• il y a 8 mois
C'est une thématique qui s'invite à l'agenda parlementaire. Une mission d'information de l'Assemblée nationale sur "la souveraineté alimentaire européenne" rend son rapport devant la commission des Affaires économiques, sous la houlette des députés Charles Sitzenstuhl, (Renaissance) et Rodrigo Arenas (La France insoumise). Face à la mobilisation et à la colère des agriculteurs ces dernières semaines, le Premier ministre, Gabriel Attal, avait indiqué à vouloir inscrire "l'objectif de souveraineté [alimentaire] dans la loi". L'intégrale du rapport à voir sur LCP Assemblée nationale.

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00:00:00 Avec deux points importants à l'ordre du jour, mais je voudrais avant d'y venir rendre à mon tour un hommage à Robert Badinter
00:00:08 puisqu'il y a exactement dix ans, jour pour jour, dans cette même salle de commission, le 11 février 2014, Robert Badinter était présent.
00:00:15 Il était auditionné par notre commission et ouvrait son propos dans cette même salle avec ces mots.
00:00:20 « Je suis un Européen convaincu car j'avais 15 ans sous l'occupation et je sais ce que sont le nationalisme, le populisme
00:00:27 et la volonté de domination qu'ont conduit l'Europe au désastre. Aussi insatisfaites et inachevées soient-elles,
00:00:33 cette Union, quand bien même elle pose des problèmes nouveaux, est par rapport à l'ordre ancien qui nous a conduit à deux guerres mondiales,
00:00:39 un accomplissement prodigieux. »
00:00:40 Je crois que ces mots et ces combats résonnent évidemment dans notre hémicycle, mais ils résonnent aussi dans cette salle
00:00:46 puisqu'ils ont été prononcés ici, il y a dix ans, jour pour jour.
00:00:49 Et je tenais, au début de cette commission, à saluer la mémoire de cette grande conscience française et résolument européenne
00:00:56 en ce jour d'hommage national. Et je crois que ces mots trouvent un écho particulier eu égard aux défis nombreux
00:01:02 que nous avons à affronter aujourd'hui en Europe. Et je pense évidemment aux défis d'indépendance et d'autonomie de notre continent.
00:01:10 Et ça me permet de faire le lien, au fond, avec le rapport de ce jour, cette nécessaire indépendance et souveraineté en matière agricole
00:01:18 et souveraineté alimentaire, dont les collègues Sitsonsul et Arenas vont nous présenter les conclusions de leurs travaux à l'instant.
00:01:26 Je crois qu'il faut qu'on soit capable d'assumer réellement cette souveraineté en matière alimentaire, qu'on en fasse un objectif stratégique
00:01:32 et politique premier de notre Union pour permettre à nos agriculteurs de produire et de produire pour nourrir les Européens.
00:01:40 Et je crois que c'est ce que vous avez très bien démontré dans votre travail. Et je tiens à saluer la qualité des travaux,
00:01:46 surtout l'esprit qui les ont guidés, parce que ce n'est pas un mystère. Vous n'appartenez pas à la même famille politique,
00:01:52 vous n'avez pas les mêmes convictions, mais vous avez su travailler dans le sens...
00:01:58 - Vous avez la même passion. - Vous avez la même passion, effectivement, cher collègue Arenas, pour la souveraineté alimentaire.
00:02:03 Et donc je me réjouis de vous entendre aujourd'hui. Je crois que c'est le cas de toute la Commission.
00:02:07 Donc je vous passe la parole sans plus tarder pour que vous nous présentiez vos travaux.
00:02:10 Et je vous remercie une nouvelle fois pour le travail que vous avez accompli avec les administrateurs de la Commission pendant ces 6 mois.
00:02:18 - Merci, M. le Président. Cher collègue, en préambule de ce que je vais dire, je voulais d'abord partager avec vous le grand plaisir
00:02:25 que j'ai eu à effectuer ce rapport, qui m'a beaucoup appris à titre personnel et qui, je l'espère, éclaira la représentation nationale sur l'agriculture.
00:02:35 Je voulais aussi dire que malgré les orientations politiques très différentes de Rodrigo Arenas et de moi-même,
00:02:42 nous avons travaillé, je crois, dans un esprit constructif en cherchant à chaque fois au maximum de trouver des points de convergence
00:02:50 et en respectant aussi les points de divergence que nous pouvions avoir. Et ceux qui ont lu le rapport de façon extensive
00:02:57 verront qu'à certains endroits, effectivement, nous formulons parfois des avis qui sont plus personnels.
00:03:02 Cette mission s'est très bien passée. Et je voulais vraiment remercier Rodrigo Arenas pour ses mois de travail.
00:03:09 Également remercier les administrateurs M. Alain Cardin et Mme Pascale Répente, qui ont assisté notre tâche et ont abattu aussi
00:03:19 un travail considérable, notamment dans la collecte des données. Lorsque j'ai sollicité à notre commission, à notre président,
00:03:25 un rapport sur la souveraineté alimentaire européenne à l'automne 2022 déjà, mon idée était de poser une question simple.
00:03:32 L'Europe est-elle souveraine sur le plan alimentaire ? La crise du Covid en 2020 et la guerre en Ukraine en 2022 avaient fait vaciller
00:03:39 plusieurs certitudes à ce sujet. La crainte revenait. Et si l'Europe venait un jour à manquer de nourriture ?
00:03:47 Puis l'actualité récente s'est ajoutée avec des mouvements sociaux d'agriculteurs dans plusieurs pays européens et en France aussi
00:03:56 depuis l'hiver 2023-2024, confirment que l'agriculture reste un enjeu éminemment politique et mérite une attention particulière
00:04:04 des responsables politiques, notamment français. Car sur la scène agricole mondiale, la France n'est pas n'importe quel pays.
00:04:13 La voie agricole française compte beaucoup. Sans être exhaustif sur le contenu du rapport et pour laisser place au débat,
00:04:22 je mettrais rapidement seulement 4 points en avant qui me semblent particulièrement intéressants.
00:04:29 Le premier, c'est celui sur lequel je serai peut-être un peu le plus long. À la question fondamentale que nous posions,
00:04:34 l'Europe est-elle souveraine alimentairement ? La réponse est oui, globalement oui. L'Europe est en capacité de nourrir en quantité
00:04:43 et en qualité ses habitants. C'est une réussite de l'UE. C'est une réussite de la politique agricole commune depuis 60 ans.
00:04:52 Il faut le dire haut et fort. Et je veux par là tordre le cou au mensonge qui circule depuis quelques semaines de la part
00:04:58 de certains partis à ce sujet et qui accuse l'UE de tous les mots. Oui, nous pouvons être fiers que la politique agricole commune
00:05:06 nourrisse les Européens, assure la sécurité alimentaire du continent et nous donne un levier de puissance considérable à l'exportation.
00:05:14 L'UE est la première puissance agricole d'exportation au monde. Avec des chiffres, nous sommes arrêtés sur le bilan de 2020,
00:05:24 180 milliards d'euros d'exportation agroalimentaire. Dans un débat où nous entendons parfois tout et son contraire,
00:05:30 nous avons essayé d'objectiver la situation en travaillant sur la base du taux d'auto-approvisionnement,
00:05:37 qui est le ratio production européenne/consommation européenne. Comme tout indicateur, le taux d'auto-approvisionnement
00:05:44 a ses limites, mais il donne une photographie intuitive. Nous voyons par exemple que l'UE est souveraine sur la viande bovine,
00:05:52 la viande de volaille, les œufs, les légumes, le blé, l'orge, les cultures sucrières et que l'UE est proche de la souveraineté
00:06:00 sur les viandes ovines, fruits, pommes de terre, maïs, riz, légumes minis sèches, pour s'arrêter seulement à ces quelques cultures.
00:06:07 Cette situation globale à l'échelle de l'Union comporte bien sûr, et c'est là l'enjeu notamment du débat que nous avons en France,
00:06:13 des variations d'État à État. Le cas français l'illustre bien, car nos données sont meilleures, il faut aussi le dire,
00:06:22 que la moyenne européenne par exemple pour la viande bovine, les pommes de terre, les légumes minis sèches,
00:06:28 et surtout pour les grandes cultures blé, maïs, orge. En revanche, nous décrochons, et ça s'est beaucoup ressenti
00:06:34 dans le débat que nous avons cet hiver, pour la viande de volaille, les fruits et légumes des secteurs
00:06:41 qui sont en grande souffrance. Deuxième point intéressant et point d'alerte, une grande faiblesse européenne
00:06:48 est sa dépendance extérieure pour l'alimentation des élevages à base de protéines végétales.
00:06:53 Et là, effectivement, la situation n'est pas bonne. La production européenne de graines et tourteaux de soja, colza, tournesol,
00:06:59 est clairement insuffisante. L'autonomie de l'Europe en protéines progresse, mais un effort résolu doit être poursuivi.
00:07:06 Nous formulons une recommandation pour que la prochaine commission et la prochaine PAC renforcent les aides
00:07:10 en faveur de la production de protéines. Nous avons besoin d'une véritable stratégie européenne sur les protéines végétales.
00:07:17 Et je tiens à rajouter que ça avait notamment été un des combats, je crois, de Julien Dormandie lorsqu'il était ministre.
00:07:21 Donc là aussi, en France, nous avons à peu pris les devants. Troisième point, s'agissant de la politique agricole commune.
00:07:27 Celle-ci doit bien entendu être préservée. Il est de l'intérêt de l'Europe et aussi de l'intérêt national de la France
00:07:33 d'avoir une politique agricole commune à l'échelle européenne. La France est la première puissance agricole du continent.
00:07:40 Elle est la première bénéficiaire des fonds de la PAC. Ceux qui veulent sortir de la PAC affaibliront l'agriculture française.
00:07:46 Je souhaite le dire avec force. La PAC est une réussite européenne. Mais comme toutes les politiques publiques, bien entendu,
00:07:53 elle a des imperfections, elle a des limites et elle doit être sans cesse corrigée.
00:07:58 La crise actuelle montre la souffrance des exploitations de petite taille et de taille intermédiaire, singulièrement en France.
00:08:05 L'uniformisation des exploitations à l'échelle du continent n'est pas souhaitable. Il faut que la PAC protège mieux la diversité des modèles agricoles
00:08:12 dans tous les pays d'Europe et à l'intérieur des pays aussi, et institue plus de solidarité entre les grandes et les petites exploitations.
