Laurence Ferrari - SNCF : la grève de trop pour les usagers ?

  • il y a 7 mois

Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent de la situation à la SNCF et de la grève des contrôleurs qui aura lieu ce week-end.
Retrouvez "Punchline" sur : http://www.europe1.fr/emissions/punchline

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Transcript
00:00 Nous sommes en plateau avec Karim Zérébi, ancien député européen.
00:03 Bonsoir Karim.
00:04 - Bonsoir Laurence.
00:04 - Avec Marc Ploetwijk, économiste.
00:05 - Bonsoir Laurence.
00:06 - André Valigny, ancien ministre et avocat.
00:08 - Bonsoir.
00:09 - Vincent Herbouet, éditorialiste politique étrangère sur Europe 1.
00:12 - Bonsoir.
00:13 - Naïma M. Fadel, essayiste.
00:15 - Bonsoir.
00:16 - Et Geoffroy Lejeune, directeur de la rédaction du JDD.
00:18 On va reparler de mon petit éditorial dans un instant,
00:20 parce qu'il est question de la liberté d'expression,
00:22 vous l'aurez compris,
00:23 et cette liberté d'expression qu'on veut brider,
00:25 voire cadenasser, faire taire. Mais d'abord j'aimerais qu'on parle de la vie de nos téléspectateurs
00:31 et de nos auditeurs avec ce qui se passe à la SNCF,
00:33 parce qu'on le sait, le trafic sera très perturbé ce week-end.
00:36 On fait le point avec Corentin Boyot et on va se poser la question de ses actions
00:40 et de cette grève à la lueur de ce qu'a dit le Premier ministre. Écoutez.
00:44 La situation risque d'être compliquée sur les rails.
00:47 Un appel à la grève des contrôleurs SNCF a été lancé
00:51 et la circulation des trains devrait être très perturbée ce week-end.
00:56 Du côté des voyageurs, le timing est compréhensible.
01:00 Le meilleur moyen de faire bouger les choses, c'est d'embêter les gens
01:04 qui malheureusement travaillent et profitent de leur temps libre pour voyager.
01:07 Un mouvement qui devrait être suivi par 7 contrôleurs sur 10.
01:10 Selon la SNCF, l'objectif est d'assurer un TGV sur 2
01:15 et de prioriser les départs et retours du ski.
01:18 Il faut également s'assurer que les enfants soient tous bien pris en charge.
01:22 Une adaptation nécessaire pour faire voyager le plus de personnes possible,
01:27 comme le précise Christophe Fannichet, directeur général de SNCF Voyageurs.
01:32 Un TGV sur 2, ça ne veut absolument pas dire un voyageur sur deux.
01:35 On vous l'a dit, nous pensons que sur la période des 4 jours qu'a indiqué Alain Krakowicz,
01:40 tous les voyageurs peuvent retrouver une place. C'est ça notre objectif.
01:45 Donc nous, on veut faire voyager le maximum de Français.
01:48 Interrogé sur le sujet ce matin, le Premier ministre Gabriel Attal
01:53 a dénoncé le moment choisi pour débuter cette grève.
01:56 Je pense que les Français sont très attachés à notre Constitution et aux droits de grève.
02:05 Ils savent que la grève, c'est un droit.
02:09 Mais je crois qu'ils savent aussi que travailler, c'est un devoir.
02:13 La SNCF appelle ces voyageurs impactés à décaler leur trajet
02:17 et informe qu'ils travaillent sur un dédommagement exceptionnel.
02:20 Marc, on vient d'entendre le Premier ministre dire qu'il y a le droit de grève,
02:24 mais il y a aussi le devoir de travailler.
02:26 C'est une critique en règle de ce qui se passe à la SNCF ?
02:28 Complètement, surtout que là on a affaire à un service public.
02:30 Il ne faut pas l'oublier.
02:32 Donc de ce point de vue-là, oui, on a un devoir de rendre ce service.
02:35 Je sens que les services publics, c'est ça qui est complètement fou.
02:37 Les dépenses publiques n'ont jamais été aussi élevées en France.
02:40 La dette publique également.
02:41 Et les services publics se dégradent.
02:43 Il y a des moyens, mais malheureusement, les services ne sont pas là.
