• il y a 9 mois
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00:00 [Musique]
00:23 Le rayonnement de la Russophonie en France. Il y a la Francophonie et il y a la Russophonie.
00:29 Il est l'ancien président du Conseil de coordination des Russes de France.
00:34 Il est organisateur des Journées du Livre russe à Paris.
00:37 Ça fait une quinzaine d'années, chaque année, qu'il organise ses journées.
00:41 Je crois qu'il n'a pas pu les organiser...
00:44 - Elles sont en suspens. - Elles sont, voilà, elles sont en suspens.
00:48 Voilà. Il est aussi avec ses amis à l'initiative du Prix Russophonie,
00:55 qui est la meilleure traduction en français de livres russes.
01:02 Le premier président de jury, d'ailleurs, de ce prix, était autre que l'académicien André Makin.
01:09 Donc là, l'Hongrie, il faut le savoir, pour les Russes, est un élément d'identité extrêmement fort,
01:14 bien plus que la nationalité.
01:17 Il est aussi le fondateur, depuis quelques années, de Stop Russophobie.
01:24 Stop Russophobie, donc, c'est une maladie, la Russophobie,
01:29 qui règne particulièrement dans les pays d'ex-Europe de l'Ouest,
01:34 et en France tout particulièrement, qui lui vaut aussi de temps en temps jusqu'à des menaces de mort.
01:41 On en dira peut-être quelques mots.
01:43 C'est pas le genre de choses qui va lui faire peur.
01:45 Il a quand même un grand-père, dont il a fait d'ailleurs la traduction de son ouvrage.
01:49 Arkadietz Koshko, qui était le dernier chef de la police du Tsar.
01:53 Et ce, avant la Révolution d'Octobre.
01:56 La police criminelle du Tsar.
01:59 Donc il a traduit et annoté le livre Arkadietz Koshko, détective du Tsar, aux éditions Macha.
02:05 Je lui laisse la parole.
02:08 Vous pouvez la prudir.
02:09 Merci beaucoup, merci aux autres.
02:12 D'abord, on verra.
02:15 Donc oui, ce que j'ai décidé de faire, puisqu'on a l'honneur de parler du conflit qui se déroule actuellement sur le terrain d'Ukraine,
02:23 j'ai voulu peut-être essayer de synthétiser les causes de cette situation,
02:33 qui est avant tout une tragédie, une tragédie pour essentiellement le monde russe, je dirais.
02:39 Puisque ce sont des russes qui tuent d'autres russes.
02:42 Essentiellement pour le compte de gens autres.
02:46 Pas pour le côté russe, évidemment, puisqu'ils défendent leur pays, leur identité, justement.
02:53 Mais de l'autre côté, malheureusement, les Ukrainiens servent d'autres causes que celle de l'Ukraine.
03:00 Mais enfin, comme on le sait, l'histoire nous le démontre,
03:04 puisque souvent, malgré les apparences, aucune guerre n'a jamais eu une seule raison pour être déclenchée.
03:11 Et chaque grand conflit est basé sur un projet constitué de toute une multitude de raisons et de sous-objectifs
03:20 qu'il faut atteindre dans un grand but ultime et qui dépassent grandement en général le cadre de la guerre elle-même.
03:29 Les raisons déclencheurs qui sont annoncées par les partis en présence, en confrontation,
03:36 et évidemment aujourd'hui par les médias qui leur sont soumis,
03:41 ne sont que le reflet du point culminant de l'affrontement et des divergences profondes.
03:48 Mais qui ne peuvent plus être résolues par la loi diplomatique.
03:54 Et quelquefois même au contraire, et dans notre cas c'est très évident,
03:59 quelquefois même au contraire une solution diplomatique serait un obstacle à la réalisation des objectifs pré-établis
04:06 et quelquefois soigneusement dissimulés ou bien annoncés seulement pour des initiatives.
04:14 Si on a le temps, j'essaierai de vous passer un tout petit extrait d'un film d'un géopoliticien américain
04:21 qui annonce à peu près tout ce qui s'est passé.
04:26 Donc je tente la synthèse des raisons de ce conflit armé en Ukraine.
04:31 Ca veut dire des raisons régionales immédiates et des raisons mondiales
04:39 et elles à plus long terme, aussi bien dans le passé que pour l'avenir.
04:45 Pour les raisons régionales, moi je vois les raisons suivantes.
04:51 Je les ai un peu résumées sur le tableau si vous arrivez à lire.
04:56 L'échec du rêve ukrainien, c'est ça qui a ouvert la porte à tout le reste.
05:01 Les rivalités et les incohérences économiques de la construction de cette Ukraine depuis 1991.
05:09 Les guerres inter-oligarchiques, les complicités, la corruption, notamment la corruption gazière,
05:16 le pillage, le compradorisme, c'est à dire le fait de servir de comprador à des puissances
05:24 qui ont "gagné" la guerre froide.
05:29 En Ukraine, ça a atteint des proportions plus élevées que dans les autres pays de l'ex-URSS.
05:36 Le coup d'état de février 2014, après la révolte et les provocations du Maïdan
05:42 et la révolution orange de 2004.
05:46 Je développerai tout ça, bien évidemment.
05:49 L'interdiction du russe par le gouvernement du coup d'état, notamment par le dénommé Turchinov
05:57 qui est arrivé à cumuler la fonction de président du parlement,
06:01 de président de l'exécutif provisoire et de pasteur d'une secte protestante américaine.
06:09 Et qui a lancé ensuite les attaques contre le Donbass et évidemment le massacre d'Odessa
06:18 dont on a très très peu parlé ici, le 2 mai 2014.
06:24 Parmi les causes immédiates, il y a le non-respect des accords de Minsk,
06:30 qui sont issus justement des premiers affrontements dans le Donbass,
06:34 commencé par Kiev.
06:37 Quand aujourd'hui on vous dit "les russes ont lancé une offensive",
06:42 eh bien en fait on pourrait dire "attention, l'offensive a été lancée en 2014 par les armées de Kiev".