00:08:20 Le chiffre est bien connu, mais je le rappelle encore une fois, 20 % des plus gros bénéficiaires de la PAC perçoivent 80 % des aides directes
00:08:27 à l'échelon européen, même si ce chiffre est un peu tempéré en France. Mais on est dans des ordres de grandeur, là aussi,
00:08:34 qui font réfléchir et qui montrent bien que la majorité des fonds vont vers les plus grandes exploitations.
00:08:39 Et donc nous appelons à ce que la prochaine PAC renforce la péréquation, la solidarité et les aides qui favorisent l'emploi.
00:08:46 Quatrième et dernier point pour mon propos introductif, l'Europe doit sortir de la naïveté sur la question commerciale.
00:08:53 L'agriculture ne peut être la monnaie d'échange des accords de libre-échange. Je ne suis pas opposé à titre personnel d'où je viens politiquement.
00:09:02 Je ne suis pas opposé par principe au libre-échange. Mais lorsqu'il se passe entre des zones économiques de niveau social et environnemental comparables,
00:09:11 ainsi le traité qui a notamment été signé avec le Canada, on ne le dit pas assez là aussi, a bénéficié au secteur agroalimentaire européen.
00:09:20 En revanche, sur la grande question qui est devant nous, c'est les négociations avec le Mercosur, l'Amérique du Sud, c'est bien l'inverse.
00:09:27 Les standards sud-américains sont bien inférieurs aux standards européens. Et donc ouvrir nos marchés aux produits agricoles du Mercosur serait de la concurrence déloyale.
00:09:37 Et sur ce point, d'ailleurs, nous sommes tombés d'accord. Il serait un danger pour l'agriculture européenne. L'accord Union européenne-Mercosur n'est pas acceptable.
00:09:46 Voilà pour mes propos introductifs. Et je passe la parole à Rodrigo.
00:09:51 — Merci, Charles. M. le Président, chers collègues, je me réjouis de la présentation de ce rapport, d'abord parce qu'il est le fruit d'une enquête sérieuse et documentée.
00:10:02 Vous avez eu les rendus. Il me semble que ce fait est incontestable de notre point de vue à tout le moins.
00:10:09 Mais il est aussi le fruit d'une collaboration constructive avec mon co-rapporteur, que je remercie ici, prouvant que, par-delà nos évidentes différences politiques,
00:10:16 il est possible d'établir des diagnostics partagés et de soutenir des propositions communes dans l'intérêt de la France, des Françaises et des Français, mais aussi de l'Europe.
00:10:23 C'est le charme de l'Europe, par ailleurs. Je voudrais aussi saluer chaleureusement le travail remarquable accompli par nos administrateurs Alain Cardin et Pascal Répenses
00:10:30 pour synthétiser et rendre accessible la masse d'informations et de données récoltées pendant ces auditions.
00:10:35 Chers collègues, comme dans tous les épisodes de crise, nous sommes à un moment crucial, j'ai envie de dire un enjeu civilisationnel, d'Athènes à Varsovie, de Madrid à Berlin,
00:10:43 de Paris à Bruxelles, la colère et la détresse du monde agricole s'expriment à travers toute l'Europe.
00:10:49 Les causes en sont multiples et très différentes à chaque fois, mais les manifestations très convergentes, nos agriculteurs veulent pouvoir vivre de leur travail.
00:10:57 Ces hommes et ces femmes se sont donné la mission noble et littéralement vitale de nous nourrir.
00:11:02 Ils produisent les céréales de nos pains, les fruits de nos tables, le lait de notre enfance. Ils sont essentiels, mais dans leur grande majorité, ils souffrent.
00:11:10 En 2023, les revenus agricoles ont diminué à cause de l'augmentation spectaculaire des charges, en particulier l'énergie et les prix des engrais,
00:11:18 en outre leur prix de vente à la baisse, alors que les prix des consommateurs augmentent et les marges des grandes entreprises, elles, explosent.
00:11:25 C'est la crise de toute une chaîne dont ces hommes et ces femmes ne sont que des maillons, fortement endettés, prisonniers d'un système industriel et financier qui leur échappe et les écrasent.
00:11:34 Enfin, pas tous, car ne l'oublions pas, le monde agricole est extrêmement divers et terriblement inégalitaire.
00:11:40 Les aides européennes, essentielles à l'équilibre financier de nombreuses exploitations, vont en majorité écrasante vers une petite minorité.
00:11:46 C'est une injustice de plus à laquelle nous devons toutes et tous faire face.
00:11:50 Chers collègues, les auditions et les conclusions de notre rapport sont claires. Les indicateurs de souveraineté alimentaire européenne sont au vert, pour le moment.
00:11:58 Après 60 ans d'existence, la politique agricole commune a rempli sa mission.
00:12:02 Notre continent exsangue et affamé au sortir de la guerre est aujourd'hui autosuffisant et se permet même de nourrir le monde par l'exportation de ses surplus.
00:12:11 Mais cette puissance est fragile, hautement intégrée au marché mondiaux et fortement dépendante des importations d'intrants chimiques, mécaniques et caloriques.
00:12:20 Notre agriculture européenne et française en particulier a découvert que le colosse a des pieds d'argile.
00:12:25 Ce que nous démontrent les agronomes, les pédologues, les climatologues, c'est que la menace qui pèse le plus fortement sur notre souveraineté alimentaire est dans le modèle, comme le vert est dans le fruit.
00:12:36 Ce qui menace les revenus des agriculteurs, ce qui les jette dans les spirales d'endettement et les mène aux faillites et aux gestes désespérés,
00:12:43 ce qui pèse sur leur capacité future à nourrir l'Europe, c'est la fuite en avant du productivisme et du rendement.
00:12:48 Toujours plus de pesticides, d'engrais de synthèse, de chimie, d'exportation, travailler plus pour gagner de moins en moins à mesure que s'épuisent les sols et les ressources de la nature.
00:12:58 Chers collègues, l'ambition de ce rapport est de nous inviter à porter un autre regard sur notre souveraineté alimentaire en France et en Europe.
00:13:06 La plus grande menace, c'est l'épuisement de la terre. Et comme chacun sait, la terre, elle, ne ment pas.
00:13:10 C'est la fin des sols lessivés, épuisés, dopés aux engrais. C'est l'effondrement de la biodiversité, éradiquée à coups de pesticides.
00:13:18 C'est l'eutrophisation de nos rivières, étouffées par les pollutions agricoles et l'épuisement des hommes.
00:13:23 Car à côté de la catastrophe écologique en marche, il y a aussi la catastrophe sociale.
00:13:28 Le vieillissement de nos agriculteurs et l'absence de successeurs ressemble à un grand plan social lent et culturellement dévastateur,
00:13:35 qui vide nos campagnes et accélère la concentration des terres aux mains de l'agro-industrie et des puissances financières.
00:13:42 Nous sommes à un moment crucial où se joue l'avenir de notre souveraineté alimentaire.
00:13:46 Posons-nous la question. Qui va nous nourrir ?
00:13:49 Les grands groupes agro-industriels qui veulent ubériser les paysans, privatiser l'eau et accaparer la terre ?
00:13:54 Ou l'agriculture paysanne ?
00:13:56 Contrairement aux clameurs de ceux qui ont fait profession d'exploiter les détresses pour leurs propres gains électoraux,
00:14:01 nous ne devons pas abandonner la transition vers l'agroécologie.
00:14:05 Nous ne devons plus conclure de traités de libre-échange sans close-miroir ou l'alimentation et la variable d'ajustement.
00:14:11 Nous devons rétablir la justice dans la distribution des aides de l'APAC.
00:14:14 Nous devons accompagner financièrement et administrativement nos agriculteurs,
00:14:19 faciliter le remplacement des générations, encourager les installations et le renouvellement des pratiques.
00:14:24 La qualité et la pérennité de notre alimentation en dépendent.
00:14:29 Je vous remercie.
00:14:31 Merci messieurs. Nous en venons maintenant aux orateurs de groupe, en commençant par le groupe Renaissance et par Nicole Lepay pour trois minutes.
00:14:39 Merci monsieur le président, merci chers rapporteurs, chers collègues.
00:14:53 Je souhaite tout d'abord vous remercier au nom du groupe Renaissance pour la qualité de ce travail.
00:15:00 Je dirais que vos visions divergent parfois, mais elles restent complémentaires et particulièrement constructives.
00:15:07 C'est un point positif. La souveraineté alimentaire européenne est un sujet où on ne peut plus d'actualité à l'heure où les agriculteurs,
00:15:14 moi-même agricultrice, les agriculteurs européens font part de leur mécontentement.
00:15:19 Et je me permettrais même d'employer le mot du ras-le-bol à travers l'Europe.
00:15:24 C'est également un sujet législatif, certes, puisque le futur projet de loi d'orientation et d'avenir agricole
00:15:30 devrait inclure des mesures sur la souveraineté alimentaire. Je dirais même sur la sécurité alimentaire.
00:15:35 Des dispositions réglementaires devraient vraiment et également être prises en la matière.
00:15:40 Dans votre rapport, vous évoquez la question du renouvellement des générations et de leur formation.
00:15:46 C'est un défi immédiat pour la souveraineté alimentaire et agricole de notre pays, mais également pour l'Europe.
00:15:52 Oui, il nous faut enrayer le déclin de la démographie agricole et renforcer l'attractivité des métiers de la terre et du vivant.
00:15:59 Véritable filière d'avenir.
00:16:02 Installer une nouvelle génération de professionnels de la terre, conscients du rôle que doit jouer l'agriculture dans la transition écologique,
00:16:09 passe notamment par la formation, le partage des connaissances et surtout des compétences.
00:16:14 Je suis moi-même en pleine transmission à des jeunes et je peux vous dire qu'ils sont dotés d'exigence et c'est tant mieux pour l'ensemble des filières.
00:16:23 Je reste donc optimiste.
00:16:24 C'est également l'un des objectifs du projet de loi d'orientation et d'avenir agricole.
00:16:28 La moitié de ce texte est consacré à la formation, à l'orientation et à la recherche.
00:16:34 Nous ne sommes donc pas, comme certains le laissent entendre, déconnectés de la réalité.
00:16:37 Concernant votre proposition d'un Erasmus agricole, les établissements français d'enseignement agricole ont parfaitement compris l'importance de ce programme.
