Philippe Guibert : «Au nom d'une recherche de pluralisme absolu, on va mettre en place des règles qui vont être difficiles à appliquer»
L'ancien directeur du service d'information du gouvernement Philippe Guibert à propos de la liberté d'expression : «Au nom d'une recherche de pluralisme absolu, on va mettre en place des règles qui vont être difficiles à appliquer».
Category
🗞
NewsTranscript
00:00 - C'est sombre, je trouve. - On est surtout dans le royaume de l'absurdie au nom du bien.
00:04 C'est-à-dire que vous imaginez, moi, quand j'ai vu cette décision, je me suis dit
00:09 on est donc dans un pays où il y a 3 ou 4 chaînes d'information.
00:12 - 4 ? - 4.
00:14 - On peut rajouter en 24, donc ça fait 5.
00:17 - On est dans un pays où il y a 5 ou 6 chaînes généralistes qui font de l'information générale
00:22 et qui organisent parfois des débats.
00:25 On est dans un pays où il y a moult radios, encore plus de journaux, de tendances de tous côtés.
00:31 Et il y a des gens qui viennent pour expliquer qu'il va falloir maintenant cartographier
00:37 tous les gens qui s'expriment sur un plateau télé ou sur une radio.
00:41 On est chez les... Enfin, vous voyez, tout ça est à la fois ridicule, absurde et dangereux.
00:48 C'est ça qui est très frappant.
00:50 C'est-à-dire qu'au nom d'une recherche de pluralisme absolu,
00:55 alors que le pluralisme, évidemment, existe en France, le pluralisme médiatique existe,
01:00 on va mettre en place des règles dont tout le monde constate
01:05 qu'elles vont être très difficiles à appliquer, qu'elles vont avoir des effets perverses, comme vous l'indiquiez,
01:11 que des chroniqueurs vont être enfermés dans des étiquettes qu'ils ne souhaitent pas forcément assumer
01:18 et qui ne résument pas forcément toutes leurs positions sur tous les sujets.
01:23 Et donc on arrive à un système avec complètement plein d'effets pervers.
01:26 Tout ça pour aller embêter une chaîne qui fait 3% de part de marché,
01:31 qui est en forte progression, mais qui ne fait jamais que 3% de part de marché.
01:38 Parce qu'il y a des gens à qui ça ne plaît pas.
01:40 Vous vous rendez compte de l'histoire de fou ?
01:42 On est en France en 2024, dans une démocratie qui se veut libérale.
01:47 Et on en est là avec, puis je veux vraiment une vraie pensée pour les agents de l'Arc-com,
01:52 qui vont devoir passer des heures et des heures et des heures de réunion
01:56 pour essayer de trouver une solution qui puisse vaguement répondre
01:59 au cahier des charges que leur a fixé le Conseil d'État
02:03 et qui vont forcément être critiqués de tous côtés quand ils vont faire des propositions.
02:07 C'est écrit, c'est inéluctable.
02:09 Et une fois qu'ils auront trouvé des règles, on aura beaucoup de mal à les appliquer.
02:13 Donc on est au royaume de l'absurde.
02:17 Tout ça parce qu'il y a des gens qui n'aiment pas ces news.
02:19 [Musique]
02:23 [SILENCE]