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La défaite de la Russie est-elle aussi impossible que Poutine le prétend _ - On

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00:00 - Sud Radio, le Grand Matin Week-end, 6h10h, Jean-Marie Bordry.
00:03 - Il est 8h19 dans le Grand Matin Week-end sur Sud Radio.
00:07 On décrypte le monde tout de suite avec notre invité.
00:10 La défaite de la Russie est impossible, c'est ce qu'a dit le président russe,
00:14 Vladimir Poutine, interviewé par le journaliste anglo-saxon Tucker Carlson.
00:18 Il a évoqué beaucoup d'autres sujets, notamment il s'est engagé
00:22 à ne pas attaquer la Pologne ou les États-Baltes.
00:25 La Russie n'y aurait aucun intérêt, faut-il le croire ?
00:27 Alors même qu'il disait, il y a 3 ans, exactement la même chose de l'Ukraine.
00:31 On en parle avec notre invité, qui nous fait le plaisir de nous rejoindre sur Sud Radio,
00:35 c'est François Chauvency. Bonjour à vous.
00:37 - Bonjour. - Bienvenue à vous sur Sud Radio.
00:40 Vous êtes consultant géopolitique, rédacteur en chef de la revue Défense de l'Union IHDN.
00:46 On est ensemble avec vous sur Sud Radio justement pour revenir notamment sur cette interview
00:50 de Vladimir Poutine, évidemment qui bombe le torse devant un journaliste
00:54 qui franchement ne lui a pas été particulièrement hostile.
00:58 Est-ce que la Russie a de bonnes raisons d'être optimiste sur la suite de la guerre actuellement,
01:04 après l'échec de la contre-offensive ukrainienne,
01:07 et alors même qu'elle grignote douloureusement,
01:09 mais malgré tout, réellement, du terrain sur le front ukrainien ?
01:12 - Il est très clair que depuis cet échec, mais en même temps en parallèle d'autres événements,
01:18 Vladimir Poutine en particulier, peut-être plus que la Russie,
01:21 a repris, oserais-je dire, du poil de la bête.
01:24 On sent un homme politique qui est à l'aise, qui est décontracté,
01:29 qui a l'air d'être sûr de lui, qui énonce avec calme ses objectifs.
01:35 Finalement, quelqu'un qui est peut-être beaucoup plus rassuré sur son avenir
01:39 et celui de la Russie que ce qu'on a vu par exemple au mois de juin,
01:43 après le mouvement d'humeur de Wagner.
01:47 - La mutinerie du groupe Wagner et d'Evgeny Prigojin, qui effectivement a été liquidée depuis.
01:52 Ça va donc mieux, si on compare à cette époque-là, pour Vladimir Poutine.
01:57 Est-ce que cela va si bien que cela sur le front ?
02:01 - Alors apparemment, avec les contredits que nous avons, il est clair que l'armée russe,
02:05 d'abord s'est reconstituée, qu'elle attaque tous les jours, et qu'elle attaque sur 1000 km.
02:10 Donc aujourd'hui, par rapport à avant, on a une armée russe reconstituée,
02:14 avec des effectifs, des pertes sans doute énormes, du matériel perdu mais reconstitué,
02:19 et l'armée ukrainienne qui est à la peine.
02:22 - Et l'armée ukrainienne en tout cas qui ne gagne plus de terrain, c'est le cas notamment autour d'une ville
02:27 où les combats sont absolument épouvantables, c'est la ville d'Avtivka, juste à côté de Donetsk,
02:32 que les russes pourraient prendre d'ici plusieurs semaines.
02:35 Malgré tout, les combats sont extrêmement sanglants.
02:38 Quelle est la réalité des pertes de l'armée russe depuis le début de la guerre ?
02:43 Ces combats sont épouvantables, à un moment ou à un autre, la population va finir par sentir ces pertes.
02:49 - Manifestement, ça n'a pas l'air d'avoir d'effet.
02:52 Donc nous savons qu'il y a des pertes, d'abord c'est beaucoup des sources ukrainiennes, il faut quand même le rappeler.
02:56 - Bien sûr.
02:57 - On peut dire que de l'autre côté c'est la même chose, en moindre quantité oserais-je dire,
03:01 mais des pertes sont énormes.
03:03 Mais le fait est, vous avez posé la question il y a quelques instants,
03:05 si une armée est capable de gagner du terrain, et l'armée russe a gagné entièrement pratiquement,
03:10 je dirais ce qu'elle avait perdu suite à l'offensive ukrainienne,
03:14 cela veut dire qu'elle est capable de se battre, c'est ça qui est extraordinaire.
03:17 On a du mal à y croire.
03:19 Et la réalité c'est que la société russe ne bouge pas.
03:22 Pour l'instant elle accepte cette situation.
03:24 Alors quel est son degré d'endoctrinement ?
03:26 On dit qu'elle est très endoctrinée, mais vous avez le cas récent de l'opposant russe
03:31 qui se présentait aux élections, il a réussi à avoir quand même des voix
03:36 qui se sont portées sur lui en termes de propositions de noms de candidats,
03:39 et aujourd'hui il représente dans les sondages 10% des électeurs.
03:44 Donc il y a une opposition au sein de la société russe,
03:48 mais pas au point de refuser la guerre en Ukraine ou l'opération spéciale.
03:52 Est-ce que ça signifie que la guerre d'une part est soutenue par la majorité de l'opinion publique russe,
03:56 et d'autre part que Vladimir Poutine est populaire aujourd'hui ?
