Zartoshte Bakhtiari, maire de Neuilly-sur-Marne
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00:00 Zartosz Tobaktiari, bonjour.
00:02 Bonjour, merci de votre invitation.
00:04 Merci à vous d'être avec nous dans ce studio.
00:06 Vous êtes le maire de Neuilly-sur-Marne,
00:08 commune de moins de 40 000 habitants en Seine-Saint-Denis,
00:10 maire sans étiquette, je précise.
00:12 Et vous, vous êtes pour l'uniforme à l'école.
00:15 Vous avez dit oui sans hésiter à l'expérimentation du gouvernement ?
00:19 Alors, j'avais dit oui pour qu'on puisse avoir des modalités
00:21 et pouvoir l'expliquer aux parents.
00:23 Alors ça s'est un peu précipité parce que le gouvernement,
00:25 enfin le Président de la République, lors de sa conférence de presse de rentrée,
00:28 a annoncé qu'il y aurait une centaine d'écoles qui bénéficieraient de l'expérimentation.
00:33 87 finalement, aujourd'hui.
00:35 87 finalement, absolument.
00:36 Et le lendemain, c'est BFMTV qui donne la liste des écoles.
00:39 Je n'étais pas informé, les directeurs d'écoles n'étaient pas informés
00:42 qu'on avait été retenus, mais je suis quand même ravi qu'on puisse,
00:46 en tout cas, lancer l'expérimentation.
00:48 Ça veut dire qu'on ne vous a pas demandé votre avis ?
00:50 En fait, si.
00:51 Nous, on a fait part de notre volonté d'en savoir plus
00:54 et de connaître les modalités de mise en place.
00:56 Mais ce qui s'est passé, c'est qu'on n'a pas eu d'échange préalable à la mise en place
01:00 et toutes les questions qu'avaient les parents, on a dû y répondre en improvisant
01:06 parce que, très honnêtement, on a été un peu lâchés dans la nature.
01:09 Mis au pied du mur.
01:10 Oui, absolument.
01:11 Mais c'est quand même, à mon avis, un dispositif intéressant
01:14 et je pense qu'on pourra en parler.
01:16 Alors pourquoi ? Pourquoi pour vous, c'est intéressant de mettre en place l'uniforme à l'école ?
01:20 Pour moi, l'uniforme à l'école permet de redonner un cadre dans l'école,
01:24 de créer une atmosphère de travail.
01:26 L'enfant, quand il vient à l'école, il sait qu'il vient à l'école pour s'instruire.
01:29 Il n'est pas là pour le centre de loisir, il n'est pas là pour s'amuser,
01:33 il est là pour s'instruire.
01:35 Par ailleurs, il faut quand même souligner le fait que le vêtement à l'école,
01:39 c'est quand même un facteur d'inégalité apparente.
01:42 Et donc, avec un uniforme, en tout cas une tenue commune,
01:46 comme le gouvernement l'appelle désormais,
01:48 on a une possibilité de réduire ces inégalités,
01:51 de réduire ce qui, aujourd'hui, il faut le voir dans les écoles en classe de CE2, CE1, CM1,
01:57 on a du harcèlement scolaire qui part de la différenciation sociale apparente avec le vêtement scolaire.
02:04 Donc je pense qu'il y a plusieurs éléments,
02:07 donc le rapport de l'enfant à l'école,
02:09 les inégalités qui sont un peu réduites, évidemment ça ne règle pas tout.
02:13 - Ce n'est pas la solution miracle. - Ce n'est pas la solution miracle, évidemment.
02:16 - Combien d'écoles, combien d'élèves seront concernés, vous, dans votre ville de Neuilly-sur-Marne ?
02:21 - Nous avons 22 écoles, 12 maternelles, 10 élémentaires,
02:25 et avec 4 écoles, si on va jusqu'au bout de l'expérimentation,
02:28 parce que ce que j'ai souhaité, c'est mettre en place les méthodes
02:31 pour que les parents soient aussi partie prenante au projet,
02:34 et je veux qu'il y ait un vote dans chacune des écoles,
02:36 si les 4 écoles en bénéficiaient, on aurait à peu près 1000 enfants
02:41 qui feraient partie de cette expérimentation.
02:44 - Pour quand l'objectif ? - A partir de septembre.
02:46 Et si on part sur 4 écoles élémentaires,
02:49 parce que j'avais fait le compte quand BFM avait donné sa liste,
02:52 4 écoles élémentaires sur un total d'une trentaine,
02:54 ça fait à peu près 15% de l'expérimentation nationale qui aurait lieu dans ma ville.