02:46 C'est la grande difficulté.
02:47 On a vu l'année dernière, enfin encore aujourd'hui,
02:49 les prix des billets de la SNCF ont explosé.
02:52 Ils ont explosé à la hausse, c'est même plus cher que l'avion parfois.
02:54 C'est plus cher que l'avion.
02:55 Donc là aussi, on a du mal à comprendre.
02:58 C'est une entreprise publique, donc peut-être qu'il faut penser également
03:01 justement au pouvoir d'achat des usagers.
03:03 Le problème, c'est quand on a une grève, ça coûte à peu près 25 millions d'euros par jour
03:07 dans ces eaux-là.
03:08 Mais après, c'est surtout, je pense, le vrai coût, il est indirect.
03:11 Surtout sur l'image qu'on peut avoir sur une économie française
03:14 qui a du mal à avancer, qui est trop souvent bloquée.
03:18 Donc ça risque de nuire.
03:19 Et je vous rappelle que nous sommes déjà en récession malheureusement en France.
03:21 Ça ne nous a donc pas arrangé la situation,
03:23 avec également un taux de chômage qui est en train d'augmenter malheureusement.
03:26 Donc au-delà des journées de grève,
03:29 il y a un vrai enjeu économique et social pour les mois à venir.
03:33 Margot Faudré, journaliste européenne, vous a rejoint.
03:35 Bonsoir Margot.
03:36 Je voudrais juste faire un point avec vous sur la situation financière de la SNCF
03:39 et puis aussi la question des salaires,
03:40 parce que ça fait partie des revendications des contrôleurs,
03:44 et les embauches.
03:45 Faites-nous un tout petit point.
03:46 Merci Margot.
03:47 D'abord, regardons un petit peu les chiffres.
03:49 Combien sont payés les contrôleurs de la SNCF ?
03:51 D'après les informations d'Europe 1,
03:53 un contrôleur en début de carrière sur le réseau TER
03:55 est rémunéré 2 900 euros bruts par mois.
03:58 Un contrôleur en milieu de carrière sur le réseau TGV,
04:01 3 750 euros bruts par mois.
04:04 C'est ce que les contrôleurs d'ailleurs entre eux appellent l'élite.
04:06 Et en fin de carrière, cela monte même à 4 400 euros bruts par mois.
04:10 Et ce sont des salaires médians, c'est-à-dire que 50 % gagnent moins
04:14 et 50 % gagnent plus.
04:15 Et ces montants incluent aussi les primes.
04:17 Alors, revenons sur ce qu'a annoncé la direction comme accord
04:21 qui a été trouvé récemment.
04:23 Il y a trois points dont vont bénéficier tous les cheminots,
04:25 notamment les contrôleurs.
04:27 D'abord, une prime exceptionnelle de 800 euros.
04:29 400 euros ont déjà été versés au mois de décembre,
04:33 en anticipation des bons résultats du groupe pour 2023.
04:36 L'autre partie doit être versée au 1er mars.
04:39 Ensuite, une revalorisation de 30 à 50 % de l'indemnité résidence
04:43 pour aider les cheminots à se loger en zone tendue,
04:46 notamment en région parisienne.
04:47 Enfin, 3 000 promotions supplémentaires,
04:49 soit une augmentation de 2 à 4 % de salaire.
04:52 1 000 personnes supplémentaires vont aussi être recrutées en CDI.
04:55 Ce qui vient s'ajouter aux 7 300 recrutements déjà prévus.
04:59 Et parmi eux, il y aura 200 contrôleurs.
05:02 Enfin, une dernière question sur celle du coût.
05:04 Le coût de la grève, combien ça peut coûter ?
05:06 D'après les informations d'Europe 1,
05:08 une journée de grève à la SNCF coûte en moyenne 20 à 25 millions d'euros.
05:12 Le coût de la grève des contrôleurs à Noël,
05:14 il y a un peu moins d'un an et demi,
05:16 avait été estimé à 100 millions d'euros.
05:18 Le coût des mouvements sociaux apparaît même dans les comptes du groupe SNCF.
05:22 Voilà ce qu'on peut lire dans le rapport financier du 1er semestre 2023.
05:26 Je vous le lis.