06:51 Et puis évidemment, comme parmi les causes immédiates de février 2022,
06:57 c'est l'éminence d'une offensive de nettoyage ethnique qui était prévue pour fin février, début mars,
07:04 et qui avait déjà été préparée par l'intensification des bombardements d'artillerie dès le 13 février,
07:10 ce qui est nommé par l'OSCE, c'est noté par les observateurs de l'OSCE qui étaient encore sur place à cette époque-là.
07:18 Donc je dirais que je vais commencer par les causes mondiales paradoxalement,
07:21 parce qu'elles me paraissent plus importantes,
07:23 et elles expliquent l'impossibilité d'un cessez-le-feu tenté, pourtant, et presque obtenu, au début de mars 2022.
07:33 On ne sait très peu de ça, mais en mars 2022, Zelensky et les siens ont demandé un cessez-le-feu,
07:42 c'est-à-dire quelques jours après le début de l'intervention russe, de l'opération militaire spéciale, ce qu'ils ont appelé,
07:47 qui est quand même souvent qualifiée d'invasion au niveau des médias de grand chemin,
07:52 ou par les politiques, notamment états-uniens et ceux qui leur sont soumis,
07:57 mais une invasion, ça ne se fait pas d'un pays comme l'Ukraine, qui est quand même assez grand,
08:02 et qui est quand même assez peuplée, même s'ils ont perdu plus de 15 millions d'habitants entre les 91 et 2014,
08:11 on n'a envahi pas un pays avec 120 000 hommes.
08:15 Et en plus, pas toujours équipés comme il faudrait.
08:19 Donc, on ne peut pas parler d'invasion, mais du point de vue là, la fameuse formulation,
08:27 qui a tout un aspect propagandiste, etc., de "opération militaire spéciale",
08:33 correspond beaucoup mieux à la réalité des choses, ou en tout cas à une volonté de ce qu'ont fait les autorités russes.
08:42 Donc, au début mars 1922, les Ukrainiens, voyant que ça ne servait à rien de se lancer dans une guerre plus importante,
08:53 malgré tous les armements qu'ils avaient reçus entre 2018 et 2022,
08:59 très très fortement armés, attention, avec une armée reconstituée,
09:05 quand les Russes sont arrivés avec 120 000 hommes en face, il y en avait 180 000 qui étaient prêts pour le nettoyage ethnique, quand même.
09:15 Plus tous ceux qui étaient évidemment à l'arrière dans le pays.
09:18 Donc, une armée forte qui avait été très préparée, très entraînée, très équipée par les puissances de l'OTAN,
09:26 alors que les Russes demandaient l'application des accords de Minsk.
09:31 Peut-être pas seulement, bien sûr, mais en tout cas c'est comme ça que les choses se présentaient.
09:37 Et ils étaient tombés d'accord, les Russes, au grand dam d'une bonne partie de l'opinion russe,
09:46 ils étaient très opposés à ça, étaient arrivés à un accord avec le gouvernement Zelensky, le régime de Kiev,
09:54 et pour limiter l'intervention uniquement en Donbass, pour préserver la population du Donbass,
10:01 c'est-à-dire les deux républiques de l'époque, Donetsk et Lugansk,
10:05 ils n'étaient pas encore question des républiques du Sud, de Cherson et de...
10:10 Donc, il n'y avait qu'un seul point sur lequel ils n'étaient pas d'accord, c'était la dénazification,
10:20 c'est-à-dire d'arrêter de nommer et de construire des statuts aux héros de la collaboration avec les Allemands pendant la guerre,
10:30 ce qu'ils ont beaucoup fait à partir de 2004.
10:33 Et donc ça, le régime de Kiev ne voulait pas en entendre parler,
10:37 puisqu'ils considéraient que c'était utile pour leur mythe fondateur.
10:41 Et les diplomates russes ont estimé qu'ils arriveraient à s'entendre là-dessus,
10:46 que finalement ce n'était pas hyper fondamental.
10:51 Et les diplomates ukrainiens étaient prêts à signer,
10:57 ils ont quand même tué un des membres de leur délégation, comme ça, en passant,
11:02 ce qui montre un peu les mœurs de ces gens-là, quand même.
11:06 Mais là-dessus est arrivé M. Boris Jansson, qui est venu exprès,
11:10 et a dit à Zelensky "Pas question de signer ça, vous ne faites pas la peine,
11:15 vous faites la guerre, ne vous inquiétez pas, on va vous donner des armes,
11:18 et d'ailleurs je vais vous citer mon ami Bruno Le Maire,
11:21 et bien vous allez voir, ils vont s'effondrer tout de suite".
11:24 Zelensky a oublié.
11:27 Donc le cessez-le-feu, ça a raté, et aujourd'hui c'est à peu près impossible de parler d'un cessez-le-feu,
11:33 d'autant que c'est dans l'intérêt de personne en fait.
11:37 Enfin si, ça pourrait l'être, dans l'intérêt des combattants,
11:41 et évidemment, évidemment, de l'obligation ukrainienne.
11:44 Mais ça, d'un point de vue de ceux qui mènent réellement la guerre, ce n'est pas le cas.
11:51 Donc la volonté de préservation dont je parlais de l'hégémonie mondiale du deep state américain,
11:58 qui était seule depuis 1991, et qui s'était manifestée notamment
12:05 par le refus d'accepter la Russie dans l'OTAN.
12:09 C'est Poutine lui-même qui a dit qu'il avait demandé à Clinton,
12:12 lorsqu'il est arrivé au pouvoir, Poutine, en 2000-2001,
12:17 il a demandé à Clinton d'admettre la Russie dans l'OTAN.
12:21 Et Clinton l'a envoyée promener, embarrassée d'après ce que raconte Poutine.
12:27 Et puis évidemment, les refus d'accepter la Russie dans l'UE, dans l'Union Européenne,
12:33 ce qui a été demandé à plusieurs reprises.
12:35 La refus aussi de l'Union Européenne de discuter, sur ordre américain il faut bien le dire,
12:42 de discuter avec la Russie des conventions et des compatibilités
12:48 lorsque l'Ukraine négociait son entrée dans l'UE.
