EXCLU - Attaqué en justice pour avoir refusé de marier un homme expulsé pour "salafisme", le maire d’Hautmont témoigne dans "Morandini Live": "J'ai fait mon travail. Je me pose parfois la question d’arrêter mes fonctions" - Regardez

  • il y a 7 mois
EXCLU - Attaqué en justice pour avoir refusé de marier un homme expulsé pour "salafisme", le maire d’Hautmont témoigne dans "Morandini Live": "J'ai fait mon travail. Je me pose parfois la question d’arrêter mes fonctions" - Regardez

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00:00 On va parler de ce maire, je voulais vraiment qu'on s'arrête là-dessus parce que c'est quand même une histoire assez incroyable.
00:06 Ce maire qui va savoir aujourd'hui s'il est condamné pour avoir refusé de marier un homme expulsé de France pour salafisme.
00:13 Ce maire s'appelle Stéphane Villemotte, il est en direct avec nous. Bonjour M. le maire.
00:17 Bonjour à vous.
00:18 Merci beaucoup d'être en direct avec nous. D'abord, est-ce que vous avez déjà le verdict ou pas encore ?
00:22 Le verdict vient de tomber à l'instant. Le président de la mosquée salafiste qui m'avait attaqué pour ne pas avoir célébré son mariage a été débouté.
00:32 Les juges estiment que sur le fond, il était important qu'il saisisse une autre juridiction, mais qu'en tout état de cause, il était débouté et condamné à payer l'ensemble des frais de justice et des frais d'avocat qui avaient été pris.
00:45 C'est une première décision. Après, je peux vous dire que même si c'est une décision qui peut nous sembler positive, je pense malheureusement qu'il y aura une suite, que la suite sera donnée par cette personne.
01:00 Vous respirez un petit peu parce que moi j'ai vu des interviews de vous, vous étiez quand même très très inquiet.
01:06 Oui, il y avait une inquiétude. Vous savez, les sujets liés à l'islam radical, au salafisme sont des sujets très sensibles.
01:16 Et moi, maire d'une commune de 15 000 habitants, on peut être confronté à certaines difficultés.
01:22 Et donc il y a deux tendances. Il y a les élus qui font l'autruche et puis il y a les élus qui osent mettre le sujet sur la table pour en parler.
01:30 Et dans cette affaire, je peux vous dire que j'ai eu la chance d'avoir un soutien de la part de l'État, du ministre de l'Intérieur, du préfet,
01:42 pour que justement, tous ensemble, on puisse avoir un objectif commun de défendre les valeurs de la République face à une personne qui voulait se marier
01:52 pour des choses qui étaient peut-être un peu extérieures et qui faisaient l'objet d'une mesure d'expulsion, comme vous l'avez dit.
01:58 – Alors on va rappeler peut-être les choses, monsieur le maire, parce que cet homme est l'ex-responsable algérien d'une mosquée du Nord,
02:04 qui a été formée en 2018 pour apologie du terrorisme. Il était considéré par la préfecture à ce moment-là comme leader du salafisme dans le bassin de la Sambre.
02:13 Il a été expulsé après trois jours plus tard sur instruction du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin.
02:20 Donc vous, c'est les raisons pour lesquelles vous refusiez de le marier ?
02:23 – Alors en fait, si vous prenez plus largement, on est face à quelqu'un qui a fait une première demande de mariage.
02:31 Moi, je demande le report parce qu'en fait, on a un certain nombre d'éléments par rapport à peut-être un problème sur le consentement.
02:37 Il faut savoir pour vos spectateurs qu'un maire ne peut pas refuser de marier deux personnes.
02:44 Le maire peut juste demander le report au procureur de la République.
02:47 Donc il y a eu un premier report qui a été demandé et ensuite, l'année dernière, une nouvelle demande de mariage.
02:56 Et pour cette demande de mariage, un certain nombre d'éléments m'avaient été donnés par les services de l'État
03:02 sur la dangerosité de cette personne, sur le fait également qu'il y avait possiblement des liens avec des milieux
03:10 qui avaient été faits le djihad dans des pays du Moyen-Orient.
03:15 Et donc, par rapport à tous ces faits, j'ai demandé un certain nombre de renseignements complémentaires et demandé le report du mariage.
03:22 Mais cet homme aujourd'hui est en Algérie, c'est bien ça, M. le maire ?
03:25 Oui, il est en Algérie.
03:26 Et donc, en fait, il a mandaté en France une avocate pour vous attaquer ?
03:31 Oui, il a mandaté en France une avocate pour m'attaquer et pour demander réparation,
03:36 estimant que le maire n'avait aucune raison de demander le report du mariage.
03:42 Et comme beaucoup d'autres maires en France qui sont confrontés à des mariages, parfois, où on s'interroge,
03:48 il était de mon devoir d'élu, de maire, de représentant de l'État en tant qu'officier d'État civil, de demander des explications.
03:58 Et c'est ce que j'ai fait auprès du procureur de la République.
04:00 Et après cette procédure, c'était au procureur de décider, en tout état de cause, j'ai fait mon travail de maire.
