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Laura Rapp, victime de violences conjugales et d'une tentative de féminicide, témoigne sur BFMTV de la difficulté de se faire entendre et de la bataille judiciaire qu'elle a dû livrer

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Transcription
00:00 Je voulais qu'on revienne un peu sur votre histoire.
00:03 En avril 2018, après 5 ans de violences conjugales,
00:06 vous avez été victime d'une tentative de féminicide, c'est ça ?
00:11 -Bonsoir. Oui, tout à fait.
00:12 Après avoir vécu 5 années de violences conjugales,
00:16 ce soir-là, mon ex-compagnon m'a failli tuer sous les yeux de notre fille.
00:20 Si j'ai été sauvée cette nuit-là,
00:23 c'est grâce aux voisins. Les voisins m'ont sauvée la vie.
00:26 -Comment...
00:28 Comment il s'y est pris ?
00:30 -On était en soirée, je suis rentrée avant lui,
00:34 il est rentré après moi, j'étais dans la chambre de ma fille,
00:38 j'étais ressortie de la chambre, on s'est disputé dans le séjour,
00:41 je suis retournée dans la chambre de ma fille,
00:44 je me suis allongée à côté d'elle, il est arrivé, il m'a sautée dessus,
00:48 je me suis écrasée sur la table de chevet,
00:50 le seul mot qu'il a eu, c'était "je vais te tuer".
00:53 Il m'a étranglée à plusieurs reprises, j'ai perdu connaissance
00:57 des esprits, ma fille n'était plus dans sa chambre,
01:00 je l'entendais hurler, j'ai couru vers le séjour,
01:03 je lui ai demandé de me la rendre, il ne voulait pas.
01:06 J'ai réussi à lui reprendre de force,
01:08 et je ne sais pas pourquoi, mon réflexe a été d'aller
01:11 dans la chambre de ma fille pour la reposer dans le lit,
01:14 sauf qu'il était derrière moi, il m'a ressautée dessus,
01:17 il m'a dit "je vais te tuer".
01:19 Je savais qu'il était déterminé, je voyais un regard noir,
01:22 totalement déshumanité, je me suis dit que la seule solution,
01:26 c'était de me faire sortir de la chambre.
01:28 Je me suis débattue de toutes mes forces,
01:30 sauf que quand je suis arrivée devant la porte de l'appartement,
01:34 la porte était fermée à clés, on ne ferme jamais à clés,
01:37 c'était un appartement neuf, il y avait juste à pousser la porte,
01:41 mes clés qui étaient sur la porte n'étaient plus là,
01:44 j'ai voulu sauter par la fenêtre, mais trop tard, il est arrivé,
01:47 il m'a éclaté la tête à plusieurs reprises sur le mur,
01:50 je me suis écroulée par terre, et là, il s'est remis sur moi.
01:54 On m'a sauvée la vie en frappant la porte, il m'a étranglée,
01:57 je me suis vue partir, et le fait qu'il frappe à la porte,
02:01 ça a arrêté la strangulation, il est parti dans la chambre
02:04 de ma fille, on avait en double des clés sur un buffet,
02:07 j'ai rampé comme un chien pour aller chercher ses clés,
02:11 j'ai réussi à ouvrir la porte, je me suis écroulée dans le couloir,
02:14 les voisins ont appelé la police,
02:17 mon ex-compagnon est passé devant tout le monde, il s'est enfui,
02:20 mais il a été arrêté peu de temps après,
02:23 une demi-heure après.
02:24 -Et vous l'aviez signalé,
02:26 parce que vous dites qu'avant cette tentative de féminicide,
02:30 vous aviez subi 5 ans de violence conjugale.
02:32 Est-ce que vous l'aviez...
02:34 Vous aviez porté plainte contre lui à plusieurs reprises ?
02:37 -Non, j'avais jamais déposé plainte contre mon ex-compagnon.
02:41 Il faut savoir qu'il y a eu 3 interventions de police.
02:44 Moi, j'ai jamais contacté la police.
02:46 Au départ, je ne mettais pas des mots sur des mots,
02:49 même à la 1re intervention de police.
02:52 Il est venu chez moi, des voisins l'ont appelé,
02:54 il s'est enfui, mais je ne me disais pas
02:57 que j'étais victime de violence conjugale.
02:59 La 2e fois, la 2e intervention de police,
03:02 c'était chez sa mère.
03:03 Il est rentré de soirée alcoolisée,
03:05 c'était violent, il m'a étranglée,
03:08 j'ai supplié sa mère d'appeler la police,
03:10 parce qu'elle était en train de m'étrangler,
03:13 elle a rien fait, elle lui a pas dit d'arrêter.
03:15 C'est la voisine qui a fait arrêter,
03:17 en frappant et en appelant la police.
03:20 Cette fois-ci, pareil, j'étais en état de choc,
03:22 en état de sidération, les policiers m'ont dit
03:25 d'aller déposer plainte, mais pareil.
03:28 A la 3e intervention de police,
03:29 il m'avait menacée de mort,
03:31 il avait balancé une bouteille d'eau froide sur ma fille,
03:34 et après, il nous avait menacé de mort avec un club de golf.
03:38 J'avais appelé mes parents pour qu'ils viennent,
03:41 eux avaient appelé la police.
03:42 Quand ils sont arrivés, ils nous ont séparés chacun
03:45 dans une pièce, j'ai eu des clics,
03:48 j'ai été prise à notre fille, j'ai demandé au policier
03:50 si je dépose plainte, qu'est-ce qui va se passer ?
03:53 Il m'a dit que la bouteille d'eau, c'était pas bien,
03:56 mais que ça allait pas être considéré comme des coups,
03:59 et que les menaces de mort, c'était ma parole contre la sienne.