12:52 Il fallait arriver à négocier des compatibilités de régime économique,
12:56 notamment sur les importations-exportations, puisque l'Ukraine était dans la zone libre CEI,
13:02 si vous voulez, elle aurait été aussi dans celle de l'UE,
13:06 ce qui fait qu'elle n'aurait plus pu faire des importations sans droit de douane,
13:10 qu'elle aurait pu après exporter en CEI,
13:12 puisque en CEI il y avait le même accord interdouanier.
13:15 Et ça, les Russes proposaient d'en discuter,
13:18 Yanukovitch a demandé à l'UE, au commissariat européen de l'époque, d'en discuter,
13:24 et ça a été un reflux total.
13:27 Les Russes n'ont pas à se mêler de ça.
13:29 Donc ce concept de la survie par la domination mondiale,
13:34 de la survie des États-Unis en tant que puissance hégémonique,
13:37 ça a été très clairement formulé à la fin de la guerre froide par Paul Wolfowitz,
13:43 c'est la fameuse doctrine, c'était le sous-secrétaire d'État à l'Américain à la Défense.
13:47 C'est la doctrine dite "Wolfowitz", à laquelle on se réfère souvent,
13:51 et qui considère les USA comme la seule superpuissance restante au monde,
13:55 et dont l'objectif principal est de conserver ce statut d'hégémone.
14:02 Je cite Wolfowitz,
14:04 "Empêcher la réémergence d'un nouveau rival,
14:08 soit sur le territoire de l'ex-Union soviétique,
14:11 soit ailleurs, qui représente une menace de l'ordre
14:15 de celle posée autrefois par l'Union soviétique."
14:18 Donc évidemment, tout refus d'idée d'eurasie
14:22 et d'attachement à la domination de ce que les géopoliticiens anglo-saxons appelaient le "Heartland".
14:31 C'est-à-dire en fait, cet ensemble de l'Asie centrale,
14:34 qui, dès les géopoliticiens anglais,
14:38 était défini comme le point central pour arriver à une domination du monde.
14:43 Puisque si l'Europe et l'Asie donnaient justement leur Asie,
14:46 ça deviendrait forcément le noyau central pour le monde,
14:49 et donc la remise en cause des Etats-Unis avec l'Atlantique
14:54 et leurs annexions de l'Union européenne, de l'Europe occidentale.
15:00 D'autre part, la deuxième grande raison, qui tient à la première,
15:05 c'est le danger de remise en cause du dollar mondial
15:08 et de la domination militaro-financière du monde,
15:11 qu'assument aujourd'hui les Etats-Unis,
15:13 donc avec leurs 900 bases maintenant dans le monde.
15:19 Déjà, à un niveau tout autre, l'Irak et la Libye ont payé la remise en cause,
15:26 ou la volonté de remise en cause du dollar.
15:28 L'Irak, parce que Saddam Hussein avait accepté le paiement du pétrole par des euros,
15:35 et vous voyez, l'Union européenne s'est pas mal debattue pour après défendre Saddam Hussein,
15:41 et un mois après ça, a eu une invasion américaine.
15:45 Et la Libye, ou Kadhafi, s'est permis de conseiller,
15:50 ou d'essayer de faire un lobbying parmi les Etats africains
15:54 pour vendre les matières premières africaines
15:57 dans une nouvelle monnaie qu'ils auraient appelée le Dzina Or, basée sur l'or.
16:02 Là, aussi, deux ou trois mois après,
16:05 pouf, on avait l'écrasement de la Libye avec toutes les conséquences qu'on connaît aujourd'hui,
16:11 à l'Empereur Zine notamment.
16:13 L'approche inéluctable d'une nouvelle organisation du monde,
16:18 que, évidemment, tout le monde ressentait après celle de 1945, et surtout celle de 1991,
16:24 ce qui est symbolisé par la montée des briques.
16:28 La trahison de l'accord verbal, si vous voulez, si on peut le montrer peut-être,
16:34 l'accord verbal qui avait été attesté,
16:38 notamment par des télégrammes comme celui que je peux vous montrer là,
16:43 avec Gorbatchev sur la non-extension de l'OTAN à l'Est de l'Allemagne.
16:49 Pas d'impuls.
16:51 C'est OTAN, Gorbi, Baker, je crois qu'ils l'ont appelé.
16:59 Voilà, c'est ça le télégramme qui rend compte de la discussion entre Baker et Gorbatchev.
17:06 Gorbatchev a eu la naïveté de croire que maintenant qu'on était amis avec les Occidentaux,
17:12 on pouvait les croire sur parole.
17:15 Il n'avait pas entendu M. Pasqua expliquer que les promesses verbales, ça n'engage à Kolchakui, il croit.
17:23 Ensuite, il y a bien sûr les projets américains de parer à leur déficit colossal
17:30 en prévision de l'affaiblissement du dollar,
17:33 en cannibalisant l'Europe occidentale, ce qu'on est en train de vivre,
17:37 et en relançant leurs appétits vers les matières premières russes.
17:41 Vous avez vu une déclaration de Condoleezza Rice, qui disait, quand elle était secrétaire d'État,
17:46 qu'il disait que les Russes c'est 2% de l'population mondiale,
17:53 c'est 15% des terres immergées,
17:56 et c'est 30% des richesses naturelles, des matières premières.
18:00 Il y a un problème.
18:02 Il y a peut-être un problème pour Condoleezza Rice, mais il n'y a pas un problème pour les Russes.
18:06 Et en fait, il n'y a pas de problème pour les Européens.
18:09 Parce qu'en fait, les Russes vendent assez volontiers leurs matières premières,
18:13 et ils les vendaient à des prix plutôt bas.
18:16 Donc on n'avait vraiment pas à se plaindre dans cette histoire-là.
18:20 Donc c'est l'urgence de leur point de vue de régler cette question-là,
18:26 et puis aussi de régler la question allemande, figurez-vous.
18:29 Parce que les géopoliticiens américains, et ça Friedman en parle justement,
18:34 c'est un expert de Stratford, de Chicago.