00:16:47 En un peu plus de 10 ans, plus de 38 000 étudiants ont ainsi pu parcourir, via Erasmus, les écoles agricoles et les exploitations à travers toute l'Europe.
00:16:57 Pensez-vous, même si je trouve que votre proposition particulièrement intéressante, qu'il soit opportun d'intégrer des priorités sectorielles dans le programme Erasmus,
00:17:06 notamment, ce qui est bénéfique pour la France, mais ne l'est pas obligatoirement pour d'autres pays.
00:17:10 Cette mesure nous amènerait à créer un Erasmus pour les métiers de la, admettons, cybersécurité, artisanat, etc., pour ne citer que ces métiers en tension.
00:17:19 Par ailleurs, vous soulignez les effets de la Commission européenne pour remplacer ou renforcer la capacité de réaction de l'Union face aux crises, fragilisant nos chaînes d'approvisionnement.
00:17:30 Le plan d'urgence sur la sécurité alimentaire en temps de crise est un excellent outil qu'il est nécessaire de déployer territorialement.
00:17:38 J'ai le sentiment, en lisant votre rapport, que la Finlande est un bon élève en la matière, mais que la France l'est un peu moins.
00:17:45 Quelles sont pour vous, alors, les propositions quant à la constitution des stocks stratégiques en matière alimentaire,
00:17:50 et quelle est la place des instances publiques et privées dans cette démarche ? Je vous remercie.
00:17:55 – Merci beaucoup. La parole est à Grégoire de Fournasse pour le groupe Rassemblement national, et pour 3 minutes.
00:18:00 – Merci, Monsieur le Président.
00:18:01 Messieurs les rapporteurs, en page 9 de votre rapport, vous considérez que l'échelon européen est aujourd'hui le plus pertinent,
00:18:08 le plus protecteur pour apprécier et corriger nos dépendances externes.
00:18:11 Pourquoi ce choix ? Vous n'en donnez aucune explication, mais il est en contradiction totale avec la définition de la souveraineté alimentaire,
00:18:17 présentée en page 13. La souveraineté alimentaire est le droit de chaque pays de maintenir et de développer sa propre capacité de production
00:18:25 et de produire son alimentation. Si la souveraineté alimentaire européenne est importante,
00:18:29 elle est évidemment subordonnée à l'indispensable souveraineté nationale. Ce choix totalement idéologique a des conséquences graves,
00:18:35 car la souveraineté alimentaire européenne pourrait être satisfaite sans l'agriculture française. Cela aggraverait au passage le déficit de la balance commerciale,
00:18:43 qui ne se calcule pas au niveau européen, mais bien au niveau national. À la page 24, vous affirmez que la souveraineté alimentaire de la France
00:18:50 et de l'Europe n'est pas menacée à ce jour, sur la base de statistiques des Nations unies. Pourquoi aller chercher des chiffres si loin,
00:18:57 et par ailleurs totalement fantaisistes, au regard des chiffres du ministère de l'Agriculture ? Rien que sur la viande bovine,
00:19:04 l'ONU rapporte une quasi-stagnation de la production française entre 2012 et 2021, alors que l'Agrest, organe statistique du ministère de l'Agriculture,
00:19:12 indique que le nombre de têtes est passé d'un peu moins de 5 millions en 2012 à 4,3 millions en 2022. C'est un effondrement majeur dans ce secteur,
00:19:20 et ce n'est pas le seul. Un tiers des fruits et légumes, la moitié du poulet et le quart de la viande porcine sont importés, pour ne prendre que quelques exemples.
00:19:27 Contrairement à ce que vous dites, oui, la souveraineté alimentaire française est bel et bien menacée.
00:19:31 Marc Fesneau donnait lui-même, le 12 janvier dernier, une interview dans Valeurs Actuelles, intitulée « Retrouver la souveraineté alimentaire »,
00:19:38 ce qui sous-entend bien qu'elle est perdue. Sur l'aspect environnemental, nous sommes en désaccord total avec votre présentation de la stratégie « Farm to Fork »,
00:19:47 qui n'est pas un outil de transition environnementale, mais de décroissance agricole, et donc totalement contraire à la souveraineté alimentaire.
00:19:53 Son étude d'impact envisage en effet une baisse de la production agricole européenne de 11 %, ce qui est absolument considérable.
00:20:00 Par ailleurs, dans la mesure où le règlement sûr a été retiré, pourquoi s'obstiner avec le plan Eco-Fito, qui en est sa déclinaison nationale ?
00:20:08 Je rappelle que M. Attal s'est engagé à cesser les surtranspositions, alors que ce plan va précisément créer une distorsion de concurrence majeure.
00:20:15 Le mot « surtransposition » est d'ailleurs totalement absent de votre rapport, ce qui est problématique quand on veut parler de souveraineté alimentaire.
00:20:21 Pour conclure, ce rapport, pur produit de l'idologie macroniste, avec le soutien un peu curieux de la France insoumise,
00:20:27 est une vaste tromperie sur l'état actuel de notre souveraineté alimentaire. Je vous le dis, il ne rend pas service à l'agriculture française.
00:20:33 Merci beaucoup. La parole est à Sofia Chikirou pour le groupe de la France insoumise.
00:20:39 Merci, M. le Président. Collègues, chers rapporteurs, la souveraineté alimentaire est à l'évidence devenue une priorité assez brûlante même.
00:20:48 On est dans l'explosion sociale en France, mais aussi dans toute l'Europe, et on est au bord, peut-être même déjà engagé, dans une explosion écologique et environnementale.
00:20:58 Une chose est certaine, c'est que le reste du monde aussi est déstabilisé à ce niveau-là.
00:21:02 Donc aujourd'hui, quand on parle de souveraineté alimentaire, la question à laquelle vous répondez dans ce rapport, c'est qu'est-ce qu'on met derrière l'expression et les termes, quel est le contenu que l'on y met.
00:21:11 Moi, je me satisfais de voir que finalement, sur les 27 recommandations, vous les portez ensemble.
00:21:17 Donc c'est que vous êtes parvenu à vous mettre d'accord, finalement, peut-être en discutant, vous avez établi une vision de ce que peut et doit être la souveraineté alimentaire.
00:21:27 Et si mon groupe, aujourd'hui, à travers Rodrigo Arenas, est fier de ce rapport, c'est parce qu'on y retrouve des éléments que nous, nous défendons depuis toujours.
00:21:36 Je vais en citer quelques-uns. Mon collègue Rodrigo Arenas a insisté sur le sort des agriculteurs, sur la dimension sociale de l'agriculture.
00:21:44 Donc je rebondis là-dessus. Vous savez, les agriculteurs, ils étaient 2,5 millions en 1955.
00:21:50 Aujourd'hui, ils sont moins d'un demi-million. Les suicides chez les agriculteurs, c'est deux par jour.
00:21:57 Et plus d'un quart d'entre eux vit sous le seuil de pauvreté, d'où mon soutien à la recommandation numéro 7, qui vise à augmenter les moyens de la politique agricole commune
00:22:05 et qui va, selon moi, dans le bon sens. Il faut aller plus loin à l'échelle nationale en augmentant et les salaires et les retraites agricoles.
00:22:13 C'est un véritable enjeu, la question des retraites agricoles. Et je sais que ça fait partie des revendications. Il faut instaurer des prix planchers.
00:22:19 C'est une proposition que nous, la France Insoumise, nous avons défendue et qui, malheureusement, a été rejetée à six voix près en novembre dernier,
00:22:25 qui visait notamment à encadrer les marges de l'agro-industrie. Au niveau de la santé aussi, c'est un deuxième sujet qui est très important.
00:22:34 Vous en parlez dans ce rapport. C'est la recommandation numéro 4. Vous dites qu'il est urgent de légiférer pour interdire l'usage des pesticides au niveau européen.
00:22:42 Et nous sommes tout à fait d'accord. Nous pouvons le faire aussi au niveau français. Il s'agit à la fois de l'épuisement des terres et de l'empoisonnement de la population qu'il faut cesser.
00:22:51 Enfin, vous parlez, troisième point qui, nous, nous satisfait en tant que groupe insoumis, c'est la question de la concurrence et des traités de libre-échange.
00:22:58 Oui, il faut mettre un terme aux accords de libre-échange, ce qui met en danger, qui crée du dumping social, qui crée un abaissement des normes écologiques,
00:23:06 qui sont nuisibles à la santé de notre population. Donc, il faut aussi le faire à l'intérieur de l'Union européenne, pas seulement à l'extérieur des frontières de l'Union européenne.
00:23:15 Et donc, j'apprécie aussi la proposition numéro 17. Je salue à titre personnel votre dernière recommandation qui vise à instaurer un filtrage des IDE,
00:23:24 les investissements directs étrangers dans le secteur agricole, parce que je porte exactement la même proposition au niveau du logement.
00:23:29 Et c'est une mesure qu'il convient d'appliquer à plusieurs secteurs pour finalement retrouver notre souveraineté.
00:23:35 En définitive, ce rapport propose des recommandations qui sont fidèles à la vision que porte mon groupe, la France insoumise, sur l'Union européenne.
00:23:42 Transition écologique et soutien massif du bioharmonisation, protectionnisme. Merci.
00:23:47 Merci beaucoup. La parole est à Louise Morel pour le groupe Démocrate.
00:23:53 Merci, M. le Président. Messieurs les rapporteurs, chers collègues, je voudrais tout d'abord commencer par saluer au nom du groupe Démocrate
00:23:59 le travail important réalisé par les rapporteurs sur ce sujet de la souveraineté alimentaire européenne, tant sur le fond que sur la forme,
00:24:06 parce que sur ce dernier point, je voudrais souligner qu'aboutir à 27 recommandations dans une commission des affaires européennes, ça mérite d'être salué.
00:24:15 Alors, comme vous l'indiquez très justement, la sécurité alimentaire de nos concitoyens ne doit pas être tenue pour acquise.
00:24:20 Et il nous faut de manière permanente être vigilant. Et je voudrais saluer l'objectivité de vos propos introductifs qui permettent de rétablir bien le bilan de notre souveraineté,
00:24:29 de dresser les points de vigilance et aussi de rappeler à juste titre le rôle central de la PAC, trop souvent décriée par un certain nombre pourtant de responsables politiques,
00:24:37 alors qu'elle est une chance pour notre pays. La France est bien le premier pays bénéficiaire de la PAC, il faut le rappeler.
