dire par exemple nous demandons une place plus importante pour les partis civils,
08:00 quand on sait qu'on ne peut pas faire appel et que les chauffards peuvent faire appel sur les décisions
08:05 et qu'en fait on les apprend des fois beaucoup plus tard et qu'on n'est pas au courant,
08:08 quand on sait que les détentions
08:11 provisoires et qu'on apprend que les chauffards sont remis en liberté parce qu'on ne sait pas pourquoi,
08:16 donc il faut recommencer tout ça et c'est très difficile.
08:19 - Revoir toutes ces procédures, merci beaucoup d'avoir été là aujourd'hui avec nous Nathalie Prieto-Icozio,
08:25 d'avoir témoigné sur France Bleu Gironde ce matin, je rappelle que vous êtes la vice-présidente de ce collectif
08:29 justice pour les victimes de la route, merci beaucoup.

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