18:40 La question allemande pour les géopoliticiens américains,
18:44 et je vous renvoie encore une fois à l'ouvrage de base de M. Zbigniew Brzezinski,
18:50 "Le grand échiquier", trouvable dans toutes les librairies, bonnes et mauvaises, pour 9 euros.
18:55 Je vous jure, ne vous privez pas de ça, parce que c'est d'abord d'écriture agréable,
18:59 ça apprend plein de choses, c'est un homme cultivé, c'est bien écrit,
19:03 c'est un salaud, mais ce n'est pas notre salaud.
19:07 Franchement, en disant ça, vous comprenez tout,
19:12 enfin vous comprenez beaucoup mieux, je ne veux pas dire tout,
19:14 mais vous comprenez beaucoup mieux ce qui se passe.
19:17 Donc cette question allemande, elle est en suspens d'après eux depuis 1871,
19:22 donc la guerre contre la France, parce que l'Allemagne n'arrive pas à se décider,
19:27 n'arrive pas à trouver ses marchés, et le tout est de savoir
19:30 si elle va se tourner vers la Russie ou si elle va arriver à tourner uniquement sur l'Europe.
19:37 Et il faut l'empêcher d'aller vers la Russie.
19:40 Le grand but de la géopolitique américaine, c'est empêcher l'Allemagne de commercer,
19:47 de faire quoi que ce soit avec la Russie, d'où le fait qu'ils ont fait exploser le Nord Stream, bien évidemment.
19:52 Et d'autre part, pour empêcher notamment ça d'une manière plus forte,
19:58 notamment avec l'explosion du Nord Stream, c'est l'une des premières,
20:01 mais l'autre projet, c'est de rétablir ce qu'on appelle l'Intermarium,
20:05 c'est-à-dire le grand rêve polonais de rétablir l'Empire,
20:10 la Reichspolita, ça s'appelait, de royaume de Lituanie-Pologne,
20:14 qui allait de la Baltique à la mer Noire,
20:17 et les Américains aujourd'hui encouragent les Polonais à révéver ça,
20:23 peut-être à essayer de le rétablir,
20:25 parce que comme ça, ça fera un état tampon entre l'Europe occidentale et la Russie,
20:30 et ils pourront faire isoler au moins en surface,
20:34 et évidemment aussi gêner en ça l'extension de la Chine et de ses routes de la soie,
20:40 qui est, ne l'oubliez pas aussi, la grande rivalité entre la Chine et les États-Unis,
20:45 c'est que les États-Unis sont une puissance maritime, et la Chine est une puissance terrestre.
20:49 Et ce que ne veulent pas laisser les Américains,
20:52 c'est que des puissances comme la Russie, l'Allemagne et la Chine,
20:55 soient une puissance terrestre et puissent constituer ce fameux "Ghotland".
21:00 Donc, avec un intermarium,
21:06 ils pourront mettre un obstacle assez sérieux justement aux extensions territoriales,
21:11 qui c'est encore valable aujourd'hui malgré les progrès techniques, etc.
21:15 On le voit bien d'ailleurs.
21:18 Donc, pour aller à des causes plus immédiates,
21:25 il y a eu aussi le refus américano-otanien de répondre aux propositions de négociations
21:30 sur la sécurité européenne, qui avait été faite par les Russes en novembre-décembre 2021.
21:36 Regardez bien ça, parce que ça, à la limite,
21:39 si on vous dit "mais qu'est-ce qu'il faudrait faire maintenant pour avoir la paix du jour au lendemain ?"
21:43 C'est très simple, il suffit de reprendre les demandes
21:47 qui avaient été formulées et d'ouvrir des négociations sur ces propositions russes de novembre-décembre 2021
21:53 et vous arrivez à avoir une négociation diplomatique correcte.
21:57 Elles ont été rejetées grossièrement par les Américains
22:02 et ensuite par l'OTAN sur ordre américain.
22:05 Donc, bien évidemment, c'était là qu'ils ont repris l'image de "la Russie, c'est qu'une pompe à essence".
22:15 Alors, ils n'ont pas commencé à nous embêter à dire qu'il faut renégocier la sécurité européenne
22:21 par rapport à ce que nous avons obtenu en 1991
22:25 et où nous avons évidemment violé toutes nos promesses par rapport à l'OTAN
22:29 de ne pas étendre l'OTAN et que maintenant l'OTAN va dans les Pays-Bas,
22:33 va partout et qu'on va essayer d'y prendre l'Ukraine et la Géorgie,
22:37 même si on sait bien que c'est une question de survie pour la Russie.
22:40 Donc ça, ça fait dix raisons, parce que je vous ai numérées,
22:44 mais avec les raisons intérieures dont je vais reparler aussi,
22:48 il y en a d'autres, quelques fois, qui sont plus subjectives.
22:51 Il y a le lobbyisme, évidemment, de l'industrie de l'armement américaine.
22:54 Alors, je vous renvoie aux déclarations d'Eisenhower sur le sujet.
22:58 La prise des marchés énergétiques, la protection des importants acquis économiques américains sur le sol ukrainien.
23:06 N'oubliez pas l'accord céréalier, par exemple.
23:09 Ce sont essentiellement des terres achetées par les grandes compagnies américaines.
23:13 C'est 53% des terres arabes ukrainiennes qui sont achetées par les compagnies américaines.
23:18 Ensuite, il y avait aussi des ambitions de gaz de schiste en Ukraine.
23:24 Et ça explique en partie l'arrivée au pouvoir d'ailleurs de Zelensky.
23:29 Et puis les laboratoires de guerre chimique qui ont été installés,
23:32 et les guerres bactériologiques qui ont été installées en Ukraine,
23:35 et que les Russes ont dévoilé à l'ONU,
23:38 évidemment, sans que notre presse de Grand Chemin en dise un mot.
23:41 Les dossiers sont assez sérieux et importants.
23:44 Le revanchisme, on pourrait peut-être parler de ça,
23:47 des élites américaines russophobes,
23:50 quelques fois issues de l'immigration de l'Europe de l'Est.
23:53 C'est le cas de Newland et de Blinken,
23:56 qui sont en fait des descendants de juifs ukrainiens,
23:59 mais qui visiblement ne sont pas tombés dans les pogroms, ceux-là.