00:24:43 Je voudrais revenir rapidement sur deux sujets. Le premier concerne l'approvisionnement en intrants consommables, qui a révélé des fragilités suite à la guerre en Ukraine notamment.
00:24:53 Selon vous, quelles actions concrètes l'Union européenne peut-elle prendre pour sécuriser cet approvisionnement sur le long terme ?
00:24:59 Et j'insiste sur la partie long terme, étant donné que malheureusement, la guerre en Ukraine se prolonge. Et d'autre part, dans la crise agricole actuelle,
00:25:07 nous entendons que les points de convergence semblent nombreux entre les différents pays de l'Union européenne quant aux défis qui les attendent.
00:25:14 Est-ce que vous avez pu les étudier plus en détail ? Et si oui, en quoi les revendications du monde agricole français divergent-elles des autres pays européens ?
00:25:22 Et sur ce dernier point, en France, on a 50 % des agriculteurs qui partiront à la retraite dans les dix prochaines années.
00:25:28 Comment les autres pays européens font face à ce renouvellement des générations, puisque l'ambition est bien aussi avec votre rapport de répondre à la fois aux enjeux actuels,
00:25:36 mais aussi d'anticiper les prochains enjeux et les prochaines éventuelles difficultés ? Je vous remercie pour vos éclairages.
00:25:44 – Merci beaucoup. La parole est à Marietta Caram-Anly pour le groupe socialiste.
00:25:48 – Merci, M. le Président. Messieurs les rapporteurs, d'abord toutes les félicitations pour le travail vraiment très important et fourni dans ce rapport
00:25:58 que vous venez de présenter. Donc nous saluons cet engagement commun que vous avez porté.
00:26:04 Ce rapport qui a une double actualité, je dirais d'une part il interroge le modèle un peu économique de l'agriculture européenne
00:26:11 dans un contexte de mondialisation et de tension que vous avez soulevé, tension internationale.
00:26:16 Et il pose aussi un peu la question du modèle de production alors qu'il existe une tendance à la segmentation
00:26:23 et parfois même je dirais des tendances divergentes selon les produits.
00:26:26 Alors les dimensions des sécurités alimentaires sont déjà présentes depuis très longtemps,
00:26:32 c'est quelque chose qui revient régulièrement y compris dans les traités européens,
00:26:36 en particulier l'article 39 du traité sur le fonctionnement de lieux relatif justement à la politique agricole commune
00:26:43 dont le but est de garantir l'accès, je cite, à l'alimentation et à des prix raisonnables pour le consommateur.
00:26:50 Et cela renvoie un peu aux notions de stabilité et de durabilité dans le temps propre à la sécurité alimentaire européenne.
00:26:56 Je dirais qu'au-delà des crises économiques et sanitaires que nous avons connues
00:27:00 et également de conflits internationaux, les crises ont montré finalement qu'il pouvait exister un risque de dépendance
00:27:08 sans que les mesures adaptées soient prévues.
00:27:11 La durabilité plus particulièrement du système alimentaire européen exige d'être plus économe en intra-agricole
00:27:21 tout en intégrant finalement des facteurs biophysiques de long terme comme le climat et la biodiversité.
00:27:26 Et dépend également des politiques de consommation qui doivent évoluer vers plus de santé par l'alimentation
00:27:32 et donc la lutte contre le gaspillage.
00:27:34 J'aurai trois observations sur ce rapport questionnement que je trouve très complet d'ailleurs
00:27:40 et assez progressif et prospectif même je dirais dans ce que vous avez apporté.
00:27:46 Je voulais tout d'abord pointer la question de l'importance de la recherche dans ce domaine.
00:27:51 Au-delà de ce seul sujet, une mobilisation un peu plus grande de la recherche et de le développement de l'innovation
00:27:57 dans le domaine de l'agriculture et de l'alimentation ne devrait-elle pas être une priorité un peu nationale
00:28:03 mais aussi européenne et ne faudrait-il pas justement souligner la nécessité et les enjeux peut-être aussi de manière plus ferme ?
00:28:09 Ça c'est le premier sujet. Le deuxième je voulais un peu évoquer ici,
00:28:13 peut-être il faudrait mieux valoriser la place et le rôle des consommateurs
00:28:17 dont on voit la place et le rôle et aujourd'hui les exigences dans les évolutions de la production
00:28:22 et qui ont aussi un sens dans un mieux disant de la sécurité alimentaire au sens large du terme
00:28:27 et enfin évoquer un peu la souveraineté alimentaire qui revient à évoquer même s'il n'est pas cité explicitement dans le rapport
00:28:35 la sécurité des territoires et entre autres celle des routes d'approvisionnement
00:28:39 pour pouvoir finalement reprendre un peu les travaux que nous avons aussi menés dans la COSAC précédente fois
00:28:44 vis-à-vis de l'Ukraine etc. Donc voilà l'enjeu donc est d'opérer cette transition agro-écologique commune à tous les États
00:28:51 et de faire des exigences européennes en tout cas qui tirent vers le haut la production mondiale.
00:28:57 Je vous remercie de votre attention.
00:28:59 Merci beaucoup. Merci madame Caramoli. La parole est à Julie Léarnos pour le groupe Ecologistes.
00:29:03 Merci monsieur.
00:29:05 Pardon.
00:29:07 Monsieur le Président, chers collègues, l'actuelle escalade des prix des matières premières agricoles
00:29:13 exacerbées par le conflit en Ukraine pose une menace sérieuse à la sécurité alimentaire européenne et mondiale.
00:29:20 Le rapport qui tombe à point nommé que nous examinons aujourd'hui met en lumière des défis cruciaux
00:29:26 auxquels l'Europe est confrontée dans ce domaine, notamment face au changement climatique,
00:29:30 à la perte de biodiversité et aux crises sanitaires et géopolitiques récentes.
00:29:34 Qu'est-ce qui menace notre souveraineté aujourd'hui ?
00:29:36 Notre dépendance aux engrais russes et au soja brésilien, notre surprotection de protéines animales
00:29:41 qui conduit à ce que sur les 65 millions de tonnes de maïs produits dans l'Union Européenne entre 2020 et 2021,
00:29:47 50 millions de tonnes ont été utilisées pour l'alimentation animale.
00:29:51 Certaines voix s'élèvent pour remettre en question la stratégie de la fourche à la fourchette,
00:29:56 préconisant une intensification de la production au mépris des réglementations environnementales.
00:30:01 Or cette approche est non seulement myope mais également contre-productive.
00:30:06 La hausse des prix, nourrie par l'interruption des exportations depuis la mer Noire et une inflation des coûts du gaz
00:30:12 impactant directement le prix des fertilisants azotés, met en exergue la fragilité de notre système alimentaire mondialisé.
00:30:19 A court terme, la question n'est pas tant la production mais la capacité des pays et secteurs les plus vulnérables
00:30:24 à faire face à cette flambée des prix.
00:30:26 Nous, en tant qu'écologistes, partageons l'urgence d'une transition profonde vers des pratiques agricoles durables.
00:30:32 Nous applaudissons l'appel du rapport à une réforme de la politique agricole commune pour qu'elle soutienne davantage l'agroécologie,
00:30:38 la protection de la biodiversité et garantisse une alimentation saine et accessible à tous.
00:30:42 Le rapporteur Charles Stolz préconise une évolution rapide des pratiques agricoles,
00:30:48 progressive des pratiques agricoles, argant du principe "pas d'interdiction sans solution".
00:30:54 Je rappelle qu'il y a des solutions, ça s'appelle l'agriculture biologique et il y a déjà 60 000 exploitations en France qui la pratiquent.
00:31:00 Car la pratique de "pas d'interdiction sans solution", cette approche nous maintiendra inévitablement dans une trajectoire insoutenable,
00:31:08 retardant les changements indispensables face à l'urgence climatique et écologique.
00:31:12 Cela passe bien évidemment par une réorganisation de notre système alimentaire,
00:31:16 notamment par une réduction de la dépendance aux importations de soja et de tournesol pour l'élevage industriel.
00:31:21 En réduisant notre consommation de produits issus de l'élevage industriel et donc en favorisant des élevages à taille humaine,
00:31:27 plus autonome et économe, nous pouvons devenir exportateurs nets de calories,
00:31:30 tout en réduisant notre empreinte carbone et notre dépendance aux énergies fossiles.
00:31:34 En août, comme le souligne le rapporteur Rodrigo Arenas, oui il faut renforcer l'éco-régime pour garantir qu'il finance les pratiques utiles à la transition,
00:31:41 et pas les labels HVE dont les bénéfices n'ont absolument pas été démontrés.
00:31:46 En ce sens, la différence de rémunération entre les certifications HVE et d'agriculture biologique actuellement insuffisante
00:31:53 doit être vue pour mieux refléter le bénéfice environnemental réel et encourager une transition plus large vers l'agriculture biologique.
00:31:59 La situation des Pays-Bas montre que la transition est indispensable,
00:32:03 même quand on veut poursuivre coûte que coûte un modèle industriel, les limites naturelles obligent un jour à changer,
00:32:08 souvent trop tard et donc trop brutalement.
00:32:11 Merci.
00:32:13 Merci à vous. La parole est au Président Chassaigne pour le groupe GDR et pour trois minutes.
00:32:22 Monsieur le Président, messieurs les rapporteurs,
00:32:24 je vous remercie pour la présentation de votre rapport sur un enjeu qui devrait être selon moi une priorité nationale européenne.
00:32:33 Votre travail prend opportunément les problématiques à bras le corps.
00:32:37 Son champ particulièrement vaste mériterait une discussion approfondie, je me contenterai de formuler deux réflexions générales.
00:32:45 Ma première réflexion porte sur son titre et sa première partie.
00:32:49 Le principe même de souveraineté alimentaire fait l'objet aujourd'hui d'une intense bataille idéologique.
00:32:58 Je comprends qu'au regard des équilibres politiques entre rapporteurs,
00:33:01 vous n'avez sans doute pas souhaité aller trop loin en prenant davantage parti.
00:33:05 Je serai donc plus direct.
00:33:07 Plutôt que de changer de logiciel devant les effets désastreux de leur propre politique de libéralisation des marchés imposée depuis 30 ans,
00:33:15 après les accords de Marrakech en 1994 et la création de l'OMC,
00:33:19 les libéraux européens travaillent au détournement intellectuel de la dimension systémique et transformatrice du concept de souveraineté alimentaire.
