• il y a 10 mois
Après avoir elle-même bénéficié du parcours de procréation médicalement assistée pour avoir sa fille, Pauline s’est lancée dans des démarches pour faire un don d’ovocyte. Comment se passe un don d'ovocytes ? Quelles sont les démarches ? Témoignage.

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Personnes
Transcription
00:00 Je m'appelle Pauline Pellissier, j'ai 36 ans, je suis journaliste indépendante
00:03 et je suis l'autrice d'un livre sur l'infertilité qui est sorti en 2022
00:06 et qui s'appelle "Génération infertile".
00:08 J'ai fait un don de vocide en mars 2023, il y a un peu moins d'un an.
00:16 J'avais 35 ans, sachant que le don de vocide, c'est 37 ans maximum,
00:21 donc il ne me restait pas forcément beaucoup de temps.
00:22 Je suis maman d'une petite fille que j'ai eue suite à une five en PMA
00:26 et pour l'instant, mon conjoint ne voulait pas de deuxième enfant,
00:28 donc j'étais dans une période où j'avais l'âge pour donner
00:31 et pas forcément de projet perso d'avoir un autre enfant.
00:34 Donc je me suis dit, c'est un peu l'occasion d'aider d'autres couples
00:36 qui ont galéré comme moi, j'ai galéré potentiellement,
00:39 et de me dire, si je peux faire quelque chose pour les aider, j'y vais.
00:42 Ma première inscription, c'est un site très bien fait, jedonnesmesauvocide.com.
00:45 On est renvoyés vers un centre près de chez soi, ça s'appelle un SECOS,
00:49 un centre d'études et de conservation des œufs et du sperme, je crois.
00:54 Moi, je suis allée au SECOS à côté de chez moi à Paris,
00:56 j'en ai même un dans mon arrondissement.
00:58 Donc c'était vraiment à 10 minutes à pied, ce qui m'a aussi un peu décidée
01:00 parce que je n'avais pas forcément une heure de transport à chaque rendez-vous.
01:03 J'ai eu un rendez-vous deux mois plus tard pour une première consultation,
01:06 beaucoup d'informations.
01:07 Et après, on doit confirmer quelques jours plus tard,
01:10 on a un peu un délai de réflexion pour dire, je suis bien d'accord pour donner.
01:13 Là, après, on a des différents examens.
01:15 En fait, on va vérifier lors d'une échographie votre réserve ovarienne
01:18 pour se rendre compte, est-ce que vous avez des ovocides,
01:21 est-ce qu'il y en a suffisamment ?
01:22 À ce moment-là, parfois, il y a des femmes plus jeunes
01:24 qui vont pour donner leurs ovocides, elles se rendent compte
01:25 qu'elles sont en ménopause précoce ou qu'elles n'ont pas assez d'ovocides
01:28 et donc, elles ne peuvent potentiellement pas donner.
01:30 Donc on va aussi vous stimuler hormonalement,
01:32 mais que si vous êtes en capacité de pouvoir répondre à cette stimulation.
01:36 On a aussi un rendez-vous avec une psychologue
01:37 pour vérifier que vous prenez bien conscience de ce que c'est un don.
01:40 En fait, vous n'allez pas devenir les parents potentiels d'un enfant.
01:43 En fait, vous donnez un ovocide ou vous donnez votre sperme pour un homme,
01:46 mais c'est un gamètre que vous donnez
01:47 et vous n'avez pas de lien après avec cet enfant-là.
01:49 Donc il y a un psychologue qui vérifie que vous avez bien conscience de tout ça
01:52 et qui essaie de comprendre vos motivations
01:54 pour vérifier que c'est clair dans votre tête.
01:57 Et ensuite, il y a aussi une prise de sang assez longue et complète
02:00 dans le sens où on va vérifier beaucoup d'infos génétiques sur vous
02:03 pour vérifier que vous n'avez pas des maladies génétiques
02:06 que potentiellement vous pourriez transmettre à l'enfant à venir,
02:09 potentiellement du don.
02:10 Ce qui est assez perturbant,
02:12 parce que ce n'est pas forcément quelque chose qu'on fait
02:13 quand on fait un enfant hors d'un don d'ovocide.
02:16 On ne dit pas à son partenaire
02:17 "Viens, on fait des études génétiques des deux côtés
02:19 pour vérifier qu'il n'y a pas de problème dans ta famille
02:21 et sinon, je ne veux pas faire d'enfant avec toi."
02:22 Mais là, je pense qu'ils veulent s'assurer
02:24 que les ovocytes n'auront pas de risque trop élevé
02:27 de potentiellement maladies génétiques
02:29 pour qu'après, potentiellement l'enfant,
02:30 s'il y a un enfant qui naisse de ce don,
02:32 il puisse avoir un peu ses antécédents familiaux.
02:34 Je ne sais pas, une jeune fille qui voudrait savoir
02:36 si elle a des risques de cancer du sein,
02:37 elle pourrait vérifier si sa donneuse d'ovocytes
02:39 en avait potentiellement dans sa famille, etc.