04:03 Je pouvais déposer plainte, mais qu'il y aurait pas grand-chose.
04:07 Je savais que si je déposais plainte
04:09 et que j'étais pas protégée, j'étais morte.
04:11 -Donc vous n'avez pas déposé plainte,
04:14 et quelques temps plus tard, vous avez été victime
04:17 d'un autre cas de féminicide.
04:18 Il a été condamné fin 2019 à 8 ans de prison ferme,
04:22 il a fait moins de 5 ans de prison,
04:24 et derrière ça, vous avez eu peur, c'est ça ?
04:27 -Je vis un enfer.
04:29 Je vis un enfer.
04:30 Depuis que j'ai déposé plainte, c'est un deuxième cauchemar.
04:33 Après, j'ai protégé ma fille, donc si c'est le prix à payer...
04:37 Déjà, il a été libéré avant le procès,
04:39 d'où mon tweet.
04:41 Il y a eu trois mois d'infraction au contrôle judiciaire
04:44 où la juge d'instruction n'a jamais répondu.
04:47 Du coup, c'est pour ça que j'ai dû tweeter,
04:49 et une semaine après mon tweet, il a été remis en détention
04:53 pour toutes les infractions.
04:55 J'ai dû me battre pour faire reconnaître ma fille victime,
04:58 pour qu'il ne soit déchu de ses droits parentaux.
05:01 Après le procès d'Assise, même pas un mois après,
05:04 j'ai dû déposer une plainte pour cyberharcèlement
05:07 avec 10 jours d'ITT.
05:08 Je sais que c'était lui sur les réseaux sociaux.
05:11 Il a été condamné à 8 ans pour une tentative de meurtre.
05:14 C'est vrai que c'est très drôle.
05:16 La plainte a été classée sans suite.
05:18 J'ai déménagé de sa prison et il a retrouvé mon adresse.
05:22 J'ai déposé une plainte,
05:23 j'ai jamais eu de nouvelles auprès du procureur.
05:26 Ça doit être dans une pile parmi tant d'autres.
05:29 Sa mère m'a attaquée en justice pour récupérer les droits
05:33 sur ma fille.
05:34 Si c'est pas eux qui nous tuent, c'est via le système judiciaire.
05:38 J'ai eu deux ans de bataille judiciaire avec sa mère
05:41 et finalement, elle n'a obtenu aucun droit sur ma fille.
05:44 Mais je crois que le pire,
05:46 il m'a fait ce que M. Dabal fait à la famille de sa femme.
05:53 Il a déposé plainte contre moi,
05:55 contre la maison d'édition, pour diffamation.
05:58 Je sais pas si on s'imagine de l'horreur que je peux vivre.
06:02 C'est un enfer de leur prison. Ils ont tous les droits.
06:05 Il a fait une constitution de partie civile,
06:08 vu qu'il a un peu d'argent.
06:10 Il a laissé une consignation, un chèque.
06:12 J'ai été mise en examen.
06:14 La juge n'a pas le choix.
06:16 J'ai été renvoyée devant un tribunal correctionnel.
06:19 J'ai dépensé plus de 10 000 euros de frais d'avocat.
06:22 Je me suis retrouvée prévenue par un homme, en plus,
06:25 qui m'a fait vivre des années de violence conjugale,
06:28 qui a failli me tuer.
06:30 Le 2 février, j'ai dû voir cet homme.
06:32 Quand vous parlez du féminicide du tribunal,
06:35 il a interdiction de rentrer en contact avec moi.
06:38 Le 2 février, je me suis retrouvée dans la boulangerie,
06:41 à côté du tribunal de Paris, au café, avec mon avocat,
06:45 des personnes du milieu associatif.
06:47 Cet homme rentre et s'assoit à quelques mètres de moi.
06:50 Cet homme est interdit dans le département.
06:53 La juge pense que je suis là.
06:55 Il s'affiche sur LinkedIn dans ce département.
06:58 Il n'y a aucun suivi.
07:00 On est dans une condamnation criminelle.
07:02 J'ai des avocats, des personnes qui me disent
07:05 qu'on est en France, mais je me dis qu'on est où.
07:08 On est sur une condamnation criminelle.
07:11 Cet homme fait ce qu'il veut.
07:13 On a prévenu la juge de l'application des peines.
07:16 Il y a eu 2 messages qui sont partis.
07:18 On n'a pas eu de réponse.
07:20 Au 1er message, c'était "je note".
07:22 On me donne un document, on me dit qu'elle a moins d'infractions,
07:26 et on répond "je note".
07:28 Sachant qu'il a été libéré en libération conditionnelle
07:32 au mois d'août, je n'ai même pas été prévenue.
07:35 C'est lui qui m'a prévenue.
07:37 -Vous savez où il est actuellement ?
07:39 -Oui, je sais où il est.
07:41 -Oui.
07:42 Monsieur, je vais vous dire,
07:44 je vivais dans le Val-de-Marne.
07:46 Ce monsieur, c'était la dernière adresse
07:49 qu'il avait en sa possession.
07:51 Il s'est trouvé une femme.
07:53 Elle tient une boutique d'alcool à côté de mon ancien domicile.
07:57 Je savais qu'il allait s'installer là avec sa nouvelle femme,
08:00 puisque c'est un passeport de se marier.
08:03 Je savais qu'il allait trouver un travail
08:06 en sorte qu'il puisse être dans ce département du Val-de-Marne.
08:10 Ce monsieur, c'est pareil, on ne vérifie pas les contrats.
08:13 Quand il a été libéré, on nous a dit
08:16 qu'il a passé une formation pour être opticien.
08:19 Je lui ai dit que ça m'étonne.
08:21 Non, c'était faux.

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