00:33:30 Ce travail se traduit en France par l'intégration à tout va du concept dans tous les discours et jusque dans les intitulés ministériels.
00:33:39 Chacun saute comme un cabri avec pour principal objectif de vider la souveraineté alimentaire,
00:33:45 ce qui est selon moi son objet fondamental, la capacité donnée au peuple de construire démocratiquement leur propre politique agricole alimentaire
00:33:56 et de déterminer les moyens et outils pour assurer le développement de leur autonomie et de leur propre modèle durable de production et de distribution.
00:34:05 J'ajouterai une autre exigence, celle d'une coopération internationale.
00:34:09 Nous changeons là radicalement de la perspective politique de la version allégée de la seule sécurité alimentaire ou de la sécurité des approvisionnements alimentaires,
00:34:18 concept parfaitement soluble dans le libéralisme, parfaitement compatible avec la multiplication des accords de libre-échange.
00:34:27 Je suggérerai bien aussi aux rapporteurs de substituer à leur première recommandation, dont je salue la remarquable vertuosité techno-linguistique,
00:34:38 l'exigence d'une véritable évaluation des conséquences de 30 années de libéralisation des échanges agricoles
00:34:47 sur l'accroissement des déséquilibres alimentaires internationaux et des dépendances,
00:34:51 ainsi que sur les effets induits par les spécialisations agricoles et la compétition internationale.
00:34:58 Avec une question qui est fondamentale, la transformation profonde des agro-systèmes permettra-t-elle de répondre demain
00:35:06 aux enjeux alimentaires, climatiques, sociaux et environnementaux dans chaque pays, y compris au plan européen ? C'est tout un programme.
00:35:13 Ma seconde réflexion porte une conviction. Déjà, les crises agricoles...
00:35:19 — C'est ça de citer le rapport. — Les crises agricoles et alimentaires européennes ne feront que croître
00:35:25 sans reconstruction d'une véritable politique agricole et alimentaire commune que moi, j'appelle la PAC et que nous devons construire ensemble.
00:35:33 Ma phrase pour terminer. Je conclurai sur un point très positif de votre rapport, celui des recommandations portant sur l'avenir de nos sols agricoles.
00:35:43 C'est déterminant. Elles méritent vraiment d'être reprises et approfondies. Et bien évidemment, je salue le détour que je pourrais qualifier d'arénasien,
00:35:54 le détour sur Cuba particulièrement important. (Rires)
00:35:58 — Merci. Merci beaucoup. Nous avons fini avec les orateurs de groupe. J'ai encore une demande de prise de parole de Constance Le Grip pour 2 minutes.
00:36:08 C'est trop court, 2 minutes. (Rires)
00:36:17 — Je passe au rouge, M. le Président. Je passe au rouge. Merci, M. le Président. Messieurs les rapporteurs, à mon tour de saluer le travail très important
00:36:30 et très approfondi que vous avez réussi à mener ensemble. Je veux m'attacher tout particulièrement à la proposition n°11 de votre rapport,
00:36:39 riche en propositions. La proposition 11 concerne les fleuves et dit très précisément que vous appelez de vos vœux la définition d'une stratégie européenne
00:36:52 sur la préservation et la valorisation alimentaire des fleuves de l'Union européenne. Nous le savons tous, l'histoire de notre Europe, c'est faite autour de plusieurs mers,
00:37:03 à commencer par la Méditerranée et la Baltique, mais j'allais dire aussi et surtout autour de plusieurs grands fleuves. Bien sûr, permettez à la députée
00:37:12 des Hauts-de-Seine que je suis de citer ces grands fleuves, la Seine, le Rhin, l'Oder, l'Elbe, le Rhône, le Pau, et donc clairement mettre le focus sur les fleuves européens,
00:37:26 appeler à leur valorisation. Et quelque chose qui me parle, vous préconisez donc que l'on retrouve les fleuves européens comme des voies économiques
00:37:35 et écologiques durables. Et donc on en arrive au sujet de la pêche en eau douce, la pêche fluviale que vous souhaitez voir être plus considérée comme une ressource nourricière,
00:37:51 un potentiel nourricier conséquent. Voilà, à l'heure où on parle de souveraineté alimentaire, de la pêche en eau douce et du rôle de nos grands fleuves. Merci.
00:38:02 — Merci beaucoup. Messieurs les rapporteurs, vous avez la parole.
00:38:13 — Faut les éteindre, les micros. — Président Kassein, c'est votre micro.
00:38:20 — C'est pas vrai. C'est très sensible. Ils sont tactiles. C'est pour ça. Ils sont tactiles. C'est pour ça. — C'est bon. Allez-y.
00:38:28 — Ils sont très sensibles. Alors merci. Il y a beaucoup de questions d'avance. Je présente mes excuses aux personnes dont les questions pourraient parfois être sautées ou oubliées.
00:38:38 En tout cas, le nombre de questions témoigne de l'intérêt. Et je crois que nous en sommes heureux qu'a suscité le rapport. Je vais essayer d'aller assez vite.
00:38:44 Alors Mme Le Pé, sur le projet de loi à venir qui va être présenté par le ministre de l'Agriculture, effectivement, moi, je suis plutôt heureux que le sujet de la souveraineté alimentaire
00:38:57 ait été rajouté dans ce projet de loi, parce qu'à l'origine, on était simplement sur la question de la transmission. Et donc à la faveur de la crise sociale agricole française,
00:39:06 il y a la volonté de rajouter dans la loi – et j'espère que ça ne sera pas que du déclaratif, qu'il y aura aussi des mesures concrètes –
00:39:15 enfin en tout cas de rajouter un titre ou un chapitre autour de la souveraineté alimentaire, me semble être une bonne chose.
00:39:20 Et j'espère qu'on pourra tirer des choses de ce rapport et quand même rappeler... Alors les intitulés ministériels, certes, on peut dire que ce ne sont que des mots.
00:39:29 Mais le fait qu'en 2022, pour la première fois dans l'histoire de la République, le ministre de l'Agriculture est aussi ministre de l'Agriculture et de la souveraineté alimentaire,
00:39:39 en tout cas témoigne de l'importance que prend la réflexion autour de la souveraineté alimentaire. Mais je reviendrai très vite à la fin en répondant à André Chassé.
00:39:49 Sur la question des générations d'Erasmus Agricole, je pense que Rodrigo aura plus d'informations à livrer.
00:39:57 Vous posiez aussi une question sur les stocks stratégiques, madame Le Pé. Alors effectivement, l'expérience finlandaise est assez intéressante en la matière.
00:40:05 Et c'est un pays notamment voisin de la Russie. Donc on peut aussi comprendre pourquoi un pays comme la Finlande est un peu en avance sur le sujet des stocks stratégiques.
00:40:16 Il y a une agence gouvernementale, qui s'appelle la Nésa, et qui travaille avec des opérateurs privés agréés et qui met en place des stocks stratégiques.
00:40:26 Donc on n'y est pas pour le moment en France. Et nous, on considère que sur ces sujets-là, il faudrait que l'État avance.
00:40:32 Ce serait peut-être le rôle du SGDSN, du secrétaire général à la défense et à la sécurité nationale, de s'emparer de cette thématique.
00:40:40 Et je regrette d'ailleurs – on n'en avait pas trop parlé lors de la LPM – que lors de prochains débats sur ces sujets, ça pourra peut-être revenir.
00:40:46 Le collègue d'extrême-droite n'est plus là. Moi, je n'ai pas compris pourquoi il était. Enfin, en tout cas, on a compris qu'il était contre tout.
00:40:54 Bon, la différence sur l'échelon européen contradictoire avec le concept de souveraineté, c'est le débat que nous avons sur la vision de l'Europe
00:41:01 entre le Rassemblement national et d'autres forces politiques. Moi, je considère à titre personnel que, justement, le succès de la PAC,
00:41:08 qui nourrit en quantité et en qualité, malgré les défauts qu'elle peut avoir – mais globalement, c'est une réussite –,
00:41:13 que le succès de la PAC montre bien en réalité qu'on renforce la souveraineté nationale en travaillant ensemble au niveau européen
00:41:20 et en ayant une politique très intégrée. Sur la question des FITO qui a été évoquée, voilà. Moi, je considère que le règlement sûr, de toute façon, n'est plus là.
00:41:36 Il a été rejeté. Il a été retiré par la Commission européenne il y a quelques jours. On ne peut néanmoins pas dire que l'avenir est de continuer
00:41:42 à utiliser les mêmes niveaux de FITO sanitaires dans les agricultures européennes. D'ailleurs, les agriculteurs français sont plutôt en avance
00:41:51 par rapport à d'autres agriculteurs en Europe. On est plutôt là aussi précurseur. Mais l'horizon – et les agriculteurs le disent et aussi
00:41:58 les agriculteurs français le disent – est quand même un usage plus raisonné des FITO sanitaires. Donc il faudra bien que la prochaine
00:42:06 Commission reparte sur initiative parce qu'on ne peut pas se satisfaire de la dégradation actuelle des sols.
00:42:12 Mme Chikirou, je vous remercie d'avoir mis en avant ce que nous avons recommandé sur les investissements étrangers, les IDE.
00:42:21 Effectivement, là, ça en a identifié que c'était quelque chose qui manquait dans la réflexion européenne. Alors vous savez qu'au sens global,
00:42:29 sur le filtrage des investissements étrangers, là aussi, la France est très précurseur. Mais parce qu'au moment où là, nous sommes aussi
00:42:34 un pays – on va dire – plus colbertiste et interventionniste historiquement que le sont d'autres pays de l'UE. Mais que le fameux
00:42:42 décret IEF sur les investissements étrangers en France, lancé par Dominique de Villepin, je le rappelle, est complété au fur et à mesure.
