Kemar - En France - Les Théâtres Parisiens

  • il y a 7 mois
Transcription
00:00 - Je vais prendre ma place, il pleut encore aujourd'hui. - Attendez-moi dans l'entrée, on va vous placer. - Merci.
00:09 - Oui, par ici. - Ok, merci.
00:17 - Bon ? - Parfait.
00:28 - Allez, il pleut encore aujourd'hui, représentation c'est parti, on y va, on éteint son téléphone.
00:36 Paris, un après-midi pas comme les autres pour ce drôle de mystic gris. Tintin ici règne en maître et en effet, il en a vu du pays.
00:52 - Y'a du jambon ? - Et voilà, t'as encore oublié les crêpes.
00:56 - C'est pire ! - Je suis pas d'accord !
00:59 - Ramon, excuse-moi, est-ce que je suis obligé de rigoler ? - Attends, t'es fait un pause, Tintin.
01:04 - Bonjour, propriétaire du théâtre. - Ah bonjour !
01:07 - Donc là on est dans mon théâtre, c'est ma salle, y'a 25 places, viens bichon, viens !
01:12 - Il est metteur en scène, c'est... - Ils sont extraordinaires.
01:16 - Alors maintenant pour mon plateau de stand-up, je rappelle le concept, c'est venu des Etats-Unis, y'a Manu.
01:22 - Manu, tu viens s'il te plaît, qu'est-ce que tu... Allez, il est timide.
01:26 - En fait, je m'appelle Manu, et quand je vais dans un quartier, ils me raquettent.
01:34 - J'sais pas si vous avez vu aussi le prix de l'essence ?
01:37 - Et non, ça a bien augmenté, bientôt, pour acheter de l'essence, il va avoir faim de sa femme !
01:42 - C'est con, ma femme elle est partie avec mon voisin, j'ai plus rien à vendre !
01:48 - La dernière fois, j'ai cambriolé une maison, tu vois, y'avait que des produits de luxe, mon pote.
01:55 - J'ai pris tout, j'ai revendu tout, j'ai...
02:04 - Et en fait, c'est la première fois de ma vie, j'me retrouve à côté d'une meuf, elle faisait 500 kilos, 500 kilos, son cul il était collé à moi comme ça !
02:12 - J'étais vers la vitre, j'arrivais plus à bouger !
02:17 - Salut tout le monde, Jean-Marie Le Pen, police de Lille-Or !
02:22 - Vous me voyez dans un petit truc, une petite cabine de pilotage, on va dire, mais bon, c'est pas ma vie, ma vie c'est quand même des grandes scènes de zénith, l'Olympia, tout ça quoi.
02:46 - Dans ma vie, y'avait Jean-Pierre Ménez, y'avait Michel Constantin, et puis on aurait envie d'autres grands gaillards comme ça.
02:56 - Jean-Marie aussi, il avait une blague incroyable sur Jean-Marie, vas-y, fais-leur !
03:00 - Bah je l'appelle toujours Jean-Marie Le Pen !
03:02 A l'heure du politiquement correct et dans une société qui perd quelque peu les pédales, tous les quidams ne sont pas les bienvenus et tant pis si ça dérange, Tintin est un oiseau de nuit.
03:15 C'est un parti pris parce que pour moi, les femmes, c'est avant tout l'élégance, le charme, le dîner aux chandelles kissées à mon mâtre ou alors à mon parnasse, mais sûrement pas sur une scène à faire rire des gens.
03:25 Ça c'est réservé qu'aux hommes. N'en déplaise aux gens du quartier, aux gens du métier, moi je dérange, je l'assume, et comme ça...
03:32 - Tintin, t'inquiète pas ! - Non, tu me laisses tranquille, Ramon !
03:34 - Tintin, t'en pèse mes cœurs ! - Non, je me suis fait tout seul ici !
03:37 - Pardon. - Et tu le sais que j'aurais pu faire de la scène, Ramon !
03:41 - Je sais, Tintin. - Tu le sais !
03:43 - Je sais, pardon. - Pourquoi je n'en ai pas fait ?
03:45 - Je sais pas. - Trop corrosif.
03:48 Voilà, ça c'est Christophe, c'est le spectateur unique de la salle, on l'aime beaucoup, il vient tous les... Tu viens quand toi ?
03:56 - Tous les jours, à partir de midi. - Voilà, c'est ça. T'aimes le théâtre, non ?
04:00 - Oui, ça va, surtout que j'habite au-dessus. - Mais oui, mais oui, il habite au-dessus.