05:27 L'Ebida, c'est le bénéfice avant impôt,
05:29 atteint 2,8 milliards d'euros.
05:32 Hors grève, il atteindrait 3,2 milliards d'euros.
05:34 Conclusion, les grèves pour les 6 premiers mois de l'année 2023
05:38 ont coûté à la SNCF 400 millions d'euros.
05:41 Et puis, il faut rappeler quand même que la SNCF
05:43 est une entreprise publique,
05:44 financée par l'État et donc par les contribuables.
05:46 En 2022, ce sont 20 milliards d'euros
05:48 qui ont été payés par les contribuables,
05:50 donc par les ménages et les entreprises.
05:52 Sans ces 20 milliards, il n'y a pas de TER, pas de TGV,
05:55 pas de salaire et pas de pension de retraite.
05:57 Merci pour ce point très clair, très précis.
05:59 Margot Fauderé, d'Europe 1.
06:00 André Valigny, je vous ai vu lever les yeux au ciel
06:02 pendant l'exposé brillant de Margot.
06:05 Ce sont des salaires de 1 900, 3 700 en milieu de carrière,
06:08 4 400 en fin de carrière,
06:09 que vous estimez des gros salaires ?
06:11 Je ne pensais pas que les salaires étaient à ce niveau à la SNCF.
06:14 Tant mieux pour les agents de la SNCF,
06:16 on est bien au-dessus du salaire moyen du secteur privé.
06:18 Mais tant mieux pour eux.
06:19 Ils ont conquis des avantages et des salaires
06:24 tels qu'ils sont présentés, je le répète.
06:26 Moi, je voudrais dire deux choses.
06:29 D'abord, sur le Premier ministre qui dit que le...
06:31 Oui, le droit de grève est un devoir de travailler.
06:35 La grève est un droit, le travail est un devoir.
06:37 C'est un peu moralisateur.
06:38 On n'a pas attendu ce jeune Premier ministre
06:40 pour savoir qu'il fallait travailler dans la vie.
06:42 Ça, c'est la première chose.
06:43 La deuxième chose, c'est que je trouve lamentable,
06:45 une fois de plus,
06:46 chaque fois qu'il y a des vacances qui arrivent,
06:48 des vacances scolaires,
06:49 qu'on prenne, entre guillemets,
06:50 je sais que les syndicalistes n'aiment pas du tout
06:52 cette expression, en otage,
06:53 les passagers, les familles...
06:55 - C'est la réalité. - Les gens qui vont au sport d'hiver
06:57 dans notre région, Chère-Lorence, dans les Alpes...
06:59 - La Savoie. - La Savoie et en Isère.
07:01 Alors que les vacances arrivent vendredi.
07:04 Et je trouve déplorable
07:06 qu'on en soit encore à ce niveau-là en France.
07:09 Le dialogue social est totalement déficient et défaillant.
07:12 La direction de la SNCF et les syndicats
07:14 devraient se mettre d'accord
07:16 tout au long de l'année, tous les trois mois,
07:18 tous les six mois, je ne sais pas,
07:19 avec des clauses de revoyure,
07:20 plutôt que d'attendre les vacances scolaires
07:22 pour à nouveau déclencher une grève.
07:24 - Une menace de grève, la direction qui cède
07:26 et on lève le préviz.
07:27 Vincent Rirouet, vous avez un regard neuf, peut-être,
07:29 sur la situation de la SNCF,
07:31 et ce marronnier qu'il y a la grève
07:33 au moment des vacances.
07:34 - La dernière fois que je suis venu chez vous,
07:35 c'est les agriculteurs dont on parlait.
07:37 - Oui, la France passe de crise en crise.
07:39 - Il y a un monde qui sépare ces deux catégories de Français.
07:42 Le paysan qui, avec son tracteur sur le rond-point,
07:46 qui se demande comment,
07:47 qu'est-ce qui va faire le boulot à la ferme,
07:49 et qui vit avec le dixième des revenus
07:52 qu'affichent aujourd'hui ces salariés ultra-protégés
07:56 qui prennent leur retraite très tôt
07:58 et qui ont un petit côté quand même assez privilégié.
08:00 Vous me parlez des conquêtes sociales.
08:02 On est très loin de Jean Gabin quand même.