02:41 Donc c'est un peu pour garder ce lien
02:43 si plus tard, il y a un souci de santé qui survient.
02:45 Donc la stimulation ovarienne,
02:46 c'est sur le début du cycle jusqu'à l'ovulation.
02:48 Au lieu d'avoir un cycle classique avec au final un seul ovocyte,
02:52 parce qu'on retourne sur un cycle classique,
02:53 il y en a un seul par mois.
02:54 Là, on va un peu vous booster hormonalement
02:56 pour que vous ayez environ 10 à 15 ovocytes
02:58 pour pouvoir après les prélever.
03:00 À partir du premier jour de vraie,
03:01 vous faire des piqûres tous les soirs.
03:03 Alors moi, je l'avais déjà fait personnellement pour ma fille,
03:05 pour avoir ma fille, donc j'étais déjà familière
03:07 et je savais que je tolérais plutôt bien la stimulation.
03:09 C'est vrai que moi, je n'ai pas d'effet secondaire.
03:11 On peut demander à une infirmière de venir nous aider à faire les piqûres.
03:14 C'est juste que c'est contraignant
03:15 parce que c'est vraiment à heure fixe.
03:16 Donc c'est vrai que si on a prévu de se le faire à 20 heures
03:18 et que le vendredi soir, on est en resto avec des copains,
03:20 pendant ces 15 jours-là, il y a des petites contraintes horaires.
03:22 Si on part en week-end, il faut emmener ses piqûres dans une petite glacière.
03:25 Enfin voilà, il y a une petite orga, mais sur 14 jours, c'est jouable.
03:28 Et après, on déclenche l'ovulation, c'est une autre piqûre,
03:31 qu'on fait à une heure fixe.
03:32 Et 36 heures plus tard, on a un rendez-vous à l'hôpital au bloc,
03:35 où là, sous anesthésie locale,
03:37 mais on peut aussi demander une anesthésie générale.
03:39 Et donc là, il vient prélever les ovocytes avec une petite sonde,
03:42 il vient les aspirer et les collecter.
03:44 Ce qui est pas mal, c'est qu'ils nous appellent dans les jours qui suivent
03:47 pour savoir comment on se sent.
03:49 Et puis moi, d'après, j'ai reût mes règles, mon cycle a repris,
03:51 mon corps s'est réadapté.
03:53 On ne va pas vous appeler trois mois plus tard,
03:55 "Au fait, vous venez de sauver quelqu'un, parce qu'on lui a donné votre sang."
03:58 En côté, c'est un don anonyme aussi.
03:59 Donc il faut préserver l'anonymat du couple qui va recevoir l'ovocyte.
04:03 À partir du moment où on les a donnés, après c'est leur histoire à eux qui débute.
04:05 C'est vrai que je disais à la psychologue,
04:06 de faire tout ça, c'est quand même contraignant
04:08 pour se dire qu'on ne saura jamais si ça a marché ou pas.
04:10 Donc moi, ça me déstabilisait un peu de me dire "je ne saurais jamais".
04:14 Après, potentiellement, je pourrais savoir un jour,
04:16 parce que la nouvelle loi qui est passée à l'été 2021,
04:19 a levé l'anonymat sur les dons de gamètes.
04:22 Ce qui fait que maintenant, un enfant pourra, à ses 18 ans,
04:25 demander d'avoir accès à son dossier médical
04:27 et pourra demander à connaître son donneur ou sa donneuse.
04:30 On peut, et ça aussi bien les femmes que les hommes,
04:32 laisser un mot dans son dossier médical,
04:35 une sorte de petit mot ou de petite lettre
04:36 que l'enfant qui naîtra du don pourra lire.
04:38 On explique pourquoi j'ai décidé de donner mes opocytes.
04:41 Moi, j'expliquais que j'étais passée par ce parcours-là,
04:43 que j'avais eu la chance d'avoir une fille
04:45 et que du coup, j'avais voulu aider d'autres couples.
04:46 Et donc, c'est assez émouvant de se retrouver face à son ordinateur
04:48 à écrire un être potentiel, on ne saurait pas s'il voit le jour ou pas,
04:51 qui va peut-être naître grâce à l'acte qu'on est en train de faire.
04:54 Le parcours est quand même dur, c'est quand même des hormones à prendre.
04:57 Il y a quand même après un acte médical, une anesthésie.
05:00 Donc je pense que c'est quelque chose qu'il faut faire
05:02 parce que si on en ressent vraiment une envie forte,
05:05 l'infertilité progresse.
05:06 Avant, on parlait d'un couple sur six, maintenant on parle d'un couple sur quatre.
05:08 Ça paraît dramatique, les chiffres, la progression d'infertilité.
05:12 Et d'un autre côté, j'allais dire le seul truc positif et qui me réjouit,
05:15 c'est que je me dis qu'il y a de plus en plus de gens qui vont être sensibles
05:17 et dans les entourages de ces femmes-là, de ces couples-là qui galèrent,
05:20 il y a des proches qui vont se dire "moi aussi, j'ai envie d'aider".
05:23 [Musique]

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