04:04 - T'as jamais pensé à me faire de la scène, toi ? - Non, non, j'ai pas le talent.
04:07 - C'est ça que j'aime bien, Christophe, il connaît sa place. - Ah...
04:09 Voilà, elle est là, de toute façon, c'est ici.
04:13 Si l'on pourrait croire que nous sommes tous devenus des robots, dans le théâtre de Tintin, l'erreur est décidément bien humaine,
04:20 et l'ambiance est à fleur de noix.
04:23 - J'ai envie de pleurer, merde ! - Mais le bruit, ce que c'est que toi, c'est...
04:25 - Voilà, stop, tu viens avec moi, toi. Eh les gars, qu'est-ce que vous faites, là ? Qu'est-ce qu'on se passe ?
04:29 - Bah on joue, là ! - Non, ça va pas. Non, y a pas assez de lumière sur tes clubs.
04:33 - Mais, Alain, qu'est-ce qu'il se passe ? - Mais arrête, putain !
04:35 - Qu'est-ce qu'il se passe ? - Il y a des gens qui ont payé !
04:37 - Non, mais non, y a personne ! Là, vous voyez bien !
04:40 - J'étais aux toilettes. - Christophe...
04:45 - Et ça tourne, ça joue ? - Mais oui, mais je bève Tintin, tu vois.
04:48 - Ah bah pardon, les mecs, autant pour moi. Là, c'est la mienne. Allez, vous m'aidez ?
04:52 - Oui, bien sûr, Tintin. - Merci, mon vieil chou, toi t'es...
04:55 - De toute façon. - Excusez-moi, ça m'arrive, des fois.
04:58 - Ah bah jouez, hein !
05:04 - Tu fumes, toi ? - Oui, je fumais, alors ?
05:06 - Non mais comment ça se fait, là ? - J'ai des problèmes dans ma vie, alors ? Je peux fumer, merde !
05:09 - C'est à toi de t'asseoir, j'ai aussi quelque chose à te dire.
05:12 - Pardon.
05:18 - Merde ! - C'est pour moi, pardon.
05:22 - Ramon ! On joue, là, Ramon ? - Bah oui, là, on joue...
05:26 - Pardon, mais excusez-nous. - Excusez-nous, c'est... On a dit.
05:29 - Moi aussi, j'ai quelque chose à te dire.
05:33 - J'ai un...
05:35 - Les gars, on va la refaire, s'il vous plaît. - On va la refaire, excusez-moi.
05:38 - Désolé, on va tout remettre en place. - C'était de ma faute, pardon.
05:41 - On baisse le rideau, pardon. - C'est moi, c'est moi.
05:43 - J'ai éliminé une alarme pour... - C'est la lumière, ça va ?
05:45 - J'ai éliminé une alarme pour pas qu'on loupe le spectacle, c'est ma faute.
05:48 - C'était bien ? - Pardon, Alain. - T'aimes bien ?
05:50 - Pardon, Alain, c'est désolé. - Veuillez nous excuser.
05:52 - T'as bien aimé ? T'aimes bien ? - C'est une histoire vraie.
05:55 - Ils vont refaire. - Trop cool.
05:57 - Ils vont refaire. Roulez, là. Qu'est-ce qui se passe, Ramon ?
06:00 - Désolé, désolé. - Ramon, on se remet en place.
06:02 - Elle est pour moi, celle-là. - On se remet en place.
06:04 - Tintin, je reste ou je suis quoi ? Je me sens impardonnable.
06:06 - Non, tu sors, tu m'as énervé. Va te faire une entrecôte à côté, là.
06:10 - Ça va ? - C'est à tienne.
06:12 - Allez. - Excusez-nous. Alain, excuse-moi.
06:14 - Comme on est arrêté, Alain ? - Oui ?
06:16 - Est-ce que tu pourrais nous mettre un éclairage un peu plus bleu, tu vois ?
06:19 - Tu veux de la light, hein ? - Bah, ouais.
06:21 - Tu m'emmerdes, Alain ! - Parce qu'on dit qu'il pleut aujourd'hui
06:24 et c'est blanc, tu vois, donc est-ce que tu...
06:26 - Il aurait fallu qu'on le travaille, quand même.
06:28 - Mais ça a commencé, là. On fait quoi ? Allez !
06:30 - Ouais, mais c'est bien. Ça serait bien. Excusez-nous, monsieur.
06:33 - Tu vois, on avait... - C'est peut-être pas de ma faute de faire des réglages.
06:35 - On y va. - Allez, on est bon, Alain.