24:02 Et ils en arrivent à être pro-Kievien, ce qui est assez bizarre.
24:06 En tout cas, ce qui est embêtant,
24:09 c'est que dans toutes ces affaires-là,
24:12 le peuple américain, et nous aussi malheureusement,
24:15 on n'a absolument aucun accès d'information.
24:18 On a donc une violation de nos propres principes,
24:22 et de nos propres libertés,
24:25 dans le radiocortoside, bien sûr.
24:28 Et évidemment, les gens ne sont pas informés,
24:31 et du coup, marchent totalement dans la combine.
24:34 Comme le disait en 1981 l'ancien directeur de la CIA,
24:37 William Casey,
24:40 "Notre programme de désinformation aura atteint son but
24:43 lorsque tout ce que le public américain croira sera faux."
24:47 J'adore cette citation, mais c'est tellement vrai.
24:50 C'est Orwellien, c'est tout ce que vous voulez, mais bon, bref.
24:53 Donc il est difficile de nommer autrement, en tout cas,
24:56 le mode opératoire qui l'aurait propre.
24:59 Il y a des observateurs et des économistes
25:02 qui estiment qu'il y a en fait
25:05 un objectif final bien plus pragmatique,
25:08 qui est la survie des États-Unis d'Amérique.
25:11 Alors, moi je trouve que c'est pas la survie tout court, bien sûr,
25:15 mais c'est en tant qu'entité étatique,
25:18 et qui se fait beaucoup de sous,
25:21 préserver l'American way of life
25:24 qu'ils sont arrivés à établir,
25:27 notamment après la ruine de l'Europe,
25:30 et après la situation qui s'est créée,
25:33 après 1991, bien évidemment.
25:36 Et cette survie n'est malheureusement pas envisageable
25:40 sans la domination militaro-économique,
25:43 ou plutôt militaro-monétaire.
25:46 Donc c'est pas un hasard si le budget de la défense américaine
25:50 est colossal à ce point là.
25:53 Avec le déclenchement en février 2022
25:56 de la phase active de la guerre,
25:59 en fait cette guerre dure depuis 9 ans.
26:03 Les risques pour cette domination monétaire
26:15 sont devenus plus importants
26:18 puisque la Russie et la Chine, avec les BRICS,
26:22 remettent ouvertement en question,
26:25 ils l'ont remise déjà en question théoriquement,
26:28 mais disons que là, il semblerait qu'il commence
26:31 à y avoir des ébauches de vouloir créer une monnaie commune,
26:35 si bien une monnaie commune, pas unique,
26:38 pour essayer d'être une alternative au dollar,
26:41 et notamment pour la zone des BRICS et autres pays.
26:45 Comme vous avez vu maintenant,
26:48 il y a de plus en plus d'échanges dans les monnaies locales.
26:51 Donc le dollar, c'est une monnaie de singe
26:55 qui ne reçoit que son paquet,
26:58 et comme la Chine, l'Arabie Saoudite, la Russie,
27:02 ont quand même beaucoup d'obligations du trésor américain,
27:06 ils ne veulent pas non plus un effondrement du dollar trop rapide.
27:10 Donc on peut pas trop espérer que
27:13 ce sera du jour au lendemain que le dollar va s'effondrer.
27:22 On peut dire que dès 2015, du côté russe,
27:27 le risque d'être coupé un jour
27:30 du système international de messagerie bancaire SWIFT,
27:34 qui est donc contrôlé par l'Occident,
27:37 la Banque Centrale de la Fédération de Russie
27:40 a créé son propre système de transmission interbancaire.
27:43 Et aujourd'hui, on a un système qui s'appelle MIR,
27:46 on a un système qui s'appelle le SPFS,
27:49 qui sont des points alternatifs.
27:54 Or, c'était un des points qui a fait que
27:59 ce qui a été reproché à l'intérieur de la Russie, à Poutine,
28:03 de ne pas avoir dès 2014 fait ce qu'il a fait en février 2022.
28:08 Et une de ses réponses a été
28:11 "à l'époque nous n'avions pas d'alternative au SWIFT,
28:14 or les occidentaux nous auraient coupé du SWIFT.
28:17 Ils nous auraient fait d'autres sanctions,
28:20 d'autre part nous n'avions pas les missiles...
28:23 - hypersoniques -
28:26 les missiles hypersoniques,
28:29 donc on ne pouvait pas se permettre,
28:32 et ils auraient eu une supériorité nucléaire
28:35 qu'ils n'auraient pas hésité à utiliser.
28:38 En gros, la prise de conscience de Poutine,
28:41 parce qu'il ne faut pas croire, contrairement à ce qui se dit souvent,
28:44 c'est que Poutine était plutôt un pro-occidental.
28:49 Poutine est un centriste, politiquement,
28:53 c'est un bonapartiste aussi,
28:56 il a refait un schéma bonapartiste
29:01 après le grand catharnaum des années 90.
29:05 Et donc il misait beaucoup sur l'occident.
29:11 Je vous ai parlé de sa demande d'entrer dans l'OTAN,
29:14 les demandes qu'ils avaient faites d'entrer dans l'Union Européenne,
29:17 déjà sous Gelsine, la Grande Maison Commune, etc.
29:21 Puis il a compris, à force de se faire tout ramasser,
29:24 de se faire rejeter, il a compris après l'accident du Cours,
29:28 sans doute, il a compris aussi après la Tchétchénie,
29:33 sur laquelle ils ont été très discrets,
29:36 que il y avait eu quand même une émission très forte de la CIA et du MI6,
29:42 malheureusement la France aussi.
29:44 Bref, en 2007, Poutine fait un discours à Munich,
29:50 où il exprime qu'il n'y a pas grand chose à attendre des Américains et de leurs vassaux,
29:56 et il leur demande encore une fois de discuter sérieusement,
30:00 et de se gérer uniquement comme des vassaux.
30:03 Le discours de 2007, c'est très simple,
30:06 ça a été suivi par l'attaque géorgienne contre l'Ossétie du Sud, en août 2008,
30:12 et pour la première fois, l'ours russe s'est réveillé.
