• il y a 10 mois
Transcription
00:00 On dit oui, bien sûr, aujourd'hui c'est tellement mieux pour une femme au Hollywood,
00:03 mais c'est tellement mieux pour une femme tout court, maintenant.
00:06 Première image, ah !
00:08 J'avais 12 ans, c'était l'été.
00:10 C'est vrai que le personnage d'Anne-Catherine Graber était une prostituée,
00:20 une prostituée de 12 ans, mais quand même une prostituée,
00:22 et c'était un sujet assez lourd pour une jeune fille,
00:25 mais j'avais déjà été actrice pendant très longtemps.
00:28 J'avais une grande appréciation pour les films sérieux,
00:33 pour le message du film, pour l'œuvre.
00:38 J'ai été nominée par l'Inska pour la première fois,
00:49 mais surtout ça a changé ma vie parce que j'avais déjà beaucoup bossé dans le cinéma,
00:54 et je pensais, comme une fille de 12 ans, que ça serait jamais ma carrière,
01:00 parce que c'était un peu idiot.
01:01 On nous donnait des répliques et je répondais,
01:05 mais là j'avais compris qu'il fallait que je donne plus,
01:08 et que pour construire un personnage, et c'est lui qui m'a appris ça.
01:15 À l'époque, j'étais au lycée français avec mon uniforme, avec mon blazer,
01:20 mes petites chaussettes qui allaient jusqu'ici, jusqu'aux genoux.
01:25 Alors je savais la différence quand même entre l'art, la fantaisie et ma vraie vie.
01:32 Un slide.
01:33 Ah, ça c'est un film que j'ai fait en France qui s'appelle Le sang des autres.
01:37 Moteur, parole.
01:39 Le piot, le clave.
01:41 Annonce, en sept sur six, première.
01:43 C'était réalisé par Claude Chabrol, un réalisateur très fameux,
01:49 et c'était tiré du roman de Simone de Beauvoir.
01:53 Ça se passe pendant l'occupation, pendant la guerre.
01:56 J'ai joué quelqu'un qui assistait à la résistance.
02:01 J'aimerais absolument retourner en français, faire un film en français.
02:05 C'est surtout pour la langue, parce que ça me manque.
02:08 La langue fait partie de ma vie,
02:10 et des fois je passe des années aux États-Unis sans venir ici,
02:15 et le lien avec la France, c'est à travers la langue.
02:20 Ma connaissance des réalisateurs français est très pauvre maintenant,
02:23 parce que ça arrive qu'ils viennent aux États-Unis, mais à peine.
02:29 Alors la plupart des films, moi je les attrape sur Netflix,
02:34 mais le film L'anatomie d'une chute de Justine Trier,
02:37 c'est très connu maintenant, c'est un très bon scénario,
02:41 un très bon réalisateur, vous devriez être très fiers d'elle,
02:45 et j'espère qu'il gagne.
02:47 Ah, ça c'est un film que j'ai fait, Les accusés.
02:52 Je joue une jeune fille qui se fait violer,
02:56 et ça a à voir avec son procès.
02:58 À l'époque j'étais assez jeune, j'avais 25 ans, je pense, 26 ans,
03:10 et je n'étais pas sûre que je voulais être actrice quand je serais grande.
03:14 Je venais juste de finir mes études,
03:17 j'avais l'impression que je n'étais pas très bonne dans le rôle,
03:22 et la première fois que j'ai vu le film,
03:25 je me suis dit "ah, c'est fini la carrière,
03:27 je ne suis vraiment pas bonne dans le film",
03:29 et j'allais à l'université pour continuer mes études.
03:34 Et puis j'ai eu l'Oscar, mais j'ai oublié tout ça.
03:37 C'est vrai que j'ai travaillé beaucoup quand j'étais jeune,
03:40 depuis l'âge de 3 ans, alors ça fait 58 ans le métier.
03:43 Il y a des moments où les gens me demandent
03:45 "oui, mais vous avez pris ce congé quand vous étiez à l'université",
03:48 mais en fait j'ai fait 5-6 films quand j'étais à l'université.
03:52 Tous les étés, les vacances de Noël, etc.,
03:57 moi j'étais toujours en train de travailler,
03:59 je n'ai jamais connu un moment où je ne travaillais pas.
04:02 En même temps, comme j'ai travaillé beaucoup très jeune,
04:06 le moment où je suis arrivée à 25 ans, 28 ans, 30 ans,
04:11 je comprenais comment c'était important d'avoir une vraie vie.
04:15 De passer des moments à lire des journaux,
04:19 à écouter de la musique, avoir des amis, voyager, tout ça.
04:24 C'est important de prendre ces moments de congé pour la femme,
04:28 mais aussi pour l'acteur,
04:30 parce que sinon vous n'avez rien à dire si vous n'avez pas d'expérience.
04:35 Ah, ça c'est une photo de "Le silence des agneaux",
04:39 un moment assez mignon dans le film,
04:42 peut-être le seul moment mignon dans le film.
04:44 Je suis très fière de ce film.
04:58 J'adorais le metteur en scène, John Tendamy, qui est mort maintenant.