03:59 Alors la deuxième partie populaire, je n'en sais rien.
04:02 On a beaucoup de reportages de témoins, mais on sait qu'il y a quand même certaines contraintes
04:06 qui disent "oui, oui, Poutine c'est un grand chef d'État".
04:08 Donc là il faut prendre ça avec pincette, j'aimerais dire.
04:12 Maintenant, quant à la population, la population soutient la guerre,
04:16 tous les sondages le montrent, on est dans les 60-70%,
04:19 alors bien sûr on peut toujours mettre en cause les sondages,
04:21 mais ce sont quand même des éléments qui nous permettent d'avoir une certaine idée de la situation.
04:24 Pour l'instant les Russes sont derrière leur président et leur armée,
04:27 en tout cas c'est ce qu'on peut constater.
04:29 Parlons du reste de l'interview du président russe Vladimir Poutine,
04:33 lui qui dit qu'il n'a aucun intérêt à attaquer la Pologne et les États-Baltes,
04:38 qui sont aujourd'hui membres de l'OTAN.
04:40 Pardon M. Chauvinci, mais il disait exactement la même chose de l'Ukraine il y a trois ans.
04:43 À quel moment on est censé le croire ?
04:45 Alors moi je dirais que ça dépend des risques qu'il encourait.
04:51 Quand il parlait de l'Ukraine, il pensait, et c'est prouvé maintenant,
04:55 qu'il pensait prendre l'Ukraine dans sa totalité sans grande difficulté.
04:59 Parler de la Pologne et des États-Baltes veut dire en clair attaquer l'OTAN.
05:04 Attaquer l'OTAN, ça fait quand même un gros morceau.
05:06 C'est 31, 32 nations, dont les États-Unis,
05:09 et avec une alliance qui a vocation à protéger tous les États-Bleus.
05:14 Donc on ne voit pas comment la Russie aujourd'hui, dans l'état où elle est,
05:17 avec les pertes qu'elle a eues sur le terrain, une économie en temps de guerre,
05:21 comment ce pays pourrait se permettre d'agresser un État de l'OTAN
05:25 contenu de ce qu'il y a en face.
05:27 - Ça signifie que quand on évoque le risque,
05:29 et ça a été évoqué notamment par le ministère de la Défense,
05:31 le ministre allemand de la Défense, mais aussi d'autres ministres européens de la Défense,
05:35 quand on évoque le risque d'une attaque russe,
05:37 on joue plus à se faire peur qu'autre chose en Europe ?
05:39 - Oui, mais c'est aussi rappeler aux Européens que la défense n'est pas un facteur annexe.
05:45 Il faut se préparer à toute agression.
05:48 Ce qui veut dire, en gros, si vous ne voulez pas être agressé,
05:50 sachez vous préparer à y répondre.
05:52 Et quand on est prêt, l'agression ne se fait pas.
05:55 Voilà, et je pense que c'est ça le message.
05:57 Nous avons désarmé nos pays depuis des années,
05:59 pour des raisons économiques, politiques, idéologiques même,
06:02 mais aujourd'hui on se rend bien compte qu'avoir une défense commune et forte
06:06 est une garantie de notre sécurité de demain,
06:08 et donc c'est finalement une dissuasion de toute agression future,
06:11 et je pense que c'est comme ça qu'il faut le comprendre.
06:13 - Dernière question pour vous François Chauvency,
06:15 je le rappelle consultant en géopolitique et rédacteur en chef de la revue Défense.
06:20 Dans quelques mois auront lieu les élections présidentielles américaines.
06:24 Le président sortant, Joe Biden, fervent soutien de l'Ukraine,
06:27 inquiète de plus en plus pour son état de santé.
06:29 Clairement, on a l'impression qu'il perd la tête par moment.
06:32 Et Donald Trump fait de plus en plus figure de favori.
06:35 Qu'est-ce que la Russie a gagné à l'élection possible,
06:39 voire probable, de Donald Trump à la Maison-Blanche ?
06:42 - Alors dans un premier temps, il faut bien prendre en compte
06:44 que les offensives aujourd'hui et la position de Poutine
06:47 se construisent en fonction de ce facteur.
06:50 On sait parfaitement que s'il n'y avait pas les Américains,
06:53 l'Ukraine serait tombée, c'est clair.
06:55 Donc aujourd'hui, effectivement, le fait que Trump puisse prendre la succession de Biden
07:01 est un facteur très important finalement de succès ultérieur pour Poutine
07:06 car apparemment les deux hommes se sont bien entendus dans le passé.
07:09 Ça ne veut pas dire que Trump sera faible, mais néanmoins,
07:11 ça sera la vision peut-être isolationniste des Américains qui primera.
07:15 Et on le voit à travers les sondages d'ailleurs aux États-Unis,
07:17 notamment chez les Républicains, faire la guerre,
07:20 et surtout la guerre à l'extérieur, et voir des Européens ne pas assurer leur défense
07:24 et attendre les Américains, il y a un moment, ça agace.
07:27 Et je pense que si effectivement Trump prend la succession de Biden,
07:30 ce sera très difficile pour l'Ukraine et je crois que là,
07:32 on aura encore un "game changer" comme on dit,
07:35 et l'Ukraine devra peut-être se poser la question,
07:38 si elle ne l'a pas fait avant d'ailleurs, de la poursuite de la guerre.
07:43 - Merci François Chauvency, consultant en géopolitique,
07:45 politique rédacteur en chef de la revue Défense.

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