02:59 Ce point est important, parce que c'est aussi ce que je dis aux parents.
03:02 On a très souvent, en tant que citoyen, en tant qu'élu, le reproche
03:06 de dire que les décisions sont prises sans retour terrain,
03:09 et sans expérimentation préalable.
03:12 Ce que je dis aux parents, c'est qu'on a la possibilité de façonner la prise de décision,
03:16 parce que rappelons quand même que le gouvernement a annoncé une extension de l'expérimentation,
03:20 en tout cas potentiellement une mise en place au niveau national en 2026.
03:24 Donc aujourd'hui on a la possibilité de façonner, de mettre en place les indicateurs,
03:28 de dire ce qui marche, ce qui ne marche pas,
03:30 et c'est la raison pour laquelle j'ai souhaité qu'on puisse tenter l'expérience.
03:34 - Alors on va revenir sur tous ces points, et notamment sur la consultation des parents,
03:39 et ce qu'ils en disent, parce que c'est très important effectivement,
03:41 mais on fait réagir aussi ce matin nos auditeurs qui nous appellent au 01 42 30 10 10.
03:45 - Mais oui, 01 42 30 10 10, vous réagissez, alors les parents d'enfants,
03:49 mais on a aussi une pensée pour les grands-parents,
03:52 qui eux ont peut-être connu l'uniforme, vous nous appelez également.
03:55 Gilles, bonjour !
03:56 - Oui bonjour !
03:57 - Gilles, vous êtes d'Aubonne, vous trouvez que c'est bien l'uniforme ?
04:01 - Oui, je suis tout à fait favorable à l'uniforme.
04:04 J'ai exercé une profession dans l'éducation nationale pendant 15 ans,
04:08 à l'adepte d'un établissement scolaire, et franchement c'est une excellente idée.
04:14 Alors je peux développer un petit peu ce que je pense ?
04:17 - Alors là, c'est pas "vous pouvez", c'est "vous devez".
04:20 - D'accord, alors ça a déjà été abordé par le maire de Mainichemarne,
04:24 c'est effectivement le gommage des inégalités sociales à l'intérieur de l'établissement,
04:29 mais aussi moi ce que je vois, j'avais un petit peu fait ça dans l'établissement que je dirigeais,
04:34 c'était à travers un t-shirt avec un logo qui avait été dessiné par les élèves,
04:39 et c'était l'appartenance à une école, en être fier en fait de son école,
04:44 en portant un élément que tout le monde pouvait porter dans l'établissement.
04:49 Donc ce t-shirt a été porté par les élèves, ceux qui le voulaient bien sûr, c'était pas une obligation,
04:54 mais j'ai vu quand même une espèce de fierté des gamins qui avaient la possibilité de le mettre.
05:02 Mais aussi je vois à travers cet uniforme une espèce de rituel,
05:07 on se prépare pour aller à l'école quand on est à la maison, on met un uniforme,
05:11 c'est comme un rituel quand on met de jolis habits pour aller au spectacle, des choses comme ça,
05:16 et là c'est un vêtement que l'on met pour aller à l'école,
05:20 on se met déjà dans l'ambiance de l'école, mais le maire en a déjà un petit peu parlé.
05:23 - On amorce le début de journée pour aller à l'école et pour donc aller apprendre.
05:28 - Et puis on n'a plus à réfléchir à comment s'habiller, c'est une tracasserie de moi.
05:31 - Merci Gilles. - Il avait juste un troisième point.
05:34 - Ah pardon. - C'était de ne pas s'attacher à l'apparence en fait.
05:38 On peut, dans l'école, peut-être on ne se dirigerait pas,
05:41 les gamins ne se parleraient peut-être pas s'il y en avait un qui était habillé un petit peu de manière excentrique,
05:47 et ils ne se parleraient pas, ou ils ne communiqueraient pas, alors que là ça s'efface.
05:53 Et puis quand ils rentrent chez eux, ils changent de vêtement s'ils ont envie,
05:56 ils mettent autre chose et s'ils veulent s'habiller de manière un petit peu différente, ils le font.
06:03 Donc voilà, pour la communication je pense que c'est intéressant.
06:07 - Là c'est vraiment la parole en plus et l'avis du principal de collège que vous étiez pendant 15 ans.
06:12 Merci Gilles, en tout cas très intéressant votre avis ce matin à Aubonne.
06:15 Passez une bonne journée, 0 à 42,30, 10,10, on avait un pour.
06:18 Vous êtes peut-être contre l'uniforme, vous réagissez ce matin.