05:01 C'était très satisfaisant de faire un film de genre,
05:05 un film d'horreur en fait,
05:07 mais qui était aussi profond psychologiquement,
05:12 et tellement bien écrit.
05:13 C'est un film important dans l'histoire du cinéma.
05:21 Et c'est vrai que normalement les gens pensent à moi.
05:25 Quand ils pensent à moi, ils pensent aussi à "Le silence des agneaux".
05:27 C'est un film qui a touché tout le monde,
05:30 pour des raisons conscientes, mais aussi pour des raisons inconscientes.
05:33 Cette peur d'être la victime d'une violence anonyme.
05:41 Ça c'est une peur qui,
05:45 je dis "percolate" à l'intérieur de tout le monde.
05:48 J'étais très consciente que Clarice Starling vivait dans un monde masculin.
05:55 La construction, la structure de "Le silence des agneaux",
05:58 c'est une structure très ancienne.
06:00 Ça fait partie du système du tragédie grecque.
06:06 Mais normalement, ce système, cette structure est réservée aux hommes.
06:11 Pour cette histoire du "male gaze" et du "female gaze" dans le cinéma,
06:15 c'est vrai que tous les films étaient des "male gaze".
06:18 Mais ce qui était différent avec "Le silence des agneaux",
06:19 c'est que Jonathan voulait absolument essayer de prendre la perspective d'une femme,
06:25 et de voir le film à travers ses yeux, de le voir à travers son cœur.
06:30 C'est quoi le film français que vous avez fait ?
06:34 "Portrait d'une jeune fille en flamme".
06:36 Pour moi, c'est un film qui, pour la première fois que j'ai vu,
06:41 vraiment la première fois que j'ai vu,
06:43 a vraiment attaqué cette idée d'une "female gaze" d'une façon vraiment totale.
06:50 Ok, ça c'est "Orange is the new black",
06:53 une série de télé que j'ai réalisée, deux de ce série.
06:59 C'était bien amusant de le faire.
07:01 J'ai fait quatre films en tant que metteur en scène,
07:03 et puis beaucoup de films, beaucoup de feuilleton de travail à la télé.
07:07 Ça a toujours été ce que je voulais faire, même quand j'étais toute petite.
07:10 Dès l'âge de 6 ans, je voulais être metteur en scène.
07:13 Et ça, le jeu d'acteur m'a donné cette possibilité.
07:17 Et les acteurs sont dans un bon endroit pour savoir ce que c'est qu'un metteur en scène.
07:24 Et si vous faites attention,
07:26 de vraiment regarder derrière les épaules des grands metteurs en scène
07:30 et de me demander comment j'aurais pu faire ça.
07:33 Quand j'ai fait mon premier film avec Scorsese, "Alice ne vit plus ici",
07:37 là déjà, je regardais derrière son épaule en me demandant comment il fait ça.
07:41 Parce que j'avais déjà cette connaissance du cinéma d'auteur,
07:47 du fait qu'on pourrait faire quelque chose d'artistique,
07:51 un oeuvre, qui était une sorte de signature de soi-même.
07:54 Et de se faire connaître,
07:59 et de se connaître à travers le métier du réalisateur.
08:04 La mise en scène et le jeu sont deux choses différentes,
08:07 mais bien sûr, ils font partie de la même chose.
08:10 Les acteurs, ils pensent au moment,
08:16 ou ils sont affectés par le moment.
08:19 Et les metteurs en scène, ils voient tout.
08:22 Alors c'est un peu différent.
08:24 La mise en scène engage l'intellectuel, l'émotionnel et le physique.
08:29 Et avec le jeu, il faut oublier un peu l'intellectuel.
08:34 À la suivante, ça c'est une scène dans "True Detective".
08:39 Nous sommes deux investigateurs dans l'Alaska,
08:43 l'hiver en Alaska,
08:47 qui doivent résoudre un meurtre.
08:49 Ça a pris quatre saisons pour y penser aux femmes !
08:59 On dit oui, bien sûr, aujourd'hui c'est tellement mieux pour une femme au Hollywood,
09:03 mais c'est tellement mieux pour une femme tout court, maintenant.
09:06 C'est vrai que quand j'ai commencé dans les années 60,
09:08 je ne voyais pas de femmes au travail.
09:10 Il y avait juste peut-être la femme qui jouait ma mère,
09:13 ou il y avait la maquilleuse, ou la femme qui tenait le script,
09:15 parce que ça c'était deux métiers où c'était OK d'avoir des femmes.
09:20 Mais sinon, il n'y avait jamais de femmes.
09:22 J'étais là à apprendre mon métier avec ces sortes de frères,
09:27 ces sortes de pères qui m'ont tout appris.
09:31 Et là, petit à petit, parmi les techniciens,
09:35 petit à petit, les femmes sont arrivées sur les plateaux.
09:38 Ça a tout changé.
09:40 Et tout le monde était tellement plus heureux,
09:42 parce que ça ressemblait à leur vie.
09:45 Mais l'endroit où ça n'a vraiment pas changé beaucoup,
09:50 pour nous, aux États-Unis, c'était pour la réalisation.
09:54 (Générique)
09:57 (...)

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