00:42:50 Que le décret IEF complété, en fait, est là aussi très précurseur par rapport à ce qui se fait au niveau global en Europe. Et en ayant discuté,
00:42:58 notamment avec la direction générale du Trésor, et puis on était assez d'accord sur ça, si on considère que l'alimentation est un enjeu
00:43:04 de souveraineté, eh bien oui, il faut qu'à un moment, on puisse donner les capacités à la puissance publique, à l'État, de pouvoir intervenir,
00:43:10 si jamais on considère qu'il y a des industries dans le secteur agroalimentaire ou sur la question des sols qui pourraient être accaparées
00:43:16 par des puissances étrangères hostiles. Donc là, il faut être conscient quand même au niveau européen. C'est un débat très très fort,
00:43:23 parce qu'il renvoie au clivage traditionnel entre les interventionnistes et, on va dire, les très libéraux. En tout cas, je pense que la France
00:43:31 doit pouvoir continuer la bataille idéologique sur ce sujet. Louise Morel. Sur les comparaisons entre les revendications françaises et européennes
00:43:40 dans les différents pays. Alors on a surtout beaucoup travaillé dans la première moitié de l'année 2023. Donc c'est vrai que là, les différentes crises,
00:43:48 Pays-Bas, Allemagne, France, sont arrivées plutôt après. Après, on sent quand même qu'il y a... Alors il y a des sujets très nationaux
00:43:58 qui s'expriment dans les crises. Par exemple, aux Pays-Bas, Rodrigo en parlerait mieux que moi, parce qu'il s'est plus penché sur ce cas.
00:44:05 Aux Pays-Bas, il y avait quand même des sujets très très néerlandais, en fait, qui s'opposaient dans la crise agricole. En France aussi, d'ailleurs.
00:44:14 J'ai évoqué dans mon propos introductif le cas des fruits et légumes. Par exemple, le cas des fruits et légumes, c'est vraiment là, pour le coup,
00:44:19 un point d'alerte vraiment français qu'on peut avoir. Parce qu'en fait, au niveau européen, sur la question des fruits un peu moins, mais surtout des légumes,
00:44:27 en réalité, au niveau européen, il y a des équilibres qui se trouvent. Il y a plus une spécialisation par pays qui est arrivée, donc une concurrence très forte
00:44:33 aussi au sein du marché intérieur sur la question des fruits et légumes. Mais la situation française sur les fruits et légumes, pour le coup, là,
00:44:39 il y avait une vraie sonnette d'alarme à tirer. Et là, je le dis aussi comme député du Central-Asie, qui est une terre historiquement maraîchère,
00:44:46 qui est une terre de maraîchage. Et le maraîchage en France souffre. Et donc du coup, voilà, on voit bien aussi comment est-ce qu'il y a des problématiques
00:44:54 très nationales qui surgissent dans la crise. Mais il y a des points qui sont transnationaux, qui sont européens. Et je pense quand même
00:45:04 que la question du revenu se pose pour tous les agriculteurs, que la question de la lutte – je dirais simplement de la lutte, Rodrigo pourrait compléter
00:45:14 avec deux autres mots, mais on va dire de la lutte qui se passe entre les grosses exploitations et les plus petites exploitations. Là aussi, on la retrouve
00:45:22 dans différents pays européens. Mais la réponse aux crises, quand même, je trouve qu'elle est pour le moment très nationale. Et c'est pour ça qu'on a fait
00:45:32 beaucoup de recommandations pour la prochaine commission et pour la prochaine législature du Parlement européen, parce qu'on a eu là des crises nationales.
00:45:41 Et il faut qu'on puisse avoir des réponses européennes à ces crises nationales pour aussi préserver la PAC. Sur le renouveau générationnel,
00:45:51 Rodrigo répondra plus en détail aussi, je pense, que moi. Mais un des enjeux du revenu, c'est aussi l'attractivité des métiers de l'agriculture.
00:46:00 Et là aussi, c'est un enjeu qui est européen, qu'on retrouve dans toutes les agricultures. Il y a aujourd'hui – il faut le dire très clairement –
00:46:10 un déficit d'attractivité des métiers agricoles. Et là-dessus, les pouvoirs publics, les syndicats et le monde agricole doivent aussi pouvoir travailler.
00:46:20 Je pense qu'ils en sont conscients et qu'une partie de la réponse sera aussi dans le fait de redonner de l'attractivité aux métiers agricoles.
00:46:30 Marietta Caramanly, je vous remercie d'avoir mis en avant... Elle n'est plus là. Mais je la remercie d'avoir mis en avant la question de la recherche
00:46:39 et d'innovation, parce que là, pour le coup, c'est quelque chose qui s'est imposé dans notre rapport, que nous n'avions pas forcément tout de suite vus.
00:46:51 Et contrairement à ce qu'on peut penser, beaucoup de spécialistes et même les praticiens, donc c'est-à-dire les agriculteurs eux-mêmes,
00:46:59 nous disent qu'en fait, on ne progresse plus tant que ça dans la recherche sur les sujets, on va dire, d'agriculture et d'agroalimentation,
00:47:17 que les grands bonds dans la connaissance ont été faits il y a parfois des décennies, voire un siècle.
00:47:23 Et que notamment sur la question des sols, on constate qu'il y a une dégradation des sols. Là aussi, c'est quelque chose qui est arrivé dans notre rapport.
00:47:30 Moi, je n'y pensais pas du tout à l'origine. Je l'avais un peu vaguement entendu chez moi en discutant avec des agriculteurs.
00:47:35 Mais beaucoup de personnes nous ont sensibilisés sur la dégradation des sols qu'il y a en Europe et que ça, ça doit être une priorité des pouvoirs publics.
00:47:46 Et donc, il faut qu'il y ait plus de recherche pour qu'on comprenne vraiment quels sont les mécanismes qui sont à l'œuvre.
00:47:52 Alors, on sait qu'il y a bien sûr l'impact des phytosanitaires. On sait qu'il y a aussi l'impact de certaines façons de labourer, de traiter la terre.
00:48:01 Mais pour réparer les sols et pour garder de la production, de la productivité, il faut qu'on mette beaucoup plus de recherche et également pour trouver des alternatives.
00:48:10 Parce que le fameux « pas d'interdiction sans solution », en fait, ce que nous disent les agriculteurs, c'est « nous, on aimerait bien utiliser moins de produits.
00:48:18 On aimerait peut-être utiliser des techniques plus douces, etc. Mais quand on n'a pas la solution, comment on fait ? »
00:48:25 Et c'est un message qui est totalement légitime et qui, là, pour le coup, se retrouve dans toutes les colères qu'il y a en Europe.
00:48:32 Et pour qu'il y ait des solutions, il faut qu'il y ait plus de recherche. Voilà. Donc ça, ça doit être une priorité de l'Europe et du prochain budget de l'UE et de l'APAC.
00:48:44 — Jules Larnousse. Bon, j'ai déjà parla-cièlement répondu. « Pas d'interdiction sans solution ».
00:48:49 Je pense quand même fondamentalement qu'il ne faut pas opposer les agricultures entre elles. Et ça, c'est un message qu'il faut aussi tenir vis-à-vis des agriculteurs.
00:48:59 Il y a différentes agricultures d'un point de vue de filière, d'un point de vue géographique, d'un point de vue des pays.
00:49:05 Et ensuite, il y a l'agriculture biologique et l'agriculture conventionnelle. Il faut que les deux agricultures existent, coexistent.
00:49:15 Je pense que les deux agricultures sont complémentaires, se renforcent. Et d'ailleurs, elles apprennent beaucoup l'une de l'autre.
00:49:26 Et là-dessus, il faut être aussi extrêmement vigilant sur la façon dont on ne culpabilise pas les agriculteurs qui font le choix de rester
00:49:44 dans l'agriculture conventionnelle et qui ne veulent pas faire la transition vers le bio. Voilà. Ce sont des choix personnels.
00:49:51 Il y a une agriculture biologique qui est soutenue. Bien sûr, il faut permettre qu'elle se développe. Mais je pense qu'il ne faut pas l'opposer.
00:50:02 Voilà. André Chassaigne, sur le concept de souveraineté alimentaire. Alors je comprends votre point de vue, d'ailleurs, et effectivement,
00:50:10 vous mettez en... Je vous remercie d'avoir lu cette partie du rapport, parce que là-dessus, j'ai appris des choses que je ne savais pas.
00:50:17 Vous voyez. J'étais parti de l'idée de souveraineté alimentaire. C'est vrai qu'il est dans le débat, là, depuis quelques années.
00:50:23 Et puis je peux le dire très clairement, parce que ce concept de souveraineté européenne est aussi beaucoup porté par le président de la République,
00:50:29 Emmanuel Macron. Et c'est un concept qui a percé au-delà de la France et donc qui s'impose dans le débat public. Mais c'est vrai que...
00:50:38 Alors Rodrigo, il le savait. Mais moi, je ne le savais pas qu'il y a beaucoup de spécialistes qui nous ont expliqué que c'est un concept
00:50:43 qui venait des mouvements antimondialistes ou altermondialistes et qui venait beaucoup de la réflexion des mouvements très à gauche
00:50:53 dans les années 90. Donc moi, je l'ai appris. Et d'une certaine façon, je me dis que c'est hyper intéressant aussi sur la façon dont les concepts circulent.
00:51:02 Alors vous le déplorez. Vous considérez que... Oui, c'est un parti privé, bien sûr. Mais je trouve que c'est une discussion très intéressante.
00:51:11 Et d'une certaine façon, que ce concept qui, en réalité... C'est bien que vous le rappeliez. Et on l'a rappelé. Et moi, j'ai pas de problème
00:51:18 étant plutôt un libéral et un capitaliste à le dire que ce concept vient il y a trentaine d'années plutôt des mouvements de gauche.
00:51:25 Et qu'aujourd'hui, ce concept se soit imposé et été repris à son compte par des gens qui sont plus issus de la droite, je trouve que c'est intéressant.
00:51:35 Mais il faut rappeler effectivement aussi la genèse de ce concept et de ne pas faire dire à la souveraineté alimentaire tout et son contraire.
00:51:45 Et pour terminer, moi, c'est ma dernière intervention. Je remercie ma collègue de la Seine qui vient de s'en aller, d'avoir posé la question
00:51:52 au député du Rhin que je suis. C'était pas un aspect fondamental du rapport. Mais je pense que quand on parle d'alimentation, l'alimentation,
00:52:00 c'est bien sûr ce qui vient de la terre. C'est aussi ce qui vient de l'eau. Et alors pour le coup, c'est les poissons et les coquillages,
00:52:06 parce qu'on les mange aussi. Ça apporte des calories. Ça apporte des protéines. Ça fait partie aussi de l'alimentation.
00:52:11 Donc il faut pas totalement l'oublier. Et que sur les poissons et les coquillages, pour le dire très clairement, alors là, la situation au niveau européen
00:52:20 n'est pas bonne. Et là, vraiment, on n'est pas souverain. Donc les produits issus de la mer, on est très dépendants de l'extérieur.
