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Transcription
00:00 8h13 sur Europe 1, c'est l'heure de l'interview actue d'Europe 1 maintenant week-end.
00:04 Lénaïque Mounier, vous recevez l'ancien ministre de l'agriculture et de l'alimentation,
00:07 Julien Denormandie, qui vient nous présenter un ouvrage écrit à quatre mains avec Éric Orsenna,
00:12 "Nourrir sans dévaster" chez Flammarion.
00:14 Alors oui, un livre politique déjà écrit avec un académicien, c'est toujours un peu plus digeste.
00:18 Bonjour Julien Denormandie.
00:20 Bonjour.
00:20 Ça se dévore, ça se picore cet ouvrage que vous avez publié avec Éric Orsenna,
00:25 qui s'appelle "Nourrir sans dévaster", c'est aux éditions Flammarion.
00:29 Vous ne pouviez pas être davantage dans l'actualité,
00:32 mais j'imagine que ce n'est pas un hasard et que vos années au ministère de l'agriculture,
00:36 faut que vous avez forcément vu venir cette crise agricole qu'on vient de traverser et qu'on traverse encore ?
00:40 Alors c'est difficile de dire qu'on avait prévu cette crise agricole,
00:43 mais ce qui est sûr, c'est qu'on a eu cette volonté avec Éric Orsenna d'exprimer
00:49 à la fois notre amour pour les agriculteurs, notre amour pour les territoires,
00:52 et comment pouvons-nous réussir à concilier nourrir tout en préservant notre environnement,
00:59 nos territoires ? Et c'est vrai qu'on a été confrontés, lui dans son parcours,
01:03 moi dans le mien, à énormément de difficultés, de complexités auxquelles sont confrontées nos agricultures,
01:12 et nous voulions les mettre en avant. Nous voulions prendre ce sujet avec nos expériences,
01:18 avec ce voyage où on emmène le lecteur à travers la France, à travers le monde,
01:22 pour essayer de mieux comprendre ce ressenti exprimé par les agriculteurs récemment sur les routes.
01:27 - Et c'est presque un carnet de voyage au cœur même de la France, Julien Denormandie,
01:32 mais si vous étiez toujours ministre de l'Agriculture, aujourd'hui où démarrerait votre premier chantier,
01:37 justement pour réconcilier ces deux notions d'exploiter mais ne pas dévaster ?
01:42 - Je crois que l'une des priorités c'est avant tout de remettre de la justice,
01:46 notamment vis-à-vis de ces importations d'aliments. On le voit bien dans cet ouvrage où nous sommes allés au Brésil,
01:52 en Ukraine, où on a des agriculteurs et des agriculteurs qui n'ont rien à voir par rapport à ce que nous connaissons ici.
01:59 Songez, on le décrit qu'au Brésil, lorsque des pesticides sont utilisés, c'est parfois par avion.
02:05 On décrit cette scène incroyable où un avion, l'arc des pesticides, non pas sur un champ mais sur une école.
02:11 Songez qu'en Ukraine où nous étions, c'était une exploitation qui faisait plus de 20 000 hectares.
02:17 - Oui, ce qui semble difficilement imaginable.
02:20 - C'est immense par rapport à la taille de nos fermes ici en France.
02:25 Et donc il y a cette compétition entre produits qui ne sont pas du tout fabriqués de la même manière.
02:30 Et donc probablement l'un des sujets les plus centraux, c'est de remettre de l'équité dans ces échanges commerciaux
02:36 avec un nom atrocement technique qui s'appelle les "close-miroirs".
02:39 Je m'étais beaucoup battu en tant que ministre sur ce sujet et je crois qu'il faut aller très loin là-dessus.
02:43 - Et d'ailleurs c'est ce qu'ont demandé les agriculteurs. Alors on verra s'ils ont été entendus,
02:47 notamment par Bruxelles, parce que c'est vrai qu'on a l'impression que tout est centralisé aujourd'hui
02:51 et que manifestement les élections européennes vont aussi être sur ce thème-là. Julien Denormandie ?
02:57 - Assurément, mais vous savez, avec Eric Orsona, on est des Européens convaincus.
03:02 On parle beaucoup de l'Europe dans cet ouvrage. On y montre ce qu'elle a de merveilleux,
03:07 on y montre là où il faut l'accélérer avec des sujets très précis comme les protéines,
03:14 le développement de ces cultures incroyablement importantes dans notre pays,
03:18 mais surtout avec cette volonté de faire avancer. Vous savez, l'Europe doit protéger le consommateur.
03:23 Et n'oublions jamais cette belle phrase d'Hippocrate, "le premier de nos médicaments, c'est l'alimentation"
03:31 et je crois que c'est essentiel.
03:32 - Et c'est vrai que quand on passe de ce qu'il y a dans les champs à ce qu'il y a dans notre assiette,
03:36 là aussi il y a une exigence du consommateur, mais on l'a bien vu, qu'il y avait aussi peut-être une alimentation,
03:40 comme vous le dites, ou comme le dit Hippocrate, une alimentation à deux vitesses aujourd'hui.