08:04 On est très loin de...
08:06 On connaît un peu comment ça se passe à l'intérieur de la SNCF.
08:08 Et puis d'ailleurs, ces réculteurs,
08:10 ils n'ont pas les moyens, eux,
08:12 non seulement de bloquer les gens qui prennent le train,
08:15 mais ils n'ont même pas les moyens de prendre le train.
08:17 Parce que le TGV, c'est très cher.
08:19 C'est hors de prix.
08:20 C'est plus du tout un mode de déplacement collectif qui est social.
08:25 Donc on est assez effarés d'avoir à la fois la ruine
08:28 de cette institution qui est d'une fierté française, la SNCF,
08:32 le coût qui pèse sur chacun d'entre nous,
08:35 même si on ne prend jamais le train,
08:36 parce qu'il est trop cher,
08:37 parce qu'on a des enfants,
08:38 parce que ceci, parce que cela,
08:40 et l'égoïsme sacré que brandissent les gens qui défendent leur ordre de droit.
08:47 Je sens qu'on va avoir un débat vif, enthousiaste et passionné,
08:51 parce que Karim n'est pas du tout de votre avis, Karim Zeribi.
08:54 Il connaît bien la SNCF.
08:55 Ce que je viens d'entendre,
08:56 je ne sais pas si c'est une situation qui existe
08:58 ou si c'est une situation qui est fantasmée.
09:01 C'est toujours une belle entreprise.
09:03 Quand on dit "en ruine",
09:04 c'est toujours une belle entreprise, la SNCF,
09:06 qui envie notre système ferroviaire de par le monde.
09:09 On a 30 000 km de voies ferrées,
09:10 on a le TGV, 95 % de ces derniers arrivent à l'heure.
09:13 Donc on a une capacité aujourd'hui...
09:16 Tout ne va pas très bien, Karim.
09:17 Ils sont en colère, les contrôleurs.
09:19 On n'est pas sur des ruines, je veux dire.
09:22 Arrêtons ! Tout ne va pas très bien, évidemment,
09:24 sinon ils ne feraient pas grève, les cheminots.
09:25 Et sur la question des cheminots,
09:27 les cheminots partent à quel âge à la retraite ?
09:30 Qu'est-ce que j'entends, là ?
09:31 C'est fini, tout ça ?
09:32 C'est avec Vincent qu'il faut dialoguer.
09:34 Je vous ai donné l'exemple concret d'un ami d'enfance à moi
09:37 qui est contrôleur aujourd'hui de la SNCF.
09:39 Quand il a signé son contrat,
09:40 on lui a dit "tu partiras à la retraite à 55 ans".
09:42 Aujourd'hui, avec les réformes successives,
09:44 il va partir à 64 ans.
09:47 Est-ce que c'est ça, être un privilégié ?
09:49 Il va partir à 3 000 euros, net,
09:51 dont 1 000 euros ne seront pas compris dans sa retraite,
09:54 parce qu'il est un roulant,
09:56 mais ça n'est pas compris, effectivement,
09:58 dans son traitement de la retraite.
10:00 Donc arrêtons d'en faire des nanties.
10:01 Moi, je veux bien...
10:02 Et d'ailleurs, je vais vous dire,
10:04 2 000 euros pour quelqu'un qui rentre à la SNCF, net,
10:06 c'est bien, par rapport à un agriculteur,
10:09 mais est-ce qu'il faut tirer les éleveurs vers le haut
10:11 ou tirer les cheminots vers le bas ?
10:13 C'est quoi notre modèle de société ?
10:15 - Alors, attendez, Vincent, vous voulez répondre ?
10:17 Allez-y, répondez, et qu'on aïma ensuite.
10:19 - Non, non, moi, je n'étais pas en train de faire comme ça,
10:22 d'évaluer au plus près combien il faut plaindre chacun.
10:26 Je disais simplement qu'il y a deux types de Français.
10:29 Il y a ceux qui ont un statut protégé,
10:31 qui sont totalement inclus, qui sont dans le système,
10:33 qui sont les cheminots, par exemple.
10:35 - Protégés de quoi, aujourd'hui ?
10:36 Il n'y a plus de carte de permanent.
10:38 La retraite est comme les autres.