00:52:29 Et puis moi, j'ai trouvé, et parce qu'effectivement, je connais bien le Rhin, que je m'intéresse à ce fleuve et que je l'observe aussi,
00:52:39 on oublie par exemple que le Rhin, et c'est le cas de beaucoup d'autres fleuves européens, il y a un siècle encore, c'était des fleuves
00:52:47 où il y avait une pêche importante, où il y avait beaucoup de pêcheurs qui en vivaient. Et les poissons étaient distribués.
00:52:58 On pouvait les acheter. On les ait mangés aux alentours. Aujourd'hui, de mémoire, en tout cas en Alsace, il ne reste qu'un ou deux pêcheurs sur le Rhin.
00:53:05 Et donc les fleuves ont aussi beaucoup souffert de l'industrialisation à outrance, en particulier le Rhin.
00:53:14 Mais il y a des programmes européens qui existent depuis plusieurs années pour renaturer les fleuves, pour reconstituer des milieux,
00:53:23 des biotopes qui sont diversifiés pour qu'un certain nombre d'espèces animales reviennent dans ces fleuves.
00:53:28 Par exemple, dans le Rhin, historiquement, il y a toujours eu des saumons. En fait, dans le Rhin, plus personne ne le sait.
00:53:35 Et donc là, il y a des programmes européens qui font en sorte que ce type de poisson puisse revenir.
00:53:39 Ça mettra beaucoup de temps. J'ai conscience qu'on est là vraiment dans du long terme. Mais il manque une réflexion, une stratégie,
00:53:46 une volonté européenne pour que nous nous servions aussi des fleuves comme gisement, comme source d'alimentation.
00:53:54 Donc ça, c'était plus une recommandation prospective. Et j'espère que la Commission européenne y fera attention. Merci beaucoup.
00:54:00 Je ne vais pas répondre, si vous me le permettez, aux différentes questions non parlantes.
00:54:12 Parce qu'on vient dans cette histoire aussi avec nos aventures personnelles, avec nos histoires personnelles aussi.
00:54:18 Et c'est ce qui nous a permis à Charlie Bohm, je pense, maintenant qu'il y a prescription, d'avoir ce chemin partagé.
00:54:25 Je dis ce matin en conférence de presse que je vais avoir 50 ans dans pas longtemps.
00:54:32 Et donc je fais partie de cette génération qui a été bercée par « Where's the world ? » aux États-Unis et « SOS Éthiopie ? » en France.
00:54:43 C'est-à-dire cette prise de conscience que la question de l'alimentation se joue à l'échelle de la planète.
00:54:48 Celles et ceux qui pensent que l'issue sera hexagonale sont soit des menteurs, soit des cyniques.
00:54:55 En tout cas, elles ne correspondent à aucune réalité du monde. Ça n'a jamais été le cas.
00:54:59 Ce n'est pas l'histoire de l'humanité. Ce ne sera évidemment pas l'histoire de l'Europe et encore moins de la France.
00:55:03 Je dis ça parce que quand on discutait avec Charles Dufleuve, dont il vient de parler, il y a quelque chose de très intime.
00:55:14 Moi, j'ai eu la chance, je pense, de naître sur un autre continent, le continent sud-américain, le Chili pour être plus précis.
00:55:21 Et c'est vrai que dans les images d'épinal qu'on m'enseignait sur les bancs de la République des écoles publiques,
00:55:27 il y avait ces bâteliers, il y avait ces pêcheurs, il y avait toutes ces personnes qui étaient au cœur du système économique,
00:55:34 mais pas seulement du système économique, mais qui étaient au cœur d'une culture.
00:55:36 Et je pense que c'est ce que transmet l'école. C'est ce qu'elle transmet aux nouvelles générations à travers des enseignants passionnés
00:55:43 qui mettent plus que leur salaire dans leur œuvre et qui permettent à un jeune député, puisque c'est mon premier mandat,
00:55:50 d'être le garant de cette histoire-là. Et c'est, je pense, ce qui nous réunit au sein de cette Assemblée.
00:55:54 Quand je dis ça, quand on parle d'année Rasmus, ce n'est pas simplement pour permettre aux jeunes de voyager parce que c'est fun d'avoir une année de césure, etc.,
00:56:05 même si c'est une vraie question centrale, puisque la France fait exception à l'échelle européenne sur cette année de césure.
00:56:09 C'est de permettre en fait les échanges. Les échanges de ce que l'on cultive, comment on le cultive, avec qui on le cultive, avec qui on le pratique.
00:56:21 Mais c'est aussi des échanges de savoir-faire, c'est des échanges de pratiques. Et c'est des échanges aussi de qui nous nourrit.
00:56:28 Est-ce que ceux qui nous nourrissent doivent être les grands complexes agroalimentaires ? Est-ce que c'est le monde paysan ?
00:56:35 Pour ce qui nous concerne, nous avons tranché. Il nous semble que l'injuste rémunération des paysans, du monde agricole en général,
00:56:46 que ce soit éleveur, que ce soit producteur de céréales, de fruits, de légumes ou de poissons et de coquillages, c'est un enjeu de civilisation.
00:56:55 Et puisque je ramenais une madeleine de Proust de ces chanteurs engagés qui faisaient prendre conscience que la sous-alimentation,
00:57:05 voire la famine et la mort n'étaient pas une question d'alimentation mais une question politique, eh bien ça nous ramène à cette question de
00:57:14 est-ce que nous voulons que ce soit, comme dans le film de Ludfiness, les loups la cuisse, une usine qui nous nourrissent ?
00:57:21 Ou est-ce que ce sont ceux qui font à manger, en l'occurrence les agriculteurs ? Et nous sommes au cœur de ça.
00:57:25 Quand Charles rappelait notre présence en Hollande, eh bien oui, aujourd'hui le monde est prêt, avec la recherche, à produire sans terre.
00:57:37 D'ailleurs les rendements de la production de concombres, de tomates, de laitues, ce qu'on appelle les légumes de la santé en Hollande,
00:57:45 eh bien sont plus intensifs en rendement que ceux qu'on produit dans la terre.
00:57:49 La question qui se pose c'est est-ce qu'on doit aller vers ça ?
00:57:52 Ou est-ce qu'on doit continuer à insister et à soutenir celles et ceux qui produisent à les mains dans la terre ?
00:57:56 Aujourd'hui la recherche s'oriente vers rendre plus productif, parce que ce n'est pas encore le cas, de produire des céréales dans les mêmes conditions.
00:58:06 Et si on y arrive ? Si l'étude sur le génome nous permet d'être plus productif dans des cultures sous serre,
00:58:12 sans eau, pardon, avec de l'eau, avec des nutriments, que dans la terre ?
00:58:16 C'est un enjeu de civilisation. Et cette question se pose en France, elle se pose en Europe, mais elle se pose en fait à l'échelle de la planète.
00:58:22 C'est un enjeu culturel auquel nous sommes confrontés, tous bords confondus.
00:58:28 Le patriotisme ne considère pas à se draper d'un drapeau blanc-rouge, à dire que les autres sont les adversaires.
00:58:35 Parce que si nous parlons de souveraineté alimentaire, il faut tenir compte que nous sommes en difficulté face aux marchés mondiaux,
00:58:43 mais aussi face aux intrants dont nous avons besoin.
00:58:46 M'en ai plaise à M. De Fournasse. Si nous rompons les relations avec le Maroc, comment allons-nous faire pour les fertilisants,
00:58:54 quand nous savons que c'est précisément de ce pays-là d'où proviennent l'essentiel des engrais que nous mettons dans la terre ?
00:58:59 Cette vision à courte vue n'a pas d'avenir, et nous devons en avoir conscience parce que c'est à ce point que nous sommes toutes et tous confrontés.
00:59:06 Si nous faisons en sorte que l'Europe ne soit pas la dimension qui nous permette de discuter, de négocier, de coopérer,
00:59:14 chère Andrée Sassienne, tu as raison, de coopérer à l'échelle internationale, mais à la juste échelle,
00:59:20 pour faire en sorte que nos modes de vie ne consistent pas à travers le système de marchés libéraux,
00:59:26 que tu qualifies de cette forme-là, ou néolibéraux, quand tu disais au-delà du libéralisme.
00:59:31 Peu importe le concept. Il y a une bataille de logique qui est menée, c'est vrai.
00:59:34 La bataille de logique c'est est-ce que le développement de la France ou de l'Europe doit se faire au détriment des cultures vivrières
00:59:41 qui permettent à des pays entiers d'exister et sur lesquels nous, la France, avons un rôle important ?
00:59:46 Est-ce que nous avons raison, du point de vue de l'avenir de l'humanité, de continuer à importer des poulets du Sénégal alors que nous posons en produire ?
00:59:52 Est-ce que nous avons raison, y compris à l'échelle hexagonale, de produire des poulets dans un département et l'interdire dans l'autre ?
00:59:59 Parce que finalement, c'est le transport qui prime et la logistique et la grande distribution qui prend la main sur la valeur ajoutée sur la production agricole.
01:00:07 Ce sont des questions de civilisation intenses auxquelles nous allons avoir tous à faire face, indépendamment des bancs sur lesquels nous siégeons.
01:00:13 Alors, quand on parle de la PAC, qui peut dire sérieusement qu'elle n'a pas été utile à l'Europe ?
01:00:22 Qui peut dire sérieusement, sauf d'un résilisionnisme et d'un négationnisme délirant, que la PAC n'a pas permis de nourrir un continent entier au sortir de la Seconde Guerre mondiale ?
01:00:32 Ce n'est pas sérieux. Heureusement que l'école apprend le contraire.
01:00:35 Parce que celles et ceux qui en tiennent le contraire, y compris au sein de cet hémicycle, ils tournent le dos à tous les enseignants qui apprennent le contraire sur les bancs de l'école.
01:00:43 La question qui se pose pour la PAC, c'est est-ce que nous devons continuer à permettre le financement des grandes exploitations terriennes comme c'est le cas aujourd'hui,
01:00:53 aux dépens des petits ? Est-ce que nous devons repenser les attributions des finances ?
01:00:58 Parce qu'il n'y a pas de sister économique, quel que soit le pays européen et quel que soit le pays du monde, qui ne fonctionne sans l'aide de la puissance publique.
01:01:09 Ça n'existe pas, en tout cas pas en matière de production alimentaire. Ne serait-ce que les routes pour acheminer, ne serait-ce que les ringistes pour se souvenir, ne serait-ce que les supermarchés pour aller chercher.
