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La mobilisation des agriculteurs peut-elle repartir? Dans les exploitations, les effets concrets des mesures annoncées par le gouvernement ne sont pas encore visibles. Certains semblent déterminés à accentuer la pression, alors que le Salon de l'agriculture doit s'ouvrir le 24 février

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Transcription
00:00 En plein cœur de la capitale, Adrien Lefebvre est en route pour rejoindre un rassemblement d'éleveurs laitiers, à deux pas de l'Assemblée nationale.
00:11 « On est content d'être dans les premiers à relancer sous forme d'indépendants les manifestations. L'objectif, clairement, on a le Salon de l'agriculture dans 10 jours.
00:20 Si on se fait pas entendre maintenant sur la question des prix et du revenu, j'ai peur que les syndicats comme le gouvernement passent à côté des vrais problèmes des agriculteurs. »
00:31 Une quarantaine d'agriculteurs, de tracteurs et quelques prises de parole.
00:39 « On a des gens aujourd'hui qui viennent du Grand Est ! »
00:42 « Ouais ! »
00:43 Une action uniquement symbolique, comme une piqûre de rappel, adressée directement au gouvernement, 10 jours seulement après la levée des derniers blocages.
00:56 « L'objectif, c'est clair, c'est de garder cette pression jusqu'au Salon de l'agriculture. Après, elle va peut-être se faire différemment que de bloquer la couronne parisienne, mais elle va se faire et elle va continuer. »
01:06 Car depuis qu'ils sont rentrés chez eux, beaucoup d'agriculteurs estiment que rien n'a changé.
01:12 C'est le cas d'Arnaud Bassé, éleveur de vaches laitières dans l'Oise. Il attend toujours une remise sur le carburant.
01:21 « Le GNR, on nous a dit dès février, vous allez toucher l'argent. Bon, voilà, on attend toujours, on n'a rien sur le compte en banque pour l'instant. »
01:28 Cet agriculteur a participé au blocage de l'autoroute A1. Aujourd'hui, il est plutôt pessimiste quant aux promesses gouvernementales.
01:37 « J'avais espoir, quand j'étais sur l'A1, avec mon tracteur, de dire qu'ils allaient changer de logiciel, j'y croyais. Aujourd'hui, je pense qu'ils sont surtout en train d'amener de l'argent.
01:46 Alors là où il y en a besoin, c'est sûr, mais sous forme de pansement. C'est-à-dire qu'en fait, on est reparti dans un système où le monde agricole n'arrive pas à survivre,
01:54 n'arrive pas à vivre de sa production, donc on va colmater. En fait, on va donner comme si c'était une catastrophe naturelle alors que c'est tous les ans. »
02:02 Des mesures dites d'urgence, qu'il estime inadaptées, au moins insuffisantes aux besoins du monde agricole. Et surtout qui prennent beaucoup trop de temps à se mettre en place.
02:12 À 800 kilomètres de là, en Haute-Garonne, Jérôme Bail fait le même constat. Cet éleveur, à l'origine du premier barrage routier dans le sud-ouest, est devenu l'une des figures du mouvement fin janvier.
02:30 Et aujourd'hui, depuis sa ferme, il surveille l'avancée des dossiers, la concrétisation des annonces du premier ministre. Pour l'instant, il est déçu.
02:39 « Je sais que les dossiers avancent, mais pour nous, ils n'avancent pas assez vite parce qu'on est dans des situations compliquées. Et qu'en fait, on a mis tellement de règles complexes il y a bien longtemps
02:50 que maintenant, on s'aperçoit qu'on ne peut plus rien faire parce qu'on est ficelé par des règles qu'on a déjà faites. Alors on refait des règles pour changer les règles.
02:58 Aujourd'hui, il va falloir resimplifier l'agriculture. Il va falloir que tout le monde s'assoie autour d'une table. Les agriculteurs, l'administration, les syndicats et l'État.
03:07 Et que tout le monde, vraiment, se mette autour d'une table et qu'on repart sur l'agriculture simple et qu'on reparte sur des bases simples. »
03:13 Une refonte en profondeur, car s'ils n'obtiennent pas ce qu'ils veulent, les agriculteurs ont prévenu. Ils sont prêts à se mobiliser à nouveau.
03:20 « Vous savez, dans l'agriculture, on réfléchit, on n'a que ça à faire. Donc on réfléchit beaucoup et on a des bonnes idées, je pense, qui pourraient mettre des gros coups de pression.
03:29 Moi, j'ai tenu parole au premier coup, mais je leur ai donné ma parole aussi que s'ils ne me respectaient pas, je ne respecterais plus. Et que s'il fallait repartir, on repartira.
03:36 Mais voilà, ce n'est pas exclu, tout ça. » Les agriculteurs, qui acceptent de patienter encore une dizaine de jours avant d'envisager une reprise du mouvement,
03:46 quitte à mettre en péril le rendez-vous phare du Salon de l'agriculture.

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