10:40 Non, mais protégés de quoi ?
10:41 Vous parlez d'une SNCF qui n'existe plus.
10:43 - Je vous le dis, je vous laisse parler.
10:45 Mais quand vous comparez, si vous comparez froidement,
10:49 peut-être que vous n'avez pas d'amis agriculteurs,
10:51 moi, personnellement, je prends le train toutes les semaines.
10:53 Je connais un peu la SNCF de l'intérieur.
10:55 Et non seulement je prends le train toutes les semaines,
10:57 mais en plus, je vis...
10:58 - Moi, j'ai été cheminot 25 ans.
11:00 - Donc je regarde réellement, très concrètement,
11:03 et franchement, cette vision que vous avez en balcon,
11:06 en surplomb, de la réalité sociale,
11:08 moi, ce n'est pas celle que je connais.
11:10 Ce que je vois, c'est qu'il y a des gens qui, d'un côté,
11:12 sont des salariés qui ont droit à toutes sortes de protections.
11:18 - C'est quoi ? Je vous le demande, vous ne me répondez pas.
11:20 - Une protection sociale, une retraite correcte...
11:22 - Mais quelle protection sociale ?
11:24 - Un comité d'entreprise...
11:25 - Je suis en train de vous expliquer que dans la retraite,
11:28 les frais de déplacement ne sont pas inclus.
11:30 Vous ne me répondez pas.
11:31 Je vous dis qu'ils partent à 64 ans.
11:33 Vous ne me répondez pas.
11:34 - Si je peux me permettre...
11:35 - Alors, Naïma et Fadel, allez-y.
11:37 - Vous pouvez tous les deux,
11:38 je vais vous renvoyer dos à dos,
11:40 parce qu'en fait, je pense que c'est une erreur d'opposer les deux.
11:43 Et sinon, on va faire comme El-Effi,
11:45 qui passe son temps à opposer les secteurs.
11:47 - Pitié !
11:48 - Les pauvres contre les riches, etc.
11:50 Il ne faut pas, je pense, qu'on aille vers ça.
11:53 Il faut éviter, je le pense,
11:55 sachant qu'effectivement, la réalité de nos paysans,
11:58 elle est désespérante.
11:59 Je suis d'accord.
12:00 Après, moi, j'entends ce que dit Karim.
12:02 Aujourd'hui, il faut le reconnaître.
12:04 Quand on a connu la SNCF, il y a encore une trentaine d'années,
12:07 ça n'a plus rien à voir,
12:08 ça a été complètement déshabillé.
12:10 Et aussi, aujourd'hui, on a une réalité,
12:12 où ils doivent faire avec cette réalité.
12:14 Et effectivement, qui ne nous satisfait pas.
12:16 Ensuite, moi, je reviens encore à cette prise en otage,
12:19 comme vous avez dit, monsieur Valény.
12:21 Moi, je suis d'accord avec vous.
12:22 Je pense qu'aujourd'hui, le gouvernement doit absolument légiférer,
12:27 je le redis, comme en Italie, d'ailleurs,
12:30 qui ont sanctuarisé les périodes de vacances scolaires
12:35 et les fêtes de fin d'année, les fêtes religieuses, etc.
12:38 C'est extrêmement important,
12:40 parce que justement, on rendra encore une fois beaucoup plus populaire...
12:44 C'est...
12:45 - C'est grave, hein ? - Les cheminots italiens...
12:47 Un petit mot, après, on fait la pause.
12:48 - Par toi, Thie, et on va écouter Geoffroy aussi.
12:51 - C'est vrai que c'est pour la SNCF,
12:52 il n'y a plus les protections qu'on avait il y a quelques années.
12:53 On l'a vu, au niveau des salaires, c'est quand même relativement élevé.
12:55 Et c'est 30 % de plus que...
12:56 - Le euro par mois, c'est pas élevé.
12:58 - C'est 30 % de plus que...
12:59 Non, d'accord.
13:00 - Et de plus que les cheminots italiens, qui eux, justement...
13:02 - Ah, les pauvres !
13:03 - Et bien là, si on se compare au niveau européen...
13:05 - Mais ça a été privatisé, Marc.
13:07 - Vous l'étirez vers le bas, ça ne t'arrive pas.