30:16 Enfin, si on excepte la Tchétchénie, qui était un problème intérieur, plus compliqué.
30:21 En tout cas, cette expérience de 2008,
30:24 où les Russes sont intervenus pour défendre les Ossètes,
30:27 et pour venger leurs casques bleus qui étaient sur place,
30:30 et qui ont été tués par le géorgien,
30:33 a permis aux Russes de se refaire une armée,
30:37 de comprendre à quel point ils n'avaient plus d'armée.
30:41 Les sanctions de 2014 ont permis de développer leur agriculture et leur système bancaire,
30:49 dont l'alternative au SWIFT que j'ai évoqué.
30:53 J'ai développé ces points là parce que ça me paraissait vraiment le plus important pour le contexte général,
30:58 mais il est bien évident qu'il y a les raisons plus régionales, plus locales.
31:05 Si on peut mettre la carte de l'Ukraine, et notamment l'échec du rêve ukrainien.
31:10 Alors, qu'est-ce que j'appelle le rêve ukrainien ?
31:13 L'ukrainisme en tant que tel, l'Ukraine est dans l'ensemble de l'Empire russe,
31:20 l'Ukraine a été rattachée à l'Empire russe en 1654.
31:31 Avant ça, quand vous entendez parler de la Russie qui est Vienne,
31:36 la Russie qui est Vienne a été détruite en 1242 par le petit-fils de Gandhis Khan.
31:46 Les Tatars ont tout rasé dans la steppe ukrainienne,
31:51 cette steppe qui avait été habitée par les Scythes, les Sarmates, les Khazars,
32:01 et là il n'y avait à peu près plus rien.
32:04 D'où, il y a eu...
32:06 Alors, qui est la Russie qui est Vienne ?
32:09 Elle a été créée par des princes qui venaient de Nogorod.
32:12 Donc, quelques fois aujourd'hui, on peut vous raconter que les Ukrainiens ont tout créé
32:19 parce que c'était le peuple Oukre dont descend l'ensemble de l'humanité,
32:24 que c'est eux qui ont creusé la mer Noire et qui ont fait le Pamir et l'Himalaya.
32:29 Tout ça, ça fait partie des manuels aujourd'hui en Ukraine.
32:34 Attention, c'est fabuleux.
32:38 Mais bon, ça fait partie justement de cette échelle du Règne ukrainien.
32:42 Donc l'Ukraine en tant que telle, c'était cette petite entité de Cossacks,
32:48 alors que vous avez là, en jaune au milieu, un tout petit morceau,
32:54 vous voyez, en jaune, c'était la chef Cossack qui s'appelait Bogdan Khmelnitsky,
33:01 des Cossacks aporogs, qui à l'époque étaient soumis aux colonels,
33:06 qui limitaient leur nombre, parce que les Cossacks c'était qui ?
33:11 C'était des gens, des paysans qui fuyaient en servage,
33:15 des gens qui fuyaient des persécutions religieuses,
33:19 et puis toutes sortes de gens qui venaient s'abriter là
33:23 et qui vivaient en communauté auto-armée, auto-défense et agriculteur,
33:30 avec leurs propres règles, etc.
33:33 Et puis comme les polonais voulaient aussi leur imposer le catholicisme,
33:37 alors qu'ils étaient orthodoxes pour la plupart,
33:40 ça s'est mal passé, et c'est là que vous avez les épisodes de Khmelnitsky
33:47 demandant aux russes de rentrer dans l'Empire, ce que les russes leur accordent,
33:51 et les russes ajoutent à cette partie jaune, la partie marron,
33:57 c'est les empereurs russes qui leur donnent ça,
34:00 et puis la partie en bleu, c'est la partie qu'on appelait la "Novo-Rossiya",
34:05 qui a été constituée essentiellement sous Catherine II,
34:08 mais qui était en Russie, et qui a été rattachée à l'Ukraine
34:12 uniquement par les bolchéviques après la guerre civile.
34:16 Pour une raison politique essentiellement, et sociologique,
34:21 c'est qu'ils ont voulu prolétariser l'Ukraine,
34:23 qui était à ce moment-là essentiellement paysanne,
34:26 or ils voulaient qu'il y ait les mineurs et les ouvriers du Donbass,
34:31 donc une région minière et une région d'usine,
34:36 qui puissent contrebalancer cet aspect paysan de l'Ukraine.
34:42 Pour ce qui est de la partie en rouge, donc complètement à l'ouest,
34:47 c'est la guerre ici, ça, ça a été ajouté à l'Ukraine,
34:51 avec, par Staline, en 1939 d'abord, puis en 1945, après la victoire.
35:02 Or, la guerre ici avant avait fait partie de l'Empire Austro-Hongrois,
35:07 et puis ensuite, après 1918, de la Pologne.
35:11 Ce qui explique qu'aujourd'hui, dans le cadre du rêve de l'intermarium
35:16 que je vous ai évoqué tout à l'heure,
35:18 les Polonais, aujourd'hui, se permettent d'être un petit peu violents
35:23 par rapport aux Ukrainiens, pour se rappeler aux Américains
35:28 que l'intermarium, ça serait bien, et avec la guerre ici, ça serait encore mieux.
35:33 Voilà, donc ce terrain-là, et puis la Crimée en bas, en vert,
35:38 ça a été ajouté par Khrouchev, qui lui-même est un Russe-Ukrainien, n'oubliez pas,
35:45 et qui trouvait que c'était sympathique pour commémorer les 300 ans de rattachement,
35:53 en quelque sorte, de l'Ukraine des Aporogues à l'Empire Russe,
35:58 de leur filer l'Ukraine, ce qui permettait de résoudre certaines questions d'alimentation en eau.
36:04 Donc, mais sauf Sébastopol, Sébastopol n'a jamais été rattaché à l'Ukraine,
36:11 pas Khrouchev, jamais, ce qu'on oublie de vous mentionner dans la presse de Grand Chemin.