06:37 - Allez, on a les téléphones éteints. Martial !
06:39 - Je la répète, il y avait de l'eau, quoi. - Ouais, enfin bon ! Je sais !
06:42 - Martial ! - C'est quand même simple de mettre
06:44 une gélatine bleue, en fait. Merde !
06:46 - T'as vu comment il me parle ? Parce que moi aussi, je peux m'énerver, hein, Alain.
06:49 - Allez, bichon, on y va. - Alain, s'il te plaît !
06:51 - Non, bichon. - J'ai un autre ton, Alain.
06:53 - Bichon, on y retourne. - Tu veux que je t'éclaire avec mon cul ?
06:55 - C'est pas vrai. - Fais attention, Alain. Fais attention, sans déconner.
06:57 Parce que ça fait trois fois, déjà ! Fais gaffe !
06:59 - On y va, allez, on y va. - On y va.
07:01 - Ça va, Michel ? - Ça va, et toi ?
07:03 - Tu ranges, hein ? - Bah oui, j'arrange.
07:05 - C'est notre agent d'entretien. - Qu'est-ce que tu veux que je foute d'autre ?
07:07 - Bah oui, c'est vrai. Mais en même temps, t'es très bien en rangement, je te le dis.
07:10 - J'aurais pu faire mieux, t'inquiète pas. - Non, non, c'est très bien.
07:12 - C'est normal qu'on trouve des chapotes, ici ?
07:14 - Bah non, mais les gens prennent du plaisir, les gens s'amusent.
07:17 Ici, on est chez moi, hein. - C'est pas normal, c'est pas normal.
07:19 Tiens, regarde, regarde. - Qu'est-ce qu'il y a ? Qu'est-ce qu'il veut faire ?
07:21 - Regarde ce que j'aurais pu faire, moi. Regarde, je vais te montrer un peu.
07:23 Voilà ce que j'aurais pu déclamer. Voilà ce que, mon cher, vous auriez pu dire si vous aviez un peu plus de lettres et d'esprits.
07:30 Mais d'esprit, oh, le plus lamentable des êtres !
07:33 Vous n'en eûtes jamais un atome, et de lettres, vous n'avez que les trois qui forment le mot "saut".
07:39 Voilà, mon cher fripon.
07:42 - C'est bien, mais c'est long. Continue le ménage. - Ouais, bah voilà.
07:46 - Continue le ménage. - Personne m'a jamais fait confiance, de toute façon.
07:48 - Tiens, regarde, y a des feuilles, c'est dégueulasse, là, partout. - C'est ce que je fais, là.
07:51 - Tu m'énerves, là. T'es comme notre Clodo d'Alain, là. Ça m'énerve. - Mais qu'est-ce que tu veux que je fasse ?
07:56 Voilà, on sort de représentation. C'est génial, hein, c'était bien, hein. Ce soir, c'était bien.
08:02 - Oh, bah tiens, Gérald. - Salut, mon Tintin, tu vas ?
08:04 - Ouais, et toi ? C'est toi. - T'as passé une bonne soirée, j'espère.
08:07 C'était incroyable, y avait Christophe, y avait tout le monde, en gros.
08:10 - Ça te dérange pas, j'ai pas pu venir. - Bah non, mais qu'est-ce t'as foutu ? On t'a attendu, là.
08:13 - J'ai bouffé à côté. Ça s'est bien passé, ce soir. - C'était génial, on a fait du spectacle. Y a du monde, hein.
08:18 - C'est très bien. Moi, j'aime beaucoup ce que fait Tintin depuis quelques années.
08:23 C'est du gavroche, c'est du théâtre, c'est tout ce qu'on aime. Tu m'arrêtes si je me trompe, hein.
08:27 - Ah, mais merci beaucoup. - Je continue ma route, ça te dérange pas ?
08:29 - Bah, vas-y. - Je t'embrasse.
08:31 - Et sur les 4 joues, hein. - Allez.
08:33 - Je l'adore, Gérald. - C'est réciproque, c'est réciproque, sache-le.
08:36 - Il aurait pu faire du théâtre aussi, Gérald, s'il avait pas fumé autant de clopes.
08:41 - Tintin, tu passes à la maison. - Bah, j'arrive. Bon, bah, je vous laisse, hein.
08:45 Comme le disait le grand ami de Tintin Serge Ventreche,
08:49 le théâtre n'est ni plus ni moins qu'un petit coin de paradigme à méditer.
09:05 Tiens, il pleut encore aujourd'hui.
09:08 !