01:01:20 Et quand je dis ubérisation, il y a une dimension éducative aussi dans l'Erasmus. Comment est-ce que nous faisons pour que les nouvelles générations de jeunes et quelque part de moins jeunes,
01:01:29 qui quand ils prennent cette révolution technologique qui nous met dans une autre civilisation qui est la civilisation du numérique,
01:01:35 estiment que quand on appuie sur un bouton pour se faire livrer à manger dans du plastique emballé, qui n'est pas nécessaire, dans du carton emballé qui n'est pas nécessaire sauf pour des raisons logistiques,
01:01:46 et bien derrière il y a des êtres humains qui ont produit ce que nous mangeons et que ce n'est pas parce qu'on le commande sur une application quelle qu'elle soit,
01:01:52 qu'il y a de la magie dans le fait d'amener de la ferme à l'assiette. Quand on dit qu'on est contre la ferme à l'assiette, on est en train de dire qu'on met de côté en fait celles et ceux qui produisent l'alimentation.
01:02:05 On privilégie celles et ceux qui l'acheminent dans le cadre de marchés internationaux et tout ça a un prix. Le prix c'est que nous avons un métier qui est le métier du monde paysan qui est méprisé,
01:02:16 parce que le monde du travail manuel est méprisé et que quand on parle de l'Erasmus c'est aussi ça qui est question. Ça dit des choses qu'en France les futures agriculteurs soient formés dans les lycées agricoles,
01:02:29 publics ou privés, je ne rentre pas dans ce débat là dans ma propos, mais que ça ne dépend pas du ministère de l'éducation nationale, ça dépend du ministère de l'agriculture.
01:02:36 Ça dit des choses sur la construction de notre mentalité, ça pose des questions et ça nous oriente sur la façon dont nous considérons l'éducation de nos enfants et ça met en question aussi
01:02:47 qu'à partir de la troisième nous séparons entre guillemets les "mauvais élèves" des "bons élèves" et que les "mauvais élèves" en l'occurrence sont orientés vers les filières professionnelles, il faut que ça cesse.
01:02:56 Cette organisation du système scolaire met en place aussi une sorte de mépris social, une sorte de mépris professionnel à partir des gens qui nous nourrissent, des gens qui nous habillent,
01:03:05 des gens qui nous aident au quotidien, je pense à toutes ces personnes qui bossent dans les EHPAD, qui bossent aussi dans tous les secteurs de la fragilité et qui elles n'appliquent pas à plein pot la loi EGalim
01:03:14 qui devrait faire en sorte que les questions de santé publique soient au cœur de la commande publique. Et c'est là où les coopérations rentrent en ligne de compte aussi.
01:03:21 Parce que aujourd'hui la puissance publique, que ce soit en France évidemment, mais à l'échelle européenne, sont un levier extraordinaire pour encourager et pour soutenir les nouvelles pratiques.
01:03:31 La PAC aujourd'hui permet à l'Autriche par exemple d'avoir 23% de bio. C'est-à-dire que le même instrument n'a pas la même application d'un pays à l'autre.
01:03:41 Et je remercie M. de Fournace parce que finalement il nous amène à discuter des choses de fond. Les manifestations des agriculteurs n'ont pas toutes la même raison en Europe.
01:03:50 En Hollande, c'était notamment par rapport à la question de l'azote, mais surtout parce que la Hollande, à travers ses propres lois nationales, a été condamnée par elle-même pour inaction climatique.
01:04:01 Quand on parle des manifestations qui ont lieu en Roumanie par exemple ou dans ce secteur proche de l'Ukraine, c'est parce que nous assumons d'avoir ouvert un corridor économique pour soutenir l'effort d'un peuple agressé,
01:04:13 peu importe la raison qu'on évoque sur cette question-là, agressé militairement et auquel l'Europe a répondu de façon à l'encourager.
01:04:20 Mais il y a une question qui se pose. Comment c'est possible qu'à travers ce corridor, nous ayons importé des produits agricoles et notamment des produits issus de l'élevage
01:04:30 qui sont interdits en Europe parce qu'ils ne correspondent pas à nos normes ? C'est un vrai sujet. En Espagne, c'est encore un autre sujet.
01:04:37 C'est la question de l'accès à l'eau. Quand vous allez à Barcelone ou dans la région de Barcelone, Gabriella Marck est un grand spécialiste de l'eau, vous le direz,
01:04:44 il y a une impasse de la production de ce que nous mangeons dans nos assiettes. Les fraises, on les prend en exemple, les tomates, on les prend en exemple. C'est la question de la gestion de l'eau.
01:04:54 Mais cette question se pose à tout le monde. Donc oui, l'Erasmus sert à ça. L'Erasmus, ce n'est pas voyager. L'Erasmus, c'est prendre en compte qu'il y a un sentiment européen qui fait que nous sommes embarqués dans un même bateau.
01:05:05 Et ça, je pense que ça ne passe que par la question éducative adossée à la recherche. Parce que quand on parle d'Erasmus, ce sont aussi ceux qui vont in fine être nos chercheurs.
01:05:15 Ce sont ceux qui vont éclairer nos avis. Charles l'a dit, nous n'étions pas partis du même endroit. Mais nous sommes arrivés finalement à des conclusions assez similaires
01:05:27 parce que nous avons écouté des chercheurs, nous avons écouté des gens qui ont les mains dans l'avenir, des personnes qui pensent le monde qui vient. Et c'est à ce titre-là qu'il n'y a pas de...
01:05:37 Sauf à vouloir raconter des histoires. Il n'y a pas d'élu de la nation qui ne puisse être obscurantiste par rapport à la vérité. Et la vérité, qu'on le veuille ou pas, elle sort aussi à travers les pratiques,
01:05:54 mais elle sort aussi à travers ce que produit l'université. Donc oui, aujourd'hui, il faut financer des thèses. Par milliers, à l'échelle européenne. Parce que c'est là que ça se passe.
01:06:02 Et si nous ne soutenons pas la recherche à ce point de vue-là, nous allons au-devant de choses très compliquées. Parce que comme je parlais des réseaux sociaux à travers le numérique,
01:06:11 eh bien oui, les complotismes, les absurdités, les fake news peuvent s'inviter dans le débat public. Et nous avons la responsabilité, chers collègues, d'être le barrage républicain et démocratique à cela.
01:06:21 Donc ça passe par là. Enfin, pour conclure. Oui, nos terres vont mal. Il y a entre 60 et 70% des terres françaises qui sont épuisées.
01:06:34 Épuisées parce qu'on leur a demandé plus que ce qu'elles pouvaient. Et aujourd'hui, elles sont dopées parce que sinon, elles ne produisent pas suffisamment.
01:06:40 Oui, nous avons un problème sur les intrants. Parce qu'aujourd'hui, la souveraineté se pose là. Nous avons besoin d'intrants pour pouvoir faire en sorte de doper ces terres.
01:06:47 Oui, nous avons un problème d'eau. Oui, nous avons un problème de souveraineté de ce point de vue-là. Mais il n'y a pas de problème de souveraineté, comme l'a dit Charles, comme on l'imagine notamment dans ce qui souffle sur les braises.
01:06:56 Par contre, il y a une question de sécurité alimentaire. Il y a une question de sécurité alimentaire. La sécurité, elle, passe sur ce qu'il dit sur, par exemple, la question des fleuves.
01:07:05 Est-ce que nous allons choisir que les saumons soient produits dans l'eau, qui est leur milieu naturel, donc se pose la question de la défense de la biodiversité, la défense du vivant ?
01:07:14 Ou est-ce que nous allons vers un monde qui existe déjà, de produire des saumons dans des bacs en plastique ? Parce que ça existe déjà.
01:07:22 Est-ce que nous allons vouloir que, finalement, les usines de traitement déversent leurs déchets dans les fleuves ? C'est le cas à Paris. C'est le cas dans le Rhin. C'est le cas aussi sur le Rhône.
01:07:34 C'est le cas dans tous les fleuves. Il y a que nos fleuves nous ont servi de poubelle. Eh bien, il faut que ça cesse. Donc l'enjeu de ce rapport est là.
01:07:40 La sécurité, elle ne dépend que de nous. Mais il n'y a pas de problème de souveraineté parce que nous sommes excédentaires dans ce que nous produisons.
01:07:46 Et je conclurai sur cet exemple-là. 40 % de nos sédans en serréales, n'en déplaise à M. de Fournasse, est exporté vers l'Egypte, la Tunisie, le Maroc et l'Algérie.
01:07:57 Et pour des raisons aussi géopolitiques. Parce que nous ne voulons pas que, dans ces pays-là, il y ait des régimes qui portent atteinte à la dégrité de notre pays
01:08:04 et qui portent atteinte à l'esprit des valeurs de la République. Parce que quand ils disent ce qu'ils disent, ils ne défendent pas ce que nous sommes.
01:08:09 Ils ne défendent pas la France et ils ne défendent pas non plus les combattants de la liberté et des droits de l'homme qui sont dans ces pays-là.
01:08:14 Parce qu'on sait très bien que quand on n'a pas de pain dans l'assiette, alors c'est la démocratie qui est en danger. Et ils ne rendent pas service à ce que nous sommes.
01:08:22 Donc on peut aller chercher des chiffres à l'ONU, on peut aller chercher des chiffres, on peut avoir des chiffres contradictoires.
01:08:27 Mais comme je disais dans mon préambule, la Terre, elle ne ment pas. Et quand la Terre est épuisée, nous avons le devoir de la réparer.
01:08:32 Merci beaucoup. Eh bien nous avions deux co-rapporteurs extrêmement passionnés.
01:08:40 Il aurait fallu faire ça en hémicycle. Eh bien faites une PPRE, on l'amènera jusqu'en hémicycle si vous voulez.
01:08:45 En tout cas, merci beaucoup pour cette présentation. S'il n'y a pas d'autres demandes de prise de parole, eh bien vous avez la parole.
01:08:52 Non, non, non, je m'échiche pour la PPRE. Allez-y, vous êtes souverain dans cette commission.
01:08:56 La commission est-elle d'accord pour autoriser le dépôt de ce rapport d'information ? Très bien. Puisque c'est le cas, il en est ainsi décidé.
01:09:05 Je vous propose de suspendre quelques instants avant qu'on passe au second point de l'ordre du jour et on reprend juste après.

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