13:09 - Marc, ça a été privatisé.
13:10 - Arrêtez !
13:11 - Non, mais ce qui est intéressant dans ce dialogue,
13:13 c'est que ce "débat", entre guillemets,
13:16 c'est qu'on voit cette tension sociale qui est en train de monter aujourd'hui.
13:19 On est en train d'opposer les uns contre les autres.
13:21 Et je pense qu'effectivement, certains ont envie de cela.
13:23 Et c'est extrêmement dangereux pour la stabilité sociale et sociétale de notre pays.
13:28 - Et tout ça, encore une fois...
13:30 - On continue dans un instant.
13:32 - Il y a eu beaucoup trop d'inflation.
13:34 - Et sur Europe 1...
13:35 - Petite pause, petite pause.
13:37 On se retrouve, on continue à parler de la SNCF
13:39 et puis de la liberté d'expression.
13:40 C'est sacré.
13:41 A tout de suite.
13:42 - Voilà.
13:43 - Punchline.
13:44 - 18h19h sur CNews et Europe 1.
13:46 - Laurence Ferrari.
13:47 - Punchline.
13:51 - 18h19h.
13:52 Laurence Ferrari sur CNews et Europe 1.
13:55 - 18h20, on se retrouve en direct dans Punchline, CNews et Europe 1.
14:02 On a des débats enflammés à propos de la situation à la SNCF.
14:05 On a eu des chiffres très intéressants.
14:07 Il y a 7 grèves qui se profilent pour le week-end.
14:09 Un TGV sur 2 seulement.
14:10 Je vous prends le jeûne.
14:11 Est-ce que vous êtes d'accord avec le fait, voilà,
14:12 les cheminots, disait Vincent Herouette,
14:15 sont des nantis, protégés.
14:17 On a en face Karim Zarabi qui dit "bah non, pas du tout,
14:20 ils ne sont pas protégés en réalité,
14:22 ils partent à la retraite à 64 ans".
14:24 - Moi, j'ai utilisé volontairement la même comparaison
14:26 que Vincent Herouette tout à l'heure.
14:27 Non pas pour opposer les catégories de Français entre eux
14:30 et souffler sur les braises de la guerre civile,
14:32 ce n'est pas l'ambiance en ce moment.
14:33 Il ne faut pas qu'on soit accusé de ça sur cette chaîne.
14:35 - Et cette radio.
14:37 - Et sur cette radio,
14:38 mais pour opposer les légitimités des revendications.
14:40 C'est-à-dire que vous avez d'un côté,
14:42 je suis d'accord avec la question du statut de salarié protégé.
14:45 Qu'est-ce que c'est un salarié protégé ?
14:47 C'est quelqu'un dont le même salaire va tomber
14:48 à la fin du mois sur la fiche de paye,
14:50 qui est promis à un certain avancement,
14:51 peut-être pas assez, mais un certain avancement,
14:53 qui en effet cotise pour sa retraite,
14:54 qui en effet a un comité d'entreprise,
14:56 qui en effet a droit à certains avantages
14:58 et qui a un cadre de vie.
14:59 Il sait que son temps de travail
15:01 ne va pas être indéfiniment étendu.
15:03 Pourquoi la comparaison ?
15:04 - Il y a beaucoup de salariés protégés en France alors.
15:06 - Carême, c'est la mie. Allez-vous terminer ce soir.
15:08 - Donc ne mettez pas les cheminots à part.
15:10 - Non, mais Dieu merci, il y en a beaucoup.
15:12 Et plus il y en a, mieux c'est pour eux.
15:14 Mais maintenant, parlons aux agriculteurs,
15:16 une seconde, ce sont des gens qui ne se versent que...
15:20 La maman de Jérôme Bell,
15:22 qui était sur les ronds-points au tout début,
15:24 elle gagnait 300, elle touchait 300 euros par mois.
15:26 Son mari qui s'était suicidé en touchait 600.
15:28 Donc voilà, c'est la comparaison.
15:31 Non mais je ne le compare pas pour...
15:33 Carême, je ne le compare pas pour dire
15:34 "laissons la SNCF comme ça, parce que les agriculteurs, c'est pire".