03:44 Si on a les moyens, si on va sur un marché aujourd'hui, dans le 16e arrondissement à Paris,
03:48 on pourra tous peut-être mettre un ou deux euros de plus pour acheter un bon steak, etc.
03:51 Ce qui n'est pas le cas de beaucoup d'autres Français.
03:54 - Et c'est l'une des complexités qu'on met en avant dans ce voyage, c'est-à-dire qu'on est parfois citoyen de bon matin,
04:00 consommateur passé le quart d'heure, quand on en a la possibilité, parfois on ne fait pas le choix de l'agriculture française,
04:06 et en même temps, il y a beaucoup de nos concitoyens qui ont énormément de difficultés,
04:11 qui souhaiteraient avoir cette alimentation de qualité, et qui n'en peuvent pas.
04:14 Ce qui est sûr, et ça c'est très important de le dire, c'est qu'il serait folie de considérer que le pouvoir d'achat des Français
04:22 puisse être financé par le revenu des agriculteurs. Il faut absolument dissocier les deux sujets.
04:28 Ce qui est sûr aussi, c'est qu'on est en train de constituer une société du steak caché.
04:33 Songez qu'on le montre dans ce livre, on va dans les plaines du Cantal, on montre qu'une vache, près de la moitié, finit en steak caché.
04:41 On raconte cette histoire incroyable du cordon bleu, vous savez ce fameux cordon bleu...
04:45 - Le plat préféré du président de la République, je viens de Normandie.
04:47 - Ce cordon bleu, jusqu'en 1802, c'était une décoration, la prénoste des décorations.
04:55 Aujourd'hui, c'est un plat ultra transformé. Il faut normalement cinq aliments,
04:59 il y a en fait plus de 30 aliments différents pour constituer ce cordon bleu, dont beaucoup d'additifs.
05:05 Évidemment, l'impact sur la santé est réel et cette société où on doit retrouver ce lien avec l'alimentation est absolument là aussi essentiel.
05:14 - Est-ce que selon vous, Julien Denormandie, parler de souveraineté alimentaire, est-ce que c'est une utopie ?
05:19 Est-ce que c'est possible aussi aujourd'hui ?
05:20 - Oui, c'est possible et ce livre est plein d'optimisme.
05:23 On montre à travers ce voyage à quel point il est possible de concilier à la fois production, qui n'est pas un gros mot, et protection.
05:32 De toutes les manières, nous n'en avons pas le choix.
05:35 Il nous faut absolument réussir à nourrir sans dévaster.
05:37 Dévaster l'environnement, dévaster nos agriculteurs, dévaster nos sociétés,
05:41 qu'on faire ce rapport à l'alimentation que j'évoquais, dévaster nos solidarités.
05:45 Et vous savez, cette solidarité, elle est hyper importante.
05:48 Dans le livre, on voyage d'Eure et Loire où des agriculteurs expliquent qu'ils exportent du blé,
05:54 jusqu'en Ukraine où on voit que les agriculteurs n'ont jamais cessé de travailler en dépit de la guerre,
05:58 pour finir en Égypte, où là les Égyptiens sont aujourd'hui dépendants totalement du blé russe.
06:05 L'ogre russe a mis ses crocs dans les estomacs des Égyptiens.
06:09 Et donc on montre à quel point il est important non seulement de produire pour nous, pour notre souveraineté,
06:13 mais aussi probablement pour nos pays alliés, pour éviter que l'ogre russe ne soit totalement présent dans ces pays
06:21 et que ces derniers deviennent totalement...
06:24 - Comment dirais-je ? - Otages quasiment.
06:28 - Exactement, otages de cette Russie de Vladimir Poutine.
06:31 - Dernière chose, Julien Denormandie, parce que je ne peux pas m'empêcher de vous parler du remaniement évidemment
06:34 qui a eu lieu hier vendredi, jeudi soir pour les auditeurs d'Europe 1.
06:40 Pas de regrets quand vous voyez les passations ?
06:42 - Non, aucun regret. Moi j'ai eu l'honneur de servir pendant cinq années mon pays au sein du gouvernement,
06:47 dont deux ans au sein du ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation.
06:51 J'ai immensément aimé pouvoir avoir ces fonctions, je m'y suis donné à plein je crois.
06:58 Mais je pense que même si j'ai chevillé au corps cet intérêt général,
07:04 je pense qu'on peut servir l'intérêt général aussi en dehors de la politique,
07:08 que ce soit dans le privé, dans le monde associatif, par l'écriture.
07:12 J'espère que cet ouvrage avec mon ami Eric Orsenat permettra d'éclairer les débats actuels.
07:18 Je suis persuadé que c'est possible d'agir en dehors aussi du champ politique.
07:23 - Et on rappelle le nom, donc Nourrir sans dévaster chez Femme à Vriand avec ce duo,
07:28 alors non pas improbable puisque vous vous connaissez depuis très longtemps avec Eric Orsenat
07:31 et vous donc Julien Denormandie. Merci beaucoup !
07:33 - Merci à vous.

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