36:18 Donc voilà, et le rêve ukrainien, c'est-à-dire la notion même d'ukrainisme,
36:25 la langue ukrainienne, qui n'est en fait que des variantes de la langue galicienne,
36:31 des patois galiciens, si vous voulez, qui très longtemps séparait du reste de l'ensemble russophone,
36:37 a pris évidemment des tournures à lui et est devenu...
36:41 Alors il y en a qui disent patois, d'autres qui disent surtout pas patois,
36:44 maintenant c'est devenu une langue de toutes les façons, l'ukrainien je n'y peux surtout pas ça.
36:49 Mais ce n'est que cette partie-là qu'il a pratiquée, c'est pas ailleurs,
36:56 même s'il y avait des dialectes ou des patois dans le reste de l'Ukraine en marron,
37:03 ou qui ressemblaient à des variantes de ça, mais il n'y avait pas une langue commune.
37:08 Les autrichiens ont essayé de tout faire pour éviter que les galiciens de l'époque,
37:15 notamment, se reconnaissent dans une identité russe.
37:19 Et pour ça, ils ont encouragé des intellectuels polonais, hongrois et ukrainiens
37:28 à créer une idée nationale ukrainienne qui s'était pas mal inspirée,
37:34 n'oubliez pas on est en Autriche-Hongrie au 19e siècle,
37:37 d'idées nationales du 19e siècle, mais y compris des mêmes sources que le nazisme.
37:45 Ce qui expliquera ensuite la façon dont les deux nationalismes ont pu se rapprocher
37:50 lorsqu'en 1941 les nazis sont venus occuper l'Ukraine.
37:56 Et que la Galicie s'est rangée au nazisme.
38:01 Donc cette idée d'Ukraine, de pays ukrainien,
38:06 elle a eu une première application avec la guerre civile,
38:12 avec un dénommé monsieur Petliura, et puis ensuite, ça a duré quelques mois en fait,
38:21 et Petliura a fait essentiellement d'un massacre antisémite plus que dans quoi que ce soit d'autre.
38:27 Et puis ensuite, le rêve ukrainien a été aussi appliqué lors de l'occupation allemande, donc nazie,
38:38 où la Galicie a même constitué des divisions SS,
38:44 a fourni des troupes de poli-tzaï pour réprimer tout le reste de l'Ukraine, les zones d'occupation, etc.
38:53 Bref, jamais ça n'a pu être un État en tant que tel.
38:58 Lorsque, notamment d'ailleurs, la Galicie, donc annexée, simplement une parenthèse,
39:07 la Galicie annexée par Staline en 1945 de facto, même si depuis 1939,
39:16 quand aujourd'hui la propagande officielle du régime de Kiev vous parle du fameux "relot de mort",
39:23 qui était avant, on appelait ça la collectivisation française,
39:26 et maintenant ça s'appelle "relot de mort", en disant que c'était un génocide des Ukrainiens,
39:30 ben non, les Galiciens n'étaient pas en URSS à l'époque.
39:33 Donc ceux qui ont été génocidés, c'est les paysans soviétiques de Russie, d'Ukraine, de Biélorussie et du Kazakhstan.
39:40 Ce n'est pas les Ukrainiens en tant que tel.
39:42 En plus, ce fameux, les répressions contre les pauvres paysans qui ont été collectivisés de force,
39:49 ça a été mené aussi bien par des commissaires ukrainiens, notamment Khrouchev, il a fait sa carrière là-dessus,
39:56 que par des Russes, que par des Uzbeks, que par des Kazakhs, etc.
40:01 Donc c'est là aussi une thématique de propagande qui est totalement fausse.
40:08 Malheureusement, en 1991, quand enfin ils ont l'occasion de pouvoir faire un État,
40:14 que Yeltsin leur offre la Crénaie, alors que même Kravchuk,
40:21 qui était le président ukrainien à l'époque, lorsqu'ils ont signé la fin de l'URSS, était étonné.
40:28 Bon, apparemment Yeltsin était un peu bourré au moment où ils ont parlé de Crénaie.
40:34 Je ne sais pas, je ne peux pas le confirmer.
40:38 Au lieu de tenir compte de cette diversité que je vous voyais sur cette carte,
40:44 au lieu de tenir compte de cette diversité, qu'est-ce qu'ils ont fait ?
40:49 Les bureaucrates staliniens communistes qui tenaient leur privilège de cette situation qu'ils avaient,
40:57 ils ne se sont pas donné la peine de réfléchir à quoi que ce soit de nouveau.
41:01 Ils se sont dit "on se prend le nationalisme ukrainien puisqu'il était opposé aux soviétiques
41:07 et on reprend toutes les idées ou une partie des idées nazies
41:13 et comme ça nous, en se proclamant de ça, ça nous permet de garder nos postes et nos privilèges".
41:20 Et parmi ceux qui étaient les plus porteurs de ces idées-là, c'était les gens de Galicie, les gens de l'ouest.
41:28 Or ces gens de Galicie considéraient, justement avec une démarche nazie,
41:33 que les gens de l'est étaient des êtres inférieurs, des untermensch et pas des êtres humains.
41:41 Et c'est comme ça qu'ils ont commencé à lancer leur État.
41:45 Alors si vous lancez un État ou vous rejetez toute la partie la plus riche en plus de votre pays,
41:54 la plus active et la plus moderne, ça risque fort de ne pas trop bien marcher quand même.
42:00 Sans compter qu'ils y balançaient aussi une dose de répression linguistique
42:06 puisqu'ils ont voulu imposer partout leur langue de l'ouest de l'Ukraine.
42:11 Alors que tout le reste était russophone et parlait russe, c'était leur langue.
42:16 C'est-à-dire, s'ils voulaient, ils auraient eu une démarche à la Belge après les conflits.
42:23 Et je sais que ça a duré aussi en Belgique quand même, et c'est à une autre échelle.
42:27 Mais ils sont arrivés à se calmer et à arrêter de se taper dessus, les Wallons et les Flamands,
42:32 quand ils ont fédéralisé la Belgique et que chacun est resté avec ses propres droits, ses propres langues, etc.
42:39 Même si Bruxelles est devenue plus anglaise que ni flamand ni française.