04:06 Ça, on est totalement d'accord là-dessus, effectivement, et c'est pour ça qu'on en parle,
04:10 parce que moi, je trouve aberrant que vous vous retrouviez en plus devant la justice.
04:12 Alors, vous disiez, bon, il a été débouté, on l'a appris avec vous il y a quelques instants,
04:16 donc ça, c'est plutôt bien, mais que vous vous retrouviez devant la justice,
04:19 et puis avec cette peur que vous avez eue, quand même, parce que vous risquiez même l'inégibilité,
04:24 si jamais on lui donnait raison.
04:27 Il faut quand même rappeler que dans l'arrêté d'expulsion, les autorités ont indiqué que le lieu de culte qu'ils géraient était connu,
04:33 alors je vais citer précisément, était connu pour dispenser un islam salafiste wahhabite,
04:38 avec des prêches prônant le djihad islamique et la violence envers les juifs et les chrétiens.
04:43 Moi, ce que je trouve dingue, c'est que vous vous retrouviez devant la justice,
04:46 que vous vous soyez retrouvé dans la justice, M. le maire.
04:48 Je trouve ça, mais c'est surréaliste.
04:51 – Je vais vous dire quelque chose qui va vous rendre encore un peu plus interrogatif,
04:55 c'est-à-dire que la personne me poursuit, je suis au tribunal,
05:00 quand il y a eu, quelques jours avant le mariage,
05:06 un certain nombre de menaces ont été proférées par cette personne.
05:11 Quelques jours après son expulsion, vous avez eu une manifestation organisée
05:18 par des proches des milieux salafistes et qui a réuni près de 300 personnes au Mont,
05:25 avec les noms des policiers qui ont été donnés sur les réseaux sociaux,
05:28 le mien, plus différentes choses.
05:30 Nous avons déposé plainte il y a maintenant quelques mois.
05:35 L'instruction est toujours en cours, la procédure judiciaire est en cours.
05:40 Les personnes qui ont proféré ces menaces ou donné les noms des policiers,
05:45 ou le mien, sur les réseaux sociaux,
05:47 pour l'instant je n'ai pas encore les suites qui sont données.
05:50 Et voilà, moi je suis déjà dans une première décision judiciaire
05:56 et les personnes qui ont fait ça sont, pour l'instant, en attente des suites.
06:00 Donc c'est un peu, malheureusement, une forme de deux poids deux mesures
06:04 et j'aurais vraiment l'impression que ça aille aussi vite de ce côté-là.
06:07 Ce que vous êtes en train de me dire, c'est que vous avez le sentiment quand même
06:09 qu'il y a une justice à deux vitesses.
06:11 Je ne peux pas vous dire qu'il y a une justice à deux vitesses,
06:14 ça je n'espère pas et je ne le pense pas.
06:17 C'est un peu ce que vous décrivez malgré tout, mais je comprends que vous ne vouliez pas le dire.
06:20 Je résume moi avec mes mots, monsieur Le Maire.
06:24 Juste dernière question quand même.
06:27 Il n'y a pas un moment... Pardon, allez-y, je vous en prie.
06:30 Ce qui est vraiment important, c'est que quand on est face à des sujets liés au séparatisme, au salafisme,
06:35 et c'est vraiment un mal insidieux qui est dans notre société,
06:38 on doit être intransigeant.
06:40 On doit, même nous élus, parfois prendre des décisions qui sont impactantes,
06:44 impactantes en tant qu'élus, un risque d'inégibilité, c'est pas n'importe quoi,
06:49 impactantes aussi pour nos proches.
06:51 Et ce qui est vraiment utile, c'est que la République se défende.
06:56 Et que dans cette malheureuse affaire, moi je tiens à le dire,
07:00 je ne suis pas proche de lui et de son parti,
07:03 mais le ministre de l'Intérieur a vraiment été un vrai soutien,
07:06 les services du préfet, et c'est comme ça qu'on arrivera à se défendre
07:10 contre ces personnes qui prônent un islam radical et le salafisme.
07:15 Dernière question.
07:17 On sait à quel point c'est difficile aujourd'hui d'être maire,
07:21 on sait à quel point vous êtes parfois menacé, vous êtes parfois agressé,
07:25 je parle des maires en général, pas vous en particulier,
07:28 mais globalement le métier de maire est un métier qui est terrible,
07:30 vous vous retrouvez dans la justice pour cette histoire,
07:32 il n'y a pas des moments où vous vous dites "j'arrête" ?
07:36 Mais vous vous le dites souvent en fait.
07:38 Mais vous avez toujours la petite lumière qui vous dit de continuer,
07:44 mais c'est vrai que c'est un sujet, c'est une question que je me pose parfois
07:50 et que je me suis posée encore récemment, mais après on verra la suite.
07:54 C'est-à-dire qu'aujourd'hui vous hésitez à continuer ?
07:57 Pour être clair.
07:59 Je vous dirai dans quelques temps, mais en tout cas c'est une question
08:01 que je me suis posée suite à cette affaire.
08:04 Merci monsieur le maire, merci beaucoup, et puis bon courage à vous,
08:08 et bravo à tous les maires, parce que tous les maires font un boulot exceptionnel,
08:12 Stéphane Wilbot, maire d'Hautemont, c'est dans le Nord.

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