Alexeï Navalny, principal opposant à Vladimir Poutine, est mort dans sa prison de l'Arctique ce vendredi, selon les autorités russes. Un décès qui intervient à un mois de l'élection présidentielle, alors que l'ancien avocat purgeait une peine de 19 ans de prison pour "extrémisme". La plupart des réactions émanant de la communauté internationale tendent à accuser le Kremlin, qui "condamne à mort" les "esprits libres" selon Emmanuel Macron
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00:00 William Bourdon, je disais, vous êtes l'avocat d'Alexei Navalny.
00:03 Vous croyez déjà à sa mort ?
00:06 Les autorités européennes ne peuvent pas prendre le risque de dire qu'il est mort, s'il n'est pas mort.
00:10 Bien sûr qu'il est mort.
00:12 Il est mort à petit feu.
00:14 Après, Poutine l'est loupé avec sa tentative d'empoisonnement.
00:19 Il est mort au trousse et il est mort à petit feu dans une cruauté absolue.
00:25 Souvenez-vous, il y a peu de temps, les vidéos où on le voyait bravache derrière les barreaux,
00:30 continuant à narguer, à interpeller, à provoquer,
00:34 même de certaine façon celui qu'il avait désigné comme son ennemi numéro un,
00:38 c'est-à-dire Vladimir Poutine.
00:41 Il l'appelle "Papy Poutine".
00:43 Mais c'est une perte énorme pour le peuple russe,
00:49 parce qu'il a été le seul ces dernières années à incarner une possibilité d'alternance libre,
00:53 indépendante, en dehors des logiques de sainte victude et de clan imposées par Vladimir Poutine.
00:59 Si je vous pose la question, c'est parce qu'il y a cette vidéo qui circule,
01:02 qui semble dater d'hier, d'Alexei Navalny, on va la voir.
01:05 Il assiste à une audience, il est en visioconférence,
01:10 et il a l'air, malgré le fait qu'il soit amaigri, il a l'air en forme.
01:14 On regarde.
01:16 (...)
01:41 Une vidéo qui semble dater du 15 février d'hier.
01:44 Il a l'air plutôt en forme, c'est ça que ça me doute.
01:47 Parfois, la réalité dépasse ce que notre imaginaire nous pousse à penser.
01:55 Tout est possible dans le cas de Poutine.
01:57 Il peut l'avoir empoisonné une deuxième fois,
01:59 et demander à des médecins de complaisance de faire un certificat,
02:03 ou n'importe quoi sera dit, tout est possible.
02:06 Il était quand même très fragilisé par des conditions de détention extrêmement rudes,
02:10 il était extrêmement bravache et digne, il avait des problèmes de santé,
02:16 encore une fois, tout est possible.
02:17 Juste, en cas où j'ai en ces yeux, si je peux dire mon émotion,
02:22 il est quand même bouleversé, je l'ai vu longuement en octobre 2021 à Berlin,
02:26 avec Agnès Calamard, qui était à l'époque rapporteuse spéciale
02:29 sur les exécutions extrajudiciaires de l'ONU,
02:32 que j'avais missionnées pour faire une enquête.
02:35 C'est une des rencontres les plus bouleversantes de ma vie.
02:37 C'est ce qu'on appelle, dans la littérature, "injuste",
02:42 c'était injuste, dans la communauté, "déjuste".
02:45 C'est quelqu'un qui pousse l'engagement jusqu'à son paroxysme,
02:49 c'est-à-dire le sacrifice de sa vie, au nom de la lutte contre l'injustice.
02:52 Et en plus, je termine là-dessus, parce qu'il faut parler de l'homme,
02:55 c'était quelqu'un qui allait envers un certain nombre de combattants
02:59 de la liberté que j'ai pu rencontrer à travers le monde,
03:01 qui parfois sont tellement pris comme ça par leur engagement
03:04 qu'ils en deviennent un peu autistes aux autres.
03:06 Il était extrêmement gentil, extrêmement sympa,
03:10 extrêmement attachant, délicat, attentif aux autres,
03:14 plein de reconnaissance pour ses avocats, son équipe.
03:17 C'était quelqu'un qui n'était pas sympa pour l'humanité à mi-temps,
03:20 ni courageux à mi-temps.
03:21 Il était à plein temps au service des autres,
03:25 du plus intime au plus collectif.
03:27 Voilà, donc ça en fait injuste.