42:45 Mais bon, il n'empêche, ça, il n'en a pas été question.
42:51 Et à cause de ça, je dirais, un pays qui à mon avis avait infiniment plus de chance
43:00 que la Russie même en 1990, de devenir prospère, de bien marcher,
43:06 parce que le climat est plus doux, parce qu'ils ont une bonne agriculture,
43:10 ils ont une industrie, ils ont des savants, ils aimaient les avions Antonov et tout ça,
43:16 c'est eux qui les faisaient.
43:18 Il y avait une division du travail dans l'ex-URSS qui était très profitable à l'Ukraine.
43:24 Ils ont tout foutu en l'air. Tout foutu en l'air.
43:27 C'est un gaspillage qui fait mal au cœur.
43:30 Et en plus, ils se sont mis à dos une partie de l'organisation
43:35 et je ne vous dis pas, pour la Crémé, moi j'ai bossé en Crémé à l'époque de Yushchenko,
43:40 c'est-à-dire après 2004, après la révolution orange.
43:43 Donc en Crémé, c'est une population russe.
43:46 Mais il y a façon, on les embêtait au quotidien
43:50 et en laissant tomber absolument tout équipement, construction de routes,
43:55 changement des tuyaux d'eau, lutte contre les effondrements des bords de mer, etc.
44:01 Il n'y a rien de fait. On ne faisait qu'une chose, c'est de la lutte contre la langue russe,
44:06 contre les populations russes et en essayant de faire venir les Tatars de Crémé,
44:10 qui est une vieille histoire aussi, en leur faisant faire des saisies de terre,
44:15 et des choses comme ça.
44:17 Ça a raté totalement et on en est arrivé à la situation où on en est aujourd'hui.
44:23 On en est arrivé à ce que justement ils aient voulu au moment de mars,
44:33 de février 1922, lancer une guerre de nettoyage ethnique,
44:38 puisqu'ils considéraient ces populations-là comme des populations non blanches,
44:43 comme "speak white" comme on dit au Canada quand on parle français.
44:47 Il y a eu, en rajouté à cette histoire de considération de sa propre population totalement faussée,
44:59 il y a eu évidemment un pillage économique absolument délirant.
45:03 Ça a touché à peu près tous les pays, que l'ex-URSS.
45:06 Mais en Ukraine, dans la mesure où il y avait de quoi piller,
45:10 ça a atteint des proportions absolument délirantes.
45:13 Ça a donné des guerres inter-oligarchiques, ça a donné des complicités,
45:18 des complicités notamment avec des oligarques russes,
45:22 ça a donné la vente de tout.
45:26 Il y a une anecdote ukrainienne que j'avais entendue un peu avant l'opération militaire encore.
45:37 Vous avez entendu Madame Banderlien parler de "Slava Ukraïna".
45:47 C'est le mot d'ordre des bandéristes pendant la guerre.
45:52 Au lieu de dire "Heil Hitler", ils disaient "Slava Ukraïna".
45:55 Ils disaient aussi "Heil Hitler".
45:57 D'ailleurs, ils mettent des 88 partout.
46:00 La blague, c'est qu'un monsieur rentre chez lui, il a attrapé un lièvre,
46:07 et il dit à sa femme, dans des relations qui sont encore comme ça en Ukraine,
46:12 "Tu veux bien préparer le lièvre ?"
46:15 "Oui, ce serait bien, mais l'ennui, c'est qu'avec quoi ?"
46:19 "Tu as un four, tu mets..."
46:21 "On n'a plus de bois pour faire chauffer."
46:23 "Comment ça ?"
46:24 "Parce qu'il y a l'oligarque du coin, il a rendu toute la forêt, il n'y a plus de bois."
46:28 "Prends du charbon."
46:30 "Ah non, parce qu'on a rompu avec le Donbass, et on ne reçoit plus de charbon du Donbass."
46:34 "Alors, je ne sais pas, prends de l'essence."
46:37 "Ah non, il n'y en a plus, parce qu'on s'est disputé avec les Russes, ils n'en livrent plus."
46:42 Alors le bonhomme, il reprend son lièvre, il le jette par la fenêtre,
46:47 et le lièvre s'enfuit, il se retourne et il fait "Slava Ukraïna".
46:51 La blague, ils craignaient de montrer la situation.
46:56 Bon, évidemment, le coup d'État de février 1914,
47:01 l'interdiction du russe de la langue russe,
47:05 qui a été l'élément des bases,
47:08 l'attaque dans le Donbass contre la population,
47:11 le massacre d'Odessa,
47:14 et puis le non-respect des accords de Minsk,
47:19 qui était, ne l'oubliez pas, un accord signé entre Kiev
47:26 et les républiques du Donetsk et de Lugansk.
47:35 Pas avec la Russie.
47:38 La Russie était, comme l'Allemagne et la France,
47:41 des garants de l'application de ces accords.
47:45 Madame Merkel, M. Hollande et M. Poroshenko
47:48 ont expliqué aujourd'hui que c'était bidon,
47:52 qu'ils n'avaient pas du tout l'intention de les appliquer,
47:55 ce qui n'est quand même pas très bien pour la France,
47:58 et que c'était fait uniquement pour armer les Ukrainiens,
48:01 pour leur permettre, notamment,
48:04 de se lancer dans une opération de nettoyage ethnique,
48:07 comme je vous l'ai dit tout à l'heure,
48:10 et qui allait être lancée au moment où les Russes sont intervenus,
48:15 ce qui, du point de vue russe, du point de vue militaire,
48:18 du point de vue humanitaire, était sans doute inévitable pour Poutine,
48:25 qui a tout fait jusqu'au dernier moment pour l'éviter.
48:29 Mais du point de vue de la communication,
48:32 notamment chez nous, évidemment, est totalement désastreux,
48:36 puisqu'ils apparaissent comme ceux qui ont lancé l'offensive.
48:40 Bon voilà, sinon Nicolas va...
48:43 J'arrête, s'il y a des questions, pour un bon quelque temps.
48:47 Je vais vous montrer des cartes qui entourent la Russie.
48:53 Merci.
48:54 [SILENCE]