06:21 C'est intéressant ce que dit Gilles, est-ce que c'est le discours qui revient chez les directeurs d'école
06:28 qui vont tester l'uniforme chez vous à Neuilly-sur-Marne pour faire passer le message aux parents ?
06:36 - C'est exactement ce qu'a dit l'ancien proviseur au principal, je n'ai pas bien entendu.
06:41 - Il était principal du collège.
06:43 - Ce que disait Gilles est totalement exact.
06:45 Et ce que j'ai ressenti auprès des parents aussi, et partagé par ce que disait votre auditeur,
06:51 en réalité il y a plusieurs éléments.
06:53 Le premier c'est qu'effectivement ça permet de faire corps, de s'approprier, en tout cas d'intérioriser le fait qu'on va à l'école.
07:01 Le rapport de l'enfant à l'école est extrêmement important et le vêtement permet d'intérioriser cela.
07:06 Je vous donne un exemple, le mercredi, on n'a pas d'école à Neuilly-sur-Marne, c'est centre de loisirs.
07:11 Dans les centres de loisirs, les enfants auront la liberté de s'habiller comme ils le souhaitent dans la vie civile.
07:16 D'autre part, le soulagement des parents est très important, il ne faut pas le négliger.
07:20 Vous savez quand vous êtes parent, vous êtes évidemment très sensible au bien-être de votre enfant.
07:25 Quand votre enfant demande absolument avoir un vêtement de telle marque, parfois vous cédez.
07:29 Et en réalité, avec la mise en place d'une tenue commune, de l'uniforme, vous soulagez aussi des parents
07:35 qui sont parfois pris en grippe entre leur sentiment et leur porte-monnaie.
07:39 Aujourd'hui, on a vraiment la possibilité de réduire les inégalités sociales et en plus de faire corps
07:44 et de changer le rapport de l'enfant à l'école pour qu'il sache qu'il vient s'instruire à l'école.
07:49 Et vous continuez de réagir au 01-42-30-10-10, on est avec Clémentine.
07:54 Oui, dans le 16e arrondissement de Paris, qui a vécu, elle, l'uniforme. Bonjour Clémentine.
07:59 Oui, bonjour. Effectivement, j'ai vécu l'uniforme et c'était et la joie des parents qui disaient
08:05 "on n'a rien à s'occuper toute la semaine". Nous, on était obligés de le mettre, donc on était tous pareils
08:12 et on évoluait comme ça, sans difficulté, et les week-ends ou les vacances, on s'habillait comme on le souhaitait.
08:17 Mais ça permettait aussi une uniformisation des mentalités, c'est-à-dire qu'on ne se regardait pas,
08:22 on n'avait pas quelque chose de différent. On était tous pareils. À la limite, la perte de chaussures,
08:27 mais bon, elle était exigée, il n'y avait pas des baskets à l'époque, c'était donc des chaussures en cuir,
08:32 tout le monde pareil, de la même couleur, et le week-end ou les vacances, on était comme on le souhaitait.
08:37 Et on faisait la même chose, nous, quand on invitait nos petits copains, pour qu'il n'y ait pas de différence justement.
08:42 Souvent, on était déguisés pour les fêtes, mais le déguisement était même fait par la famille,
08:47 de façon que tout le monde soit pareil. Il n'y avait jamais comme ça de différence, on était vraiment des amis
08:51 par la vie d'un petit garçon et d'une petite fille, tout simplement. Ça aide d'être tous pareils,
08:57 et que ce soit même en déguisement ou en uniforme, c'était vraiment l'unité et la bonne amitié.
09:03 Voilà. Et donc, à vous entendre, il faut le remettre en place ?
09:08 Tout à fait. Et je vous assure que c'était, soit disant, pénible pour nous, parce qu'on avait hâte d'être au week-end
09:14 ou aux grandes vacances, mais à la fois, quand on se retrouve, on parle toutes de notre uniforme.
09:20 Qui avait le calot, qui avait le béret en plus à l'époque, etc. Qui a vécu des choses un peu folles avec, à l'époque,
09:28 le pantalon sous la jupe, parce que l'uniforme exigeait qu'on soit en jupe. Mais il y avait un côté bon souvenir.
09:35 Voilà. On était tous pareils.
09:37 Merci Clémentine pour votre réaction ce matin sur France Bleu Paris. Vous continuez 01.42.30.10.10.
09:42 Zartos, je te bacte. Et vous, donc à Neuilly-sur-Marne, qui allait tester l'uniforme, il y a quand même quelques obstacles
09:48 à franchir, quelques verrous. Il faut avoir l'accord notamment des conseils d'établissement. On en est où ?