15:37 Je dis juste, en fait, dans ce pays,
15:39 il y a des corporations, et les agriculteurs,
15:41 c'est 400 000 personnes, c'est pas rien du tout,
15:43 qui n'ont droit à absolument rien de tout ça.
15:46 Et donc, je ne connais pas la réalité des chiffres,
15:48 mais je m'en tiens à ce que l'a dit Margot tout à l'heure,
15:50 d'Europe 1, qui est venue nous faire un exposé,
15:52 sur les salaires médians.
15:53 Je dis juste, en fait, c'est une situation
15:54 qui est absolument incomparable.
15:55 Et pourquoi la comparaison est vaut en ce moment ?
15:58 C'est parce qu'on a un mouvement social auquel on est habitué.
16:00 Moi, depuis que je suis petit, j'entends parler des grèves à la SNCF,
16:03 et notamment pendant les vacances.
16:04 Et les agriculteurs, on les a vus sortir dans la rue
16:06 pour la première fois, ou presque,
16:08 sur les ronds-points et sur les routes,
16:10 il y a maintenant 15 jours.
16:11 Ils sont rentrés à la maison à la seconde,
16:13 où ils ont eu le sentiment d'avoir le début du commencement d'une réponse.
16:15 Remettons les choses en perspective,
16:17 dans ce pays, il y a les deux.
16:18 Et moi, je pense qu'il y a une urgence
16:19 dans un camp plus que dans l'autre.
16:21 C'est vrai qu'il y a un vrai changement.
16:23 On ne va pas faire la lutte des classes,
16:24 mais il y a un vrai changement entre public et privé.
16:25 Pendant des années, comme vous le savez,
16:27 dans le public, on a la sécurité de l'emploi,
16:28 ce qui n'est pas le cas dans le privé.
16:29 Mais pendant de très nombreuses années,
16:31 les salaires du privé étaient nettement plus élevés
16:33 que dans le public.
16:34 Depuis une dizaine d'années,
16:36 on a quasiment les mêmes salaires entre le privé et le public,
16:38 alors qu'on n'a pas du tout les mêmes avantages.
16:40 Dans le privé, il y a l'insécurité de l'emploi au sens large,
16:42 problème de retraite, de financement de la retraite,
16:45 de pénibilité, etc.
16:47 A fortiori, si on est agriculteur,
16:48 on est aussi chef d'entreprise,
16:50 mais précaire,
16:51 parce que souvent on a l'image d'une chef d'entreprise
16:53 qui sont des nantis,
16:54 mais là, on se rend bien compte que c'est ça qui est dangereux.
16:56 C'est-à-dire que la règle du jeu, elle n'est plus respectée.
16:58 Et donc, il y a beaucoup de Français
17:00 qui normalement auraient dû gagner un peu plus,
17:02 ce n'est plus le cas aujourd'hui,
17:03 alors qu'ils souffrent beaucoup plus.
17:04 Donc c'est ça qui est dangereux, public, privé.
17:06 - Un dernier mot, Karim ?
17:07 - Non, moi, ce que je voudrais,
17:08 c'est qu'on arrête de penser que la SNCF de papa,
17:11 c'est toujours la SNCF d'aujourd'hui.
17:13 Moi, mon père était cheminot.
17:14 Mon frère est cheminot aujourd'hui,
17:15 j'ai été cheminot pendant plus de 25 ans.
17:17 Donc, permettez-moi de vous dire,
17:18 je connais un peu l'entreprise.
17:20 La SNCF de papa, vous étiez au cadre permanent.
17:23 Vous partiez à la retraite à 55 ans
17:24 quand vous étiez contrôleur.
17:25 Vous aviez des agents dans les gares,
17:26 des chefs de service,
17:27 vous avez eu du monde dans les trains.
17:29 Aujourd'hui, vous partez à 64 ans,
17:31 vous n'êtes plus au cadre permanent.
17:33 Quand on embauche un contrôleur à la SNCF aujourd'hui,
17:35 on l'embauche en CDD, comme dans le privé.
17:38 Et quand vous démarrez,
17:39 vous démarrez à 1 600 euros par mois,
17:41 comme dans le privé.
17:42 Et après, vous avez des EVS,
17:44 c'est des frais de déplacement,
17:45 parce que vous couchez 10 fois dans le mois dehors.