09:55 Est-ce que vous êtes plutôt confiant ?
09:58 Ce que j'ai souhaité faire, c'est vraiment rétablir la démocratie locale autour de cette mesure.
10:02 Donc, ce que j'ai fait, c'est le 1er février dernier, j'ai réuni l'ensemble des parents d'élèves élus pour leur faire part
10:09 de la situation où on a hésité de faire un point d'information. J'ai convenu avec eux, alors c'était pas réglementaire,
10:14 j'ai convenu avec eux d'organiser une réunion publique à la rentrée des vacances scolaires dans chacune des écoles
10:20 où je viendrai, j'expliquerai, je défendrai la position.
10:23 Mais pas de vote de consultation ou de référendum des parents ?
10:25 J'y arrive. Juste après, il y aura un vote des parents, comme ils votent pour les représentants des parents d'élèves.
10:31 Ensuite, il y a effectivement le conseil d'école extraordinaire qui associe également les enseignants et qui doit se prononcer.
10:39 Et si les parents votent contre, vous renoncerez ?
10:42 Je n'irai pas, parce qu'en fait, je n'irai pas contre cette volonté si elle est largement exprimée.
10:48 Parce qu'en réalité, il faut embarquer tout le monde sur un tel projet, c'est une expérimentation.
10:52 Il faut qu'on soit tous volontaires, ou en tout cas une grande majorité volontaire, de manière à pouvoir mettre en place les choses sereinement la mesure.
10:59 Tout le travail va donc être de les convaincre. L'autre question, c'est le coût aussi. Ça va coûter combien ?
11:05 Ça coûterait...
11:06 Pour mille élèves ?
11:07 Ça dépend du trou chaud. Si vous ne mettez que des pulls, que des hauts, que des bas... Enfin, le haut et le bas.
11:11 Si vous mettez le jogging, ça peut varier entre 50 et 100 euros par élève pour la collectivité.
11:17 C'est la collectivité qui paye et pas les parents ?
11:19 Non, pas les parents.
11:20 Et c'est que la tenue ? Il y a aussi le cartable, le trousseau, les fournitures ?
11:23 Non, justement, il n'y a que le trousseau de base. Le trousseau donc constitué d'un haut, de plusieurs hauts chauds d'hiver, d'été, mais pas forcément au-delà.
11:33 Vous allez dépenser beaucoup d'argent pour un uniforme, un kit qui peut-être ne sera pas généralisé.
11:40 Est-ce que cet argent ne pourrait pas le mettre ailleurs, pour des projets pédagogiques, pour payer plus les profs par exemple ?
11:45 C'est l'argent de la collectivité, de la ville. La ville ne paye pas les professeurs, donc là c'est l'éducation nationale.
11:50 Mais l'État ne va pas vous reverser ?
11:51 Si, l'État complète à hauteur de la moitié.
11:54 Moi, ce que je dis, c'est que si on baisse tous les bras en disant qu'il n'y a plus rien à faire, que l'école est fichue,
11:59 que l'enseignement va mal, que l'éducation nationale va mal, on arrête tout et on ne fait plus rien.
12:04 Moi, je pense qu'on peut essayer de redonner un peu d'égalité, je pense qu'on peut changer le rapport de l'enfant à l'école.
12:10 On l'a entendu auprès de l'auditrice qui était à Paris même, mais j'ai aussi moi une population qui vient des Antilles par exemple.
12:19 Les ultramarins ont l'uniforme depuis des décennies et ça ne pose aucun problème.
12:24 Quand j'ai fait la réunion des parents d'élèves élus, les ultramarins d'origine qui étaient là ont très vivement défendu cette mesure
12:32 en disant que c'était vraiment une mesure qui était formidable.
12:34 Moi, ce que je considère, c'est que si on ne fait rien, si on ne bataille pas, on a perdu.
12:39 Merci beaucoup Zartosh Tebaktiari d'être venu nous en parler ce matin.
12:43 Vous auriez aimé porter l'uniforme vous ?
12:45 Ça ne m'aurait pas dérangé.
12:47 Tout dépend le look, la couleur, le choix.
12:50 Vous n'avez pas encore lancé les appels d'ordre ?
12:53 On a lancé les bons de commande, mais par contre, on fera un petit logo personnalisé par école
12:57 de manière à ce qu'on puisse se réapproprier les couleurs de l'école.
13:00 On suivra ça de près et on attend le vote des parents.
13:05 Courant mars normalement.
13:06 Merci beaucoup et bon retour à Neuilly-sur-Marne.