17:48 Mais vous n'êtes pas considéré comme un roulant,
17:50 vous êtes considéré comme un administratif.
17:51 Et ces primes-là ne sont pas intégrées dans la retraite.
17:53 Que demandaient les cheminots, là ?
17:55 Ça faisait 7 ans avant 2022
17:56 que les salaires des cheminots
17:57 n'avaient pas été augmentés.
17:58 Donc, quand le président dit
18:00 "on a été augmenté de 500 euros",
18:01 c'est un rattrapage de 7 ans.
18:03 Ensuite, dernier point, j'en termine par là.
18:05 Là, ce mouvement-là,
18:06 il ne demande pas d'argent.
18:07 En plus, ils disent
18:08 "aménagez-nous la fin de carrière".
18:09 À 64 ans,
18:11 contrôler un train de 500 voyageurs,
18:13 on assure la sécurité des circulations,
18:15 la sécurité physique,
18:16 parce qu'il n'y a plus personne dans les trains.
18:18 Donc, l'information voyageur,
18:20 la préservation des recettes,
18:21 quand vous avez une entreprise qui explose
18:23 et qu'elle n'est pas capable,
18:24 en termes de ressources humaines,
18:25 d'aménager la fin de carrière de ses agents,
18:27 on a un problème de dialogue social,
18:29 pas un problème de contrôleur à la SNCF.
18:31 - Je vous vois tous inquiétés,
18:32 vous êtes d'accord, M. Malini ?
18:33 - Non, on n'est pas tous d'accord.
18:35 - Il y a un énorme problème de dialogue social.
18:37 - On est d'accord ou on n'est pas d'accord ?
18:38 - On est d'accord pour dire
18:39 qu'il y a un problème de dialogue social.
18:41 - Et qu'on attend toujours la dernière minute,
18:43 avant les vacances scolaires,
18:44 pour commencer à négocier
18:45 et dire qu'il va y avoir une grève.
18:46 Tout ça est inacceptable.
18:47 Quand je vois les chiffres des bénéfices de la SNCF,
18:50 je pense qu'ils pourraient baisser un peu les billets aussi.
18:52 Le prix des billets.
18:53 - Sur les TGV.
18:54 - Oui, les TGV.
18:55 - C'est spécifique aux TGV, la hausse des billets.
18:57 - Parce que c'est une entreprise à part.
18:58 - Bien sûr.
18:59 - Vous avez le dernier mot là-dessus ?
19:00 - Le prix du billet ?
19:01 - Non, sur la SNCF.
19:02 - Mais c'est impossible de savoir
19:03 quel est le prix du billet, vous savez.
19:04 C'est très compliqué.
19:05 - En fonction de l'heure, la minute.
19:06 - Du simple, il prend 50%.
19:08 - Exact.
19:09 - Et le chèvre, on n'y retrouverait pas ses petits.
19:11 - C'est vrai.
19:12 - L'offre et la demande.
19:13 - Un contrôleur, si vous y achetez.
19:14 - Et la concurrence est ouverte.
19:15 Vous avez Trenitalia qui fait du Paris-Lyon aujourd'hui,
19:17 qui casse les prix.
19:18 Donc on ne peut pas dire aussi que ce service public
19:20 ne soit pas en concurrence aujourd'hui.
19:21 Il y a une concurrence aujourd'hui sur le plan de Vérivière.
19:24 - Un seul.
19:25 - Mais la concurrence est ouverte partout.
19:26 - Oui, d'accord.
19:27 - Les concurrents peuvent venir sur tous les tronçons.
19:28 - Il n'y en a qu'un seul.
19:29 - Je veux dire.
19:30 - Et c'est plutôt bien, Trenitalia.
19:31 On est d'accord.
19:32 Ils l'ont pris.
19:33 Monsieur Valigny, vous validez.
19:34 - Oui, oui.
19:35 Les trains sont confortables, on y mange bien.
19:36 Et ils sont très beaux en plus.
19:37 C'est le design italien, l'élégance italienne.
19:38 - En tout cas, c'est la concurrence française.
19:39 - C'est très propre.
19:40 - C'est très propre.
19:41 - C'est très propre.

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